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Letouzey et Ané, (Volume IV,p.367-368-743-744).

Tome 4.1.aLAABIM-LOTAN

Tome 4.1.cMARCELLINI-MINISTRE

quer au lis des eaux, ou lolus? Le sens du mot grec, iéXta, il est vrai, est plutôt celui de bracelet ou de collier.

Parmi les motifs de décoration de l’art égyptien revientfréquemment le lotus dont on représente la feuille,

décorations du temple et des monuments hébreux, étanttirées surtout du règne végétal, ces fleurs épanouies

114. — Nymphdsa Nelumbo ou Nelumbium, speciosum.

le bouton et la fleur. Avec le mélange de ces différentesparties de la plante, il sert souvent de bordure aux tableauxfunéraires. Ce motif de décoration se trouve nonseulement en Egypte (lig. 115), mais en Chaldée (fig. 116),

""L" = Z— s u..1 -" ~; =.=jitg^j=.

-J-J.._~J*fc, -115.

— Bordure de fleurs et de boutons de lotus. Thèbes.XVHP dynastie. D’après Prisse d’Avesne.

en Chypre, en Phénicie et à Carlhage (fig. 117). G. Perrot, Hist. de l’art, t. ii, p. 319-331; t. iii, p. 109, 460; t. iv, p. 325. Il est à croire qu’il a dû passer, avec tant d’autresemprunts, d’Egypte et de Phénicie en Palestine. Les

— Fragment du seuil d’une porte de Khorsabad.D’après l’original. Musée du Louvre.

dont parle III Reg., n. 30, devaient être quelque chosede semblable. — Le lotus bleu, appelé en égyptien sarpat, se retrouve joint au lotus blanc dans les guirlandes des

117. — Stèle punique, avec fleurs et boutons de lotus.Bibliothèque nationale. Paris.

momies, et sur les tableaux funéraires. Sa ressemblancede forme avec le précédent pouvait lui faire donner par : 371

LOTUS — LOUP

372

des étrangers le même nom de Sûsan comme aulotus blanc, et il pouvait également être emprunté parla décoration hébraïque. — Mais le lotus sacré des Égyptiensétait le lotus rose, le Nelumbium speciosum, appelé Neheb ou Nescheb dans les textes, qui a maintenantdisparu de la terre des Pharaons. C’est ce lotusqu’Hérodote, ii, 92, nomme le lis rose du Nil. Précisémentparce que c’était une plante sacrée, on ne le trouvepas en nature dans les tombeaux comme les deuxautres. Mais c’est lui que l’on remarque le plus fréquemmentemployé comme motif de décoration, et dansla forme des chapiteaux. Il est vrai que cette représentationn’est pas semblable à la réalité: la fleur sacréeainsi peinte ou sculptée sur les monuments est un typede convention. V. Loret, La Flore pharaonique, p. 112; G. Perrot, Histoire de l’art, t. i, p-577-585. Dans l’architecturelégère on retrouve cependant une imitation plusfidèle du lotus réel. Perrot, ibid., fig. 312, 317, 318 p. 541543, 585. C’est dans tes chapiteaux égyptiens en formede lotus qu’il faut aller chercher l’explication des ꝟ. 19 et22 du chap. vu du III’livre des Rois. «Les chapiteauxqui étaient sur la tête des colonnes étaient en forme deSvSan.» «Sur la tête des colonnes il y avait un ouvrageen forme de Sûsan. t> Le SûSan paraît bien être icile lis d’eau, le lotus et non pas le lis proprement ditdont la forme ne se retrouve pas dans les chapiteauxégyptiens et phéniciens. Les descriptions de ce chapitre, éclairées par l’art égyptien et phénicien, permettentde reconstruire les chapiteaux des colonnes de bronze.M. de Vogué l’a tenté dans Le Temple de Jérusalem, in-f°, Paris, 1864, p. 34 et pi. xiv. Mais si le chapiteaua des pétales de lotus sculptés sur son pourtour, en lui-mêmeil n’a pas l’aspect d’une fleur aux divisions de la-corolle nettement accusées; il est plutôt campaniforme.L’Histoire de l’art, t. iv, pi. vi et-vn, et p. 318-320, donne une autre restitution qui répond mieux de cecôté aux conditions du problème. Le chapiteau a unepartie bombée et celle sorte de bulbe ou de boule s’épanouiten fleur de nénuphar ou lotus. Les divisions dela corolle sont nettement accusées par les profondeséchancrures du contour. Mais les pétales étant tronqués, l’ensemble ne représente encore qu’assez imparfaitementle calice ou la corolle du lotus. Voir Lis, col. 285. La mer d’airain était en forme de SoSavnah, II Par., IV, 5. La restitution qu’en donne VHistoire del’art, t. iv, fig. 172, p. 327, est plutôt campaniforme.Voir Mer d’airain. Fr. Wœnig, Die Pflanzen in altenAegypten, 2e édit, Leipzig, 1886, p. 17-74.

E. Levesqxie.

LOUAGE. Voir Location, col. 319.

    1. LOUIS DE LÉON##

LOUIS DE LÉON, augustin espagnol, né à Belmonte, dans la Manche, province de Cuença, en 1527 (non à Grenade), mort à Madrigal le 6 août 1591. Il fit ses étudesdans cette dernière ville et entra en 1543 dans l’ordredes augustins. En 1561, il devint professeur de théologiescolastique à l’Université. Ses leçons et ses livreseurent un grand succès, mais une de ses publications, le Commentaire du Cantique des Cantiques, qu’il expliquaitallégoriquement, fut mal accueillie et déférée àl’Inquisition, qui lui reprocha aussi certaines propositionssur la Vulgate. Louis de Léon tut emprisonné àValladolid de 1572 à 1577. Il supporta cette épreuve avecbeaucoup de courage et de patience. Remis en liberté, reprit sa chaire à l’Université et devint plus tardvicaire général de la province de Castille et enfin provincialde son ordre. Voir Gr. Mayans y Siscar, Viday juicio del M. Fray Luis de Léon, en tête de ses<Euvres, dans la Biblioteca de autores espanoles deBibadeneyra.

Ses œuvres scripturaires sont contenues dans les trois-premiers tomes de l’édition complète de ses écrits enlangue latine, Mag, Luyssi Legionensis, Augusliniani,

divinorum librorum primi apud Salmaticenses InterprètesOpéra, nunc primum ex MSS. ejusdem omnibusP.P. Augustiniensium studio édita, 7 in-4°, Salamanque, 1891-1895. Le tome premier contient: Proœmium et Expositio in Canticum Moysis: InPsalmosproœm ium; Expositio in Psalm osxx vi, xxvill, lvii, et lviii; In Ecclesiastem proœniium, argurnentumet expositio: quant Magister non absolvit, sed àvers. 13 capitis ix perfecta fuit à P. Didaco de Tapia, Ord. S. Augustini. Continet etiarn hoc volumen appendicemin Psalmos xr, xri, xviii et civ, quorum expositioMagistro Legionensi falso adscripta est. — Tomesecond: In expositionem Cantici Canticorum introductio, et in quodlibet caput ipsius Cantici triplexexplanatio. — Tome troisième. In Abdiam Prophetamexplanatio: In Epistolam B. Pauli ad Galatas expositio; Commentaria in Epistolam Il B. Pauli Apostoliad Thessalonicenses, quse versiculo 4, capitis ii, abrumpit, et P. Tapia resumpsit usque ad reditum Magislri, quum tamen hujus continuatio inventa fuerit. Scripsitetiam, in lucemque edidit paulo ante mortem opusculum: De utriusque Agni immolatione legitimo tempore, quo Ludovicus magnam inter doctos circaPaschse tempus disceptationeni promovit. Vernaculalingua edidit: Los Nombres de Cristo (De nominibusChristi); Exposicion de Job (Job commentaria); LaPerfecta Casada (De perfectae uxoris exemplari).

Louis de l.éon fut un grand écrivain, en langue espagnoleet en latin; il connaissait l’hébreu et le grec.

— Comme beaucoup de ses œuvres furent dictées à sesélèves, et plus tard corrigées et développées par lui avantde les livrer g l’impression, les manuscrits qui nous enont été conservés diffèrent les uns des autres. Il corrigealui-même plusieurs fois ses écrits, toujours mécontentde son travail, sévère et très difficile pour la iorme littéraire.L’édition de Salamanque (1891-1895) est la pluscorrecte et la plus sûre.

Les commentaires du Cantique de Moïse, des Psaumeset de YEcclésiaste sont littéraux, fondés sur le texteoriginal, avec de nombreuses concordances bibliques etune grande érudition profane: le tout entremêlé d’applicationsmorales. — Quant à son Exposition du Cantiquedes Cantiques, il en publia d’abord une traductionespagnole avec des notes. Elle est dans la Bibliotecade Autores espanoles, de Ribadeneyra, Escritores delsiglo xvi, t. 11, Madrid, 1855, p. 247-284. C’est elle quilui valut son procès inquisitorial. Plus tard, il la publiaen latin à Salamanque, en 1582, en y ajoutant le commentairedu Psaume xxvi. Une nouvelle édition parut en1582. L’une et l’autre renferment un commentaire littéralet un commentaire moral. En 1589, une dernièreédition, publiée également à Salamanque, fut enrichied’un troisième commentaire, un commentaire mystique.L’auteur expose ainsi lui-même sa triple explication: Prima verborum interpretationem continet; altéraDeum amantis animée progressus in amore complectïtur; tertia comprehendit Ecclesise militantis, a mundiinitio usque ad finem sseculi, amoris cursum atquerationem. — L’Exposilio in Abdiam Prophetam estlittérale, historique et allégorique. D’après l’auteur: parÉdom il faut entendre non seulement les Iduméens, mais aussi les Perses et les Juils. V Expositio in Epi~stoUis Pauli et in Ecclesiastem est également littéraleavec des réflexions morales. — Voir Gonzalès de Tejada, Vida de Fray Luis de Léon, Madrid, 1863; H. Reusçh, Luis de Léon, Bonn, 1873. R. Martinez y Vigil.

LOUP (hébreu: ze’êb, le zibu assyrien et le deebarabe; Septante: Xûxo; ; Vulgate: lupus), carnassier dugenre chien.

1° II diffère du chien par sa taille plus grande, unmuseau plus allongé, une mâchoire plus forte, des oreillestoujours droites et un pelage très touffu (fig. 118). Il a

plus de férocité que de courage. Il n’attaque l’hommeque quand il est affamé, mais il fait une guerre terribleaux bergeries et aux basses-cours. — Le loup commun, canis lupus, a fait de tout temps la terreur des troupeaux

118. — Loup de Syrie.

de Palestine, bien qu’aujourd’hui il soit surtout confinédans le Liban. Socin, Palàstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. lx. On le rencontre néanmoins encore assezsouvent dans les plaines maritimes ou celles de Gênézareth, dans les ravins de Galilée et surtout du terriver les troupeaux de ses attaques, on entoure pendantla nuit les parcs à moutons de branchages épineux. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 340. D’ordinairele carnage du loup ne se borne pas à une seulebrebis. Si les chiens sont absents ou inattentifs, il étrangletout ce qu’il peut, emporte avec lui une premièrevictime qu’il mange et revient en chercher ensuite deuxou trois autres qu’il cache. La faim l’oblige quelquefoisà se jeter sur un troupeau, même en plein jour. Il luiarrive aussi de suivre l’homme pour le surveiller de loinet profiter de ses moindres faiblesses pour l’assaillir.2° La Sainte Écriture ne parle guère des loups qu’ausens figuré. Jacob mourant dit prophétiquement dudernier de ses fils: «Benjamin est un loup qui déchire; le matin, il dévore ta proie, et le soir, il partage lebutin.» Gen., xlix, 27. Voir Benjamin (Tribu de), t. i, col. 1598. Le loup est naturellement l’image de ceux quiexercent la violence, des chefs de Jérusalem qui ruinentet dévorent le peuple, Ezech., xxii, 27, des juges iniquesd’Israël qui n’attendent même pas au matin pour commettrel’injustice. Soph., iii, . 3. Une peinture du cimetièrede Calliste représente Susanne sous la figure d’unebrebis menacée à droite et à gauche par deux animaux, dont l’un au moins est certainement un loup, et caractérisentbien les deux vieillards accusateurs (fig. 119).Cf. Martigny, Dictionnaire des antiq. chrét., 2e édit., Paris, 1877, p. 747. Les Chaldéens vont tomber sur Judacomme les loups du désert. Jer., v, 6. Ils sont montés sur

J^rViliV^v

119. — Susanne entre les deux vieillards figurés par un loup et un léopard. Peinture du cimetière de Calliste.D’après Perret, Les catacombes de Rome, t. 1, pi. Lxxviii.

toire montagneux de Benjamin, et quelquefois aussidans les forêts de Basan et de Galaad. Les loups dePalestine, bien que beaucoup moins nombreux que leschacals, font beaucoup plus de ravages que ces derniers.Voir Chacal, t. ii, col. 477. Ils ne vont pas par bandes, mais deux ou trois seulement à la fois. Ils se cachent lanuit à proximité des bergeries, derrière des rochers, avancent avec cette démarche caractérisée par notreexpression française «à pas de loup», sans éveillerl’attention des chiens de bergers, sautent dans l’enceintequi renferme le troupeau, voir t. ii, fig. 611, col. 1987, saisissent leur victime en silence et s’enfuient avec leurproie. Les bergers de Galilée ont coutume de tirer detemps en temps des coups de fusil pendant la nuit, afinde tenir à distance ces dangereux carnassiers. Le loupde Syrie a le pelage plus clair que celui d’Europe. Lesindigènes parlent d’une autre espèce plus féroce, celledu loup qu’ils appellent scheeb, qui n’est autre probablementque le Canis lycaon des naturalistes. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 153155. Dans le sud de la Palestine se rencontre aussi leloup d’Egypte, canis lupaster, qui a une taille plus petiteque celle du loup ordinaire, un poil jaune doré etun système musculaire qui ne lui permet pas de s’attaquerà de gros animaux. Il doit se contenter tout auplus d’agneaux ou de chevreaux, et vit surtout d’animauxmorts dont il traîne les cadavres daus les cavernes, llaà peu près tes mœurs des chacals. Pour préserdes chevaux plus rapides que les loups du soir. Hab., i, 8. Le loup sort le soir pour chercher sa proie: il peutfaire jusqu’à cent soixante kilomètres dans sa nuit pourla trouver ou se mettre à l’abri. Nul cheval n’approched’une vitesse si grande et si soutenue. En Sibérie, on avu plus d’une fois des bandes de loups accompagner etmême devancer, dans leur course affolée, les chevauxattelés aux traîneaux. L’agneau à dans le loup un ennemiacharné; nul accord n’est possible entre eux. Eccli., xiii, 21. Et pourtant, à l’époque de la rédemption, ils habiterontet paîtront ensemble, Is., xi, 6; lxv, 25, c’est-à-direque les hommes les plus ennemis deviendront tous frères, par la grâce du Sauveur. — Dans le Nouveau Testament, où les agneaux et les brebis représentent les disciplesde Jésus-Christ, les ennemis de l’Évangile sont naturellementfigurés par les loups. Ces loups sont d’abord lesfaux prophètes: «Ils viennent à vous avec des vêtementsde brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs.» Matth., vii, 15. Ces paroles font allusion à la ruse hypocritedu loup. Il se dissimule pour commettre sesméfaits, ou bien il fait montre de douceur. Quand unloup veut s’emparer d’un jeune chien encore inexpérimenté, mais peut-être défendu par des gardiens plus àcraindre, il s’approche, attire son attention par desgambades de toutes sortes comme pour l’inviter à jouer, et, quand il a réussi à le faire venir à l’écart, se jettesur lui. Il sait de même amener un chien plus vigoureuxdans une embuscade où se trouve un autre loup,

et où tous deux peuvent Je terrasser. Ces procédés nesont pas ignorés des taux prophètes. En donnant lamission à ses apôtres, Notre-Seigneur leur dit qu’illes envoie «comme des brebis au milieu des loups».Matth., x, 16. Plus tard, il envoie de même ses disciples «comme des agneaux au milieu des loups». Luc. x, 3.Les Juifs d’abord, puis les persécuteurs païens n’ont quetrop justifié cette comparaison. Enfin, saint Paul ditaux pasteurs d’Éphèse: «Je sais qu’après mon départ ils’introduira parmi vous des loups cruels qui n’épargnerontpas le troupeau.» Act., xx, 29. Il explique lui-mêmeque ces loups sont les faux docteurs qui, par unenseignement pernicieux, entraîneront des disciplesaprès eux. Act., xxix, 30. — Un des chefs des Madianitesqui pillaient la Palestine du temps de Gédéon s’appelaitZëèb (Vulgate: Zeb), c’est-à-dire le Loup. Jud., vii, 25.

Voir Zeb,

H. Lesêtre.

L.OW Jehuda, rabbin et commentateur juif, né àWorms, en 1520, mort à Prague, en 1609. Il fonda danscette dernière ville une école pour l’étude du Talmud. Cefat un cabbaliste célèbre et l’on a raconté de lui bien deschoses extraordinaires. Ses œuvres les plus remarquables, énumérées dans l’épitaphe placée sur son tombeau, sont: Explication du Pentateuque de Raschi, Prague, 1578; Derekh chajjim, explication des paroles des Pères, Cracovie, 1589; ’Or hôdes, «la nouvelle lumière,» explication d’Esther (1600). J. Sedlacek.

1. LOWTH Robert, fils de William Lowth, théologienet hébraïsant protestant anglais, né à Buriton le 27 novembre1710, mort à Londres, le 3 novembre 1787. Ilentra, en 1722, au collège de Winchester, et, en 1729, àNew Collège, à Oxford, où il prit ses grades universitaires.Il reçut ensuite les ordres, et fut d’abord vicaireà Overton, Hampshire, en 1735. En 1741, il fut nomméprofesseur de poésie à Oxford, et fit un cours sur lapoésie des Hébreux qu’il publia plus tard. Il accompagnaHenry Bilson-Legge dans son ambassade à Berlin, en 1748.Choisi en 1749 pour faire; l’éducation des fils du duc deDevonshire, il voyagea quelque temps avec eux. Aprèsavoir occupé diverses charges ecclésiastiques et diversévêchés, il obtint enfin l’évêché de Londres en 1777, etil occupa ce siège jusqu’à sa mort. Le plus célèbre deses ouvrages est son livre sur la poésie hébraïque: Desacra poesi Hebrxorum. Prxlectiones academicseOxonii habit» a Roberto Lowth. Subjicitur metricseHariansebrevis confutatio, et oratio Crewiana, in-4°, Oxtord, 1753; 2e édit., in-8°, 1763. Réimprimé avec lesnotes de J. D. Michælis, 2 in-8°, Gœttingue, 1758-1762; id., 1769-1770. Une 3e édit., du livre parut à Oxford, en1775, in-8°; une autre fut publiée à Leipzig, en 1815, in-8°, par E.-F.-C. Rosenmûller cum notis et epimetrisJ. D. Michælis… Insunt C. F. Richteri de eetatelibri Jobi definienda atque C. Weisii de métro Rarianocommentationes. La réfutation du système de Haredonna lieu à une controverse assez longue entre Lowthet plusieurs savants de son temps (Thomas Edwards, Warburton, John Brown). Son livre fut traduit en allemand, avec notes, par Michælis, Gœttingue, 1763 etl793; en anglais par Gregory, avec les notes de Michælis, 2 in-8°, 1793; en français par Suard, 21n-12, Lyon, 1812, et Avignon, 1839; en français également par Roger, del’Académie française, in-8°, Paris, 1813. — Il faut citerencore de lui: Isahia, a new translation, with a preliminarijdissertation and notes, in-4°, Londres, 1778; in-4°, 1779; in-8°, 1790; 13e édit., in-8°, 1812. Il en existeune traduction allemande par G.-H. Richerz, avec desadditions et des notes par B. Koppe, 4 in-8°, Leipzig, 1779-1781. Dans cet ouvrage, Lowth modifia trop arbitrairementle texte original sous prétexte de le corriger, mais il eut le grand mérite de faire ressortir, dans sadissertation préliminaire et dans sa version même, le

caractère et la forme de la poésie hébraïque, qu’ilavait déjà étudiés avec succès dans son premier écrit.C’est à lui que l’on doit d’avoir mis en évidence le traitcaractéristique de la poésie hébraïque qu’il appela «parallélisme», nom qui lui est resté. Voir Hébraïque(Langue), t. iii, col. 489. — Voir Memoirs of the Lifeand Wrilingsof the late Bishop Lowth, 2 in-8°, Londreset Gœttingue, 1787. A. Régnier.

2. LOWTH William, théologien protestant anglais, néà Londres le 3 septembre 1660, mort à Buriton (Southampton), le 17 mai 1732. Il étudia d’abord sous ladirection de son grand-père, Simon Lowth, puis entraà Merchant Taylors’school, à Londres, le Il septembre1672, et enfin fut admis comme élève à St-John’scollège, à Oxford, le Il juin 1675. C’est là qu’il terminases études, et il devint plus tard fellow du même collège.Son premier ouvrage, intitulé Vindication of thedivine authority of the Old and New Testaments, Londres, 1683 et 1690, et publié pour répondre aux attaquesde Le Clerc contre l’inspiration de l’Écriture Sainte, lui concilia les bonnes grâces de Peter Mew, évêque deWinchester, qui fit de lui son chapelain, puis le nommachanoine, le 8 octobre 1696, et enfin lui donna le bénéficede Buriton, où il vécut jusqu’à sa mort. Outre l’ouvragedéjà mentionné, on peut citer de lui: Comræntaryon the prophets, qui parut en plusieurs parties de 1714 à1725, et qui fut ensuite réuni en un volume pour fairesuite à un livre de Patrick intitulé Commentary on theearlier books of the Old Testament, avec lequel il futplus d’une fois réimprimé, en même temps que lesCommentaires da Nouveau Testament de Whitby, Arnaldet Lowman. A. Régnier.

1. LUC (SAINT) (grec: A.oux5 «), troisième évangélisteet auteur des Actes des Apôtres (fig. 120). — 1° Son nom.

— Aooxâç est généralement aujourd’hui regardé commeune abréviation de Aovxavôç. Il existe dans le NouveauTestament d’autres abréviations de noms propres de cettesorte, par exemple: KXcéTraç de KXeôitatpoç. Voir t. H, col. 806. Les manuscrits de l’Italique, Vercellensis, a, Corbeiensis, ꝟ. 2, Vindobonensis, i, et le codex Dublinensisde la Vulgate (du ixe siècle) intitulent le troisième Évangilesecundum Lucanum. Ct. Wordsworth et White, Novum Testamentum D. N. J. C. latine, Oxford* 1893, 1. 1, fasc. 3, p. 307. Ce nom de Lucanus se retrouve dansPriscillien, Opéra, édit. Schepss, Vienne, 1889, p. 47, etsur un sarcophage d’Arles, du v° siècle (fig. 121). C’estle nom du poète Lucain. Godet, Introduction au N. T., Paris, 1900, p. 448-449, conclut sans raison suffisante, de la forme abrégée de son nom et de sa qualité demédecin, les médecins étant ordinairement des affranchis, que Luc était originaire de la Lucanie et un esclaveaffranchi de «l’excellent Théophile» à qui il a dédié sesdeux livres. Cette contraction du nom de Luc est préférableà celle qui le lait dériver de Aovr.nxvo; , car onne s’expliquerait pas l’élision de Vi, et les exemples analoguesde noms latins montrent bien que Lucianusaurait été plutôt contracté en Lucius. Par cette raisondéjà il faudrait écarter les identifications, parfois proposées, de saint Luc avec les Lucius nommés dans leNouveau Testament. Ct. Origène, In Rom., 1. X, 32, t. xiv, col. 1288. D’ailleurs, d’autres motifs s’y opposent.Un Lucius est le parent de saint Paul, Rom., xvi, 21; l’autre était originaire de Cyrène. Act., xiii, 1. Voir cesnoms. La contraction de LuciKUs, soutenue par Grotius, malgré l’analogie avec’OXojmwc; , Rom., xvi, 15, dérivéde’O).o[ntt<58<opo; , est moins vraisemblable que celle àlaquelle s’est ralliée la majorité des critiques.

2° Sa patrie et sa condition. — Au témoignage desaint Paul, Col., iv, 14, cf. ꝟ. 11, Luc était un médecind’origine païenne. Il est placé par l’Apôtre au nombrede ses compagnons, distincts de ceux qui étaient sortis

du judaïsme, ꝟ. 11. Sa connaissance des formes plus classiquesdu grec peut confirmer cette origine. J. Belser, Einleitung in dos N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901,

mieux le grec que l’hébreu. Cf. Epist., xx. 4, t. xxli, col. 378. D’autre part, son exacte connaissance des usagesjuifs a fait penser à plusieurs qu’il était prosélyte. Saint

120. — Saint Luc. Évangéliaire de Cambridge.D’après Garrucci, Storia deW arte cristiana, t. iii, pi. 141.

p. 110-111. Les hébraïsmes de son style ne s’y opposent I Jérôme, Liber heb. qusest. in Gen., t. xxiii, col. 1002,

pas, car ils peuvent provenir des sources qu’il a reprorapporte cette tradition, sans l’accepter. Les fréquentes

duites dans ses écrits. D’ailleurs, il faut convenir avec relations de Luc avec les Apôtres et avec les chrétiens,

-Saint Jérôme, In ls., vi, 9, t. xxiv, col. 98 qu’il savait l convertis du judaïsme, ont suffi à le mettre au courant

des coutumes juives. Les anciens écrivains ecclésiastiquesont généralement affirme que saint Luc. était originaired’Antioche. Eusèbe, H. E., iii, 4, t. xx, col. 220; Qusest.ad Stephan., suppl., 4, t. xxii, col. 961 (plusieurs critiquespensent qu’Eusèbe a puisé ce renseignement dansVEpist. ad Aristidem de Jules Africain); S. Jérôme, De vir. illust., 7, t. xxiii, col. 610; Euthalius, Elenchus, prolog., t. lxxxv, col. 636.- Les anciens prologues latinsdu troisième Évangile, qui sont antérieurs à ces écrivains, indiquaient déjà le même lieu d’origine. P. Cossen, Monarchianische Prologe, dans Texte und linters., Leipzig, 1896, t. xv, fasc. 1, p. 7; Wordsworth et White, Novum Testamentum D. N. J.-C. latine, Oxford, 1893, t. l, fasc. 3, p. 269, 271. Cette désignation du lieu denaissance de Luc ne provient pas d’Act., un, 1, puisquel’auteur du troisième Évangile et des Actes est différentde Lucius de Cyrène, mentionné là comme membrede l’Eglise d’Antioche. M. Ramsay, Paulus in der Apostelgeschichte, p. 330, a prétendu que Luc était originairede Macédoine et que sa famille avait seulementdes relations à Antioche. Mais les anciens affirment

que Cléophas est nommé, Luc, xxiir, 18, le trahissait àleurs yeux. Cf. Théophylacte, Enarrat. in Evang. Luc, t. cxxiii, col. 685, 1113. Mais le contexte exige que lepersonnage nommé soit un témoin des événements dela semaine, ce qui ne convient pas à saint Luc. L’auteurdu canon de Muratori dit expressément du troisièmeévangéliste: Dominum tamen nec ipse vidit in carne.La tradition patristique a reconnu dans saint Luc nonun apôtre, mais un homme apostolique, non un discipleimmédiat du Christ, mais seulement un disciple desapôtres. S. Irénée, Cont. hxr., III, iv, 2, t. vii, col. 845; Tertullien, Adv. Marcion., iv, 2, t. ii, col. 363; S. Jérôme, In Is., 1. xviii, t. xxiv, col. 650; InMatth., prol., t. xxvi, col. 18; S. Augustin, De consensuÉvangel., i, ii, iii, t. xxxiv, col. 1043; Cont. Faust., XVII, iii, t. xlii, col. 341; Constit. apost., II, lvii, t. i, col. 729; S. Chryso6tome, In Matth., hom. i, 2, t. Lvn, col. 16; In Acta, hom. i, 1, t. lx, col. 13; Théodoret, Hist. relig., præf., t. lxxxii, col. 1283. On ne sait pasavec certitude à quelle époque et dans quelles circonstancesLuc devint chrétien. Comme il était originaire

121. — Sarcophage d’Arles. D’après une photographie.

explicitement que Luc est né à Antioche. Ils attribuent, ainsi que l’auteur du Canon dit de Muratori, à saint Lucla profession de médecin. Saint Paul, d’ailleurs, l’avaitappelé Luc «le médecin». Col., iv, 14. On a confirmécette dénomination par les détails médicaux et les termestechniques, employés dans le troisième Évangile, iv, 38; xxii, 43, etc., et dans les Actes, xiii, 11. Hobart, Themédical language of saint Luhe, Dublin, 1882; A. Harnack, Medicinisches aus derâltesten Kirchengesch.ich.te, dans Texte und Unters., Leipzig, 1892, t. viii, fasc. 4, p. 37-40. Eusèbe, Qusest. ad Stephan., suppl., 4, t. xxii, col. 961, et saint Jérôme, Epist., xx, 4, t. xxii, col. 378, concluaient de la profession de saint Luc qu’il étaitinter omnes evangelislas grœci sermonis erudilissimus.Comme les médecins étaient souvent, dans l’antiquité, de condition servile, des exégètes modernes, ainsi qu’onl’a vu plus haut, ont conclu, contrairement à la tradition, que Luc était un esclave affranchi.

3° Sa conversion. — Dans le prologue de son Évangile, 1, 1-3, saint Luc laisse clairement entendre qu’iln’a pas été un des disciples immédiats de Jésus, puisqu’ilse propose de raconter les faits, non tels qu’il lesa vus, mais tels qu’il les a appris des témoins oculaireset des auditeurs du Sauveur. Néanmoins, on a voulu lemettre en rapports directs avec Notre-Seigneur. Adamantius, Dial. de recta in Deum fide, t. xi, col. 1721, etsaint Épiphane, User., li, 11, t. xli, col. 908, en ont faitun des soixante-douze disciples. Luc, x, 1. Saint Grégoirele Grand, Moral, in Job, præf., i, 3, t. lxxv, col. 517, rapporte que quelques-uns reconnaissaient enlui le second disciple qui vit Jésus ressuscité, sur lechemin d’Ëmmaûs; son silence sur ce personnage, alors

d’Antioche, il est vraisemblable qu’il a été converti debonne heure par les premiers prédicateurs de l’Évangile, qui vinrent de Jérusalem en cette ville. Act., xi, 19-30.Cette conclusion est confirmée par une addition que letexte occidental contient dans ce récit entre les versets27 et 28. Le Codex Cantabrigiensis D présente, en effet, cette leçon: ’Hv ôe tcoIXt) àyaXkitxmi; , (7UV£<rrp «[i(j.éva)vSs J)|iûv ly e’ç, etc., appuyée par plusieurs manuscritsde la vieille version latine, ainsi qu’il résulte d’une citationde saint Augustin, De sermone Domini in monte, 1. II, c. xvii, 57, t. xxxiv, col. 1295: Eratque magnaexsultatio. Congregatis autem nobis, surgens unus, etc.Si cette leçon était originale, il en résulterait qu’ellemettrait en scène l’auteur du livre des Actes et que parsuite saint Luc aurait été un des premiers membres dela jeune Église d’Antioche. Quelques-uns ont pensé qu’ij, avait été converti à la foi chrétienne par saint Paul aprèsque celui-ci eut été amené à Antioche par Barnabe.Act., xi, 25. Mais on remarque avec raison que saintPaul n’appelle jamais Luc son ce fils».

4° Luc, compagnon de saint Paul. — Quoi qu’il en soit, nous savons avec certitude que saint Luc a été le compagnonde saint Paul et son collaborateur. Lui-mêmenous "a laissé dans les Actes le récit circonstancié d’untémoin oculaire. Voir t. i, col. 153-155. L’écrivain témoignede sa présence par l’emploi du pronom plurielnous à partir d’Actes, xvi, 10. Nous ignorons commentil se rencontra avec saint Paul à Troade, maisil devaitêtre connu de l’apôtre qui avait séjourné à Antioche. IIpartit avec lui et l’accompagna jusqu’à Philippes de Macédoine.Son récit montre qu’il eut une part à la fondationde l’Église de cette ville. Act., xvi, 10-17. Il ne fut

pas emprisonné avec Paul et Silas et ne les suivit pasà leur départ. 19-40, On en a conclu qu’il demeura àPhilippes pour affermir et développer la communautéchrétienne. La séparation de Luc et de Paul dura cinqou six années. Cela résulte de l’absence de la salutationde la part du premier dans six lettres du second. Ce nefut que lorsque Paul, après ses deux missions en Grèceet en Asie Mineure, repassa à Philippes pour aller porterà Jérusalem l’argent recueilli dans, les Églises de laMacédoine, que Luc l’accompagna de nouveau. Act., xx, 6. Du rapprochement de ce texte avec II Cor., viii, 18, il ressort que le frère, loué dans ce dernier passage, ne peut guère être saint Luc, quoi qu’en aient penséplusieurs Pères. S. Ignace, Ad Ephes., 15, t. v, col. 749; Origène, In Luc, hom. r, t. xiii, col. 1804; S. Ambroise, In Luc, i, t. xv, col. 1538; S. Jérôme, Eptst, , lui, n. 8, t. xxii, col. 548; De virîs illust., 7, t. xxiii, col. 619; S. Chrysostome, In Act., hom. i, 1, t. lx, col. 15; In II Tim., hom. x, 1, col. 655; (quoiqu’il reconnaisse Barnabe, In II Cor., hom. xvhi, 1, t. lxi, col. 523). Ce frère, célèbre dans toutes lesÉglises par sa prédication de l’Évangile (et non par larédaction d’un Évangile)j avait été délégué par lesÉglises de la Macédoine pour cet office de charité consistantà recueillir des collectes pour les fidèles de Jérusalem, en vue de l’accompagner dans cette ville. R. Cornely, Comment, in S. Pauli Eptst. ad Cor. altérant, Paris, 1892, p. 230232. Saint Paul l’envoie de Macédoine, II Cor., viii, 1, avec Tite et un autre frère.lbid., 16-22. Or, c’est de la Macédoine que le mêmeapôtre revint à Philippes, où il retrouva Luc qui, au lieud’aller à Corinthe, fit route avec lui et d’autres compagnonsparmi lesquels n’est pas Tite, vers Jérusalem.Act., xx, 3-6. Voir t. ii, col. 998-999. Si l’on admettaitnéanmoins que ce frère soit saint Luc, il faudrait reconnaîtreque saint Paul attendit à Philippes son retour deCorinthe avant de partir pour Jérusalem, emportant lacollecte faite parmi les Corinthiens.

A partir de la rencontre de Paul et de Luc à Philippes, le livre des Actes devient une sorte de journalde voyage. Après la fête de Pâques, Paul et Luc rejoignirentà Troade, où ils les avaient devancés, leurs compagnonsde route. Ils y demeurèrent sept jours. Act., xx, 5, 6. Tandis que Paul se rendait à Assos par terre, Luc et les autres y allaient par mer. Ils emmenèrentl’Apôtre à Mitylène, puis par mer à Samos et à Milet.Act., xx, 13-15. Après l’entrevue si émouvante avec lesanciens d’Éphèse, les voyageurs s’embarquèrent pourCos, Rhodes et Patare, puis, sur un autre vaisseau, pourTyr. Act., xxi, 1-3. De Tyr, ils descendirent à Ptolémaïdeet à Césarée, où ils séjournèrent quelques jours.Act., xxi, 7, 8. Malgré les dangers prédits à Paul, ilsmontèrent à Jérusalem, où ils furent bien accueillis.Act., xxi, 15, 17. Luc fut témoin oculaire des événementsqui s’accomplirent en cette ville et qu’il raconte. Act., xxi, 18-xxvi, 32, aussi bien que de l’emprisonnementde Paul à Césarée. On ne peut affirmer qu’il soit demeuréconstamment dans cette ville auprès de l’Apôtre.Quoique le récit à la première personne du pluriel cessedans les Actes, il est légitime de penser que Luc étaitnn de ces amis de Paul à qui le gouverneur Félixautorisa l’accès de la prison. Act., xxiv, 23. Ce quirend vraisemblable son séjour continu à Césarée durantles deux années de l’emprisonnement de Paul, c’est que, dés que l’envoi de celui-ci à Rome tut décidé, Luc etAristarque se trouvèrent là pour l’accompagner. Act., xxvii, 1, 2.

Luc fut donc témoin oculaire des événements duvoyage de Césarée à Rome et put raconter dans les Actesles circonstances du trajet, les villes où ils firent escale, les changements de vaisseaux, le naufrage à Malte, lacontinuation du voyage jusqu’à Rome et la situation del’Apôtre dans cette ville. Act., xxvii, 2-xxvin, 29. Saint

Paul y demeura deux ans. Act., xxviii, 30. Saint Luc restaun certain temps avec lui, car dans les Épitres aux Colossiens, îv, 14, et à Philémon, jr. 24, qu’on rapporte généralementà la première captivité de Paul à Rome, l’apôtresalue ses correspondants au nom de Luc. Mais de l’absencede salutation de sa part dans l’Épltre aux Philippiens, qui a été écrite de Rome après les précédentes, il résulte qu’il avait quitté l’apôtre avant la fin de sonséjour en cette ville. D’autre part, saint Paul était seullors de sa première comparution devant César. II Tim., iv, 16. Nous ignorons où se rendit Luc en sortant de-Rome.L’indication fournie par les Acta Pauli, Lipsius, , Acta Apostolorum apocrypha, Leipzig, 1891, 1. 1, p. 104, suivant laquelle Luc se serait rendu en Gaule, n’a-aucunevaleur. Durant la seconde captivité de Paul à Rome, nous retrouvons Luc à ses côtés. II Tim., iv, 11. On.rapporte généralement la composition des Actes à ladeuxième année de la première captivité de saint Paulà Rome. Voir t. i, col. 155. Le troisième Évangile, quiest un irpttfToc Xôyo; , Act., i, 1, serait antérieur. Voirplusloin. Quelques critiques ont attribué à saint Luc, sans raisons suffisantes, la rédaction de l’Épître auxHébreux. Voir t. iii, col. 545.

5° Dernières années. — Nous manquons de renseignementsanciens et certains sur l’histoire de saint Lucaprès la mort de saint Paul et sur la fin de sa vie. Ceuxque nous possédons sont relativement récents et souvent, contradictoires. Saint Épiphane, Adv. hmr., li, 11, t. ili, col. 907, prétend que saint Luc prêcha l’Évangile enDalmatie, en Gaule, en Italie et en Macédoine, surtouten Gaule, comme Crescens. Voir t. ii, col. 1111. SaintGrégoire de Nazianze, Orat., xxxiii, 11, t. xxxvî, col. 228, le fait aller en Achaïe, où il aurait rédigé sonÉvangile. Garni., 1. I, sect. i, carm. xii, t. xxxvii, col. 474. Les Constitutions apostoliques, 1. VII, c. xlvi, t. l, col. 1052, affirment que saint Luc ordonna Avilius, le deuxième évêque d’Alexandrie. Diverses subscriptionsde manuscrits du troisième Évangile, citées ennote, ibid., par Cotelier, indiquent Alexandrie la Grandecommele lieu de la composition de cet Évangile.Siméon Métaphraste, Vita S. Luc», 7, t. cxv, col. 1136, tait retourner saint Luc de Rome en Orient, parcourirtoute la Libye et parvenir en Egypte, où il convertit laThébaïde supérieure et où il fut institué évêque dan» une ville aux sept portes delà Thébaïde inférieure. Selonlui, ibid., 8, col. 1137, saint Luc y mourut en paix.Néanmoins, il place sa sépulture en Achaïe et racontela translation de ses reliques de Thébes en Béotie à Constantinoplepar les soins de Constance. Ibid., 9, 10, col. 1137. De telles contradictions montrent le peude valeur de ses renseignements. Cf. Ménologe grec, au 18 octobre, t. cxvii, col. 113. Nicéphore Calliste, H. E., ii, 43, t. cxlv, col. 876, prétend que l’évangélistealla de Rome en Grèce. Saint Grégoire de Nazianze, Orat., iv, n. 69, t. xxxv, col. 589, est le premier quiparle du martyre de saint Luc. Saint Gaudence, évêquede Brescia, Serin., xvii, t. xx, col. 962, rapporte quesaint Luc fut tué à Patras en Achaïe. Saint Isidore deSéville, De vita et obitu Patrum, 82, t. lxxxiii, col. 154, sait que saint Luc mourut à l’âge de 74 ans et qu’il futenseveli en Bithynie; il déclare qu’il avait été très, chaste déslson enfance. Le vieux prologue du troisièmeÉvangile contenait ces mêmes renseignements: nequeuxorem unquam habens neque filios, lxxiv annorumobiit in Bithynia, plenus Spiritu sancto. P. Corssen, Monarchianische Prologe zu den vier Evangelien, Leipzig, 1896, p. 8. Selon Nicéphore Calliste, toc. cit., saintLuc fut pendu à un olivier et son sépulcre était célèbre.Le pseudo-Dorothée, Patr. Gr., t. cxxiii, col. 685, prétendque saint Luc est mort et a été enseveli à Ephèse. Cf.A. Dutau, Vn prétendu tombeau de saint Luc à Ephèserestitué à la mémoire de saint Antipas, Paris, 1883.La vingtième année du règne de Constance, en 357, les

reliques.de saint Lac ont été transférées d’Achaïe (maisde Bithynie, selon S. Isidore de Séville) à Constantinople.S. Jérôme, De vir. ill., 7, t. xxiii, col. 621; Cont. Vigilantium, 5, ibid., coi. 343; Chronic, an. 360, t. xxvii, col. 690; Théodore le Lecteur, Excerpta, t. lxxxvi, col. 213; S. Isidore de Séville, De vita etobitu Patrum, 82, t, lxxxiii, col. 154. Quelques ossem*ntsse trouvaient à Brescia, S. Gaudence, Serm., xvii, t. xx, col. 963; à Funda, S. Paulin de Noie, Epist., xxxii, n. 17, t. lxi, col. 339: à Antioche et àOstie. Id., Poema, xxx, v. 35, ibid., col. 672. L’Églisecélèbre la fête de saint Luc le 18 octobre. On a donnéle bœuf comme symbole au troisième évangéliste parceque son récit commence par le sacrifice offert par Zacharie, père de Jean-Baptiste.

6° Saint Luc était-il peintre? — D’après NicéphoreCalliste, ff, E., 1. II, c. xliii, t. cxlv, col. 876, saintLuc était très habile dans l’art de la peinture. SiméonMétaphraste, Vita S. Lucm, 6, t. cxv, col. 1136, lui attribueune image du Christ qu’on honorait de son temps.On lui a attribué aussi des peintures de la sainte Vierge.Cette attribution repose sur le témoignage de Théodorele Lecteur, du vi «siècle. Il rapporte que l’impératriceEudoxie avait trouvé à Jérusalem un portrait de la mèrede Dieu, peint par l’apôtre Luc, et qu’elle l’avait envoyéà Constantinople. pour en faire présent à sa bellesœurPulchérie, femme de Théodose II. Théodore leLecteur, Excerpta, i, 1, t. lxxxvi, col. 165. Les Madonesdites de saint Luc reproduisent un type byzantin de laVierge et peuvent remonter au ve siècle. Rien d’authentiquene justifie l’attribution à saint Luc de ces images.Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., Paris, 1877, p. 791-792; E. von Dobschûtz, Christusbilder. Vntersuchungen zur christlichen Légende, Leipzig, 1899, t. ii, p. 266°-280°. Cf. Acta sanctorum, octob. t. viii, p. 282-313. E. Mangenot.

2, LUC (ÉVANGILE DE SAINT). — I. AUTHENTICITÉ.

— L’authenticité du troisième jivangile n’a jamais étécontestée, et la critique la plus avancée respecte l’universelleattribution de ce récit à saint Luc. Les titresgrecs et latins: Eùafféitov xoctà Aouxôév, Evangeliumsecundum Lucam, ou autres analogues, qui se lisent entête des manuscrits et des éditions, remontent auil* siècle, voir t. ii, col. 2060, à l’époque où le troisièmeÉvangile était expressément attribué à Luc, son auteur.Mais des citations formelles ou implicites du troisièmeÉvangile dans les écrits de la fin du I er siècle et ducommencement du H «prouvent que ce livre existaitdéjà et étais connu dans l’Église entière.

1° Existence et connaissance du troisième Évangileà la fin du I er siècle et au commencement du il". —Saint Clément de Rome cite, de mémoire, semble-t-il, des paroles prononcées par Jésus. Aucune ne répondtextuellement à aucun des synoptiques. Quelques motscependant ressemblent de plus près à saint Luc, qu’àsaint Matthieu. Ainsi, I Cor., xiii, 2, w; StSoTe, oûrwçSoô^ffsxai ûixïv, rappelle de très près Luc, vi, 38. Funk, Opem Patrum apostolicorum, 2e édit., Tubingue, 1887, p. 78. I Cor., xlvi, 8, combine Matth., xxvi, 24, et Luc, xvii, .2. Ibid., p. 120. La ressemblance entre I Cor., xxm, 4, et Luc, xxi, 29, 30, est plus éloignée. Sansêtre décisives, ces coïncidences sont plus que suffisantesà prouver l’emploi du troisième Évangile à Romeentre 93 et 95. La AtSax^» 1 u’es * de P eu postérieure, mêle en deux endroits, i, 3; xvi, 1, Funk, Doctrinaduodecim Apostolorum, Tubingue, 1887, p. 6, 46, Luc, vi, 28-32; xii, 35, à des passages de saint Matthieu.Cf. t. ii, col. 2064. La citation que fait saint Ignace, Ad Smyrn., iii, 2, Funk, p. 236, ne convient pas exclusivementà Luc, xxiv, 39, car si ce passage est visé, ilest complété par une citation étrangère aux Évangilescanoniques. Saint Polycarpe, Ad Philip., ii, 3, Funk

p. 268, mélange Matth., vii, 1, avec Luc, vi, 36-38, etMatth., v, 3, 10, avec Luc, vi, 20. L’écrit de Papias étantperdu on ne peut prétendre avec certitude que cet écrivainne connaissait pas saint Luc; il pouvait le citer sansqu’Eusèbe ait pris soin de le noter. Il est d’ailleurs vraisemblableque Papias l’avait entre les mains aussi bienque saint Ignace et saint Polycarpe. Dans le Pasteurd’Hermas, Simil., ix, c. xxvi, 3, Funk, p. 547, il y aune allusion évidente à une parole de Jésus. Luc, ix, 24; xvii, 33. i.a II" Clementis, xiii, 4, cite textuellementen partie Luc, vi, 32, 35; v, 2, Luc, x, 3; viit, 5, Luc, xvi, 10, avec cette entrée en matière: Asysi yàp 3Kûpto; bi tô e-iocYYeii’to; toutefois, comme la premièrepartie de la citation ne se trouve pas dans les Évangilescanoniques, quelques critiques pensent que l’auteur citeun évangile apocryphe; vi, 1, Luc, xvi, 13, Funk, p. 150, 154, 160. Basilide, qui enseignait à Alexandrie vers Tan120, se servait du troisième Évangile. D’après les Philosophumena, vu, 26, t. xvi, col. 3315, il citait Luc, i, 35, comme une parole sainte. Les Acta Archelai, 55, t. x, col. 1524, nous apprennent que le treizième livrede son commentaire sur l’Évangile commençait par laparabole du pauvre Lazare et du mauvais riche, queLuc seul raconte, xvi, 19-31. Au rapport de Clémentd’Alexandrie, Strom., i, 21, t. viii, col. 888, les disciplesde Basilide célébraient le jour du baptême de Jésus etils en fixaient la date à la quinzième année de Tibère, date indiquée par saint Luc, iii, 1, pour le début de laprédication de Jean-Baptiste. Quelques-uns d’entre euxplaçaient la mort de Jésus à la seizième année de Tibère.Or, selon saint Irénée, Cont. hser., II, xxii, t. vii, col. 781, c’étaient des valentiniens qui s’appuyaientsur Luc, iv, 19, citant Is., lxi, 2. Dans le c. li, ajoutéau traité De prsescript., de Tertullien, t. ii, col. 70, il estdit que Cerdon ne recevait que le seul Évangile desaint Luc, et encore pas en entier. Carpocrate interprétaitd’une façon singulière une parole de Jésus, citée parsaint Irénée, Cont. hser., i, xxv, n. 4, t. vii, col. 683, endes termes, se rapprochant de Luc, xii, 58-59, plus quede Matth., ’v, 25-26. De cette enquête il résulte qu’aumilieu du n «siècle, le troisième Évangile se trouvait auxmains de tous les chrétiens, catholiques ou hérétiques.2° Dans la seconde moitié du ip siècle. — Lespreuves de la connaissance et de la diffusion du troisièmeÉvangile dans cette courte période abondent, etc’est alors que se manifeste l’attribution précise de cetécrit à saint Luc, Saint Justin, Dial. cum Tryph., 103, t. vi, col. 717, déclare que les Évangiles, qu’il nommeMémoires des apôtres, ont été écrits par des Apôtres oupar des disciples des Apôtres. Il sait donc les noms desévangélistes, bien qu’il ne les cite pas, et il place évidemmentsaint Marc et saint Luc parmi les auteurs dela seconde catégorie, puisque cette mention sert à introduirele récit de la sueur de sang de Jésus, qui est particulierà saint Luc, xxii, 44. D’ailleurs, un très grandnombre de traits de la vie du Sauveur cités par lui nesont rapportés que dans le troisième Évangile. Voir t. ii, col. 2068, 2069. Tatien, disciple de saint Justin, a publiéun Aià TEmrâpwv, qui combinait en un seul récitles quatre narrations canoniques de la vie de Jésus. Onsait qu’il en excluait les généalogies. Or, l’une d’elles setrouve dans l’Évangile [de Luc. Une allusion à Luc, vi, 25, se remarque, Orat. adv. Greecos, xxxii, t. VI, col. 872. Dans le fragment de Tatien, conservé par Clémentd’Alexandrie, Strom., iii, 12, t. viii, col. 1181, il ya une autre allusion soit à Luc, xvi, 13, soit à Matth., vi, 24. Les hérétiques de cette époque rendent lemême témoignage en faveur du troisième Évangile.Marcion a rejeté les trois autres Évangiles qu’il connaissaitpour ne conserver que celui de saint Luc commeson seul Évangile et. celui de ses Églises. Il l’abrégeaitencore, en enlevant ce qui ne cadrait pas avec ses doctrines, et il ne gardait qu’une parcelle d’Évangile,

S. Irénée, Coni. hser., i, xxvii,% t. vii, col. 688; Tertullien, Adv. Marc, IV, ii, v, t. ii, col. 361, 367. Quelquescritiques avaient prétendu que l’Évangile écourtéde Marcion était l’original même de saint Luc et que letroisième Évangile canonique n’en était qu’une amplification.Cette prétention est insoutenable, car le plusgrand nombre des omissions s’explique par l’intérêtdoctrinal et les versets supprimés ont tous le cachetpropre au style de saint Luc. Il est donc évident que lamodification du texte de saint Luc vient de Marcion etnon de l’Église catholique. Cf. Zahn, Geschichte desNeutestamentlichen Kanons, Erlangen et Leipzig, 1891, t. ii, p. 409-455, qui a reconstitué l’Evangile de Marcion, p. 455-494. Comme Marcion, Valentin se servait de passagesévangéliques qui n’étaient fournis que par saintLuc, et ses disciples les interprétaient arbitrairement.S. Irénée, Cont. hser., III, xiv, 3-4, t. vii, col. 916, 917. Ils cherchaient en particulier de grands mystèresdans le récit de l’Annonciation. Luc, i, 26-55. S. Irénée, Cont. hser., l, Xv, 3, t. vii, col. 620; Philosophumena, vi, 35, 51, t. xvi, col. 3247, 3279. Héracléon, disciple deValentin, donnait une interprétation de Luc, xii, 8-12, que Clément d’Alexandrie, Strom., IV, 9, t. viii, col. 12811284, rapporte et discute. Les Marcosiens reconnaissaientdans la drachme perdue, dont saint Luc est seul à parler, xv, 8, l’image de la sagesse égarée. S. Irénée, Cont.hser., i, xvi, 1, t, vii, col. 629. Ptolémée, autre disciplede Valentin, acceptait cette explication et entendaitd’une manière analogue la parabole de la brabis perdue, propre à saint Luc, xv, 4, les actes du vieillard Siméon, et de la prophétesse Anne, relatés dans le troisièmeÉvangile, Luc, H, 28, 36; il interprétait aussi suivantson système Luc, vii, 35. S. Irénée, Cont. hser., i, viii, 2, col. 529, 532. L’épisode de Jésus au temple à l’âge dedouze ans, Luc, H, 42, et le choix que le Sauveur fitde douze Apôtres, Luc, vl, 13, étaient pour les valentiniensdes indices de l’existence des douze Éons. Jbid., I, iii, 2, col. 469. Les Ophites expliquaient dans leursens les récits concernant la naissance de Jean-Baptisteet de Jésus, ainsi que la mort du Christ. Ibid., i, xxx, 11, 14, col. 701, 703. Voir t. ii, col. 2070. Les Récognitionsclémentines, dont la source judéo-chrétienneremonte au milieu du ne siècle, citent plusieurs foisJe texte de saint Luc, i, 40, 54; ii, 32; iv, 5; v, 13; ti, 4; x, 45, t. ï, col. 1231, 1237, 1264, 1317, 1336, 1349, 1442-1443. Les Homélies clémentines font demême. Hom., iii, 15; iv, 71; viii, 7; ix, 22; xii, 23; xvii, 5; xviii, 3; xix, 2, t. ii, col. 121, 156, 229, 257, 300, 388, 405, 424. Ces citations de saint Luc sont d’autantplus remarquables que l’auteur de la littérature clémentineétait un adversaire de saint Paul; elles montrentainsi l’autorité dont l’Évangile de saint Luc jouissaitdans l’Église entière. Un païen lui-même, Gelse, qui écrivait vers 178, connaît le troisième Évangile. Ilreproche à son auteur l’insolence audacieuse avec laquelleil fait remonter la généalogie de Jésus, fils d’uncharpentier, au premier homme et aux rois d’Israël.Origène, Cont. Cels., ii, 32, t. xi, col. 852. Il oppose lesévangélistes, Matthieu et Marc, qui parlent de deuxanges, et les autres, Luc et Jean, qui n’en placent qu’unauprès du tombeau de Jésus. Ibid., v, 56, col. 1269.

3° Affirmations que saint Luc est l’auteur du troisièmeÉvangile. — C’est dans la même période de la secondemoitié du IIe siècle que nous rencontrons les premièresaffirmations explicites de la composition du troisièmeÉvangile par saint Luc. Le canon dit de Muratori, quidate des environs de 170, l’attribue expressément à Luc, le médecin et le disciple de saint Paul. Voir t. ii, col. 170.Il est témoin de la tradition de l’Église romaine, bienplacée pour connaître l’activité littéraire de saint Luc, compagnon de Paul pendant sa captivité à Rome. SaintIrénée, représentant des Églises d’Asie Mineure et deGaule, dans son traité Cont. hier., composé entre 177


et 189, connaît les noms des auteurs des quatrs Évangilescanoniques; il nous dit du troisième: Kal Aouxâ?Sa 4 àxQ/, 0’j60; ILaiXctM xb ùtt’èxEtvou xi]f>ua<r15|i£vov Eùay-Y&iov èv fiiêliw xaTÉÔsxo. III, 1, 1, t. vii, col. 845. Il taitainsi ressortir la relation qui existe entre le troisièmeÉvangile et la prédication de saint Paul. Le prêtre africain, Tertullien, attribue le troisième Évangile à Luc, un homme apostolique, qui a vécu avec les Apôtres etaprès les Apôtres. Adv. Marcion., iv, 2, t. ii, col. 363.Il affirme au même endroit, col. 364, que saint Paula été illuminator Lucas. Cf. c. iii, col. 365. Il déclare, ibid., c. v, col. 367, que les Églises apostoliques ontcoutume d’attribuer à Paul l’écrit de Luc. Clémentd’Alexandrie, dans ses Hypotyposes qui sont perdues, aconservé, au rapport d’Eusèbe, H. E., vi, 14, t. xx, col. 552, une tradition particulière sur l’ordre de compositiondes quatre Évangiles canoniques: il plaçaiten premier lieu les Évangiles qui renfermaient desgénéalogies de Jésus. Il connaissait donc le troisièmeÉvangile. Mais Origène, disciple de Clément, mettaitl’Évangile de Luc au troisième rang; il déclarait enoutre qu’il avait été recommandé par Paul et écrit pourles gentils. Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 584. Cf. InLuc, Hom. ï, t. xiii, col. 1803. Le vieil argument latin, qui est en tête du troisième Évangile et qui remonte aume siècle, attribue ce récit évangélique à saint Luc etaffirme qu’il l’a rédigé en Achaïe après saint Matthieuet saint Marc. Wordsworth et White, Novum TestamentumD. N. J. C. latine, Oxford, 1893, fasc. 3, p. 269, 271. Les Constitutions apostoliques, ii, 57, t. ï, col. 729, attribuent les quatre Évangiles, qui étaient lus dans lesassemblées liturgiques, aux apôtres Jean et Matthieu etaux compagnons de Paul, Luc et Marc Eusèbe affirmeplusieurs fois que Luc est l’auteur du troisième Évangile.H. E., iii, 4, 24, t. xx, col. 220, 269. De mêmeS. Jérôme, De viris, 7, t. xxiii, col. 621; Comment, inEv. Matth., prol, , t. xxvi, col. 18; S. Chrysostome, InActa, Hom, . ï, n. 1, t. lx, col. 15. Dès lors, tous les écrivainsecclésiastiques ont unanimement attribué à saintLuc la composition du troisième Évangile. Qu’on neprétende pas que cette tradition n’a point de fondementhistorique et qu’elle n’est que le résultat du travailexégétique des Pères sur le troisième Évangile. Bienqu’elle se manifeste tardivement en termes tormels, ellene se présente pas dans les premiers témoignagescomme une opinion, fondée sur l’examen intrinsèque dulivre, mais comme un fait simplement affirmé et recueillide la tradition antérieure. D’ailleurs, le nom de l’auteurn’est pas mentionné dans l’Évangile; en le donnant, ona reproduit un souvenir vraiment historique. Si l’oneût procédé par simple supposition, d’autres noms depersonnages plus connus que Luc se seraient plus naturellementprésentés à la pensée. «Une tradition aussiunanime et aussi précise <jue celle qui a désigné le nomde l’auteur du troisième Evangile et des Actes ne peutêtre un pur accident, et ceux qui la rejettent sont, comme dit Plummer, tenus de l’expliquer.» Godet, Introduction au Nouveau Testament, Neuchâtel, 1900, t. ii, p. 666. D’autre part, dans le contenu du troisièmeÉvangile, rien ne s’oppose à l’attribution de ce récit àsaint Luc. Loin de là, des critiques y trouvent, au contraire, une confirmation des données traditionnelles. Cf.Bacuez, Manuel biblique, 10e édit., Paris, 1900, t. iii, p. 160-165; Cornély, Introductio specialis, Paris, 1886, p. 128-132.

II. Intégrité. — Toutes les éditions critiques du NouveauTestament reproduisent intégralement le texte dutroisième Évangile. Quelques-unes cependant essaientd’exclure un passage célèbre, celui qui raconte la sueurde sang du Sauveur au jardin de Gethsémani.Luc., xxii, 43, 44. Lach mann, en 1842, Hort et Westcott, en 1881, l’ontimprimé entre crochets. Ces derniers, The New Testamentin the original Greek, Cambridge et Londres, 1882,

IV. - 13

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LUC (ÉVANGILE DE SAINT)

p. ii, appendix, p. 66, 67, le tiennent pour une interpolationd’origine occidentale adoptée dans des testeséclectiques, et pour un fragment de ces traditions écritesou orales, qui circulèrent quelque temps en certainspays et que les scribes du ne siècle sauvèrent de l’oubli.Nous étudierons successivement: 1° les témoignagespour ou contre l’authenticité de ces versets; 2° les causesqui ont fait suspecter l’authenticité de ce passage.

I. TÉMOIGNAGES POUR OU CONTRE L’AUTHENTICITÉ.

— 1° Les manuscrits. — Les uns omettent ces versets, les autres les contiennent. Cette diversité a été signaléepar plusieurs Pères. Saint Hilaire de Poitiers, De Trinit., iv, 1, t. x, col. 375, tout en les commentant, déclarequ’ils manquaient et in grxcis et in latinis codicibuscomplurimis. Saint Jérôme, Dial. adv. Pelag., ii, 16, t. xxiii, col. 552, dit qu’ils se lisent seulement in quibusdamexemplaribus tant grsecis guam latinis. SaintÉpiphane, Ancorat., 31, t. xliii, col. 73, semble direque ces versets manquent dans certains manuscrits grecs.Du lait que plusieurs Pères grecs et latins ne les commentpas (voir plus loin), on peut conclure qu’ils ne leslisaient pas dans leurs manuscrits. En réalité, les manuscritsgrecs qui sont parvenus jusqu’à nous se rangenten deux catégories: les uns omettent ces versetsou les marquent de signes de doute et d’hésitation; lesautres les reproduisent. Les onciauxABBT a les omettent.Mais À a conservé à la marge la section eusébienne avr(ou 283°, se rapportant au canon i ou 10. Voir t. ii, cpl. 2052. Or cette section, en cet endroit, ne peut convenirqu’à Luc, xxii, 43, 44. L’original sur lequel cemanuscrit a été copié contenait donc ces versets, et lecopiste ne les a probablement pas transcrits parce qu’ilsétaient raturés comme ils l’ont été dans N (voir plus loin).L’hypothèse suivant laquelle le copiste aurait empruntéles sections eusébiennes à un autre manuscrit est moinsvraisemblable» ft a (correcteur du Sinaiticus, du IVe siècle)pointillé ce passage et le met entre crochets; mais N b(autre correcteur, du vi» siècle) cherche à faire disparaîtreces traces de doute. Seuls les cursiꝟ. 124, du XIIe siècle, 561 et 579, du xiii, omettent ce passage. 13 n’ade première main que les mots wq>87] 8é, Luc, xxii, 43; la suite, qui avait été omise, a été suppléée en marge, il y a aussi la section eusébienne <nty. Dans T, û, 123, 344, 440, 512, tout le passage est marqué d’obèles. ESVAII, 24, 36, 161, 166, 274, 408, ont auprès du texte un astérisque, qui, en plusieurs cas, est vraisemblablement uneindication liturgique. Le cursif 34 contient une scholie, qui signale l’absence de ce passage dans un certainnombre d’exemplaires. Les cursiꝟ. 69, 124, 346, 348 (etpeut-être les autres qui sont apparentés à ce groupecélèbre, dit groupe Ferrar) reproduisent Luc, Xxii, 43, 44, et les premiers mots du), . 45, après Matth., Xxvi, 39(346 les a, en outre, à leur place naturelle). Ferrar etAbbott, À collation of four important manuscripts ofthe Gospels, Dublin, 1877, p. 92; J.-P.-P. Martin, Quatremanuscrits importants du N. T., Amiens, 1886, pi 44-45.Une troisième main a ajouté ce passage dans C à la margeen face du même endroit de saint Matthieu. C’est uneparticularité liturgique qu’on retrouve dans presquetous les ëvangéliaîres grecs. En effet, tandis que le mardidu tyrophage on omettait dans la leçon les versets 43 et44, à la messe du jeudi-saint on lisait une leçon forméede Matth., xxvi, 2-20; Joa., xiii, 3-17; Matth., xxvi, 21-xxvii, 2; mais dans ce dernier fragment on inséraitLuc, xxii, 43, 44 et les premiers mots de 45, modifiés defaçon à leur donner dans le contexte un sens, entre lesversets 39 et 40 de Malth., xxvi. Cependant l’évangéliaire8 a le passage contesté dans la leçon du mardi dutyrophage. Les synaxaires présentent les mêmes particularités.Les manuscrits à texte continu, qui ont étéadaptés à l’usage liturgique, ont, en face de Matth., xxvi, 39, et de Luc, xxii, 42, des rubriques, des notes ou dessigles qui signalent cette transposition liturgique. On

en peut conclure que l’insertion de Luc, xxil, 42-45, dansMatth., xxvi, 39, est due dans les manuscrits du groupeFerrar à l’influence de la liturgie. Sauf ces raresexceptions, le passage de saint Luc existe dans l’immensemajorité des manuscrits, dans les onciauxnDFGHKLMQRUXATs, dans ESVTAIIÛ de premièremain et dans les cursifs.

2° Les versions. — Anastase le Sinaïte (vers 700), Visedux, xxii, t. lxxxix, col. 289, faisait ressortir l’importancedu témoignage des versions bibliques en faveurde l’authenticité de l’épisode de la sueur de sang. Ceuxqui n’ont pas cette section, disait-il, sont convaincusd’erreur, puisqu’on la trouve dans toutes les versions etdans la plupart des Évangiles grecs. Seul de tous lesmanuscrits latins, le Brixianus, f, omet ces deux versets.Aussi les éditeurs Wordsworth et White, Novum-TestamentuniD. N. J. C. latine, Oxford, 1893, t. i, fasc. 3, p. 462-463, les ont-ils maintenus dans leur éditioncritique de la Vulgate. Ce passage se trouve danstoutes les versions syriaques, Peschito, Curetonienne, charkléenne et hiérosolymitainë, ainsi que dans le Aiàztaa&purj de Tatien. Il manque cependant dans le manuscritsinaïtique, publié en 1895 par M mM Lewis et Gibson.Cf. C. Holzhey, Der neuentdeckte Codex syrus sinaiticus, Munich, 1896, p. 72; A. Bonus, Collatio codicisLewisiani cum codice Curetoniano, Oxford, 1896, p. 72.Les versions coptes, à l’exception de plusieurs manuscritsde la version bohaïrique, voir t. ii, col. 948, lepossèdent ainsi que les traductions éthiopienne, arménienneet arabe. Les lectionnaires syriens, coptes etarméniens (pas tout cependant pour ces derniers) lecontiennent aussi.

3° Les Pères. — La plupart des Pères ont lii, cité oucommenté ce passage. Le témoignage des Pères grecs estspécialement important. Saint Justin, Dial. cum Tryphone, 103, t. vi, col. 717, 720, a lu dans les Mémoiresécrits par les apôtres et leurs disciples l’épisode de lasueur de sang. S’il ne nomme pas saint Luc, c’est qu’ilne désigne jamais les Évangiles, qu’il cite comme Mémoiresdes apôtres, par le nom de leurs auteurs. En parlantdes Mémoires des Apôtres et de leurs disciples, ilfait allusion au troisième Évangile. Saint Irénée, Cont.hier., III, xxii, 2, t. vii, col. 957, signale la sueur desang au milieu de détails évangéliques qui prouventla réalité de la chair du Sauveur. Saint Hippolyte, Cont.Noet., 18, t. x, col. 828, fait de même. Cf. un autre textedu même érivain, cité par Anastase le Sinaïte, Vise dux, c. xxiii, t. lxxxix, col. 301. Saint Denys d’Alexandrie, Interp. Luc, t. x, col. 1594, commente ces versets d’unefaçon singulière. Eusèbe les connaît et en forme unesection spéciale, la 283e de saint Luc, qu’il place dansle canon Xe avec les passages propres à un seul Évangile.Arius, cité par saint Épiphane, Adv. hser., hasr. lxix, 19, 59, t. xui, col. 232, 300, concluait de ce passage queJésus n’était pas Dieu. Didyme, De Trinit., 1. III, c. xxi, t. xxxix, col. 900, 913, réfute les hérétiques qui enabusaient. Saint Athanase, In Ps. lxviii, 17, t. xxvii, col. 309, le cite. Saint Cyrille d’Alexandrie, In Ps. lxviii, 1, t. lxix, col. 1161, fait de même. Il est dès lors étonnantqu’on ne trouve pas d’explication dans son commentairesur Luc, t. lxxii, col. 924. Se servent encorede ces versets le pseudo-Césaire de Nazianze, Dialog., i, inter. 23, 29, t. xxxviii, col. 881, 884, 888; saint Épiphane, qui réfute Arius, Adv. hser., lxix, 59, t. xlii, col. 300, et explique le texte, Ancorat., 37, t. xliii, col. 84; saint Chrysostotne, In Matth., homil. lxxxiii, t. lviii, col. 746; In Ps. cix, 8, t. lv, col. 277; In Joa., homil. lxiii, t. us, col. 350 (ici, il attribue le passage àsaint Matthieu); Théodore de Mopsueste, Fragmentadogmatica, t. lxvi, col. 984, 995; Théodore., In Ps. xv, 7, t. lxxx, col. 961; Demonsï. per syllog., t. lxxxiii, col. 325; le Pseudo-Denys l’Aréopagite, De ceelest. hicrarch., iv, 4, t. iii, col. 18); et saint Maxime le Con

fesseur, Scholia, in h. loc, t. iv, col. 60, suivant quila tradition dont parle Denys est l’Évangile de saint Lucrédigé d’après la prédication de saint Paul; CosmasIndicopleuste, Topog., t. lxxxviii, col. 437; Anastase leSinaïte, Vise dux, c. xiii, t. lxxxix, col. 233; InHexœm., 1. XI, ibid., col. 1028. Parmi les Pères latins, saintHilaire.de Poitiers, De Trinit., 1. X, 40, 41, t. x, col. 375, reste indécis par suite de l’absence de ces versets dansbeaucoup de manuscrits. Saint Jérôme, Dial. adv. pelagianos, 1. II, 16, t. xxiii, col. 552, connaît ces versets, reproduits seulement en certains manuscrits grecs etlatins. Saint Ambroise les omet dans son commentairede saint Luc, t. xv, col. 1818. Cependant Anastase leSinaïte, Cont. monophysitas, t. Lxxxrx, col. 1185, aconservé un extrait de ce commentaire, dans lequelVévêque de Milan parle en termes exprès de la sueur desang et de l’ange consolateur. Saint Augustin cite cesversets. De consensu Evangelist., III, iv, 12, t. xxxiv, col. 1165; In Ps. cxl, t. xxxvii, col. 1817, 1818. Vigilede Tapse admet les faits qu’ils expriment. De Trinit., vi, t. lxii, col. 281. Bède, In Luc., VI, t. xcii, col. 603, en commentant ce passage, réfute les anciens hérétiques.La masse des témoignages et des documents est doncfavorable à l’authenticité de cet épisode, propre à saintLuc. Ils sont de tous les pays et remontent par saint Justinjusqu’au ne siècle. On ne peut contester l’originalitépas plus que l’antiquité du passage, et c’est vraisemblablementpar suite d’un attachement excessif au Vaticanus, <jui l’omet, queHort et Westcott l’ont tenu pour uneaddition. On comprend mieux la suppression de cesversets en un certain nombre de documents que leurinsertion dans la majorjté.

II. CAUSES QUI ONT FAIT SUSPECTER LEUR AUTHENTI-CITÉ.— Les critiques en ont indique plusieurs, quin’ont pas toutes la même vraisemblance. — 1° DepuisWetstein, ils citent, sans indiquer la source où ils ontpuisé ce renseignement, un écrivain arménien, qui n’estautre que Jean Mayrakomiétzi. II vivait dans la premièremoitié du vne siècle et il s’opposa avec vigueur à l’uniondes arméniens et des grecs décidée au concile de Garin(629). Or, il affirmait que Saturnilus, hérétique duil» siècle, avait ajouté au troisième Évangile les versetsrelatifs à la sueur de sang. Cf. Isaac le Patriarche, Derébus Armenise, t. cxxxii, col. 1253. Mais, d’après saintIrênée, Cont. hœr., i, 24, t. vii, col. 674, et l’auteur desPhilosophumena, vii, 28, t. xvi, col. 3322, Saturnilusou Saturnin enseignait que le Christ n’était pas né, qu’il n’avait ni corps ni figure et qu’il avait seulementparu être un homme. S’il en est ainsi, il est peu vraisemblablequ’il ait ajouté dans saint Luc l’épisode de lasueur de sang. On pourrait plutôt le soupçonner del’avoir enlevé, parce qu’il était trop contraire à son enseignementdocète. D’autre part, Saturnin était Syriend’origine. Or un correspondant de Photius, Ad Amphiloch., q. ccxix, t. ci, col. 992, affirmait que quelquesSyriens retranchaient ce passage de l’Évangile. Mais cesrenseignements sont trop vagues pour qu’on en tire uneconclusion ferme.

2° Comme les hérétiques, surtout les ariens, abusaientde ce passage pour nier la divinité de Jésus-Christ, desorthodoxes, c’est-à-dire des catholiques, au rapport desaint Épiphane, Ancorat., 31, t. xi.ni, col. 73, l’auraientsupprimé par crainte de l’abus qu’on en faisait, et aussiparce qu’ils ne comprenaient pas bien la fin du passage.C’est pourquoi l’évêque de Salamine, ibid., 37, col. 83, l’interprète sainement. Cette suppression expliqueraitles témoignages de saint Hilaire de Poitiers et de saintJérôme, rapportés plus haut.

3° On peut regarder comme certain, nous l’avons déjàremarqué précédemment, que l’omission de Luc, xxii, 43, 44, au moins dans plusieurs manuscrits grecs, a étéoccasionnée par l’usage liturgique. Ce passage, en effet, ou bien n’était pas transcrit à sa place naturelle, parce

qu’il n’était pas lu à l’office public en même temps queles versets qui précèdent et qui suivent, ou bien étaitcopié à la suite de Matth., xxvi, 39, soit en marge, soitdans le texte, ou parfois même se lisait aux deux endroits.Ces faits ont pu précéder l’organisation officielle dusectionnement liturgique actuel de l’Église grecque, detelle sorte que l’omission de ce passage dans les manuscritsdu troisième Évangile aurait, au témoignage desPères de cette époque, été assez répandue au cours duIVe siècle. Mais plus tard et peu à peu, les versets omisou détachés de leur contexte primitif auraient reprisleur place naturelle, qu’ils n’ont plus perdue.

4° Quoi qu’il en soit de ces causes, dont l’action n’estpas certaine, il est avéré qu’au vn «siècle une branchede l’eutychianisme, la secte des aphtardocètes ou incorrupticoles, qui prétendaient que le corps de Jésus-Christn’avait subi aucune corruption, rejetait en particulierl’épisode de la sueur de sang. En efl’et, Anastase le Sinaïten’accuse pas seulement Apollinaire d’avoir nié cefait évangélique, Cont. Monophysit.-, t. lxxxix, col. 1184, il fait le même reproche aux gaianites, qu’il réfute. Visedues, c. xiv, ibid., ol. 253. Il constate, d’ailleurs, quel’essai de suppression, dont ce passage a été l’objet, a étéinutile, puisqu’il est demeuré dans la plupart des manuscritsgrecs et dans toutes les versions; aussi déclaret-ilaltérés les manuscrits qui ne la contiennent pas.Ibid., c. xxii. col. 289. Léonce de Byzance, Cont. Nestorian.et Eutych., iii, 37, t. lxxxvi, col. 1376, réfuteaussi les incorruptibles sur ce point et affirme que lesPères ont admis que Jésus avait été réconiorté par unange dans son agonie.

C’est sous la même influence que la suppression deces versets a été faite, au milieu du vne siècle, dans laversion arménienne par le moine Jean Mayrakomiétzi, partisan des erreurs de Julien d’Halicarnasse. Le patriarcheIsaac reproche aux arméniens hérétiques d’avoirenlevé de l’Évangile le passage de la sueur de sang deJésus, sous le faux prétexte que ce phénomène ne convenaitpas à un Dieu, Orat: i cont. Armenios, c. v, t. cxxxii, col. 1172, bien que saint Chrysostome, sur quiils appuient leurs erreurs, admette cet épisode évangélique.Ibid., c. vi, 3, col. 1176. Ce sont donc d’impiesaltérateurs de l’Évangile. Ibid., c. xiii, 13, col. 1208, 1209. Le même reproche est adressé aux Arméniens parun écrivain du IXe siècle, Collectanea de quibusdamhxresibus earumque auctoribus, dans J. Basnage, Thésaurusmonument, eccles. et hist., t. ii, p. 49, et par lemoine Nicon, au siècle suivant, De impia Armeniorumreligionc, dans Pat. Gr., t. i, col. 656-657. Mais le patriarcheIsaac, De rébus Armenix, t. cxxxii, col. 1252, a nommé l’auteur responsable de cette altération de laBible arménienne. C’est le moine Jean Mayrakomiétzi, partisan des erreurs de Julien d’Halicarnasse et adversairedu concile de Chalcédoine. Il prétendait que cepassage avait été ajouté dans l’Évangile par le docèteSaturnin. S’il ne fut pas d’abord écouté, sa doctrinefinit par être acceptée en Arménie grâce à l’influenced’un de ses disciples, le moine Sergius. Photius, Epist., îx, 5, t. en, col. 705-706. Ce fait est encore attesté parThéodore Kerthenavor, contradicteur’de Jean Mayrakomiétzi, Il déclare, en effet, que les Aphtardocètes arméniensprétendaient qu’on ne pouvait pas admettre lerécit de la sueur de sang, contenu dans la première traductionarménienne de l’Évangile, parce qu’il n’était pasconforme à leur sentiment. Voir Œuvres (en arménien), publiées à la suite de celles de son disciple Jean Otzniétzi, in-8°, Venise, 1833, p. 148. Une partie de sonécrit est remplie par la discussion des objections deshérétiques contre la sueur de sang du Verbe incarné.Elle contient notamment des citations de Pères grecsqui affirment la sueur de sang de Jésus. L’abbéP. Martin en a publié une traduction latine, Introductionà la critique textuelle du N. T., Paris, 1884-1885,

t. iii, p. 493-504. Cf, Jean Otzniétzi, Orat. cont. Phantasticos, p. 67, 74. — Toutelois, les Syriens monophysitesn’ont pas admis cette opinion des aphtardocètes arméniens.Ils n’acceptaient pas les sentiments de Juliend’Halicarnasse, mais ceux de Sévère d’Antioche. Or, Sévère reconnaissait l’épisode de la sueur de sang commeauthentique, dans A. Mai, Classicorum auctorum Colleclio, t. x, p. 439-440. — Ces causes diverses suffisent àexpliquer comment, à des époques différentes et dansdes milieux variés, les versets de saint Luc, racontant lasueur du sang du Sauveur et l’intervention de l’angeconsolateur, ont été retranchés du troisième Évangile.D’ailleurs, la suppression dans un petit nombre de documentsest, de soi, plus naturelle et plus vraisemblableque l’insertion d’un fragment non original dans la massedes textes. Tout concourt donc à démontrer l’authenticitéde ces versets célèbres, — Cf. Scrivener À plainIntroduction to tke criticism of the New Testament, t. ii, p. 353-356; Westcott et Hort, The New Testamentin the original Greek, Cambridge et Londres, 1882, t. ii, appendice, p. 64-67; Cornely, Introductio, Paris, 1886, t. iii, p. 133-134; J.-P.-P. Martin, Introduction àla critique textuelle du JV. T., partie pratique (lithog.), Paris, 1884-1885, t. iii, p. 1-399, 484-504; A. Durand, dans le Dictionnaire de théologie catholique, Paris, 1900, t. i, col. 615-619.

III. Plan et contenu. — Bien que la marche généraledu récit de saint Luc soit parallèle à celle des Évangilesde saint Matthieu et de saint Marc, le troisième Évangilea ses particularités propres, voir t. ii, col. 2080-2081, et suit un plan spécial. Il débute par un prologue et unedédicace, 1, 1-4, uniques en leur genre dans la littératureévangélique et n’ayant d’analogue que le début desActes, autre écrit de saint Luc. Fait à la manière grecque, peut-être par imitation de Dioscoride, De re medica, et d’an fort beau style, ce prologue forme unepériode cadencée, aux tournures et aux expressions attiques.Comme les historiens grecs, saint Luc y exposeson projet et son but, en s’adressant au personnage considérableà qui il dédie son écrit. Voir Théophile. Onpeut distinguer dans le récit proprement dit quatreparties principales, ou plutôt, puisque l’historien suitrégulièrement l’ordre chronologique, quatre périodesde la vie de Jésus.

I. première partie. — La première, i, 5-H, 52, racontel’enfance et la jeunesse de Jésus. Saint Luc, quis’est proposé de remonter au commencement des événements, ne débute pas, comme saint Matthieu, par lanaissance du Sauveur; il va jusqu’à l’annonce de la naissancedu précurseur. Ses premiers récits comprennentsept morceaux, divisés en deux groupes de trois événements, complétés par un septième fait qui termine lapériode: — 1° l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste, i, 5-25; — 2° l’annonce de la naissance de Jésus, i, 26-38; — 3° la visite de Marip à Elisabeth, i, 39-56; —4° la naissance du précurseur, i, 57-80,; — 5° celle deJésus, ii, 1-20; — 6° la circoncision de Jésus et sa présentationau Temple, ii, 21-40; — 7° le premier voyage deJésus à Jérusalem et sa manifestation aux docteurs juifs, il, 41-52.

il. seconde partie. — La seconde partie, iii, l-rx, 50, concerne la préparation au ministère public et la prédicationen Galilée. La préparation au ministère publiccomprend: — 1° le ministère de Jean-Baptiste et le baptêmede Jésus, iii, 1-22; — 2° l’âge et la généalogie duSauveur, iii, 23-38; — 3° la tentation dans le’désert, iv, 1-13. — Le ministère galiléen est divisé en deux sectionspar l’élection des Apôtres. — Première section. Avantcette élection: — 1° retour en Galilée et manifestationà la synagogue de Nazareth, iv, 14-30; — 2* miracles opérésen divers endroits de la Galilée, iv, 31-44; — 3° pèchemiraculeuse et choix des premiers disciples, v, 1-11; —4° guérison d’un lépreux et d’un paralytique, v, 12-26, —

5° vocation de Lévi et murmures des pharisiens, v, 2739; — 6° nouveaux murmures des pharisiens, parcequ’un jour de sabbat les disciples mangeaient des épisde blé, vi, 1-5; — 7° guérison de l’homme dont la mainétait desséchée, vi, 6-11. — Seconde section. Après l’électiondes Apôtres: 1° choix de ceux-ci, vi, 12-16; — 2° discoursau milieu des champs, vi, 17-49; — 3° guérisondu serviteur du centurion et résurrection du fils de laveuve de Naïm, vii, 1-17; — 4° Jean-Baptiste envoie sesdisciples vers Jésus qui le loue, vii, 18-35; — 5° Jésus estoint par une pécheresse, vil, 36-50; — 6° Jésus parcourtla Galilée avec ses disciples: parabole de la sem*nce, Jésus rejoint par sa mère et ses frères, tempête apaisée, le démoniaque délivré et les démons se jetant sur untroupeau de porcs, guérison de l’hémorrhoïsse et résurrectionde la fille de Jaïre, viii, 1-56; — 7° mission desApôtres, ix, 1-6; — 8° opinion d’Hérode sur Jésus, ix, 7-9; — 9° multiplication des pains, ix, 10-17; — 10° confessionde Pierre et prédiction de la passion, ix, 18-27;

— 11° transfiguration, ix, 28-36; — 12° guérison d’unlunatique, IX, 37-43; — 13° nouvelle prédiction de lapassion et avis divers donnés aux Apôtres, IX, 44-50.

/II. troisième partie. — La troisième partie, ix, 51xix, 28, contient le récit du long voyage de Jésus versJérusalem: — 1° Débuts du voyage à travers la Galilée: opposition des Samaritains, réponses à trois disciples, mission des soixante-douze disciples, parabole du bonSamaritain, réception chez Marthe, l’oraison dominicaleet l’ami importun, délivrance d’un possédé, conseils auxfoules, repas chez un pharisien, discours aux disciples età la foule, annonce du massacre des Galiléens, paraboledu figuier, guérison de la femme courbée, paraboles dugrain de sénevé et du levain, ix, 51-xm, 21. — 2° Nouvellesérie d’incidents du voyage: sur le nombre dessauvés, réponse à faire à Hérode et apostrophe à Jérusalem, Jésus chez un chef des pharisiens, conditions àremplir pour être disciple de Jésus, paraboles de labrebis et de la dragme perdues, de l’enfant prodigue, de l’économe infidèle, du pauvre Lazare et du mauvaisriche, avis aux disciples, xiii, 22-xvii, 10. — 3° Derniersépisodes du voyage: guérison des dix lépreux, réponsedonnée aux pharisiens sur l’avènement du royaume deDieu, paraboles du juge et de la veuve, du pharisien etdu publicain, bénédiction des enfants, le jeune hommeriche et les dangers des richesses, prédiction de la passion, guérison de l’aveugle de Jéricho, Jésus chez Zachée, parabole des mines, en marche sur Jérusalem, xvii, 11-xix, 28. Voir t. ii, col. 2105-2108.

îr. quatrième partie. — La quatrième partie, xix-29xxiv, 53, fait le récit de la passion et de la résurrectionde Jésus. — l re section, préparatifs de la Passion: entréetriomphale à Jérusalem, Jésus dans le Temple chasse lesvendeurs et répond aux prêtres, aux pharisiens et auxsadducéens, la petite pièce de la veuve, discours sur laruine de Jérusalem et la fin du monde, xix, 29-xxi, 38.

— 2e section, la Passion: trahison de Judas, la cène, l’agonie au jardin des Oliviers, l’arrestation de Jésus, lereniement de Pierre, les insultes des gardiens, la condamnationpar le Sanhédrin, Jésus au tribunal de Pilate etdevant Hérode, ramené en présence de Pilate, est livréaux Juifs, Simon de Cyrène et les femmes de Jérusalem, la crucifixion, les deux larrons, mort et sépulture deJésus, xxii, 1-xxin, 56. — 3e section, résurrection et ascension: les femmes et Pierre au sépulcre, apparitionsde Jésus aux deux disciples à Emmaûs, aux Apôtres réunis, dernières recommandations et ascension, xxiv, 1-53.

IV. Date. — Faute de date précise et certaine, on estréduit sur ce point à des conjectures, fondées sur lescritères internes et le témoignage des anciens. — 1° Critèresinternes. — 1.e prologue, i, 2, montre que l’auteurappartenait à la seconde génération chrétienne, puisqu’il a appris les faits qu’il raconte des témoins oculaireset des premiers prédicateurs. Du verset 1 er, Jiili

cher, Einleitung in das N. T., 3 «et 4e édit., Tubingueet Leipzig, 1901, p. 265, conclut que la littérature évangéliqueétait «déjà dans sa fleur», quand saint Lucécrivit son récit. Assurément, l’auteur s’excuse d’entreprendreson ouvrage, alors que d’autres l’ont précédédans cette voie. Néanmoins, il se propose de faire mieuxque ses devanciers. La manière dont il s’exprime laisseentendre que la littérature évangélique n’était encorequ’à ses débuts. S’il y avait eu beaucoup d’écrits évangéliquescomplets, et non de simples essais, saint Lucn’aurait pas, semble-t-il, commencé une œuvre nouvelle.

— 2. Les discours eschatologiques de Notre-Seigneur, tels qu’ils sont rapportés par saint Luc, montrent, disent certains critiques, non seulement que cette rédactionest postérieure à celle des deux autres évangélistes, mais encore qu’elle a été faite après la ruine de Jérusalem.En effet, la description du siège de Jérusalem, Luc, xix, 43, 44, est faite en termes si concrets et siprécis que la prophétie devait être déjà réalisée. Tandisque saint Matthieu et saint Marc rapprochent et confondentl’annonce de la ruine de Jérusalem et celle de laparousie, saint Luc, xxi, 24, paraît connaître l’existenced’un intervalle entre ces deux événements. "Voir t. ii, col. 2271-2272. Mais en saint Matthieu et en saint Marcil n’y a pas nécessairement connexion de temps entreles deux événements, et il y a moyen d’introduire unintervalle considérable dont la durée n’est pas fixée.Voir t. ii, col. 2274. D’autre part, si saint Luc est plusprécis, c’est qu’il a été plus complètement et plus exactementrenseigné. Il n’est donc pas nécessaire de supposerréalisée la destruction de Jérusalem.

2° Témoignages extrinsèques. — 1. Dans le prologuedes Actes, i, 1, saint Luc parle de son Évangile commed’un ouvrage antérieur, tov |iiv Ttpûtov X6yov, composéprécédemment. La date du SeÙTEpoç Xdyoç, si elle étaitfixée avec certitude, servirait à déterminer la date dutroisième Évangile. Mais les critiques restent en désaccordau sujet de l’époque de la composition des Actes. Sibeaucoup la fixent aux années qui ont suivi de prèsles derniers événements racontés, voir t. i, col. 155, d’autres nient la dépendance des deux écrits et rabaissentleur âge. P. Batiffol, Anciennes littératures chrétiennes.La littérature grecque, Paris, 1897, p. 32-33. LesActes ont donc été écrits avant 64, ou entre 78 et 93, ouvers 100 et 105, et le troisième Évangile un peu auparavant, selon les opinions. Voir plus loin. — 2. Les anciensécrivains ecclésiastiques ont affirmé que les Évangilesavaient paru suivant l’ordre de leur classem*nt ordinaire.Seul, Clément d’Alexandrie rapportait une traditiondivergente, d’après laquelle les Évangiles, contenant desgénéalogies, étaient les plus anciens. Voir t. H, col. 2075.Schanz, Commentar ûber das Evangelium des heiligenMarcus, Fribourg-en-Brisgau, 1881, p. 27; Commentarûber das Evangelium des heiligen Lucas, Tubingue, 1883, p. 36, regarde cette donnée comme une réflexionpersonnellede Clément qui, visant saint Matthieu, met enpremière ligne les Évangiles dans lesquels se trouventles récits de l’enfance, plutôt que comme une traditionparticulière de l’Église d’Alexandrie. Les anciens ontdit aussi avec la même unanimité que saint Luc avaitécrit son Évangile avant la mort de saint Paul, puisqu’àleur sentiment l’apôtre aurait approuvé l’écrit de sondisciple. Il y a toutefois une exception. Saint Irénée, dont le témoignage est rapporté par Eusèbe, H. E., v, 8, t. xx, col. 449, assure bien que saint Luc vient entroisième lieu dans l’ordre des évangélistes, mais ilaffirme que saint Marc, le second, n’a composé sonÉvangile qu’après la mort de saint Pierre et de saintPaul. Toutefois, comme ce témoignage paraît inconciliableavec les affirmations des autres Pères et aussiavec celle d’Irénée lui-même sur la composition desActes du vivant de saint Paul, Cont. hser., III, xiv, 1, t. 711, col. 913-914, on a proposé de traduire’é&oSo; ,

non par trépas, mais par sortie de Jérusalem. Patrizi, De Evangeliis, 1. i, Fribourg-en-Brisgau, 1853, p. 38; Jungmann, Dissartationes selectx in historiam ecclesiasticam, Ratisbonne, 1880, t. i, p. 54-55; A. Camerlynck, Saint Irénée et le canon du Nouveau Testament, Louvain, 1896, p. 27-31. Théophylacte, Enar. in Ev.Lucie, arg., t. cxxiii, col. 685, et Euthymius, Comment, in Lucam, t. cxxix, col. 857, indiquent une date trèsprécise, quinze ans après l’ascension, pour la compositiondu troisième Évangile. Mais cette donnée, qu’onretrouve dans les souscriptions de plusieurs manuscritsgrecs, est une tradition tardive qui remonte au plus hautau VIIe siècle et qui est sans valeur. D’ailleurs, d’aprèsles Actes, saint Luc n’était pas encore à cette époque lecompagnon de saint Paul.

3° Opinions des critiques. — Les dates proposées parles critiques pour la composition du troisième Évangilesont très distantes les unes des autres et s’échelonnententre les années 64 et 150. Voir t. ii, col. 2062. Les pluséloignées sont fondées exclusivement sur les critèresinternes. Elles présupposent que le récit évangéliqueprésente la ruine de Jérusalem comme un fait accompli.Voir Harnack, -Die Chronologie der altchrist. Lit., t. i, p. 246-250. Mais cette interprétation ne s’impose pas, et il est encore légitime, même en bonne critique, desoutenir que la date du troisième Évangile est antérieureà l’an 70. Les arguments extrinsèques, qui ne manquentpas de poids, sont iavorables à ce sentiment. Les catholiquess’y rallient généralement. Ils vont avec Schanz, Comment, ûber das Ev. des h. Lucas, p. 37, des débutsde la guerre juive, 67-70, au temps de la captivité desaint Paul à Rome, 63 ou 64, ou auparavant même, entre56 et 60.

V. Lieu de la composition. — 1° Données patriotiques.

— L’ancien prologue latin, qui est du me siècle, placela composition de l’Évangile de saint Luc in Achaisepartibus. P. Corssen, Monarchianische Prologe zu denvier Evangelien, dans Texte und Unters., Leipzig, 1896, t. xv, fasc. 1 er, p. 8. Saint Jérôme, Comment, in’Ev.Matlh., prolog., t. xxvi, col. 18, assure que saint Lucin Achaise Bœotiseque partibus volumen condidit. Maisson éditeur, Vallarsi, remarque que la plupart des manuscritspréfèrent Bithynise à Bœotiie. Saint Grégoirede Nazianze, Garni., 1. I, sect. i, xii, 32, t. xxxvii, col. 474, affirme aussi que Luc a écrit en Achaïe. Lasouscription du cursif 293 fournit le même renseignement.Les documents syriens disent que c’est à Alexandrieen Egypte, en même temps qu’ils prétendent quesaint Luc est allé dans cette ville. Voir col. 381. Quelquessouscriptions de manuscrits parlent de Rome. Ladonnée la plus ancienne et la plus générale est en laveurde la Grèce; mais elle n’est pas présentée comme unetradition certaine — 2° Opinions modernes. — Aussiles critiques n’accordent-ils que peu de valeur aux documentsanciens et préfèrent-ils déterminer le lieu dela composition du troisième Évangile d’après leur opinionsur la date de cet écrit. Il ne s’agit évidemmentque de ceux qui maintiennent à saint Luc la compositiondu troisième Évangile. Les critiques qui l’attribuentà un chrétien inconnu ne prennent pas la peine dedéterminer le milieu dans lequel il a paru. Parmi lespremiers, les uns désignent Rome: c’est là que les Actesont été composés; c’est là que le troisième Évangile aété connu d’abord. Godet, Introduction au N. T., Paris, 1900, t. ii, p. 627, suppose que saint Luc, avantla fin de l’emprisonnement de Paul à Rome, dans lecours de l’an 63, se rendit en Orient, probablement enPalestine et à Césarée, où, auprès du diacre Philippe, il rédigea l’Évangile que Paul avait jugé nécessaire pourle monde gréco-romain. D’autres critiques pensent àl’Asie Mineure, et quelques-uns à Césarée, pendant lacaptivité de saint Paul.

VI. Destinataires. — Dans le prologue de son Évan

gile, i, 3, saint Luc adresse son livre à Vexcellent Théophile, qui est un personnage historique, ayant unedignité officielle, plutôt qu’une désignation collective, représentant les chrétiens qui aiment Dieu et sont aimésde lui. C’est pour lui, dans son intérêt, que Luc a crubon de rédiger son Cvangile selon la méthode et le planqu’il indique: Toutefois Théophile semble être le patronuslibri, c’est-à-dire le personnage distingué sousl’autorité et parfois aux frais de qui le livre était présentéau public, plutôt que l’unique destinataire dutroisième Évangile. En effet, par-dessus Théophile, l’auteur s’adressait à toute une catégorie de lecteurs, quise trouvaient dans la même situation que lui et avaient lesmêmes besoins religieux. Or, Théophile et les lecteursdu troisième Évangile n’étaient pas des Juifs. Saint Lucne leur suppose pas une connaissance détaillée de lalangue, des mœurs et de la géographie de la Palestine.Il ne cite aucun mot araméen ou hébreu; il explique lesusages juifs qu’il rapporte et il nomme toutes les localitéspar leurs noms grecs. Il présente Jésus comme leSauveur de l’humanité entière, et non comme le Messieattendu par le peuple juif. Théophile et les lecteurs dutroisième Évangile étaient des païens, mais des païensconvertis, car rien ne laissa soupçonner que saint Lucse propose d’attirer à la foi chrétienne ceux pour qui ilécrit. Les Pères avaient déjà constaté ce caractère dutroisième Évangile, et ils avaient déclaré que saint Lucs’adressait à tous les païens convertis, toÏç àm> xûv èBvûv, Origène, cité par Eusèbe, H. E., 1. VI, c. XXV, t. XX, col. 581, ou aux Grecs, d’après le vieil argument latin, P. Corssen, Monarchianische Pr éloge zuden vier Evangelien, p. 8; S. Jérôme, Epist., xx, ad Damas., n. 4, t. xxii, col. 378; S. Grégoire de Nazianze, Carnx., 1. I, sect. î, xxii, 1, t. xxxvir, col. 492, ou à tous les chrétiens.S. Chrysostome, In Matth., homil. i, n. 3, t. lvii, col. 17.Disciple de-saint Paul, Luc visait assurément les Églisesfondées par l’Apôtre dans le monde gréco-romain, danslesquelles la majorité des convertis avait appartenu à lagentilité. Aussi dans son récit évite-t-il ou adoucit-il toutce qui aurait pu les froisser. Ainsi il omet les parolesde Jésus: Lnviam gentium ne abieritis, Matth., x, 5; Nonsum missus nisi ad oves quse perierunt domus Israël.Matth., xv, 24. Aux gentils, Matth., v, 47, il substitueles pécheurs, vi, 34; au lieu de dire: Eritis odio omnibusgentibus, Matth., xxiv, 9, il dit simplement: Eritis odio omnibus, xxi, 17. Quand il parle de l’empire, de ses magistrats, de ses officiers, c’est avec uneconsidération marquée, ii, 1, 2; iii, 1; vii, 2-9, Il évitede leur attribuer la mort de Jésus, dont il charge lesJuifs, xxi ii, 25. Il a reproduit seul les paraboles les pluscapables de donner confiance aux païens convertis, et ilprésente Jésus comme le Sauveur de l’humanité entière.

VIL But. — Saint Luc lui-même nous l’apprend dansson prologue: «Plusieurs ayant déjà essayé de rédigerle récit des choses accomplies parmi nous, selon ce quenous ont rapporté ceux qui dès le commencement ontété les témoins oculaires et les ministres de la parole, j’ai cru bon, moi aussi, après avoir tout examiné avecsoin depuis l’origine, de t’en écrire, excellent Théophile, une narration suivie, pour que tu reconnaisses la soliditédes enseignements que tu as reçus dans la catéchèse.» I, 1-4. Il se proposait donc une double fin: 1° celle de composer une biographie de Jésus plus complèteet mieux ordonnée que les essais qui avaient ététentés antérieurement; 2° celle de fournir à Théophile età tous ses lecteurs, chrétiens convertis de la gentilité, un moyen d’affermir leur foi et de confirmer la catéchèsedes premiers prédicateurs de l’Évangile. Eusèbade Césarée, H. E., iii, 24, t. xx, col. 268, a fort biencompris et exposé ce but historique " et dogmatique desaint Luc.

d° Saint Luc est donc avant tout un historien. Il a. des préocupations historiques; il se propose de remonter plus haut que ses prédécesseurs, de prendre le récità l’origine et de composer une narration suivie. Il s’estinformé de tout et il tient à ce qu’on le croie. Il indiqueles sources auxquelles il a puisé, et il veut procéderavec exactitude et ordre. Il harmonise la vie de Jésusavec l’histoire profane et il fournit des points de repèrepour la naissance et le commencement de la prédication.L’exactitude de l’historien ne saurait être mise endoute. Sur les deux erreurs historiques attribuées àsaint Luc, voir Lvsanias et Cyrinus, t. ii, col. 11861191. Quant à l’ordre chronologique, il est rigoureusem*ntsuivi pour la trame générale des événements. Voirt. II, col. 2099-2114. Toutefois, saint Luc intervertit lasuite chronologique pour certains détails, dont quelques-unsne manquent pas d’importance. Il le fait oupour grouper ensemble des idées ou des faits analogues, par exemple, i, 64-66; ii, 17-20; iv, 36-38; viii, 34-37; soit pour compléter une narration, avant d’en commencerune autre dont le début se mêle à la fin de la précédente, m, 18-21; xxxiii, 44, 45. Ce procédé particulierqui fait grouper des détails particuliers ne trouble pasl’ordre général des événements. H. Lesêtre, La méthodehistorique de saint Luc, dans la Revue biblique, 1892, t. i, p. 171-185.

2° En écrivant la vie de Jésus, saint Luc se proposede confirmer la vérité de la catéchèse orale. On peutdonc dire avec raison que cet historien n’a pas écritexclusivement ad narrandum, mais ad probandum, dans un but dogmatique. «Non qu’il veuille tirer desfaits des conséquences forcées; s’il raisonnait, il neserait plus historien, mais apologiste; les faits parlerontassez d’eux-mêmes; il se contente de les présenter exactement.» Lagrange, Les sources du troisième Évangile, dans la Revue biblique, 1896, t. v, p. 16. Or, les laits, tels qu’il les expose, montrent que Jésus est le Fils deDieu et qu’il est descendu du ciel pour sauver tous leshommes; ils présentent l’Homme-Dieu comme le divinmédecin de l’humanité. Jésus est venu pardonner auxpécheurs, et l’Évangile de saint Luc a pu être appelél’Évangile de la miséricorde, parce qu’il est rempli desmarques d’amour et de bonté du Sauveur pour les pécheurs.Saint Luc, s’adressant aux, chrétiens de la gentilitérépandus dans le monde gréco-romain, tend à faireressortir que le règne de Jésus sur terre n’est pas opposéaux puissances terrestres, et il a soin de remarquerque le royaume de Dieu est intérieur et spirituel, xvii, 20, 21. De là, le soin qu’il prend de ne pas froisserle pouvoir toujours susceptible, et de reconnaître sesdroits dans les choses temporelles, xx, 20-26. On a constatéaussi dans tout le troisième Évangile une sympathieprononcée pour les pauvres et une insistance fréquentesur le détachement des biens de la terre et ledanger des richesses. — C’est sans aucun fondementque l’école de Tubingue avait reconnu dans l’Évangilede saint Luc un écrit de polémique, dirigé contre leparti judaïsant. D est’de fait que cet Évangile est beaucoupmoins antijuif que celui de saint Matthieu. Iln’exclut pas Israël du salut apporté au monde par Jésus.Il raconte que Jésus pleura sur Jérusalem, xjx, 41. etpria pour ses bourreaux, xxiii, 34, et il relate l’ordredonné aux apôtres d’aller prêcher la rémission despéchés parmi toutes les nations païennes, mais en commençantpar Jérusalem, xxiv, 47.

VIII. Sources. — N’ayant pas assisté aux faits qu’ifraconte, saint Luc, avant d’écrire, a dû se renseigner etse procurer des matériaux authentiques. En véritablehistorien, il nous apprend lui-même dans son prologuequ’il a consulté les témoins oculaires et les ministres dela catéchèse orale. Il ne dit rien qui n’ait été transmispar la tradition des premiersjemps; il n’a fait que préciseret coordonner les renseignements qu’il a recueillis.Mais à qui a-t-il eu recours pour connaître la traditionprimitive? à des auteurs ou à des témoins? Les

critiques donnent à ces questions des réponses différentes.On admet généralement que saint Luc a eu recoursà la tradition orale, puisqu’il l’indique dans sonprologue. On se sépare, lorsqu’il s’agit de déterminerl’importance de l’emprunt. Tandis que les tenants del’hypothèse de la tradition attribuent tout le troisièmeÉvangile à une forme particulière de la catéchèse, voirt. ii, col. 2091-2093, d’autres ne font dépendre de cettesource que tout ou partie seulement des particularitésde son écrit. Quant aux ministres de la parole et auxtémoins oculaires que Luc a pu interroger et consulter, on a dressé la liste des personnages de cette doublecatégorie, avec qui il a eu des rapports d’après l’histoireet la tradition. On a placé en première ligne l’apôtresaint Paul, dont Luc a été le disciple et le compagnon, Les Pères avaient devancé les critiques dans cette voie.On ne peut pas conclure rigoureusem*nt, il est vrai, du texte du canon de Muratori, voir t. ii, col. 170, comme l’ont fait quelques critiques, que Luc a écrit sonÉvangile au nom de Paul, parce que dans ce passagele nomine signifie plutôt en son nom propre, mais saintIrénée, cité par Eusèbe, H. E., Y, 8, t. xx, cl. 449, ditexpressément: Kai Aovxâj 8è, S àxéXouOo; naûXcnj, ™ un’èxsi’voy xy]pu<ra6|jLevov EùayT^’07 " P’ëXi’io xatÉÔETO. Tertullien, Adv. Marcion., iv, t. ii, col. 367, affirme aussiqu’on a coutume d’attribuer à Paul l’Évangile de Luc.Au témoignage d’Origène, rapporté par Eusèbe. H. E., vi, 25, t. xx, col. 584, le troisième Évangile avait étéjecommandé par saint Paul. Eusèbe, H. E., iii, 4, col. 220, et saint Jérôme, De viris illust., 7, t. xxiii, col. 621, ontsignalé comme étant l’avis ou l’hypothèse de quelques-unsque, lorsque saint Paul parlait de son Évangile, ilentendait parler du troisième, œuvre de son disciple.Saint Chrysostome, In Acta, Hom., i, n. 1, t. lx, col. 15, en conclut qu’on ne se tromperait pas si on assignait àPaul l’Évangile de saint Luc. Sans admettre cette conclusionqui est forcée, beaucoup de critiques reconnaissentavec raison que l’auteur du troisième Évangile a subil’influence doctrinale de l’apôtre des gentils et ils retrouventdans son œuvre des indices de paulinisme. Ils signalentdes expressions et des idées communes. Voir Schanz, Commentar ïiber das Evangelium des heiligen Lucas, Tubingue, 1883, p. 22-34. Mais si saint Paul a été un ministrede la parole, il n’a pas été un témoin oculaire desfaits. Saint Luc, par conséquent, n’a pu lui faire de largesemprunts ni reproduire la catéchèse de son maître. Toutau plus peut-on penser qu’il a raconté la vie de Jésus-Christd’après les sources authentiques, de manière àjustifier et à affermir l’Évangile de Paul dans le sens del’universalisme de sa doctrine. Il nous est, d’ailleurs, présenté par les Pères, S. Irénée, Cont. hœr., III, x, i, t. vii, col. 872; Eusèbe, H. E., iii, 4, t. xx, col. 220S. Jérôme, De vir. illust., 7, t. xxiii, col. 621, non seulementcomme le disciple de saint Paul, mais encorecomme celui des autres apôtres, de la bouche desquelsil a appris bien des laits et des détails particuliers. On asupposé, en effet, que saint Luc avait vu saint Pierreet saint Barnabe à Antioche. Il est certain qu’il a été misen rapport par Paul avec Jacques le Mineur à Jérusalem, Act., XXI, 18, avec l’évangéliste Philippe à Césarée. Act., xxi, 8. On a même conjecturé qu’il avait été renseignésur les récits de l’enfance de Jésus et de Jean-Baptistepar la sainte Vierge elle-même et par les parents du précurseur.La conjecture ne s’impose pas, parce que l’évangélistea pu connaître ces faits par l’intermédiaire d’autrespersonnes ou même au moyen de sources écrites.Les critiques, en effet, admettent généralement aujourd’huiqu’en dehors de la tradition orale, saint Lucs’est servi de documents écrits, canoniques ou éxtracanoniques.Ils pensent que ces sources écrites sont désignéespar l’évangéliste lui-même lorsqu’il parle de sesdevanciers qui avaient essayé déjà de rédiger le récit dela vie de Jésus-Christ. Il est vrai que d’anciens commentateurs, S. Ambroise, Exposit. Ev. sec. Luc, 1. I, t. xv, col. 1 533-1534; S. Jérôme, Translat. hom. Origenisin Luc, homil. i, t. xxvi, col. 232-233; Bède, InLuc. Ev. exposil., . I, t. xcii, col. 307, avaient entenduces expressions comme un blâme jeté sur ces essais quireprésentaient des Évangiles apocryphes ou hérétiques.Mais comme ces Évangiles n’avaient pas paru avant celuide saint Luc, les critiques modernes interprètent plusbénignement le terme iiz&^ùfr<sai, conati sunt, «ont entrepris.» En effet, sans les blâmer, puisqu’il se place surla même ligne qu’eux, saint Luc dit cependant que cesécrivains ont produit des essais, des tentatives plus oumoins heureuses plutôt que des récits entièrement satisfaisants.Il les a utilisés et s’est efforcé de mieux réussirque leurs auteurs. Pour beaucoup de critiques, cesessais d’écrivains inconnus, quoique composés d’aprèsla tradition apostolique, sont tombés dans l’oubli, puisont disparu, après que les quatre Évangiles canoniquesont été universellement et exclusivement adoptés dansl’Église. On a même cherché, avec plus ou moins desuccès, à reconstituer les sources particulières du troisièmeÉvangile. Selon P. Feine, E’ne vorcanonischeUberheferung des Lucas, Gotha, 1891, toute la partiepropre à saint Luc aurait été empruntée à un évangilehiérosolymitain, d’origine judéo-chrétienne, composé engrec et formé d’un noyau de discours, auxquels on ajoint des paraboles, puis des récits. Mais on ajustementobservé que ces morceaux ne forment pas une compotionoriginale, un document distinct par l’esprit et par lestyle. La tendance judéo-chrétienne, qu’on prétend yretrouver, se remarque dans l’Évangile entier, et le vocabulaireest le même que dans d’autres morceaux.Resch, Aussercanonische Paralleltexte zu den Evangelien.Drittes Heft, Paralleltexte zu Lucas, dans ïexleund Untersuchungen, Leipzig, 1895, t. x, fasc. 3, p. 834847, a discerné à la base du troisième Évangile un écrit:

yitf» r"nSln, p! 6Xo; y^veuéu; ’Irjsoij, ou évangile hébreu

de l’enfance, et il a essayé de le reconstituer, Das Kindheitsevangeliumnach Lucas und Matthâus, Leipzig, 1897, ibid., t. x, fasc. 5, p. 202-226. L’essai de reconstitutiona paru prématuré, et il en sera de même de toutetentative analogue. Tout au plus, reste-t-il simplementprobable et en une certaine mesure vraisemblable, quesaint Luc a pu se servir d’écrits antérieurs, composéspar des catholiques et relatant les faits évangéliques.

Mais saint Luc a-t-il connu et employé les Évangilescanoniques de saint Matthieu et de saint Marc? Cettequestion a été vivement débattue par les critiques et areçu des solutions bien divergentes. Les partisans del’hypothèse de la dépendance mutuelle des Synoptiquesl’admettent généralement. Voir t. ii, col. 2088-2091.Sans revenir sur les divers systèmes, et en laissant decôté l’hypothèse d’un proto-Marc, qui est de plus enplus abandonnée, exposons seulement le sentimentprédominant chez les critiques modérés. Ils pensentgénéralement que, dans les parties communes aux troisSynoptiques, saint Luc s’est servi de saint Marc. Ilsconstatent la dépendance soit pour l’ordre des faits soitpour l’emploi des termes. Ils expliquent ainsi aisémentles ressemblances. Mais dans cette hypothèse, commentrendre compte des divergences notables qui existent entreces deux évangélistes? Les omissions, les modificationset les transpositions de saint Luc relativement àsaint Marc, s’expliquent par la liberté d’allure que letroisième évangéliste a gardée, en utilisant ses sources.Il se proposait, le prologue en fait foi, de les compléteret de les rectifier. Il l’a fait par rapport au second Évangile, en raison du but qu’il voulait atteindre, des lecteursdont il tenait à confirmer la foi et des procédéslittéraires qu’il employait. C’est ainsi qu’il élimine lesdétails nombreux, accumulés sous la plume de Marc, secontentant d’un large exposé de la vérité évangélique,

D’autre part, il veut faire une composilion littéraire; ilécrit donc avec art, évite les incohérences du récit, enchaîne les faits et met de l’ordre dans sa narration.La prétendue loi d’économie, d’après laquelle il seserait imposé de ne pas répéter ce qui avait été écritpar ses prédécesseurs, ne se vérifie pas partout, puisqu’ily a entre eux tant de points communs, et elle nesuffit pas à expliquer les omissions de miracles importantset de paroles de Jésus. À son défaut, on est réduità dire que saint Luc s’est servi librement de saint Marcet lui a emprunté seulement ce qui convenait à son butet rentrait dans son genre littéraire.

L’usage de saint Matthieu par saint Luc crée de plusgrandes difficultés. Quelques-uns, considérant les récitsde l’enfance, le nient catégoriquement. Ils estiment quesi saint Luc avait connu le premier Évangile, il se seraitpréoccupé d’élablir l’accord entre ses récits et ceux desaint Matthieu. D’autres, examinant les parties communesaux Synoptiques, remarquent des faits parallèles, étrangers à Marc, et une dizaine de coïncidences verbales.Par suite, les deux écrits leur paraissent dépendrel’un de l’autre. Jûlicher admet la dépendance parles Logia, recueil de discours de Jésus, antérieur aupremier Évangile. Voir t. ii, col. 2097. Cf. Simons, Batder dritte Evangelist den kanonisehen Matthâus benûtzt?Bonn, 1880. Mais l’hypothèse des Logia ne résoutpas toutes les difficultés et soulève de graves objections.1) faut donc envisager le rapport de Luc avec Matthieu.Or la dépendance immédiate de Luc à l’égard de Matthieu, tout en étant possible, demeure douteuse, et ladépendance indirecte elle-même n’est que probable, nonpas par l’intermédiaire des Logia, ouvrage évangéliquecontenant les discours de Notre-Seigneur avec le récitde la passion, mais par le moyen de catéchèses, d’abordorales, fixées par écrit et exploitées par saint Matthieuet saint Lus, Voir Lagrange, Les sources du troisièmeEvangile, dans la Revue biblique, 1896, t. v, p. 5-38; Calmes, Comment se sont formés les Évangiles, Paris, 1899, p. 35-43.

Quelques critiques allemands ont prétendu que l’auteurdu troisième Évangile s’était servi des écrits del’historien juif Josèphe. Il lui aurait emprunté certainsfaits historiques et plusieurs termes particuliers.Krenkel, Josephus und Lukas, Leipzig, 1894. Ils ontrapproché ce que l’évangéliste dit de saint Jean-Baptiste, m, 1-20, de ce qu’en rapporte Josèphe, Antiq. jud, , XVIII, v, 2. Mais les deux récits différent en deux points capitaux: sur les effets du baptême de Jean et sur les causesde sa mort. Voir t. iii, col. 1158. Le dénombrement deCyrinus, t. ii, col. 1186. Luc, H, 2, aurait été connu del’écrivain évangélique par ce qu’en dit l’historien juif. Antiq.jud., XVII, xiii, 15; XVIII, i, 1; xii, 1. Mais on admetgénéralement que les deux recensem*nts sont différents.Voir t. H, col. 1188. La parabole des mines, Luc, XIX, 11-27, contiendrait, dit-on, une allusion au voyage d’Archélaûsà Rome, dont parle Josèphe, Antiq. jud., XVII, lx, 1; XVIII, iv, 3. Voir t. i, col. 927. Mais Notre-Seigneurdevait connaître un fait qui était de notoriété publiqueet pouvait y faire allusion, sans que son historienait dû recourir à l’ouvrage de Josèphe. D’ailleurs, ledernier trait de la parabole, Luc, xix, 27, ne correspondà aucun détail rapporté par l’historien juif. Quantaux termes communs à saint Luc et à Josèphe, ils s’expliquentsuffisamment par l’emploi de la même languede la part de deux écrivains presque contemporains.D’ailleurs, le plus souvent, ils sont usités dans desapplications toutes différentes. Les noms de lieux étaientceux qui avaient cours alors dans le public. La dépendancede saint Luc à l’égard de Josèphe ne repose doncsur aucune preuve suffisante.

IX. Style. — De tous les livres du Nouveau Testament, sauf peut-être l’Épltre aux Hébreux, l’Évangile de saintLuc possède seul un réel mérite littéraire, et il est écrit

dans un grec plus correct et plus soigné que les trois autresÉvangiles. Son style présente, d’ailleurs, une grandeanalogie avec celui du livre des Actes: ce qui n’a riende surprenant, étant donnée l’identité d’auteur. Voirt. r, col. 154. Toutefois, la langue des deux ouvrages desaint Luc est formée de deux éléments bien distincts.1° On y trouve, pour le lexique et la syntaxe, un assezgrand nombre de vestiges du grec littéraire. Voir t. iii, col. 321-322. Saint Luc a un vocabulaire exclusivementpersonnel. Or une très grande partie de ses expressionspropres n’a de parallèle que chez les écrivains de la littératuregrecque classique. Sa langue se distingue aussi parune correction soignée et des tournures littéraires quidénotent un écrivain d’origine grecque. 2° Mais, d’autrepart, on y remarque des constructions embarrassées, deshébraïsmes ou aramaïsmes assez nombreux et un stylesémitisant. On a signalé comme une particularité surprenantel’emploi par saint Luc du nom hébreu de Jérusalem.Tandis que Matthieu et Marc ne connaissent quela forme grecque’Iepo<r<SXu|ia (sauf Matth., xxiii, 37), Luc, sur trente passages dans lesquels il nomme la capitalejuive, la désigne vingt-six fois par la forme hébraïque’lepoudaXViii, et quatre fois seulement, ii, 22; xiii, 22; xix, 28; xxiii, 7, par la dénomination grecque. Commentexpliquer ce contraste, sinon en disant que dans lespassages écrits dans la langue littéraire, comme dans leprologue par exemple, il nous faut reconnaître le stylepropre de saint Luc, tandis que dans les parties où seremarquent les expressions ou les tournures hébraïquesou araméennes, l’auteur utilisait des sources, à savoirces premiers essais de littérature évangélique, composésen araméen ou en grec aramaïsant, dont il parledans le prologue et dont nous avons admis plus hautl’existence. Le style de saint Luc est donc disparate.Néanmoins, on ne peut lui dénier l’unité dans le troisièmeÉvangile aussi bien que dans les Actes. Son vocabulairepropre et ses formes syntactiques préférées seretrouvent dans toutes les parties de ses écrits. Cetteunité de style résulte assurément de la liberté avec laquellesaint Luc reproduisait le contenu des sourcesqu’il consultait. Il ne les copiait pas servilement, mais les ordonnait dans la trame de, son propre récit etles adaptait à son plan et à son but, en leur imprimantle cachet de sa manière d’écrire. Cette façon de composerexplique le caractère littéraire de sa rédaction. Iln’a pas le pittoresque et le dramatique de saint Marc; mais s’il est rarement pathétique, s’il ne recherche pasl’émotion et la vie, il est toujours exact et précis commeun historien et il est parfois élégant et délicat. AussiRenan, Les Évangiles, Paris, 1877, p. 283, a-t-il dit dutroisième Évangile: «C’est le plus beau livre qu’il yait.» Cf. Vogel, Zur Characteristik des Lucas nachSprache und Stil, 1897.

X. Texte. — On savait depuis longtemps que le textegrec des ouvrages de saint Luc, surtout des Actes desApôtres, nous était parvenu en deux états différents, représentés par deux séries de documents critiques: 1° le texte considéré comme étant le plus rapproché del’original et reproduit dans les manuscrits onciaux s, A, B, C, les deux plus anciennes versions syriaques, laVulgate (au moins dans son ensemble) et spécialemantparmi les Pères grecs Clémant d’Alexandrie, Origène etsaint Chrysostome; 2° le texte dit occidental, qu’on retrouvaitdans le Codex Bezæ D, dans les versions phyloxénienneet sahidique, dans quelques anciens manuscritslatins et dans saint Irénée, saint Cyprien et saintAugustin, et qui reflétait l’état du texte aux IIe et ni’siècles.Or de ce double état dutexte, F. Blass a conclu àune double rédaction des ouvrages de saint Luc. Pourles Actes, l’auteur aurait rédigé à Rome comme un premierjet, qu’il aurait ensuite revisé avec soin etretouché.pour le fond et la forme, avant de l’envoyer à Antiocheà Théophile. Le premier jet, ou la rédaction j), est de

meure à Rome et s’est répandu en Occident, tandis quela rédaction plus soignée, a, se serait répandue d’Antiochedans tout l’Orient. M. Blass a édité la iorme romaine: Acta Apostolorum secundum formant quse videturromanam, Leipzig, 1896. Il a émis ensuite une hypothèseanalogue au sujet du troisième Évangile. Il a supposéque saint Luc l’avait rédigé en Palestine, pendantla captivité de saint Paul à Césàrée, puis qu’arrivé àRome avec l’apôtre, il l’avait retravaillé. Il a donné uneédition de la rédaction définitive: Evangelium secundumLucam secundum jormam quse videtur romanam, Leipzig, 1897. Ces hypothèses ont été vivementdiscutées. Bien que combattue, celle qui concerne lesActes a reçu bon accueil de plusieurs critiques, à qui ila semblé que les nombreux détails contenus dans la recensionromaine dérivaient de l’auteur lui-même, étantsi peu importants qu’ils n’auraient pas pu être interpolésou retranchés plus tard. Toutefois, d’autres critiquesont fait ressortir les incorrections et le mauvaisétat du texte des Actes dans cette recension romaine, soi-disant originale. Voir en particulier B. Weiss, DerCodex D in der Apostelgeschichte, dans Texte und Untersuch., Leipzig, 1897, nouvelle série, t. ii, fasc. 1 er. Ladouble rédaction du troisième Évangile a eu moins desuccès et les critiques l’ont généralement rejetée. Lesvariantes de cet écrit dans les deux séries de documentsne présentent pas le caractère constant et marquéqu’elles ont dans le texte des Actes. D’autre part, ellesne se distinguent pas assez fortement des variantessemblables que les trois autres Évangiles ont dans lesmêmes documents. Il n’y a donc pas lieu d’admettrepour l’Évangile de saint Luc une double rédaction originale.Zahn, Einleitung in das N. T., Leipzig, 1900, t. ii, p. 339-360; J. Belser, Beitrâge zur Erklârung derA postelgeschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1897; Id., Einleitungin dasN. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 214233; A. Jttlicher, Einleitung in das N. T., 1901, p. 357360.

XI. Commentateurs. — 1° Pères. — Origène, Fragmenta, t. xui, col. 1901-1910; In Luc. homiliee, trad.lat. de S. Jérôme, ibid., col. 1801-1900; Pat. tat., t.xxvi, col. 221-332; Eusèbe, Comment. inLuc., t. xxiv, col. 529606; S. Athanase, Fragmenta in Lucam, t. xxvii, col. 13911404; S. Cyrille d’Alexandrie, Explanatio in Luc. Ev., t. lxxii, col. 475-950; S. Ambroise, Expositio Ev. sec.Luc, t. xv, col. 1527-1850; S. Augustin, Qusest. Evangel., 1. II, t. xxxv, col. 1333-1364; Arnobe le Jeune, Adnotationes ad quœdam Ev. loca, t. un, col. 578580; Tite de Bostra, Lukascholien, dans J. Sickenberger, Titus von Bostra. Sludien zu dessen Lukashomilien(Texte und Untersuch., Leipzig, 1901, nouv. série, t. vi, fasc. 1 er, p. 140-245). Le Commentarius in Lucam, publiésous le nom de Tite par Cramer, Catense grsec.Patrum, Oxford, 1844, t. ii, p. 3-174, n’est pas de lui.Voir J. Sickenberger, op. cit., p. 16-41. La Chaîne deNicétas d’Héraclée sur saint Luc a été partiellementpubliée dans une traduction latine par Cordier, Catenagrsecorum Patrum in Lucam, Anvers, 1628, et en grecpar le cardinal Mai, Scriptorum veterum nova collectif, Rome, 1837, t. ix, p. 626-724. Cf. J. Sickenberger, DieLukaskatene des Niketas von Herakleia, dans Texteund Unters., Leipzig, 1902, nouv. série, t. tu, fasc. 4.

2° Moyen âge. — Bède, In Luc. Ev. expositio, t. xcii, col. 301-634; Druthmar, Brevis expositio in Luc. Evang., t. cvi, col. 1503-1514; Théophylacte, Enarr. in Ev.Lucie, l. cxxiii, col. 683-1126; Euthymius, Comment, in Lucam, t. cxxlx, col. 853-1102; Albert le Grand, InLucam, dans Opéra, Paris, 1894, t. xxii, xxm; S. Bonaventure, Comment, in Ev. S. Lucee, dans Opéra, Quaracchi, 1895, t. vii, p. 1-604.

3? Temps modernes. — 1. Catholiques. — Sans parlerdes commentaires qui embrassent la Bible entièreou les quatre Évangiles, tels que ceux de Maldonat, de

Jansénius, de Corneille de la Pierre, de Luc de Bruges; de Cal met, etc., nommons deux commentaires spéciauxsur saint Luc: Stella, In Evangelium Lucie, 2 in-l<>, Salamanque, 1575, souvent réédité; F. Tolet, Comment, in J. C. D. N. Evangelium sec. Lucam, Rome, 1600, plusieurs fois réimprimé. Au XIXe siècle, Schegg, Evangeliumnach Lucas, Munich, 1861-1865, 3 vol.; Bisping, Exegetisches Handbuch zum JV. I., 1868, t. n; Curci, IlNuovo Testamento, Turin, 1879, t. i; Mac Evilly, AnExposition of the Gospel of S. Luke, Dublin, 1879; Fillion, Évangile selon S. Luc, Paris, 1882; Schanz, Commentar ùber das Evangelium des heiligen Lucas, Tubingue, 1882; Liagre, Commentarius in libros historicosN. T., Tournai, 1889, t. n; Knabenbauer, Evangeliumsecundum Lucam, Paris, 1896; Ceulemans, Comment, in Ev. sec. Marcum et in Ev. sec. Lucam, Malines, 1899; Girodon, Commentaire critique et moral surl’Évangile selon saint Luc, Paris, 1903.

2. Protestants. — Bornemann, Scholia in Lucee Evangelium, Leipzig, 1830; Ritschl, Da> Evangelium Marrionsund das kanonische Evangelium des Lucas, Tubingue, 1846; Van Oosterzee, Das Evangelium nachLucas, Bieleteld, 1859; 4e édit. par Lange, 1880; Heubner, Erklârung der Evangelien Lucas und Johannes, 2e édit., 1860; Bleek, Synoptische Erklârung der dreiersten Evangelien, édit. H. Holtzmann, 2 vol., Leipzig, 18&1; Keil, Kommentar ùber die Evangelien des Markusund des Lukas, Leipzig, 1879; Godet, Commentairesur l’Évangile de saint Luc, 2 in-8°, Neuchâtel, 1871; 3= édit., 1888-1889; B. Weiss, Die Ev. des Markus undLucas, Gôttingue, 9e édit., 1901; Nbsgen, Die Evangeliennach Matthàus, Markus und Lucas, Munich, 2e édit., 1896; Hahn, Das Evangelium des Lukas, 2 vol., Breslau, 1892, 1894; Holtzmann, Die Synoptiker undApostelgeschichte^’édit., Tubingue, 1901; Abbott, TlwGospel according to Luke, Londres, 1878; Jones, Speaker’s Commentary, New Testament, 3e édit., Cambridge, 1872, t. i; Farrar, The, Gospel according toSt. Luke, Cambridge, 1880; Plummer, Commentaryon the Gospel according to St. Luke, Edimbourg, 1896; 3e édit., 1900; A. Wright, The Gospel according to St.Luke, Londres, 1900.

XII. Bibliographie. — Patrizi, De Evangeliis, 1. I, c. iii, Fribourg-en-Brisgau, 1852, p. 62-92; Aberle, Einleitungin das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1877, p. 6083; Kaulen, Einleitung in die heiligen Schrift A. undN. T., à» édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 413-427; Jos.Grimm, Die Einlieit des Lucasevangelium, Mayence, 1863; Reuss, Die Geschichte der heiligen Schriften N. T., 6e édit., Brunswick, 1887, p. 200-218; R. Cornely, Introductiospecialis in singulos N. ï. libros, Paris, 1886, p. 110-169; Trochon et Lesêtre, Introduction à l’étudede l’Écriture Sainte, Paris, 1898, t. iii, p. 97-121; H. J. Holtzmann, Lehrbuch der historisch-kritischenEinleitung in das N. T., 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 385-380; Trenkle, Einleitung in das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 114-123; Al. Schàfer, Einleitungin das N. T., Paderborn, 1898, p. 229-248; P. Batiffol, Six leçons sur les Évangiles, 2e édit., Paris, 1897, p. 39-46; Godet, Introduction au N. T., Paris etNeuchâtel, 1900, t. ii, p. 443-670; Zahn, Einleitung in dasN. TÇWédit., Leipzig, 1900, t. ii, p. 334-441; A. Jiilicher, Einleitung in das N. T., 3e et 4e édit., Tubingueet Leipzig, 1901, p. 259-266; J. Belser, Einleitungin dasN. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 104-213.

E. Mangenot.

3. LUC ou LUCAS François, dit de Bruges, prêtre etthéologien catholique flamand, né à Bruges, en 1549, mort à Saint-Omer, le 19 février 1619. H eut pour maîtresGuillaume d’Harlem et Montanus, et acquit uneprofonde connaissance des langues grecque, hébraïque, chaldéenne et syriaque. En 1602, il fut nommé archidiacreet doyen de la cathédrale de Saint-Omer. Il est 403

LUC DE BRUGES

LUCIEN D’ANTIGCHE

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connu, en latin, sous le nom de Lucas Brugensis. Nous-avons de lui: Notationes in Biblia sacra, in-f°, Anvers, 1580, 1583, et in-l», 1581; in-f», Leipzig, 1657. —Variée lectiones Veteris et Novi Testamenti, vulgateslatines editionis collectée, in-f», Louvain, 1580-1583, oùil a mis une préface et des notes nombreuses qui sontfort estimées. — Romanse corrections in latinis Bibliisjussu Sixli V recognitis loca insignioria, in-12, Anvers, 1603; Venise, 1745. — Itinerarium Jesu Christiex IV Evangeliis. — Commentarii in Evangelia, m-! ", Anvers, 1606, auxquels fait suite le commentaire intitulé: Notarum ad varias lectiones in IV Evangeliisoccurrentes libellus duplex, quorum uno greecse, alterolatinee varietates explicantur, ainsi que De usu chaldaiceeBibliorum paraphraseos, sive apologia prochaldaico paraphraste, jussu theologorum Lovaniensiumscripta. — Sacrorum Bibliorum vulgatee editionisconcordanlix, 5 in-f°, Anvers, 1617; La Haye, 1712. C’estla première bonne concordance de la Bible qui ait étépubliée. — Enfin Luc prit part à la publication de laBible polyglotte d’Anvers, et à la Biblia hebriea et latinaAriee Montani (Genève, 1609). Voir A. C. de Schrevel, dans la Biographie nationale, publiée par l’Académiede Belgique, t. xii, 1892, col. 550-563.

A. Régnier.

LUCIEN D’ANTIOCHE. — I. Histoire. - Lucien, né à Samosate vers le milieu du IIIe siècle, commençases études à Édesse sous un certain Macaire et vint lespoursuivre à Antioche sous Malchion. Il y fut ordonnéprêtre et y jouit d’une grande réputation d’éloquenceet de doctrine. Selon Théodoret, citant une lettred’Alexandre d’Alexandrie à Alexandre de Constantinople, il aurait passé de longues années exclu de l’Église: ’ATtomjvaYWYoç k’[i£tve Tptùv iju<r! i<57ni>v 7toàU£toGç -/pfivou.H. E., 3, t. lxxxii, col. 901. Si le fait est vrai, on estsurpris qu’aucun autre écrivain du ive ou du ve sièclen’incrimine ""son orthodoxie et que tous, au contraire, avec Eusèbe, H. E., ix, 1, t. xx, col. 809, saint Jérôme, De viris illust., 11, t. xxiii, col. 685, et saint Jean Chrysostome, Homilia in sanct. martyr. Lucianum, t. l, col. 519-526, le comblent d’éloges. On sait que plus tardles ariens et les macédoniens se réclamèrent de lui etlui attribuèrent une profession de foi hétérodoxe; maisSozomène, qui rapporte ces accusations, H. E., iii, 5, t. lxvii, col. 1044, ne s’y associe point, et Nicéphore, H. E., ix, 5, t. cxlvi, col. 236, les répudie expressémentcomme mensongères. L’auteur du Dialogue sur laTrinité, imprimé parmi les œuvres de saint Athanase, t. xxviii, col. 1203-1205, défend lui aussi l’orthodoxiede Lucien. Lucien souffrit le martyre à Nicomédie sousMaximin, l’an 3Il ou 312. Il fut enseveli à Hélénopolis.Cf. Acta sanctorum, au 7 janvier, 1. 1, p. 357-364; SiméonMeta phraste, même date, t. cxiv, col. 397-416; c’est à cedernier que Suidas, Leocicon, édit. Bernhardy, au motAouxtavôç, t. ii, 1853, col. 607-608, a emprunté sa notice.

II. Édition critique des Septante. — 1° Témoignagesdes auteurs anciens. — En Lucien, le critique nousintéresse plus que l’homme privé. Malheureusem*nt, les auteurs qui nous parlent de lui répètent tous à peu.près les mêmes détails. Saint Jérôme est le plus explicite.Cf. De vir. illustr., 77, t. xxiii, col. 685; Epist. cvi, ad Sunniam et Fret., t. xxii, col. 838. Le texte suivant, Prsef. in Par., t. xxviii, col. 1324 (répété Adv. Rufin., Il, 27), quoique bien connu, est si fondamental en cettematière qu’il est nécessaire de le transcrire ici: AUxandria et Mgyptusin Septuaginta suis Hesychiumlaudat auctorem; Constantinopolis usque AntiochiamLuciani (variante: Juliani) marfyris exemplaria probat; médise inter has provincise Paleestinos (variantepréférable: Paleestinee), codices legunt, quos ab Origeneélaboratos, Eusebïus et Pamphilus vulgaverunt: totusqueorbis hac inter se trifaria varietate compugnat.Ce texte nous apprend deux choses très intéressantes:

1. qu’il y avait, au temps de saint Jérôme, trois principalesrecensions des Septante: celle d’Hésychius, cellede Lucien et celle d’Origène; 2. que la recension deLucien était généralement adoptée en Asie Mineure, d’Antioche à Constantinople. On ne sait comment concilierce détail précis avec la donnée fournie à Sunnia, t. xxii, col. 838: Sciatis aliam esse editionem, quaraOrigenes et Csesariensis Eusebius, omnesque Grsecitetractatores xoiv^v, id est communem appellant atquevulgatam, et a plerisque nunc Aouxtavôç dicitur; aliamSeptuaginta inlerpretum quse in à|aw>oî; codicibusreperitur. Le pseudo-Athanase, Synopsis Script., 77, t. xxviii, col. 436, rapporte qu’on trouva l’autographe deLucien muré dans une construction de Nicomédie. Lemême écrivain prend la recension de Lucien pour uneseptième version pareille aux six autres qu’Origèneavait utilisées dans ses Octaples. Ce passage se trouvecopié dans un opuscule imprimé à la suite des œuvresde Théodoret, t. lxxxiv, col. 29. Un manuscrit de Théodoretcontient une note très précieuse: Il faut savoirque le sigle ô désigne les Septante, a Aquila, S Symmaque, 5 Théodotion, etc. >, désigne Lucien. Voir letexte grec dans Field, Origenis Hexapla, 1. 1, p. lxxxv.Cette note concorde avec l’avis contenu dans la lettrepréfacede la version arabe du texte syro-hexaplaire, quinous avertit que les leçons de Lucien sont indiquées parla lettre L.

2° Manuscrits de la recension de Lucien. — C. Vercellone, Variée lectiones vulg. lat. Biblior., Rome, 18601862, t. ii, p. 435-436, après avoir reproduit tout au longdes variantes très remarquables de II Reg., xxiii, extraitesde la marge du codex Gothicus Legionensis, ajoutait: «Toutes ces leçons lui sont communes avecles manuscrits 19, 82, 93, 108 de Holmes. Il faut que cesmanuscrits appartiennent à une même recension, quiest, à peu de chose près, reproduite dans la Polyglotted’Alcala, basée elle-même sur le codex 108.» Le codex108 (Vatican 330) avait été, en effet, envoyé de Rome aucardinal Ximénez, qui s’en était presque exclusivementservi pour l’édition des livres historiques. On avait ainsiun groupe de manuscrits des Septante, étroitement apparentés; mais on ignorait encore la relation qui lesrattachait à Lucien. On savait bien par les textes citésplus haut que le sigle >, en grec, et la lettre lomad, en

syriaque, désignaient Lucien; et Hodius avait déjà attirél’attention sur ce point; mais on n’avait pas tenu grandcompte jusqu’alors de cette particularité, parce queMontfaucon voyait dans le X l’initiale de oi XoijioÏ (lesautres) et que certains érudits pensaient que le lomaddevait être un gomal, désignant les trois versionsd’Aquila, de Symmaque et de Théodotion. — Sur lesindications de M. Ceriani, préfet de la BibliothèqueAmbrosienne à Milan, Field, l’éditeur des Hexaples, examina les sept leçons marquées d’un lomad dans latraduction syro-hexaplaire du codex Parisiensis (Bibliothèquenationale, syriaque 27). Ce codex a été édité depuispar P. de Lagarde, Veteris Test, ab Origene recensitifragmenta apud Syros, Gœttingue, 1880. Ilcontient des fragments du quatrième livre des Rois etporte en marge la lettre lomad devant des leçons spécialesaux endroits suivants: ix, 9, 28; x, 24, 25; xi, 1; xxiii, 33, 35. Field trouva ces variantes conformes augroupe de manuscrits signalés ci-dessus; ces manuscritsappartenaient donc à la recension de Lucien. Procédantde même pour les passages des prophètes, qui dans lecodex Barberini portent le sigle ~k, Field constata queces leçons étaient communes aux codex numérotés 22, 36, 48, 51, 61, 90, 93, 144, 147, 233, 208 de Holmes.Field, Origenis Bexapl. quee supersunf, Oxford, 1875, t. i, p. lxxxvh-lxxxvih. — Si les codex énumérés ci-dessusreprésentaient bien, comme on le supposait, larecension de Lucien, on devait s’attendre à trouver les m

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mêmes leçons caractéristiques dans Gbrysostome et dansThéodoret, puisque, au témoignage de saint Jérôme, lesexemplaires de Lucien étaient généralement employésd’Antioche à Gonstantinople. Les recherches faites parFicld, par P. de Lagarde et par d’autres, confirmèrentces prévisions et servirent de contrôle à l’hypothèse. —Bref, on regarde aujourd’hui comme appartenant principalementà la recension de Lucien — les textes sontrarement purs de tout mélange — les codex suivants: 19, 22, 36, 48, 51, 61, 82, 90, 93, 95, 108, 118, 144, 147, 153, 185, 231, 233, 308 de la numérotation de Holmes; deplus: Paris, Coislin grec, 184; Athènes, Biblioth.nat., 44; pour les Pères: saint Jean Chrysostome et l’école d’Antioche; pour les versions: la vêtus latina, la gothiqued’Ulfilas, la syriaque philoxénienne, la slavonique, laversion arménienne (partiellement). Ci. Swete, lntrod.ta the Old Test, in Greek, Cambridge, 1900, p. 482.P. de Lagarde a édité les livres historiques, selon larecension de Lucien, d’après cinq manuscrits: 108, 82, 19, 93, 118 de Holmes: Librorum Vet. Test, canonicar.pars prior grmce, Gœttingue, 1883. Cl. Ankïtndigungeiner neuen Ausgabe der griechischen Uebersetzunqdes A. T., Gœttingue, 1882. Faute de tonds, il est mortsans pouvoir publier le reste. Il avait exclu de son éditionles livres deutérocanoniques: Judith, Tobie, Machabées.

III. Caractères de la recension de Lucien. —M. Driver, Notes on the Hebrew Text of Samuel, Oxford, 1890, croit pouvoir caractériser de la sorte le travailcritique de Lucien: 1. Fréquente substitution de synonymes; 2. Doublets provenant d’une double version, laisVat. grec. 330, fol. 282 v°

TrtfTTbç SaS ùibç tstriat* iriarbç àvïip,

ov avéar^crev 6 bç Y^pcaroV ô f)ç taxà)@:

xa i.’ipaîo; à ij; aX[ioç toû ÎvjX

-ît[».a xupido IXâXïjæv Iv [» oV

xa X^Yo^aùtoû &TÀ fXiàaarii^ov

ê[7rev ô 9ç a~/.il>&’èv èu.oi XaXvjo-ai itXâo-Tïi; IyjX «p£ov èv àvot£_81xa£<É»; àpxaï cpôëto 8û usç cpw; to itpoïvbv

xac àv «TsXeî iiXtoç tô itpw’i'xa où (Txo-cicrEi iizo yifyovs&i ûetoç (ôç potàvï] èx Y^i?’8 ti ôu)( îutu; 6 ôïxSajjiou [hetc< tJi*

8 «8ta6ï|xr|V àlwvtov EBsto [J.oi

ffcotrat |jle iciç (oSs Iv uâat,

xal tpTjXàles aùtriv

est certainement un contresens occasionné par unemauvaise leçon. Ezech., xxxi, 10, est traduit par les Septante: %aX elîov èv ta yi) «i>6ïjvai aùtôv, au lieu qu’il faudrait: «Et son cœur s’éleva dans sa superbe.» Lucien eniait: xal È7rT)p87) t xapSîa aù-roû èiti tô) û^et aùtoy, xai’e! 80v èv to û^wOîjvai aùxôv. — La substitution de synonymessemble assez arbitraire, du moins, il est difficiled’y découvrir une loi fixe. Voir Field., Hexapla, t. i, p. xc. — Comme Lucien, de même qu’Origène, cherchaità se rapprocher de l’hébreu, on remarque quelqueioisentre le texte hexaplaire et Lucien une certaineressemblance; mais cette ressemblance est assez superficielle.Un détail qui a son importance parce qu’il aservi de confirmation à la découverte du texte de Lucien, c’est que ce critique, d’après le témoignage d’un auteursyriaque, copié par M. Ceriani dans un manuscrit duMusée Britannique (addition. 12159, loi. 302), remetà8uvat x-jpioi; dans les passages d’Ézéchiel où les autresmanuscrits des Septante ont simplement xùptoç. Et celase vérifie en effet dans les codex 22, 36, 48.

Voici à titre de spécimen, les dernières paroles deDavid, II Reg., xxiii, 1-5, d’après le manuscrit grec 330du Vatican qu’on suppose représenter la recension deLucien. Nous maintenons les abréviations, l’accentuationet la ponctuation du codex, qui n’emploie pasl’iota souscrit et, entre autres singularités, place l’espritsur la première lettre de la diphtongue initiale. Dansson édition de Lucien, Lagarde reproduit presque sanschangement le codex vat. 330 (108 de Holmes). Dansles versets ci-joints il met seulement ap^e au lieu de&pY_ai (ligne 9):

Texte des Septante de Swete, t. i, p. 663

1- — riiUTo; AauslS vitoç’Ietrffat, xa ictaibi; àvr|p8v àvéuTï)cr£v Kùptoç êitt v v piorôv 6eo0’Iax<oë, xai sOitpeitsïç i^aXpioi’IapaïjX2. — iwsùjjia Kvipiôu èXâXrjisv èv èjjiot,

xa ô Xoyoç auTOu èVs yXw<ttyjç |xou*

3. — Xiftt à 8sb; ’I<Tpa7)X*

è{xo1 èXàX7|<T£v çùXaÇ ï’I<rpa7)X IIapaëoX7|V e’utoV’Ev àv6pûit(j) itô>; xpataiwiTij-ce çdëov Xpto"toû;

4. — xal èv Beû çwt itpwîa; àvaTEÎXai 7JX10; ,

cô ïtpon où Kùpeoj itapYJX6ev

ix çsyyouç*

xa uç i ùetoù)(Xo’r)ç àrco Y*K5. — où yàp outo; <5 01x61; jjiou [ma’Io-^upoO;

SiaBrixiiv Y «p aîwviov iQs.t6 p.ot, è-coi|Aï)v sv îtavi’i xaipû, iteçuXaYf.svï)v.

ses côte à côte dans le texte; 3. Adoption de leçons quisupposent un texte hébreu supérieur au texte massorétique.— Le second caractère est particulièrement frappant.Voici quelques exemples: Is., xxiv, 23, les Septantetraduisent: xai tax^aeTai o rcXivôoç, xai iteoretTo; tot£ïxo4, ce que Symmaque rend par: xa èvcpaitr, (T£-cat 7)aeX^v7), xo alo-/uv6rj<TBTai ô ^Xtoç. Lucien retient etaccole les deux versions, dont l’une, celle des Septante,

Vulgate, II Reg., xxiii, 1-5.

1.

Dixit David filius Isai: dixit vir cuiconstitutum est de christo Dei Jacob, egregius psaltes Israël.

2. — Spiritus Domini locutus est per me,

et sermo ejus per linguam meam.

3. — Dixit Deus Israël mihi,

locutus est lortis Israël,

dominator hominum,

justus dominator in timoré Dei.

4. — Sicut lux aurorse, oriente sole,

mane absque nubibus rutilât,

et sicut pluviis germinat herba do terra.

Nous donnons aussi, comme terme de comparaison, la version latine contenue dans la marge du CodexGothicus Legionensis, dont la collation se conserve auVatican, latin 4859. Nous avons dit que Vercellone avaitremarqué les rapports entre cette version et le textegrec de quatre manuscrits parmi lesquels se trouvenotre codex 330. Cette observation fit taire un grand pas àla découverte de la recension de Lucien:

Vat. latin 4859, pars 1, fol. 116 V.

F’idéïis David filius Jesse, fidelis vir quem

suscitavit Deus Christum Dei Jacob:

et speciosus psalmus Israël.

Spiritus Domini locutus in me,

et verbum ejus in lingua mea est,

Dixit Deus Jacob,

in me locutus est custos Israël,

parabolam die hominibus

juste incipit in timoré Domini.

Quasi lux matutina et orietur sol mane

et non tenebrescet a lumino;

quasi pluvia, quasi herba de terra.

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LUCIEN D’ANTIOCHE

LUCIFER

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Vulgate, II Reg., xxiii, 1-5.

Nec tanta est domus mea apud Deutn, ut pactum seternum iniret mecum,

firinum in omnibus

atque munitum.

Il est évident de prime abord: 1. que la version ducodex Gothicus suppose un texte grec très voisin de larecension dite de Lucien; 2. que la recension de Luciensuppose un texte hébreu différent du texte massorélique, lequel est identique au fond avec celui qu’a eu sous lesyeux l’auteur de la Vulgate; 3. que la recension deLucien, dans le passage cité, équivaut à une traductionnouvelle: c’est le cas en particulier pour les morceauxdifficiles où le texte original est moins bien conservéet peut s’entendre de plusieurs façons. Mais la différenceentre les Septante et Lucien est rarement aussi accentuée.— La polyglotte d’Alcala suit d’abord assez fidèlementle codex 108 (de Holmes) qui lui servait de prototype; mais elle l’abandonne à partir du verset 4.

IV. Lucien et le Nouvea.it Testament. — SaintJérôme, dans sa lettre à Damase, Prssf. in Evang., t. xxix, col. 527, parle de codices, quos a Luciano etHesychio nuncupatos, paucorum hominum asserit perversaconlentio. D’après sa remarque formelle, ils’agit du Nouveau Testament aussi bien que de l’Ancien.A la fin du décret de Gélase nous trouvons cette mention: Evangelia quæ falsavit Lucianus, apocrypha, t. ux, col. 162, qui semble faire écho à la protestation de saintJérôme. Mais l’authenticité du décret de Gélase est trèssuspecte, surtout pour les derniers articles. Ce sont, dans l’antiquité, les seules traces d’une recension duNouveau Testament entreprise par Lucien. CependantWestcolt et Hort, The New Testament in Greek, Cambridge, 1882, lntrod., p. 138, regardent comme assezprobable que Lucien ait pris part à la revision du textequ’ils appellent syrien.

V. Conclusions. — 1. On ne sait rien de positif surla participation de Lucien à une recension du NouveauTestament. — 2. Au contraire, on est arrivé à détermineravec une certitude suffisante, au moyen d’indicesconvergents, les versions et les manuscrits qui représententsa recension des Septante. — 3. Cependant, comme les textes sont presque toujours mêlés et qu’ilest souvent difficile de ramener une leçon à sa véritableorigine, il faut se garder de croire que nous soyons enmesure de reconstituer dans ses détails la recension deLucien. P. de Lagarde lui-même ne regarde pas sonédition comme définitive. — 4. Le plus pressé en cemoment semble être de restituer les Hexaples, en utilisanttous les moyens aujourd’hui à notre disposition.On classerait ensuite tous les manuscrits connus desSeptante d’après la recension à laquelle ils appartiennentAlors seulement une édition définitive de la versioDaloxandrine deviendrait possible. Tout porte à croire quela recension’de Lucien servirait beaucoup à ce travail.

F. Prat.

    1. LUCIFER##

LUCIFER (hébreu: hêlêl; Septante: éourçôpo; ; Vulgate: lucifer), planète connue en astronomie sous lenom de Vénus.

1° Vénus est une des planètes inférieures, c’est-à-direde celles qui sont plus voisines du soleil que la terre.Sa distance au soleil, par rapport à cette dernière, estseulement de 0, 72. Elle paraît osciller tantôt à l’est, tantôt à l’ouest du soleil, de 45° à 48° dans chaque sens.Dans le premier cas, on la voit le soir, s’éloignant, puisse rapprochant du point de l’horizon où le soleil secouche; dans le second, on la voit le matin, exécutantle même mouvement avant le lever du soleil. La révolutionde l’astre dure environ 225 jours; .mais c’est seulementau bout de 584 jours qu’il occupe la même positionrelativement au soleil et à la terre. Vénus a desphases, comme la lune. Sa lumière est blanche et surVat. latin 4859, pars I, fol. 116 v».Quoniam non sic domus mea cum Deo

quoniam testamentum œternum posuit mihiparatum salvare me quæ in omnibus

et custodiet hsec.

passe en éclat celle de toutes les autres planètes. Cependantcet éclat n’atteint pas son maximum quand le disqueest complètement éclairé, car alors l’astre est à son plusgrand éloigneraient par rapport à nous; il se montrequand l’astre, encore voisin de la terre, marche versson premier quartier, ou abandonne son dernier. Les anciensn’ont pas connu les phases de Vénus, à cause de lafaiblesse de son diamètre apparent. Mais les Égyptienss’étaient rendu compte de l’identité de Bonou, «oiseau,» l’astre en deux personnes, qui se montre tantôt le soiret tantôt le matin. Ils lui donnaient pour cela deux autresnoms, Ouâîti, l’étoile solitaire qui apparaît la premièreaprès le coucher du soleil, et Tiou-noutiri, le dieu quisalue le soleil à son lever. Cf. Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 96.Les Grecs appelaient cette planète’Ewo-oôpoç, «qui amènel’aurore,» "Eo-irepo; , «l’étoile dusoir,» et 4>w(Tq>6poç, «portelumière;» les Latins Lucifer, «porte-lumière,» Vesper, «étoile du soir,» et Venus, à cause de sa beauté. Nousl’appelons aussi «étoile du matin» et «étoile du berger».

2° Dans sa prophétie contre Babylone, Isaïe, xiv, 12, interpelle le roi en ces termes: «Te voilà donc tombédu ciel, Lucifer, fils de l’aurore,» hêlêl bên safyar, ô’Eiompôpo; 6 ?rp «>i àvaréXXwv, Lucifer qui mane oriebaris, «Lucifer, qui te levais au matin.» Le monarqueassyrien l’emportait jadis en puissance et en gloire surtous les autres princes, comme la planète dépasse enéclat les autres étoiles. Le mot hêlêl vient de hàlal, quisignifie «briller», comme l’arabe halal et l’assyrienelêlu. Aquila et le Syriaque l’ont fait venir de yâlal, «se lamenter.» Saint Jérôme, In ls., v, 14, t. xxiv.col. 161, adoptant leur interprétation, traduit hêlêl parulula, «effraie,» mot latin qui a une ressemblancephonétique avec l’hébreu. Il ajoute d’ailleurs que cenom désigne Lucifer, parce que celui-là doit pleurer etse lamenter, qui autrefois dans sa gloire a été comparéà la splendeur de l’astre du matin. — Ce texte d’Isaïe, bien que se rapportant littéralement au roi de Babylone, a été souvent appliqué au démon, le grand déchudu ciel, dont la ruine a surpassé toutes les autres enhonte et en profondeur. — Le grand-prêtre Simon, filsd’Onias, est comparé à l’étoile du matin, à cause del’éclat de son ministère et de sa vertu. Eccli., l, 6. —Le Fils de Dieu doit donner au vainqueur l’étoile dumatin, qui représente ici la gloire du ciel. Apoc, H, 28,

— Jésus-Christ lui-même est appelé par saint Pierrele Lucifer qui doit se lever dans les cœurs des chrétiens, par la grâce et la lumière de la foi en cette vie, et ensuiteen personne à son second avènement. II Pet., ii, 19. — Saint Jean le nomme aussi «l’étoile brillante dumatin». Apoc, xxii, 16. — Dans sa liturgie du samedisaint, à VExultet, l’Église reprend ce titre donné auSauveur. Elle souhaite que le Lucifer matinal trouve lecierge pascal allumé, «ce Lucifer qui ne connaît pasde déclin, et qui, revenu des enfers, a fait briller sapure lumière sur le genre humain.» — Malgré son senslittéral et son application à Jésus-Christ, le nom de Lucifera fini par ne garder dans la tradition chrétienne quele sens péjoratif qui lui vient de son application à Satan.Encore les Pères remarquent-ils que ce nom n’estpas propre au démon et qu’il indique seulement ce quel’ange déchu était avant sa révolte. Cf. Pétau, De angelis, III, iii, 4.

3° La Vulgate emploie encore le mot lucifer pourtraduire boqér, «la lumière dû matin,» Job, xi, 17! mazzârôt, «les signes du zodiaque,» Job, xxxviii, 32,

et sahar «l’aurore,» Ps. ex (cix) 3.

H. Lesêtre.

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LUCIUS

LUD

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    1. LUCIUS##

LUCIUS (grec: Aefoioç), nom d’un consul romain, d’un Cyrénien et d’un parent de saint Paul.

1. LUCIUS, consul romain qui écrivit à Ptolémée VIIPhyscon, roi d’Egypte, la lettre par laquelle il lui faisaitsavoir que le grand-prêtre Simon avait envoyé uneambassade à Rome pour renouveler l’alliance conclueen 161 avant J.-C entre les Romains et Judas Machabée.Les Romains, lui disait-il, ont reçu le bouclier d’or queleur offrait Simon. C’est pourquoi il leur a plu d’écrireaux rois et aux peuples de ne pas attaquer les Juifs etde ne pas porter secours â ceux qui les attaqueraient.Ils devaient en outre renvoyer en Judée les fugitifs dece pays réfugiés chez eux. Copie de cette lettre étaitadressée à Démétrius II de Syrie, à Attale II de Pergame, à Ariarathe V de Cappadoce, à Arsace VI roi des Parthes, à Lampsaque, aux Spartiates, à Délos, à Mynde, à Sicyone, en Carie, à Samos, en Pamphylie, en Lycie, à Halicarnasse, à Coos, à Sidé, à Aradon, à Rhodes, à Phaselis, à Gortyne, à Gnide, à Chypre et à Cyrène. 1 Mach., xv, 16-23. Voir tous ces mots. Le consul est désigné seulementpar son prénom, il y a donc lieu de chercherparmi les magistrats de cette époque quel est le Luciusdont il s’agit ici. Trois noms ont été mis en avant avecplus ou moins de vraisemblance.

1° Lucius Cæcilius Metellus Calvus qui fut consul en142 avant J.-C. Sans doute Simon envoya une ambassadeà Rome avant le décret des Juifs en sa faveur, décretqui est daté du 18 du mois d’Elul de l’an 172 des Séleucides, c’est-à-dire de l’an 140 avant J.-C. I Mach., xiv, 554-27. Néanmoins il est peu probable que l’ambassadesoit antérieure de deux ou trois ans au décret et que laréponse ait été faite par le consul de l’an 142.

2° Lucius Valerius, préteur. Ceux qui regardentcomme possible l’identification de ce personnage avec leconsul Lucius s’appuient sur un texte de Josèphe, Ant.jud., XIV, viii, 5. L’écrivain juif donne â la date dumois Panemos dé la neuvième année du règne d’HyrcanII, 54 avant J.-C, un sénatus-consulte que la.plupart des historiens modernes identifient avec celuiqui fut voté au temps de Simon. Lucius Valerius, fils deLucius, préteur, présida la séance du sénat aux ides dedécembre, c’est-à-dire le 13 de ce mois, dans le templede la Concorde. Ses assesseurs furent Lucius Copinius, fils de Lucius, de la tribu Collina, et Papirius, de latribu Quirina. Les ambassadeurs juifs qui comparurentdevant le sénat s’appelaient Alexandre, fils de Jason, Numénius, fils d’Antiochus, et Alexandre, fils de Dorothée.Ils offrirent un bouclier d’or en signe d’amitié. Le sénatfit alliance avec les Juifs et écrivit aux rois et aux villesindépendantes de ne pas leur nuire et de respecter leurpays. La teneur du sénat-consulte est identique à lalettre de Lucius. I Mach., xv, 16-23. Josèphe se seraitdonc trompé de date, à moins que le même fait ne sesoit reproduit deux fois. Quant à la contusion entre letitre de préteur et celui de consul, elle est explicablepar la traduction du grec en hébreu et de l’hébreu engrec, et par le fait que dans cette langue le préteur estappelé arpimr|Y<5; et le consul (rrp*rniyoç Ootitoc

3° Lucius Calpurnius Pison, consul en 139. La datede son consulat coïncide avec celle de l’envoi de cettelettre. C’est l’hypothèse la plus généralement admise.On donne souvent à ce personnage le prénom de Cnéius, mais la meilleure leçon de Valère Maxime, I, iii, 2, «dit Teubnerj 1888, p. 17, le nomme Lucius. C’est à celleoccasion que le même auteur rapporte l’intervention dupréteur Hispalus qui força à retourner chez eux lesJuifs qui essayaient d’implanter leur culte à Rome. ValèreMaxime, I, iii, 2. La date du consulat de LuciusCalpurnius Pison est celle de l’année où les ambassadeursjuils retournèrent à Jérusalem, c’est-à-dire l’an474 des Séleucides, 139-138 avant J.-C.

Bibliographie. — Mendelssohn, De senatus consulli

Romanorum abJosepho Anliq., XIV, viii, 5, relati temporibus, in-8°, Leipzig, 1873; Ritschl, Eine Berichtigungder republicanischen Consularfasten, dans le ReinischeMuséum, t. xxviii, 1873, p. 586-614; t. xxix, 1874, p. 337; Th. Mommsen et Ritschl, dans le Zeitschrift fur wissenschaftl.Théologie, 1874, p. 231-238; Lange, dans leJahrbericht ûberdie Fortschritte der classischen Allerthums-wissenschaft, de Bursian, t. i, 1873, p. 872-876; Th. Mommsen, Der Senatusbeschluss bel Josephus, Antiq., XIV, viii, 5, dans l’Hermès, t. îx, 1875, p. 281291; Mendelssohn et Ritschl, Der rômische Senatusbeschlussbei Josephus, dans le Rhein. Muséum, t. xxx, 1875, p. 419-435; Wieseler, dans les Iheolog. StudienundKritiken, 1875, p. 524; 1877, p. 281-290; Grimm, dans laZeitschrift fur wissenschaftl. Iheolog., 1876, p. 121-132; E. Schûrer, Geschichte der Jûdischen, Volkes im ZeitaiterJesu Christi, in-8° Leipzig, 1890, 1. 1, p. 199-200.

E. Bedrlier.

2. LUCIUS de Cyrène (grec: Aoôxio; 6 Kupïjvatoç; Vulgate: Lucius Cyrenensis). Les Actes des Apôtres, xin, 1, nomment Lucius de Cyrène parmi les prophèteset les docteurs qui enseignaient à Antioche et qui, surl’ordre de l’Esprit-Saint, imposèrent les mains à Barnabeet à Saul, destinés par lui à une mission particulière.Act., xiii, 1-3. On ne sait rien par ailleurs sur cepersonnage. Les Constitutions apostoliques, vii, 46, t, i, col. 1053, disent que saint Paul établit un Luciuscomme évêque à Cenchrêes: on ne peut savoir si c’estcelui-ci ou un autre. L’hypothèse qui l’identifie avecsaint Luc est inadmissible: le nom de celui-ci, AouxSç, est une abréviation de Aouxâvo; . Le pseudo-Hippolyte, Dalxx Apost., 44, t. x, col. 955, compte Lucius parmi lessoixante-douze disciples et le fait évêque de Laodicée.D’après les martyrologes d’Usuard et d’Adon, il aurait étéle premier évêque de Cyrène. L’Église latine célèbre safête le 6 mai. Voir Acta sanctorum, 6 mai, t. ii, 1680, p. 99, Voir Luc, col. 379. E; Beurlier.

3. LUCIUS, parent de saint Paul. Dans Rom., xvi, 21, Lucius est nommé avec Timothée Jason et Sosipaterparmi les parents de saint Paul qui saluent les Romains.Nous ne savons, rien de ce personnage, en dehors dece qui est dit de lui à cet endroit, et il est impossiblede savoir s’il doit être ou non identifié avec le précédent.Si c’est le même personnage, comme on le croit communément, sa parenté avec saint Paul montre clairementqu’il est Juif; par conséquent il n’est pas le même quesaint Luc qui n’est jamais appelé parent de l’Apôtre, Col., iv, 14; II Tim., iv, 11; Philem., 24, et qui n’étaitpas Juif d’origine. E. Beurlier.

    1. LUCKE Gottfried Christian Friedrich##

LUCKE Gottfried Christian Friedrich, théologienallemand protestant, né à Egeln près de Magdebourg, le 23 août 1781, mort à Gœttingue le 14 février 1855.S’étant fait recevoir à Berlin licencié en théologie, il fiten cette ville des cours d’exégèse sur le Nouveau Testament.En 1818, il obtint une chaire à la nouvelleuniversité de Bonn, d’où il passa en 1827 à celle deGœttingue. Il a publié: Commentatio de Ecclesia Christianorumapostolica, in-4°, Gœttingue, 1813; Ueber denneutestatnentlichen Karton der Eusebius von Càsarea, in-8°, Berlin, 1816; Grundriss der neutestamentlichenHermeneutik und ihrer Geschichte, in-8°, Gœttingue, 1817; Commentar ûber die Schriften der EvangelistenJohannes, 4 in-8°, Bonn, 1820-1832; 3e édit., 1843-1856, Il a collaboré à la Synopsis Evangeliorum, publiée parson ami de Wette, in-4°, Berlin, 1818.

B. Heurtebize.

LUD (hébreu: Lûd; Septante: Aovê), le quatrièmefils de Sem. Gen., x, 22; I Par., i, 17. D’après l’opinioncommune, il est l’ancêtre des Lydiens. Telle est la traditionjudaïque. Josèphe, Ant. jud., i, vi, 4, qui l’appelleAoOêsç, dit qu’il est le père de ceux qu’on appelle

aujourd’hui AiiSot et qu’on nommait auparavant AoOSoi.Hérodote, i, 7, place de même dans la période mythiqueun héros nommé Lydus, père des Lydiens. Fr. Lenormar.t, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, -9e édit., in-8°, Paris, 1881, t. i, p. 288, pense au contrairequ’il y a là une assonance de noms purementfortuite, que les Lydiens sont un peuple de race et delangage aryens. D’après lui, Lud représente la divisionseptentrionale des Araméens ou Syriens. Que Lud désigneune race sémitique, cela est incontestable, mais ilne s’ensuit pas qu’il ne soit pas le père d’une de cellesqui ont formé la nation lydienne, où l’on rencontre àcôté d'éléments aryens les traces évidentes d'élémentssémitiques. G. Radet, La Lydie au temps des Merruades, in-8°, Paris, 1892, p. 54-57, 67. Voir Lydie.

E. Beurlier.

    1. LUDIM##

LUDIM (hébreu: Lûd, Lûdim; Septante: AouSieîn, A(i>; ie£(ji, Ao’jS, AiSoi; Vulgate: Ludini, Lydi, Lydii, Lijdia), descendants de Mesraïm, fils de Cham. Gen., x, 13; cf. I Par., i, 11. C’est donc une race chamite habitantl’Egypte. Quel est ce peuple? il est difficile de ledire exactement. D’après E. de Rougé, Recherches surles monuments des six premières dynasties, dans lesMémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. xxv, 1866, p. 228; G. Ebers, Aegypten unddie Bûcher Mose’s, in-8°, Leipzig, 1868, t. i, p. 39; etFr. Lenormant, iîist. anc. despeuples de l’Orient, ^ édit., in-8°, Paris, 1881, p. 269; les Lûdim sont les mêmesque les Rutennu, c’est-à-dire les hommes, la race dominante; ce mot peut, en effet, se lire aussi Lut-ennu.Cette identification est niée par Chabas, Voyage d’unégyptien en Syrie, in-8°, Paris, 1866, p. 352. Cf. DeSaulcy, Bulletin de la Société de géographie, t. xvii, 1879, p. 209-241; 327-357. M. de Rochemonteix, dans leJournal asiatique, VIIIe sér., t. XII, 1888, p. 199-201, voit dans les Rutennu, Romitou ou Rotou, les fellahsou le petit peuple, par opposition aux Anamim, quiformaient la classe riche. Voir Anamim, t. i, col. 538.G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, in-8°, Paris, 1895, t. i, p. 43, considère le mot Romitouou Rotou comme étant le nom ethnique des Égyptiens, mais il ne se prononce pas sur le rapprochement de cenom avec celui des Lûdim. Ce peuple est plusieurs foiscité par les prophètes. Dans Isaïe, lxvi, 19, le Seigneurannonce que parmi ceux qui auront échappé au châtiment, il en enverra du côté delà mer, en Afrique et enLydie, nations armées de flèches, etc., et qu’ils annoncerontsa gloire aux gentils. Le mot Lydia de la Vulgatecorrespond au mot AoOS des Septante et au motLûd de l’hébreu. S’agiMI ici des Lûdim de l’Egypte?Le rapprochement avec le mot Put ou probablementPhut ou Put qui désigne un autre peuple africain, rendcette hypothèse très vraisemblable, mais d’autre part ilest aussi question dans le texte hébreu de ce passage, de Tarsis, de fubal et Yâvân, c’est-à-dire des Tibaré^niens situés sur les bords de la mer Noire, des Ionienset des îles. Les Septante intercalent Aoû5 entre «JoûS etMoer^x, et ajoutent: %a eU ©oëèX xal si; ttjv 'EXXiSa xals! ; Ta; viijcTov; ; la Vulgate traduit les mots fubal etYâvân par ltaliam et Gresciam.

Cette liste énumère des peuples des diverses partiesdu monde, on ne peut donc pas exclure avec certitudel’hypothèse que le mot Lûd s’applique au Lydiensd’Asie, d’autant plus que dans le texte grec de Judith, II, 23, où est racontée la campagne d’Holofeme contreles Lydiens d’Asie Mineure, le mot Ao-jo est comme iciprécédé du mot 4>o08. Voir Lydie. Jérémie, xlvi, 9 (Septante, xxvi, 9), prophétisant contre Néchao II, roid’Egypte, nomme dans les troupes égyptiennes les Lydii(hébreu, Lûdim; Septante, Ayfioi), il.s’agit bien icid’une peuplade africaine. Ézéchiel, xxvii, 10, nommeles Lydii (hébreu, Lûd; Septante, A-j601)> parmi lesmercenaires au service de Tyr. Ce nom est placé dans

le texte hébreu entre celui des Perses et celui de Phûtdans les Septante et dans la Vulgate entre les Perseset les Lydiens. Faut-il les rapprocher des premiers et yvoir les Libyens d’Asie, ou des derniers et y voir les Lûdimd’Egypte? il est vraiment impossible de le dire. LesTyriens pouvaient également avoir des mercenaires desdeux contrées. Plus loin Ézéchiel, xxx, 5, prophétisantcontre l’Egypte, donne la liste des peuples de cet empirequi périront par l'épée avec lui, et il nomme les Lydi(hébreu, Lûd; Septante, AOSoi). Dans ce verset le textehébreu et la Vulgate ne nomment avec les Lydi que despeuples africains, l’Ethiopie, la Libye; les Septante yajoutent les Perses et les Cretois, mais c’est probablementune interpolation, car on ne voit pas trop leurplace entre les Éthiopiens, les Lûdim et les Libyens.Les Lûdim sont représentés comme des archers, Is., lxvi, 19; Jer., xlvi, 9 (Septante, xxvi, 9). Voir Arc, 1. 1, fig. 219, col. 900; fig. 225, col. 903; Archer, col. 932.

E. Beurlier.

    1. LUDOLPHE DE SAXE##

LUDOLPHE DE SAXE (Ludolphus ou Leutholfusde Saxonia), célèbre moine du xive siècle, était probablementoriginaire de Saxe, comme son nom l’indique.On ne connaît pas la date exacte de sa naissance (vers1300); on sait seulement qu’il entra d’abord dans l’ordrede saint Dominique, où il se distingua par sa piété aussibien que par son érudition. Il y resta vingt-six ans(trente ans suivant d’autres), après lesquels il se décidaà entrer chez les chartreux, où il pensait trouver plusde facilité encore pour mener une vie contemplative; ilne tarda pas à être élu prieur de la chartreuse de Strasbourg, où il mourut probablement aux environs de 1370.Selon d’autres, il mourut à Mayence. Son principalouvrage est une Vita Christi, Strasbourg, 1474, qui futtrès répandue pendant deux siècles, et qu’on a réimpriméede nos jours: Vita Jesu Christi, in-f», Paris, 1865; 4 in-8°, Paris, 1870. Cet ouvrage fut traduit en françaiset publié à Lyon, en 1487. Lecoy de la Marche a donnéune nouvelle édition de cette traduction, Vie de Jésus-Christcomposée au XVe siècle d’après Ludolphe leChartreux; texte rapproché du fro.nçais moderne, in-4°, Paris, 1869-1872. Autres traductions: dom FI.Broquin, La grande vie de Jésus-Christ, nouvelle traductionintégrale, 6 in-8°, Paris, 1864-1865; 7 in-12, Paris, 1870-1873; Vie de NotreSeigneur Jésus-Christtraduite nouvellement sur le texte latin, 2 in-12, Paris, 1848; 5e édit., 1873. Nous avons aussi de lui: Commentariain Psalmvs davidicos juxta spiritualem prsecipuesensum, Paris, 1506, 1517 et 1528; in-f», Venise, 1521; in-4°, Lyon, 1540, etc. Ludolphe de Saxe est un des auteursauxquels oii a attribué l’Imitation de Jésus-Christ; mais cette opinion n’a guère d’autre fondement qu’unecertaine ressemblance, dans le style et dans les idées, entre l’Imitation et la Vita Christi. Voir Ul. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen dqe, Paris, 1877-1883, 1. 1, col. 1429. A. Régnier.

    1. LUGDUNENSIS##

LUGDUNENSIS (CODEX).-i"Histoire. -La fortunede ce précieux codex est assez curieuse. En 1837, Fleck avait signalé à l’attention du monde savant unmanuscrit ancien, examiné par lui à la BibliothèquedeLyon, où il portait le n» 54. Il comprenait deux partiestrès hétérogènes: 1. Un Bède, donné par l’archevêquede Lyon Amolus (841-852) à sa cathédrale; 2. Uneversion latine du Pentateuque, différente de la Vulgate.M. L. Delisle, qui l'étudia à son tour dans les Mélangesde Paléographie et de Bibliographie, Paris, 1880, p. 1-35(Le Pentateuque de Lyon à lettres onciales, mémoirelu à l’Académie des Inscriptions, le 23 octobre 1878), fit une découverte importante. Entre autres lacunes; leLévîtique et les Nombres manquaient totalement dansle manuscrit de Lyon. M. Delisle se ressouvint que cesdeux livres composaient justement un manuscrit appartenantà lord Ashburnham et publié à ses frais, dix ans

auparavant. La première page du codex Ashburnhamportait: Explicit liber Exodus. Incipit Leviticum; ladernière.: Explicit liber Numeri. Incipit Deuteronomium.Cela comblait exactement la lacune du manuscritde Lyon. Par la paléographie, par la dimension despages et la disposition des colonnes, par l’arrangementdes cahiers numérotés, M. Delisle prouva à l’évidenceque les deux codex n’en avaient fait qu’un autrefois etque Fleck les avait encore vus ensemble vers 1837. Surces preuves, lord Ashburnham restitua généreusem*nt àLyon les feuillets qui lui avaient été vendus en 1847 parLibri, l’auteur de tant de vols commis au préjudice denos bibliothèques publiques. — En octobre 1895, quandfut mise en vente la bibliothèque du baron de Verna, M. Delisle remarqua dans le catalogue un manuscrit qu’ilreconnut être la suite des précédents et la bibliothèquede Lyon s’empressa de l’acquérir.

2° Description. — Le manuscrit tel qu’il est aujourd’huicontient 232 feuillets de parchemin: 64 feuilletsrestés à Lyon, 80 restitués par lord Ashburnham, 88 achetésen 1895. Les pages, mesurant m 30 X m 24, sont

— chose rare — à trois colonnes de 26 ou 27 lignes.Les lignes ont 14 ou 15 lettres en moyenne. L’écritureest continue, sans séparation entre les mots qui sontsouvent coupés en deux à la lin des lignes. La ponctuationprimitive est très rare et les signes semblent employésun peu au hasard. La division en paragraphes, indiquée par des lettres plus grandes placées en vedette, tient lieu de ponctuation. Quelquefois, au milieu desparagraphes, un espace plus ou moins considérablemarque une pause; assez souvent, à la fin des paragraphesse voit une feuille de lierre. — Par endroits, leparchemin est jauni, noirci, fripé; mais en générall’état de conservation ost très satisfaisant et peu de manuscritsde cet âge ont un plus bel aspect.

3° Age, origine, valeur critique. — Ziegler attribuenotre manuscrit au vip siècle; mais cette date est certainementtrop tardive. M. Delisle pense qu’il est duvie. G, Paris, Journal des savants, 1883, p. 389, ne voitaucune objection à le faire remonter au v". M. Ul. Robertest de cet avis: il lui semble qu’on n’aurait pas copié, d’une façon si coûteuse, un ancien texte biblique à peuprès hors d’usage, après l’adoption générale de la Vulgatc.De plus la formule: Incipit Exodus. Lege cumpoice (folio 24 v°), ne lui paraît pas pouvoir être postérieureau v 8 siècle. — Pour des raisons philologiques, G. Paris inclinait à penser que la version avait été faitedans le midi de la France, peut-être à Lyon même.M. Robert croit au contraire, en s’appuyant principalementsur le vocabulaire, qu’elle est d’origine africaine.Peut-être cependant sa base d’observation n’est-elle pasassez étendue. — On se rendra compte de l’importancedu nouveau texte si l’on songe qu’avant la découvertedu manuscrit de Verna, le Deutéronome, à partir dexi, 4, n’était représenté dans les versions préhiéronymiennesque par le cantique de Moïse, Xxxii, publiépar Sabatier, par Deut., xxiii, 42-53; 55-58; xxxi, 11-26du Codex Wirceburgensis (Ranke, Antiquissi-ma Vet.Test, versionis latinm fragmenta, Vienne, 1871) et parDeut., xxii, 7-xxin, 4; xxviii, 1-31, xxx, 16-xxxii, 29 duCodex Monacencis (Ziegler, Bruchstûcke einer vorhieronymianischenUebersetzung des Pentateuch, Munich, 1883). Voici la conclusion de M. Ulysse Robert, Pentateuchi, etc., 1881, p. cxu-cxlii: «Le codex Lugdunensisa été de bonne heure, vers le vu» siècle, l’objetde revisions ou de corrections qui ont eu pour but dele ramener à la Vulgate. La traduction est à peu prèssûrement d’origine africaine et semble remonter à ladernière moitié du iue siècle et être antérieure à la findu rv>. Elle a été faite sur une version grecque quidiŒre. assez de celles du Codex Vaticanus et du CodexAlexandrinus. Elle n’est pas la version nommée parsaint Augustin ltala. Elle a dû être connue de quelques-uns des premiers Pères et de plusieurs écrivain» chrétiens. Malgré les nombreuses fautes qu’elle présente, elle n’en a pas moins un grand intérêt, parce qu’ellecomble une importante lacune dans la série des Livressaintsde l’Église primitive.» Dans son étude sur la troisièmepartie (manuscrit de Verna), M. Robert comparele texte du Lugdunensis avec les 66 manuscrits employéspar Holmes et Parsons. Le résultat est que les manuscritsles plus rapprochés du Lugdunensis sont ceux quidans la nomenclature critique portent les numéros 74, .54, 106, 134; les trois premiers sont du xrv» siècle, ledernier du xe ou du XIe. Swete pense, mais avec unpoint d’interrogation, que les n M 74, 106, 134 appartiennentà la recension d’Hésychius.

4° Éditions. — La partie qui n’a jamais quitté Lyon, comprenant: Gen., xvi, 9-xvii, 18; xix, 5-29; xxvi, 33xxxiii, 15; xxxvii, 7-xxxviii, 22; xlii, 36-l, 26; Ex., i, 1-vn, 19; xxi, 9-36; xxv, 25-xxvi, 13; xxvii, 6-xl, 36; Deut., i, 1-xi, 4, a été éditée, avec une savante préfaceet des photogravures, par M. U. Robert, Pentateuchiversio lalïna antiquissimae codice Lugdunensi, Paris, 1881. — La partie volée par Libri, renfermant l’ensembledu Lévitique et des Nombres, moins Lev., xviii, 30-xxv, 16, avait été précédemment publiée par les soins delord Ashburnham, mais ne fut pas mise dans le commerce iLibrorum Levitici et Numerorum versio antiqua ltalae codice perantiquo in bibliotheca Ashburnhamienseconservato nunc primum typis édita, Londres, 1868. VoirRevue critique, 1870, t. ix, p. 341. — Enfin la partieachetée en 1895, contenant le Deutéronome à partir dexi, 4, Josué et les Juges jusqu’à xx, 31, a été éditée, avecune étude sur le texte, par M. Robert: Heptateuchïpartis posterioris versio latina antiquissimae codice-Lugdunensi, Lyon, 1900. F. Prat.

    1. LUITH##

LUITH (hébreu: hal-Lûhi{; Septante: Aoveiï, ’AXtM) flocalité du pays de Moab. Isaïe, xv, 5, et Jérémie, xlviii, 5, dans leurs prophéties contre Moab, disent en terniessemblables que l’habitant de ce pays montera en pleurant «la montée de Luith». D’après Eusèbe et saintJérôme, Onomast., édit.Parthey et Larsow, 1862, p. 266, 267, le village de Luith, qui existait encore de leurtemps, sous le nom de Lueitha ou Luitha, était situéentre Aréopolis et Zoar. Aréopolis est l’Ar-Moab del’Écriture. Voir t. i, col. 814. F. de Saulcy, Voyageautour de la mer Morte, t. i, p. 310, 317; t. ii, p. 42(cf. F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, 1896, p. 272), croit que la montée de Luith peut être identifiéeavec la route qui, des environs de Zoar, sur la riveorientale de la mer Morte, conduit aux hauts plateauxde Moab par l’ouadi Bené I}ammad, au nord de l’ouadiKérak; il y eut là une voie romaine. Voici comments’exprime de Saulcy: «Une localité des plus importantesà déterminer, c’est celle de Louéïth. Elle étaitsur la route d’Aréopolis à Zoar du temps d’Eusèbe.L’Écriture la place sur une montée; donc Loueïth, placéesur la voie fréquentée d’Aréopolis à Zoar, voie qui passait, à n’en pas douter, par l’ouad-ebni-Hammîd, devait.se rencontrer de toute nécessité dans l’ouad qui, de larive moabitique, montait à la plaine d’Aréopolis. Or, ladernière niontée qui donne accès à «e haut plateaugravit, & travers des ruines énormes, un Djébel-Nouehiaou Nouehid; ces ruines portent le même nom deNouehin ou Nouehid; les lettres L et N, dans la bouchedes Arabes de cette contrée, permutent avec une extrêmefacilité: je n’hésite donc pas un seul instant à voir dansles ruines et la montagne de Nouehid les ruines et lamontée de Loueïth.» Voyage autour de la mer Morte, t. ii, p. 42-43. «Cette ville ruinée, ajoute le même auteur, Dictionnaire topographique de la Terre-Sainte, in-8°, Paris, 1877, p. 210, est à deux heures de marcheau nord d’er-Rabbah.» M. Conder, Palestine, in-12, Londres, 1889, p. 258, identifie la montée de Luith avec Tal’at

eUHeith, ou, comme il l’écrit dans The Survey of westernPalestine, t. i, 1889, p. 228, Talât Heisah ou elHeithah, vallée dont un sentier conduit au côté méridional dumont Nébo, mais il reconnaît lui-même que son identificationne repose que sur une altération possible del’hébreu Lûhît. — On croit avoir trouvé ce nom dans uneinscription nabatéenne découverte dans le pays de Moabet conservée maintenant au Musée du Vatican. Corpusinscript, semit., part. II, 1. i, fasc. H, n» 196, p. 219. Ct.Clermont-Ganneau, Notes nabatéennes, dans le Journalasiatique, mai-juin 1891, p. 537-538. Le P. Lagrange, qui a publié le premier l’inscription, Une inscriptionnabatéenne, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, 1890, p. 290-291, avait lu Behitu, au lieu de Se-Lukeitu.

    1. LUMIÈRE##

LUMIÈRE (hébreu: ’ôr, ’ôrâh, mâ’ôr, nehdrdh, nîr; Septante: f ûç, çoma-jui; ; Vulgate: lumen, lux), vibrationd’un milieu très subtil, appelé éther, et dont l’effet leplus important est de rendre les corps visibles.

I. La lumière physique. — 1° Dieu est le créateur dela lumière. Gen., i, 3-5; Eccli., xxiv, 6; Is., xlv, 7; Jer, , xxxi, 35; Bar., iii, 33, 34; II Cor., iv, 6. C’est pourquoila lumière est invitée à le louer, comme toutes les autrescréatures. Ps. Cxlviii, 3; Dan., iii, 72. Dieu a séparé lalumière d’avec les ténèbres. Gen., i, 4; Job, xxvi, 10; Eccle., ii, 13; II Cor., vi, 14. — 2° Certains corps ont lepouvoir de répandre de la lumière; tels sont, dans lefirmament, les astres, le soleil, la lune et les étoiles, Gen., i, 14-18; Is., xiii, 10; Ezech., xxxii, 7; Sap., x, 17; Matth., xxiv, 29, et, sur la terre, le feu des foyers, Sap., xvii, 5; II Mach., i, 32; Luc, xxii, 56, des incendies, II Mach., xii, 9, ou des flambeaux. II Mach., iv, 22; Luc, viii, 16; xi, 33; Act., xvi, 29; Apoc, xviii, 23.Mais Dieu s’est réservé le secret de la production et dela distribution de la lumière. Job, xxxviii, 19, 24. —3° Il fait lever sa lumière sur tous. Job, xxv, 3; Matth., v, 45. Quand celle-ci paraît, la terre devient comme l’argilequi reçoit une empreinte, c’est-à-dire que tous les objets, auparavant ensevelis dans l’ombre, se montrent avecleur relief naturel. Job, xxxviii, 13 (hébreu). La lumièreéclairait les Hébreux pendant que les Égyptiens étaientdans les ténèbres. Exod., x, 23. La lumière est douceaux yeux de l’homme. Eccle., xi, 7. C’est grâce à ellequ’il peut diriger sûrement ses pas sur la terre. Joa., xi, 9, 10. — 4° C’est l’apparition de la lumière qui constituele jour. Gen., i, 14; Job, iii, 4, 9; Tob., v, 12; xi, 8; xii, 3; Sap., xvii, 19; xviii, 1, 4, etc. De là les expressions «avant la lumière», Judith, xii, 5; Ps. cxxvii(cxxvi), 2; I Mach., vi, 33; xi, 67; Luc, xxiv, 22; «dèsla lumière, i> Ps. lxiii(lxii), 2; «la lumière du matin,» Jud., vi, 31; I Reg., xxv, 34; Il Reg., xxiii, 4; Sap., vi, 15: xvi, 28; Mich., ii, 1; Act., xxvii, 33; «jusqu’à lalumière,» Act., XX, 11, pour désigner différents momentsdu jour ou de la nuit. Cette lumière est particulièrementbrillante dans les jours d’été. Is., xviii, 4; cf. Eccli., xxxiii, 7.-5° «Voir la lumière,» c’est naître à la viede ce monde, ou, comme nous disons en français, voir le iour. Job, iii, 16; Bar., iii, 20. «Donner la lumière,» c’est faire naître. Job, iii, 20. La lumière estappelée «lumière des vivants», parce qu’elle éclaire leshommes qui vivent sur la terre. Job, xxxiii, 30; Ps. lvi(lv), 13. Quand cette lumière disparaît, c’est la mort.Eccli., xxii, 10; cf. Eccle., xii, 2. — 6° Par métonymie, la lumière des yeux est la faculté qu’ont les yeux de percevoirla lumière. Ps. xxxviii (xxxvii), 11; Tob., x, 4; XIV, 3. Elle réjouit l’âme, Prov., xv, 30, et sert àl’homme pour se guider. Matth. vi, 23. — 7° Unelumière miraculeuse éclaire saint Pierre dans sa prisonde Jérusalem, Act., xii, 7, et saint Paul sur le cheminde Damas. Act., ix, 3; xxii, 6, 9, 11; xxvi, 13.

II. La lumière dans le sens métaphorique. — 1° Lalumière est très souvent prise comme symbole de laprospérité. Esth., viii, 16; x, 6; xi, 11; Job, xxii, 28;

xxxm, 28; Bar., iii, 14. Cette lumière est assurée au juste.Ps. xcvii (xcvi), 11; Prov., iv, 18; xiii, 9. Elle brillerapour Israël au jour de sa restauration, Is., Lvni, 8, etira en croissant. Is., xxx, 26, Souvent cependant ce sontles ténèbres de l’épreuve qui empêchent de luire la lumièrede la prospérité. Job, xvii, 12; xxx, 26; Is., Llx, 9; Jer., xiii, 16; Lam., iii, 2. Cette lumière s’éteint pourle méchant. Job, xviii, 5, 6, 18; xxxviii, 15; Jer., iv, 23; xxv, 10. Elle disparaît au jour des vengeances divines.Am., v, 18, 20; Zach., xiv, 6, 7. — 2° Elle est aussi lesymbole de la gloire. Tob., xiii, 13. — 3° Enfin la lumière, par conséquent la beauté, l’éclat, caractérise lesœuvres de bien. La Sainte Écriture compare donc à lalumière la sagesse, Sap., vi, 23, 24; vii, 10; Eccli., xxiv, 37; la justice, Ps. xxxvii (xxxvi), 6; Sap., v, 6; Eccli., xxxii, 20; la charité. Is., lviii, 10; I Joa., ii, 9, 10, etc.

— 4° Mettre une chose à la lumière, c’est la faire connaître, la révéler publiquement. Job, xii, 22, 25; xxviii, 11; Matth., x, 27; Luc, xii, 3; cf. Ephes., v, 13. CommeDieu connaît tout, les ténèbres sont lumière à ses yeux.Ps. cxxxix (cxxxviii), 12; Dan., ii, 22. — 5° Saint Jean-Baptistea été un flambeau de lumière, par sa prédicationet ses vertus. Joa., v, 35. Satan, pour tromper leshommes, sait se transformer en ange de lumière, c’est-à-direprendre l’apparence d’un envoyé de Dieu. II Cor., xi, 14.

III. La lumière divine. —1° La lumière physique n’estqu’une image de la lumière surnaturelle qui entoure ladivinité. Dieu est le Dieu de lumière. Eccli., xlvi, 18. Ila tout l’éclat de la lumière la plus vive. Hab., iii, 4. Ilest vêtu de lumière, Ps. civ (cm), 2, et habite une lumièreinaccessible. I Tim., vi, 16. Sa Sagesse est unelumière éclatante. Sap., vii, 26, 29. C’est Dieu qui illuminetout le ciel de sa splendeur. Apoc, xxii, 5. —2° Dieu est le Père des lumières. Jacob., i, 17; I Joa., i, 5.’Il étend sa lumière tout autour de lui, Job, xxxvi, 30, 32, et répand sur ses créatures la lumière de ses miséricordes.Eccli., xxxvi, 1; Bar., v, 9. La lumière de sonvisage désigne sa providence, sa bonté et son assistance.Ps. iv, 7; xxxvi ^xxxv), 10; lxxxix (lxxxvlu), 16. —3° Dieu est la lumière des justes par sa loi. Ps. cxii(cxi), 4; cxix (cxviii), 105; Prov., vi, 23; Sap., vii, 10; xviii, 4; Eccli., xlv, 21; Is., li, 4; Bar., iv, 2. Cette lumièreguide dans le chemin de la vertu. Job, xxix, 3; Eccli., L, 31; Is., H, 5; xlii, 16; l, 10. "Voilà pourquoi lejuste demande à Dieu d’envoyer cette lumière. Ps. xliii(xlh), 3. Les méchants sont ennemis de la lumière. Job, xxiv, 13. «Celui qui fait le mal hait la lumière.» Joa., m, 20. Ils prennent leurs ténèbres pour la lumière. Is., v, 20; Rom., ii, 19. Mais un jour, pour la récompensedes bons et la punition des méchants, le jugement deDieu éclatera comme la lumière. Os., vi, 5; Soph., iii, 5. — 4° Dieu est particulièrement la lumière d’Israël, par la loi qu’il lui a donnée et la protection dont il lecouvre. Is., x, 17; Mich., vii, 8, 9. Cependant, une lumièreplus parfaite est promise à Jérusalem, Is., lx, 1, 3, 19, 20, et à toutes les nations. Is., ix, 2; Matth., iv, 16; Luc, ii, 32; Act., xxvi, 23; Apoc, xxi, 24. Cette lumièresera apportée au monde par le serviteur de Dieu, leMessie, Is., xlii, 6; xlix, 6, et en son nom par lesApôtres. Act., xiii, 47.

IV. Jésus-Christ, lumière du monde. — 1° Jésus-Christest par excellence la lumière des âmes, lumièrequi constitue la vie, brille dans les ténèbres et éclairetout homme venant en ce monde, Joa., i, 4, 5, 7-9; viii, 12; ix, 5, lumière que méconnaissent ceux qui commettentle mal, Joa., iii, 19, 20, mais qui doit guiderceux qui ont la foi et pratiquent la vérité. Joa., iii, 21; xii, 35, 36, 46; I Joa., Il, 8. — 2° Ceux qui marchent àcette lumière arrivent à la vraie vie. Joa., viii, 12; 1 Joa., î, 7. Ceux qui ne la possèdent pas doivent se convertirdes ténèbres à la lumière. Act., xxvi, 18. En participantà cette lumière, Col., i, 12; I Pet., ii, 9, en se servant des armes de la lumière, c’est-à-dire des grâces de la foicontre le mal, Rom., xiii, 12, ils deviennent des fils delumière, Luc, xvi, 8; Joa., xii, 36; Eph., v, 8, 9; I Thes.jv, 5, et sont appelés à être la lumière du monde. Matth., v, 14, 16. H. Lesêthe.

LUMINAIRE ou mode d’éclairage chez les Hébreux.

— Les procédés employés pour éclairer l’intérieur destentes ou des maisons ont dû être d’abord très primitifschez les Hébreux, comme chez les anciens peuples.Le besoin de cet éclairage était, du reste, fort restreint, car, la nuit venue, on ne se retirait guère dans lesmaisons que pour dormir, et la clarté de la lune oudes étoiles, dans un ciel habituellement serein, suffisaitamplement pour guider quelqu’un au dehors. Le premiermode d’éclairage a été le feu du foyer, répandantla lueur dans toute la pièce où il était allumé. "Voir Feu, t. ii, col. 2220-2223. Il y eut ensuite des réchauds permettantde déplacer la matière éclairante; tels étaientles >afj.iroips; de l’époque homérique, ou vases à leudans lesquels on brûlait de la résine ou du bois sec.Odys., xviii, 307, 343; xix, 63. On se servit aussi detorches ett bois résineux, Iliad., xviii, 492; Odys., i, 428; vii, 101; Hésiode, Scut., 275, etc.; de bois ou defibres végétales trempés dans des matières combustibles, comme la graisse, l’huile, la poix, etc. Voir Torche. Ilne semble pas cependant que les Hébreux aient jamaisutilisé la graisse pour s’éclairer, car la graisse était réservéepar la Loi pour être brûlée en l’honneur du Seigneur, même quand il s’agissait d’animaux tués simplementpour l’alimentation, en dehors des sacrifices. Lev., xvii, 6. Voir Graisse, col. 293. Les Hébreux connaissaientbien la cire, dont les Livres Saints ne parlent cependantqu’au point de vue de sa fusibilité. Voir Cire, t. ii, col. 780. On ne peut guère douter qu’ils l’aient utiliséepour l’éclairage, au moins dans les derniers temps, à l’exemple des Grecs et des Romains qui connaissaientle flambeau de cire, xripitov, Plutarque, Moral., Quart, rom., 2, édit. Didot, t. i, p. 325, candela, Pline, H. N., xvi, 70; ce.re.us; Plaute, Cure, I, i, 9; Cicéron, Deoffic., 3, 20, 80, etc. Toutefois, la cire perd si facilement saconsistance dans les climats chauds qu’on n’a dû l’employerqu’exceptionnellement à l’éclairage en Palestine, comme d’ailleurs dans les pays grecs et romains. LesHébreux s’éclairaient surtout à l’huile. Voir Huile, col. 774; Lampe, col. 54. Cet éclairage présentait desinconvénients assez graves: faible clarté, fumée abondante, par suite d’une combustion incomplète, et, partant, mauvaise odeur. Les anciens ne se plaignaient pas deces inconvénients parce que les travaux délicats seÉlisaient à la clarté du jour et non à la lampe, et que, d’autre part, ils n’avaient pas d’éclairage supérieurauquel ils puss*nt comparer celui qui laissait à désirer.

H. Lesêtre.

    1. LUNATIQUE##

LUNATIQUE (grec: (re^victCosiévo; ; , Vulgate: lunaticus), malade atteint d’épilepsie. Chez les anciens, l’épilepsie était considérée comme provenant de l’influencede la lune, êx tîjç <re>.T|VTiç, Élien, Nat. anim., xiv, 27, de Yiracunda Diana, Horace, Ars poet., 454, d’où le sens du verbe <re>Y]vidi£, «être épileptique.» Manéthon, iv, 81. Cf. Daniel, De lunaticis, dans le Thésaurusde Hase et Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 180, 181.L’influence de la lune n’est pour rien dans l’apparitiondes phénomènes épileptiques. — L’épilepsie, qu’on appelleaussi mal caduc, comitial, sacré, haut mal, etc., est une maladie nerveuse provenant de lésions du cerveaupar suite d’excès de toute nature, de frayeur et dequelques autres causes moins fréquentes que les précédentes.Elle est souvent héréditaire, se déclare ordinairementavant l’âge de puberté chez les sujets à tempéramenttrès nerveux et est presqse toujours incurable, à moins qu’elle soit due à des lésions accidentelles, auxquelles la chirurgie peut remédier. Les accès sont


irréçuliers et quelquefois précédés de malaises et de vertiges; mais il arrive aussi que le malade est frappé subitement.Il tombe alors tout d’un coup là où il se trouve; l’œil est fixe et tourné en haut, le visage violacé, labouche tordue et écumante, tout le corps agité de mouvementsconvulsifs. Au bout d’un temps qui va d’uneà cinq minutes, les muscles se détendent, le visage pâlit, la bouche rejette une salive écumeuse ou sanguinolenteet le malade demeure dans un état de stupeur quise prolonge plus ou moins. Dans certains cas, l’épilepsien’est que partielle; elle se borne alors à des vertiges, des absences et des convulsions locales.

1° Saint Matthieu, iv, 21, mentionne des lunatiquesparmi les nombreux malades que Notre-Seigneur guérissaitprès du lac de Tibériade. Cf. Marc, iii, 10; Luc, vi, 18-19. — 2° L’enfant pour lequel les Apôtres ne purentrien et que le Sauveur guérit après sa transfiguration, était un épileptique. Matth., xvii, 14. Souvent, au cours deses accès, il tombait dans le feu ou dans l’eau. D’aprèssaint Luc, ix, 39, c’est un esprit qui le saisit, et alors il crietout d’un coup; l’esprit l’agite, le tord, le fait écumer etne le quitte qu’après l’avoir tout brisé. Saint Marc, ix, 16-21, donne plus de détails sur le cas de l’enfant. Audire du père, l’enfant a un esprit muet qui le saisit etl’agite; alors l’enfant écume, grince des dents et devienttout raide. En présence du Sauveur, l’enfant est saisipar l’esprit, tombe à terre et s’y roule en écumant. Lepère ajoute que pareils accès lui arrivent depuis son enfanceet que souvent l’esprit le jette dans le feu ou dansl’eau. Il y a bien là les symptômes et les phénomènescaractéristiques de l’épilepsie. Il s’y ajoute cependantd’autres effets qui ne dépendent pas du mal lui-même, la surdité, le mutisme qui est habituellement la conséquencenaturelle de la surdité, Matth., xii, 22; Luc, xi, 14, et des chutes multipliées dans le feu ou dansl’eau. Les chutes dans l’eau donnent à supposer quel’enfant habitait les bords du lac et que peut être sonpère était pêcheur, et l’emmenait avec lui en barque.Ces derniers effets sont attribués par le père à l’influenced’un esprit qui cherche à faire périr l’enfant.Marc, ix, 21. On a prétendu souvent que, du temps deNotre-Seigneur, on mettait sur le compte des démonsdes maladies dont on ne connaissait pas la cause et quin’étaient que des névroses aujourd’hui étudiées et classéesau nombre des phénomènes purement naturels. Laremarqueest juste en bon nombre de cas. Ici pourtantil n’est pas permis de l’appliquer complètement.On ne peut admettre que Notre-Seigneur se soit trompéau point de traiter comme démoniaque un simple malade. «Esprit sourd et muet, dit-il, je te le commande, quitte-le et ne rentre jamais en lui.» Marc, ix, 24.Cette adjuration provoque une nouvelle crise qui l’aitcroire à la mort de l’enfant. À prendre les paroles duSauveur à la lettre, il semble que le démon n’est tenupour responsable que de la surdité et du mutismede l’enfant. En ce dernier, l’épilepsie serait naturelle, quoique rendue plus aiguë par la présence du démon.De là, les deux actes successifs accomplis parle Sauveur: l’adjuration, qui chasse le démon sourdet muet, non cependant sans que celui-ci provoqueen partant une nouvelle crise d’épilepsie, et ensuitela guénsôû de cette dernière maladie par le contactdu divin Maître qui relève l’enfant. Les deux actes, sommairement indiqués par saint Matthieu, xvii, 17, etsaint Luc, ix, 43, sont nettement distingués par saintMarc, ix, 24, 26. L’épilepsie da cet enfant a donc pu êtrenaturelle, comme celle des autres lunatiques dont parlesaint Matthieu, iv, 24; mais le démon était entré en luipour le, rendre sourd-muet. Cette dernière infirmité, quin’est pas une conséquence de l’épilepsie, était évidemmenthabituelle chez l’enfant, car personne ne se fûtétonné qu’il ne parlât pas et n’entendit pas pendant sescrises. Le démon agissait certainement en cet enfant.

419

LUNATIQUE — LUNE

420

Notre-Seigneur le suppose formellement, et il avertit*es apôtres que ce démon ne pouvait être chassé quepar la prière et par le jeûne. Matth., xvii, 20; Marc, IX, 28. Saint Luc qui, en sa qualité de médecin, devait savoirdistinguer entre un malade et un possédé, n’hésitepas à signaler ici l’influence du démon. Voir Démoniaque, t. ii, col. 1375-1378. Mais il n’est pas nécessaired’attribuer à cette influence tous les phénomènes quedécrit le récit évangélique. Sans doute, le père admetqu’il en est ainsi: mais Notre-Seigneur restreint cetteinfluence à la surdité et au mutisme. Quant à la phrasequ’ajoute saint Marc, IX, 25, à propos du démon: «Etcriant, et l’agitant avec violence, il sortit de lui,» ellen’indique pas nécessairement une crise épileptique, mais plutôt une simple brutalité du démon, qui aimaitd’ordinaire à signaler ainsi sa retraite forcée. Marc, i,

26; Luc, iv, 35.

H. Lesêtre.

LUNE (hébreu: yârêafy, et trois fois lebânâh, la «blanche», Cant. vi, 10 (Vulgate, 9); Is., xxiv, 23; xxx, 26; Septante: aeXîivi); Vulgate: luna), petite planètesatellite de la terre.

I. L’astre. — 1° Dieu a fait de la lune ham-rn, â’ôrhaq-qâton, tov ç<<><TTÎ)pa tov làaau>, luminare minus, «le petit luminaire,» par

opposition au soleil, «afin

de présider à la nuit.»

Gen., i, 16. Cette présidence n’implique, bien

entendu, pas autre chose

qu’un envoi de lumière

du haut du ciel à la terre.

Les étoiles sont associées

à cette présidence de la

nuit, Ps. cxxxvi (cxxxv),

9, qui ne s’exerce que par

la lumière que projettent

les astres. Jer., xxxi, 35.

Par la durée de sa révolution, qui est de vingtsept jours, sept heures et

quarante-trois minutes, la

lune sert à marquer les

temps. Ps. civ (cm), 19.

Chez les anciens, chez les

Hébreux en particulier,

l’année se divisait en mois

lunaires, ce qui donnait

à la lune une importance

spéciale. Eccli., xliii, 6-8.

Cf. Prov., vii, 20. Voir

Année, t. i, col. 641-642.

La clarté de la lune n’égale

pas celle du soleil. I Cor.,

xv, 41, Aux yeux de Dieu,

la lune même n’est pas

brillante. Job, xxv, 5.

Néanmoins son éclat est

tel, sous le ciel limpide de

l’Orient, que l’Épouse du

Cantique, VI, 9, est proclamée «belle comme la

lune», et qu’on peut dire du pontife Simon, fils d’Onias, qu’il brille comme la pleine lune dans la maison de Dieu.Eccli., l, 6. En la contemplant, le Psalmiste s’étonne quele Créateur, qui a fait les astres, ait eu pour l’homme unregard de prédilection. Ps. viii, 4. Comme le soleil et lesétoiles, la lune est invitée à louer Dieu. Ps. cxlviii, 3; Dan., iii, 62. — 2° Le cours de la lune étant très régulieret recommençant invariablement avec les mêmesphases, «durer autant que la lune,» c’est durer sans fin.Ps. lxxii (lxxi), 5; lxxxix (lxxxvhi), 38. Les phases dela lune font dire que «le sot change comme la lune».

122. — Le dieu Khonsou.

D’après Mariette, Album photographique du Musée de Boulaq, pi. 4.

Eccli., xrvii, 12. Sur la lune arrêtée par Josué, en mêmetemps que le soleil, Jos., x, 12, 13; Hab., iii, 11, voirBéthoron 1, t. i, col. 1703. Sur les fruits des lunes oudes mois, Deut., xxxiii, 14, voir Fruit, t. ii, col. 2411.Sur la lune qui brûle pendant la nuit, Ps. cxxi (cxx), 6, voir Insolation, t. iii, col. 886. — Joël, ii, 10, dit que lalune s’obscurcit au passage des sauterelles, à cause desépais nuages que forment ces insectes. — 3° Dans lesonge de Joseph, le soleil, la lune et les étoiles qui seprosternent devant lui représentent son père, sa mèreet ses frères. Gen., xxxvii, 9, 10. La lune sous les piedsde la femme de l’Apocalypse, xii, 1, marque l’éminentedignité de cette femme. Dans la description de la vieillesseque fait l’Ecclésiaste, xii, 2, le soleil, la lune et lesétoiles désignent les yeux, qui sont les lumières ducorps. — 4° Des modifications de la lumière lunairesont fréquemment indiquées dans la description desgrandes interventions divines. La lune s’éclipsera au jourdu jugement de Babylone, Is., xiii, 10, et de l’Egypte, Ezech., xxxii, 7. Il en sera de même au jour du dernierjugement. Joël, iii, 15; Matth., xxiv, 29; Marc, xm, 24. À la restauration de Jérusalem, la lune seraaussi brillante que le soleil, Is., xxx, 26, et cependantelle rougira, c’est-à-dire perdra de son éclat, si on lacompare à la cité sainte. Is., xxiv, 23. Au jugement dernier, elle sera changée en sang, c’est-à-dire n’aura plusqu’une lumière rougeâtre et sinistre. Joël, ii, 31; Act., il, 20; Apoc, vi, 12. Divers autres phénomènes affecterontla lumière de cet astre. Luc, xxi, 25; Apoc, viii, 12. Dans le ciel, c’est la clarté même de Dieu qui tiendralieu de celle de la lune. Is., lx, 19, 20; Apoc, xxi, 23.

II. Son culte. — 1° Le culte idolâtrique de la lune aété en honneur chez tous les peuples anciens avec lesquelsles Hébreux ont été en rapport. En Egypte, Thothétait un dieu-lune, et Isis une déesse-lune, à laquelleon offrait des pourceaux en sacrifice. Hérodote, ii, 47.Cf. Dbllinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. ii, p. 264, 270; Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 92, 93. Sous la xixe dynastie, le génie Khonsou(fig. 122) fut identifié avec la Lune, et c’est en sonhonneur que Ramsès III commença’à Karnal’un templequ’on mit un siècle à terminer. En Syrie, n Chanaanet en Phénicie, la lune devenait une Astarthé. Voir Astarthé, 1. 1, col. 1184-1186. Les Chaldéens adoraient ledieu Sin, qui était un dieu-lune (fig. 123), et le confondaientmême parfois avec Anou, le dieu-ciel, le princedes dieux. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 654655; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6 6 édit., t. iii, p. 86-87. À Babylone, un des principauxtemples, le Bit-Iz de la Grande-Lumière, était dédié àla lune. Cf. Vigouroux, La Bible, t. iv, p. 163. Elle étaitparticulièrement honorée sous le nom de Naunara à UrKasdim la patrie d’Abraham Voir 1. 1, fig. 323, col. 1161; fig. 265, t. ii, col. 695, la lune figurée sur des cylindreschaldéens. Chez les Perses, le soleil et la lune étaient, avec les douze constellations, les dépositaires de toutesles faveurs divines. Cf. ûôllinger, Paganisme et Judaïsme, t. ii, p. 196. Le dieu-lune s’appelait Mâo (fig. 124), et il formait l’un des deux yeux d’Ormuzd, l’autre étantle soleil. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, 1899, p. 577, 681. En Asie Mineure, la lune était tantôt unedéesse, tantôt un dieu Lunus, le sexe de la déesse variantchez eux comme chez les peuples de l’Orient Cf.Dbllinger, Paganisme et Judaïsme, t. ii, p. 173, 174.duch*esne, Les origines chrétiennes, Paris, 1878-1881, lithogr., p. 44, conjecture que le culte du dieu Lunusn’était pas étranger aux observances de néoménies quesaint Paul reproche aux Colossiens, ii, 16; Enfin, lesGrecs honoraient leur Sélénè^ Odyss., ix, 144; Hésiode, Theogon., 371, etc., et les Romains leur Diane. Ovide, Met., xv, 196, etc. — 2° Pour prémunir les Hébreux

contre de tels exemples, la Loi leur recommandait deveiller à ne pas se laisser séduire par le culte du soleil, de la lune et des étoiles, Deut., iv, 19, particulièrementau pays de Chanaan. Deut., xvii, 3. Dans sa confession, Job, xxxi, 26, déclare que, quand la lune s’avançaitmajestueuse, il ne l’a jamais regardée comme une divinité.— 3° Lorsque l’idolâtrie s’introduisit en Israël, lalune y eut ses adorateurs. Le roi Josias brûla tout cequi avait servi au culte de l’armée des cieux et chassales prêtres établis par ses prédécesseurs pour offrir desparfums à la lune et aux autres astres. IV Reg., xxiii, 4, 5. Dans le même temps, Jérémie, viii, 1, 2, annonçaitqu’on tirerait de leurs tombeaux les os des rois de Judaet de tous ceux qui avaient aimé, servi et adoré le soleil, la lune et l’armée du ciel, et qu’on les laisserait sur le

nicienne, par conséquent une divinité astrolâtrique depersonnification assez variable, et pouvant être successivementou en même temps la lune, représentée parune Astarthé qui porte le croissant sur la tête, voir t. i, col. 1185, fig. 333, et l’Istar assyrienne ou l’étoile appeléeVénus. Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 452. — 4° Dans sa lettre aux captifs de Babylone, Jérémie les met en garde contre le culte desfausses divinités. Il leur rappelle que le soleil, la luneet les autres astres ne sont que des créatures quiobéissent à Dieu, et que les idoles, loin d’être des divinités, ne sont même pas capables d’éclairer comme lalune. Bar., VI, 59, 66. L’auteur de la Sagesse, xiii, 2, reprocheaussi aux gentils d’avoir fait de la lune une divinité.

H. Lesêtre.

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fit

-rï123. — Le dieu Sln, recevant l’hommage de deux adorateurs. D’après Menant, Glyptique orientale, t.’i, pi. 4, n. 2.

sol, comme du fumier devant ces astres. Le même prophèteparle aussi de la «reine du ciel», mélékef hassâmayim, ce que les versions traduisent par <rxpaTiâto-j oôpavoû, «armée du ciel,» Jer., vil, 18, ou par [3affûio-ffatoû oùpavoû, regina cseli, la «reine du ciel».Jer., xliv, 17-19, 25. À cette reine du ciel, les Israélitesoffraient des gâteaux particuliers appelés kavvdn, xa-jwv.Jer., vii, 18; xliv, 19. Voir Gâteau, 10°, t. iii, col. 114,

124. — Le dieu Mao. Monnaie de Kanerkès.PAONANOPAOKA NHPKIKOPANO. Le roi debout, à gauche. —(Ç. MAO. Le dieu Mao ou Lune debout, à gauche, tenant unsceptre.

Les femmes, avec le consentement de leurs maris, luiprésentaient de l’encens et des libations, et elles prétendaientque ces offrandes à la déesse leur assuraientla prospérité. Jer., xliv, 17-19, 25. Apulée, Metani., xi, appelle la lune regina cseli, «reine du ciel,» et Horace, Carm. sœc, 35, siderum regina, ce reine des astres.» D’après Hérodien, V, vi, 10, les Phéniciens lui donnaientle nom d’âo-cpoâpxri, qui a le même sens, et lesÉgyptiens, en accueillant la déesse chananéenne, luigardaient l’appellation de nibit pit, «dame du ciel.» Ci. Prisse d’Avennes, Monuments égyptiens, pi. xxxviiet p. 7. Dans les textes où il parle de la «reine duciel», Jérémie a certainement en vue une Astarthé phéLUSTRATION (Septante: âyvKTu-a, iyvia[16z, p «v-Tto-[io’ç; Vulgate: ablutio, aspersio, lustratio), purificationdes personnes ou des choses au moyen d’unliquide, eau, sang ou huile. Les versions emploient cesdifférents mots pour traduire les expressions mê hattâ’f, «eau de péché,» mê niddâh, «eau d’impureté,» qu’elles rendent par eau «d’aspersion», destinée à purifierde l’impureté physique ou morale. Num., viii, 7; xix, 9, 13, 20; xxxi, 23; Zach., xiii, 1; Heb., xii, 24. Enhébreu, «faire une lustration» ou «une expiation» sedit kippdr, forme pihel qui ne signifie très probablementpas «couvrir», d’après l’arabe kafâr, comme l’ontcru quelques auteurs, mais «essuyer», comme le syriaquekapar, ainsi que l’avait remarqué Raschi. Gen., xxxii, 21. Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 383. Le pihel assyrien ukappar "a le même sens quel’hébreu, et les takpirdti sont les lustrations ou expiationspratiquées sur les personnes ou les choses. Ci.Fr. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. xxii-xxui.

1. Lustrations d’eau. — 1° Procédés employés. — Leslustrations d’eau se faisaient par immersion, ablution ouaspersion. — 1. Par l’immersion, on plongeait complètementdans l’eau la personne ou la chose. L’immersionhébraïque a été l’origine du baptême de Jean-Baptiste, puis du baptême chrétien. Voir Baptême, t. 1.col. 1433. — 2. L’ablution était surtout pratiquée pour levisage, les mains et les pieds. Voir Laver les mains, col. 136; Lavement des pieds, col. 132. — 3. L’aspersionse faisait en projetant le liquide avec un aspersoir d’hysope, attaché à un bâton de cèdre par un ruban écarlate, Lev., xiv, 51, 52; Num., xix, 18; Ps. li (l), 9; Heb., xix, 19. Voir Aspersion, 1. 1, col. 1116-1123.

2° Lustrations consécratoires. — La lustration servaittout d’abord à consacrer à Dieu les personnes ou les ,

choses, en les séparant de toute attache profane. C’estprobablement de cette manière que Moïse, avant demonter sur le Sinaï, sanctifia le peuple, et l’obligeaensuite à laver ses vêtements.- Exod., xix, 14. L’Épitreaux Hébreux, ix, 19, suppose une aspersion d’eau et desang pour la consécration de l’alliance. Exod., xxiv, 8.Il y eut aussi des lustrations pour la consécration desprêtres. Exod., xxix, 4; Lev., viii, 6, et des lévites.Num., viii, 21. Dans le service ordinaire du Tabernacleet du Temple, les prêtres avaient à faire des ablutionsavec l’eau de la mer d’airain. Exod., xxx, 17-21; II Par., iv, 6; Ezech., XL, 38. Le grand-prêtre se préparait ordinairementà l’exercice de ses fonctions par une ablutiontotale. Le jour de la fête de l’Expiation, il avait à selaver cinq fois tout le corps et dix fois les mains et lespieds. Voir Expiation (Fête de l’), t. ii, col. 2137. LesIsraélites prirent plus tard l’habitude de faire des ablutionsavant la prière, l’entrée dans le Temple, la participationaux choses saintes, etc. Ps. xxiv (xxm), 3, 4; xxvi (xxv), 6; I Reg., xvi, 5; Judith, xii, 7, 8; xvi, 22; Marc, vii, 3, 4, etc. Au Temple, on lavait avec soin lesdifférentes parties des victimes, avant de les présentersur l’autel. Lev., i, 9, 13; Exod., xxix, 17.

3° Purifications. — 1. À tous ceux qui avaient contractéquelque impureté légale s’imposaient des lustrationspurificatrices. Voir Impureté légale, t. iii, col. 857-860. On employait alors l’immersion, soit ducorps avec les vêtements, soit de l’un et des autres séparément.Cette immersion pouvait se faire en tout tempset tantôt suffisait seule, tantôt devait être accompagnéed’autres rites. Les kelîm ou objets susceptibles de purificationlustrale étaient au nombre de sept: vêtements, cilices, objets de peau, d’os, de métal, de bois etde terre cuite. On les purifiait par immersion. Lev., vi, 20-21; xi, 25, 28, 40; xiii, 6, 34, 54. 56, 58; xiv, 8, 47; xv, 5-27; xvi, 26, 28; xvii, 15; xxii, 6; Num., viii, 7, 21; xix, 7, 8, 10, 19, 21; xxxi, 24; Ps. li (l), 4, 9. — 2. L’impuretéétait lavée par la lustration, mais l’effet légaln’était produit que le soir du jour où la lustration avaiteu lieu. Lev., xi, 25, 40; xv, 11, 18, 22, 27; Num., xix, 7, 8, 10, 21, 22.

4° Aspersions après le contact d’un mort. — 1. Unegrave impureté résultait de tout contact avec un mortou avec ses restes. L’impureté atteignait tout ce qui setrouvait dans sa maison, personnes et choses. L’aspersionse faisait avec de l’eau à laquelle était mêlée de lacendre de la vache rousse. Voir Vache rousse. Cetteeau était appelée mê niddâh, «eau d’impureté,» c’est-à-direeau destinée à purifier de l’impureté. Num., xix, 9, 13, 20. La cendre de la vache rousse était conservéeen trois endroits: au mont des Oliviers, pour les purificationsdu peuple, dans le Temple, pour les purificationsdes prêtres, et dans un autre endroit, devantle mur de la ville, en souvenir de la combustionde l’animal. On mettait de cette cendre dans un vaseet l’on versait dessus de l’eau vive. Num., xix, 17.Cette eau se puisait ordinairement à la fontaine deSijoé. En dehors de Jérusalem, on devait procéder autrement.Dans la pratique, on se contentait de placersur l’eau une pincée de cendre, en quantité suffisantepaur qu’on pût l’apercevoir à la surface. Cf. Josèphe, Ant. jud., IV, iv, 6. — 2. L’impureté contractée aucontact d’un mort durait sept jours. L’aspersion avecl’eau lustrale se faisait le troisième et le septième jour.Tout Israélite, même s’il n’était ni prêtre, ni lévite, pouvaitla faire, pourvu qu’il fût pur. Comme ce genred’impureté se contractait partout où quelqu’un mourait, il était indispensable qu’on pût en être purifié mêmedans les bourgades où ne se trouvait aucun prêtre.L’homme atteint d’impureté se lavait’et lavait ses vêtementsaprès la seconde aspersion, et il redevenait purle soir du septième jour. Num., xix, 2-22. Le traitéPara, dans la Mischna, explique ce qui se rapporte à la

vache rousse et à l’eau lustrale. — 3. Ceux qui avaientpris part à une bataille, tué des ennemis on touchédes morts, devaient subir la lustration, eux, leursprisonniers et tout le butin. L’obligation était sistricte que celui qui s’y dérobait méritait d’être retranchéd’Israël. Num., xix, 13, 20; xxxi, 19, 23. Cf. Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 114, 115. Quelquesauteurs ont pensé que saint Paul fait allusion à la lustrationpratiquée après le contact d’un mort, quand ilparle de ceux qui se font baptiser pour les niorts, ùicèptwv vexpûv, pro mortuis. I Cor., xv, 29. Il est certainque la préposition ûitèp ne signifie pas seulement «pour, en faveur de», mais aussi «à cause de, au sujet de».Cf. Bailly-Egger, Dictionnaire grec-français, Paris, 1895, p. 1998. À prendre ces mots isolément, on pourrait croireen effet qu’il s’agit des lustrations que les vivants fontà cause des morts. Mais le contexte montre que le baptêmeen question était reçu pour lès morts, comme pouvantleur servir parce qu’ils doivent ressusciter. Voir Baptêmedes morts, t. 1, col. 1441; cf. Dict. de théologie catholique, t. H, col. 361. La lustration avec l’eau et la cendrede la vache rousse fut pratiquée jusque dans les derniers temps, puisque le traité Para, iii, 5, relate lacombustion de vaches rousses sous les grands-prêtresAnanel, nommé par Hérode, Ismaël, fils de Phabi, nommé par Valérius Gratus, et Élionaios, fils de Kanthéra, nommé par Agrippa. Cf. Schùrer, Geschichte desjûdischen Volkes, Leipzig, t. ii, 1898, p. 218. Comme lasouillure par contact des morts devait se produirefréquemment, et jusque dans les moindres bourgades, il fallait pouvoir se procurer soit la cendre nécessaire, soit de l’eau déjà préparée. Il’y avait, en tout cas, delongues formalités imposées par cette lustration. C’estune des raisons pour lesquelles Notre-Seigneur répondà celui qui veut le suivre, mais demande d’abord à ensevelirson père: «Laisse les morts ensevelir leursmorts.» Luc, ix, 60; Matth., vin 22.

5° Les pratiques juives. — 1. Les docteurs juifsavaient réglé par le détail tout ce qui se rapportait auxlustrations. Ils déterminaient ainsi les espèces d’eauxqui pouvaient servir. L’eau des étangs et des fosses, desciternes ou des cavernes, les eaux de montagne mêmeau repos, celles qu’on avait recueillies au moins en volumede quarante se’âh, soit 520 litres, pourvu qu’ellesne fussent pas devenues impures, étaient propres à lapréparation du levain et au lavement des mains. Leseauxcourantes de montagne servaient au même usage.Les eaux rassemblées en volume d’au moins quarantese’âh convenaient pour les bains de purification et pourle lavage des ustensiles. Il n’en fallait pas moins mêmepour la purification d’une aiguille. Une source de faibledébit avait la même valeur, soit pour les bains soit pourla purification des ustensiles. L’eau courante, bien queminérale ou thermale, purifiait également. X’eau purede source était exigée pour purifier ceux qui avaient étéatteints de flux ou de lèpre, et pour la préparation del’eau lustrale avec la cendre de la vache rousse. Lesdocteursajoutaient beaucoup d’autres prescriptions minutieusespour l’usage de ces différentes eaux. Le traitéMikvaoth (Lavacra) de la Mischna roule tout entier surcesujet. On voit que les six auges de pierre de Cana, quicontenaient chacune deux ou trois métrètes, soit de 77 à146 litres, fournissaient, au moins dans leur ensemble, la quantité d’eau suffisante pour les purifications traditionnelles.Joa., ii, 6. Comme cette réglementation n’émanaitque des docteurs et qu’il n’était pas toujours possiblede satisfaire à leurs exigences, il arrivait bien souventque, pour le lavement des mains en particulier, onse contentait d’une très faible quantité d’eau. Voir Laver-(Se) les mains, col. 136. — 2.< Les prêtres et leslévitesdevaient toujours prendre un bain rituel avant d&commencer leur service quotidien dans le Temple. Cf-Yoma, m, 3; Tamid, i, 1, 2; Middoth, i, 9; Testant., xii, -425

LUSTRATION

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Palriarch. Levi, 9. Ils avaient de plus à se laver lesmains et les pieds avec l’eau de la mer d’airain. Exod., xxx, 17-21; xl, 30-32; Tamid, i, 4; ii, 1; Philon, VitaMosis, iii, 15. — 3. Les Esséniens prenaient des bainsd’eau troide avant chaque repas, quand ils avaient communiquéavec un étranger et en d’autres circonstancesencore. Josèphe, Bell, jud., II, viii, 5, 9, 10. Les pharisiensles imitaient en cela d’aussi près que possible.Matth., xv, 2; Marc, vii, 3, 4; Luc, xi, 38; Chagiga, ii, 5; Yoma, iii, 2. — 4. Aux prosélytes, on imposait avecla circoncision et un sacrifice, un bain rituel appelé tebîlâh, destiné à les constituer en état de pureté légale.Cf. Kerithoth, 81 a; Jebamoth, 46 a; Pesachim, viii, 8.6° Les pratiques étrangères. — 1. Les lustrationsd’eau ont été en usage chez la plupart des peuples anciens.Elles se pratiquaient spécialement à l’occasion desactes qui se rapportent à la naissance ou à la mort.Hérodote, i, 198; ii, 37, les signale chez les Babyloniens, les Arabes et les Égyptiens. Les anciens textes montrentquelle place les ablutions d’eau lustrale et les purificationspar l’eau occupaient dans le rituel des Babylonienset des Assyriens. Cf. Martin, Textes religieux assyrienset babyloniens, p. xxm-xxv. Cbez les Égyptiens, l’obligationdes purifications préparatoires était si strictepour le prêtre avant toute fonction liturgique, qu’il entirait son nom de ouîbou, «le lavé.» Cf. Maspero, Histoireancienne, t. i, p. 123; Porphyre, De abstin., iv, 7.

— 2. Chez les Grecs, on n’entrait pas dans les templessans s’asperger d’eau, soit avec la main, soit avec unebranche de laurier. Cette eau était disposée dans desvases placés près de la porte, et on la sanctifiait en yplongeant un tison pris sur l’autel. Cf. Pollux, i, 8; Hippocrate, Morb. sacr., 2, etc. À la porte des maisonsrenfermant un cadavre, on plaçait également des vasespleins d’eau pour s’asperger. Cf. Euripide, À Icest., 98-102; Pollux, viii, 7. Le contact d’un mort nécessitait une purificationcomplète. Cf. Euripide, Jphig. Taur., 380.Après la mort d’Alexandre, Perdiccas crut devoir soumettretoute l’armée à une lustration. Justin, xiii, 4. Cf.Diogène Lærce, i, 110; Pausanias, II, xx, 1; Odyss., IV, 756; Thucydide, Bell. Pelopon., iii, 104; etc. — 3. Chezles Romains, les lustrations s’imposaient également àl’occasion des rapports conjugaux, cf. Cicéron, Pro Cal., 14; Perse, Sat., xi, 15; Suétone, À ug., 94, 4; de la naissance, cf. Térence, Andr., III, ii, 1, etc. Le huitièmejour après sa naissance, pour les filles, et le neuvième, pour les garçons, était le dies Ivstricus, «jour lustral,» où l’on purifiait l’enfant. Cf. Suétone, Ner., 6; Macrobe, Saturn., 1, 16; Arnobe, iii, 202, etc. On faisait d’autreslustrations après la mort et l’on purifiait les maisonsaprès l’enlèvement du cadavre. Cf. Bâhr, Symbolik desmosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 468-471.On faisait des aspersions d’eau dans les maisons, lestemples, les villes entières, on les pratiquait dans lesjeux publics, et l’on s’imaginait par là se purifier desparjures, des homicides et de tous les crimes. Ovide, Fast., ii, 45; v, 673-690; Tertullien, De baptismo, 5, t. i, col. 1204-1205.

II. Lustrations de sang. — 1° Les aspersions rituelles.

— 1. Avant la promulgation de la loi mosaïque, deuxaspersions de sang sont déjà mentionnées. Après l’immolationde l’agneau pascal, en Egypte, les Hébreux doiventmettre de son sang sur le linteau et les poteaux deleurs portes, afin d’être épargnés par la dixième plaie.Ils avaient à se servir pour cela d’un bouquet d’hysope..Exod., xii, 7, 13, 22, 23. Chez les Babyloniens, dansune cérémonie pour le salut du roi, le magicien immolaitun agneau, puis oignait avec son sang les linteauxet les montants de la porte du palais. Cf. Martin, Textesreligieux assyriens et babyloniens, p. xvii, 256. C’était làprobablement un ancien rite chaldéen, que Moïse ne fitque reproduire en Egypte. Le sang de la victime avait pourbut d’interdire la porte à toute cause de mal. Au désert,

avant de remonter sur le Sinaï, Moïse fit immoler destaureaux par des jeunes gens, et avec une partie dusang, il aspergea le peuple en disant: «Voici le sangde l’alliance que Jéhovah a faite avec vous sur toutesces choses.» Exod., xxiv, 6-8; Heb., iS, 18-21. Cetteaspersion fut faite avec un bouquet d’hysope que liaitde la laine écarlate. Heb., ix, 19. — 2. Dans la cérémoniede la consécration d’Aaron et de ses fils, Moïsedut prendre avec son doigt du sang provenant du taureauimmolé, et en mettre sur les cornes de l’autel; puis, avec le sang du bélier, marquer le lobe de l’oreilledroite, le pouce droit et l’orteil droit d’Aaron et de sesfils; enfin, prendre du sang sur l’autel avec de l’builed’onction, et en asperger les nouveaux prêtres et leursvêtements. Exod., xxix, 12, 20, 21; Lev., viii, 15, 23, 24, 30. — 3. Le sacrifice expiatoire comportait plusieurslustrations de sang. Le prêtre prenait du sang du taureauimmolé, entrait dans le Tabernacle et, avec son.doigt, faisait sept aspersions devant le voile du Saintdes saints; puis il mettait du sang sur les cornes del’autel des parfums, et d’autres fois, sur les cornes del’autel des holocaustes. Lev., iv, 5-7, 17, 18, 25, 30, 34; îx, 9. Les Hébreux regardaient cette lustration desang et la libation de sang qui suivait comme essentiellesau sacrifice expiatoire. Voir Libation, col. 234.Tant qu’elles n’étaient point faites, le péché ne pouvaitêtre remis, Heb., rx, 22, et ni les prêtres, ni les assistantsn’avaient aucun droit sur les victimes. Cf. Gem.Zebachim, 26, 2; Nazir, vi, 9; Siphra, fol. 210, 1. Pourempêcher le sang de se coaguler dans le vase qui lecontenait, on l’agitait avec un bâton. Le prêtre montaità l’autel et commençait la lustration par le coin dusud-est et la terminait à l’angle du sud-ouest. Il trempaitl’index droit dans le sang et, le pressant avec l’ongledu pouce, il faisait couler le sang sur la corne del’autel. Cf. Gem. Zebachim, 53, 1. Il essuyait ensuiteson doigt sur le bord du vase et le trempait à nouveaupour la lustration suivante, et ainsi de suite. Lesang qui restait après la quatrième lustration était verséà la base de l’autel, pour s’écouler dans le Cédron.Cf. Meila, iii, 2; Josèphe, Ant. jud., III, ix, 3; Reland, Antiquitates sacrm, p. 160, 161; Iken, Àntiquitateshebraicse, Brème, 1714, p. 176-178. Dans le sacrificepour le délit, si l’on ne pouvait offrir que des oiseaux, on se contentait d’asperger un côté de l’autel avec lesang de la victime. Lev., v, 9. — 4. À la fête de l’Expiation, le grand-prêtre faisait sept aspersions avec le sangdu taureau devant le propitiatoire, sept autres avec lesang du bouc devant le propiatoire et sur le propiatoiremême. Puis, avec le sang des deux victimes, il faisait lalustration des quatre cornes de l’autel et aspergeaitl’autel même. Lev., xvi, 14, 15, 18. C’était une lustrationsolennelle qai ne se faisait qu’une fois l’an. Exod., xxx, 10; Heb., îx, 7. — 5. Pour la purification des lépreux, il fallait aussi des lustrations de sang. Tout d’abord, leprêtre égorgeait un oiseau, trempait dans son sang unaspersoir fait d’hysope lié au bois de cèdre par unruban écarlate, et aspergeait sept fois le lépreux guéri.Puis, avec le sang de l’agneau du sacrifice, if lui marquaitle lobe de l’oreille droite, le pouce droit et l’orteildroit. Lev., xvi, 6, 14, 17, 35, 38. Pour la purificationd’une maison dont les murs étaient atteints de la lèpre, voir coI. 186, le prêtre faisait avec le sang de l’oiseauimmolé sept aspersions semblables à celles qui étaientprescrites pour le lépreux lui-même. Lev., xiv, 51, 52— 6. Enfin, quand on avait immolé la vache rousse, leprêtre devait encore faire devant le Tabernacle septaspersions avec son doigt trempé dans le sang de l’animal.Num, , XIX, 4. — 7. Il est dit, Heb., IX, 21, queMoïse aspergea de sang le Tabernacle et ses ustensiles.Cette aspersion n’est pas mentionnée dans le Pentateuque.Le souvenir en avait été conservé par la tradition.2° Lustrations païennes. — Chez les Grecs, le sang &

des victimes servait surtout aux libations. Cependant, pour certaines purifications, on arrosait la main avec lesang d’un porc sacrifié. Cf. Athénée, vi, 78. À Athènes, avant l’assemblée du peuple, on aspergeait avec le sangd’un porc les bancs sur lesquels les citoyens devaients’asseoir. Cf. Dôllinger, Paganisme et judaïsme, Bruxelles, 1858, trad. J. de P., t. i, p. 305. À Rome, onaspergeait du sang des victimes les personnes et leschoses. Sous l’empire, les tauroboles et les crioboles devinrentà la mode. Celui qui voulait se purifier se plaçaitdans une fosse recouverte d’un plancher percé de trous, sur lequel on immolait un bœuf ou un bélier en l’honneurde Cybèle, la mère des dieux. Le sang tout chaudinondait le personnage, le purifiait pour vingt ans et luiconciliait la faveur divine. D’autres fois, on recourait àcette aspersion sanglante pour assurer le bonheur d’autrui, particulièrement de l’empereur. Cf. Dôllinger, Paganisme et judaïsme, t. iii, p. 248-251.

3° Le sang de Jésus-Christ. — Les Apôtres comparentl’effusion du sang de Jésus-Christ aux lustrationsde l’ancienne loi. C’est par ce sang que nous avons étépurifiés et sanctifiés. Rom., iii, 25; v, 9; Eph., i, 7; Col., 1, 14, 20; I Joa., i, 7; Apoc., i, 5; v, 9. Par la grâce del’Esprit-Saint et l’obéissance personnelle, on participeà l’aspersion de ce sang. I Pet., i, 2. Le grand-prêtreentrait chaque année dans le sanctuaire avec le sang desboucs et des taureaux; Jésus-Christ est entré une foispour toutes dans le sanctuaire nouveau avec son propresang, infiniment supérieur en efficacité au sang des anciennesvictimes et à la cendre de la vache rousse. C’estavec son sang qu’il a scellé la nouvelle alliance, bienmieux que Moïse n’avait scellé l’ancienne, en aspergeantle livre et le peuple avec le sang des victimes animales.Heb., ix, 11-25.

III. Lustrations d’huile. — Elles ont été peu fréquentes.Il n’est question d’aspersion d’huile que pourla dédicace-de l’autel des holocaustes, Lev., viii, 10, 11, et pour la purification du lépreux. Lev., xiv, 15, 16, 26, £7. À la consécration d’Aaron et de ses fils, Moïse fit sureux des aspersions avec un mélange d’huile et de sang.Exod., xxix, 21; Lev., viii, 30. On arrosait aussi avec del’huile les offrandes de farine ou de gâteaux. Lev, , ii, 4, 5, 7; vi, 15, 21; Num., vi, 15; vii, 13-79, etc. Voir Huile, t. iii, col. 775. Sur l’emploi de l’huile pour le sacre desrois, voir Onction.

IV. Symbolisme des lustrations. — 1° L’eau. — Lesymbolisme de l’eau ressort de sa nature même. L’eaupurifie les corps, d’autant plus efficacement qu’ellemême n’est pas corrompue. Voilà pourquoi on exigeaitordinairement de l’eau vive, qui n’eût encore été souilléepar aucun contact, Num., xix, 17, ou de l’eau en grandequantité. Les ablutions étaient d’autant plus répétéesqu’on tenait à obtenir une pureté plus grande. Les lustrationsd’eau symbolisaient donc la pureté intérieureréclamée pour le service de Dieu. Le Seigneur daignamême parfois se servir du symbole extérieur pour produirel’effet qu’il figurait, comme dans la guérison deNaaman, à la suite de sept bains dans le Jourdain, IV Reg., v, 10, 14, et dans le baptême chrétien. La valeurde ce symbole est indiquée par l’Église qui, dansla bénédiction solennelle des fonts le samedi saint, demandeque ces eaux pures, «outre la purification naturellequ’elles peuvent procurer en lavant les corps, soient également efficaces pour purifier les âmes.»

2° Le sang. — 1. D’après la Sainte Écriture, le sang estle néfès, la vie même. Lev., xvii, 10, 14; Deut., xii, 23.Cf. Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 238-243. Le sang, principe ou conditionessentielle de vie corporelle, symbolise par là même lavie morale et spirituelle rendue à celui qui a péché, par l’immolation de la victime qui lui a été substituée etpar l’application de son sang. Cette application par lalustration était réputée nécessaire pour la rémission du

péché. Le sang mis à l’oreille et aux doigts de la main etdu pied d’Aaron et de ses fils marque l’introduction eneux d’une vie nouvelle. Car il faut que le prêtre soitdisposé à entendre la loi de Dieu, à mettre la main àson exécution, à marcher selon ses prescriptions. Cf.Saint Cyrille d’Alexandrie, De adorât., xi, t. lxviii, col. 760. Le même rite était pratiqué pour le lépreuxguéri, afin de signifier le droit qu’on lui rendait de converseravec ses semblables et de renouer ses rapportsavec eux. L’aspersion du peuple par Moïse, pour la confirmationde l’alliance, Exod., xxiv, 8, appliquait aupeuple le sang de la victime et lui donnait part à la nouvellevie religieuse. Les différents objets du sanctuaireayant pour but de manifester la présence de Dieu, et lescornes de l’autel représentant ses perfections, voir Corne, t. ii, col. 1010, quand on faisait des lustrations de sangsur les cornes de l’autel, devant le Saint des saints ousur le propitiatoire, on renouait ou on resserrait la viereligieuse d’Israël avec son Dieu, après qu’elle avait étécompromise par le péché. — Quelquefois on mêlaitl’eau avec le sang, Heb., îx, 19, peut-être pour empêcherce dernier de se coaguler. Les deux symbolismes s’unissaientalors. «L’eau a dans les purifications le mêmerôle que le sang dans les sacrifices; ils représententl’expulsion du principe de péché, celle-ci du corps del’homme, et celui-là de son âme vivante». Bâhr, Symbolik, t. ii, p. 465. C’est pourquoi il est dit de Jésus-Chrit, qui a changé en réalité le symbolisme de l’Ancien Testament, qu’il est venu «par l’eau et le sang». I Joa., v, 6.3° L’huile. — 1. Elle symbolise l’esprit de Dieu. Cf.

I Reg., x, 1, 6; xvi, 13, 14; ls., lxi, 6; Act., x, 38;

II Cor., i, 21; I Joa., ii, 20, 27. La raison de ce symbolismeest que l’huile est une source de lumière et de vie, représentant ainsi l’Esprit de Dieu, principe de toutelumière et de toute vie. La lumière, c’est pour l’Israélitela loi de Dieu; la vie, c’est la conformité de sa volontéavec cette loi. Ps. xxxvi (xxxv), 10; Prov., vi, 23. Cetteconformité conduit à la sainteté. L’huile de sainteté, Ps. lxxxix (lxxxviii), 21, sert donc à consacrer le prêtrepourle service de l’esprit de sainteté. Ps. li(l), 13; ls., lxiii, 10, 11. Cf. Bâhr, Symbolik, t. ii, p. 171-174.La lustration d’huile signifie pareillement, pour le lépreux, le retour à la lumière et à la vie dans les conditionsnormales. —2. L’huile était mêlée au sang pourlaconsécration des prêtres. Le sang marquait la relationdans laquelle le prêtre allait être avec Dieu, tandis quel’huile indiquait sa consécration, par conséquent la dignitéqui lui était conférée personnellement. Cf. Bâhr, Symbolik, t. H, p. 425.

4° La cendre. — Celle de la vache rousse entrait dansla composition de l’eau lustrale destinée à purifier ducontact des morts. Le mélange de l’eau et de la cendre, , très propre à purifier physiquement certains objets, a: été regardé par les anciens comme un excellent moyende purification.. Cf. Virgile, Eclog., viii, 101; Ovide, Fast., IV, 639, 725, 733, etc. Dans l’Inde, on s’en sertencore pour les purifications religieuses. Cf. Rosenmûller, Dos alte und das neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. H, p. 200. La cendre de la vache rousse n’étaitpas une cendre quelconque; elle provenait d’un animalimmolé pour le péché, Num., xix, 9, 17, et de plus ellesemblait concentrer en elle la vertu purificatrice du feu, puisque l’animal avait été complètement brûlé. Le symbolismede la cendre renforçait donc celui de l’eau. ILfallait qu’il en fût ainsi, parce que la souillure provenantdu contact d’un mort était regardée par les Hébreuxcomme la plus grave de toutes. Cf. Kelim, 1, 4.

5° L’aspersoir. — 1. On se servait ordinairement dudoigt pour les lustrations de sang ou d’huile à faire auxcornes de l’autel, sur les oreilles, les mains et les piedsde certaines personnes. Lev, , iv, 6, 25, 30, 34; viii, 15; ix, 9; xiv, 17, 28, etc. C’est également avec le doigt seulqu’on faisait les aspersions de sang devant le sanctuaire

ou sur le propitiatoire. Lev., iv, 17; xiv, 16, 27; xvi, 14, 10; Num., xix, 4. Il n’y a probablement pas à chercherde symbolisme dans ce procédé. On se servait du doigtcomme de l’instrument le plus approprié pour accomplirle rite. Peut-être faut-il voir dans les aspersionsdu sanctuaire avec le doigt, ordinairement faites par legrand-prêtre, l’indication d’un rapport immédiat, sansintermédiaire instrumental, entre le ministre sacré etla divinité. — 2. L’aspersoir généralement prescrit secomposait d’un morceau de bois de cèdre auquel onattachait une branche d’hysope à l’aide d’un ruban delaine cramoisi. L’hysope est une plante aTomatique.Voir t. iii, col. 796. Dans toute l’antiquité, on lui a attribuéune vertu purificatrice. Ps. li (l), 9. On la mêlaitaux aliments et on l’utilisait comme médicament pourdébarrasser la poitrine des humeurs nuisibles. Cf. Dioscoride, De materia médical., iii, 30; S. Augustin, Inr$. L, 12, t. xxxvi, col. 593. Les prêtres égyptiens, Porphyre, De abstin., iv, 6, et les thérapentes, d’aprèsl’écrit attribué à Philon, cf. Schùrer, Geschichte desjtidischen Volkes, t. iii, p. 535, mettaient de l’hysopedans leur pain, en vue de se purifier. Le cèdre est unarbre dont le bois est odoriférant et incorruptible. Voirt. ii, col. 377; Pline, H. N., xlyi, 73, 79. On employaitl’huile de cèdre pour préserver de la putréfaction, etmême pour conserver les cadavres. Pline, H. N., xvi, 39. Dioscoride, De mat. med., i, 105, l’appelle vsxpoOÇtoTj, «vie du mort,» et il signale la résine du cèdreunie à l’hyssope comme spécifique contre les maladiesde peau, ce qui explique l’emploi du cèdre et de l’hysopedans l’aspersion du lépreux. Lev., xiv, 4. C’estcomme symbole d’incorruptibilité et de purification quele cèdre intervient ici, accentuant ainsi le symbole del’hysope. Chez les Babyloniens, le bârû ou devin devaitavoir en main, dans ses fonctions rituelles, «le cèdrecher aux grands dieux.» Cf. Marlin, Textes religieux

par le cèdre, qui s’élève dans les hauteurs, la foi parl’hysope, qui s’attache humblement au rocher, la charitépar le cramoisi, qui a la couleur du feu. Saint Thomas, Sum. theol., I" II*, q. cil, a. 5, ad 5 um, voit dansle bois de cèdre l’incorruptibilité, dans le cramoisi lafixité de la couleur, dans l’hysope la conservation del’odeur même quand la plante est desséchée, et il appliquele symbole au texte de la Vulgate: Ut sint multi-.tudini filiorum Israël in custodiam, «afin qu’elles (lescendres de la vache rousse) servent à garder la multitudedes enfants d’Israël,» Num., xix, 9, tandis qu’ilfaut traduire l’hébreu: «Afin qu’elles soient à la gardede l’assemblée des enfants d’Israël, pour l’eau de purification.» Quand il s’agil des aspersions devant leTabernacle, saint Thomas, ibid., adopte l’explicationsymbolique de saint Augustin. D’autres croient que lecèdre, l’hysope et le cramoisi représentent l’orgueil, l’humilité et les péchés, III Beg., iv, 33; Is., i, 18; lasublimité du Christ, son abaissem*nt, son sang répandu; le corps, l’âme et l’esprit ramenés à la pureté; l’éloignementde la corruption, la suppression de la mauvaiseodeur (du lépreux), le retour de la couleur dans sachair, etc. Ces explications sont moins satisfaisantesque la première. Elles serrent de moins près la naturedes objets employés et, pour la plupart, considèrent dansle cèdre surtout sa hauteur, alors qu’il n’est question qued’un simple morceau de bois. Il est à remarquer quel’kysope seul est mentionné dans l’aspersion des portesen Egypte, Exod., xii, 22, et dans l’aspersion avec l’eau dela vache rousse, Num., xix, 18, parce que dans ces occasionson ne pouvait aisément se procurer du bois decèdre, et que dès lors le lien en ruban cramoisi devenait

inutile.

H. Lesêtre.

LUTH, instrument à cordes dont on fait dériver lenom de l’arabe i^» U, al-’ûd.— 1° Dans l’Écriture. — Il est

125. — Luths égyptiens. Thèbes, D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. cliv et O.K.

assyriens et babyloniens, p. 233. Le ruban cramoisi estle symbole de la vie dans sa plénitude et sa force. Voirt. H, col. 1070, et Bàhr, Symbolik, t. i, p. 333-338. Il ya donc là un triple symbole, convergeant à l’expressiond’une même idée: le bois de cèdre, marquant l’incorruptibilité, le cramoisi, signifiant la plénitude de la vie, et l’hysope faisant disparaître le principe de corruptionpour conduire à la vie. Cf. Bàhr, Symbolik, t. ii, p. 504, 505. On donné. d’autres explications du triplesymbole. Saint Augustin, Qusest. in Heptat., iv, 33, t. xxxiv, col. 731, dit que l’espérance est représentée

possible que le mot’édût, dans le titre hébreu de3Psaumes lx et lxxx, corresponde à l’arabe-’ûd, et désignele luth. Voir Édut, t. ii, col. 1598. En dehors destitres des Psaumes, qui peuvent être bien postérieurs auxPsaumes eux-mêmes, le luth n’est pas désigné aveccertitude dans la Bible. Toutefois le nom hébreu denébél, dont l’assimilation avec le néfer égyptien est trèsprobable, désigne peut-être le luth. Voir Nébel. Laversion anglaise revisée adopte la traduction Iule dansIsaïe, v, 12 (hébreu nébél) et dans I Mach., iv, 54. Lesanciennes versions arabes rendent kinnôr soit par’ud,

soit par lanbur ou tanbura, qui est un instrument do lamême famille, formé, d’un corps de résonance circulaire, pourvu d’un très long manche et de deux ou troiscordes. On le joue avec les doigts, ou avec un plectred’écaillé, ou une plume d’aigle. Sa vogue et son importancefurent presque égales à celles du luth. L’un etl’autre instrument sont figurés sur les monuments égyptiens(fig. 125 et 126), plus rarement en Assyrie (fig. 127).

developements of the arabic music, Leyde, 1883, p. 157; Kiesewetter, Die Musik der Araber nach Originalquellen, Leipzig, 1842. C’est l’instrument le plus répandudans l’usage actuel, en même temps que le plus anciendans l’école musicale arabe. Sa sonorité douce et profondese prête à l’accompagnement des autres instrumentset surtout des voix.

4° Perfectionnements. — À l’origine le luth avait deux

126. — Scène musicale, flûte, harpe, luth, lyre. Thèbes. D’après Champollion, Monuments de VÉgypte, pi. CLXXV, 2.

2° Description. — Instrument à cordes pincées ougrattées, de la famille des guitares et mandolines, composéd’un ample corps de résonance en bois, trèsrebondi, etxd’une table de bois, armée d’ouïes; et pourvu

127. — Luth assyrien.

D’après Rawlinson, The flve great monarchies, 1864, 1. 1, p. 156.

d’un tire-cordes, fixé à la partie inférieure de l’instrument, d’un manche court et d’un chevillier renversé enarrière du manche. Le luth des Arabes modernes estfait de bois de noyer et d’abricotier; la table est en boisde sapin très fin, et les ouïes en bois précieux ou en osde chameau. Les chevilles sont d’ordinaire en buis.

3° Origine. — Le luth est venu très anciennement del’Inde, par la Perse. Land, Remarks on the earliest

cordes, la «grave», bamm, et 1’ «aiguë», zir, placée «au-dessous» de l’autre et répétant les sons à l’octavehaute. Les Arabes insérèrent deux cordes intermédiaireset obtinrent par là une échelle tonale de quatre tétracordes, soit deux octaves moins deux sons. Plus tard, c’est-à-dire après le xe siècle, apparut une cinquièmecorde, et la série fut ainsi de deux octaves pleines. À lasuite de perfectionnements successifs, le jeu de cordesdu luth devint ce qu’il est de nos jours. Les cordes, enboyau ou en soie, sont généralement au nombre deonze ou douze, soit une ou deux cordes simples (additionnelles) destinées à fournir les notes basses, et cinqcordes doubles. Parfois on trouve sept paires de cordes.L’accord est le suivant: sol2, la2, ré3, sol3, uti, lai (grave), ou, selon l’accord de Constantinople: ré2, mÎ2, la2, ré3, sols, lai. Anciennement, l’accord du luth était entièrementpar quarte, au point que les théoriciens appelaient «accord de luth», l’accord d’un instrument à la quarte, Land, Recherches sur l’histoire de la gamme arabe.Extraits du Livre de la Musique d’Al-farabi, Leyde, 1884, p. 86. Gonséquemment la première corde du luthse trouvait anciennement de deux degrés plus basse. Ledoigté est le même aujourd’hui qu’au Xe siècle. Le musicien, assis, tient le corps de l’instrument sur ses genouxet contre sa poitrine, et joue avec une plume qu’ila dans la main droite, grattant les cordes sur les ouïesde la table, tandis que la main gauche tient le manchede l’instrument et presse les cordes avec les quatredoigts libres. Ces conditions sont les plus favorables àl’exécution de traits rapides. Les sillets qui marquaientla place des notes le long du manche, au Xe siècle, disparurentquand les modes musicaux se développèrent.Enfin, les cordes, qui avaient un unique point d’assemblageà la base, et s’écartaient en triangle, ont été renduesparallèles par le tire-cordes, devenu nécessairequand on augmenta le nombre des cordes. — Les instrumentsde même famille encore en usage aujourd’huisont utiles à décrire, pour faire comprendre la structuredu luth ancien. — Les Persans jouent le thar, mandolineen boif.j mûrier, pourvue d’un gros manche en

noyer et de clefe de buis, couverte d’une peau d’agneaumort-né, et pourvue de cinq cordes, deux en fil de feret deux en laiton. Le dotHar, plus petit, a deux cordesde soie jaune et se joue avec l’ongle de l’index droit, tandis que le thar se frappe avec un plectre de cuivre.Voir V. Advielle, La musique chez les Persans en 1885, ’Paris, 1885, p. 12-13. J. Parisot.

    1. LUTHER Martin##

LUTHER Martin, hérésiarque, né à Eisleben (Thuringe), le 10 novembre 1483, mort dans cette ville le18 février 1546. Il fréquenta l’université d’Erfurt de 1501à 1505 et en sortit avec le titre de maître (magister).Poussé par l’effroi que lui causa la mort subite d’unami, il entra, malgré l’opposition de son père, un ouvriermineur, dans l’ordre de Saint-Augustin. Le sacerdocelui fut conféré en 1507, et en 1508 il obtint unechaire de philosophie à la nouvelle université de Wittenberg.Il y enseigna la dialectique et l’éthique d’Aristote.En 1509 il devint Baccalaureus ad Biblia, revintà Erfurt où il resta un à deux ans, puis alla à Romepour y traiter des affaires de son ordre. Il quitta Romeplein d’admiration pour tout ce qu’il y avait vu et appris.-De là il revint à Wittenberg, où il obtint le gradede docteur le 18 octobre 1512. En 1515, il fut nommévicaire de son ordre dans la Misnie. Dès cette époques’élevèrent des doutes sur son orthodoxie. En 1517, laveille de la Toussaint, il commença à attaquer l’Églisecatholique en lui opposant son hérésie sous le titred’ «Évangile», et la guerre qu’il lui fit ne cessa qu’avecsa vie même. Luther a exercé une grande influence. C’està lui qu’est du le développement de la science bibliquedans le sein du protestantisme depuis son époque jusqu’ànous, de la doctrine de l’inspiration verbale jusqu’aunihilisme moderne en matière biblique. Le rationalismebiblique est le fils de cet hérésiarque. Vigouroux, Esquisse de l’histoire du rationalisme biblique en Allemagne, dans La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, 1. 1, 1-109. Après avoir admis primitivementl’inspiration verbale la plus stricte, comme lesextrêmes se touchent, on en est venu à abandonner entièrementl’inspiration en la remplaçant par le rationalismedu xviiie siècle et par la critique nihiliste du xix «. Lesdifférentes étapes du chemin parcouru sont indiquéespar les noms de Grotius, de Locke, de Lessing, deStrauss, de Harnack. Voir Allemande (Exégèse rationaliste), t. i, col. 370.

Luther est l’auteur de la version allemande de la Bibledite luthérienne. Cette Bible allemande devait, dans sapensée, tenir la place de l’autorité de l’Église qu’il avaitrejetée. h’Evangelium, comme il nomme constammentson hérésie, devait tenir lieu de tout. À l’en croire, ilfut le premier à faire connaître la Bible aux Allemands: Die Biblia war im Papsttum den Leuten unbekannt.Luther’s Tischreden, Erlangen Ausgabe, t. lvii, 1854, p. 35. En réalité il ne fut pas le premier traducteur dela Bible en allemand. Kehrein, dans le Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg, 1883, t. ii, col. 753-754, énumère14 éditions imprimées avant Luther, tant en haut allemandqu’en bas allemand, et encore ne les connaît-ilpas toutes. Ce qui est vrai, c’est que sa traduction estsupérieure à celles de ses.devanciers par le style et labeauté du langage, malgré de graves défauts. Voir Janssen, Geschichte des deutschen Volkes, ergdnzt und herausgegebenvon Lud. Pastor, 1°=-12 B édit., Fribourg, 1893, t. vii, p. 543-575. Au point de vue de la langue laBible de Luther, surtout après les nombreuses retouchesdes luthériens et d’autres, est devenue un chefd’œuvre, mais au point de l’exactitude et de la fidélitéelle est très défectueuse. Voir Allemandes (Versions)de la Bible, t. i, col. 376-378.

Les ouvrages les plus importants de Luther sur l’Écrituresont: 1. Predigten ûber 1. Mosis und S. Mosis, 4524-1536 (Luther’s Werke, Erlangen Ausgabe, t. xxxmxxxv); 2. In Deuleronomium, S. Mosis, 1525 (Erl.Ausg., Exeg. Op., t. xiii); 3. Auslegung der Psalnien, explications diverses réunies dans l’édition d’Erlangen, t. xx’vii-xli; 4. Auslegung der Hohelied, édit. de Walch, Halle, t. v, p. 2385-2506; 5. Auslegung zu Habakuk, 1526 (Erl. A., t. xlii, p. 1-107); zu Zacharie, 1527 (Erl.A., t. xlii, p. 108-862); zu Daniel, 1530 et 1546 (Erl. A., t. xli, p. 232-323); 6. Predigten ûber Matthæus cap.xrm, 24-cap. xxiv, 1537-1540 (Erl. A., t. xliv-xlv); 7. Kommentar zum Galaterbrieꝟ. 1519 (Weimarer Ausgabe, t. ii, p. 436-618); 8. zu I Pétri, 1523; 1539 (Erl. A., t. lu) et beaucoup d’opuscules traitant différentes partiesde l’Écriture. L’édition d’Erlangen contient tous lescommentaires latins dans la série: Opéra Lutheri exegeticalatina, t. i-xxm, 1829-1861; t. xxiv-xxviii, 18841886, et en dehors de la série, le Kommentar zum Galaterbrief, 3 in-8°, 1843-1844.

Les différentes éditions des œuvres de Luther sont: 1. L’édition de Wittenberg, 1539-1558, 19 in-f», douze enallemand et sept en latin, avec une préface de Lutherau t. I er allemand et au t. i «latin (1545). — 2. L’éditiond’Iéna, 12 in-f», 1555-1558, 8 en allemand et 4 en latin; de plus deux volumes supplémentaires, Eisleben, 1564-1565; cette édition a eu plusieurs réimpression^, 1556-1564, 1575-1580. — 3. L’édition d’Altenburg, 10 in-f», 1661-1664, contenant les œuvres allemandes seulementet des traductions de plusieurs ouvrages latins. Elle estfort incomplète, malgré un volume supplémentairepublié en 1702 à Halle. — 4. L’édition de Leipzig, 23 in-f°, 1729-1740; elle se base sur l’édition d’Altenburg. —5. L’édition de J. G. Walch, 24 in-4°, Halle, 1740-1750, rééditée à Saint-Louis (États-Unis), 1880. Les ouvrageslatins y sont traduits en allemand. Cette édition, quoiqueassez complète, est défectueuse à plusieurs pointsde vue: elle modernise l’allemand de Luther, l’interprétationdu latin laisse à désirer, et on n’y trouveaucun renseignement sur les éditions dont elle faitusage. — 6. L’édition d’Erlangen et Francfort, 1826, inachevée. Elle donne les ouvrages allemands, t. i-lxvii, 1826-1857, Exegetica opéra latina, t. i-xxm, 1829-1861, t. xxiv-xxxviii, 1884-1886. — 7. L’édition de Weimar, Dr. M. Luther’s Werke, Kritische Gesammtausgabe, in-8°, Weimar, 1883 sq.; ont paru en 1901, t. i-xxiv, excepté t. X, xvrt, xviii.

Sur Luther, voir Vogel, Bibliotheca biographicaLutherana, Halle, 1851; et depuis, Janssen, Geschichtedes deutschen Volkes, 9° -12e édit., Fribourg, 1883, t. Iet m. — Cardinal S. Hergenrother, dans Conciliengeschichte, von Hefele, Fortsetzung, t. IX, Fribourg, 1890. —Evers, Martin Luther, ein Lebens-und Charakterbild, 6 in-8°, Mayence, 1883-1891. Parmi les auteurs protestants, citons: von Ranke, Deutsche Geschichte im Zeitalterder Reformation, 6 in-8, 5e édit, , Leipzig, 1873. —J. Kœstlin, Martin Luther, sein Leben und seineSchriften, 2 in-8°, Elberfeld, 1875; 3e édit." abrégée, 1883. — G. Plitt et E. F. Petersen, Dr. Martin Luther’sLeben und Wirken, Leipzig, 1883. — Th. Kolde, MartinLuther, eine Biographie, Gotha, 1884. — Sur latraduction de la Bible par Luther, voir la bibliographie, Allemandes (Versions) de la Bible, t. i, col. 377-378, et Hagemann, Nachricht von denen fûmehmstenUebersetzungen der Kl. Schrift, 2e édit., Brunswick, 1750/Hopf, Wûrdigung der hilherischen Bibelûbersetzungmit Rùcksicht auf altère und neutre Uebersetzungen, Nuremberg, 1847; Bindseil, Verzeichniss derOriginalrvusgaben der lutlterischen Vebersetzung derBibel, Halle, 1841. E. Michels.

    1. LUTTE##

LUTTE, combat corps à corps (fig. 128). L’action delutter est exprimée en hébreu par le verbe’âbaq, à laforme niphal, né’ëbaq; Septante: èmiXaisv: Vulgate: luctabatur.Il a pour racine le mot’âbâq, poussière, à causede la poussière que faisaient les lutteurs. — Au mo

ment où il passait le gué de Jaboc, Jacob rencontra unange sous forme humaine, qui lutta avec lui jusqu’aumatin et qui, ne pouvant le vaincre, hii dessécha le nerfde la cuisse. À la suite de cette lutte, l’ange lui donnale nom d’Israël, c’est-à-dire: «fort contre Dieu.» Gen.,

Luc, xii, 19, 20, 29, 30. Il montre le mauvais richevivant ici-bas dans le luxe, mais châtié dans l’autrevie, par une juste compensation. Luc, xvi, 19, 25. Loinde blâmer le luxe pieux dont il est l’objet de la partde Marie-Madeleine, il en fait l'éloge. Matth., xxvi, 7128. — Athlètes égyptiens s’exerçant à la lutte. Beni-Hassan. D’après Ctaampollion, Monuments de l’Egypte, pi. ccclxiv.

xxxii, 23-28. Voir Jacob, ii, t. iii, col. 1068. — SaintPaul compare à la lutte des athlètes les combats duchrétien contre le démon, il les appelle itaXr), colluctatio. Eph., vi, 12. — Sur les règles de la lutte, voirAthlète, t. i, col. 1225. E. Beurlier.

LUXE, usage d’objets superflus et coûteux pour lanourriture, la toilette, l’habitation, etc. — 1° LesHébreux menaient en général une vie simple. Le luxene s’introduisit chez eux qu’exceptionnellement, dans lespalais des rois et ensuite chez les riches, particulièrement à Jérusalem. La magnificence de Salomon, à satable, dans ses vêtements et ses palais, est longuementdécrite dans la Bible. III fieg., IV, 21-28; x, 11-29; II Par., ix, 10-28. Les rois, ses successeurs, l’imitèrentselon leurs moyens. Leurs rapports avec leurs puissantset riches voisins d’Egypte, de Tyr, de Syrie et d’Assyrie, excitèrent leur émulation. Ils s’efforcèrent de menerune vie somptueuse, qui leur permit de faire bonnefigure auprès des autres monarques orientaux. Le pieuxroi Ézéchias lui-même fut assez fier de montrer sestrésors à Bërodach(Mérodach)-Baladan, fils du roi deBabylone. IV Reg., xx, 12, 13; Is., xxxix, 1, 2. Lesfemmes israélites, comme toutes les femmes orientales, avaient un faible pour les parures d’or. Au désert, à lademande d’Aaron, elles en offrirent pour la fabrication duveau d’or. Exod., xxxii, 2-4. Elles gardèrent néanmoinsla plus grande partie de leurs objets précieux. Aussiquand, un peu plus tard, Moïse fit appel à la générositéde tous pour la fabrication du mobilier sacré, l’orafflua entre ses mains, ainsi que les pierres et lesétoffes précieuses. Exod., xxxv, 4-29. À l'époque d’Isaïe, un grand luxe présidait à la toilette des femmes deJérusalem. Le prophète énumère les principaux objetsdont elles aimaient à se servir. Is., nr, 16-24. Plustard, sous les Séleucides, les formes du luxe grec tendirent à s’acclimater à Jérusalem. I Mach., i, 15, 16; IIMach., iv, 11-16. — Sur les objets de luxe en usagechez les Hébreux, voir Anneau, t. i, col. 632; Bijou, t. i, col. 1794; Bracelet, t. i, col. 1906; Chaîne, t. ii, col. 479; Chambre a coucher, t. ii, col. 516; Chaussure, t. ii, col. 631; Collier, t. ii, col. 834; Croissants, t. ii, col. 1127; Festin, t. ii, col. 2212; Maison, Meubles, Miroir, Palais, Parfum, Vêtement.

2° Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur mentionne les habits de luxe que portent les courtisansdans les maisons des rois. Matth., xi, 8; Luc, tu, 25.Il recommande de ne pas s’attacher aux choses superflueset d’attendre le nécessaire du Père qui est dans les cieux.

13; Marc, xiv, 3-9; Joa., xii, 3-8. Il permet que Josephd’Arimathie l’ensevelisse dans le sépulcre que ce richepersonnage s'était préparé pour lui-même. Matth., xxvii, 60; Luc, xxiii, 53. Saint Paul explique en ces termesle cas qu’un chrétien doit faire du luxe: «Nous n’avonsrien apporté en ce monde, et il est clair que nous n’enpouvons rien emporter. Ayons la nourriture et de quoinous vêtir, et contentons-nous-en. Car ceux qui veulents’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège dudémon, et dans beaucoup de convoitises frivoles etpernicieuses qui engloutissent les hommes dans laruine et la perdition.» I Tim., vi, 7-9. Voir Richesse.Ces paroles de l’Apôtre ne condamnent pas absolumentla possession et la jouissance de la richesse, ni mêmel’effort qu’on fait dans une légitime mesure pour l’acquérir. Il veut surtout qu’on n’y attache pas son cœurpar une convoitise trop ardente, de nature à faire perdre de vue l’avenir éternel. Cf. S. Augustin, Serm., clxxvii, 6-8, t. xxxviii, col. 950-958." Il y a d’ailleurs, ausujet du luxe, à tenir compte, suivant la situation dechacun, soit des préceptes, soit des conseils évangéliques. Saint Paul tend évidemment à conduire les chrétiens dans la voie indiquée par ces derniers.

H. Lesêtre.

LUXURE (grec: âxocOocperfa, ieréXyetoc, àawnia, iropvefoc; Vulgate: immunditia, impudicitia, luxuria), nom générique comprenant toutes les formes de l’impureté.Voir Adultère, t. i, col. 242-245; Courtisane, t. ii, col. 1091-1092; Fornication, t. ii, col. 2314-2317; Inceste, t. iii, col. 864-867; Prostitution. À ces formesde luxure, il faut en joindre deux autres, que la Loipunissait de mort: la bestialité, Exod., xxii, 19; Lev. r.xviii, 23>xx, 15, et la sodomie. Lev., xx, 13; I Cor., vi, 10; I Tim., i, 10; II Pet., Il, 7; Gen., xix, 4-11. — 1° Jérémie, v, 7, reproche aux habitants de Jérusalem leursluxures de tout genre. Sous les rois de Syrie, le Templede Jérusalem, changé en temple de Jupiter, était devenuun rendez-vous pour la luxure. II Mach., VI, 4. Lesdiverses formes de la luxure, familières aux païens, I Pet., iv, 3, 4, et entrées dans la pratique des fauxprophètes ennemis de l'Évangile, II Pet., ii, 2, 18; Jud., 4, ferment le ciel à celui qui les adopte. Gal., v, 19. Sara, fille de Raguel, proteste que ce n’est pas dans une pensée de luxure qu’elle épouse le jeune Tobie. Tob., viii, 9.— 2° La Vulgate emploie les mots luxuria, luxurior, Vuxuriosus, dans plusieurs cas, où il s’agit simplementd’ivrognerie, de bonne chère, ~de plaisirs faciles. Deut., xxi, 20; xxviii, 54; Eccle., x, 17; Sap., ii, 8, 9; Eccli. rxi, 29; xiv, 4; xxi, 28; Luc, xv, 13; Eph., v, 19; Tit.»

i, 6; Jacob., v, 5; II Pet., ii, 13. Ces choses ne peuventd’ailleurs que favoriser la luxure, comme le dit la V.ulgate, Prov., xx, 1, dans un texte qui signifie seulement enhébreu: «Le vin est moqueur, s II est dit de veiller àla fille luxurieuse, luxuriosa; il y a dans le texte grec: àStaTpÉTtro; , «sans réserve.» Enfin saint Paul dit à Timothéede se défier des jeunes veuves qui luxuriatsefuerint in Christo, «qui se sont mal conduites dans leChrist,» en grec: xaia.Tzpriviâ<ra>m toO XpiuxoC, «quifont fi du Christ,» qui l’abandonnent pour se remarier.

I Tim., v, 11.

H. Lesêtre.

LUZA, nom d’une ville chananéenne et d’une villehéthéenne.

1. LUZA (hébreu: Lûz; Septante: AouÇa; dans Gen., xxviii, 19: OyXa|j.XoiJÎ, par l’union des deux mots dutexte original: ’ûlâtn Luz, c’est-à-dire, appelée «auparavantLûz» ), nom primitif de la ville qui fut appeléepar les Hébreux Béthel, ou du moins d’une localité toutproche de l’endroit où s’élève la Béthel israélite. VoirBéthel 1, t. î, col. 1673. Gen., xxviii, 19; xxxv, 6; xlviii, 3; Jos., xvi, 2; xviii, 13; Jud., i, 23.

2. LUZA (hébreu: Lûz; Septante: AoûÇâ), ville dupays des Héthéens. Lorsque la maison de Joseph allaattaquer Luza-Béthel au moment de la conquête de laPalestine, elle s’empara de la ville, grâce à la trahisond’un de ses habitants, qui fut en récompense laissé libreavec sa famille. Il alla s’établir dans le pays des Héthéenset bâtit là une ville à laquelle il donna le nom deLuza, en souvenir de son lieu natal. Jud., i, 22-26. Ilexiste encore aujourd’hui au nord-ouest d’Hasbeya unelocalité de ce nom, mais on ne peut affirmer que cesoit celle dont parle Jud., i, 26. On a fait toute sorted’hypothèses sur son identification, sans pouvoir alléguerautre chose en leur faveur qu’une vague ressemblancede nom.

    1. LYCANTHROPIE##

LYCANTHROPIE, genre dé folie dont fut atteintNabuchodonosor. Voir Daniel (Le livre de), t. ii, col. 1264, et Folie, t. ii, col. 2301-2302.

    1. LYCAONIE##

LYCAONIE (grec: Auxaovta), région de la provinceromaine de Galatie, Act., xiv, 6 (fig. 129).

I. Évangélisation. — 1° La Lycaonie fut évangéliséepar saint Paul dans sa première mission. Accompagnéde Barnabe, il se réfugia dans ce pays pour éviter lapersécution suscitée contre eux par les Juifs et quelquesfemmes de distinction à Antioche de Pisidie. Act., xiii, 50.La première ville où il prêcha fut Icône. Act., xiii, 51-52.Voir Icône, t. iii, col. 803. Persécutés de nouveau danscette ville, ils allèrent à Lystre et à Derbé, autres villesde la même région. Act., xiv, 6-7. Voir Derbé, t. ii, col. "1386, et Lystre, t. iii, col. 460. Ils ne rencontrèrentpas dans ces villes les mêmes difficultés que dans lesprécédentes. La population était simple et pauvre et lesbrigands qui occupaient le Taurus Cilicien ne permettaientguère aux étrangers d’y pénétrer, aussi n’yavait-il pas dans ces contrées de synagogues juives. LesLycaoniens étaient superstitieux; ils croyaient volontiersque les dieux apparaissaient au milieu des hommes. Latradition rapportait que Lycaon avait été’changé enloup pour s’être moqué d’eux. Ovide, Mstamorpli., i, 220-241. C’était aussi chez eux que. la fable plaçait lamétamorphose de Philémon et de Baucis en arbres quel’on montrait encore. Ovide, Metamorph., viii, 621-725.Cet état d"esprit explique comment, après la guérisond’un boiteux par saint Paul à Lystre, la foule éleva lavoix et s’écria en lycaonien: «Les dieux sont descendusvers nous sous une forme humaine,» et prenant Barnabepour Jupiter et Paul pour Mercure voulut leur offrirun sacrifice. Voir Jupiter, t. iii, col. 1866. Act., xiv,

8-12. Chassés de Lystre, à la suite de l’arrivée des Juifsd’Antioche et d’Icône qui les poursuivaient, ils passèrentà Derbé, et après avoir évangélisé cette ville, revinrent àLystre, à Icône et à Antioche de Pisidie. Act., XIV, 19-22.2° Dans sa seconde mission, après l’assemblée deJérusalem en 51 après J.-C, saint Paul accompagné deSilas retourna en Lycaonie. Cette fois il y pénétra envenant de Cilicie et en passant les Portes Ciliciennes, défilé qui traverse le Taurus de Pamphylie. Il prit laroute qui gagne Derbé, Lystre et Icône. Act., xvi, 1.C’est dans ce voyage que, sur le bon témoignage desfrères de Lystre et d’Icône, il prit avec lui ximothée, fils d’une Juive et d’un père grec, qu’il circoncit à causedes Juifs. Act., xvi, 1-4. D. constata que les Églises

129. — Carte de Lycaonie.

lycaonionnes se fortifiaient dans la foi et augmentaientde jour en jour. Il recommanda aux chrétiens d’observerles décisions des Apôtres et des anciens de Jérusalem.Act., xvi, 4-5.

II. Description et histoire. — 1° Description. — LaLycaonie était une vaste plaine, limitée au sud par lesmonts d’Isaurie et le Taurus. Elle était bornée au nordpar la Galatie proprement dite, à l’ouest par la Phrygieet la Pisidie, au sud par l’Isaurie et à l’est par la Cappadoce.Les principales villes du pays, étaient Icône, Laodicée la Brûlée, Tyrixum, Lystre et Derbé.

2° Histoire. — Il est fait mention des Lycaonienspour la première fois dans l’histoire au temps del’expédition de Cyrus le jeune contre son frèreArtaxerxès. Xénophon, Anab., i, ii, 19. C’était unpeuple belliqueux et jaloux de son indépendance. LaLycaonie fut englobée dans l’empire d’Alexandre et, aprèslui, dans le royaume des Séleucides. Elle passa ensuitesous la domination d’Eumène, roi de Pergame. Polybe, xxii, 27; Tite Live, xxxviii, 39. Cette domination étaitplutôt nominale que réelle à cause de l’éloignement. LesGalates s’emparèrent probablement de la partie nord, lapartie sud fut disputée entre ceux-ci et les indigènes; en 129 avant J.-C. elle fut donnée par Aquilius aux filsd’Ariarathe IV, roi de Cappadoce. Justin, xxxvii, 1.Conquise par le roi de Pont Mithridate VI Eupator, en 74 elle lui fut enlevée par les victoires de Pompée.Lorsque le général romain organisa le pays en 64, laLycaonie paraît avoir été divisée en trois parties. Lenord fut ajouté à la Galatie, Ptolémée, V, iv, 10; le sudest, y compris Derbé, à la Cappadoce, Strabon, xii, vi, 3; W. Ramsay, Historical Geography of Asia Minor, in-8°, Londres, 1890, p. 336, 310, 369; l’ouest fut joint à laprovince romaine de Cilicie en 64. Cicéron, Ad Attic., v, 15; v, 21, 9; Ad fam., iii, 5, 4; xv, 1, 2; xv, 3. Antipaterde Derbé, ami de Cicéron, profita des troubles de

la guerre civile pour se créer une principauté indépendantedans cette ville et il posséda égalementLaranda. Strabon, XVI, vi, 3. Antoine avait donné lapartie ouest à Polémon de Laodicée en l’an 39 avantJ.-C. Strabon, XII, vi, 1. En 36, la Lycaonie fut donnéepar Antoine au dernier roi de Galatie, Amyntas. DionCassius, xlix, 32; li, 2. À sa mort, en l’an 25, elle futcomprise, comme le reste du royaume de ce prince, dansla province romaine de Galatie. Dion Cassius, mi, 26; Corpus inscript, latin., t. iii, part, i, n. 291. Cf.Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel dés Antiquitésromaines, trad. fr., t. ix (J. Marquardt, Organisationde l’Empire romain, t. n), in-8°, Paris, 1892, p. 277, 282, n. 4 et 5; Corpus inscript, grxc, n. 3991. VoirGalatie, t. iii, col. 77. En l’an 37 après J.-C, Caliguladonna à Antiochus IV, roi de Commagène, la partie dela Lycaonie voisine de la Cilicie, c’est-à-dire le sud-est.Elle demeura en sa possession jusqu’en 72; Eckhel, Doctrina numorum, t. iii, p. 258. C’est alors que cetterégion prit le nom de Lycaonie antiochienne par oppositionà la Lycaonie gàlatique. Corpus inscript, latin., t. x, ii, 8660. Cf. Ptolémée, V, vi, 17; W. Ramsay, dansla Revue numismatique, 1894, p. 169. Ptolémée, V, vi, 17, place Derbé dans. la Lycaonie antiochienne, mais le faitqu’elle porte le nom de Claudio-Derbé prouve que sousl’empereur Claude elle était comprise dans la provinceromaine de Galatie. Voir Derbé, t. ii, col. 1386. SousClaude et Néron, quand saint Paul visita la Lycaonie, celle-ci était donc divisée en deux parties, la Lycaoniegàlatique à laquelle appartenaient Lystre, Derbé et lepays environnant, et la Lycaonie antiochienne.

Saint Luc place la frontière de la Lycaonie entreIcône et les villes de Lystre et de Derbé; il ne tient pascompte des délimitations politiques, mais des traditionslocales qui regardaient toujours Icône comme uneville phrygienne. Il est en cela d’accord avec Xénophon, Anab., i, ii, x 19; tandis que Strabon, XII, vi, 1; Cicéron, .Ad fam., iii, 6; xv, 3, etc., qui tiennent compte desdivisions administratives, placent au contraire cette villeen Lycaonie. W. Ramsay, The Church in the RomanEmpire, in-8°, Londres, 1894, p. 36-43. Les habitants dupays, quoique Icône suivit le destin administratif de laLycaonie à laquelle elle était incorporée, mettaient unesorte de point d’honneur à revendiquer leur originephrygienne; c’est ainsi qu’Hiérax, compagnon du martyrsaint Justin, se déclare esclave d’Icône en Phrygie.Act. Justini, 3. Ruinart a tort de vouloir dans cepassage corriger Phrygie en Lycaonie. De même Firmilien, évêque de Césarée de Cappadoce, décrit Icône commeune cité phrygienne. S. Cyprien, Epist., lxxv, 7; t. iii, col. 1161, alors que de son temps elle appartenait à laprovince de Cilicie depuis Septime Sévère; W. Waddington, Inscriptions d’Asie Mineure; — Lebas Waddington, Voyage archéologique en Asie Mineure, t. iii, n. 1480; après avoir fait peut-être partie de la province de Cappadocesous Trajan, en même temps que la Lycaonieantiochienne. Ptolémée, v, 6; Corpus inscript, latin., t. v, p. ii, n. 8660. Lors de la formation de l’assembléefédérale des Lycaoniens en l’honneur des empereurs, ouwo’.vôv Auxaovîa; (fig. 130), dont nous ignorons la date, mais qui est probablement du temps des Flaviens, Icônefut l’une des villes où elle se réunissait, d’après Eckhel, Doctrina numorum, t. iii, p. 32. Cf. J. Marquardt, l. c, p. 285. Au contraire B. Head, Historia numorum, in-8°, Oxford, 1887, p. 595, indique seulement parmi les fillesoù l’on trouve des monnaies du xotvôv, Barata, Dalisandus, Derbé, Hydé, Ilistra, Laranda et Savatra. On n’en trouveni à Icône ni à Lystre, Cf. Revue numismatique, série iii, t. i, 1883, p. 24; E. Babelon, Inventaire sommairede la collection Waddington, in-8°, Paris, 1898, p. 270-274. W. Ramsay, The Church, p.- 39, n. 1, croitqu’on peut s’expliquer cette absence par le fait qu’Icôneétait devenue une colonie romaine au temps d’Hadrien.

sous le nom de Colonia Aelia Eaanana Iconiensiutn, R. Cagnat, Revue arclxéologique, série iii, t. xxvii, 1891, p. 414, col. 2, n. 99; et il suppose une raison analoguepour Lystre.

Le nom de Lycaonien ne se trouve pas dans les Actes,

130. — Monnaie de Lycaonie.

Ar KAI M ior -MAinnON ee. Buste de Philippe père. — ^. KOI-NONAÏKAONIAS BAPAT[ £U v] (de Barata). Jupiter debout; àses pieds, l’aigle.

mais l’adverbe >uxaovi<rrf est employé dans Act., xiv, 11 (Vulgate, 10), pour désigner la langue propre auxindigènes. Les villages et les petites villes avaient conservécette langue et les mœurs primitives. Les grandesvilles comme Icône et Derbé avaient été grécisées etpossédèrent plus tard des colonies romaines. Le paysétait formé de hauts plateaux, froids et nus, où l’on netrouvait un peu d’eau potable qu’en creusant des puitsà une très grande profondeur. Les habitants vivaientsurtout de l’élevage du bétail et en particulier des onagres.Strabon, XII, vi, 1.

Bibliographie. — H. Kiepert, Manuel de Géographieancienne, trad. fr., in-8°, Paris, 1887, p. 76-77; W. Ramsay, Historical Geography of Asia Minor, in-8°, Londres, 1890, p. 330-346, 350, 355, 357-360; Id., The Church inthe Roman Empire, 3e édit., in-8°, Londres, 1894, p. 15, 37-39, 41, 56-58, 95, 106, 108, 110, 111, 157, 164, 390, 423, 427; Id., St. Paul, the traveller and the roman citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 107-126; Id., Historical commentaryon Galatians, in-8°, Londres, 1899; J. R. StillingtonSterrett, Wolfe Expédition in Asia Minor, in-8°, Boston, 1888, et An epigraphical Journey in Asia Minor, Boston, 1888, dans les Papers of the American School of Athens, t. m et n. Le tome n a été publié après le tome m.

E. Beurlier.

    1. LYCIE##

LYCIE (Auxfa), contrée située au sud de l’Asie-Mitieure(fig. 131). La Lycie et la ville de Phaselis, danscette même contrée, sont mentionnées dans I Mach., xv, 23, parmi les pays auxquels fut envoyée la lettre du

131.

Carte de la Lycie.

consul Lucius en faveur des Juifs. — Saint Paul aborda àPatare en Lycie, dans le voyage qu’il fit de Milet à Jérusalem.Act., xxi, 1. Il toucha également à Myre, dansle voyage qu’il fit, comme prisonnier, de Jérusalemà Rome. — Le texte des Machabées prouve quil

y avait des colonies juives importantes en Lycie et lesarrêts de saint Paul dans les ports de cette provincemontrent qu’ils étaient sur le chemin que suivaient lesnavires allant à Jérusalem par Joppé et en revenant.Une inscription grecque de Tlos, datée du n» siècleaprès J.-C, indique la présence d’une communautéjuive importante dans cette ville. Elle est gravée sur untombeau que Ptolémée, fils de Lùcius, déclare ouvertà tous les Juifs en reconnaissance de ce qu’ils avaientnommé son fils archonte. Hula, Eranos Vindobonensis, 1893, p. 99-102. Cf. Hevue archéologique, 1893, t. ii, p. 356. — Le christianisme progressa lentement enLycie. Nous possédons, sur une inscription d’Arycanda, un fragment d’une pétition que les Lyciens et les Pamphyliens adressèrent à Galère pour lui demander demettre fin à la secte chrétienne. Th. Mommsen, dansles Archàologische epigraphische Mittheilungen ausŒsterreich, 1893, p. 93; Revue archéologique, 1892, t. î, p. 421; 1893, 1. 1, p. 96. — La Lycie est située au sud-ouestde la Carie et au sud-est de la Pamphylie. Elle est entourée par la mer de trois côtes, à l’est, au sud et à l’ouest.Les montagnes produisent un bois excellent pour laconstruction des navires, aussi les Lyciens ont-ils toujours été un peuple de marins, et même de pirates. Iln’y a pas dans cette région de vallées profondes comme

132. — Monnaie de Lycie.

Tète d' Apollon, lauré, de face; à côté de M, à droite,

une petite lyre. — fy AÏKlapi]. Tête de face.

en Carie et en Ionie, cependant, à l’embouchure duXanthe et des autres torrents qui descendent vers lamer, étaient situés des ports importants. Ceux de Patare et de Myre étaient les points de départ ou d’arrivéedes navires en relations avec l’Asie Mineure et Alexandrie. Voir Myre et Patare. Phasélis était célèbre parson triple port. Strabon, XIV, iii, 9. Voir Phasélis.

Homère cite les Lyciens parmi les alliés de Troie.Iliad., vi, 171; x, 430; xii, 312; Odijss., v, 282, etc.E. de Rougé, Extrait d’un mémoire sur les attaquesdirigées contre l’Egypte par les peuples de la Méditerranée, dans la Revue archéologique, 1867, t. xvi, p. 39, 96-97, pense que les Lyciens sont le même peuple quelesiowfcou qui attaquèrent l’Egypte sous la dix-neuvièmedynastie. Cette opinion, contestée par quelques savants, est admise par la plupart. G. Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient classique, 1897, t. ii, p. 359.Ramsès III pénétra en Lycie et sa flotte alla jusqu'àPatare qui figure sous le nom de Pontar dans uneinscription de Médinet-Abou. Cf. F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., 1882, t. ii, p. 316.Les Lyciens défendirent vaillamment leur indépendancecontre Crésus, roi de Lydie, mais ils furent soumis parles Perses. Hérodote, ini, 90. Leurs vaisseaux jouèrentun rôle important dans les guerres médiques. Hérodote, vu, 91-92. Conquise par Alexandre le Grand, la Lycie, après sa mort, fit partie de l’empire des Séleucides. Cefut une des contrées que les Ptolémées leur disputèrentavec acharnemeni et dont ils se rendirent maîtres, aumoins pour un temps. Théocrite, xviii, 82; Corpusinscript, grxc, n. 5127; Bulletin de correspondancehellénique, t. xiv, 1890, p. 162-176. Cf. ï. G. Droysen, Histoire de l’hellénisme, trad. fr., in-8°, Paris, 1885, t. iii, p. 337, 367, 380, 385; J. P. Mahaffy, The Empireof the Ptolemies, in-12, Londres, 1895, p. 131, 199.Après un court intervalle durant lequel la Lycie recouvra son indépendance, elle passa sous la dominationromaine, après la défaite d’Antiochus le Grand en 189.

Le Sénat la céda aux Rhodiens, mais les Lyciens résistèrent à Rhodes, avec l’appui d’Eumène, roi de Pergame.Les Romains, indignés de la conduite de Rhodes, quiavait soutenu contre eux Mithridate Eupator, rendirentaux Lyciens leur indépendance. Polybe, xxii, 7; xxiii, 3; xxvi, 7; xxx, 5; Tite Live, xlv, 25; Appien, Mithrid.LXi; Syriac, xliv; Corpus inscriptionum grxcarum, n. 5882; Bullettino delV Instiluto di Diritto Romano, t. ï, 1888-1889, fasc. 2 et 3, p. 78. Ce fut la période laplus prospère de ce pays. La Lycie était dans cette situation d’indépendance au moment où lui fut envoyée lalettre de Lucius, elle y demeura jusqu’au temps deClaude. En l’an 43 après J.-C, cet empereur, pour mettre fin ans luttes des Lyciens entre eux, créa la provincede Lycie-Pamphylie. Suétone, Claude, xxv; Dion Cassius, lx, 17; cf. Tacite, Annal., xii, 4; xiii, 33; Pline, H. N., xii, 9. Mais cette organisation ne devint définitive que sous Vespasien. Suétone, Vespas., vin. Ce futaprès la création de la province romaine que saint Paulaborda à deux reprises en Lycie.

Au temps de sa liberté la Lycie formait une confédération de villes qui avaient un système monétaire unique. Les délégués de ces villes se réunissaient chaqueannée dans l’une d’elles, désignée par le sort. La confédération avait un président, un amiral, et d’autres fonctionnaires. Sous l’empire, cette assemblée fut spécialement consacrée au culte impérial. G. Fougères, DeLyciorum communi, in-8°, Paris, 1897; cf. E. Reurlier, Le culte impérial, in-8°, Paris, 1891, p. 102, 130. Parmiles villes dont existent des monnaies fédérales se trouvent les trois villes nommées dans la Bible, Patare, Phasélis et Myre. Strabon, XIV, m; Koner, Beitrâge zurMunzkunde Lyciens, dans Pinder et Friedlânder, Beitrâge zur alteren Munzkunde, in-8°, Berlin, 1851, t. i, p. 93-122; C. Waddington, dans la Revue numismatique, 1853, p. 85-98; J.-P. Six, dans la Revue numismatique, série III, 1886, p. 101-116, 141, 192, 423438.

La langue lycienne est encore un problème pour lesphilologues; on n’identifie guère que les noms propres; son alphabet est dérivé de l’alphabet phénicien par l’intermédiaire d’un alphabet dorien. Cf. Deecke, Arkwrightet Imbert, dans le Museon, 1891, p. 270; J. Halévy, dansla Revue critique, 1893, t. ï, p. 441; Imbert, dans lesMémoires de la société de linguistique, 1894, p. 449; Ph. Berger, Histoire de l'Écriture dans l’antiquité, in-8°, Paris, 1891, p. 145.

Bibliographie. — Ch. Fellows, An account of discoveries in Lycia, in-4°, Londres, 1841; Spratt et Forbes, Traveh in Lycia, Milyas and the Cibyratis, 2 vol.in-8°, Londres, 1847; O. Benndorf et C. Niemann, Reisen in Lykien und Karien, in-8°, Vienne, 1884; H. Kiepert, Lykia, in-8°, Vienne, 1884; E. Petersen et

F. von Luschan, Reisen in Lykien, Milyas undKybyratis, in-f», Vienne, 1880; René Cagnat, L’annéeépigraphique, 1889, p. 12, 68; Sk. Treuber, Geschichtedes Lykier, in-4°, Stuttgart, 1887; Id., Beitrâge zurGeschichte der Lykier, in-4°; Tubingue, 1887-1889;

G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, t. v, 1890, p. 345-360. ' E. Beurlier.

    1. LYCIET##

LYCIET (hébreu: 'âlâd; Septante: piixvoç; Vulgate: rhamiius), arbuste épineux.

I. Description. — De la famille des Solanées et rangésdans la tribu des Atropées pour leur fruit charnu etleur corolle dont les lobes se recouvrent dans le bouton, les Lycium sont des arbrisseaux touffus, à petit* rameauxse terminant souvent en épines. Le calice de la fleur nes’accroît pas après l’anthèse, et souvent se déchire prenant la forme d’une coupe à bords irrégulièrementdentés au fond de laquelle se trouve enchâssée la baieà sa maturité.

Le type le plus répandu sur le pourtour du littoralméditerranéen est le Lycium europeum de Linné m

LYCIET — LYDDA

444

(fig. 133) à feuilles glabres, souvent glocescentes, etréunies en faisceaux d’où partent les ûeurs solitaires

133. — Lycium europeum.

ou. géminées, puis les baies globuleuses, rouges ouorangées. Dans les déserls d’Egypte et d’Arabie, ontrouve le Lycium arabicum de Schweinfurth encore plusépineux et plus ramifié, à feuilles plus petites et souventduvetées, distinct surtout par sa baie noirâtre. En Syrieencore croit le Lycium barbarum Linné, Lycium xtulgarede Dunal; à rameaux blanchâtres, grêles et pendants, portant des fleurs réunies en petit* faisceaux àdents du calice aiguës et à anthères saillantes hors de lacorolle. Enfin le Lycium afrum Linné, dont les branchessont aussi blanchâtres et très épineuses, diffère parses étamines incluses. F. Hy.

II. Exégèse. — Dans l’apologue de Joatham, Jud., ix, 14-15, les arbres à la recherche d’un roi, après s’êtrevainement adressés à l’olivier, au figuier, à la vigne, viennent prier V’âtâd de régner sur eux. Et V’dtâdrépond: «Si vraiment vous voulez m’établir pour roi, venez, confiez-vous à mon ombrage; sinon, un feu sortirade Y’âtdd et dévorera les cèdres du Liban.» Tous lesinterprèles voient dans V’âtâd un arbuste ou buissond’épines, image d’Abimélech qui aspire à régner surSichem et ne pourra que blesser et nuire. Ce sera lechâtiment des habitants de Sichem qui se confient danscet homme vain et dangereux au lieu de se reposer enceux qui leur apporteraient l’abondance et la paix, symbolisés par l’huile, Ja figue et le viii, produits lesplus précieux du pays de Chanaan. Le même mot’âtddrevient au Psaume LVIII (hébreu), 10, dans une locution

proverbiale que les Septante et la Vulgate, lvii, 9, n’ontpas bien saisie:

Avant que vos chaudières sentent l"<î(âdVerte ou enflammée l’ouragan l’emportera.

On sait que les gens des déserts de Palestine ou duSinaï, pour cuire leurs aliments, suspendent leurchaudière sur un tas de branches arrachées aux buissonsenvironnants, principalement au rhamnus épineux, très abondant en ces régions. Or il arrive quelquefoisqu’avant la cuisson, un ouragan éteint le feu, emportele tas.de bois à peine touché par la flamme ou déjà enpartie consumé, et disperse tous les préparatifs. Mais siles exégètes s’accordent à voir dans V’âtâd un arbusteépineux, ou ils ne cherchent pas à en déterminer l’espèce, ou ils portent leur vue sur diverses sortes d’épine. Ladétermination cependant peut être faite. Le mot seretrouve en arabe oi>, ’atad, en araméen, ’atdâ’, ’attâ’, en hébreu talmudique, ’âtâd, en assyrien, etidu, etidtu, etles Septante rendent le mot hébreu par pânvoç, que laVulgate traduit par rhamnus. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 201, cite du supplémentde Dioscoride l’identification suivante: ’Pà|xvoç-’Açpol’AxaSiv, «pour les Africains le rhamnus c’est V’âtâd.» Leslexiques arabes en effet, comme Golius, Lexic. arab., p. 120, donnent la même équivalence. Or V’âtâd arabe apour synonymes VAussedj, , ,».^a, et le Ghargad, v>i*,

qui sont deux espèces i"âlàd, les deux premières espècesde Rhamnus de Dioscoride, 1, 119, qui sont le Lyciumeuropeum et le Lycium afrum, ce dernier aux rameauxplus blancs. Ibn-El-Beïthar, Traité des Simples, dansNotices et Extraits des Manuscrits de la Bibl. nation., t. xxv, l re partie, 1881, p. 482-483. Dans la traductionarabe de Dioscoride, eod. loco, p. 484, «Bamnos c’estVaussedj,» et une note marginale ajoute: i en latinKambronos.» Or c’est à peu près le nom que le Lyciumporte en Espagne: Cambronera, Cambrones. L’aussedjdésigne encore en Algérie le Lyciet. L’espèce plus blanchede Lycium est le Ghargad; en Algérie, Rhardaq, mêmenom avec transposition de lettres, désigne le Lyciumafrum. Ibn-El-Beithar, dans Notices et extraits, t. xxvi, 1 M partie, 1883, p. 10. P. Belon, Observations de plusieurssingularités, 1. II, c. xxviii, in-4°, Paris, 1588, p. 221, remarque qu’en Egypte: «Les terres y sontséparées par les hayes faites de l’arbrisseau de rhamnus.» Ce que les Égyptiens appellent Vseg d’aprèsProsper Alpin. En Palestine, dit Belon, Obs.sing., 1. II, c. lxxviii, p. 309: «Les hayes sont faites de rhamnus,» et c. lxxxviii, p. 325: ce Cherchant les plantes entournoyantles murs de Jérusalem et en les examinant diligemment, pour ce que désirions sç’avoir quelles espinestrouverions, pour entendre de quelle espèce estoit celledont fut faite la couronne de Nostre-Seigneur, et n’yayanls trouvé rien d’espineux plus fréquent que lerhamnus, dont nous a semblé, que sa couronne fust deun tel arbre.» Il est possible, en effet, que parmi lesàxivOoct, spinse, dont fut tressée la couronne du Sauveur, avec des branches de Zizyphus spina-Christi, se soienttrouvés mélangés des rameaux épineux de Lyciet. LeLycium europeum est très abondant en Palestine. Celsius, Hierobotanicon, t. i, p. 199-209; I. Lôw, AramâischePflantennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 44-45. Quantà l’Aire à"âtdd, ou Aire du Lyciet, voir t. 1, col. 1198.

E. Levesql’e.

LYDA, orthographe du nom de Lydda dans I Mach., xi.34. Voir Lydda.

    1. LYDDA##

LYDDA (hébreu: Lôd; grec: A-j880: dans Josèphe: to Avfiôa; 7] AuSSr, ), ville de Palestine. Elle est appeléeLôd dans le texte hébreu de l’Ancien Testament, Lydda, forme gréciséa de Lod, dans le Nouveau et dans les Machabées.Du temps des Romains, on lui donna le nomde Diospolis, «ville de Zeus ou Jupiter,» mais cette

appellation n’a pu supplanter l’ancienne qui survit encoreaujourd’hui dans le nom actuel de Ludd (fig. 134).1° Description. — Les Actes des Apôtres, ix, 38, nous

134. — Monnaie de Lydda.

IOïM 40MNAN EEBAE. Tète de JuliaDomna, à droite.— fi).ASEnrOrH [A.los]nOMS. Tête de la ville, en Déméter, tenant unetorche, à gauche.

apprennent que Lydda n’était pas loin de Joppé (Jaffa).Elle est, en effet, à dix-huit kilomètres au sud-est decette ville, à quinze kilomètres environ de la mer Méditerranée, dans un endroit fertile, au milieu de jardins

d’Ono, I Esd., tr, 33 (sept cent vingt-un, d’après II Esd., vu, 37), descendants de Benjamin. II Esd., xi, 34 (hébreu, 35). — À l’époque des Machabées, Lydda jouaun rôle assez important. Josèphe, Ant. jud., XX, iv, 2, dit que c’était un bourg aussi grand qu’une ville; iidevint le chef-lieu d’une toparchie. Bell, jud., III, iii, 5; Pline, H. N., V. ii, 70. Vers 145 avant J.-C, le roi deSyrie, Démétrius II Nicetor, détacha cette ville et sabanlieue (vô[io; ) de la Samarie pour la rattacher à laJudée et la donner à Jonathas Machabée. I Mach., xi, 34; cf. x, 30, 38; xi, 28; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 9.Antiochus VI Dionysos confirma cette donation.I Mach., xi, 57. Pompée enleva Lydda aux Machabées, mais elle leur fut rendue par Jules César l’an 48 avantnotre ère. Josèphe, Ant. jud., XIV, x, 6. Quatre ansplus tard, en 44, Cassius vendit les habitants de cetteville comme esclaves, Josèphe, Ànt. jud., XIV, 2; Bell, jud., i, xi, 2, mais Antoine ordonna leur mise enliberté (42). Ant. jud., XIV, xii, 2-5. Dès le commencementde la prédication des Apôtres, Lydda comptades chrétiens parmi ses habitants, Actes, x, 32, et c’est

K

135. — Vue de Ludd. D’après une photographie.

et de vergers entourés de haies de cactus, sur la granderoute des caravanes qui va de Syrie en Egypte (fig. 135). «Elle est parsemée, sur un grand nombre de pointe, 4’élégants palmiers qui s’élèvent soit isolés, soit parbouquets, et qui lui donnent un cachet tout oriental…Les bazars sont fournis des principales choses nécessairesà la vie; les fruits surtout y abondent… Plusieurspuits à norias donnent une eau aussi abondante quelégère; l’un des meilleurs est désigné sous le nom deBlr Mdr Elias (puits de Saint-Élie)… Quant au climatde Loudd, il est, pendant l’été, très chaud.» V. Guèrin, Judée, t. i, p. 323. La plupart des maisons sont enpisé.

2° Histoire. — Lod-Lydda n’apparaît dans l’Écritureque dans les livres écrits après la captivité de Babylone.De son histoire antérieure à cette époque, noussavons seulement qu’elle avait été fondée par un Benjamiteappelé Samad. I Par., viii, 12. Une partie deses habitants fut emmenée en Chaldée et parmi les captifsqui revinrent en Palestine avec Zorobabel, on comptaitsept cent vingt-cinq hommes de Lod, d’Hadid et

là que saint Pierre guérit Énée, que la paralysie retenaitdepuis huit ans dans son lit, ꝟ. 33-34. Ce miracleaugmenta le nombre des conversions à la foi nouvelle, ꝟ. 35. Aussi Lydda eut-elle de bonne heure un évêque, suffragant du patriarche de Jérusalem. Cestius Gallusl’avait incendiée en l’an 66. Bell, jud., II, xix, 1. En 68, elle était soumise à Vespasien. Bell, jud., IV, viii, 1.Son nom reparait souvent dans l’histoire après la ruinede Jérusalem. Elle posséda, comme Jahmia sa voisine, une célèbre école juivg. Son importance déclina lorsquele calift Soliman eut fondé en 716 dans son voisinage laville de Ramléh. Elle joua cependant un rôle au tempsdes croisades. Saladin la ravagea en 1191 et les Mongolsen 1271. Aujourd’hui, le chemin de fer de Jaffa à Jérusalem, qui y a établi une de ses stations, lni redonne unpeu de vie. Les pèlerins y admirent les ruines de l’églisede Saint-Georges, qui y fut construite au moyen âge.D’après la tradition locale, saint Georges, martyrisé àNicomédie sous l’empereur Dioclétien, était originairede Lydda et c’est là qu’il fut enseveli. Les musulmansl’honorent comme les chrétiens. D’après une croyance

arabe, c’est devant la porte de Lydda qu’aura lieu lepremier combat de Jésus contre l’Antéchrist. — VoirReland, Palxstina, 1714, p. 877-879; V. Guérin, Judée, t. i, p. 322-334; Survey of western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 252, 267-268 (avec une vue del’église SaintGeorges); Liévin, Guide-Indicateur de laTerre Sainte, 4e édit., Jérusalem, 1897, t. i, p. 133136; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, 2e édit., t. i, p. 141, 182, 285, 520; t. ii, 37, 137-141, 302, 307.

    1. LYDIE##

LYDIE, nom d’une femme chrétienne et d’un pays.

1. LYDIE (grec: AuSfa; Vulgate: Lydia), femme convertiepar saint Paul. Lydie fut rencontrée par l’apôtreà Philippes de Macédoine, dans un lieu de prière pourles Juifs (upoffEux’i) situé près des portes de la ville etoù il s’élait rendu un jour de sabbat. Cette femme, originairede Thyatire, était teinturière en pourpre et craignaitDieu, c’est-à-dire était prosélyte. Elle fut convertie etbaptisée avec sa famille et fut ainsi la première personnequi embrassa le christianisme en Europe. Après sonbaptême, elle demanda avec instance à l’apôtre devenir habiter chez elle. Act., xvi, 13-15. II est très possibleque le nom de Lydie soit un simple surnom tiréde son pays d’origine. Sa qualité de prosélyte s’expliquefacilement par la présence de Juifs nombreux en Lydie.Voir Lydie 2. Les colonies fondées par Anliochus IIétaient très florissantes à l’époque romaine. Joséphe, Antiq. jud., XIV, x, 24; Revue des Études juives, t. x, 1885, p. 74-76. La profession de teinturier en pourpreétait très répandue dans son pays. Si l’on en croit Pline, H. N., VII, lvii, i, c’est à Sardes qu’aurait été inventée lateinture des tissus. Cf.Hygin, Fabul., 274. Gela veut diresimplement qu’ils ont inventé des procédés nouveaux, car d’autres^peuples, et en particulier les Phéniciens, connaissaient cet art. Aristophane, Acharn., v, 112; Fax, v, 1174, parle du rouge de Sardes comme d’une couleurcélèbre. Déjà Homère, Iliad., iv, 114, parle de la pourprede Méonie. Les teinturiers en pourpre de Thyatireétaient fameux. À l’époque romaine, ils formaient deriches corporations qui élevèrent de nombreuses statuesdont les. inscriptions nous ont été conservées. Foucart, dans le Bulletin de Correspondance hellénique, t. xi, 1887, p. 100-101. Lydie devait elle-même posséder unecertaine fortune, cela apparaît dans le fait qu’elle a àson service tout un personnel et peut recevoir saint Paulet Silas dans sa maison. C’est chez elle qu’ils rentrèrentaprès que les magistrats de Philippes les eurent faitsortir de prison. Act., xvi, 40. On sait par l’Épltre quesaint Paul adressa aux Philippiens combien devint florissantel’Eglise de cette ville dont Lydie et les siens avaientété les prémices. Cf. W. Ramsay, Saint Paul, the travellerand the Roman citizen, in-8°, Londres, 1895; G. Radet, La Lydie au temps des Mermades, in-8°, Paris, 1892.

E. Beurlier.

2. LYDIE (hébreu: Lûd; Septante: Aoiiê, Atàia; Vulgate: Lud, Lydia), contrée d’Asie Mineure (fig. 136). Dansla table ethnographique, Gen., x, 22, Lûd est nomme

136. — Monnaie de Lydie.

Statêre de Crésus (561-546). Protome de lion et protome

de taureau affrontés. — ^. Double carré creux.

parmi les fils de Sem, entre Arphaxad et Aram. Ce passageest répété dans I Par., i, 17. Lûd est le héros éponjmedes Lydiens d’Asie. D’après ce texte, ce peuple

serait donc d’origine sémitique. En fait, au moment oùils apparaissent dans l’histoire, les Lydiens se montrentà nous comme une race mêlée. D’une part Strabon, XII, vin, 3; Hérodote, I, clxxi, 7, les considèrent comme d’originethrace, frères des Mysiens et des Phrygiens. Lesnoms de certaines de leurs villes, Tralles, Brinla, Thyes137. — Carte de Lydie.

sos, etc., rappellent les noms de villes thraces. Strabon, XIV, i, 42; VII, vi, 1; B. V. Head, Historia nutnorum, in-8°, Oxford, 1887, p. 554. D’après Hérodote, i, 35, 74, 94, les usages et les lois de Lydie ressemblentaux usages et aux lois des Grecs. D’autre part, les traditionslydiennes rattachent la dynastie des Héraclides, qui régna sur la lallée de l’Hermus à l’Héraklès-Sandon, vénéré à Babylone, à Ascalon et à Tyr; Menke, Lydiaca, in-8°, Berlin, 1843, p. 23; A. Maury, Histoire des religionsde la Grèce antique, in-8°, Paris, 1857-1859, t. iii, p. 152, 245. L’influence araméenne est très sensible dansle Panthéon lydien. A. Maury, Histoire des religions, t. iii, p. 195; G. Perrot et Ch. Chipiez, Histoire de l’artdans l’antiquité, in-4°, Paris, 1890, t. v, p. 246. Certainespratiques rappellent celles de Babylone ou de laSyrie. Hérodote, i, 96; Strabon, XI, xiv, 16; Xanthos, 19, dans les Fragmenta Historicorum Grxcorum, édit.Didot, t. i, p. 39-40, Nicolas de Damas, 24, ibid., t. iii, p. 271. Les Lydiens appartenaient donc à ces populationsque l’historien grec Ephore appelle Migades et dontl’existence est incontestable, malgré les efforts que Strabon, XIV, v, 23-25, fait pour la hier. C’est, à l’élémentsémitique des Lydiens que la Genèse donne Lûd pourancêtre. Cf. Josèphe, Ant.jud., i, VI, 4. Cf. pour l’exposéde toute la question, G. Radet, La Lydie et le mondegrec au temps des Mermades, in-8°, Paris, 1892, p. 5157, 67.

Le pays appelé Lydie (fig. 137) à partir du temps deGygès, c’est-à-dire de 687 avant Jésus-Christ, portait auparavantle nom de Méonie. Homère, Iliad., iii, 401; xviii, 291; Pline, H. N., V, xxx, 1; Hérodote, I, 7; vii, 74; Strabon, XIII, iv, 5; XIV, x, 24; cf. XIII, i, 8, pensentque c’est un même peuple sous deux noms différents.Il paraît, en effet, très probable que la Méonie a pris lenom de Lydie par suite d’une invasion étrangère, celledontGygès était le chef. Ce qui confirme cette hypothèse, c’est qu’Assurbanipal, qui régna de 668 à 625 avantJ.-C, dit que la Lydie était «un pays dont ses pèresn’avaient jamais entendu parler». G. Smith, History ofAssurbanipal, in-4°, Londres, 1871, cylindre A, p. 64, Incontestablement les Assyriens connaissaient le paysconquis par Gygès; ce qui était nouveau pour eux, c’étaitle nom de Lydie. G. Radet, La Lydie, p. 57-59.

La version grecque de Judith, ii, 23, racontant lacampagne d’Holoferne en Asie Mineure, nomme Loudparmi les peuples qu’il vainquit. Ce peuple est aussi, nommé dans la version syriaque, mais non dans laVulgate qui ne contient qu’un abrégé de ce passage.Les annales assyriennes sont ici d’accord avec les verLYDIE — LYRE

450

sions greque et syriaque. Elles nous fournissent desdétails sur cette expédition. Gygès, roi de Lydie, avaitcessé d’envoyer des ambassadeurs à Assurbanipal et s’étaitallié à Psammétique, roi d’Egypte, révolté contre l’Assyrie.Assurbanipal le battit et son cadavre fut laissé sanssépulture. Les Cimmériens vainquirent la Lydie et laravagèrent, et Ardyo, fils de Gygès, s’assit sur son trône.Cylindre A, col. m. G. Smith, Ëistory of Assurbanipal, p. 64-67, cf. p. 71-72, 73-75; J. Menant, Annales des raisd’Assyrie, p. 259; Gelzer, Das Zeitalter des Gyges, dans le Rheinùch. Muséum, t. xxx, 1875, p. 233-234; G. Radet, La Lydie, p. 189-181; Fr. Lenormant et E.Babelon, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, S «édit., Paris, 1885, t. iv, p. 344-346; G. Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient classique, 1899, t. ii, p. 428. Voir Assurbanipal, t. i, col. 1146.

La Lydie fut ensuite conquise par Cyrus sur Crésus.Hérodote, i, 76-84. Cf. G. Radet, La Lydie, p. 242-259.Alexandre l’engloba dans son empire et, après lui, ellefit partie du royaume des Séleucides. J. G. Droysen, Histoire de l’hellénisme, trad. franc., in-8°, Paris, 1883-1885, t. ii, p. 135, 495, 589; t. iii, p. 449. Antiochus II y établit des colonies juives importantes, notammentà Sardes. Josèphe, Anl. jud., XII, iii, 4. Après ladéfaite d’Antiochus ni par les Romains, la Lydiefut donnée par eux à Eumène II, roi de Pergame.I Mach., viii, 8; Tite-Live, xxxviii, 39. À la mort d’AttaleIII, elle fut, avec tout son royaume, englobée dansla province romaine d’Asie. Voir Asie, II, t. i, col. 1094.-C’est pourquoi le Nouveau Testament ne parle pas dela Lydie, les villes de cette région sont nommées parmiles villes d’Asie. À l’ancienne Lydie appartenaient Éphèse, Smyrne, Thyatire, Sardes et Philadelphie, aux évêquesdesquelles saint Jean écrivit les lettres qui figurent audébut de l’Apocalypse, I, 4, 11; II, i-ii, 18-29; iii, 1-13.Voir ces noms. Éphèse avait été évangélisée par saintPaul, qui avait adressé une épître à cette Église. VoirÉphèse, t. ii, col. 1831; Éphésiens (Épître aux), t. ii, col. 1849. Thyatire est la patrie de Lydie. Act., xvi, 14.Voir Lydie 1. La première Épître de saint Pierre adresséeaux Églises d’Asie, l’est donc par là même aux Égliseslydiennes. I Pet., i, 1.

La Lydie était à l’époque de Judith, des Machabées etdu Nouveau Testament, la région bornée au nord parla Mysie, à l’est par la Phrygie, au sud par la Carie età l’ouest par la mer Egée. Elle contenait la vallée du’Caystre et la basse vallée de l’Hermus. Les principalesailles étaient celles qui sont citées plus haut, auxquellesil faut ajouter Colophon, située sur la côte ainsi queSmyrne et éphèse. Sardes était à l’intérieur des terres, dans une immense plaine, ainsi que Thyatire plus aunord et Philadelphie à l’ouest. La route royale de Sardesà Suse traversait la Lydie. Hérodote, v, 49, 52. Les Lydiensparlaient une langue que les Assyriens ne comprenaientpas. Lorsque Gygès envoya une ambassade àAssurbanipal, pour contracter avec lui alliance contreles Cimmériens, la langue de ses messagers était inintelligibleaux interprètes ordinaires du roi et l’on eut dela peine à en trouver un qui pût la traduire. G. Smith, History of Assurbanipal, in-4°, Londres, 1871, p. 79.Leur dialecte nous est absolument inconnu. Au tempsde Strabon, il avait disparu de la Lydie et n’était plusparlé que dans le petit canton pisidien de Cibyra. Strabon, XIII, IV, 17. Cf. G.Perrot, Histoire de l’arl, t. v, p. 212; G. Radet, La Lydie, p. 53.

Bibliographie. — Th. Menke, Lydiaca, in-8°, Berlin, 1844; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. franc., in-8°, Paris, 1887, p. 79; G. Perrot, Histoirede l’art dans l’antiquité, in-i°, Paris, 1890, t. v, p. 239-308; G. Radet, La Lydie au temps des Mer.modes, in-8°, Paris, 1892. E. Beurlier.

    1. LYDIENS##

LYDIENS (Vulgate: Lydi, Lydii), habitants de Lud,

UICT. DE LA BIBLE.

Jer., xlvi, 9; Ezech., xrni, 10; xrx, 5; et de la Lydie, I Mach., viii, 8. Voir Ludim, col. 411, et Lydie 2.

    1. LYNAR##

LYNAR (Roch Frédéric, comte de), diplomate allemandet érudit protestant, né le 16 décembre 1708 auchâteau de Lubbenau en Lusace, mort au même lieu le13 novembre 1781. Ses études terminées aux universitésd’Iéna et de Halle, il parcourut divers États de l’Europeet en 1733 obtint la charge de chambellan du roi deDanemark. Il remplit plusieurs ambassades importanteset gouverna plusieurs provinces au nom de ce souverain.En 1765, il abandonna toutes ses charges pour seretirer à son château de Lubbenau et s’adonna à l’étudedes questions théologiques. Parmi ses écrits, on remarque: ErklârendeUmschreibung sàmmtlicher apostolischerBriefe, in-8°, Halle, 1765; Erklârende Umschreibungder vier EvangeMen, in-8°, Halle, 1775. —Voir H. C. G. de Lynar, Lebenslauf dos Grafen zu

Lynar, in-8°, Leipzig, 1782.

B. Heurtebize.

1. LYRE (Septante: xiOipa; Vulgafe: cilhara), instrumentà cordes pincées et de longueur égale, composé

138. — Lyre sur une monnaie de Simon.bi>n…J pyDttr, a Simon n[asi (prince) d’Is]raël. a Palme dansune couronne. — r). h… w> ribxa 1! nnN niiff. Première annéede la rédemption d’ls[raë]l. Lyre à six cordes.

d’un corps de résonance et de deux branches, soutenantune traverse à laquelle étaient fixées les cordes. —Chez les Grecs, la caisse sonore de la lyre était faite del’écaillé ou de la carapace abdominale d’une tortue, 3(é).u; , et on l’appelait alors proprement X-ipa. Une peautendue en recouvrait la concavité. Quand la caisse sonoren’était pas faite avec une écaille de tortue, on l’appelaitxt6âp «. La rondeur de la base ne permettait pasde tenir la lyre droite sans l’appuyer: il fallait la serrerentre les genoux ou la tenir contre le bras ou contre lapoitrine. Les deux branches, droites ou recourbées, enbois ou en corne, distinctes de la caisse sonore à laquelleelles étaient fixées, portaient une traverse droite, quiretenait une extrémité des cordes, dont l’autre pointd’attache était placé à la partie inférieure de l’instrument.Comme la harpe, la lyre n’avait eu à l’origine que troisou quatre cordes. On en augmenta le nombre graduellement, et la lyre heptacorde fut la plus célèbre et Ja

139. — Cithare sur une monnaie de Simon Barcochébas.

pïD’O, «Simon.». Cithare à trois cordes. — fy dWiT…

s La délivrance de Jérusalem.» Palme dans une couronne.

plus employée. On ajouta cependant une huitième cordepour établir deux tétracordes harmoniques; plus tard, pour répondre à l’extension des modes du chant, ondonna à la lyre douze et quinze cordes. Voir Burette, Dissertation sur la symphonie des Anciens, dans lesMémoires de l’Académie des Inscriptions, t. iv, 1723,

IV. — 15

p. 127, Toutes les cordes étaient égales en longueur. Lagrosseur et la tension variaient suivant l’accord.

Les Hébreux possédaient deux espèces d’instruments5. cordes qu’ils appelaient kinnôr et nébél. Le fait queles anciennes versions traduisent quelquefois par lyra

dans la lyre, de forme rectiligne, entièrement en boiset ne formant qu’une pièce avec les branches dans lacithare. Voir F. A. Gevaërt, Histoire et théorie de lamusique dans l’antiquité, t. ii, Gand, 188l, p. 250; Guhiet Kôhner, La vie antique. 1. La Grèce, Paris, 1884,

140. — Lyres égyptiennes. Thèbes. D’après Wilkinaon, Mannere and Customs of ancient Egyptians, édit. Birch, 1. 1, fig. 242-243.

les mots hébreux nébél, Is., v, 12; III Reg., x, 12, etkinnôr, I Par., xv, 16; xvi, 5, est peut-être le résultatd’une conception erronée, que l’on retrouve d’ailleursdans Hésychius et Suidas: xrôàpof Xûpa. Il faut remarquercependant que la lyre et la cithare n’étaient pas des

p. 290, 291. Les deux instruments se confondirent à uneépoque postérieure. H. Lavoix, Histoire de la musique, Paris, 1886, p. 41; J. Weiss, Die musikalischen Instrumentein den heiligen Schriften, Graz, 1895, p. 36.D’après cette description, ce sont des lyres et des cithares

141. — Lyre héthéenne.

D’après Humann et Puchstein, Reisen in lileinasicn,

pi. XL VII, ûg. 2.

instruments très différents de la petito harpe antique.Voir Hakpe, t. iii, col. 434. Ces instruments eurent lamême origine, et reposent sur le même principe deconstruction, modifié dans la harpe par la courbure dumanche, dans la lyre et la cithare par la division desbranches soutenant une traverse, et par l’adjonction «l’un corps sonore de forme ronde et recouvert de peau

142. — Instrument à cordes chaldéen.Musée du Louvre.

de diverses formes que représentent les monnaies juivesdu I er et du il» siècle de notre ère (fig. 138 et 139).

La lyre fut l’instrument national des Grecs. Il està remarquer toutefois qu’elle n’est mentionnée nipar Homère ni par Hésiode. Homère, lliad., i, 187; xviii, 569, et Hésiode, Scut., 203, nomment la ç^piu^, instrument que les chanteurs ambulants «portaient» {fipw) sur l’épaule. Voir Hésychius, Lexicon, édit, M.

453

LYRE

454

Schmidt, t. iv, 1862, p. 254. La lyre est-elle, comme laharpe et la cithare, d’origine asiatique? Sa premièreapparition sur les monuments égyptiens se trouve dansune tombe de la XIIe dynastie, aux mains d’un person143. — Lyre assyrienne.

D’après G. Rawlinson, The flve great monarchies, 1864,

t. H, fig. 154.

nage dont le type et le costume nous montrent qu’il nepeut être qu’un Syrien. Voilât. H, fig. 384, vis-à-vis dela col. 1083. Cf. V. Loret, L’Egypte au temps des Phq144. — Captifs assyriens jouant de la lyre.

D’après G. Rawlinson, The flve great monarchies, 1864, t. H, fig. 164.

raons, in-12, Paris, 1889, p. 145-150. C’est surtout à partirdes guerres d’Asie qu’on la voit figurer sur les monuments(fig. 140). Elle a de six à quinze cordes, et son nom

égyptien était très vraisemblablement l jiCj ® v=-h-,

nazu/i ou nadja%i. La lyre où cithare héthéenne reproduite par Humann et Puchstein, Reisen in Kleinasitmund Nordsyrien, Berlin, 1890, pi. xlvii (fig. 141), rappellel’instrument très antique figuré sur ie bas-relief ÂeSarzec au musée du Louvre (fig. 142), et tout concosErtà démontrer, dans ces représentations, que la lyæsous ses diverses formes, provient d’Asie, comme toute Jamusique et l’instrumentation des Grecs et des Égyptiens.Nous avons de ce fait l’important témoignage de Stabon, X, 3, 17: àizb Sï toO h&ovç xal twv ôpyâvwv xa’. rfj.ov<7tXT| nâaix ôpxxt’a xal àaiîxi; Jevônearai. Cf. Athénée, iv, 23 (al. 76).

La lyre était connue en Assyrie (fig. 143 et 145), commeelle l’était en Egypte (fig. 140). Les Hébreux ont dûaussi la connaître de bonne heure. Un bas-relief assyrien, conservé au British Muséum (fig. 144), représente troiscaptifs, dont le costume est juif, jouantde la lyre. D’après

145. — Lyre assyrienne.’P’après G. Rawlinson, The flve great monarchies, 1864,

t. H, 11g. 155.

les anciennes versions de la Bible, le kinnôr aurait cléplutôt une lyre qu’une harpe. Quoi qu’il en soit, onne peut guère douter que le kinnôr ou le nébél ne fût uninstrument analogue à la xiôâpa grecque. — Dans leNouveau Testament, la xiûâpa (fig. 146 et 147) est le seulinstrument à cordes qui soit nommé. I Cor., xiv, 7; Apoc, v, 8; xiv, 2; xv, 2. — La lyre n’<existe plus aujourd’huicomme instrument de musique. Dépossédée deses droits par les instruments plus perfectionnés, ellene se retrouve que sous le pinceau des peintres et dansles métaphores des poètes. — Voir F. Vigouroux, Lesinstruments de musique dans la Bible, dans la Biblepolyglotte, t. iv, 1903, p. 631-656. J. Pahisot.

2. LYRE (Nicolas de), exégète et théologien franciscain, né vers 1270 à Lyre en Normandie, mort à Parisle 23 octobre 1340. Il embrassa la vie religieuse chez lesfranciscajns de Verneuil et fit ses études à l’universitéde Paris* II y fut reçu docteur et y enseigna la théologie.Il’fut provincial de son ordre en Bourgogne. Très vessédans la connaissance de l’hébreu, il écrivit des commentairessur toute l’Écriture Sainte, qui lui valurerifiesurnom de Doctor ulilis. Il s’y donnait pour tâche dedévelopper uniquement le sens littéral. Ce premiertravail terminé, il composa des Moralitates ou Explicationsmystiques des livres de la Bible. Ces Moralitésfurent d’abord un ouvrage spécial; mais elles ne tardèrentpas à être ajoutées à l’explication du sens littésaLL’ouvrage de Nicolas de Lyre a pour titre Poslillx perpetusesive prxvia commentaria in universa Biblùt, 455

LYRE — I/ÏSANIAS

456

5 in-F>, Rome, 1471-1472. Un siècle plus tard, les Postillxfurent complétées par des Additiones, œuvre de Paulde Burgos, juif converti qui vécut de 1350 à 1435 environ.Les Postulas ont eu de nombreuses éditions. Onattribue encore à Nicolas de Lyre l’ouvrage suivant, imprimé à Rouen dans les premières années de l’imprimerie: Tractatus de differentia nostrse translationisab hebraica littera in Vetere Testamento. — Voir

de son fils Lysanias qui lui succéda en 40 et mourut en36 avant J.-C. Voir Iturée, t. iii, col. 1039. D. F. Strauss, Leben Jesu, 4e édit., in-8°, Tubingue, t. i, p. 341, penseque, par suite d’une erreur chronologique, saint Luc aplacé ce Lysanias au temps de Tibère et par conséquentl’a fait vivre soixante ans après sa mort. Les documentsépigraphiques, prouvent qu’il n’en est rien. En effet, après la mort de Zénodore, fils de Lysanias I", les pays

143. — Lyres et cithares grecques. D’après VArchâologische Zeitung, 1858, pi. cxv, fig. 2, 4, 6, 10.

Nicolaus de Lyra und seine Stetlung in der MitteraUterlîchen Schrift-Erklârung, dans le Katholik, 1859, p. 934; Wading, Scriptores Ord. Minorum, p. 265; Id., Annales Minorum, t. ii, ad a. 1291, § 20; Jean de

147. — Cythare grecque.

D’après VArchâologische Zeitung, 1858, pi. cxv, n. 7.

Saint-Antoine, Biblioth. universelle franciscaine, t. ii, p. 388; Hain, Repert. bibliogr. (1831), i, 3163; ut, 9383, 10363; Fabricius, Biblioth. latina médise œtatis, t. v(1858), p. 114; É. Frère, Le bibliographe normand, 2 in-8°, Rouen, 1857-1860, t. ii, p. 263; U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, t. i,

col. 1367.

B. Heurtebize.

    1. LYSANIAS##

LYSANIAS (Autraviac), tétrarque d’Abilène. Lysaniasétait tétrarque d’Abilène la quinzième année de Tibère, au temps où saint Jean-Baptiste commença à prêchersur les bords du Jourdain, c’est-à-dire vers l’an 26 aprèsJ.-C. Luc, iii, 1. L’Abilène avait d’abord été comprisedans les territoires soumis à Ptolémée, fils de Menée, et

qu’il gouvernait furent donnés à Hérode le Grand par lesRomains. Lorsque mourut Hérode, l’ancien domaine deZénodore fut divisé. Une partie, comprenant la Trachonitideet l’iturée, passa sous le gouvernement de Philippe.Luc, iii, 1; Josèphe, Ant. jud., XVII, xi, 4; Bell, jud., II, vi, 3. Une autre trétarchie fut formée dudistrict d’Abila dans le Liban. Voir Abilêne, t. i, col. 50.Josèphe, Ant. jud., XVIII, vi, 10, parle de la trétrarchied’Abilène au temps de Caligula. D’après lui, ceprince la donna à Agrippa I" en l’an 37 après J.-C, età cette occasion il l’appelle la tétrarchie de Lysanias.En 41 après J.-C. lorsque Claude agrandit le domained’Agrippa I er, Josèphe, Ant. jud., XIX, v, 1 dit encorequ’il lui donna l’Abila de Lysanias. Après la mort d’AgrippaI er, le territoire fut pendant quelque tempsadministré par des procurateurs romains, mais, en 53, Claude la donna à Agrippa II, en même temps que latétrarchie de Philippe. Josèphe, Ant. jud., XX, vii, 1.Il y avait donc une tétrarchie d’Abilène contemporainede la tétrarchie de Philippe et elle avait été sous le gouvernementd’un Lysanias. Il est impossible d’admettrequ’il s’agisse de Lysanias I er; celaici possédait, en effet, à la fois le territoire qui fut plus tard soumis à Philippeet l’Abilèné, il n’y avait donc pas de séparation entre lesdeux, pays, de plus sa capitale était Chalcis. Il s’agitdonc d’un second Lysanias qui fut tétrarque d’Abilène, au temps où Philippe gouvernait l’iturée, ce qui correspondentièrement au texte de saint Luc. Une inscriptiontrouvée par R. Poco*cke à Abila en 1737 confirme cesdonnées. Elle est dédiée au Salut des Augustes par unaffranchi d’un tétrarque nommé Lysanias; or, cette formulene peut s’appliquer qu’à Tibère et à Livie, caraprès eux, il faudrait descendre jusqu’à Marc-Aurèle etLucius Verus, époque où tout souvenir des Lysaniasavait disparu. De son vivant, Auguste fut seul à porterce titre; Livie, après la mort de son mari, prit le titred’Augusta et le porta jusqu’à sa mort en même tempsque Tibère s’appelait Auguste. L’inscription doit doncêtre datée d’une année placée entre l’an 14 où mourutAuguste et l’an 29 où mourut Livie. Il y avait donc àcette époque, c’est-à-dire exactement au temps où saintLuc en parle, un tétrarque d’Abilène nommé Lysanias.Corpus inscript. Grœc, t. Ii(, n. 4521, addenda, p. 1174.Cf. E. Renan, Mémoire sur la dynastie des Lysaniasd’Abilène, dans les Mémoires de l’Académie des 1ns

criplions, t. xxvi, part. 2, 1870, p. 67-69. On ne peutsavoir auquel des Lysanias appartiennent les monnaiesqui portent la légende Auaocvfou zzzfiipxov xa’t àp^tEpéw; ; Head, Bistoria numorum, p. 655. Voir Abilène, t. i, fi g. 5, col. 50.

Bibliographie. — Outre le mémoire d’E. Renan: E. Kuhn, Die stâdtische und burgerlicke Verfassung desrômischen Reichs, in-8°, Leipzig, 1865, t. ii, p. 169-174; De Saulcy, Recherches sur les monnaies des lélrarqueshéréditaires de la Chalcidéne et de V’Abilène, dans lesWiener numismatische Monatsfiefte d’Egger, t. v, part. 1, 1869, p. 1-34. Cf. Reichhardt, Zeitschrift furNumismatik, 1870, t. ii, p. 247-250; E. Schurer, Geschichtedes Jûdischen Volkes im Zeitalter Jesu-Christi, 2^ édit., t. i, in-8°, Leipzig, 1890, p. 254, 296, 595, 598, 463-492, 462, 600-604; F. Vigouroux, Le Nouveau Testamentet les découvertes archéologiques modernes, 2e édit., Paris, 1896, p. 131-141. E. Beurlier.

    1. LYSIAS##

LYSIAS, nom d’un général syrien et d’un tribunmilitaire romain.

1. LYSIAS (grec: Avalai), général syrien. Lysiasjoui un rôle considérable dans les guerres des rois deSyiie contre les Juifs, au temps des Machabées. Aprèsson départ pour la guerre contre les Perses, c’est-à-direcontre les Parthes, Antiochus IV Épiphane laissa enSyrie Lysias pour gouverner le royaume et être le tuteurde son fils Antiochus qui devint plus tard Antiochus VEupator. I Mach., iii, 31-33; vi, 17. Il est appelé par laBible, homme illustre, de race royale ou parent du roi.I Mach., iii, 32; II Mach., xi, 1. Le terme exact estcelui qui est employé dans ce dernier passage ouyvévkiç; cela ne signifie pas qu’il était uni au roi par les liensdu sang; c’était un titre que les Séleucides et lesPtolémées donnaient à des personnages de haut rang, comme les souverains modernes leur donnent celui decousins.W. R. Waddington, Inscriptions d’Asie Mineure; Lebas et Waddington, Voyage archéologique, t. iii, n «= 2757, 2781, 2796; Journal of Hellenic Studies, 1888, t. H, p. 225, 226, 228, etc. Cf. Oberhummer, Griechischelnschriften aus Cypern, dans les Sitzungsberichte derK. Bayer. Akadem. der Wissenschaften zu Mùnchen, 1888, t. i, p. 305; E. Beurlier, De divinis honoribus quosacceperunt Alexander et successores ejus, in-8°, Paris, 1890, p. 63, 79. Ses fonctions sont désignées par lesmots ÈTtîtpoitoç, procurateur, et i% tûv TtpaytiâTwv, chargédes affaires, c’est-à-dire ministre du roi. Cf. II Mach., xiii, 2. Dans II Mach., x, 11, Lysias est appelé, aumoment où Antiochus V Eupator commença à régner, <TTpaT71fôç icpoTixpxo?, c’est-à-dire commandant en chefde l’armée de Phénicie et de Syrie, ou plus exactementde Célœsyrie, selon la variante du Codex Alexandrinus.Lysias eut sous ses ordres la moitié de l’armée syrienneavec des éléphants et reçut les instructions du roi pourl’extermination des Juifs, il devait établir dans leurpays des colons étrangers et distribuer leurs terres ausort. I Mach., iii, 34-37; Josèphe, Antiq. jud., XII, vii, 2. Lysias préposa à l’expédition Ptolémée, fils deDorymne, Nicanor et Gorgias, et leur confia40000 fantassins et 7000 cavaliers. I Mach., iii, 38-39; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 3. Après la défaite deces généraux par Judas Machabée, voir Judas, t. iii, col. 1794, Lysias entra lui-même en campagne dansl’automne de l’an 165 avant J.-C. avec 60000 hommesd’élite et 5000 cavaliers. Au lieu d’attaquer directementla Judée par le nord, il y pénétra par le sud, par lavoie de l’Idumée. La bataille s’engagea près de Bethsur, que la Vulgate appelle Bethoron. Lysias fut complètementdéfait par Judas et perdit 5000 hommes. I Mach., iv, 28-34. Voir Béthoron, t. r, col. 1703; Bethsur 1, t. i, côl. 1746; Judas, t. iii, col. 1796. Antiochus IVirrité retira sa confiance à Lysias et, en mourant, choisit

à sa place pour tuteur de son fils, un autre de sesgénéraux nommé Philippe. I Mach., VI, 5, 14-17. Lysiasapprit la mort d’Antiochus IV et, sans tenir compte dela nomination de Philippe, fit monter Antiochus VEupator sur le trône, comme s’il était toujours sontuteur. I Mach., vi, 17. Il n’avait pas perdu de tempspour reconstituer une armée formidable composée de80000 hommes et de toute la cavalerie, et avec elle, en164, il entreprit une seconde campagne. Il attaqua denouveau Bethsur, fut encore défait et n’échappa lui-mêmeà la mort que par la fuite. II Mach., xi, 1-2, 5, 12. Enhomme intelligent, il comprit qu’il fallait faire la paixet promit à Judas d’intervenir auprès du roi de Syriepour que celui-ci accédât à toutes les demandes desJuifs. Bientôt Lysias envoya aux Juifs une lettre danslaquelle il leur annonçait qu’en effet Eupator accordaittout ce qu’avaient demandé leurs ambassadeurs; lalettre était datée du 24 Dioscore de l’an 148 des Séleucides, c’est-à-dire de l’an 164 avant J.-C. Voir Dioscore, t. ii, col. 1458. À cette lettre était jointe la copie d’unelettre d’Antiochus à Lysias, et une autre d’Antiochusaux Juifs. II Mach., xi, 1-33. Voir Judas 3, t. iii, col. 1796.La paix conclue, Lysias retourna vers le roi. II Mach., xil, 1. Cette paix fut de courte durée. En 163, Lysias etAntiochus rentrèrent en Judée. Leur armée comptaitcette fois environ 100000 fantassins, une nombreusecavalerie et des éléphants. II Mach., xiii, 2. Passanttoujours par l’Idumée, ils assiégèrent Bethsur, livrèrentbataille aux Juifs à Bethzachara. Bethsur dut capituleret Jérusalem fut assiégée. I Mach., vi, 18-52; II Mach., xm, 1-22; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 3-5; Bell, jud., I, i, 5. Cependant Lysias apprit que Philippe, revenu dePerse avec l’armée qu’Antiochus IV avait conduite dansce pays, cherchait à s’emparer de la direction desaffaires et à le supplanter. Il hâta la conclusion de lapaix avec les Juifs, retourna à Antioche et reprit la villeà Philippe. I Mach., vi, 55-63; II Mach., xiii, 23. Enroute, Lysias apaisa les habitants de Ptolémaïde, inquietsdu traité de paix signé avec les Juifs. II Mach., xiii, 2526; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 7. Lorsque Démétrins, fils de Séleucus IV Philopator, revint de Rome, en 162, et s’empara du trône de Syrie, l’armée se saisit deLysias en même temps que d’Antiochus V pour leslivrer à leur adversaire, puis, sur l’ordre de Démétrius, les massacra tous les deux. I Mach., vii, 1-4; II Mach., xiv, 2; Josèphe, Ant jud., XII, x, 1; Tite Live, Epist., xlvi; Appien, Syriac, 47. "Voir Antiochus 3, t. i, col. 698; Antiochus 4, t. i, col. 700.

E. Beurlier.

2. LYSIAS Claudius (grec: KXauSt’o; Ayaioç), tribunmilitaire romain. Lysias commandait la cohorte chargéede garder la tour Antonia, voir Antonia, t. i, col. 712, au moment où les Juifs s’ameutèrent contre saint Paul, sous le faux prétexte qu’il avait introduit un païen dansle Temple. Informé du tumulte, Claudius fit sortir des centurionset des soldats et courut vers la foule. À la vuedu tribun et des soldats, les agresseurs de saint Paulcessèrent de le frapper. Le tribun s’approcha alors del’apôtre et le fit lier de deux chaînes. Il demanda ensuitequi il était et ce qu’il faisait. Comme la foule continuaità crier et que le tumulte ne permettait pas de se rendrecompte des griefs que les Juifs avaient contre saint Paul, Lysias le fit mener dans la citadelle. Les soldats durentle porter, à cause de là violence des assaillants qui poussaientdes cris de mort. Au moment d’être introduitdans la tour, saint Paul dit au tribun: «M’est-il permisde te dire quelque chose?» Le tribun répondit: «Tusais le grec. Tu n’es donc pas cet Égyptien qui s’estrévolté dernièrement et qui a emmené dans le désert4000 brigands? i, Act., xxi, 31-37. Lysias, en effet, pensaitavoir mis la main sur un chef de sicaires originaired’Egypte et de qui parle Josèphe, Bell, jud., II, xiii, 5.C’eût été pour lui une capture de premier ordre, car

ce personnage avait environ 30000 hommes sous s» dépendance.C’était surtout à l’époque des fêtes que sesaffidés se montraient et l’on était alors au temps de laPentecôte. Josèphe, Bell, jud., II, xiii, 3, 4. «Je suisJuif, reprit saint Paul, de Tarse en Cilicie, citoyen d’uneville qui n’est pas sans importance.» Apprenant sonerreur, Lysias permit à l’apôtre de haranguer le peuple; Aict., xxi, 39-40. Paul ayant, dans son discours, parlédtes Gentils, le tumulte recommença et le tribun dutte faire entrer dans la tour. Pour savoir le motif quicausait une telle indignation dans le peuple il ordonnad’infliger au prisonnier la torture du fouet. Saint Pauldit au centurion chargé de l’exécution: «Vous est-ilpermis de battre de verges un citoyen romain qui n’estmême pas condamné?» En entendant ces mots, le centurionavertit Lysias. Le tribun accourut aussitôt et dità saint Paul: «Es-tu Romain? — Oui,» réponditcelui-ci. Le tribun ajouta: «C’est avec beaucoup d’argentque j’ai acquis ce droit de cité. — Et moi, dit saintPaul, je le suis par ma naissance. i> Aussitôt ceux quidevaient lui donner la question se retirèrent et le tribun, voyant que saint Paul était Romain, fat saisi de crainteparce qu’il l’avait fait lier. Act., xxii, 24-29. Voir Citoyenhomain, t. ii, col. 789. Lysias ne savait toujours pasquel genre d’accusation pesait sur saint Paul et il tenaità se renseigner sur ce point. Aussi le lendemain, il ledélivra de ses liens et le fit conduire devant le Sanhédrin.Act., xxii, 30. Cependant quarante Juifs s’engagèrent parvœu à ne rien manger jusqu’à ce qu’ils eusfent tuél’apôtre et allèrent trouver les chefs des prêtres pourque, d’accord avec le Sanhédrin, ils priassent Lysias dele conduire devant cette assemblée. Une fois là, ils sechargeaient de le mettre à mort. Act., xxui, 15. Avertipar son neveu, Paul pria un centurion de conduire lejeune homme au tribun. Lysias lui recommanda degarder le secret et il donna ordre à deux centurions detenir prête-pour la troisième heure de la nuit, une escortecomposée de deux cents soldats, soixante-dix cavalierset deux cents hommes armés à la légère, pour conduiresaint Paul à Césarée, auprès du procurateur Félix.En même temps, il écrivit à celui-ci une lettre dans laquelleil l’informait que le prisonnier était citoyen romain, que les Juifs lui en voulaient à la suite de discussionsreligieuses, mais qu’il n’avait commis aucun crimequi méritât la mort ou même la prison. Il l’envoyait auprocurateur pour le soustraire aux embûches de ses ennemiset, en même temps, il leur faisait savoir qu’ilseussent à s’adresser eux-mêmes à Félix. Act., xxiii, 16-30; xxiv, 7. La lettre devait être écrite en latin et les Actesn’en donnent qu’une traduction ou une analyse. Lysiasarrange un peu les événements lorsqu’il dit qu’il a vouludélivrer saint Paul de ses agresseurs parce qu’il avaitappris qu’il était citoyen romain, mais on comprend fæilementpourquoi il se donne ce rôle en écrivant au gouverneurde la province. Lorsque les Juifs eurent formuléleurs griefs devant Félix, celui-ci les ajourna jusqu’au momentoù Lysias viendrait à Césarée. Act., xxiv, 23. ClaudiusLysias était citoyen romain, il avait acheté son titrepour une somme considérable, lui-même le dit. Act., xxii, 28. Nous savons en effet que la femme et les affranchis deClaude vendaient couramment le droit de cité romaine.Dion Cassius, LX, xvii, 6. Le nom de Claudius que porteLysias, montre que c’est par eux qu’il l’avait obtenu. VoirCitoyen romain, t. ii, col. 790. Il avait le grade de tribun, c’est-à-dire de commandant de cohorte. La troupe qu’ilavait sous ses ordres était un corps d’auxiliaires, de cellesqu’on appelait milliariie equitatæ, c’est-à-dire qui étaientcomposées de mille hommes et qui avaient de la cavalerie.Voir Cohorte, t. ii, col. 827. Elle tenait garnison à latour Antonia (appelée dans le texte Ttopet160Xr,; Vulgate, castra). Act., xxi, 34, 37; xxii, 24; xxiii, 10, 32. VoirAntonia, t. i, col. 712; Wensdorf, Claudii Lysise oratio, in-8, Helmstedt, 1743. E. Beurlier.

    1. LYSIMAQUE##

LYSIMAQUE, nom de deux Juifs.

1. LYSIMAQUE (grec: Au<rt’|iaxoç), Juif de Jérusalem, traducteur de la lettre des Phurim. Esther, xi, 1. Laversion des Septante du livre d’Esther se termine par laphrase suivante: «L’an 4 du règne de Ptolémée et deCléopâtre, Dosithée, qui se disait prêtre et de la race deLévi, et Ptolémée, son fils, apportèrent la lettre desPhurim qui précède, qu’ils disaient exister et avoir ététraduite par Lysimaque de Jérusalem, fils de Ptolémée.» La Vulgate reproduit cette mention, Esther, xi, 1, ensupprimant le mot eïvail C’est là évidemment une annotationdes Juifs d’Alexandrie qui ont voulu conserver unsouvenir du présent qui leur avait été fait. La lettredes Phurim, c’est la lettre de Mardochée analysée dansEsther, ix, 20-22, à la suite de laquelle fut instituée lafête des Phurim ou des Sorts. Voir Phurim. C’est aussila seconde lettre écrite par Esther et par Mardochéepour confirmer la première et envoyée aux Juifs descent vingt-sept provinces du royaume d’Assuérus. Esther, IX, 29-32. S’agit-il de la traduction du texte complet deces lettres ou de l’une d’elles, ou encore de celle dulivre d’Esther, il est difficile dé le dire. Dan* le premiercas, la mention des Septante nous laisse le regret de nepas posséder le document que leur avaient apporté Dosithéeet Ptolémée; dans le second, Lysimaque serait letraducteur du livre d’Esther. La première hypothèseparait la plus vraisemblable, d’après le texte grec quidit que la lettre des Phurim existe. Cette indication a, en effet, un sens très clair s’il s’agit du texte de la lettre.Le livre d’Esther n’en donne que l’analyse; il est intéressant, dans ce cas, de signaler l’existence du textemême à Jérusalem et l’envoi d’une traduction à Alexandrie.Tandis qu’au contraire on ne voit pas pourquoi onnoterait à la fin d’un livre que ce livre existe. La date del’an 4 du règne de Ptolémée et de Cléopâtre est vague.Il y a en eflet quatre Ptolémées qui ont eu des femmesdu nom de Cléopâtre: Ptolémée V Épiphane, 204-181avant J.-C.; Ptolémée VII Philomator, 181-146; PtoléméeIX Évergete II Physcon, 146-117, et Ptolémée XPhilométor Soter II, 117-81. E. Beurlier.

2. LYSIMAQUE, frère du grand-prêtre Ménélas. Lorsquecelui-ci fut mandé par Antiochus IV Épiphaneparce qu’il ne payait pas au roi la somme qu’il avaitpromise pour obtenir le souverain pontificat, il laissa àsa place à Jérusalem son frère Lysimaque. II Mach., iv, 29. Le texte grec dit qu’il fut le 61à80-/oç de Ménélas; laVulgate traduit ce mot par succedente. Il semblecependant que Lysimaque ne fat que le remplaçantintérimaire de son frère. Celui-ci, en effet, continue àagir comme grand-prêtre. II Mach., iv, 32; v, 5. Lysimaque, sur le conseil de son frère, commit de nombreuxsacrilèges; le bruit s’en répandit et la foules’ameuta contre lui. Pour réprimer le soulèvement, ilarma trois mille hommes à qui il donna pour chef uncertain Auranos, nom que la Vulgate a traduit partyrannus, selon la leçon de certains manuscrits quidonnent Tupiwoç. II Mach., iv, 39-40. La foule, encoreplus irritée, attaqua la troupe de Lysimaque à coups depierres et de bâtons, jeta de la cendre sur Lysimaque, mitses partisans en fuite et le tua lui-même près du trésor.

E. Beurlier.

1, LYSTRE (grec: A-Jutpa), ville de Lycaonie. SaintPaul évangélisa Lystre dans sa première mission. FuyantIcône, où une partie de la population, ameutée par lesJuifs, voulait les lapider, saint Paul et saint Barnabe seréfugièrent dans les villes de Lycaonie et pénétrèrentd’abord à Lystre. Là, ils rencontrèrent un boiteux à quisaint Paul rendit l’usage de ses jambes. Les habitanteémerveillés s’écrièrent en lycaonien que les dieux étaientdescendus vers eux. Ils appelèrent Barnabe Jupiter etPaul Mercure. Le prêtre du temple de Jupiter, situé à

l’entrée de la ville, amena des taureaux avec des bandeletteset voulait les sacrifier aux Apôtres. Voir, t. iii,

— Monnaie de Lystre.

1MPE AVGVSTI… Tête d’Auguste, à gauche. — R). Pontifeconduisant deux zébus, à gauche. Au-dessus: COL IVL ||FEL G[EM]; au-dessous: LUSTRA.

fig. 315, col. 1867. Les Apôtres, ayant appris son dessein, déchirèrent leurs vêtements, s’efforcèrent de faire comde synagogue à Lystre, mais il y avait des Juifs. La po-^pulation judaïque vivait très mélangée aux païens, puisque la mère de Timothée avait épousé un Grec etque son fils n’était pas circoncis. Act., xvi, 1-4, Le textegrec et la Vulgate donnent l’un et l’autre deux déclinaisonsdifférentes des mots AjdTpa et Lystra. Le datifest celui du pluriel neutre A-jcrrpoiç, Lystris, Act., xiv, 7; xvi, 2; II Tim., iii, 11, l’accusatif celui du fémininsingulier AûdTpav, Lystram. Act., xiv, 6, 21; xvi, 1; xxvii, 5. Cette double déclinaison existe aussi pourLydda. Act., ix, 32, 38.

Lystre est placée par Pline, H. N., v, 42, dans laGalatie; par Ptolémée, v, i, dans l’isaurie, mais la Lycaoniefaisait partie de la province de Galatie, et l’isaurieétait une partie de la Lycaonie. Strabon, XII, vi, 2-3.Voir Lycaonie, t. iii, col. 437. Cette ville existait certainementavant la conquête romaine, quoiqu’elle ne soitpas nommée dans Strabon, mais elle n’acquit quelqueimportance qu’à partir du jour où Auguste y fonda une

149. — Site de Lystre (Khaiin Serai). — D’après Ramsay, Tfte Church in the Roman Empire, p. 47.

prendre à la foule qu’ils étaient des hommes et qu’ilfallait n’adorer que le Dieu vivant, créateur du ciel etde la terre. Ils eurent peine à convaincre la foule. L’arrivéedes Juifs d’Antioche et d’Icône changea la facedes choses. La foule lapida saint Paul et le laissa à demimort. Sauvé par ses disciples, il rentra dans la villequ’il quitta le lendemain. Act., xiv, 8-20. Voir Jupiter, t. iii, col. 1867. Il repassa à Lystre, en revenant à Antioche.Act., xiv, 21. Saint Paul revint encore à Lystre, en compagnie de Silas, dans sa deuxième mission, après l’assemblée de Jérusalem. C’est là que, sur le bontémoignage des frères, il prit avec lui Timothée, originairede cette ville, après l’avoir circoncis. Act., xvi, 1-3: L’apôtre rappelle la persécution qu’il eut à souffrirà Lystre dans II Tim., iii, 11, Il n’est pas fait mention

colonie qui fit partie du système de défenses militairesde la Galatie du Sud. Cette colonie dédia un monumentà Auguste divinisé. Elle porte sur l’inscription dédicatoirele nom de Colùnia lul(ia) Félix Gemina Lustra.J. R.^tiHington Sterrett, The Wolfe expédition to AsiaMiner, in-8°, Boston, 1888, n. 242, p. 142; Corpus inscr.latin., t. iii, Suppl., fasc. î, n. 6787. Dans la collectionWaddington, acquise en 1897 par le Cabinet desmédailles, une monnaie de Lystre (fig. 148) du tempsd’Auguste porte au revers l’inscription Col(onia) Iul(ia)Fel(ix) G[em](ina) Lystra. E. Babelon, Inventaire sommairede la collection Waddington, in-8°, Paris, 1898, p. 274, n. 4790. La même inscription, en partie effacée, se trouve sur une monnaie de Titus. Ibid., n. 4791.W. Ramsay en signale deux autres, l’une dans la col

Iection du D r Imhoof-Blumer, et l’autre au British Muséum.W. Ramsay, The Church in the Roman Empire, 3e édit., in-8°, Londres, 1894, p. 49.

Le site de Lystre a été soupçonné pour la premièrefois en 1820 parle colonel Leake. Ce voyageur pensa qu’ilfallait le chercher à Khatyn Serai, à 20 kilomètres environau sud d’Icône. W. Leake, Journal of a tour inAsia Minor, in-8°, Londres, 1824, p. 101-103. En 1882, M. Ramsay voyagea dans cette région, en compagnie deSir C. Wilson, avec l’espoir de découvrir la ville. Ilstrouvèrent, en effet, près du village turc, une grandequantité d’inscriptions latines. M. Ramsay, se fondantsur le fait qu’aucun document connu jusque-là n’indiquaitque Lystre eût été une colonie romaine, pensa qu’ilfallait chercher ailleurs; M. C. Wilson persista à croirequ’on était sur la bonne piste, mais ils ne purent pousserplus avant leurs fouilles. En 18<35, M. Sterrett découvritl’inscription mentionnée plus haut. Elle prouvaitque Lystre était une colonie romaine et que lesruines en présence desquelles on se trouvait étaientcelles de cette ville. Une autre inscription trouvée parle même savant à Antioche de Pisidie lui donnait lamême appellation. J. R. Sterrett, The Wolfe expéditionto Asia Minor, n. 352, p. 219. La position exacte de Lystreest sur une colline située à 1500 mètres environ au norddu village moderne, au centre de la vallée (fig. 149). Cettecolline s’élève de 40 à 50 mètres au-dessus de la plaine.Peu de traces des anciennes constructions apparaissentà la surface. Près de là, est une petite église en ruines, qui ne paraît pas remonter à une très haute antiquité.A côté de l’église, est une voûte, sous laquelle coule unefontaine, que les Turcs appellent Ayasma, à-(itxay.<x, nom générique qu’ils donnent aux fontaines regardéescomme sacrées par les chrétiens. La situation était tout

à fait propre à l’établissem*nt d’une ville fortifiée, capablede tenir en échec les tribus belliqueuses du sud.Jusqu’à présent on n’a découvert aucune trace dutemple de Jupiter hors de la ville, dont le prêtre voulutoffrir un sacrifice aux Apôtres. MM. Hogarth, Headlamet Ramsay l’ont vainement cherché en 1890. Le piédestalde la statue d’Auguste était probablement resté en placeet devait avoir été érigé dans l’enceinte du templeprincipal de la ville, comme YAugusteum d’Éphèseétait dans l’enceinte du temple d’Artémis. L’inscriptiond’Antioche nous montre que Lystre était dans les meilleurstermes avec cette colonie qu’elle appelle sa sœur, et à qui elle fait don d’une statue de la Concorde. W.Ramsay, The Church in the Roman Empire, p. 47-54.L’étude du Codex Bezss des Actes est particulièrementintéressante pour le séjour de saint Paul à Lystre. On ytrouve de nombreuses variantes, dont la principale estla suivante, XIV, 13, ot & tepst’ç toù ovto; Aioç rcpô rcôXew; Taôpou; xai ffTÉ[i[iaTa in toi»; miXwva; iviyy.mzt<; , erJV toïço’x>otç t, 0eXov èmOôetv. Les prêtres sont désignés au plurielet le dieu est appelé Zeus Propoleus. F. Rlass, Acia Apostolorum, in-8°, Gœtlingue, 1895, p. 159-161; W. Ramsay, The Church in the Roman Empire, p. 52-54; Id., Saint Paul the Traveller and the roman Citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 114-119. E. Beurlier.

2. LYSTRE. Dans un certain nombre de manuscritson lit dans Act., xxvii, 5, le nom de Lystre à la placede celui de Myre en Lycie. Cette leçon a été adoptée parla Yulgate qui traduit par Lystra. On ne connaît pas deville de ce nom en Lycie, la vraie leçon est donc Myraque donnent les meilleurs manuscrits. Voir F. Rlass, ActaApostolorum, in-8°, Gœttingue, 1895, ad xxvii, 5, p. 273.Cf. ad xxi, i, p. 224. Voir Myre. E. Beurlier,

M

M, treizième lettre de l’alphabet hébreu. Voir Mem.

MÂA (hébreu: Mâ‘ai; les Septante ont divisé cenom en deux: Ίαμά et Άία, un des prêtres qui, lorsde la dédicace du rétablissem*nt des murs de Jérusalem, du temps de Néhémie, prirent part à cette fête enjouant de la trompette. IIEsd., xii, 35 (hébreu, 36).

MAACHA (hébreu: Mâ‘ǎkâh), nom de neuf personneset d’un royaume araméen. Comme nom de personne, il a été porté par des hommes et par des femmes.

1. maacha (Septante: Μοχά), le quatrième des enfantsque Nachor eut de Roma. Gen., xxii, 24. C’étaitprobablement un fils, puisque le texte ne dit pas expressémentque c’était une fille, mais certains commentateursmettent le fait en doute, Maacha étant un nomdonné aux deux sexes.

2. maacha (Septante: Μααχά), une des femmes deDavid. Elle était fille de Tholmaï, roi de Gessur, et futla mère d’Absalom et de Thamar. IIReg., iii, 3; IPar., iii, 2. Voir Gessur, t. iii, col. 221.

3. maacha (Septante: Μααχά), père du roi Achis quirégnait à Geth, dans le pays des Philistins, lorsqueSéméi alla dans cette ville à la poursuite de ceux de sesesclaves qui s’étaient enfuis. IIIReg., ii, 39. Le pèredu roi philistin Achis, mentionné IReg., xxvii, 2, estappelé Maoch (hébreu: Mâ‘ôk). La différence d’orthographeest trop peu importante pour qu’on soit obligéd’y voir deux noms différents. Cf. Achis, t. i, col. 144.Plusieurs commentateurs admettent, il est vrai, unAchis, fils de Maoch, et un second Achis, fils de Maacha; mais leur sentiment est peu probable.

4. maacha (Septante: Μααχά, IIIReg., xv, 2; Άνά, IIIReg., xv, 9, 13), fille d’Abessalom ou Absalom (voirt. i, col. 37), femme de Roboam, roi de Juda, et mèred’Abiam. IIIReg., xv, 2; IIPar., xi, 20. On admetcommunément que celui qui est nommé comme sonpère n’est pas autre qu’Absalom, fils de David, maisd’après le texte sacré, IIReg., xiv, 27, Absalom semblen’avoir eu qu’une fille appelée Thamar; on doit doncprendre le mot «fille» dans le sens de «petite-fille».C’est également dans l’acception de «grand’mère» qu’ilfaut entendre le titre de «mère» d’Asa, donné à lamême Maacha. IIIReg., xv, 10. Calmet et d’autres commentateursdistinguent deux Maacha, l’une mère d’Abiamet l’autre mère d’Asa; il est néanmoins plus probableque c’est une seule et unique personne. Nous lisonsIIPar., xiii, que la femme de Roboam, mère d’Abia, était «Michaïa, fille d’Uriel, de Gabaa». Dans ce verset, le nom hébreu Mîkâyâhû est une altération de Mâ‘ǎkâh, et ce qui est dit de son père confirme qu’elle était la petite-filleet non la fille d’Absalom. Josèphe dit expressément, Ant. jud., VIII, x, 1, que Maacha était la fille de Thamar, fille d’Absalom. Cette explication concorde aussiavec la chronologie. Thamar, la fille d’Absalom, devaitavoir une cinquantaine d’années à la mort du roi Salomon, son oncle. Roboam, le fils de Salomon, n’a doncpu épouser que la fille de Thamar. Elle était sa cousine, et il est dit qu’il l’aima plus que toutes ses autres femmes.IIPar., xi, 21. Parmi les nombreuses épouses de sonmari se trouvaient deux de ses parentes, descendant commeelle d’Isaï ou Jessé de Bethléhem: c’étaient Abihaïl, filleou plutôt petite-fille d’Éliab, frère de David, et Mahalath, fille de Jérimoth, fils de David. IIPar., xi, 18. Son filsAbiam ou Abia n’ayant régné que trois ans, Maacha conservasous le règne de son petit-fils Asa le rang de reine-mère, rang important dans les monarchies orientales.Mais elle abusa de son influence et de son pouvoir pourfavoriser l’idolâtrie. Asa commença ses réformes en laprivant de la puissance dont elle avait abusé: «Il éloignadu gouvernement Maacha, sa mère, qui avait fait uneidole (mifléṣéṭ) à Aschéra et il abattit (littéralement: coupa) cette idole et il la brûla dans le torrent de Cédron.» IIIReg., xv, 13 (texte hébreu). Cf. IIPar., xv, 16. Latraduction de ces deux passages parallèles a été paraphraséedans la Vulgate. La dignité de reine-mèrequ’avait conservée jusqu’alors la femme de Roboamsemble indiquer que la mère d’Asa était morte avantl’avènement de ce prince au trône,

5. maacha (Septante: Μωχά), seconde femme dusecond rang (pîlégéš) de Caleb, fils d’Hesron. Elle eutpour fils Saber et Tharana. IPar., ii, 48.

6. maacha (Septante: Μοωχά), une des femmes deMachir. IPar., vii, 15-16. Le texte original est altéré dansce passage et très difficile à expliquer. Voir Machir 1.

7. maacha (Septante: Μοαχά; Alexandrinus: Μααχά), femme d’Abigabaon ou plutôt de Jéhiel, surnommé Abigabaon, de la tribu de Benjamin. Voir Abigabaon, t. i, col. 47, et Jéhiel 2, t. iii, col. 1219. Maacha eut plusieursfils. IPar., viii, 29; ix, 35.

8. maacha (Septante: Μοωχά; Alexandrinus: Μαχά), père de Hanan, qui fut un des compagnons de David etl’un de ses gibbôrîm ou vaillants. IPar., xi, 43. VoirHanan 4, t. iii, col. 418.

9. maacha (Septante: Μααχά), père de Saphatias, qui fut le chef de la tribu de Siméon sous le règne deDavid. IPar., xxvii, 16.

10. maacha (Septante: dans IIReg., x, 6, 8: Άμαλέκ; Alexandrinus: Μααχά; dans IPar., xix, 6: Μααχά; Sinaiticus: Μοοχά), petit royaume araméen, appeléaussi ’Aram Mǎ‘ǎkâh, Συρία Μααχά, Syria Maacha.IPar., xix, 6. Il est désigné sous le nom de Machatipar la Vulgate dans le Deutéronome et dans Josué. VoirMachati.

1o Situation. — Saint Jérôme, De situ et nom., t. xxiii, col. 910, dit que «Machati (Maacha) était une

ville des Amorrhéens, sur le Jourdain, près du montHermon». D’après les données bibliques, le royaumede Maacha était, en effet, situé dans le voisinage et ausud de l’Hermon, à l’est du haut Jourdain et du lac deTibériade, Jos., xii, 5; xiii, 11, mais il est impossibled’en déterminer avec précision les limites. Nous savonsaussi qu’il était limitrophe d’Argob, Deut., iii, 14, àl’ouest de cette contrée, appelée Trachonitide au temps deNotre-Seigneur, aujourd’hui le Ledjah. "Voir Argob, 1. 1, col. 950. Maacha était également voisin de Gessur, etprobablement au nord dece pays. Deut., iii, 14; Jos., xii, 5; xiii, 11, 13. Maacha et Gessur formaient la frontièrenord-ouest de Basan. Voir Gessur, t. iii, col. 221. Si laville d’Abel-Beth-Maacha (t. i, col. 31) était située dansle territoire de Maacha, comme plusieurs le supposent, ce royaume se serait étendu â l’ouest, jusqu’au NahrHasbani (voir t. iii, col. 1715), et aurait eu pour limitesau nord-est le mont Hermon et au sud-est Gessur, etaurait occupé une partie du Djaulan actuel. Voir Gaulon, t. iii, col. 117. Cf. ZeiUchrift des deutschen PalâstinaVereins, t. xii, 1889, p. 232-233; 1890, p. 285-286.

2° Histoire. — 1° Maacha est mentionné une premièrefois dans le Deutéronome, iii, 14 (Vulgate: Machati), comme indication géographique des possessions de Jaïr, de la demi-tribu de Manassé transjordanienne, maisl’Écriture ne nous fait rien connaître nulle part del’origine des Maacha tites. — 2° Josué, xii, 5, nous apprendque le royaume d’Og, roi de Basan, s’étendait jusqu’àMaacha. Au ch. xiii, 10, il énumère Maacha ou Machatiparmi les territoires qui furent donnés aux Israélites; mais il constate, jl. 13, qu’ils ne chassèrent point les habitantsqui continuèrent à demeurer dans leur pays, —3° Le second livre des Rois, x, 6, nous montre que lesMachatites étaient restés indépendants. Lorsque Hanon, roi des Ammonites, eut outragé les ambassadeurs quelui avait envoyés David pour le féliciter de son avènementau trône, il se hâta de recruter des troupes pourse mettre en état de résister aux Israélites, prévoyantqu’ils ne manqueraient pas de lui faire la guerre. Leroi de Maacha lui fournit mille hommes. Ce faible contingentindique que son royaume était de peu d’importance.Ses mille soldats furent mis en fuite par Joabavec les vingt-cinq mille Syriens de Rohob et de Sobaet les douze mille d’Istob, qui avaient été recrutés parHanon (t.in, col. 1010). II Reg., x, 6-9, 13; I Par., xix, 6 r 14. Après ce désastre, le nom de Maacha n’apparaitplus dans l’Écriture, si ce n’est pour indiquer l’origined’Éliphélet, un des braves de David, qui était fils d’Aasbaïet petit-fils d’un Machatite, II Reg., xxiii, 34, et cellede Jézonias, qui vivait du temps de Jérémie et était filsd’un Machatite appelé Osaïas. IV Reg., xxv, 23; Jer., XL, 8. Voir Jézonias 1, t. iii, col. 1537. Voir aussi Machatiet Maachati. Dans I Par., iv, 19, un Machatite semble êtredonné comme le fondateur d’Esthamo. Voir Machathi.

11. MAACHA, troisième élément du nom de la villed’Abel-Beth-Maacha. La Vulgate a conservé le nom hébreucomplet dans II Reg., xx, 14, 15, mais en intercalantà tort un et entre Abel (Abéla) et Beth-Maacha. Ellea traduit le second élément, beth, par «maison», Abeldonucm Maacha, dans III Reg., xv, 20 et IV Reg., xv, 29. Voir Abel-Beth-Maacha, t. i, col. 31.

    1. MAACHATI##

MAACHATI, MAACHATITE (hébreu: 1mm-Ma’âkdfî; Septante: Ma/aÛf, dans IV Reg.; Mwyaâî, dans Jer.), nom ethnique signifiant originaire du paysde Maacha. Le père de Jézonias, qui vivait à l’époquede la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, n’estdésigné que par ce surnom de Maachalite, dansIV Reg., xxv, 23, et dans Jer., xl, 8, mais nousapprenonspar Jer., xlii, 1, que son nom propre était Osaïas. VoirJézonias 1, t. iii, col. 1537. — Le nom ethnique que laVulgate a rendu par Maachati, dans IV Reg., xxv, 23, et

Jer., xl, 8, l’a été par Machati dans les autres livres dela Bible. Voir Machati.

MÂADD1 (hébreu: Ma’âdai; Septante: MooSîa), descendant de Bani, qui, du temps d’Esdras, renvoyala femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 34.

    1. MAALA##

MAALA (hébreu: Mahldh; Septante: MaXot, MaaXâ), l’atnée des cinq filles de Salphaad, de la tribu de Manassé, qui, n’ayant point de. frères, réclamèrent à Moïseet obtinrent l’héritage de leur père. Num., xxvi, 33; xxvii, 1; xxxvi, 11; Jos., xvii, 3. Elle prit un mari desa tribu. Num., xxxvi, 11. Voir Salphaad.

MA ÂLÊH ADUMMÎM (Vulgate: Ascensio etAscensus Adommim). Voir Adommim, t. i, col. 222.

MA ÂLÊH AQRABBÎM (Vulgate: Ascensus Scorpionis).Voir Acrabim, t. i, col. 151.

    1. MAARA##

MAARA (hébreu: Me’ârâh; omis dans les Septante, qui, au lieu de «Maara des Sidoniens», portent: êvavti’ov[Lagarde: àitô] rdc ?i)c *a o EiStovtot), localitémentionnée dans Jos., xiii, 4, comme appartenant auxSidoniens. Plusieurs critiques croient le texte altéré encet endroit; la leçon des Septante permet, , en effet, avec un léger changement de voyelle, de ramener l’hébreuà: mê-’Azzâh, «depuis Gaza.» Avec une inversionrattachant EiSum’oi à’Ayiv., l’on obtient un sensbeaucoup plus naturel: «Toute la terre de Chanaandepuis Gaza jusqu’à Apheca des Sidoniens.» Cependantla leçon Me’ârâh peut être conservée. D’après quelquesinterprètes, c’est un nom de ville; toutefois, comme lemot me’ârâh signifie, en hébreu, «caverne,» on admetgénéralement qu’il s’agit ici d’une caverne ou d’ungroupe de cavernes remarquables qui se trouvaientdans le territoire de Sidon. Il existe, en effet, à l’est deSidon, sur les hauteurs du Liban, des cavernes naturelles, appelées Maghara Djezzin, et auxquelles lesindigènes donnent ordinairement le nom de Qal’at, «château, forteresse.» Creusées dans la paroi d’unrocher à pic, elles ont été agrandies et rendues accessiblesartificiellement. Guillaume de Tyr en parle, àl’époque des croisades, sous le nom de Cavea de Tyruni; il dit que cette Cavea, située sur le territoire de Sidon, est inexpugnable: Hist. rer. transm., xix, 11, t. cci, col. 759. On trouve aussi de ces cavernes près d’Adlun, sur la route de Tyr à Sarepta, Murray’s Handbook fortravellers in Syria and Palestine, 1868, p. 375, et unpeu plus bas, non loin du Nahr el-Qasimiyéh. Duc deLuyn «s, Voyage d’exploration à la mer Morte, Paris(sans date), t. i, p. 25. Josué avait marqué Maara commela limite septentrionale des conquêtes israélites dans cetterégion, mais aucune tribu n’étendit si loin ses possessions.— Voir C. Ritter, Erdhunde, Berlin, 1854, t. xvii, p. 99-100; Fr. Buhl, dans les Mittheilungen und Nachrichtendes deutschen Palâstina-Vereins, 1895, p. 53-55.

    1. MAASAI##

MAASAI (hébreu: Ma’esai; Septante: Maacrat’a), prêtre, fils d’Adiel, descendant d’Emmer, un de ceuxqui habitèrent à Jérusalem après la captivité. I Par., ix, 12. Voir Emmer 1, t. ii, col. 1263. Maasaï est probablementle même que Amassai’de II Esd., xi, 13. Le pèred’Amassaï est nommé Azréel et non Adiel, mais la formede l’un de ces deux noms est probablement altérée. VoirAmassaï, t. i, col. 446; Adiel 2, col. 218; Azréel, col. 1311.

    1. MAASIAS##

MAASIAS, nom de plusieurs Israélites, dont le nombrene peut être déterminé avec certitude, parce qu’ilest impossible de savoir si quelques-uns de ceux quisont mentionnés dans Esdras et dans Néhémie, sont lemême personnage ou des personnages différents. MaaMAASIAS — MABIRE

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sias signifie «œuvre de Jéhovah». Il est écrit en hébreude deux façons différentes. La Vulgate transcrit ordinairementMaasias; quelquefois, Maasia; une fois, Masia.Elle a rendu aussi par Maasias un nom dont l’orthographeen hébreu est différente. Voir Maasias 15 et 18.

1. MAASIAS (hébreu: Ma’âsêyâhû; Septante: Maarsaia; Alexandrinus: Maam’a), lévite de la famille deMerari qui fit partie de la seconde classe, instituée parDavid pour remplir les fonctions de portiers du sanctuaireet pour jouer du nébel’al’âlâmôt (c’est-à-dire, probablement, pour chanter avec une voix de soprano)dans les cérémonies sacrées. I Par., xv, 18, 20. VoirAlamoth, t. i, col. 333.

2. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâhû; Septante: Maa<rat’a), fils d’Adaïâs, chef de cent hommes, que le grandprêtreJoïada choisit avec quatre autres pour établir lejeune roi Joas sur le trône usurpé par Athalie.II Par., xxiii, 1.

3. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâhû; Septante: Maairiou), un des officiers de l’armée du roi de Juda Ozias.II Par., xxvi, 11. Le texte hébreu lui donne le titre desôtër (Septante: xpi-r^ç, «juge;» Vulgate: doctor).

4. MAASIAS (hébreu: Ma’âsêyâhû; Septante: Maairi’a), fils du roi Achaz. Il fut tué par Zéchri, «hommepuissant d’Éphraïm,» avec deux autres personnages dela cour du roi de Juda, lorsque Phacée, roi d’Israël, envahit le royaume de Juda, II Par., xxviii, 7. Quelquesinterprètes supposent sans raison que Maasias n’étaitpas proprement un «fils du roi», mais que «fils deroi» est dans ce passage un titre de dignité.

5. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâhû; Septante: Mocoeira; A lexandrinus; Mocatriav), èar, «gouverneur.» de laville de Jérusalem, qui fut chargé par le roi Josias deréparer le Temple. II Par., xxxiv, 8. D’après certainscommentateurs, ce Maasias pourrait être le grand-pèrede Baruch, secrétaire de Jérémie, Jer., xxxii, 12, et deSaraïas, Jer., li, 59, mais l’orthographe des deux nomsest différente en hébreu. Voir Maasias 18.

6. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante: Maanfa; Sinaiticus: Maa<r<jr]â; Vulgate: Maasia), prêtre de lafamille de Josué qui, du temps d’Esdras, avait épouséune femme étrangère et tut obligé de la répudier.IEsd., x, 18.

7. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante: Alexandrinus: Maueéa; ; Vulgate: Maasia), prêtre de la iamillede Harim, qui vivait du temps d’Esdras et qui fut obligéde renvoyer une femme étrangère qu’il avait épousée.I Esd., x, 21.

8. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante: Maasia; Vulgate: Maasia), prêtre, de la famille de Pheshur.Esdras lui fit renvoyer une femme étrangère qu’il avaitépousée. I Esd., x, 22.

9. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante: Maaat’a), Israélite, des fils de Phahath Moab, qui avait épouséune femme étrangère et s’en sépara du temps d’Esdras.1 Esd., x, 30.

10. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante: Maa<nou), fils d’Ananias et père d’Azarias. Ce dernier réparaune partie des murs de Jérusalem du temps de Néhémie.II Esd., iii, 23.

11. MAASIA8 (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante: Maact’ajVulgate: Maasia), un des Israélites qui se tenaient

à la droite d’Esdras, pendant que celui-ci lisait au peuplele livre de la Loi. II Esd., viii, 4.

12. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante, omisdans la plupart des manuscrits et des éditions; Complute: Maadt’ocç; Vulgate: Maasia), un des prêtres quiexpliquèrent la Loi au peuple, lorsque Esdras leur enfit la lecture. II Esd., viii, 7. La Vulgate traduit inexactementque les prêtres et les Lévites faisaient garder lesilence au peuple.

13. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante: Mota<ua; Vulgate: Maasia), un des chefs du peuple quisignèrent l’alliance avec Dieu du temps de Néhémie.II Esd., x, 25.

14. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante: Maa<rîa; Vulgate: Maasia), fils de Baruch, de la tribu deJuda, de la branche de Phares, qui habita à Jérusalemaprès le retour de la captivité. II Esd., xi, 5. Il est possibleque ce soit le même qu’Asaïa de I Par., ix, 5, parsuite de la chute du meni ou m initial.

15. MAASIAS (hébreu: Ma’âsêyâh; Septante: Maaciou).II Esd., xi, 7. La Vulgate écrit son nom Masia. VoirMasia.

16. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; Septante: Bairatou; Maaaafou), prêtre, père de Sophonie, contemporainede Jérémie. Jer., xxi, l; xxix, 25; xxxvii, 3. Quelques-unspensent que ce Maasias est aussi celui qui estappelé père de Sédécias, Jer., xxix, 21, ce dernier nométant dans ce passage une corruption de Sophonie, maiscette identification n’est pas prouvée. Voir Sophonie 1.

17. MAASIAS (hébreu: Ma’âèêyâh; omis dans lesSeptante), père du faux prophète Sédécias, du temps deJérémie. Jer., xxix, 21. Voir Maasias 16.

18. MAASIAS (hébreu: Mahsêyâh; Septante: Maacraiov), nom du grand-père du prophète Baruch, secrétairede Jérémie. Jer., xxxii, 12; li, 59; Baruch, i, 1. Ce nom, écrit comme les précédents dans les Septante et dans laVulgate, a une orthographe différente en hébreu: n’ona, Mahsêyâh, au lieu de n’feiyo, Ma’eyasêyâh.

T"-; 19. MAASIAS (hébreu: Ma’âsêyâhû; Septante: Maacoctou), fils de Sellum, un des portiers du temple.Il vivait du temps de Jérémie et le prophète conduisitun jour les Réchabites dans une chambre située au-dessusde celle de Maasias. Jer., xxxv, 4. La Vulgateappelle cette chambre thesawwni, «trésor.»

    1. MAAZIA##

MAAZIA (hébreu: Ma’azyâh, «Jéhovah est uneforteresse;» Septante: Maaijia), un des prêtres qui signèrentl’alliance avec Dieu dû temps de Néhémie.II Esd., x, 8. — Ma’azyâh est une forme contractée dunom suivant Ma’azyâhû (Vulgate: Maaziau).

    1. MAAZIAU##

MAAZIAU (hébreu: Ma’azyâhû, «t Jéhovah est uneforteresse;» Septante: Miatrai; Alexandrinus: MooiJâX), prêtre’, ihêi de la vingt-quatrième et dernière famillesacerdotale instituée par le roi David. I Par., xxiv, 18.

    1. MABIRE Pierre-Hippolyte##

MABIRE Pierre-Hippolyte, ecclésiatique français, néà Vire (Calvados) le 21 décembre 1804, mort à Bayeuxle 5 décembre 1884. Ordonné prêtre le 31 mai 1828, Mabire fonda, en 1850, dans le diocèse de Bayeux, auquelil appartenait, l’institution de Sainte-Marie-de-la-Maladrerie, qu’il dirigea jusqu’en 1869. À cette date il futnommé vicaire général de Bayeux, et il mourut dansl’exercice de cette fonction, — On a de lui: Les Psaumestraduits en français sur le texte hébreu, avec une intro

diiction, des arguments et un appendice où sont exposéesquelques vues nouvelles sur l’étude de la languehébraïque, in-8°, Cæn, 1868. 0. Rev.

    1. MABSAM##

MABSAM (hébreu: Mibsâm; Septante: Ma» <rti(i), nom du quatrième des douze fils d’Ismaël. Gen., xxv, 13; I Par., i, 29. Un Siméonite porte le même nomen hébreu. I Par., iv, 25 (la Vulgate a écrit son nomMapsam). On a fait diverses hypothèses sur la tribuIsraélite désignée sous le nom de Mabsam, mais on n’apas réussi jusqu’ici à l’identifier. Quelques, assyriologuesont rapproché ce nom de celui de la tribu arabe desManmani, nommé avec les Tantmudi dans un cylindre(ligne 20) de Sargon et dans ses Annales (Botta,

et Élon (de Béthanan). Ces trois villes appartenanttoutes à la tribu de Dan, il est naturel de supposer queMaccès, qui n’est nommée nulle autre part ailleurs, taisait aussi partie de cette tribu. Conder a proposéd’identifier Maccès avec Mahkus, à trois heures environau nord-est d’Ascalon, mais cette identification a contreelle de placer Maccès trop au sud, en dehors de la tribude Dan. T. K. Cheyne, Encyclopœdia biblica, t. M, 1902, col. 2B06.

    1. MACÉDA##

MACÉDA (hébreu: Maqqêdâh; Septante: Max» )8îet MaxeSàv), ville royale chananéenne, Jos., XII, 16, dans la plaine de la Séphéla, Jos., xv, 41, qui fut donnéeà la tribu du Juda. Elle est nommée la dernière dans le

150. — Vue i’El-Mughar. D’après une photographie.

5, 1. 3-5). Voir Schrader, Die Keilinschriften und dasalte Testament, 2e édit., 1883, p. 277.

    1. MABSAR##

MABSAR (hébreu: Mibsâr; Septante: MàÇâp, Gen., xxxvi, 42; Baëadcp; Alexandrinus: Ma6<xàp, I Par., i, 53), chef (’allûf) des descendants d’Ésaû ouÉdom. Il succéda à Théman et eut lui-même pour successeurMagdiel. Gen., xxxvi, 42-43; I Par., i, 53-54. Unedes villes dépendantes de Pétra en Idumée portait lenom deMàSuapa. Eusèbe, au mot Mctuaptc, Onomasticasacra, édit. Larsow et Partliey, 1862, p. 278, 279; Retend, Palæstina, 1711, p. 930; Fr. Buhl, Ge&ckichte derEdomiter, in-8°, Leipzig, 1893, p. 38.

    1. MACCES##

MACCES (hébreu: Mâqas, «limite;» Septante: Maxé; ; Alexandrinus: Maypaç), localité qui fut placéesous la dépendance de Bendecar (t. i, col. 1575), un desdouze intendants que Salomon avait chargés de pourvoiraux dépenses de la table royale. III Reg., iv, 9. Il étaitpréposé aussi sur trois autres villes, Salebim, Bethsamès

second groupe de la plaine avec Gidéroth, Beth Dagoilet Naama. Jos., xv, 41.

1° Histoire. — Cette ville n’apparaît qu’une fois dansl’histoire sainte, lors de la conquête de la Palestine, àl’occasion de la célèbre bataille de Béthoron. Josué, après avoir battu, près de Gabaon, les rois du sud dupays de Chanaan qui s’étaient alliés contre les Gabaonites, «les poursuivit par le chemin qui monte versBéthoron, et les tailla en pièces jusqu’à Azéca et àMacéda.» Jos., x, 10. Le roi de Macéda était parmi lesconfédérés et les fugitifs. Il se réfugia, avec les rois deJérusalem, d’Hébron, de Jérimoth et de Lachis, dans unecaverne qui était voisine de sa ville royale et qu’il devaitpar conséquent bien connaître, mais il fut trahi, et Josué, averti du lieu de sa retraite, fit fermer par de grossespierres l’entrée de la caverne et y établit des gardesjusqu’à ce qu’il eût achevé de poursuivre les autresfuyards. Il revint alors à Macéda, fit sortir les cinq roisde leur lieu de refuge, ordonna à ses oCiciers de leurmettre le pied sur le cou (voir t. i, fig. 35, col. 227), puis

les mit à mort et les fit attacher à une potence où ilsrestèrent suspendus jusqu’à la nuit; alors on jeta leurscadavres dans la caverne, dont on boucha l’accès avec desgrosses pierres et, le même jour, la ville de Macéda futprise et ses habitants passés au fil de l’épée. Jos., x, 16-28. On ne sait plus rien de Macéda.

2° Site. — Du récit de Josué, x, 16-28, nous apprenantque la ville de Macéda ne fut prise qu’après la captureet l’exécution des cinq rois retirés de la caverne, ilrésulte que cette caverne était en dehors de la ville.Cette circonstance et quelques autres détails permettent, avec quelque probabilité, d’identifier Macéda avec £7-Mughar.C’est un village qui s’élève sur le versant mésûreté, avec ses compagnons, en se cachant dans une descavernes des environs; elles sont situées très hautau-dessus de la route. La caverne où ils se réfugièrentétait en dehors de la ville, comme il a été remarquéplus haut. «Ces cavernes sont généralement très petites, l’entrée de quelques-unes s’est écroulée, d’autres ont étécomblées, mais il y en a au moins deux qui peuventcontenir cinq personnes et dont l’entrée peut être facilementbloquée par de grandes pierres, comme on envoit d’éparses tout autour.» Conder, Survey of WesternPalestine, Memoirs, t. ii, p. 413. Voir aussi p. 411-412, 427. — Macéda est peut-être mentionnée dans les listesgéographiques de Thothmès III sous le nom de Miqata

151. — Carte de la Macédoine.

Tidional d’une colline (fig. 150), vis-à-vis de cavernespercées dans le roc, dans l’ouadi Sarar. Les maisons sontpresque toutes en pisé. Les tombeaux qu’on remarquedans les environs prouvent que c’est là un ancien site.La position est assez forte. La pente de la colline estraide à l’est; au nord sont des jardins entourés de cactus.Il y a deux puits, l’un au nord, l’autre à l’ouest. Lenom A’El-Mughar ne rappelle pas celui de Macéda, maisil rappelle la caverne où se passa l’épisode célèbre de laprise des cinq rois chananéens, car ce mot signifie enarabe, «les cavernes.» On identifie El-Mughar avec laMacéda biblique, parce que c’est le seul endroit de cetterégion où l’on trouve des cavernes. De.plus, cette localitéest dans le voisinage de Naamah (Naanéh), de Gidéroth(Qalra [?]), voir Gadéroth, t. iii, col. 33) et de BethDagon (Dedjan, voir t. i, col. 1669), comme le ditexpressément Josué, xv, 41. Sa position convient ainsiaux exigences du récit sacré. Josué poursuivit les Chananéensvaincus par la vallée d’Aïalon jusqu’à la plaine oùétait située Macéda (El-Mughar). Le roi fugitif de Maéda, qui connaissait bien les lieux, crut qu’il serait en

Voir W. M. Mùller, Asien und Europa nach allâgyptUchenDenkmâletn, 1893, p. 162.

F. Vigouroux.

    1. MACÉDOINE##

MACÉDOINE (MaxeSovt’a; Vulgate: Macedonia), contrée située au nord de la Grèce (fig. 151).

I. La Macédoine dans la Bible. — 1° Il est questionde la Macédoine dans l’Ancien Testament à proposd’Alexandre le Grand. I Mach., i, 1; vi, 2. Voir Macédonien?.

2° Dans le Nouveau Testament, la Macédoine est laprovince romaine de ce nom. Ce fut une vision quidécida saint Paul à aller prêcher l’Évangile en Macédoinedans sa deuxième mission. Étant à Troade, il vitpendant la nuit un Macédonien qui lui dit: «Passe enMacédoine et secours-nous.» Il s’y rendit aussitôt, considérantcette vision comme un appel du Seigneur.Act., xvi, 7-10.

Venant de Troade par Samothrace, il aborda à Néapoliset de là il se rendit à Philippes où il séjournaquelques jours. Act., xvi, 11-12. Voir Néapolis, Philippes.C’est dans cette dernière ville qu’il séjourna

chez la marchande de pourpre Lydie. Voir Lydie 1, col. 447, À Philippes, la guérison d’une servante possédéepar un esprit de python le fit dénoncer aux magistratsmunicipaux. Mais ceux-ci durent le relâcher et lui fairedes excuses ainsi qu’à son compagnon Silas, quand ilsapprirent qu’ils étaient tous deux citoyens romains.Act., xvii, 13-40. Voir Citoyen, t. ii, col. 789. De Philippes, les apôtres se rendirent à Amphipolis et à Apollonie, puis à Thessalonique où les Juifs les persécutèrentet firent emprisonner Jason qui les avait reçus.Act., xvii, 1-9. Ils partirent ensuite pour Bérée où lesJuifs les reçurent mieux, mais où ceux de Thessaloniqueles poursuivirent. Act., xvii, 10-13. Silas et Timo152. — Tétradracbme macédonien des premiers temps

de la domination romaine.

Tête de Diane. — i^. MAKEAONQN et deux monogrammes.

thée restèrent à Bérée et saint Paul partit par mer pourAthènes. Act., xvii, 14. Voir Ampiiipolis, t. i, col. 520; Apollonie, t. i, col. 776; Bérée 3, t. i, col. 1609; Thessalonique.De Corinlhe, saint Paul écrivit aux Thessaloniciensdeux épîtres,

1° Saint Paul se félicite beaucoup des Macédoniens. Illoue la noblesse de sentiments des habitants de Bérée.Là les Juifs reçoivent la parole évangélique avec empressem*ntsexaminent avec soin les Écritures pourvoir si ce qu’on leur dit est exact. Act., xvii, 11. VoirBérée 3, t. i, col. 1609. Les habitants de Thessaloniquesont l’objet de sa particulière affection; il en attachaplusieurs à sa personne; I Thess., H, 8, 17-20; iii, 10; II Cor., ix, 4. Voir Thessalonique. Les Macédoniens

153. — Monnaie macédonienne des premiers temps

de la domination romaine.

Tcte de Dionysos (Bacchus). — îi). MAKE. Monogrammes. Chèvre.

étaient très généreux dans leurs offrandes pour leschréliensde Jérusalem, il stimule le zèle des Corinthiensen leur parlant des Macédoniens. II Cor., ix, 2-4. Il notela charité des Macédoniens à son égard. II Cor., ’xi, 9.Les habitants de Philippes, en particulier, lui étaientaussi très dévoués, Phil., IV, 10, 14, " et étaient généreuxpour lui. Phil., iv, 15-19. — 2° Dans sa troisième mission, saint Paul avait le dessein en quittant Éphèse dese rendre à Jérusalem en faisant le tour par la Macédoineet l’Achaïe. Act., xix, 21; I Cor., xvi, 5; II Cor., i, 16; H, 13; I Tim., i, 3. Il y envoya d’abord Timothée et Éraste, Act., six, 22; puis il partit lui-même, après l’émeuted’Éphèse. Il n’y fit d’abord qu’un court séjour et passaen Grèce. Act., xx, 1-2. Trois mois plus tard, il revinten Macédoine, accompagné de quelques disciples de cepays. C’est de Macédoine que saint Paul écrivit sa secondeÉpitre aux Corinthiens. Il y parle des afflictionsde toute nature qu’il endure dans ce pays, II Cor., vii,

5; il cherche à stimuler le zèle des frères de Corintheen leur disant l’éloge qu’il a fait d’eux aux Macédonienset qu’ils ne voudront pas démentir. II Cor., ix, 1-5. —3° Le vif intérêt que saint Paul portait aux Églises deMacédoine est attesté par les Épitres qu’il adressa auxThessaloniciens et aux Philippiens. Les Épitres auxPhilippiens furent écrites de Rome. Timothée prit unegrande part à l’évangélisation de la Macédoine. Act., xvi, 3; xvii, 14; xix, 22; I Thess., iii, 2; II Cor., i, 1. VoirTimothée. —4° Les Juifs étaient nombreux en Macédoine.Ils avaient un lieu de prières à Philippes, Act., xvi, 13, des synagogues à Thessalonique et à Bérée. Act., xvii,

154. — Tétradrachme de la province première de Macédoine,

des premiers temps de la domination romaine.

Tête de Diane. — fy MAKEûONQN IIPûTHE et monogramme.

1, 10. — 5° Les femmes jouèrent un rôle considérabledans l’évangélisation de la Macédoine et la premièreconvertie y fut une femme, Lydie, originaire de Thyatire, mais fixée à Philippes. Act., xvi, 13-14; Phil., IV, 2-3.

IL Description et histoire de la Macédoine. — LaMacédoine n’apparaît dans la Bible qu’à l’époqued’Alexandre. Les rois macédoniens, surtout Philippe IIet Alexandre, avaient si_amis à leur puissance toutes lestribus de races diverses qui habitaient le pays et leurroyaume avait pour limites à l’ouest le prolongementseptentrional du Pinde, c’est-à-dire les monts Lyncus, Bceon et Scarpos, à l’est les massifs de l’Orbèle et du

155. — Monnaie de la seconde province de Macédoine.

Vers 150 avant J.-C.

Tête de Diane. — i$. makeaonqn âErrEPAE.

Rhodope, au sud la mer de Thrace, l’Olympe et lesmonts Cambuniens. Du côté du nord, il n’y avait pas defrontières naturelles. La Macédoine se divisait géographiquementen trois parties: 1° la basse Macédoine ouÈmathie, plaine que traversent le bas Axius, le Ludiasou Rœdias et le bas Haliacraon. C’est le berceau del’empire macédonien. C’est là que se trouvaient Pella, dont Philippe II fit sa capitale, et Bérée. Voir Bérée 3, 1. 1, col. 1609. 2° La haute Maeédoine, à l’ouest, pays montagneuxet sans villes avant Philippe. Elle comprenaitla Lyncestide arrosée par l’Érigon, l’Élimée et l’Orestidearrosées par le haut Haliacmon, enfin la Pœonie tout àfait au nord; 3 ô la Macédoine orientale. Elle comprenaitla Mygdonie, plaine située à l’est de l’Axius et surla côtede laquelle, au nord du golfe Thermaïque. Là se trouvaitla ville de Therme dont Cassandre, après la mortd’Alexandre, fit sa capitale et qu’il appela Thessalonique.La plaine arrosée par le cours inférieur du Slrymon et

où se trouvaient les mines d’or des monts Pangée, avaitpour ville principale Crénides, à la place de laquellePhilippe II fonda la forteresse de Philippes. Sur lacôte de la Macédoine orientale se trouvaient un certainnombre de colonies grecques, en particulier Néapolis, àcôté de l’ancienne ville de Dafon, et Ampliipolis, sur unepresqu’île qu’arrose le Strymon. Entre les deux golfesoù aboutissent l’Axius et le Strymon, s’avance la presqu’îlede Chalcidique où se trouvait la ville d’Olynthe.La Chalcidique se termine elle-même par trois petitespresqu’îles. La plus orientale, qui portait le nom d’Acte, est remplie par la masse du mont Athos; celle du milieu, la Sithonie, a d’excellents ports dont le principal estcelui de Torone. La presqu’île occidentale ou Pallèneavait pour ville principale Potidée.

La Macédoine passa sous la domination romaine en 168, après la victoire d’^Emilius Paulus à Pydna (fig. 152 et 153).Elle fut divisée en quatre parties (fig. 154-156) ayant pourchefs-lieux: Ampliipolis, Thessalonique, Hella et Pelagonia.Tout rapport fut interdit enîre les habitants dechacune des quatre régions. Tite Live, xlv, 29. En 146avant J.-C, la Macédoine fut définitivement organiséeen province. Florus, i, 30 (iꝟ. 14). D’après Ptolémée, III, xi», 7, la province s’étendait à l’est jusqu’au Nestus, àl’ouest jusqu’à la mer Adriatique, au nord jusqu’au Driloet au Scardus, ïu sud jusqu’à l’Épire, au sud-est jusqu’à

1DS. — Monnaie de la quatrième province de Macédoine.

Des premiers temps de la domination romaine.

Tête de Zeus (Jupiter). — n). MAKE40H0N TETAPTHE.

l’Œta et au golfe Maliaque. En 27 avant J.-C., lors dupartage des provinces, la Macédoine resta au sénat.’DionCassius, lui, 12; Strabon, XVII, iii, 25. De Tibère àClaude, c’est-à-dire de l’an 15 à l’an 44 après J.-C, elledevint province impériale. Tacite, Annal., 1, 76, 80; v, 10; Suétone, Claud., xxv; Dion Cassius, lx, 24. Elle redevintprovince sénatoriale et fut réunie à l’Achaïe. Aprèscette époque, elle fut gouvernée par un propréteur quiportait le titre de proconsul. Corpus inscript, latin., t. viii, 1, n. 7050; t. ix, n. 1123, 5533; t. xiv, n. 3593, elc.Le siège du gouvernement était Thessalonique. Cetteville jouissait du droit de ville libre ainsi qu’Amphipolis.Pline, H. N., iv, 37, 38. Philippes, fortifiée après labataille d’Actium, eut le titre de colonie romaine sousle nom de Colonia Augusta Julia Philippensis, DionCassius, li, 4; Corpus inscript, latin., t. iii, 1, n. 386, 633, ainsi que quelques autres villes. Cf. Act. xvi, 12.

Les Romains avaient tracé des routes à travers la Macédoine; la plus célèbre était la Via Egnatia, qui partaitde Philippes, passait par Amphipolis, Apollonie et Thessalonique, et se dirigeait vers Dyrrachium, sur la côtede l’Adriatique. C’est le chemin que suivit en partiesaint Paul. Act., xvi, 11; xvii, 1. Il s’en écarta pouraller à Bérée, au sud-est de Thessalonique. C’est encorela route que dut suivre saint Paul pour aller en Illyricum.Rom., xv, 19. Voir Illyrie, t. iii, col. 842. Cf.Corpus inscript, latin., t. iii, p. 127-128.

Bibliographie. — E. M. Cousinery, Voyage dans laMacédoine, 2 in-4<>, Paris, 1831; Desdevises du Dézert, Géographie ancienne de la Macédoine, in-8°, Paris, 1863; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. franc., in-8°, Paris, 1887, p. 177-184, 201; Théod.Mommsen et J. Marquardt, Manuel des antiquités romaines, t. ix [Organisc.tion de l’Empire romain, par

J. Marquardt, t. n), trad. franc., în-8°, Paris, 1892, p. 203210; Th. Mommsen, Histoire romaine, trad. franc, deR. Cagnat et J. Toutain, in-8°, Paris, 1888, t. x, p. 6367; F. Hommel, Géographie und politische Geschichtsdes klassischen Altertums, dans le Handbuch der klassischenAltertums-Wissenschaft d’Iwan Mûller, in-8°Nordlingue, 1889, t. iii, p. 222-227; W. Ramsay, St. Paul, the Traveller and the Roman citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 205-237; Ofeïcoff, La Macédoine, traduction dubulgare, in 16, Constantinople, 1887-1888; M. Demitsas, H M «ît£80v! a lv),! - 801ç xot (jlvyiixe(oiç, in-8°, Athènes, 1896; V. Bérard, La Macédoine, in-18, Paris, 1897.

E. Beurlier.

    1. MACÉDONIEN##

MACÉDONIEN (Ma «8<Sv; Vulgate: Macedo), habitantde la Macédoine ou originaire de ce pays. — 1° DansV Ancien Testament. —1. Aman, le persécuteurdes Juifs, est qualifié plusieurs fois de Macédonien dans la traductiond’Esther par les Septante, Esth., IX, 24; xvi, 10, etcette traduction inexacte est passée du grec dans la Vulgate, dans la partie deutérocanonique de ce livre. Esth., xvi, 10. Aman était en réalité «Agagite», comme le portele texte hébreu, c’est-à-dire du pays d’Agag en Médie.Voir Agagite, t. i, col. 260. — 2. Esth., xvi, 1-4, il est dit, par suite du titre de Macédonien qui lui a été donné auꝟ. 10, qu’Aman se proposait de «transférer le royaumedes Perses aux Macédoniens», ce qui, pris à la lettre, serait un anachronisme, les Macédoniens étant inconnusen Asie du temps d’Aman. C’est donc Agagite ou un autrenom de peuple qu’il faudrait lire ici, si ce passage n’estpas une addition postérieure à la conquête de la Persepar Alexandre le Grand. — 3. Alexandre le Grand lui-mêmeest appelé «roi macédonien». I Mach., i, 1; vi, 2.Voir Céthim, t. ii, col. 471. — 4° Dans II Mach., viii, 20, «les Macédoniens» sont les Grecs et les Syriens duroyaume des Séleucides.Cf.Diodore de Sicile, xix, 18, 82.

2° Dans le Nouveau Testament. — 1. Un Macédonienapparut en vision à saint Paul et lui demanda dese rendre dans son pays afin de le convertir, ce quel’apôtre fit aussitôt. Act., xvi, 9. — 2. Saint Paul parleaussi des Macédoniens en général, c’est-à-dire des païens, convertis de cette partie de la Grèce qu’on appelait desontemps la Macédoine, dans sa seconde Epître auxCorinthiens, ix, 2, 4. — 3. Un certain nombre de Macédonienssont nommés dans le Nouveau Testament. Cesont: Aristarque de Thessalonique, qui accompagnasaint Paul à Éphèse et à Rome, Act., xix, 29; xx, 4; xx vii, 2; Gaius dont nous ne connaissons pas la ville etqui était également à Éphèse, lors de l’émeute quis’éleva contre saint Paul, Act., xix, 29; Secundus, deThessalonique, Act., xx, 4; Sopater. fils de Pyrrhus, de Bérée. Act., xx, 4. Voir Aristarque, t. i, col. 963; Gaius 1, t. iii, col. 44; Secundus, Sopater. Deux femmesmacédoniennes, Evodie et Synlique, sont mentionnéesparmi les chrétiennes de Philippes. Phil., iv, 2. VoirEvodie, t. ii, col. 2121. E. Beurlier,

    1. MACELLOTH##

MACELLOTH (hébreu:

lites.

Miqlôf), nom de deux Israé1. MACELLOTH (Septante: MccxsXûO; Alexandrinus: MaxotXcofi), le dernier des fils de Jéhiel (Abigabaon) et de-Maacha, Voir Jéhiel 2, t. iii, col. 1219; et Maacha 7, col. 466. Il eut pour fils Samaa ou Samaan. I Par., viii, 31-32; IX, 37-38. Ses descendants habitèrent à Jérusalem.

2. MACELLOTH (Septante: Ma/.e/.Xwô), chef de laseconde division de l’armée de David. I Par., xxvii, 4.Le texte qui le concerne est obscur et semble dire qu’iln’était que le chef en second de cette partie de l’armée, comprenant vingt-quatre mille hommes, tandis que legénéral en chef était [Éléazar, f.ls de] Dudia, PAhohite.Voir Dodo 3, Dudia, Éléazar 3, t. iii, col. 1460, 1509, 1650.

479

MACÉLOTH — MACHABÉES

MACÉLOTH (hébreu: Maqhêlôp; Septante: Maxr|-Xtôô), vingt-sixième station des Israélites dans le désert, après la sortie d’Egypte, entre Arada (t. l, col. 873) etThahath. Num., xxxiii, 25-26. Le mot hébreu maqhélôfsignifie dans Ps.lxvhi (Vulgate, lxvii, 27), «assemblées.» Le site de cette station est inconnu. Cf. Lagrange, L’itinérairedes Israélites du pays de Gessen aux bords duJourdain, dans la Revue biblique, 1900, p. 278.

    1. MACÉNIAS##

MACÉNIAS (hébreu: Miqnêyâhû, «possession deJéhovah;» Septante: MaxsXXîa, Maxevfa), Mérarite, undes Lévites appartenant au second ordre des musiciensdu sanctuaire du temps de David. Il jouait du kinnôr’al haS-Seminif le-nasêa/i. I Par., xv, 18, 21. Voir pourle kinnôr, Harpe, t. iii, col. 434. Semînît est expliquécomme signifiant «à l’octave» et désignant la basse; on

qu’il écrasait comme un marteau les ennemis dupeuple juif. Voir Judas 3, t. iii, col. 1790. De lui, ilpassa dans le langage courant à toute la descendance deMathathias. Cependant le nom de la famille est celuid’Asmonéens. Josèphe, Antiq. jud., XU, VI, 1. Ce nomleur vient d"Aa<?|ia>vaïaç, grand-père de Mathathias.Les écrivains juifs emploient ce mot de préférence àcelui de Machabées et les livres canoniques qui portentleur nom sont désignés par eux sous celui de livre desAsmonéens. Cf. Winer, Realwôrterbuch, au mot Makkabâer.Asmon, en hébreu Ijasmôn, signifie «grand, riche». Cf. Ps. lxviii (lxvii), 32 (Vulgate: legati). Letableau suivant donne la généalogie des Machabées: les noms écrits en petites capitales sont ceux des personnagesmentionnés dans la Bible. Les dates sont cellesde la mort. Elles sont toutes antérieures à Jésus-Christ:

TABLEAU GÉNÉALOGIQUE DES MACHABÉES

Asmon

ISimon

I

Jean

IMathathias f 167

I

I I 1, 1 I

Jean Gaddis f 161 Smox Thasi f 135 Judas Machabée f 161 Éléazar Abaron f 163 Jonathan Apphus f 143

! _

I P i i

Judas f 135 Jean Hyrcan I f 106 Mathathias f 135 Fille mariée à Ptolemée

I

I i | i i

Salomé Alexandra Antigone f 105 Alexandre Jannée Fils

épouse Aristobule I f 105 épouse Salomé Alexandra f 78

Fils

IHyrcan H f 30

Aristobule II f 49I

I IAlexandra ]- 28 épouse Alexandre f 49 Antigone f 49

I

Marianne f 20 épouse Herode le Grand Aristobule f 35

lui attribue aussi le sens de harpe à huit cordes, etc. Lasignification du mot le-nasêah est également obscure.La Vulgate l’a traduit par epinicion, «chant de victoire,» mais cette traduction est difficile à justifier. Le sens leplus probable est «pour conduire le chant».

    1. MACER##

MACER (grec: Mdcxpwv; Vulgate: Macer), surnomde Ptolemée, qui fut d’abord gouverneur de Cypre, puisde Phénicie. Mâxptov signifie «le long», c’est-à-direde haute taille. Le latin l’a rendu par Macer, «maigre,» à cause sans doute de la ressemblance de son dans lesmois, sans tenir compte du sens. Il Mach., x, 12. VoirPtolemée Macer.

    1. MACHABÉES##

MACHABÉES (grec: Maxxaêaîoç; Vulgate: Mâchai) feus). Sous ce nom sont désignées deux familles: 1° celle du prêtre Mathathias qui prit la tête du mouvementde résistance à l’oppression des rois de Syrie etgouverna la Judée pendant la seconde moitié du IIe siècleavant Jésus-Christ et la première moitié du i», c’est-à-direde 166 à 49; 2° les sept frères qui furent martyriséssous Antiochus IV Épiphane.

1. MACHABÉES. Les fils du prêtre Mathathias sontappelés du nom général de Machabées par les livres quiracontent l’histoire des premiers d’entre eux. Ce mot, qu’on peut interpréter par «marteau», fut. donné ensurnom à Judas, troisième fils de Mathathias, parce

I. Affranchissem*nt des Juifs par les Machabées.— 1° Révolte des Machabées contre Antiochus. —L’honneur des Machabées est d’avoir été les chefs de larésistance au paganisme hellénique et d’avoir sauvé lareligion du vrai Dieu. Lorsque Mathathias et ses fils sesoulevèrent contre Antiochus IV Épiphane, le, peuplejuif souffrait la plus cruelle persécution. Dès le débutdu règne de ce prince, un certain nombre «d’enfantsd’iniquité» s’étaient laissé séduire par les mœursgrecques. Ils avaient demandé au roi la permission devivre à la façon des gentils; un gymnase s’était élevé àJérusalem et l’on avait vu des Juifs dissimuler leur circoncision.I Mach., i, 12-16. Le chef du parti hellénique, «des impies,» comme les appelaient ceux qui senommaient eux-mêmes les pieux ou assidêens (voirAssidéens, t. i, col. 1131), était Jason, le propre frère dugrand-prêtre Onias III. Il corrompit de nombreuxprêtres et alla jusqu’à envoyer un don considérable pouliessacrifices offerts à Hercule dans la ville de Tyr.II Mach., iv, 7-19. Voir Jason 4, t. iii, col. 1141. Aprèssa victoire sur Ptolemée VI Philométor, le roi de Syrierésolut de faire disparaître la religion d’Israël. Il vintà Jérusalem avec une puissante armée, entra dans lelieu saint, pilla les trésors du Temple et établit un surintendantdes tributs qui s’installa dans la capitale juiveavec une suite nombreuse. La ville de David fut fortifiéeet reçut une garnison syrienne. Il fut défendu d’offrirdes sacrifices dans le Temple, les choses saintes fuient

profanées, la célébration du sabbat et des fêtes, la circoncision des enfants furent interdites; au contrairepartout furent bâtis des temples aux idoles et on offritde l’encens en leur honneur; les Livres Saints furentdéchirés et brûlés, on égorgeait ceux chez qui on entrouvait des copies, toute désobéissance aux ordres duroi était punie de mort. I Mach., i, 21-64. Voir Antiochus 3, t. i, col. 693. Nombreux furent ceux qui préférèrent la mort à l’apostasie. I Mach., i, 65-67. Mathathias et ses fils changèrent cette résistance passive enune lutte à main armée contre l’oppresseur. I Mach., ir. Voir Mathathias5. L’histoire des premiers Machabées, .c’est-à-dire de Judas, de Jonathas, de Simon, est celled’une lutte incessante et finalement couronnée de succèspour maintenir l’indépendance politique et religieusedu peuple juif. Voir Judas 3, t. iii, col. 1790; Jonathas 3, t. iii, col. 1620; Simon 3 Machabée.

2° Judas Machabée. — Durant la première période deleur histoire, de 168 à 153 avant J.-C, les Machabées etleurs partisans réussirent à tenir en échec la puissancesyrienne. L’occupation de la cité sainte par les étrangersavait réduit les Juifs à faire une guerre de partisans dansles montagnes. I Mach., ii, 28. Le théâtre des premiersexploits de Judas fut la contrée située au nord-est deJérusalem. Voir Judas 3, t. iii, col. 1791. La prise de laville sainte, en 165, termina le premier acte de la lutte.1 Mach., iv, 36-61; II Mach., x, 1-9. Prenant alorsl’offensive, Judas attaqua les peuples du voisinage, maisces guerres n’eurent pour effet que de protéger laJudée contre leurs attaques. I Mach., v, 1-68; II Mach., x, 15-38; xii, 3-46. En fait, Judas n’eut jamais sous sadépendance que le voisinage immédiat de Jérusalem.Ses points d’appui étaient la ville sainte et Bethsura ausud de Jérusalem, qu’il avait solidement fortifiées.I Mach., iv, 60-61. Sous le règne d’Antiochus V Eupator, les expéditions de Lysias aboutirent à des traités depaix où l’indépendance des Juifs et la souveraineté deJudas furent reconnues. II Mach., x, 10-14; xi, 1-38; I Mach., vi, 17-63. Voir Antiochus 4, 1. 1, col. 700; Judas, t. iii, col. 1793, et Lysias, t. iv, col.

La campagne de Nicanor, au début du règne de Démétrius I er, aboutit de même à une défaite et Judas fut denouveau tranquille. I Mach., vii, 26-50. Voir Démétrius 1, t. ii, col. 1398; Nicanor. La mort de Judas, dans la bataillequ’il livra à Bacchides, eut pour conséquence la défaitede ses partisans et le triomphe du parti hellénique. Lafamine augmenta le désastre et jamais on ne vit pareilletribulation en Israël. I Mach., ix, 23-27.

3° Jonathas Machabée. — Jonathas releva le couragedu peuple resté fidèle. Abandonnant la Judée où lesSyriens régnaient en maîtres, il se réfugia à Bethbessé, dans le désert. Vainqueur de Bacchides qui assiégeaitla ville, il signa avec lui un traité de paix et s'établit àMachmas au nord de Jérusalem. I Mach., ix, 62-73. Larivalité d’Alexandre Balas et de Démétrius I er Soterfournit à Jonathas une occasion favorable de rendre auxJuifs leur indépendance. Les deux rivaux cherchèrentson appui et ce fut à qui lui ferait les plus brillantespromesses. Jonathas se déclara pour Alexandre. I Macb., x, 1-47. Il reçut en remerciement la reconnaissance officielle de son pouvoir civil et militaire sur la Judée, parAlexandre et par son allié Ptolémée VI Philométor, roid’Egypte. I Mach., x, 60-65. Voir Alexandre 2 Balas, t. i, col. 348; Démétrius 1, t. ii, col. 1361. La mort desdeux princes assura le trône de Syrie à Démétrius II en146-145. Ce roi, qui n’avait pas perdu le souvenir desdéfaites infligées à son général Apollonius par Jonathas, I Mach., x, 69-87, reconnut l’autorité du Machabée surla Judée et sur les villes de Samarie dont il s'étaitemparé. I Mach., xi, 30-37. Le prince asmonéen témoignasa reconnaissance en défendant Démétrius contre Tryphon, I Mach., xi, 44-50, mais le roi de Syrie se montraingrat envers son défenseur. Il fut puni de sa trahison;


Trypbon s’empara d’Antioche et le jeune Antiochus VI, qu’il fit monter sur le trône, rechercha à son tour l’amitiéde Jonathas et le confirma dans ses titres. I Mach., xi, 57-58. Tryphon voulut bientôt pour lui-même le trônequ’il avait donné au jeune roi. Par de fallacieuses promesses, il persuada à Jonathas de licencier ses troupeset l’attira à Ptolémaïde, où il le mit à mort. I Mach., XII, 39-48. Voir Jonathas 3, t. iii, col. 1620. La puissance duparti national était si solidement établie que cet assassinat ne l'ébranla en rien.

4° Simon Machabée. — Simon prit la succession deson frère, et s’allia à Démétrius II, qui de nouveaureconnut l’indépendance des Juifs. Simon porta à la foisle titre de grand-prêtre et d’ethnarque. L’an 142 avantJ.-C. marque la première année de l’indépendance complète de la Judée. I Mach., xiir, 36-42. Le dernier rempart de la puissance syrienne, la citadelle de Jérusalem, fut prise par Simon. I Mach., xiii, 46-51. Voir Démétrius 2, t. ii, col. 1362. Antiochus VII Sidètes, lorsqu’ilvoulut s’emparer à son tour de la Syrie, commença pars’assurer l’alliance de Simon et par reconnaître l’indépendance des Juifs, I Mach., xv, 1-9; il est vrai qu’ilrevendiqua plus tard comme siens Joppé, Gazara etla citadelle de Jérusalem, mais ces réclamations furentinutiles. L’assassinat de Simon par le général syrienPtolémée ne rendit pas aux Syriens le pays qu’ils avaientperdu. I Mach., xv, 28-36; xvi, 14-17. Jean Hyrcan vengeason père et comme lui fut grand-prêtre et ethnarque deJudée. Voir Jean 4 Hyrcan, t. iii, col. 1154.

5° Caractère de l'œuvre des Machabées. — Par leurbravoure et leur constance, les Machabées avaient réussià secouer le joug syrien et à reconstituer la nation juive.Cette reconstitution avait été définitive sous Simon etles titres qui lui furent reconnus furent portés par sessuccesseurs. — 1. Les guerres dont ils furent les hérossont parmi les plus glorieuses que soutinrent jamaisdes nations noblement jalouses de leur indépendancenationale et religieuse. Les paroles de Judas à ceux quilui conseillent la retraite: «Dieu nous garde de fuir! Sinotre temps est arrivé, mourons courageusem*nt pournos frères et ne portons pas atteinte à notre gloire,» I Mach., ix, 10, valent bien celles d’un Léonidas. Nonseulement les Machabées tarent des héros, niais ilsfurent aussi des généraux habiles. Judas organisa sespartisans en armée régulière, la subdivisa en groupesà la tête desquels étaient placés suivant leur importancedes chefs supérieurs, des commandants de mille, decent, de cinquante et de dix hommes. I Mach., iii, 55.Simon donna une solde à ses troupes à l’exemple desrois syriens. I Mach., xiv, 32; cf. I Mach., iii, 28. Auxsoldats juifs, Jean Hyrcan joignit des auxiliaires étrangersqui se battirent pour eux avec le plus grand courage.Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 4; xiir, 5; xix, 1. VoirArmée 1, t. i, col. 977, 981-982. Judas et ses successeurssurent employer l’artillerie de siège, ils firent des balistes et des machines diverses. I Mach., vi, 20, 52, Voir Baliste, t. i, col. 1414; Catapulte, t. ii, col. 346; Machine, t. iv, col. 505, L’habileté diplomatique desMachabées ne fut pas moindre que leur génie militaire.Ils surent se ménager les alliances des Bomains et desSpartiates. I Mach., viii, 1-32; xii, 1-23; xiv, 16-26; xv, 15-2^. — Simon fut le premier qui frappa des monnaies à son nom. Il reçut ce privilège d’Antiochus VIISidètes. I Mach., xv, 6: Voir Monnaie.

2. Il est évident cependant que les Machabées furentavant tout de fidèles observateurs de la loi. C’est enDieu qu’ils mettaient leur confiance et les Livres Saintsétaient leur consolation, I Mach., xii, 9; ils observaientscrupuleusem*nt le sabbat, ne livrant jamais d’euxmêmes bataille ce jour-là, I Mach., ii, 32; II Mach., vi, 11; viii, 26, etc.; l’année sabbatique, I Mach., vi, 53; la loi du nazaréat, I Mach., iii, 49; les exemptions duservice militaire établies par la loi, 1 Mach., iii, 56

IV.

16 483

MACHABÈES

m

cf. Deut., xx, 5, 8; les jours de prières et de jeûnes, I Mach., iii, 47; II Mach., x, 25, etc. La nouvelle fête dela dédicace fut un hommage aux anciens rites. II Mach., I, 9. Cependant il y eut une innovation de premièreimportance, ce fut l’interruption de la succession héréditaire dans la charge de grand-prêtre. Onias IV, filsd’Onias III, s’enfuit en Egypte et y bâtit, à Léontopolis, un temple schismatique. Josèphe, Ant. jud., XIII, m; Bell, jud., i, I, 1. Voir OniaS III. Les rois de Syries’arrogèrent le droit de nommer le grand-prêtre. Jason, frère d’Onias 111, chef du parti hellénique, sollicita àprix d’argent Antiochus Épiphane, pour obtenir de luice titre. II Mach., iv, 7. Alcime dut sa nomination aumême prince. I Mach., vii, 9. Voir Alcime, 1. 1, col. 338.Alexandre Ba’as donna la grande-prêtrise à Jonathas, I Mach., x, 20, que reconnurent aussi en cette qualitéDémêtrius II et Tryphon. Simon fut â son tour reconnupar Démêtrius II qui lui donna en même temps, ainsique nous l’avons vu plus haut, le titre d’ethnarque.I Mach., xiii, 36-42. Voir Ethnarque, t. ii, col. 2033.

Dans les lettres adressées à cette époque par les nationsétrangères ou par les rois, nous voyons apparaître unautre pouvoir à côté de celui du grand-prêtre et plustard de l’ethnarque, c’est la Yepoun’a ou assemblée desanciens. I Mach., xii, 6; II Mach., i, 10; iv, 44; xi, 27; Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 3. C'était, mieux organiséet avec plus de consistance, le conseil qui avait assistéMoïse, Num., xi, 16, 17, 24-30, et qui, depuis ce temps, avait perdu son autorité et son organisation primitives.Ce conseil composé de prêtres et de laïques fut plus tardappelé sanhédrin. Voir Anciens 3, t. i, col. 554; Sanhédrin.

II. Jean Hyrcan et ses successeurs. — Le premierlivre des Machabées s’arrête au début du règne deJean Hyrcan. Voir Jean 4 Hvrcan, t. iii, col. 1154. Voicile résumé de l’histoire de ses successeurs; elle est latransition entre l’Ancien et le Nouveau Testament, etsa connaissance est indispensable à qui veut comprendrel'état du monde juif au temps où Notre-Seigneur apparutsur la terre.

1° Aristobule 1 er (105-104). — En mourant, Jean Hyrcanlaissa cinq fils. Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 7. Deuxd’entre eux sont inconnus, les trois autres sont Aristobule, Antigone et Alexandre Jannée. Par testament, ildonna le pouvoir civil à sa femme et la grande-prêtriseà Aristobule. Josèphe, Ant. jud., XIII, XI, i; Bell, jud., I, iii, 1. Celui-ci mit en prison sa mère, l’y laissa mourir de faim et s’empara du pouvoir. Il empoisonna demême ses frères, à l’exception d’Antigone. Josèphe.ifeid.La confiance qu’il donna à ce dernier excita contre luila jalousie. On l’accusa de complot contre Aristobule, si bien que celui-ci le fit tuer par ses gardes. Le meur'37. — Monnaie d' Aristobule I OT.

[3° Tin]>n nsm mi jns rmn>, «Judas, grand-prêtre, et la communauté des Juifs, b dans une couronne de laurier ou d’olivier.— i^. Deux cornes d’abondance; au milieu, une tête de pavot.

tre commis, Aristobule en eut un chagrin si amer que, dit-on, il hâta sa mort. Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 1-3; Bell. jud.. I, iii, 1-6. Aristobule, plus encore queson père, s'éloigna des traditions des Machabées, pouradopter les mœurs grecques. Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 3. Le premier, il prit le titre de foi, que ses successeurs gardèrent jusqu'à la conquête de la Judée parPompée. Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 1; Bell, jud., i, m, 1. Cependant sur ses monnaies, il ne prit ni le titre

royal, ni son nom grec, il s’appelle: Judas grandprêtre (fig. 157). Il portait, en effet, le nom hébreu deJudas. Josèphe, Ant. jud., XX, x. Cf. Madden, Coins ofthe Jews, in-4°, Londres, 1881, p. 61-63. Aristobuleconquit les districts situés au nord de la Palestine, enparticulier une grande partie de l’iturée dont il forçales habitants à se circoncire et à prjtiquer la loi juive.Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 3. Voir Iturée, t. iii, col. 1039. Il mourut d’une cruelle maladie, après un ande règne, en 104 avant J.-C.

2° À lexandre Jannée (104-78). — À la mort d’Aristobule, sa veuve, Salomé Alexandre, fit sortir de prison lestrois frères de son mari, éleva l’alné, Alexandre Jannée,

158. — Salomé et Aristobule I".

    1. BAEIAISEHï EAAOMHE##

BAEIAISEHï EAAOMHE (en grande partie illisible).

% BAEIAEQE APILTOBOrAOr. Leurs portraits.

au trône et à la grande-prêtrise et l'épousa. Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 1; Bell, jud-, 1, iv, 1. Le règne dunouveau prince fut rempli par des guerres perpétuelles.Il commença par assiéger Ptolémaïde, mais PtoléméeLathurus, chassé du trône par sa mère Cléopâtre et souverain de Cypre, vint au secours de la ville. Alexandrefut obligé de lever le siège. Josèphe, Ant. jud., X11I, xii, 2-4. Un instant, Ptolémée fut disposé à traiter avecAlexandre, mais, apprenant que celui-ci demandaitcontre lui le secours de Cléopâtre, il cessa les pourparlers et fit avancer son armée. Il conquit Asochis en Galilée et prit position contre Alexandre à Asophon, surles bords du Jourdain. Les Juifs furent défaits et massacrés. Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 4-5. Cléopâtreenvoya alors une armée en Palestine pour empêcher sonfils de devenir trop puissant. Ptolémée essaya unediversion en Egypte, fut battu et' obligé de retourner àGaza. Cléopâtre s’empara de la Palestine tout entière.Ses conseillers voulaient qu’elle l’annexât à l’Egypte, mais Ananias, général juif aux ordres de la reine, lapoussa à traiter avec Alexandre. Ptolémée fut contraintde retourner à Cypre, Cléopâtre rappela son armée etAlexandre régna de nouveau sur le pays. Josèphe, Ant.jud., XIII, xiii, 1-3. Il tourna alors ses armes contreles pays situés à l’est du Jourdain, prit Gadara, Amathus, puis dans le pays des Philistins, Raphia, Anthédon et enfin Gaza, en 96 avant J.-C. Josèphe, Ant.jud., XIII, xiii, 3-4.

A ces guerres s’ajoutèrent des dissensions intestines, dont on trouve l'écho dans les traditions rabbiniques.H. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographie dela Palestine, d’après les Thalmuds et les autres sourcesrabbiniques, in-8°, Paris, 1867, t. i, p. 96-98. La sectedes pharisiens était perpétuellement en conflit avec leprince. La cause en était surtout dans la négligence quemettait Alexandre à remplir ses fonctions de grandprêtre. Alexandre réprima les émeutes avec une véritable cruauté. Il fit massacrer par ses mercenaires600 Juifs. Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 5; Bell, jud., I, iv, 3. Cf. Derenbourg, Essai, p. 98, note; WellhaUsen, Die Pharisâer und die Sadducâer, in-8°, Greifswald, 1874, p. 96. La nature belliqueuse d’Alexandre l’entraînabientôt à une nouvelle guerre contre les tribus arabessituées à l’est du Jourdain. Il tomba dans une embuscade que lui dressa le roi arabe Obédas. Ce fut à grand’peine qu’il s'échappa et revint à Jérusalem. Josèphe, Ant, jud., XIII, xili, 5. Les pharisiens profitèrent de sa

défaite pour se révolter, et pendant six ans il dut lutter «ontre son peuple à l’aide de troupes mercenaires. Prèsde 50 000 Juifs périrent, dit-on, dans cette guerre civile.Quand Alexandre leur demanda ce qu’ils désiraientpour conditions de la paix et de la soumission, ils répondirentqu’ils demandaient sa mort. En même temps, ils appelaient à leur aide Démétrius III, fils d’AntiochusGrypas et gouverneur d’une partie de la Syrie. Josèphe, Ant.jud., XJII, xii, 5; Bell.jud., i, iv, 3-4. L’armée deDémétrius, unie aux adversaires d’Alexandre, battitcomplètementle prince qui perdit ses troupes mercenaireset fut obligé de s’enfuir dans les montagnes. Cependantle sentiment national ramena à Alexandre 6 000 révoltés; le reste fut défait par lui. Les chefs de la rébellion, assiégés dans Bémésélis, furent réduits à capituler. Conduitsà Jérusalem, ils furent crucifiés avec près de800 de leurs partisans, en présence de leurs femmes etde leurs enfants. Ce spectacle répandit la. terreur aupoint que, pendant la nuit, 8000 Juifs s’enfuirent et nereparurent plus en Judée. Josèphe, Ant.jud., XIII, xiv, 1-2; Bell, jud., i, iv, 4-6. Tranquille à l’intérieur, Alexandre eut encore à soutenir des luttes contre AntiochusXII à qui il tenta en vain d’interdire le passageà travers la Judée au moment où le roi de Syrie entreprenaitune campagne contre les Arabes. Après lamort d’Antiochus XII, le roi de Damas, Arétas, devintle voisin le plus redoutable des Juifs. Ce prince attaquaAlexandre et le battit. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 2; Bell, jud., i, IV, 8. Plus heureux en 84-81, Alexandreconquit Pella, Dium, Gérasa, Gaulana, Séleucie et enfinGamala. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 3. La débauche àlaquelle il continuait de se livrer au milieu des fatiguesruina sa santé et, en 78, il succomba pendant qu’ilfaisait le siège de Bagaba. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 5. Son corps, rapporté à Jérusalem, y fut enterré engrande pompe. Josèphe, Ant. jud., Xllï, xvi, 1; cf. Bell, jud., V, vii, 3. Les monnaies d’Alexandre Jannée ontune double inscription. Dans le texte hébraïque ilporte le nom de Jonathan et dans le texte grec celui

159. — Monnaie d’Alexandre Jannée.

"Wil "Oni Vn pan pat. [a]AEEA, Jonathan, le grand-prêtre, et la communauté des Juifs. Alexa[ndre]. — à). Deux cornesd’abondance dans un grénetis.

d’Alexandre (fig. 159). Cf. Madden, Coins of the Jews, p. 83-90.

3° Alexandra (78-69). — Alexandre laissa le trône àsa veuve Salomé Alexandra (fig. 160) qui nomma grand160. — Monnaie d’Alexandra.

AAE3AN4 BASIAIS, autour d’une ancre. — fy Soleil à huit rayons.

Trace d’une légende hébraïque.

prêtre son fils aîné Hyrcan. Josèphe, Ant.jud., XIII, xvi, 1-2; Bell, jud., i, y, i. Sous tous rapports, son règne futl’antithèse de celui de son second mari. Elle fut complètementsous la dépendance des pharisiens. Josèphe, Ant. jud., XIII, xvi, 2-3, 6; Bell, jud., i, v, 2-3. Sapolitique étrangère fut énergique et prudente. Le principalévénement de ce règne fut l’expédition d’Aristobule, fils de la reine, contre Damas. Josèphe, Ant. jud.,

XIII, xvi, 3; Bell, jud., i, v, 3. En somme, ce fut unrègne paisible au dedans et au dehors. Cependant lessadducéens n’avaient pas renoncé à la puissance, ils segroupaient autour d’Aristobule, second fils de la reine.Le prince se révolta quand il vit sa mère malade etdisposer du trône en faveur d’Hyrcan II, son fils aîné.Alexandra mourut avant que la guerre éclatât entre lesdeux frères. Josèphe, Ant. jud., XIII, xvi, 6-5; Bell, jud., i, v, 4.

4° Aristobula II. — À peine Alexandra fut-elle morteet Hyrcan II, déjà grand-prêtre, eut-il commencé à exercerle pouvoir civil, qu’Aristobule l’attaqua. La batailles’engagea près de Jéricho. Une partie des troupes d’Hyrcanpassa à Aristobule et lui assura la victoire. Hyrcanse réfugia dans la citadelle de Jérusalem, mais il futobligé de se rendre et de céder à Aristobule, à la fois, lepouvoir civil et la grande-prêtrise. Josèphe, Ant.jud.,

XIV, i, 2; Bell, jud., i, vi, 1. Cf. Ant.jud., XV, iii, 1; XX, x. C’est alors que nous voyons entrer en scènePlduméen Antipas ou Antipater, père d’flérode le Grand.Voir Hérode 2, t. iii, col. 698; Idumée’, t. iii, col. 830.Convaincu à juste raison qu’il avait plus à redouter dubelliqueux Aristobule que du faible Hyrcan, Antipaterpersuada à ce dernier que sa vie était en danger, luirecruta des partisans parmi les Juifs et enfin lui assural’alliance des princes arabes. Quand il l’eut convaincu, il partit avec lui de Jérusalem pendant la nuit et se réfugiaà Pétra, capitale d’Arétas. Moyennant la promesseque ce dernier travaillerait au rétablissem*nt d’Hyrcansur le trône, le prince asmonéen promettait de rendreau roi arabe les douze villes prises sur lui par AlexandreJannée. Josèphe, Ant.jud., XIV, i, 3-4; Bell.jud., i, vi, 2.Arétas attaqua Aristobule et le défit; presque toute l’arméedu prince vaincu passa à Hyrcan, qui assiégea sonfrère dans le Temple. Josèphe, Ant. jud., XIV, H, 1-2.Cf. Derenbourg, Essai, p. 113. Sur ces entrefaites, Seaurus, lieutenant de Pompée, arriva à Damas; les deuxfrères lui envoyèrent chacun de leur côté des ambassadeursavec des sommes d’argent considérables. Scaurusjugea que la position d’Aristobule était plus forte et sedécida pour lui. Arétas fut sommé de lever le siège. Aristobulele poursuivit et lui infligea une défaite sanglante.Josèphe, Ant. jud., XIV, ii, 3; Bell, jud., i, vi, 2-3.A partir de ce moment l’influence romaine fut dominanteen Judée. Aristobule combla Pompée de présents, Josèphe, Ant. jud., XIV, iii, 1, mais le général romain refusa dese prononcer entre les partis qui divisaient les Juifs, Josèphe, Ant.jud., XIV, iii, 3; Diodore de Sicile, xl; ilexigea qu’ils demeurassent en paix, jusqu’à la fin de sonexpédition contre les Nabatéens. Josèphe, Ant. jud, , XIV, iii, 3. Aristobule mécontent quitta Dium où il étaitavec Pompée. Celui-ci interrompit son expédition pourle châtier.

Le prince juif, au lieu d’obéiraux messages de Pompée, se prépara à lui résister dans Jérusalem. Pompée apparutbientôt devant la ville sainte. Aristobule effrayé serendit au camp romain et promit de livrer la ville siPompée suspendait les hostilités. Celui-ci garda Aristobuleet ordonna à Gabinius d’entrer à Jérusalem, maisles Juifs fermèrent les portes. Pompée irrité s’avançacontre la ville sainte. À l’intérieur, les Juifs étaientdivisés, les partisans d’Aristobule voulaient résister, lesamis d’Hyrcan, au contraire, voulaient ouvrir les portesà Pompée qu’ils considéraient comme leur ami. Ilsl’emportèrent et Pompée envoya Pison pour en prendrepossession. Les Romains furent néanmoins obligés defaire l’assaut de la citadelle. Après un siège de troismois, elle fut prise et 12 000 Juifs furent massacrés, en 63 avant J.-C. Josèphe, Ant. jud., XIV, iii, 3-iv, 2; Bell, jud., i, vi, 4-vn, 5; Dion Cassius, xxxvii, 16; Strabon, XVI, ii, 40, Tite Live, Epitome, 102; Tacite, Hisl., v, 9; Appien, Syriae., L. Pompée pénétra jusque dans 487

MAGHABÉES — MACHABÉES (LIVRES DES)

le Heu saint, mais ne toucha pas aux trésors du Templeet prit soin qu’on continuât les sacrifices. Les auteursde la révolte furent mis à mort, un tribut considérablefut imposé à la Judée et une grande partie du territoirepassa sous la dépendance du proconsul de Syrie. Hyrcan IIreçut le gouvernement du reste avec le titre de grandprêtre, mais perdit celui de roi. Josèphe, Anl. jud., XIV, iv, 4; XX, x; Bell, jud., i, vii, 6-7; Cicéron, ProFlacco, 67. Aristobule fut emmené comme prisonnierde guerre, avec ses fils Alexandre et Antigone, et ilfigura au triomphe de Pompée. Un grand nombre deJuifs furent également conduits à Rome et, affranchisplus tard, formèrent la communauté juive de Rome, qui devint très importante. Josèphe, Ant. jud., XIV, iv, 5; Bell, jud., i, vii, 7; Plutarque, Pompée, 45; Appien, Mithridate, 117. Voir Affranchis, t. i, col. 255.

5° Le gouvernement des rois Asmonéens. — Lesderniers Machabées furent des souverains indépendants.Comme un grand nombre de vassaux des Séleucides, ils profitèrent de la décadence du royaume de Syriepour prendre eux-mêmes le titre de roi. Cependant, pourleurs compatriotes, ils furent surtout grands-prêtres.Quelques-uns d’entre eux furent peu zélés dans l’accomplissem*ntde leurs fonctions, mais ils n’en conservèrentpas moins héréditairement un titre auquel ils tenaientet qui était indispensable à leur autorité sur la nationjuive. Les partis qui avaient divisé la Judée sous les premiersMachabées continuèrent leur lutte sous d’autresnoms, pendant cette seconde période. Ceux que leslivres des Machabées appelaient «les impies» avaienttrouvé un moyen de concilier l’observation de la loi deMoïse avec les mœurs helléniques, ils s’appelaient maintenantles sadducéens et, pleinement sympathiques à lapolitique des derniers princes asmonéens, ils étaient àleur service dans l’armée et dans la diplomatie. VoirSaddiîCÉens. Les Assidéens étaient devenus les Pharisienset, de plus en plus, sous prétexte d’observer scrupuleusem*ntla loi, ils y ajoutaient des observancesnouvelles. S’ils eurent quelque temps une influenceprépondérante sous Salomé Alexandra, sous les autresprinces, les Sadducéens furent les inspirateurs du gouvernement.Voir Pharisiens.

Tandis que les premiers Asmonéens avaient surtoutcherché à faire rentrer en Palestine leurs compatriotesétablis dans les pays voisins, I Mach., v, 23, 43-54, lesderniers, au contraire, cherchèrent à soumettre lespeuples voisins et à les judaïser. C’est ainsi que nousavons vu Aristobule, après avoir conquis les districtssitués au nord de la Palestine, forcer les habitants dela partie de l’Iturée qu’il avait soumise à se faire circoncire.Alexandre Jannée avait de même annexé à sonroyaume les pays situés à l’est du Jourdain, et sur lacôte le pays des Philistins. La conquête romaine ruinal’œuvre asmonéenne et il ne resta à Hyrcan II quequelques débris de leur empire.

Bibliographie. — Outre les histoires générales dupeuple d’Israël et les ouvrages relatifs aux deux Livresdes Machabées, voir H. Derenbourg, Essai sur l’histoireet la géographie de la Palestine d’après les Thalmudset les autres sources rabbiniques, t. i: Histoire de laPalestine depuis Cyrus jusqu’à Adrien, in-8°, Paris, 1867; Milman, Post-biblical History of the Jews, frontthe close of the Old Testament about the year 420 titlthe destruction of Jérusalem in the year 70, 2 in-8°, Londres, 1856; Stanley, Lectures on the history of theJewish Church, 3e série, From the captivity to tlwChristian Era, in-12, Londres, 1876; Bost, L’époquedes Maccabées, histoire du peuple juif depuis le retourde l’exil jusqu’à la destruction de Jérusalem, in-8°, Strasbourg, 1862; F. de Saulcy, Histoire des Machabéesou princes de la dynastie asmonéenne, in-8°, Paris, 1880; Wellhausen, Die Pharisâer und die Sadducàer, in-8°, Greifewald, 1874; Grætz, Histoire des Juifs, trad.

Wogue, in-8°, Paris, 1884, t. ii, p. 79-223; E. Schûrer, Geschichle des jùdischen Volkes im Zeitalter JesuChristi, 2e édit., in-8°, Leipzig, 1890, t. i, p. 162-294.

E. Bedrlier.

2. MACHABÉES (LES SEPT FRÈRES). On désignesous ce nom sept jeunes gens qui furent martyrisésavec leur mère par ordre d’Antiochus IV Épiphane, roide Syrie. Le second livre des Machabées, vii, 1-41, raconteleur supplice et leur courage héroïque. Le quatrièmelivre apocryphe des Machabées a longuement développéce chapitre. La Bible ne leur donne pas le nom deMachabées. Elle n’indique pas davantage où se passe lascène de leur martyre, ni quelle en est la date. Onadmet généralement, avec le Martyrologe romain, queles sept frères turent martyrisés à Antioche. C’est latradition commune des Églises d’Orient et d’Occident.Voir Antioche 2, ii, col. 680. L’auteur du IIe livre desMachabées dit du reste que le roi était retourné peuauparavant dans cette ville. II Mach., v, 21. Il dit aussique la persécution sévit dans toutes les villes grecquesdu royaume. II Mach., v, 8-9. — Voir Cardinal Rampolla, Del luogo dél niartirio et del sepolcro dei Maccabei, in-f", Rome, 1898. E. Bedrlier.

3. MACHABÉES (LIVRES DES). Il existe sous ce nomquatre livres, deux canoniques et deux apocryphes; parfoismême on en compte un cinquième qui est en réalitéun des livres de Josèphe. Les deux livres canoniquescontiennent l’histoire des princes asmonéens quiportèrent le surnom de Machabées, emprunté au premierd’entre eux, Judas. Voir Judas 3, t. iii, col. 1790.Nous parlerons d’abord des questions communes auxdeux livres, puis de ce qui regarde particulièrementchacun d’eux.

I. Canonicité des deux livres des Machabées. —La question de la canonicité est la même pour les deuxlivres des Machabées. Tous deux sont du nombre dessept livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament.Voir Canon des Écritures, t. ii, col. 137. Dès les premierssiècles de l’Église ils sont cités par les auteursecclésiastiques comme les autres livres des Septante etau même titre que ceux d’entre eux qui ne sont pasdans le canon juif de Jérusalem. Voici cependant lestextes qui les concernent particulièrement: Hermas citedes expressions de II Mach., vii, 23, et vii, 28, dansPastor, Visio, i, 3 et 4; Mandat., i, 1, t. ii, col. 894 et913. Clément d’Alexandrie cite I Mach., Strom., i, 21, t. viii, col. 852; II Mach., i, 10, Strom., v, 14, t. ix, col. 145. Origène cite I Mach., ii, 24, In Ep. ad Rom. Tvin, 1, t. xiv, col. 1158; II Mach., Exhorl. ad martyr. r22-27, t, xi, col. 589. Tertullien cite I Mach., Adv. Jud., 4, t. ii, col. 606. Saint Cyprien a quatre citations de I Mach., et sept de II Mach., Teslimonia; Thasci CyprianiOpéra omnia, édit. G. Hartel, t. i, p. 117, 128, 132, adForlun., 11, p. 339-343, voir Patr. Lat., t. iv, col. 734, 743, 746, 669-672. Saint Hippolyte emploie comme faisantpartie de la Sainte Écriture les deux livres des Machabées, I Mach., ii, 33, Frag. 32, in Daniel, t. x, col. 661; I Mach., i, 58, et II Mach., vi, 7, De Christo et Antichristo, t. x, col. 769. Des manuscrits grecs qui renfermentles deux livres des Machabées à la fin desSeptante le Sinaiticus est du IVe siècle et VAlexandrinusdu Ve. Saint Athanase, au contraire, dans sonEpist. fest., 39, t. xxvi, col. 1176-1436 où il donnele catalogue des Écritures, ne parle pas des livres desMachabées, même parmi les deutérocanoniques, cependantil cite le martyre des sept frères dans son commentairesur le psaume lxxviii, t. xrvu, col. 357. SaintÉpiphane les omet de même, De ponder. et mensur., 22-23, t. xliii, col. 277. Le Canott 80 des Apôtres, qui estdu ve siècle et qui a été reçu par l’Église grecque dansle concile in Trullo, compte parmi les livres de la Bible, non seulement les deux livres des Machabées, mais.

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    1. MACHABÉES##

MACHABÉES (LIVRES DES)

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même le troisième. Nous trouvons encore les deuxlivres des Machabées dans la liste des Livres Saints quel’Africain Junilius a dressée d’après l’enseignement dePaul le Persan, docteur de Nisibe, Instituta regidariadivinse legis, t. lxviii, col. 16; dans Théodoret, t. lxxxi, col. 1513, 1517, 1521, 1528; dans Aphraates, Texte undUntersuchungen de O. von Gebhart et Harnack, t. iii, çart. 3 «, in-8°, Leipzig, 1888, p. 32, 204, 347; dans saintÉphrem, Opéra syro-latina, t. ii, p. 218, 231. En Occident, Rufin cite les Machabées parmi les livres qu’ilappelle, d’après les anciens, livres ecclésiastiques, Comment, in Symbolum Apostolorum, 36-38, t. xxi, col. 373. Le plus ancien catalogue officiel de l’Église romaine, celui qui est connu sous le nom de Gélase etqui remonte au temps de saint Damase, c’est-à-dire vers374, clôt l’Ancien Testament par les Machabées; Thiel, De decreto Gelasii papee, 1866, p. 21; Labbe, Concil., 1671, t. IV, col. 1260. Le canon de l’Église d’Afrique lescontient également. Saint Augustin, Dedoctrina Christ., Il, 8, t. xxxiv, col. 41. Ce même catalogue est donné parles conciles d’Hippone en 393, de Carthage en 397 et en419. Mansi, Coll. Concil, t. iii, col. 924; t. iv, col. 430.Saint Grégoire le Grand, Moral., xrx, 34, t. lxxvi, col. 119, s’excuse de témérité en citant le premier livre des Machabées.Saint Isidore de Séville compte les Machabéesparmi les livres reçus dans le canon de l’Église, quoiqu’ilsne soient pas inscrits dans le canon juit. Lib.Proœmiorum in Vet. et Nov. Testamentum, init., t. lxxxiii, col. 158. Au début du ixe siècle, Nicéphore deConstantinople mentionne les Machabées parmi leslivres contestés, t. c, col. 1056; ce document a probablementpour source la synopse qui porte le nom desaint Athanase, t. xxviii, col. 284, œuvre d’une date incertaine.Nicéphore cependant cite trois livres des Machabées, tandis que la synopse n’en cite que deux. Aumoyen âge latin, Notker dit des Machabées que leurtexte ne sert pas comme autorité, mais seulement pourle souvenir et l’admiration, t. cxxxi, col. 996. Le catalogued’Innocent I er, qui se trouve dans la collection decanons envoyée à Charlemagne par le pape Hadrien en774 et qui fut adoptée en 802 par l’Église franque, reproduitcelui de Gélase, t. xx, col. 501. Ce même décret estreproduit dans les collections canoniques de Burchardde Worms, vers 1020, et d’Yves de Chartres, vers 1100, t. cxl, col. 715-716; t. clx, col. 276-277.

Au XIIe siècle, en Orient, Zonaras, dans ses Annales, se réfère au 85e canon des Apôtres et compte les Machabéesparmi les livres canoniques, t. cxxxviii, col. 564; il en est de même de Balsamon, t. cxxxviii, col. 121 et570, et de Blastarès, t. cxliv, col. 1440. En Occident, un anonyme, auteur d’une Epistola ad Hugonem, demodo et ordine legendi Scripturas, t. ccxiii, col. 714, cite les Machabées parmi les livres reçus par l’Église, quoiqu’ils ne le soient pas par les Juifs. Il en est demême de Pierre de Riga, dans son catalogue en vers, t. ccxii, col. 23; de Giles de Paris, t. ccxii, col. 43; dePierre de Blois, De divisione et scriptor. sacr. libr., t. ccvii, col. 1052; de Rupert de Deutz, t. clxix, col. 1384. Au contraire, Hugues de SaintVictor ne lescompte pas dans les livres canoniques, quoiqu’ils soientlus. De Scriptura et scriptor. sacr., t. clxxv, col. 15.C’est aussi l’opinion de Rodolphe de Flavigny, In Levit., xiv, 1, Bibliotheca maxima Patrum, in-f°, Lyon, 1667, t. vii, col. 177; de Pierre le Vénérable, Contra Petrobrusianos, t. clxxxix, col. 751. Pierre Comestorles citeparmi les apocryphes, uniquement parce qu’on n’enconnaît pas les auteurs, t. cxcviii, col. 1260. C’est ladoctrine de Jean de Salisbury, Epist., CXLIH, ad Henric.com. Cantpan., t. cxcix, col. 126, et de Jean Beleth, Bationale divin, offic. 59, t. ccii, col. 66-67. Les Machabéesfigurent dans la Bible de Langton, dans la listede S. Bonaventure, Brevilog. proœm. de latitudine S.Scripluræ, 2; de Vincent de Beauvais, Spéculum doctrines, xvii, 33. Hugues de Saint-Cher compte les Machabéesparmi les livres vrais quoique non canoniques.Pour lui ils font partie de l’Écriture Sainte. Opéra omnia, Prolog, in /os., Lyon, 1699, 1. 1, p. 178. Voir Canon, t. ii, col. 162. C’est l’avis de Guillaume Ockham, de JeanHome, de Nicolas de Lyre, de Thomas d’Angleterre. Cf.A. Loisy, Histoire du Canon de l’Ancien Testament, in-8°, Paris, 1890, p. 174177. En fait, on voit que ce n’est guèrequ’une question de mots et que les Machabées sont reçuspar l’Église parmi les livres qui font partie des SaintesÉcritures. Au concile de Bâle, Jean de Raguse le proclame, Mansi, Concil., t. xxix, col. 885, et Eugène IV lesnomme dans sa bulle du 3 février 1442 parmi les livresreçus dans le canon. Theiner, Acta Conc. Trid., Agram, 1874, t. i, p. 79. Les protestants rejetèrent les Machabéescomme les autres livres deutérocanoniques et leConcile de Trente, Sess. IV, Decr. de Canon. Scripturse, renouvelant la bulle d’Eugène IV, comprit les Machabéesdans la liste des livres canoniques. Le conciledu Vatican, Sess. 111, c. ii, reproduit le décret du concilede Trente. Cf. Canon des Écritures, t. ii, col. 143167.

II. Chronologie des deux livres. — La chronologiesuivie dans les deux livres des Machabées a pour basel’ère des Séleucides qui commence le 1 er octobre 312avant J.-C. Mais l’auteur du premier fait commencer lesannées au mois de nisan, selon la coutume juive; l’auteurdu second les fait au contraire commencer au moisde tischri, c’est-à-dire en automne. De là les différencesqui existent pour les dates de certains événements, quidans le second sont datés d’un an plus tard. Mais lacontradiction n’est qu’apparente. Comparez I Mach., vii, 1, et II Mach., xiv, 4; I Mach., vi, 16, et II Mach., xi, 21, 33; I Mach., vi, 20, et II Mach., xii, 1. Dans lepremier livre les années sont 149, 150, 151, dans lesecond 148, 149, 150. Cf. H. Waddington, Les ères employéesen Syrie, dans les Comptes rendus de l’Académiedes Inscriptions et Belles-Lettres, 1865, p. 35-42; Patrizi, De consensuutriusque libri Mach., in-4°, Rome, 1856, p. 15-44.

III. Premier livre des Machabées. — i. texte. —Le premier livre des Machabées a été certainement écrit, en hébreu. L’original existait encore du temps de saintJérôme, Preef. in libr. Sam., t. xxviii, col. 556-557.Origène, cité par Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 581, dit que les livres des Machabées portent le nom de Eap6t10 SspêavaE e>, ce qui équivaut à l’hébreu Sarbaf Sarbené’El, «Histoire du prince des fils de Dieu,» c’est-à-direde Judas, prince des Juifs; d’autres lisent: ’Sarbitsâré bené’El, «Sceptre des princes des fils de Dieu,» c’est-à-dire gouvernement des Machabées. F. Vigouroux, Manuel biblique, 11° édit., 1901, t. H, p. 230, n. 1.L’original hébreu apparaît en effet sous la traductiongrecque. En voici quelques exemples: xa ifi-jt-zo, v&yyehi, i, 1; lyivmio eiç?<Spov, hayyàh làmâs, i, 4 (Vulgate5); xai âirpâ9vi<Tav toO noir^aai tb 7rov» ip6v, hit makherkdla’asôf hârâh, i, 15 (Vulgate, 16); 8tdc60Xo; itovi, p<S{, sâtân ra’, 1, 38; oixoç t^ç paudeiaç, be( ham-malâkdh, 11, 19; 8uvà[i£voç Suvr^eTai itpôç fiiiâç, yâkol yûkalIdnû, v, 40, etc. Parfois le grec traduit mal et il estfacile de rectifier le sens en se rapportant à l’hébreu.Ainsi, I, 16 ^Vulgate, 17), y|Toi[iâff8ï] t| pæriXsia, paratumest regnum, il faudrait munitum est, le verbe hébreukûn signifie préparer et fortifier; IV, 19, ère irXiripoûvToçest un contre-sens, il faudrait >aXoûvroç, le traducteur aconfondu le verbe mdlal, parler, avec mdld’, remplir.On pourrait multiplier les exemples de ce genre.

II. VERSIONS. — 1° Version grecque. — La versiondu premier livre des Machabées a été insérée dans lesSeptante. Elle existe dans le Codex Alexàndrinus etdans le Codex Sinailicus, qui sont généralementd’accord. Elle se trouve aussi dans le Codex Venetus.Elle manque dans le Valicajius. Le texte reçu est

celui de l’édition publiée par ordre de Sixte V, Vêtus1’estamentum juxta Septuaginta ex auctoritate Sixti V, Pont. Max. editum, in-f°, Rome. 1587. On ignore d’aprèsquel manuscrit y ont été publiés les deux livres desMachabées. On trouve une ample collection de variantesdans le tome v du Velus Testamentum grsecumde Holmes et Parsons, in-f «, Oxford, 1798-1827, et dansle Vêtus Testamentum grsece juxta Septuaginta interprètesde Tischendorf, t. ii, 6e édit., Leipzig, 1880. Parmiles autres éditions critiques il faut citer Lib. apocr.Vet. Test, grsece, edid. Fritzche, Leipzig, 1871; The OldTestament in Greek by Swete, in-8°, Cambridge, 2e éd., 1899. La version grecque est très ancienne, car Josèphes’en est servi dans la rédaction des livres XII et XIIIdes Antiquités judaïques et la souvent copiée mot pourmot.

2° Versions latines. — La version latine incorporéedans la Vulga te n’est pas de saint Jérôme, c’est l’ancienneitalique. Un manuscrit de Paris du fonds de Saint-Germain-des-Préscontient une autre version des treizepremiers chapitres. Elle a été publiée par Sabatier, Bibliorum Sacror. latinse versïones antiques, in-f°, Reims, 1743, t. ii, p. 10-13. Cf. Heysen et Tischendorf, Biblia sacra latina Vet. Testamenti Hieronymo interprèteex antiquis. auctoritate in stichos descripta, in-8°, Leipzig, 1873.

3° Versions syriaques. — La Peschito contient la traductiondes deux livres des Machabées. Elle se trouvedans le tome ix de la Polyglotte de Paris et dans letome rv de la Polyglotte de Londres. Elle a été reproduiteà part dans les Libri Vet. lest, apocryphi syriace, édit. Lagarde, in-8°, Leipzig, 1861. Dans le manuscrit deMilan de la Peschito se trouve une traduction syriaquedu texte grec reçu qui va jusqu’au chapitre 14; TranslatioSyra Pescitto Veteris Testamenti ex codice ambrosiano, édit. Ceriani, 2 in-4°, Milan, 18761883.

m. auteur et date. — On ignore le nom de l’auteurdu premier livre des Machabées. C’est un Juif de Palestine, comme le prouve la langue dans laquelle il a écritet sa parfaite connaissance de la topographie palestinienne.Il vivait au temps de Jean Hyrcan (136-106 avantJ.-C.); il se réfère en effet à l’histoire de son pontificatpour les événements delà fin de son règne qu’il ne racontepas. I Mach., xvi, 23-24. Le style de ce livre est simpleet concis. L’auteur est sobre de réflexions personnelles. Ils’élève cependant à une haute éloquence et devientpresque poétique dans le récit des malheurs ou destriomphes de son penple. Cf. i, 26-29; 38-42; iii, 3-9, 35-36; iv, 38-40. On retrouve dans ces passages le parallélismedes poètes hébreux. Son ardente pitié, sondévouement à la loi et au culte sacré, son horreur pourles infamies des rois de Syrie apparaissent dans tout le livre.Cependant ces sentiments sont rarement exprimés.

IV. DIVISION ET analyse. — Le premier livre racontela lutte que les Juifs soutinrent pour la délense de leurliberté religieuse et politique contre les rois de SyrieSéleucus IV, Antiochus IV Épiphane, Antiochus VEupator, Démétrius I er, Démétrius II et Antiochus VIISidétès, c’est-à-dire de 187 av. J.-C. à 106. Leurs chefsfurent Mathathias et ses trois fils Judas Machabée, Jonathaset Simon. — On peut le diviser de la manièresuivante: 1° Introduction, i-ii. — 1. Après avoir rappelé, I, 1-10, les conquêtes d’Alexandre le Grand et le partagede son empire, l’écrivain sacré, 2, passe au règne d’AntiochusIV Épiphane. Il décrit les attentats sacrilèges dece prince contre le Temple, la ville sainte et la Judéetout entière et raconte les débuts de l’insurrect’on juivecontre le tyran, i, 11-n, 70. — 2° Histoire des guerresdes Machabées. Première section, contenant le récitdétaillé des combats, des victoires et de l’administrationde Judas Machabée, iii, 1-ix, 22. — Seconde section, gouvernement de Jonathas, ix, 23-xii, 54. — Troisièmesection. Gouvernement de Simon, xiii, 1-xvi, 17. —

Conclusion: avènement de Jean Hyrcan, fils et successeurde Simon, xvi, 18-24. Voir Judas 3 Machabée, t. iii, col. 1790; Jonathas 3, t. iii, col. 1617; Simon; Jean Hyrcan 4, t. iii, col. 1154.

v. valeur historique. — La valeur historique dupremier livre des Machabées n’est contestée aujourd’huipar aucun historien, du moins en ce qui touche à laPalestine et à l’histoire du peuple juif. «On ne peutavoir aucun doute, dit E. Schûrer, Geschichte des judischenVolkes im Zeitalter Jesu Christi, in-8°, Leipzig, 1890, t. ii, p. 580, sur la créance qu’il mérite. C’estune des sources les plus dignes de foi que nous possédionssur l’histoire du peuple juif. Il a en particulierune valeur exceptionnelle en ce qu’il date les événementsd’après une ère fixe, celle des Séleucides, qui commenceen l’an 312 avant J.-C.» Il ajoute cependant: «L’auteurest médiocrement renseigné sur les nations étrangères.On reconnaît le langage naïf d’un observateur qui étudieexclusivement les événements d’après les sourcesindigènes.» 1. La première critique faite au livredes Machabées est relative à I, 1. Le texte grec portequ’Alexandre régna le premier en Grèce, après Darius.Cf. I Mach., vi, 2. C’est l’Asie grecque que l’auteur juifenvisage quand il parle de la Grèce. Voir Alexandre 1, t. i, col. 346. En fait, il est certain qu’Alexandre est lepremier qui ait substitué un royaume grec, en Asie, àla souveraineté perse. E. Frœhlich, Annales compendariiregum Syriæ, in-8°, Vienne, 1744, p. 31. Cf. Imhoof-Blumer, Portrâtkôpffe aufantiken Mùnzen, Hellenischerund hellenisierter Vôlker, in-4°, Leipzig, 1885, p. 14-Aujourd’huiun historien pourrait parfaitement direqu’Alexandre est le premier roi de Grèce, par oppositionaux princes locaux qui le précédèrent. On pourraitmême dire qu’il fut le seul, puisque après lui sonroyaume fut divisé. Le roi de Macédoine devint roi deGrèce, comme le roi de Prusse devint empereur d’Allemagneen 1870. — 2. La seconde objection porte sur lapartage que, d’après I Mach., i, 6-7, Alexandre fit deson royaume entre ses généraux avant de mourir.Quinte-Curce, x, 10, dit que plusieurs ont cru en effetqu’Alexandre avait fait ce partage par testament, maisil n’est pas de leur avis. L’opinion de Quinte-Curcene suffit pas à infirmer celle d’un écrivain antérieur, comme l’est l’auteur des Machabées. En réalité, on nesait rien de ce qui s’est passé à la mort d’Alexandre, sur les circonstances de laquelle ont circulé les bruitsles plus contradictoires. Arrien, Exped. Alexandr., VII, xvi, 27; Diodore de Sicile, xviii, 2; Justin, xii, 15.Voir Alexandre 1, t. i, col. 346. —3. La troisième difficultéest relative au passage qui concerne les Romains, I Mach., viii, 1-16. Il est certain que le tableau de laconstitution et de l’histoire de Rome contenu dans cechapitre n’est pas entièrement exact, mais l’auteur n’apas eu d’autre intention que de rapporter ce que Judasavait entendu dire, r^otiot, ScriY^uavro, audivit, audierunt.Dans ces conditions, il n’a pas à rectifier lesinexactitudes de la rumeur publique mais à la rapportertelle quelle. — 4. La dernière inexactitude reprochée àl’auteur, est d’avoir supposé des liens de parenté entreles Spartiates et les Juif?. I Mach., xii, 5-23. Dans cepassage, il cite deux documents, une lettre de Jonathasaux Spartiates et une réponse d’Arius, roi de Sparte.L’affirmation est le fait de ces deux personnages et noncelle de l’auteur. Il cite les documents tels qu’ils ont étéécrits, c’est le devoir de tout historien consciencieux.Voir Lacédémoniens, t. iv, col. 7. Voir sur ces difficultés, F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critiquerationaliste, 5e édit, t. iv, 1902, p. 613-637.

ri. sources. — L’auteur, outre ses souvenirs personnels, avait consulté les annales contemporaines. Il parlede celles qui concernent le pontificat de Jean Hyrcan, I Mach., xvi, 23-24; il est probable qu’il en existait desemblables pour les gouvernements précédents. Il cite MACHABÉES (LIVRES DES)

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un nombre considérable de documents officiels, vm.23-32; x, 18-20, 25-45; xi, 30-37; xii, 6-23; xiii, 36-40; xiv, 20-23, 27-49; xv, 2-9, 16-21; il en abrège quelquesautres, x, 3-6; xv, 22-23. Il est impossible d’apporterune raison sérieuse pour nier l’authenticité de cespièces.

IV. Second livré des Machabées. — i. texte. — Lesecond livre des Machabées a été écrit en grec. SaintJérôme, Prsef. in lib. Sam., t. xxviii, col. 556-557, l’affirme formellement et il ajoute que cela apparaîtdans le style. En effet la langue est d’un écrivain quipense en grec. S’il y a çà et là quelques hébraïsmes, cesont des locutions habituelles chez les Juifs hellénistes.Très nombreux au contraire sont les héllénismes ou lesexpressions particulières: KaXbv xat âyaGôv, xv, 12, cf. IV, 37, 40; vi, 12; xv, 39, etc.; ônloloy£.X</, viii, 27, 31; IV, 21; x, 14; ii^afayia, H, 25; a-yeiv àyâva, IV, 18; iupisvsîav- 8ui|jt, cvsiav, vi, 29; çiXofpoveïv sî’ç ti, ii, 25; àXXo(puXea/u, o’; , IV, 13; VI, 24; Siti.miù.^t.i, , IV, 40; 9a>paxeau, <5; , v, 3.; xaTEuDixTeîv, xiv, 43; SuoTcérrjiJLa, v, 20; âiteu-OaviÇeiv, vi, 28; SoÇixô; , viii, 35; iroXsfioTpotpEtv, x, 14, etc., etc. Jérusalem est écrit sous la forme grecque’IepoôXujtct, i, 1, 10; iii, 6, 9; iv, 9, etc., tandis que dans lepremier livre on trouve la forme hébraïque’Iepouo-a-Xïj[i, i, 20, 29, 38, 44; ii, 1, 3, 34, etc. Les lettres dudébut ont dû être écrites en grec pour être comprisesdes Juifs d’Egypte. La phrase du récit a l’ampleur de laphrase grecque. Le texte original se trouve dans VAlexandrinus, il manque dans le Vaticanus et dans le Sinaiticus.On ignore, comme pour le premier livre, à quelmanuscrit a été emprunté le texte reçu, qui est celui del’édition Sixtine.

II. VERSIONS. — La version latine de la Vulgate estcelle de l’ancienne italique. Elle reproduit exactementle grec, sauf quelques variantes, omissions ou additionsinsignifiantes. La version syriaque imprimée dans laPolyglotte de Walton, t. iv, est très mauvaise, c’est souventune paraphrase.

m. auteur, sources. — 1° L’auteur est inconnu.C’était un Juif helléniste, vivant ou ayant vécu à Jérusalem.La date à laquelle il écrivit est également incertaine, cependant elle ne peut être antérieure à 124avant J.-C, date de la première lettre citée par lui, II Mach., i, 10, ni postérieure à 63, date de la prise deJérusalem par Pompée. — 2° Il s’est servi pour composerson livre des cinq livres de Jason de Cyrène qu’il arésumés en un seul, ii, 20-33. Voir Jason de Cyrène, t. iii, col. 1140. Il a surtout supprimé les chiffres afinde rendre la lecture moins aride, H, 25-26.

iv. but etstïle de l’auteur. — L’auteur du secondlivre des Machabées ne s’est pas proposé seulement tlefaire un récit, mais surtout d’instruire et d’édifier seslecteurs. Il veut les exciter à célébrer dignement lesfêtes dans le Temple. C’est dans ce dessein qu’il publieles deux lettres du début, i-ii, 19; qu’il donne au Templeles épithètes les plus louangeuses, ii, 20, 23; v. 15; xiv, 31; xv, 18; qu’il montre les étrangers lui rendant des

honneurs, iii, 2-3; xiii, 23; ix, 16; cf. v, 17-20; qu’ilraconte tous les faits qui peuvent rehausser sa gloire, m, 24-39; xiii, 6-8; xiv, 33; xv, 32; qu’il indique lesorigines des fêtes, x, 8; xv, 36-37. Aux Juifs dispersés ilrappelle qu’ils ne doivent pas ériger de temple endehors de Jérusalem, mais se rendre en pèlerinage danscette ville, x, 8. Le désir qu’a l’auteur de convaincredonne à son style une certaine chaleur. Il aime à mêlerses réflexions personnelles au récit des événements. Achaque page, il fait remarquer les châtiments parlesquels Dieu punit le blasphémateur, v, 7-10; VI, 14; vu, 14; xiii, 6-8; ix, 5-28; xv, 32-35; la bonté aveclaquelle Dieu exauce les prières des sainte; si le Seigneuréprouve parfois les justes, c’est pour les purifier, iv, 17; vil, 6, 18, 32-37; viii, 5; xiv, 15. Les grandes véritésdu jugement dernier, VI, 14; de la résurrection desmorts, vii, 6, 9, ii, 14, 23, 29, 36; de la punition dupécheur dans une autre vie, vi, 23, 26; de la récompensedes justes, vii, 36; de l’expiation dans le purgatoiredes fautes non expiées ici-bas, xii, 43, et la puissancede l’intercession des saints, xv, 11, 16, y sontnettement exprimées. Le second livre des Machabées estdonc conçu dans un esprit différent de celui du premier.On y trouve parfois, à côté des qualités littéraires quenous avons signalées, un peu de rhétorique et d’affectation, il, 20-32; xv, 38-39.

v. division et analyse. — Le second livre desMachabées n’est pas la continuation du premier, maisil contient en grande partie le récit des mêmes événements.Il remonte un peu plus haut, à la fin du règnede Séleucus IV, et s’arrête un peu moins loin, à la délivrancede Jérusalem par Judas, la seconde année durègne Démétrius I er Soter. — Il se divise en deux parties.1° La première contient deux lettres des Juifs dePalestine aux Juifs d’Egypte, i-ii, 19. La première deces lettres invite les frères d’Egypte à célébrer la fêtede la Dédicace au mois de Casleu, i, l-10 a. Elle estdatée de l’an 188 des Séleucides, 124-125 avant J.-C. a.Schlùnlse, Epistolx qum Il Mach., i, 1-9, leguntur, explicatio, Cologne, 1844. La seconde, v 10Mi, 19, futécrite peu après la mort d’un Antiochus, i, 13-16. Ony trouve le récit du recouvrement du feu sacré par Néhémie, i, 19-36, l’histoire de Jérémie cachant surle mont Nébo le tabernacle, l’arche et l’autel des parfums, n, 1-12, enfin la création par Néhémie d’unebibliothèque contenant les Livres Saints et les édits desdes rois de Perse, ii, 13. — 2° La seconde partie dtbutepar une préface qui annonce qu’elle est le résumé descinq livres de Jason de Cyrène, H, 20-33. — On peut lasubdiviser en deux sections: 1. Histoire des événementsde la fin du règne de Séleucus IV et du régne d’AntiochusIV Épiphane, m-x, 9; 2. Histoire des événementsqui se sont passés sous les règnes d’Antiochus VEupator et de Démétrius I er Soter, 10-xx.

VI. COMPARAISONS DES DEUX LIVRES DES MACHABÉES.

— En comparant les deux livres, on peut tracer letableau suivant des passages parallèles:

336-323323-187187-176176-175176-171171-170

170170-168

Î68168-167

TABLEAU C011PAEÉ DES PASSAGES PARALLÈLES

1IANS LES DEUX LIVRES DES MACHABÉES. ^ ^"

Règne d’Alexandre le Grand

Les successeurs d’Alexandre jusqu’à Séleucus IV

Règne de Séleucus IV, sacrilège d’Héliodore

Avènement d’Antiochus IV Épiphane..

Règne d’Antiochus jusqu’à sa seconde expédition en Egypte

Seconde expédition d’Antiochus en Egypte

Prise de Jérusalem et pillage du Temple par Antiochus.

Philippe le Phrygien gouverneur de Judée

Pillage de Jérusalem par Apollonius

Édit d’Antiochus

I Macu.

II Mion.

I, 1-7.

1>

I, 8-10..»

9

m, 1-iv, 6.

I, 11.

IV, 7’.

I, 12-16.

iv, 7>-50.

I, 17-20.

v, 1-10.

I, 21-28.

V, 11-21.»

V, 22-23.

I, 29, -42.

V, 24-27.

I, 43-07.

vi, 1-vu, 42.

405

    1. MACHABÉES##

MACHABÉES (LIVRES DES)

496

Avant J.-C.

167166-165166-165165-164165-164165-164164-163164-163

163163-162

162

162162-161

TABLEAU COMPARÉ DES PASSAGES PARALLÈLES

DANS LES DEUX LIVRES DES UACHABÉES (SUITE).

Soulèvement de Mathathias

Premiers exploits de Judas Machabée

Ses victoires sur Nicanor et Gorgias

Première expédition de Lysias

Dédicace et purification du Temple

Judas fortifie Jérusalem et Bethsura..

Campagnes de Judas contre les peuples païens voisins…Mort d’Antiochus Épiphane, avènement d’Ajitiochus EupatorSeconde expédition de Lysias en Judée. Traité de paix…

Troisième expédition de Lysias. Nouveau traité

Mort d’Antiochus Eupator, avènement de Démétrius I"…

Alcime grand-prêtre.

Expédition de Nicanor contre les Juifs

I lUcn.

Il Macs.

H, 1-70.»

in, 1-26.

VIII, 1-7,

m, 27-1V, 27.

VIII, 8-36.

IV, 28-35.»

IV, 36-59.

X, 1-9.

IV, 60-61.

B

V, 1-68.

X, 15-38; xtr, 3-46.

VI, 1-16.

ix, 1-29.»

X, 10-14; XI, 1-38.

VI, 17-63.

xiii, 1-26.

vu, 1-4.

XIV, 1-2.

VII, 5-25.

Xiv, 3-14.

VII, 26-50.

xiv, 15-xv, 40.

L’auteur du second livre complète le récit du premier, il y ajoute des noms de personnages qui n’y figurentpas, II Mach., iv, 29; viii, 32, 33; xii, 2, 19, 24, 35; xiv, 19; ou des circonstances nouvelles, iv, 14; 21, 30; v, 7-9, 22-23; viii, 33; x, 13; xiii, 4. On voit doncqu’il est indépendant du premier et que l’auteur a euentre les mains d’autres sources. — Sur l’accord desdeux livres des Machabées, voir F. X. Patrizi, De con~sensu utriusque libri Machabmorum, in-4°, Rome, 1856.

VII. VALEUR HISTORIQUE DU SECOND LIVRE. — La

valeur historique du second livre des Machabées estconsidérée par les rationalistes comme bien inférieureà celle du premier. Th. Nôldeke, Die allestamentlicheLiteratur in einer Reihe von Aufsâtzen dargestellt, in-8°, Leipzig, 1868, p. 99-100. — 1° D’après lui, la premièrelettre renferme deux données chronologiquescontradictoires, l’an 144-143, i, 7, et l’an 125-124, au jꝟ. 10°.— La réponse est facile. De ces deux dates, la dernièreest celle de la présente lettre et l’autre celle d’une lettreantérieure. —2° Mais, ajoute-t-on, les Juifs de Palestineont-ils attendu.quarante ans pour inviter leurs frèresd’Egypte à célébrer la fête de la Dédicace établie parJudas Machabée? — Rien rie dit qu’ils ne l’avaient déjàfait. Peut-être en était-il question dans la lettre de144-143. Ces rappels n’étaient pas inutiles dans unpays où le grand-prêtre Onias IV, s’étant réfugié à Léontopolis, sous Ptolémée VI Philométor, un temple, semblableà celui de Jérusalem, avait été bâti, contrairementà la loi. Josèphe, Ant. jud., XIII, iii, 1. — 3° Lesobjections contre la seconde lettre ne portent que surle caractère miraculeux des faits, il n’y a donc pas às’en occuper pour ce qui regarde la valeur historiquedu document. — 4° Dans la seconde partie, J. E. Cellerier, Introduction à la lecture des Livres Saints, in-8°, Genève, 1832, p. 350, note, remarque que le récit deII Mach., ix, est incompatible avec II Mach., i, 10-17, etI Mach., vi, 1-16. La mort d’Antiochus IV Épiphane est, dit-il, raconlée de trois façons différentes. À cette objectionon répond: 1. Dans I Mach., vi, et dans II Mach., ix, il s’agit bien de la mort du même Antiochus IV. Il n’ya pas de contradictions entre les deux récits. Le motÉlymaïs, I Mach., vi, 1, n’est pas un nom de ville, ilfaut lire’Eirriv âv’EXuu, a16t, èv tïj riep<riBi, itriXtc ê’voojoç, c’est la leçon des meilleurs manuscrits. Cf. Diodore deSicile, xxviii, 3. Voir Élymaïde, t. ii, col. 1711. Ce texten’est pas en désaccord avec II Mach., IX, 2, qui désignePersépolis comme la ville dont Antiochus avait voulupiller le temple. Dans I Mach., vi, 4, Antiochus s’enretourne vers Babylone; dans II Mach., ix, 3, il meurtprès d’Ecbatane. Rien n’empêche qu’il meure en route, avant d’être arrivé au but de son voyage. La preuve enest que dans I Mach., mi, 5, c’est sur la route de Perse, qu’il apprend la défaite de ses troupes, rfiv et; Xltpaiox, et d’après II Mach., îx, 3, en Médie puisque c’est près

d’Ecbatane; l’auteur du premier livre des Machabéesemploie un terme général que précise le second.Celui-ci indique Ecbatane comme la grande ville prèsde laquelle se trouve Antiochus, qui suivait probablementen sens inverse le chemin qu’avait suivi Alexandre, c’est-à-dire la route qui va de Persépolis à Ecbatanepar Tabès et Aspadana. D’après Polybe, xxxi, 11, etsaint Jérôme, In Daniel., xi, 44, t. xxv, col. 573, qui citePorphyre, c’est à Tabès, en Perse ou, plus exactement, en Paratacéne qu’il mourut, après avoir tenté de pillerle temple de Diane en Élymaïde. Le récit de la mort del’Antiochus dont il est parlé dans II Mach., i, 14-16, diffèredes deux autres par des traits essentiels. Quelquesexégètes prétendent qu’il s’agit ici d’Antiochus III etnon d’Antiochus IV. Ils rapprochent le récit biblique decelui des auteurs profanes sur la mort d’Antiochus IIIet y trouvent de notables coïncidences;

En effet, la lettre dit que l’Antiochus, dont elle racontela mort, fut tué par les prêtres du temple de Nanëeparce qu’il voulait piller ce sanctuaire. Nanée est l’épousede Bel ou Jupiter Élyméen. Or, Strabon, XVI, I, 18, etJustin, XXXII, ii, 1, disent qu’Antiochus III fut massacrépar les habitants parce qu’il avait attaqué le templede Belus. Nanée devait y être honorée avec son époux, La lettre dit que ce sont les prêtres qui l’ont tué, maisil est évident qu’ils ont dû être les instigateurs de samort et y avoir participé. Le concours des habitants aété nécessaire pour le massacre de l’armée dont parleJustin. — On objecte que la lettre est écrite par JudasMachabée, II Mach., i, 10, et que par conséquent ellen’a pu l’être avant l’an 166 et que c’est bien tard pourannoncer la mort d’Antiochus III, qui eut lieu en 187.Mais rien n’est moins certain que l’identification du Judasde la lettre avec Judas Machabée, surtout quand quelqueslignes plus loin on trouve les mots: «Quant à JudasMachabée,» II Mach., ii, 20, comme pour le* différencierdu premier. Plusieurs pensent que ce Judas est Judasl’Essénien dont parle Josèphe, AnL jud., XIII, xi, 2.Voir Judas, 6, t. iii, col. 1803. La lettre est adressée àAristobule, le maître du roi Plolémée. II Mach., l, 10. Lemot SiSâoxaXo? a le sens général de conseiller. S’il s’agit, comme on le croit généralement, de l’Aristobule quidédia son ouvrage sur les livres de Moïse à Ptolémée VIPhilométor (181-146), il a pu être conseiller du père dece roi Ptolémée V Épiphane (204-181), et par conséquentla lettre a pu être écrite peu après 187. La fête dont ilest question dans la lettre n’est pas celle de la purificationdu Temple instituée en 164, après la profanationd’Antiochus Epiphane, mais la fête du feu qui s’allumaquand Néhémie offrit des sacrifices après avoir réparéle temple et l’autel. II Mach., i, 18-36, Cf. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. iv, p. 641-659. Cependant un grand nombre d’exégètescatholiques admettent qu’il s’agit dans les deux

cas d’Antiochus IV et que Judas Machabée est l’un desrédacteurs de la lettre. C’est l’opinion de Cornélius aLapide, de Welte, de Kaulen, de Gillet, de Cornely.Cf. C. Trochon et H. Lesêtre, Introduction à l'étude del'Écriture Sainte, in-18, Paris, 1890, t. ii, p. 351-352.D’après eux, les Juifs ont été trompés par un réciterroné et ce sont les rédacteurs de la lettre et nonl'écrivain qui l’a insérée, qui doivent être rendus responsables. C’est du reste une règle de critique incontestable. Voir Antjochus 2, t. i, col. 691, et Antiochds 3, t. i, col. 699. Cf. F. Prat, La Bible et l’histoire, in-12, Paris, 1904, p. 44. — 4° Une dernière objection quetait W. Grimni, Exégetisches Handbuch zu den Apocryphen des Alt. Testant., in-8°, Leipzig., 1853, t. ix, p. 110-111, c’est que dans II Mach., vi, 7, il est ditqu’Antiochus Épiphane obligea les Juifs à célébrer tousles mois l’anniversaire de sa naissance et que nulle parton ne trouve de trace d’une pareille ordonnance, Grimm s’est trompé; les exemples de la célébrationmensuelle du jour de naissance des rois est habituelle.E. Beurlier, De divinis honoribus quos accepefuntAlexander et successores ejus, in-8°, Paris, 1891, p. 53, 96.— Sur toutes ces difficultés et sur d’autres de moindreimportance, voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et lacritique rationaliste, 5e édit., t. iv, p. 638-668.

V. Bibliographie. — Raban Maur, Commentaria inlibr. Machab.j t. Cix, col. 1126-1255; J. Stephanus, Debello sacro religionis causa suscepto ad II Machab.Convnientarius (inachevé), Oriolæ 1603; N. Serrarius, In libr. Tobiam… Machab. commentarius, in-f°, Mayence, 1610; P. Redanus, S. J., Commentaria, historica, setiologica, anagogica in II Mach., Lyon, 1651; Cornélius a Lapide, reproduit dans Migne, Cursus complet. Script. Sacrx, t. xx; J. Ern. Foullon, Commentarii historici et morales adlMacc. librum, in-f°, Liège, 1660; Ad secundum Machabteorum librum, 1665; P. Verhorst, Sacres militiez iypus et historia seu Comment, literalis et mysticus in 1 Mach., Trêves, 1700; J< D. Michælis, Uebersetzung des I Makkab. Bûchesmit anmerkungen, Gœttingue et Leipzig, 1778; E. Frôlich, Annales compendarii regum et rerum Synaenummis veteribus illustrati, in-4°, Vienne, 1744; E. F. Wernsdorff, Prolusio de fontibus historiée Syrisein libris Machabseorum, Leipzig, 1746; E. Frblich, Defontibus historiée Syrise in libris Machabseorum prolusio in examen vocata, Vienne, 1746; Gtl. Wernsdorff, Commentatio historico-crilica de fide librorum Machabmorutn, Breslau, 1747; [Khell, ] Auctoritas utriusquelibri Machabseorum canonico-hitdrica asserta, Vienne, 1749; J. M. A. Scholz, Commentar zu den BB. derMakkabàer, in-8°, Francfort, 1835; C. L. W. Grimm, Kurzgef. exeget. Handb. zu den Apokryphen desAlt. Test., in-8°, Leipzig, 1853, t. m; F. X. Patrizi, Deconsensu utriusque libri Mach., in-4°, Rome, 1856; C. F. Keil, Commentar ûber die Bûcher der Makkabàer, in-8°, Leipzig, 1875; Gillet, Les Machabées, in-8°, Paris, 1880; B. Niese, Kritik der beiden Makkabâerbûcher, in-8°, Berlin, 1900. E. Beublier.

4. MACHABÉES (LIVRES APOCRYPHES DES). En

plus des deux livres canoniques des Machabées il existetrois livres apocryphes qui portent ce titre.

I. Troisième livre des Machabées. — I. nom. — Letroisième livre des Machabées n’a en réalité aucun droità ce titre. En effet, il ne raconte pas l’histoire desprinces asmonéens, mais celle des événements antérieurs à eux. Chronologiquement il devrait être placéavant les deux livres canoniques. Dans la Synopsis dupseudo-Athanase, Patr. Gr., t. xxviii, col. 432, on lit: Maxxocëatxà piëXïa S' nxo)ie|J.aixâ. Grimm, Kurgefasstesexégetisches Bandbuch zu den Apockryphen d. AltenTestaments, petit in-4°, Leipzig, 1857, p. 220, pense qu’ilfeut lire %x IlTo>.eu, aiy.â et que le mot désigne le livre vulgairement connu sous ce nom de Ille livre des Machabées.C’est bien le titre qui lui convient, puisqu’il rapportedes événements relatifs au règne de Ptolémée IV Philopator. À cause de la date de ces événements, Cotton, dans The fine Books of Machabées, in-8°, Oxford, 1832, l’a placé en tête. Le texte se trouve dans presque tous lesmanuscrits et dans les éditions des Septante. Les Juifsne paraissent pas avoir fait usage de ce livre. La première mention qui en est faite par les chrétiens setrouve dans les Canons apostoliques, can. 85, t. cxxxvii, col. 212. On le trouve également dans Théodoret d’Antioche, Ad. Dan., xi, 7, t. lxxxi, col. 1508, dans le catalogue de Nicéphore, t. c, col. 1057, et dans la Synopse dupseudo-Athanase avec le titre que nous avons indiquéplus haut. L'Église latine ne l’a jamais admis dans soncanon et il n’y en a pas de traduction dans la Vulgate.Il est au contraire traduit dans la Peschito et les témoignages de Théodoret et de Nicéphore montrent qu’ilétait accepté dans l'Église de Syrie.

il. BU2' et analyse du livre. — Le dessein de l’auteur est d’encourager les Juifs d’Alexandrie à souffrirpour leur foi en leur racontant ce qu’ont souffert leursancêtres, en leur montrant que le Tout-Puissant triomphetoujours de ses ennemis. Pour atteindre ce but, il raconte les événements qui se sont passés à Alexandriesous le règne de Ptolémée IV Philopator. Ce prince, après la victoire qu’il avait remportée sur Antiochus leGrand à Raphia, en 217 avant J.-C, reçut les lélicitations d’envoyés juifs qui lui firent visiter la cité sainteet l’exhortèrent à offrir des sacrifices. Il voulut pénétrerdans le Saint des Saints, I, 1-11. En vain le peuple lesupplia-t-il de renoncer à son projet sacrilège, il persista. Le peuple fut sur le point de résister les armes àla main, i, 11-29. Le grand-prêtre Simon pria le Seigneur, qui châtia le prince impie, en le frappant de paralysie, ii, 1 24. Revenu à lui, Ptolémée retourna enEgypte et résolut de se venger sur les Juifs d’Alexandrie.Il les priva de leurs privilèges et les fît marquer au ferchaud d’une feuille de lierre, comme adorateurs deBacchus. Voir t. ii, col. 1378. Seuls ceux qui acceptèrentvolontairement le culte de ce dieu furent épargnés, ii, 24, 30. La masse du peuple resta fidèle à sa foi, et le roiordonna d’arrêter les Juifs de tout le pays et de lesconduire enchaînés à Alexandrie, ii, 31-m, 1. Un grandnombre purent échapper aux émissaires du roi, grâce àl’aide que leur donnèrent les Égyptiens, iii, 2-iv, 10.Ceux qui furent arrêtés furent conduits à l’hippodromed’Alexandrie. Avant de procéder au massacre, Ptoléméeordonna qu’on inscrivit les noms de tous les prisonniers. Ce fut alors que se produisit un fait merveilleux.Après avoir travaillé pendant 40 jours, les scribes déclarèrent que le nombre des Juifs était si grand qu’ilsmanquaient de roseaux et de papyrus, iv, 10-21. Le roiordonna d’enivrer de vin et d’encens 500 éléphants etde les faire entrer dans l’hippodrome pour qu’ils foulassent les Juifs aux pieds. L’exécution de l’ordre futdifférée parce que Ptolémée fut pris soudain d’un sommeil profond qui dura jusqu’après l’heure fixée chaquejour pour son principal repas, v, 1-22. Le lendemainmatin Ptolémée avait providentiellement oublié lesordres qu’il avait donnés et se rappela seulement laloyauté dès Juifs envers ses ancêtres, v, 23-25. Le mêmesoir/ cependant il recouvra la mémoire et ordonna lemassacre. Comme ses officiers paraissaient se moquerde ces revirements, il fît serment d’envahir la Judée etde détruire le Temple, v, 26-48. Un prêtre nomméÉléazar, vénérable vieillard, pria pour son peuple, et, quand le roi et sa suite arrivèrent à l’hippodrome pourassister au massacre, deux anges effrayèrent les éléphantset ceux-ci se précipitèrent sur l’escorte de Ptolémée, v, 44-vi, 22. La colère du roi se changea alors en pitié pourles Juifs, il leur donna la liberté et fit une grande fêteen leur honneur. En mémoire de leur délivrance, les

Juifs instituèrent une fête annuelle, vi, 23-vn, 9. Le roileur promit de punir ceux d’entre eux qui avaientapostasie, vi, 10-23.

/II. VALEUR HISTORIQUE DtT IIP LIVRE DES MACBAbées. — Davidson, Introduction to the Old Testament, in-8°, Londres, 1862, t. iii, p. 454, dit que le récit duIIIe livre des Machabées est une fable absurde. Cetteopinion est certainement exagérée. En effet, les faitsattestés par ce livre sont concordants avec ce que noussavons par ailleurs de Ptolémée IV Philopator. La victoirede ce prince à Raphia, sur Antiochus, i, 1-4, estconnue par Polybe, v, 40, 58-71, 79-87; Tite Live, xxxvii, 4, Justin, xxx, 1. Polybe, v, 87, mentionne son séjouren Cœlésyrie et en Phénicie. Son penchant pour leculte de Bacchus, ii, 25-30, est affirmé par Justin, xxx, 1.Son caractère cruel et vicieux est celui que décrit Plutarque, Quomodo distinguendi sunt adulatores, xii.Théodote, dont il est question, ii, 2, est signalé par Polybe, v, 40, comme commandant en chef les armées dePtolémée en Cœlésyrie. L’institution d’une fête en souvenirde la délivrance des Juifs, vi, 36, est attestée parJosèphe, Contr. Apion, ii, 5. Cependant Josèphe placel’événement dont il s’agit, et qui est décrit par lui de lamême façon, sous Ptolémée VII Physcon. Certains critiques, entre autres Grimm, Handbuch, p. 217; Davidson, Introduction, t. iii, p. 455, pensent qu’il y a dansce récit une transposition des événements qui se sontpassés à Alexandrie sous Caligula, Josèphe, Ant. jud., XVIII, viii, 2; mais dans le IIIe livre des Machabées rienne rappelle l’empereur romain et il n’est pas dit que, comme lui, Ptolémée IV ait aspiré à être adoré commeun dieu. Le seul fait qui apparaisse à la fois aux deux époquesest la privation du droit de citoyen pour les Juifs, mais il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il se soit renouvelé.

IV. AUTEUR, LANGUE, INTÉGRITÉ, DATE VU LIVRE. —

1. On admet généralement que l’auteur du IIIe livre desMachabées est un Juif alexandrin et qu’il écrivit engrec. — 2. Son style est bien en effet d’un Juif alexandrin.On y retrouve des mots du IIe livre, commeàyépwx°Ct III Mach., i, 25, ii, 3; cf. II Mach., ix, 7; desmots purement grecs pour désigner des choses juives.III Mach., v, 20, 42; vii, 5; cf. II Mach., iv, 47. L’un etl’autre emploient le mot xôiro? pour désigner le TempledeJérusalem, et èmqiaveta pour signifier l’interventionmiraculeuse de Dieu. III Mach., iv, 3; ii, 19; cf. II Mach., n, 19; iii, 24. Cependant le style des deux livres estsi notablement différent qu’on ne peut les assigner aumême auteur. Beaucoup d’expressions du IIIe livre sontobscures, I, 9, 14, 17; H, 31; iv, 11; ou poétiques, i, 18; iv, 8; v, 26; vi, 4-8. On y trouve même un iambique trimètrequi semble emprunté à un poète grec: ôuotvoveîç 7uapvj(Tav ri îtatôwv yôvoi, v, 31. Les mots y sontsouvent pris dans un sens inusité» par exemple, Siâystv, I, 3; ànpdTttwtoc, iii, 14; xaxaxpâcjôat, lv, 5; quelques-unsne se trouvent nulle part ailleurs: àveraa-rpércxio?, i, 20; Xaoypaçia, ii, 29; itpoauaTsXXe<r6 «i, H, 29; yap’xrjpia, iv, 20; d’autres n’existent que chez les auteurs de bassegrécité: sv6e<r[i.oç, ii, 21; ipptxaa-fjLÔ?, iii, 17; àXo^iazia, v, 42. Les mots simples sont remplacés par des périphrasesemphatiques; Spôjiov <jvvt’<rra<70ae pour xpèxetv, I, 19; êv itpeo-oEt’o) t» jv rjXtxîocv XeXoy-/<à; , vi, 1. Certainsmots portent la trace de la philosophie alexandrine, parexemple les épithètes [Uyt<Tro; ou ûij/toroî appliquéesà Dieu, I, 2, 16; iv, 16; vi, 2; vii, 9; la distinctionentre Dieu et sa gloire, ii, 2. Cf. Grimm, Handbuch, p. 214. Il est impossible de déterminer exactement ladate de la rédaction de ce livre. Elle peut être placéesoit dans le premier siècle avant J.-C., soit dans le premiersiècle de notre ère. Sous sa forme actuelle, leIII» livre des Machabées commence ex abrupto par cesmots: i Se <J>iÀoTiciTcùp; au y. 2, il est fait allusion à uncomplot contre le roi, ttjv èmëouXiîv; enfin, H, 25, il estparlé de compagnons du roi mentionnés plus haut et

dont il n’est pas question dans le texte que nous possédons.Le début du livre est donc perdu.

v. bibliographie. — H. Barclay Swete, The Old Testamentin Greek, according the Septuagint, 2e édit., in-8°, Cambridge, t. iii, p. 709-729; Grimm, ExegetischesHandbuch zu den Apocryphen des Alton Testaments, IV" Theil, petit in-4°, Leipzig, 1857; Eichhorn, Einleitungin die apokryphischen Schriften des AllenTeslament’s, in-8°, Leipzig, 1795, p. 278-290; Bertholdt, Einleitung in sammtliche Kanon. und apokryph.Schriften des Alt. und Neu. Testaments, in-8°, Erlangen, 1812-1819, t. iii, p. 1082-1091; E. Schùrer, Geschichtedes judischen Volkes im Zeilalter lesu Christi, t. iii, 2e édit., in-8°, Leipzig, 1902, p. 67, 364-367.

IL" Quatrième livre des Machabées. — I. nom. — Lequatrième livre des Machabées est parvenu jusqu’à nouspar deux voies différentes. Il se trouve dans un certainnombre de manuscrits des Septante, notamment dansl’A lexandrinus, dans le Vaticanus et dans le Sinaiticus.On le reucontre aussi dans les manuscrits de Josèphe etil a été publié à la suite des œuvres de cet historien. Lemeilleur texte est celui de V Alexandrinus. Les manuscritsdes Septante lui donnent généralement le titre de7| TSToÊpTT) xôv Maxxaêaixûv [31ëoc. Dans le Parisinus A, il porte le titre de Maxxaëat’tov xéxapxoç rcepi vtiùypovoçXoyta-iioû, Traité du sage raisonnement. Eusèbe, Hist. eccl., III, x, 6, t. xx, col. 244, le nomme Ilepiaùxoxpâxopo? Xoyio-tioû, Sur la suprématie de la raison, et l’attribue à Josèphe.

Dans les œuvres de cet historien, il est publié à la finsous son double titre: $Xa6.’Lamriîiou et; MocxxaëattfucX<Syoç îi rcepi aùxoxpâxopoî Xoyi*[toCi. Il existe une versionsyriaque de ce titre qui a été publiée d’après un manuscritde l’Ambrosienne par Ceriani en fac-similé photographique.On n’en connaît aucune traduction latineancienne. Ci. Grimm, Handbuch, p. 294-296.

II. LANGUE et STYLE. — Le style du quatrième livreest généralement clair et correct. C’est celui d’un écrivainhabitué à penser et à écrire en grec. On y trouvefréquemment des mots composés avec une préposition: êTripioyoXoyeïiToai, ii, 9; cmwcoXixeûoiiai, iv, 1; .è$eu(j.evîÇeiv riv, 11; etc., avec itâv: îiâvo-oço; , I., 12; TravyétopYo; , I, 29; icavàyioç, vii, 4; xiv, 7; quelques mots particuliers àl’auteur: aàxoBluicoroc, i, 1; jiovoypaçt’a, i, 27; àp^tspâffOai, iv, 18; àicoÇaiveiv, vi, 6; èincup{<rn]c, vii, 2; (iKTâpexoç, XI, 4; xrjpoyovia, XIV, 19; èTrta|Jt.» )X(» >p, XVI, 24. À l’exception de’Ipoo-ôXupia et d"EXêâÇapo{, les nomspropres y sont transcrits sous la forme hébraïque. Enquelques passages seulement il y est fait usage desSeptante, ii, 5-19; xvii, 19.

/II. AUTEUR ET DATE DU LIVRE. — 1° Nous avons dit

plus haut que le quatrième livre des Machabées se trouvesouvent dans les manuscrits à la suite des œuvres deJosèphe. Eusébe, Hist. eccl., III, x, 6, t. xx, col. 244, l’attribue à cet historien. Saint Jérôme, De viris illustr., 13, t. xxiii, col. 632, est du même avis. Contr. Pelagian., n. 6, t. xxiii, col. 542. Cf. Grimm, Handbuch, p, 293. Cependant cette attribution paraît être unesimple hypothèse contre laquelle militent de sérieusesraisons. Le style du livre est très différent de celui deJosèphe. L’auteur du IVe livre des Machabées connaîtle second, que Josèphe ne connaît pas. Les grossières, erreurs historiques qu’il renferme, iv, 15, 26; v, 1; XVII, 23, seraient inexplicables de la part de Josèphe; enfin, celui-ci est tout à fait étranger à la philosophie alexandrinedont l’influence est ici manifeste. — 2° La date dela composition ne peut être fixée d’une manière précise.On s’accorde cependant généralement à le rapporter aupremier siècle après J.-C. Il est remarqué, iv, 1, qu’Oniasest grand-prêtre à vie, remarque qui ne’s’explique qu’aprèsl’abolition de la grande-prètrise à vie, c’est-à-direaprès la chute des princes asmonéens. L’effroi des Juifségyptiens en entendant parler des supplices de leurs

frères de Palestine, xiv, 9, ne se comprend que s’ilsétaient eux-mêmes en paix. Le livre est donc antérieurà la persécution de Caligula en 40 après J.-C. C’est entreces deux dates que le livre a été écrit.

IV. CARACTÈRE ET CONTENU DU LIVRE. — 1° Le

quatrième livre des Machabées est un traité philosophique.L’auteur y soutient «la suprématie de la raisonpieuse, c’est-à-dire des principes religieux, sur lespassions», I, 1, 13; xviii, Cette raison pieuse, c’est lafoi judaïque imprégnée de stoïcisme. La forme du livreest celle d’un discours adressé par l’auteur à ses coreligionnaires, xviii, 1. En tête se trouve une introductionoù le problème est posé et l’ouvrage tout entier résumé, 1, 1-12. — 2° On peut diviser le livre lui-même en deuxparties: Première partie. La première partie, I, 13111, 19, est consacrée à la discussion philosophique.L’auteur définit la raison: «l’intelligence combinéeavec une vie intègre,» i, 15; la sagesse est la connaissancedes choses humaines et divines et de leurs causes, i, 16; on l’atteint par la connaissance de la loi, l, 12; et elle se manifeste par quatre vertus cardinales: laprudence, la justice, la force et la tempérance, i, 18.Suivent une description et une classification des passionsdans leur opposition aux vertus cardinales. La raisonpicase domine toutes les passions. — Seconde partie.La seconde partie, iii, 20-xvin, 2, montre cette puissancede la raison sur les passions par des exemples tirés del’histoire des Juifs sous Séleucus, roi de Syrie, et sousAntiochus Épiphane, qui est appelé son fils. L’auteur yraconte, en les accompagnant de nombreuses réflexionsmorales et édifiantes, le martyre d’Éléazar, v-vn; celuides sept frères, vm-xiv, 10; et de leur mère, xiv, 11-xvi, 25. Cf. IIMach., iii, iv, 7-17; v, 1-vi, 11. Il termine enindiquant ses impressions sur le caractère et la significationde ces martyres, xvii-xviii, 2. La fin du livre, xviii, 3-23, paraît être une addition postérieure à larédaction primitive, mais ajoutée peu après. — 3° Lequatrième livre des Machabées n’a pas d’importancehistorique. Il se contente, ainsi que nous l’avons dit, dese référer aux événements racontés dans le deuxièmelivre canonique des Machabées. Freudenthal, Die FlaviusJosephus beigelegte Schrift ûber die Herrschaftder Vernunft, in-8°, Breslau, 1869, p. 72-90, pensequ’il s’est servi de l’ouvrage complet de Jason de Cyrène, mais cela n’est pas prouvé. Il croit également que les> xviii, 6-19, sont seuls une addition postérieure. Commenous l’avons dit plus haut, l’auteur soutient une thèsephilosophique et religieuse, et les faits qui sont rapportésne le sont que comme arguments en faveur de la thèse.La théorie des quatre vertus cardinales est empruntéeaux stoïciens, mais pour lui l’idéal de la vertu ne peutêtre atteint que par l’observation de la loi divine. L’auteur, malgré sa connaissance de la philosophie stoïcienne, est bien resté juif d’idées. Il se rattache aux pharisienspar son zèle pour l’observation scrupuleuse de la loi, par sa croyance à la résurrection et à l’immortalité del’âme. Il croit que les âmes pieuses entreront dans lebonheur après la mort du corps, IX, 8; xvii, 18; et lescoupables dans les tourments, ix, 9; su, 12. Cf. xiii, 16; xv, 2; xvii, 5. Il croit aussi que les souffrances des martyrssont une expiation pour les péchés du peuple, vi, 29; vii, 12; xvii, 29.

v. bibliographie. — Fritzsche, Libri apocryphi Vet.Testant. Grsece, in-8°, Leipzig, 1871; H. Barclay Swete, The Old Testament in Greek, aceording to the Septuaginta, 2e édit., in-8°, Cambridge, 1899, t. iii, p. 729-763; Ceriani, Translatio Syra Pescitto Veteris Testamenliex codice Atnbrosiano, in-f°, Milan, 1876-1883, t. h; Grimm, Exeget. Handbuch zu den Apokryphen, in-8°, Leipzig, 1857, t. iv; Freudenthal, Die Flavius Josephusbeigelegte Schrift ûber die Herrschaft der Vernunft(4. Mahhabâerbuch), eirte Predigt aus dem erstennuchchristlichen Jahrundert, untersucht, in-8°, Breslau, 1869; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Voiliezim Zeitalter > lesu-Christi, in-8°, Leipzig, 2e édit., 1891-1902, t. i, p. 89; t. ii, p. 549; t. iii, p. 393-397.

III. Autre quatrième livre des Machabées. — Sixtede Sienne, Bibliotheca sancta, in-f°, Venise, 1566, t. i, p. 39, parle d’un autre quatrième livre des Machabéesqui existait en manuscrit de son temps. Il l’avait vu àLyon dans la bibliothèque de Santés Pagnino qui futbrûlée peu après. C’était, croit-il, la traduction grecquedes Annales de Jean Hyrcan dont il est question dansI Mach., xvi, 24. Voir Jean Hyrcan, t. iii, col. 1154. Sixteen cite les premiers mots: «Après la mort de Simon, Jean son fils devint grand-prêtre à sa place.» Le récit, dit-il, est le même que celui de Josèphe, Ant. jud. tXIII, mais le style en est très différent et abonde enhébraïsmes. Ce témoignage précis montre qu’il s’agitd’un ouvrage différent du Ve livre des Machabées.Cf. E. Schûrer, Geschichte des. jûdischen Volkes imZeitalter ïesu Christi, 2e édit., t. iii, p. 397.

IV. Cinquième livre des Machabées. — I. nom. — rOn donne ce titre à une chronique arabe relative àl’histoire juive et publiée avec une traduction latine deGabriel Sionite dans la Polyglotte de Paris de 1645 etdans celle de Londres de 1657. C’est Cotton qui, le premier, lui a donné ce nom en la plaçant au cinquième rangdans son livre intitulé The five Books of Machabées, in-8°, Oxford, 1832. À la fin du chapitre xvi, la premièrepartie, c’est-à-dire du chap. i, 1, à xvi, 26, est intitulée: Le second livre des Machabées d’après la traductiondes Hébreux. La seconde partie, xvii, 1-lix, 96, est simplementappelée: Le second livre des Machabées. Cetteseconde partie contient l’histoire de Jean Hyrcan, xx, ce qui a fait supposer à dom Calmet, Dictionnaire dela aible, au mot Machabées, que nous avons ici la traductiondu texte signalé en grec par Sixte de Siennedans la bibliothèque de Santés Pagnino et dont nousavons parlé plus haut. Cf. Cotton, The five Books ofMachabées, intr., p. xxxviii. Il existe à la Bodlêiennedeux manuscrits portant le titre d’Histoire des Machabéesde Joseph Ben Gorion. Uri, Catalogue, n. 782, 829.Les parties publiées par les Polyglottes de Paris et deLondres en ont été extraites.

II. AUTEUR, DATE, LANGUE ORIGINALE. — 1. Le cinquièmelivre des Machabées est une compilation écriteen hébreu par un Juif peu après la chute de Jérusalem.Dans la traduction arabe, on retrouve les traces du texteoriginal hébreu. Quand il parle d’un mort, l’auteurajoute à son nom les formules connues: «Dieu ait pitiéde lui» ou «qu’il soit en paix». Ces tormules devinrenthabituelles à la période talmudique, cf. Tosiphta Chullin, t. 100 a. — 2. La Bible y est désignée sous le nom des «Vingt-quatre livres», iii, L, 9; ce qui suppose la clôturedu canon hébreu; le Pentateuque y est appelé Thorah, xxi, 9, d’après la coutume juive. Dieu y est désigné parl’expression «le Dieu grand et bon», i, 8, 13, 15; v, 27; vil, 21, 22, etc.; Jérusalem par les mots «la cité de lamaison sainte», xx, 17; xxi, 1, etc., ou «la cité sainte s, xvi, 11, 17,-xx, 18, etc., «la maison sainte,» xx, 7, 27; xxiii, 3, etc., «la maison de Dieu,» VI, 21; ix, 7; xi, 8; le Templeest appelé «la maison du sanctuaire», viii, 11. La destructionde Jérusalem y est mentionnée, IX, 5; xxi, 30, et la période du second temple y est représentée commequelque chose de passé, xxii, 9; lui, 8; mais, d’autrepart, il y est question de l’auteur original comme d’unetierce personne, xxv, 5; lv. 25, lvi, 45, il est donc évidentque, soit le traducteur soit l’éditeur de l’originalont fait des remaniements. Il avait terminé son récit sixans avant la destruction de Jérusalem et la ruine duTemple par Titus.

Le nom de l’auteur est inconnu, quoiqu’il ait écritd’autres ouvrages auxquels il fait allusion, lix, 96. —Joseph Ben Gorion, chroniqueur juif du ix a siècle, aprobablement pris le cinquième livre des Machabées

comme base de son livre intitulé Se fer Vôsippon, livrede Josippon. Grâtz, Geschichte der Juden, von denàltesten Xeiten bis auf die Gegenwart, in-8°, 1853-1870, t. v, p. 281, et appendice, n. 4,

/II. analyse du livre. — Le cinquième livre desMachabées contient l’histoire des Juifs depuis la tentatived’Héliodore pour piller le Temple, jusqu’au temps oùHérode fit périr sa femme Marianne, sa mère Alexandraet ses deux fils Alexandre et Aristobule, c’est-à-dire de184 à 6 avant Jésus-Ghrist. La table suivante donne laconcordance des chapitres de ce livre avec les deux livrescanoniques des Machabées et les œuvres de Josèphe:

De ce tableau il résulte que dans toute la périodemachabéenne, l-xx, l’auteur a puisé ses renseignementsdans les livres canoniques des Machabées, et pour lapériode postérieure, xx-lix, dans Josèphe. Il y a cependantçà et là un certain nombre d’erreurs historiques.On le constate par exemple en comparant: V Mach., X, 16, 17, avec II Mach., x, 29; V Mach., ix, avec IMach., vu, 7; V Mach., viii, l~8, avec IMach., ix, 73; xii, 48, etJosèphe, Ant. jud., xii, 11; VMach., XX, 17 avec JosèpheAnt. jud., xiii, 15; V Mach., xxi, 17, avec Josèphe, Ant.jud., vil, 12; ces erreurs sont surtout manifestes en cequi concerne l’histoire des peuples étrangers. V Mach.

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I, XVII

I, xvii 505

    1. MACHABÉES##

MACHABÉES (LIVRES APOCRYPHES DES) - MAUhlK

ÔU6

xii. Dans ce chapitre, l’auteur n’a puisé ni dans les livrescanoniques des Machabées, ni dans Josèphe. Il y aaussi des erreurs de traduction ou de copie, parexemple, dans le nom de Félix employé pour trois personnesdifférentes: V Mach., iii, 14; vii, 8, 34; et. I Mach., ni, 10; II Mach., v, 22; viii, 33; dans la substitution deGorgias à Timothée. V Mach., x; cf. II Mach., x; Josèphe, Ant. jud., xii, 1. La croyance à l’immortalitéde l’âme, à la résurrection des corps et au jugementy est nettement affirmée, v, 12, 13, 17, 22, 43, 48-51; lix, 14. Le manuscrit ambrosien de la Peschito donnele titre de Ve livre des Machabées à la traduction syriaquedu VIe livre de la Guerre des Juifs de Josèphe.

E. Beurlier.

    1. MACHATHI##

MACHATHI (hébreu: ham-Ma’akâfi, «le Maachatite;» Septante: Ntu^aôî; Alexandrinus: Ma^aW), dupays de Maacha, de Machat/ii, a traduit la Vulgate.I Par., iv, 19: «Esthamo, qui tut de Machathi.» Ce passage, diversem*nt traduit et interprété, signifie probablementque la ville d’Esthamo fut fondée ou restauréepar un Machatite. Voir Esthamo 1, t. ii, col. 1971.

MACHAT! , MACHATITE (hébreu: ham-Ma’âkdlî), nom ethnique désignant les habitants du pays de Maachaou les personnes qui en étaient originaires. La Vulgatea écrit ce mot Maachati dans IV Beg., xxv, 23, et Jer., xl, 8 (voir Maachati, col. 467), Machathi dans I Par., rv, 19; elle semble l’avoir pris pour un nom de lieu, etnon pour un nom de peuple. Elle aurait dû traduireMaachaticus ou bien Machatssus, comme elle l’a l’aitpour les autres peuples chananéens dont le nom estégalement précédé en hébreu de l’article, Chananteus, Gergesseus, etc.

1. MACHATI (Septante: Max «8f [Ma-/f, dans Jos., xii, 5]), mot qui désigne collectivement les habitants deMaacha et s’emploie pour signifier leur pays même.Deut., iii, 14; Jos., xii, 5; an, 11, 13. Dans II Reg., x, 6, 8; I Par., xix, 6, ce pays est appelé Maacha et donnécomme araméen. Voir Maacha 10, col. 466.

2. MACHATI (Septante: Ma^a^axOi nom ethniqueou surnom, â cause de son origine, du grand-père d’undes vaillants soldats de David appelé Éliphélet. II Reg., xxiii, 34. Le nom propre de ce Maachatite est inconnu.

MACHBANA1 (hébreu: Makbannai; Septante: Me>xa6avaf; Alexandrinus: Mcr/aëavaï’), le onzièmedes vaillants Gadites qui se joignirent à David persécutépar Saül dans le désert. I Par., xii, 8-15.

    1. MACHBÉNA##

MACHBÉNA (hébreu: Makbêna’; Septante: Maxaë7)vâ; Alexandrinus: Ma; (a["]vâ). Sué, de la tribu deJuda, fut, dit I Par., H, 49, «père de Machbéna et pèrede Gabaa.» Cette locution signifie probablement queSué fut le fondateur ou le restaurateur d’une ville appeléeMachbéna, qui est peut-être la même que Chebbon deJosué, xv, 40. Chebbon est supposée avoir occupé l’emplacementd’El-Qoubeibéh actuel, au sud-ouest de Beit-Djibrin(Éleuthéropolis). Voir Chebbon, t. ii, col. 643.

    1. MACHI##

MACHI (hébreu: Mâkî; Septante; Max^Oi Père deGuël, de la tribu de Gad. Guël fui un des douze espionsqui furent envoyés par Moïse du désert de Pharan pourexplorer la Terre Promise. Num., xiii, 16 (hébreu, 15).

    1. MACHINE DE GUERRE##

MACHINE DE GUERRE (bébreu: hisbôn; Septante: nYi^aviQ, op^avov; Vulgate: machina), engin des-.tiné à l’attaque ou à la défense des villes.

1° Machines de guerre chez les Hébreux. — Les Hébreuxne connurent les machines de guerre proprementdites qu’à partir du règne d’Ozias. Dans le Deutéronome, xx, 20, la Vulgate traduit par le mot machinas,

l’hébreu mesôr que les Septante rendent par yaçiâ-Maaiv.Il s’agit dans ce passage non de machines proprementdites, mais de retranchements faits par les assiégeantsà l’aide de pieux. Le Deutéronome ne permet de faireces pieux qu’avec des arbres sauvages et non avec desarbres fruitiers. — Ozias fit construire, pour défendreJérusalem, des machines de divers genres. II Par., xxvi, 15. Le texte hébreu les appelle fyisbônôt mahâSebéf hôsêb, «machines inventées par un homme ingénieux» (Sep^tante: iiïixavàç |ie|jii)x «vo|jisvaç Xo^iotoO; Vulgate: diversi generis machinas). Dans ce texte, la place de cesmachines est désignée; elles sont installées sur les tourset aux angles des murs. Leur nature est également indiquée.C’étaient des catapultes et des balistes. VoirBaliste, t. i, col. 1414; Catapulte, t. ii, col. 346. —Dans les livres des Machabées, il est souvent fait mentiondes machines de guerre. On voit pour la premièrefois Judas en faire usage dans le siège de la citadellede Jérusalem occupée par les Syriens. I Mach., vi, 20.Le texte appelle ces machines (k^otr-ràtrEti; xal [Avr/avàç.La Vulgate traduit le premier mot par balistas, mais ildésigne les emplacements où l’on plaçait les machines.Polybe, IX, xli, 8; Diodore de Sicile, XX, lxxxv, 4; Phi-Ion, Traité de fortification, v. Cf. Revue de philologie, nouvelle série, 1879, t. iii, p. 128-129. — Judas opposeaussi des machines à celles dont les Syriens avaientmuni Bethsura. I Mach., vi, 52. — Jonathas s’en sertpour assiéger la citadelle de Jérusalem, I Mach., xi, 20; Simon fait de même au siège de Gaza. I Mach., xiii, 43.Dans ce verset, le texte grec désigne les machines sousle nom d’èXEnoXets. C’étaient d’énormes tours mobiles, reposant sur des roues et inventées récemment par DémétriusPoliorcète; on les approchait des muraillespour les battre en brèche ou pour les escalader plusfacilement. Plutarque, Demetr., 24; Diodore de Sicile, xx, 48. Déjà les Assyriens faisaient usage de tours analogues, munies de béliers à leur partie inférieure. VoirBélier 2, t. i, col. 1562, fig. 479, col. 1565. Cela peutexpliquer pourquoi les Septante, dans Ézéchiel, iv, 2, traduisent le mot karim, «bélier,» par le mot peXoo-ràdEtç.Ces tours sont bien, en effet, des emplacementsoù les béliers sont mis en batterie. Voir Baliste, t. i, col. 1414. — En racontant la prise de Casphin, l’auteurdu second livre des Machabées rapporte que Judas invoquale Dieu qui au temps de Josué avait renverséles murs de Jéricho, sans béliers et sans machines.II Mach., xii, 15.

2° Machines de guerre chez les peuples en relationavec les Juifs. — La seule machine de guerre connuedes Égyptiens et des Assyriens était le bélier. VoirBélier 2, t. i, col. 1502. Au temps des Machabées, lesmachines de guerre étaient d’usage constant dans lesarmées gréco-syriennes. I Mach., v, 30; vi, 31; ix, 64, 67; xv, 25; II Mach., xii, 27. Les principales de cesmachines sont désignées par leur nom propre dans laBible. Ce sont les juup6ëoX «» a XiOôëoXa (Vulgate: ignisjacula et tormenta ad lapides jactandos), les machinesà lancer le feu, c’est-à-dire des javelots enflammés, etles machines à lancer des pierres et des javelots: balisteset catapultes, I Mach., vi, 51; les scorpions, axopm’Sia(Vulgate: scorpii), machines à lancer des flèches, quiéjaïèût des engins de construction semblable à celle desCatapultes, mais de plus petites dimensions, enfin lesfrondes, oçEvSôvsct (Vulgate: fundibula), qui devaientressembler aux onagres. I Mach., vi, 51. Cf. fig. 429 et430, 1. 1, col. 1416. Parmi les engins usités par les Gréco-Syriens, il faut noter aussi ceux qui étaient placés surle dos des éléphants. I Mach., vi, 37. Voir Éléphants, t. ii, col. 1661. — Pour la bibliographie, voir les ouvragescités au mot Baliste, 1. 1, col. 1416.

E. Beurlier.

    1. MACHIR##

MACHIR (hébreu: Màkir, «vendu;» Septante: M «xîp), nom de deux Israélites.

1. MACHIR, fils aine de Manassé et petit-fils de Joseph.Gen., l, 22 (hébreu, 23); Jos., xvii, 1. Sa mèreétait une Araméenne (Syrienne). I Par., vil, 14. Le textesacré nous fait-il connaître le nom de sa femme? C’estce qu’il est difficile de déterminer. Le passage de I Par., 7H, 15-16, où est racontée l’histoire de Machir, paraîtaltéré d’une façon irrémédiable. «Ce verset, qui est fortobscur, dit Clair, Les Paralipomènes, 1880, p. 121, selit en hébreu de la manière suivante: «Et Machir prit «une femme à Huppîm et à Suppim, et le nom de sa «sœur était Maacha. s D’après le ꝟ. 16, Maacha était lafemme de Machir et par conséquent on devrait s’attendreà lire: «Et Machir prit une femme appelée Maacha.» Ensomme les mots à Huppim et à Suppîm ne cadrent enaucune façon avec le contexte. Le traducteur latin asuppléé filiis suis après taccepit uxores et changé lesingulier’isàh (uxor) en pluriel, mais évidemment parvoie de conjecture.» Voir Happhim, t. iii, col. 421. Quoiqu’il en soit, m les fils de Machir, dit le texte sacré, naquirent sur les genoux de Joseph.» Gen., l, 22. Sesdescendants se distinguèrent par leur courage, Jos., xvii, 1; ils devinrent très puissants et furent appelésMachirites et Galaadites, parce que Machir fut le pèrede Galaad. Num., xxvi, 29. Dans le cantique de Débora, v, 14, Machir est le nom donné à la demi-tribu transjordaniquede Manassé. Voir aussi Jos., xiii, 31. Cefurent en effet les fils de Machir qui conquirent le paysde Galaad, dès le temps de Moïse, et ils en reçurent unepartie comme héritage. Num., xxxii, 39-40; Deut., iii, 15.Josué, xiii, 31; xvii, 1, leur confirma la possession de lamoitié du pays de Galaad et de Basan. Ils formèrent lapartie la plus importante de leur tribu à l’est du Jourdain.— Certains commentateurs croient que les Machiritesétaient alliés aux Benjamites, parce qu’ils traduisentI Par., vii, 15: «Machir prit une femme de Ruppinx etde Suppîm (Vulgate: Happhim et Saphan),» et qu’ilsconsidèrent kyppîm et Suppîm comme Benjamites. Cf.

I Par., vii, 12 Cette opinion est loin d’être démontrée.Ce qui est certain, c’est la parenté de la famille de Machiravec la tribu de Juda: Hesron, fils de Phares etpetit-fils de Juda, épousa, à l’âge de soixante ans, une fillede Machir et en eut un fils appelé Ségub. De Ségub descendaitJaïr, «qui posséda vingt-trois villes dans la terrede Galaad..» I Par., ii, ’21-22. Jaïr s’était joint sans douteaux Machirites, dans la conquête du pays, à cause desliens de famille qui l’unissaient à eux, et il fut considérécomme faisant partie de la demi-tribu de Manassé. VoirJaïr 1, t. iii, col. 1109.

2. MACHIR, fils d’Ammiel, qui demevait à Lodabar, à l’est du Jourdain. Voir Lodabar, col. 321. Le nom decet Israélite a fait supposer à un certain nombre decommentateurs qu’il était de la tribu de Manassé etdescendant de Machir 1. Il était contemporain de Saùlet de David. Après la mort de Jonathas, Machir donnal’hospitalité au fils de ce prince, Miphiboseth. II Reg., IX, 4-5. Plus tard, lors de la révolte d’Absalom, lorsqueDavid se fut réfugié à Mahanaïm (Vulgate: Castra), Machir lui resta fidèle et lui apporta des meuhles et desvivres. II Reg., xvii, 27-28.

    1. MACHIRITES##

MACHIRITES (hébreu: ham-Mdkiri; Septante: 6 M<x-X’pi; Vulgate: Machiritx), descendants de Machir, filsde Manassé. Num., xxvi, 29 (hébreu, 30). Voir Machir 1.

    1. MACHMAS##

MACHMAS (hébreu: Mikmâë (avec un tf), «lieusecret, caché,» I Sam. (I Reg.), xiii, 2, 5; xiv, 31; Is., x, 28; Neh., xi, 31; Mikmds (avec d), I Esd., ii, 27;

II Esd., vii, 31; Septante: Maxime* et Max 5! 1°? selon leVat., xiii, 5, 11, 16, 22, 23; xiv, 31, etc.; Max<*liâç, Sin., Neh., xi, 31; Max(iâ, Sin., Is., x, 28. La Vulgate écritune fois Mechmas, II Esd., xi, 31), ville de la tribu de.Benjamin (fig. 161).

I. Identification et site. — Malgré la légère différenced’orthographe ou de prononciation, on ne peut douterque Mikmas, nommée I Esd., ii, 27, et II Esd., vil, 31, entreRama et Gabaa d’une part, Béthel et Haï d’autre part, ne soit la même que Mikmas’, citée II Esd., xi, 31, égalemententre Gabaa d’une part et Haï et Béthel d’autrepart. Le nom de Mukhmâs, évidemment identique àMikmas (on sait que la lettre: , k, est ordinairement prononcéepar les Juifs comme le kh, ’, des Arabes et que le

xdes Grecs etlecA des Latins représentent la même prononciation) est aujourd’hui porté par un village au nordde Jérusalem, dont la position d’ailleurs correspond parfaitementaux indications topographiques de la Bible etde l’histoire. — La place assignée au nom de Machmas, dans les livres d’Esdras et de Néhémie, est aussi cellequ’occupe en réalité aujourd’hui Mukhmâs. Ce village estsitué au nord-est, à près de quatre kilomètres de Djéba’, l’ancienne Gabaa de Benjamin, et à sept kilomètresd’er-Râm, l’antique Rama; à trois kilomètres au nordouest, on rencontre, non loin de Deir Diouân, les ruinesde Qadeira’, et aux environs les autres localités identifiéesavec Haï; Beitîn (Béthel) est à quatre kilomètres, à l’ouest-nord-ouest, de Deir Diouân. Selon le récit deI fieg., xin-xiv, les Philistins campés sur le territoirede Machmas étaient à l’orient de Béthaven, ou, d’aprèsles Septante, à «l’opposé de Bélhoron, à l’orient», hMaxime ÊÇ évavrfaç BaxiOmpiw xatà vôtou. I Reg., xiii, 5.(Sur l’emploi du mot v6to «avec la signification d’ «Orient» voir Reland, Palxstina, p. 293, et t. ii, col. 288.) Mukhmâsest directement à l’est des deux Beit-’Vr, les anciensBéthoron, à dix-sept kilomètres de Beit-Ur et fôqa’, Béthoron-le-Haut, le plus rapproché; son territoire sedéveloppe au sud-est de Deir Diouân, dans le voisinageduquel on cherche le site de Béthaven. Un ravin profond, bordé de deux rochers appelés Bosès et Séné, séparaitMachmas de Gabaa. I Rég., xiii, 45. L’ouâd’es-Soneînît, dont le nom rappelle celui du rocher Sénéh, se creuseprofond, escarpé, bordé de rochers élevés el à pic, à unkilomètre au sud-ouest de Mukhmâs et au nord-est deDjéba’dont il limite le sahel (plaine). Eusèbe indiqueMachmas à neuf milles d’Elia, c’est-à-dire à environtreize kilomètres et demi, et près de Rama. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 284.

La distance de Jérusalem, l’Elia des Romains, àMachmas peut être estimée de quatorze à quinze kilomètres.Si le dominicain Burchard, en 1283, dans sadescription, publiée dans Peregrinationes medii séviquatuor, 2e édit. Laurent, Leipzig. 1873, p. 56, et uncertain nombre de pèlerins après lui, confondent avecel-Biréh, Machmas dont le nom n’était cependant pasperdu de leur temps, les palestinologues modernes sontunanimes à soutenir l’identité de Mukhmâs avec la citéde la Bible du même nom. Cf. Ed. Robinson, BiblicalResearches in Palestine, Boston, 1841, p. 113-115; Jos.Schwarz, Tebuoth ha-Arez, Jérusalem, 1900, p. 101 et157; de Saulcy, Dictionnaire topographique abrégé dela Terre-Sainte, Paris, 1877, p. 212-213; V. GuérinDescription de la Palestine, Judée, t. iii, p. 63-65; R.vonRiess, Biblische Géographie, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 63; Conder et Kitchener, Survey of WesternPalestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 12; Armstrong, Names and Places in the Old Testament, Londres, 1887, p. 124, etc.

II. Description. —Assis à la limite du désert, sur unecolline du versant oriental des monts judéens, entouréde toutes parts de collines plus élevées, sauf du côté dusud-ouest où l’espace s’ouvre en face des profondeursde l’oudd’es Soueînîl, Mukhmâs semble vouloir se tenirisolé et fermé pour ceux qui voudraient se dérober auximportunités du monde. Le village actuel est composéd’une trentaine de maisons carrées à toit plat en terrasseou surmontées de la coupole surbaissée usitée eu

Palestine. Dans les murs on remarque de nombreusespierres d’un bel appareil, taillées avec un grand soin etcontrastant avec le petit appareil moderne au milieuduquel elles se trouvent. Ces pierres appartenaient àd’anciennes constructions dont les débris et les arasem*ntsse rencontrent partout sur la colline. Quelquestronçons de colonnes et un superbe linteau en pierretrouvés vers la partie nord-ouest du village paraissentavoir appartenu à une église chrétienne du rve ou duve siècle. Les citernes dans lesquelles sont recueilliesles eaux de pluie sont toutes antiques et la plupart accusentpar leur forme en entonnoir la période la plusreculée. Les alentours de Mukhmas sont dénudés, à l’exceptiond’un joli petit vallon au nord-est couvert d’unbosquet de vigoureux et féconds oliviers.

mille hommes qui devaient occuper deux à deux leschars de guerre, suivant l’antique méthode. L’infanteriepar la multitude «était pareille au sable du rivage de lamer». L’armée vint dresser son camp à Machmas. I Reg., xm, 5, 11. Au nord de Mukhmas, à moins d’un kilomètre, au milieu d’un terrain peu accidenté, s’élève unmonticule appelé Tell eWAskar, «. la colline de l’armée [?],» et l’on se demande si ce nom ne serait pas un souvenirremontant à cette époque lointaine. Si aucun documentpositit ne l’affirme, la commodité de l’endroit permetdu moins de penser que c’est là que l’armée d’iDvasiona dû fixer son centre, en face de Gabaa de Benjamin oùs’était groupée l’armée d’Israël. Saûl, à l’approche del’ennemi dont il ne pouvait soutenir le choc, à causede l’infériorité numérique de sa troupe, avait en eûet

161. — Mukhmas. D’après une photographie de M. L. Heidet.

III. Histoire. — 1° Machmas est célèbre dans l’histoired’Israël par l’exploit de Jonathas, fils aîné de Saûl, accompli sur son territoire, dans la première guerre.soutenue contre les Philistins. Aussitôt après son élection, le nouveau roi s’était empressé, avec les deux millehommes qu’il avait gardés, d’occuper «Machmas et lamontagne de Béthel *, c’est-à-dire toute la région montagneusedu versant oriental, depuis la vallée au sud deMachmas, aujourd’hui Vouâd’es-Soueînît, jusqu’à Béthelet aux monts presque inaccessibles sur lesquels s’élèventmaintenant Taîbèh, et Kefr-Malik et qui prolongent lamontagne de Beitîn au nord-est. I Reg., xiii, 2. Jonathas, avec les mille hommes que son père lui avait laissés, avait attaqué et détruit le poste des Philistins deGabaa, en lace de Machmas, de l’autre côté de la vallée, et s’y était établi. Les Philistins avaient aussitôt réuniune armée formidable: elle était composée, d’après letexte actuel, de trente mille chariots, mais il laut sansdoute lire trois mille, nombre auquel correspondentles six mille cavaliers de la troupe, c’est-à-dire les six

abandonné Machmas et s’était replié sur Gabaa où étaitdéjà son fils Jonathas. I Reg., xiii, 15-16. Un poste(massab) de Philistins avait été détaché du gros del’armée pour garder le passage entre Machmas et Gabaa(nta’âber Mikmàs). C’est le sens du ꝟ. 23 de l’hébreu, différemment rendu par les Septante et la Vulgate, Selonles premiers «[un détachement] sortit de la station desétrangers au delà de Machmas», d’après la version latinejta station des Philistins sortit pour passer versMachmas». Les traductions sont peu d’accord avec lecontexte ou peu intelligibles. Le texte hébreu, justifiépar la nature du terrain, paraît le seul exact. — Jonathascependant, voyant la petite armée de Saül se dissoudrede jour en jour et las d’attendre, résolut d’attaquerle poste établi sur le bord de la vallée. «Viens et passonsau poste (masçab) des Philistins qui est de l’autre côté,» dit le jeune guerrier à son écuyer. 4 Or, il y avait, ajoute le récit, entre les passages (la descente et lamontée) par où Jonathas cherchait à passer vers le postedes Philistins, des blocs de rocher élevés, un au passage

d’un côté et l’autre au passage de l’autre côté; le nomde l’un était Bôjé? et le nom de l’autre Sénéh; l’un desblocs se dressait au nord, du côté de Machmas, l’autreau sud du côté de Gabaa. Voir Bosès, t. i, col. 1856, etSéné. Jonathas dit donc au jeune homme qui portaitses armes: «"Viens passons jusqu’au poste de ces incirconcis, peut-être le Seigneur fera-t-il quelque chosepour nous, car il ne lui est pas difficile de sauver avecun grand ou avec un petit nombre.» L’écuyer suivitgénéreusem*nt son maître. Quand les Philistins lesaperçurent ils leur crièrent: «Montez vers nous etnous vous ferons connaître quelque chose. s Jonathasavait convenu de s’avancer sur ces paroles qu’il regardaitcomme un indice divin de l’assistance de Dieu.S’aidant des mains et des pieds ils atteignirent le bordsupérieur de la vallée. Vingt hommes tombèrent les unsaprès les autres sous leurs coups. Le gros de l’armée, campé plus loin, au nord de Machmas, crut sansdoute être surpris par l’armée de Saül; une terreurpanique s’empara des Philistins qui prirent aussitôt lafuite. Les sentinelles de Saül placées de l’autre côté dela vallée s’aperçurent du tumulte et avertirent le roi, Saûl et sa troupe poussèrent un grand cri et accoururentrejoindre Jonathas et son écuyer dont l’absence venaitd’être constatée. En arrivant à Machmas, ils trouvèrentque les Philistins avaient tourné leurs armes les unscontre les autres. Une multitude d’Israélites qui avaientdû suivre les Philistins, ainsi qu’un grand nombre d’autrescachés dans les montagnes voisines d’Éphraïm, s’unirentà leurs frères et renforcèrent l’armée de Saül qui s’élevaainsi jusqu’à dix mille hommes. Le champ du combatfut entre Machmas et Béthaven. La déroute des ennemisfut complète. Les Israélites les poursuivirent jusqu’àAïalon, au pied des montagnes, à trente kilomètresenviron de Machmas, où ils durent s’arrêter épuisés defatigue et de faim. On sait comment Saùl, s’élançantcontre les x Philistins, avait interdit à ses hommes deprendreaucune nourriture avant la défaite de l’ennemi et, comment Jonathas, le héros de la journée, qui ignoraitles imprécations de son père, manqua être mis à mortpour avoir goûté un peu de miel dans la poursuite etcomment il fut sauvé par l’intervention du peuple. I Reg., xiv. — 2° Isaïe, x, 28-29, traçant prophétiquement lamarche de l’armée assyrienne conduite par Sennachéribet s’avançant contre Jérusalem, la voit arriver àAîath, à Magron et à Machmas, où elle laisse ses bagages, sans doute pour n’être pas embarrassée et retardée au passagedifficile du ravin; elle franchit alors la vallée {’abrouma’âbrâh) et arrive à Gabaa où elle s’arrête pour la nuit.L’histoire ne raconte pas la réalisation de la prophétie.

— 3° Parmi les Juifs revenus de Babylonie avec Zorobabel(vers 536 avant J.-C.) se trouvaient cent vingt-deux hommesde Machmas. I Esd., ii, 27; II Esd., vii, 31. La villefut repeuplée par des Benjamites, probablement les précédentsou une partie d’entre eux. II Esd., xi, 31. —4° Jonathas Machabée, après avoir battu le généralgréco-syrien Bacchide et avoir traité avec lui, choisitMachmas pour sa résidence (vers 158 avant J.-C.). Il ydemeura quelque temps gouvernant le peuple et exerçantsa sévérité contre les impies, les Juifs apostats ouhellénisants. I Mach., ix, 73. Cf. Josèphe, Ant.jud., XIII, 1, 6. Machmas demeura renommée chez les rabbins pourl’excellence de son blé. Mischna, Menahoth, ix, 1; cf.Ad. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 154. — Elle était encore, au iv» $iècle, un grand village.Eusèbe, Onom asticon, p. 284. — Mukhmas n’a actuellementpas plus de cent cinquante habitants, tous musulmanset cultivateurs. L. Heidet.

    1. MACHMÉTHATH##

MACHMÉTHATH (hébreu: ham: Mikmetat; Septante: ’Ixa<i[uàv; Alexandrinus: Max89), ville frontièreentre la tribu d’Éphraïm et la demi-tribu de Manassécisjordanique. Jos., xvi, 6; xvii, 7, Le site en est incertain. V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 347, à la suite dn moineBurchard, est porté à l’identifier avec le village actuelde Kakoun ou Qaqoun, situé sur une colline de 80 mètresd’altitude, dans la plaine de Saron, au sud-est de Césarée, au nord-ouest de Sébastîyéh (Samarie). M. Guérin s’appuiesur ce qu’il résulte des deux passages de Josué queMachméthathétaitsurla frontière de Ma nasse etd’Éphraïmvers le nord et du côté de la mer et que cette positionconvient assez bien à celle de Kakoun. De plus, ce villageest peu éloigné, au nord, de l’un des ouadis dont lajonction constitue le Nàhr el-Falek. Or, le Nahrel-Falèkpeut être identifié ayec le Nahal Qândh (Vulgate: Vallisarundineti), qui formait la limite de Manassé cisjordaniqueet d’Éphraïm dans ces parages. Jos., xvi, 8; xvii, 9.Cf. F. de Saulcy, Dictionnaire topographique de la Terre-Sainte, 1877, p. 213. On objecte contre. cette opinionque Kakoun est trop loin de Sichem. D’après d’autresgéographes, le nom de Machméthath, étant précédé enhébreu de l’article, ne désigne pas une ville, mais unerégion qu’ils supposent être la plaine d’el-Makhnah, ausud-est de Sichem. H. Guthe, Kurzes Bibelwôrterbuch, 1903, p. 434. Voir Manassé occidental (Tribu de).

F. Vigouroux.

MACHŒRE (hébreu: lehî; Septante: <riaYwv; Vulgate: maxïlla), pièce osseuse dans laquelle sont plantéesles dents. Cette pièce se compose de deux ossem*nts, lemaxillaire supérieur et le maxillaire inférieur, mis enmouvement pour la mastication et la parole par unesérie de muscles masticateurs, abaisseurs et élévateurs, et recouverts par les joues. — 1° Dans plusieurs passages, la mâchoire de l’homme est considérée comme uninstrument de violence, par comparaison avec la mâchoiredes bêtes féroces. C’est pourquoi le Seigneur brise lamâchoire des ennemis, Ps. iii, 8, ou met le mors dansles mâchoires de ceux qui lui sont rebelles, afin de lessoumettre à sa volonté. Is., xxx, 28; Ezech., xxix, 4; xxxviii, 4. D’autres fois, les mâchoires sont prises pourles joues, auxquelles elles donnent leur forme. Les larmesde la veuve coulent sur sa mâchoire et de là remontentjusqu’au ciel. Eccli., Xxxv, 18, 19. Notre-Seigneur conseilleà celui qui est frappé sur la mâchoire droite de tendrela gauche. Matth., v, 39; Luc, vi, 29. Dans quelquesautres textes, les versions se servent du mot mâchoirelà où l’hébreu parle débouche, Ps. xxxi, 9; Ose., xi, 4, ou déjoue. III Reg., xxii, 24; II Par., xviii, 23; Job, xvi, 11; Lam., 1, 2; iii, 30; Mien., v, 1. Voir Joue, t. iii, col. 1700. — 2° Les mâchoires des animaux offerts ensacrifice font partie des morceaux attribués aux prêtres.Deut., xviii, 3 (texte hébreu). — On ne peut point percerla mâchoire du crocodile avec le harpon pour s’emparerde lui. Job, XL, 21 — Fait prisonnier par les Philistins, etarrivé à un endroit appelé Lechi, c’est-à-dire «mâchoire», voir Lechi, col. 145, et Dent, t. ii, col. 1382, Samson mit la main sur une mâchoire d’âne encore

162. — Mâchoire d’âne.

D’après Milne-Edwards, Zoologie, Paris, 1884, p. 212.

fraîche et s’en servit pour frapper mille ennemis. Jud., xv, 14-16. Cf. J. Seiferheld, De maxilla asïni, dans leThésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, 1. 1, p. 569-578.Cette mâchoire était terhjâh, «fraîche, s non desséchée, . 513

MACHOIRE _ MAÇON

et par conséquent encore parfaitement solide; Septante: £5eppi|i[j16VJi, «mise dehors,» gisante; Vulgate: qussjacebat, «qui gisait,» mais avec addition des mots: idest, mandibulam, «c’est-à-dire une mandibule.» Chezles jumentés, le maxillaire inférieur a une forme telle, que, saisi du côté des incisives, il peut constituer unmarteau redoutable entre des mains robustes (fig. 162). Ilest probable que Samson ne se servit que de la moitiégauche ou droite de la mâchoire. Le maxillaire supérieurest moins solide et sa forme se prêtait beaucoupmoins bien à l’usage que voulait en faire. Samson. Surla mâchoire d’âne de Samson, voir LÉCHf, col. 145.

H. Lesêtre.

    1. MACKNIGHT James##

MACKNIGHT James, érudit anglais protestant, néà Irvin, en 1721, mort à Edimbourg en 1800. Il étudiad’abord à Glasgow, puis à Leyde, et se fit admettreparmi les presbytériens. Après avoir desservi plusieurséglises, il fut en 1772 nommé ministre à Edimbourg. Ilpublia de nombreux ouvrages qui lui valurent unegrande réputation parmi ses coreligionnaires et danslesquels il favorise les doctrines d’Arminius. Nous neciterons que les suivants: Harmony of the four Gospels, containing a complète history of the life of Christ, chronologically arrangea in the words of the Evangelists, 2 in-4°, Londres, 1756; The truth of the Gospelhistory, in-4°, Londres, 1763; Literal translation frontthe greeh of ail apostolical Epistles, with a commentaryand notes, 4 in-4°, Edimbourg, 1795. En tête de cedernier travail se trouve une Vie de J. Macknight, publiéepar son fils. — Voir Orme, Biblioth. biblica, p. 299.

B. Heurtebize.

    1. MAÇON##

MAÇON (hébreu, au pluriel: gôdrîm; Septante: Tst^tOTaf, oîxoôo’ij.ot; Vulgate: csem*ntarii), ouvriers quibâtissent. La Sainte Écriture parle assez souvent deconstructions de villes, de maisons, de murs, d’autels, etc.Les détails qu’elle fournit sur les travaux de maçonneriesont néanmoins peu nombreux.

1° Premiers maçons. — Dans les premiers temps, leshommes rassemblés dans la plaine de Sennaar construisentleur tour de Babel avec des briques, qui tiennent lieude pierres, et du bitume, hêmor, qui leur sert de mortier, homér, ir» ]Xoç, csem*ntum. Gen., xi, 3; cf. £xod., i, 14; Nah., iii, 14. Voir Bitume, t. i, col. 1803; Brique, col. 1929.

2° Maçons en Egypte. — En Egypte, les Hébreux furentemployés à la construction des villes de Phithom etde Ramessès. Exod., i, 11-14. Voir Corvée, t. ii, col. 1031.Ces constructions se faisaient en briques de simplelimon ou mélangées de paille et de fragments de roseaux.Cf. t. i, col. 1931-1933 et la figure vis-à-vis la col. 1932.Voici comment s’exécutait, à l’aide de ces briques, le travailde maçonnerie. À cause des inondations du Nil et del’instabilité du sol, on commençait par élever un tertrepermettant d’établir la construction définitive au-dessusdu niveau des crues. «On construisait des murs trèsépais en briques crues, qui s’allongeaient sur le sol, àune certaine distance les uns des autres, en lignes parallèles; on en bâtissait d’autres qui étaient perpendiculairesaux premiers, de manière à dessiner sur le terrain unesorte de damier; on remplissait ensuite les intervallesavec de la terre, avec de la pierre, avec tout ce que l’onavait sous la main. C’était sur cette espèce de socle queposaient les fondations des édifices. La maison trouvaitlà une base solide que ne lui aurait pas fournie la terremeuble de la plaine.» G. Perrot, L’architecture civilede l’ancienne Egypte, dans la Revue des Deux Mondes, l «r aou t 1881, p. 621, 622. À Phithom, on a retrouvé le murd’enceinte, en briques crues, entourant à peu près quatrehectares de terrain. À l’intérieur sont des entrepôts, deforme rectangulaire, avec des murs de briques de deuxà trois mètres d’épaisseur, sans portes latérales, et neprésentant d’accès que par leurs toits voûtés. édit., Paris, 1896, t. H, p. 264-276. Lesrecherches de M. A. Choisy, L’art de bâtir chez lesÉgyptiens, in-4°, Paris, 1904, permettent de se rendremieux compte des procédés employés par les constructeurségyptiens. Le bois très rare dans un pays oùla végétation forestière fait défaut, ne figure pour ainsidire pas dans les constructions. La brique crue, faiteavec le limon de la vallée du Nil, mélangé de menusdéchets de paille, sert exclusivement. La rareté du combustiblerendait la cuisson si dispendieuse, qu’on neconstruisait en briques cuites que les ouvrages en contacthabituel avec l’eau, tels que les aqueducs, les mursde quai, etc. On combattait les effets de l’humidité surles briques crues par le vide des joints verticaux et l’interpositionentre les assises de pailles d’alfa et de sable.Cette disposition permettait au mur de se déformer sansgrand risque de rupture, quand il reposait, commec’était l’ordinaire, sur un mauvais fond et sans presqueaucune fondation, les couches plus profondes étant

163. — Bloc scié pour préparer une statue.

D’après Choisy, " L’art de bâtir chez les Égyptiens,

1904, fig. 48, p. 59.

aussi peu stables que celles de la surface. Quand lesmurs devaient avoir une certaine épaisseur et un développementconsidérable sur un plan incliné, on leurdonnait un profil ondulé, de manière que des travéesplongeantes, se succédant à intervalles plus ou moinsrapprochésdans la longueur du mur, fissent obstacleaux glissem*nts. On construisait les murs sans échafaudage, comme l’indique l’absence des trous de boulins.L’extrémité du mur en construction était laisséeà l’état de gradins pour servir d’escalier aux maçons, et quand ceux-ci arrivaient au terme de leur travail, ilsn’avaient qu’à rassembler les derniers matériaux nécessairesà l’achèvement sur le sommet du mur déjà construitet ensuite à les faire descendre sur les assises àterminer. On construisait les voûtes sans cintrage, lebois manquant pour cela, mais à l’aide d’un mur élevéprovisoirement jusqu’au profil de la voûte. Pour lesexécuter en pierre, on posait les dalles à plat de manièreà former ctes encorbellements progressifs jusqu’à l’achèvementde la voûte. Les outils employés à la taille dela pierre étaient de bronze et entamaient difficilement lesblocs. Parfois, comme quand il s’agissait d’une statue, on remplaçait un abatage onéreux de matériaux par lesciage au sable. Dans une première rainure creusée auciseau, on répandait du sable quartzeux qu’on arrosaitd’eau et qu’une sorte de scie de fer ou de bronze, commecelles de nos scieurs de pierres, mettait en mouvementpar un va-et-vient, et faisait agir à frottement assez dursur le fond de la rainure. À longueur de temps, le blocse trouvait scié suivant un certain plan. On procédait

IV. - 17 &15

MAÇON

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de même sur d’autres plans, de manière qu’il ne restâtjstas au bloc, destiné à devenir une statue, que la portionde calcaire, de grès ou de granit que le ciseau seul pouvaitabattre pour obtenir le relief désiré. La figure 163montre un bloc ainsi préparé. Les édifices de pierre, àfondations insignifiantes, ont une structure des plus rudimentaires; on se contentait de poser des dalles plafonnantessur des murs ou sur des architraves portées pardes colonnes. Les dimensions adoptées correspondent ànu travail de la matière voisin de celui qu’on admet aujourd’huicomme limite de sécurité.

Il est intéressant de connaître les procédés employéspar les ingénieurs égyptiens pour le transport et l’élévationdes blocs, procédés qui donneront l’idée de ce quia pu se faire à Jérusalem pour la construction des édificessalomoniens. Le temps et la main-d’œuvre ne manquaientpas. L’outillage se réduisait au levier, employésous la forme d’une espèce d’ascenseur oscillant (fig. 164)

164. — Ascenseur oscillant.

D’après Choisy, L’art de bâtir, fig. 63, p. 80.

qu’on avait remarqué depuis si longtemps dans les dépôtsde fondation, mais dont on ne s’expliquait pas l’usage.C’est M. G. Legrain, inspecteur de Karnak, qui a découvertson mode d’emploi. Le bloc était chargé sur l’appareilau moyen de rouleaux et d’un plan incliné. Lecheminement sur traîneau était facile, grâce au nombredes bras et à la nature du sol très ferme et très plat, qu’on arrosait d’ailleurs pour le rendre glissant, ainsique le montrent certaines peinturés (fig. 166). À piedd’oeuvre, on faisait osciller l’ascenseur au moyen dulevier et on le calait avec une pierre (fig. 165). Grâce à

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165. — Manœuvre de l’ascensenr oscillant.D’après Choisy, ibid., fig. 67, p. 82.

ee procédé, un bloc de 1500 kilogrammes peut, à chaqueoscillation, être élevé de m 12 par un effort de 200 kilogrammes, aisément fourni par le poids de trois hommesappliqué à l’extrémité du levier. La manœuvre s’exécutaitpar échelons et calages successifs. La trace de ceséchelons a été retrouvée sous forme de gradins de terre, partiellement effondrés, encore accolés aux faces de certainspylônes, notamment à Karnak. Cette explicationrépond bien aux détails fournis par Hérodote, ii, 125, surla construction de la pvramide de Chéops. Après avoir

parlé de la grande chaussée que l’on mit dix ans àconstruire pour transporter les matériaux depuis le Niljusqu’à l’emplacement choisi, il ajoute: «Cette pyramidefut construite en forme de degrés. Quand on eutcommencé à la construire de cette manière, on éleva deterre les autres pierres et, à l’aide de machines faitesde courtes pièces de bois, on les monta sur le premierrang d’assises. Quand une pierre y était parvenue, onla mettait sur une autre machine qui était sur cette premièreassise; de là on la montait par le moyen d’uneautre machine, car il y en avait autant que d’assises.Peut-être aussi n’avaient-ils qu’une seule et même machinefacile à transporter d’une assise à l’autre, toutesles fois qu’on avait ôté la pierre.» La machine mentionnéepar Hérodote n’est vraisemblablement autre quel’ascenseur oscillant. Pour la mise en place des obélisques, on commençait par les amener horizontalementsur un terre-plein artificiel construit au-dessus de leurbase, puis on creusait ce terre-plein du côté du pied dol’obélisque, et à la terre on substituait du sable qu’onretirait ensuite graduellement, de manière que l’immensebloc, pivotant doucement autour d’un tourillonsur lequel il appuyait par son milieu, arrivât peu à peuà l’aplomb de sa base (fig. 167). Enfin, pour la miseen place définitive des blocs et des obélisques, on disposaitentre ceux-ci et leur base des sacs de sable surlesquels la masse appuyait provisoirement. Ensuite onéventrait ces sacs, le sable s’échappait et la masse descendait.Des sachets de sable logés en rainure recevaientalors la charge, ce qui permettait d’enlever latoile des sacs. Les sachets, ouverts à leur tour, laissaientdans la rainure leur toile et leur contenu, et le blocreposait directement sur sa base. M. Choisy a constatél’existence de cette rainure à la base d’un des obélisquesde Karnak, enfouie sous terre depuis des siècles.Cf. M. d’Ocagne, L’art de bâtir chez les Égyptiens, dans la Revue des questions scientifiques, Bruxelles, janvier 1904, p. 179-194. Ces divers procédés des ingénieurségyptiens n’ont pas dû rester étrangers aux Phéniciens, entrepreneurs de constructions pour le comptedes Hébreux et d’autres peuples de l’antiquité.

3° Maçons chaldéens. — En Chaldée, des règlementsétaient imposés aux constructeurs de maisons. Plusieursarticles des lois d’Hammurabi les concernent: 228, quandl’architecte a achevé une maison dans de bonnes conditions, il a droit à un salaire de deux sicles d’argent parsar de maison; 229, si la maison n’est pas solide, s’écrouleet tue le propriétaire, l’architecte est passible de la peinede mort; 230, si elle tue le fils du propriétaire, le fils del’architecte est passible de la même peine; 231, si elle tueun esclave, l’architecte en doit un autre au propriétaire; 232, si, en tombant, la maison détruit l’avoir du propriétaire, l’architecte est obligé de le dédommager en conséquenceet de reconstruire la maison à ses frais; 233, enfinsi un mur n’a pas reçu assez d’épaisseur et s’écroule, l’architecte est tenu de le mettre en bon état à soncompte. Cf. Scheil, Textes élamites-sémitiques, Paris, 1902, p. 102, 103, 157. Si de telles lois n’existaient pas chezles Hébreux, il est probable qu’à partir de leur établissem*nten Chanaan, ceux-ci, à l’exemple de leurs ancêtres, prirent leurs garanties contre les malfaçons desconstructeurs de maisons. La loi du talion, en vigueurchez eux, Exod., xxi, 23-25, les autorisait sans doute àexiger des compensations même corporelles, à la suitedes accidents survenus par la faute des tiers.

4° Maçons en Palestine. — 1. Les maçons proprementdits n’apparaissent chez les Hébreux que quand il fautconstruire le Temple. David laissa à son fils un grandnombre d’ouvriers «taillant et travaillant la pierre et lebois», TE/viToct y.at oîxoS6|iot)16v, latomi et csem*ntarii.I Par., xxii, 15. Ceux qui taillaient la pierre et ceuxqui bâtissaient étaient considérés comme appartenant aumême métier. Quand on se mit à la construction du y - 3 ^o æ w s

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Temple, les pierres furent taillées par les gens (bené, vioi, «les fils» ) de Salomon et les gens d’Hiram; la Vulgateles appelle cxmentarii. Puis les Giblim, Giblii, préparèrent les bois et les pierres pour bâtir. III Reg., v, 18 (32). Les Gibliens étaient les habitants de Gébal, ville de Phénicie. Voir Gébal, t. iii, col. 138. Les hommesde Gébal avaient une grande habileté pour élever desconstructions importantes, ainsi qu’en font foi les monumentsqu’ils ont laissés après eux. Cf. t. iii, fig. 27, 28, col. 141, 142. Ils dirigèrent la maçonnerie des édificesde Salomon. Sous Joas, des maçons, gôdrîm, ter/tirai, csem*ntarii, travaillent à la réparation du Temple.

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Mise en place d’un obélisque.

D’après Choisy, L’art de bâtir, fig. 95, p. 124.

IV Reg., xil, 11 (13). D’autres gôdrîm sont appliqués aumême travail sous Josias. IV Reg., xxii, 6; II Par., xxxiv, 11. Au retour de la captivité, les ftoj&tm, tércoveç, cxmentarii, maçons qui taillent la pierre et qui la posent, refirent les fondements du Temple. I Esd., iii, 7, 10.

2. Dans leurs constructions, les maçons employaientle mortier. Voir Mortier. Pour Jes édifices importants, ils se servaient de pierres équarries et bien appareillées, Is., ix, 10; Lara., iii, 9; Am., v, 11, parmi lesquelles lespierres d’angles étaient choisies avec soin. Job, i, 19; Ps. cxviii (cxvii), 22; Matth., xxi, 42; Marc, xii, 10; Luc, xx, 17; I Pet., ii, 7. Ils disposaient les poutres debois en même temps que s’élevait la maçonnerie.III Reg., v, 18 (32); Hab., Il, 11. Les maisons de la campagnen’avaient souvent que des murailles de torchis, qu’il était facile de percer. Matth., xxiv, 43. Dans lesplaines de la Séphéla et de Saron, sur le bord de la mer, la pierre fait défaut et l’on y construit encore aujourd’huiles maisons des villages en briques crues ou en pisé.Les maçons habiles veillaient à établir leurs constructionssolidement, Matth., vii, 24, 26; Luc, vi, 48, mais sansy réussir toujours. Luc, xiii, 4. Les mêmes ouvriersfaisaient les réparations, particulièrement dans les maisonsoù l’on constatait la lèpre des pierres. Lev., xtv, 40-42. Ils relevaient les ruines, Is., lviii, 12, et rétablissaientles murs écroulés. Nah., iii, 14. — Sur les outilsemployés par les maçons, voir Corde, qdv, t. ii, col.966, et col. 967, fig. 344; Équerre, col. 1902; Fil a plomb, col. 2244 (le mot csem*ntarius dans Amos, vii, 7, 8, estune addition de la Vulgate); Hache, t. iii, col. 389;

Marteau, Scie, Truelle.

H. Lesêtre.

    1. MACPÊLAH##

MACPÊLAH (hébreu: Makpêlâh, a chose double,» de la racine kâfal, «doubler» ), nom hébreu de lacaverne qu’Abraham acheta d’Éphron l’Héthéen, poury ensevelir Sara, son épouse, et où il fut lui-même plustard enterré, ainsi qu’Isaac et Rébecca, Jacob et Lia.

I. Nom. — Le nom de Macpêlah se lit au livre de laGenèse seulement où il est cité cinq fois: une fois seulcomme nom de lieu, bam-Makpêlâh, «à Macpêlah,» xxiii, 17; deux fois comme nom de la caverne, me’drdfham-Makpêlâh, «la caverne de Macpêlah,» xxiii, 9, et xxv, 9; deux autres fois comme nom du champ où setrouvait la caverne, sâdéh ham-Makpêlâh, «le champde Macpêlah,» xlix, 30, et l, 13. Dans les trois cas, lesSeptante traduisent constamment par «la caverne double», to <T7nr, Xaiov to 51ttXo*jv, ou, xxiii, 17, êv tw Snr).â> «rarjXaiû. La Vulgate a adopté la traduction identiquespelunca duplex. La version samaritaine reproduitce nom même dans sa forme araméenne Makfêltah, tandis que le targum d’Onkélos lui conserve sa formehébraïque. Les autres versions anciennes suivent généralementl’exemple des Septante et de la Vulgate. Dansles versions modernes le nom est encore transcritMacpêlah et Machpêlah. — Dans le texte hébreu, Macpêlahsemblerait avoir été le nom primitif de la région, donné ensuite au champ d’Éphron, puis à la cavernequi s’y trouvait, si l’étymologie ne paraissait pas mieuxconvenir à la caverne, ainsi que l’ont pensé la plupartdes interprètes et comme semble l’indiquer l’état de lagrotte sépulcrale elle-même.

II. Situation et identité. — Macpêlah se trouvait, selon l’expression de l’Écriture, HfnêMamrê’, Qen., xxii], 17, 20, ou’al-penè Mamrê, xxv, 9; xlix, 30; L, 13, xoctixirp<<7wirov ou àirévavTï ou xatévavu Ma[16prj, «en face, vis-à-vis, devant Mambré» d’après les Septante etd’après la Vulgate qui traduit par respiciens Mambre, xxm, 17; quse respiciebat Mambre, ibid., 19; e régionsMambre, xxv, 9; contra Mambre, xlix, 30; contra, faciem Mambre, ii, 13. Le sens de ces diverses locutions, ne peut pas être plus strict que celui de. l’expressionoriginale lipnê dont la signification est souvent simplement, «en avant de, à une certaine distance de,» c’estcelle qui lui attribue ici l’antique tradition indiquant les.tombeaux de Macpêlah, à 3 kilomètres et demi envi^ron, au sud du hdram ramêt el-Khdlîl, l’ancien Mambré, et dans la vallée où est bâtie la ville actuelled’Hébron. Tous les anciens documents sont en effetunanimes à indiquer à cette place le monument sépulcraldu patriarche vénéré de tous. — L’historienJosèphe, parlant du chêne ou térébinthe près duquelavait habité Abraham, c’est-à-dire de Mambré, l’indiquenon loin, où irôppu, de la ville d’Hébron. Ant. jud., i, x, 4. Nommant ailleurs cette ville où résidèrent cepatriarche et les ancêtres des Juifs et «où se voient encoreleurs monuments sépulcraux», il place «le térébintheà six stades de la ville». Bell, jud., IV, ix, 7; cf. Ant.jud., i, xiv. Il faut lire, croit-on, «seize stades.» VoirMambré. Cette dernière est la distance qui, d’après lesécrivains postérieurs à Josèphe, sépare réellement Hébron, où sont les sépulcres des patriarches, de Mambré. «Il ya 2 milles (= 16 stades ou 2 292 mètres) du térébintheà Hébron; c’est là qu’est le monument commémoratifoù ont été déposés Abraham, Isaac, Jacob, Sara, Rébeccaet Lia,» dit le pèlerin de Bordeaux, venant du nord.ltinerarium, t. viii, col. 792. Eusèbe de Césarée, plaçant «le village de Bethanim à 2 milles du térébinthe(c’est-à-dire, ajoute saint Jérôme dans sa traduction, dutabernacle d’Abraham [ou de Mambré]) et à 4 millesd’Hébron», indique par là la même distance de 2 millesde Mambré à Hébron «où l’on montre son mausolée».Onomasticon, aux mots’Api et Aie, édit. Larsow etParthey, Berlin, 1862, p. 58, 59; t. xxiii, col. 870, et auxmots’Apgû et Arboc, Onomasticon, ibid., p. 54, 55; t. xxiii, col. 862. Voir aussi le pèlerin Théodose, De

Terra Sancta, dans Itinera latina, Genève, 1877-1880, p. 70; saint Arculfe, dans Adamnan, De locis sanctis, 1. II, c. vil, t. lxxxviii, col. 797-798; Pierre Diacre, bibliothécairedu Mont-Cassin, De locis sanctis, t. clxxiii, col. 1123; le pèlerin Sévulf, en 1102, Voyage, dansRecueil de voyages et mémoires publiés par la Sociétéde géographie de Paris, t. iv, p. 849; l’hégoumène russeDaniel, Vie et pèlerinage, dans Itinéraires russes enOrient, traduction de la baronne Ifhitrowo, Genève, 1889, p. 44; le pèlerin juif Benjamin, de Tudèle, Itinéraire, édit. L’Empereur, Leyde, 1733, p. 48; le dominicainBurchard, Descriptio Terrse Sanctse, dans Peregrinationesmedii sévi quatuor, 2e édit. Laurent, Leipzig, 1873, p. 91; le rabbin Estori ha-Parchi vers la fin du XIIIe siècle, Caftor va-Phérach, édit. Luncz, Jérusalem, 1881-1883, p. 299; le musulman Mugir ed-Dîn, Histoire de Jérusalemet d’Hébron, édit. du Caire, 1283 (1866), p. 424-425.

— Le Mesdjed ou haram el-Khalît, «la mosquée» ou «le sanctuaire d’el-Khalîl» (nom par lequel les musulmansdésignent ordinairement le patriarche Abraham) et, où l’on vénère aujourd’hui les monuments sépulcraux despatriarches (voir t. iii, fig. 120, col. 559), est vers le sud-estde la ville actuelle, au quartier extrême de la ville appelélui-même hâret el-haram, «le quartier du sanctuaire, s

Le haram est dominé, au nord, par une montagne ausommet de laquelle se trouve la ruine appelée Namré’; la montagne se prolonge jusqu’au petit plateau où l’onvoit deux murs d’une vieille enceinte appelés haramràmet el-Khalîl, «le sanctuaire de la colline du Bien-Aimé:» c’est l’emplacement traditionnel du campementd’Abraham, ou Mambré. La distance de ce lieu jusqu’àl’entrée de la petite ville d’el-Khalil ou Hébron etjusqu’au pied du Djebel er-Remeidéh qui fut, croit-on, l’assiette de l’antique Hébron, est de 3 kilomètres etde près de 4 jusqu’au haram eUKhalil, ou à la mosquée.Le Djebel er-Remeidéh, au sommet duquel estune ancienne ruine connue sous le nom de deir el-’Arbain, «le couvent des Quarante [martyrs],» est àl’ouest de la ville et l’espace entre sa base et la mosquéeest d’un peu moins de 500 mètres. Le sanctuaire est"au côté septentrional de la vallée dans laquelle estbâtie la ville actuelle d’el-Khalil. Voir t. iii, fig. 118, col. 555. L’identité de l’emplacement du haram el-Khalil, ou mosquée d’Abraham, avec le champ de Macpêlahrenfermant la caverne où furent ensevelis lespatriarches, est universellement admise.

III. Description. — Le sanctuaire d’Hébron (t. iii, fig. 120, col. 559) comprend trois parties distinctes: 1° lamuraille d’enceinte monumentale; 2° la mosquée avecdiverses constructions annexes contenues dans l’enceinte; 3° le caveau creusé dans le roc sous le sol de lamosquée et renfermant les sépulcres des patriarches.

1° La muraille du haram el-KhalU. — Ce mur «undes monuments les plus intéressants de la Palestine etdu monde», dit M. de Vogué, Églises de Terre-Sainte, Paris, 1860, p. 344, est un parallélogramme rectangle, orienté du nord-ouest au sud-est. Il mesure 63 m 80 delongueur et 36 mètres de largeur; sa hauteur est d’environ15 mètres, du côté du sud-ouest, le plus élevé desquatre. Les faces de l’enceinte ne sont pas planes, maisûrnées de pilastres engagés. La face regardant le sudouestest unie jusqu’à la hauteur de 4 ou 5 mètres, oùelle forme une plinthe oblique sur laquelle s’appuientles pilastres d’aplomb avec la partie inférieure qui leursert de base. Le nombre des pilastres est de 15 sur lesgrandes faces et de 8 sur les autres. Leur hauteur estd’environ 10 mètres, leur largeur de l m 10, et leurprofondeur de 0°>20. Le mur est couronné d’un simplefilet carré s’avançant en saillie en forme de corniche.L’appareil de la muraille, selon MM. Mauss et Salzmann, est identique à celui du haram de Jérusalem, aveccette^ différence que le travail du haram d’Hébron estexécuté avec beaucoup plus de soin. Les blocs sont de

grande dimension, taillés à refend et à face unie; lerefend toutefois, au lieu d’être fait à la brette, est piqué, non pas à la boucharde, mais à la pointe. Les bandeslisses sont obtenues, comme à Jérusalem, par un ciseauplat entaillé qui prend toute la largeur de la bande. Lesblocs des assises inférieures mesurent jusqu’à 8 mètresde longueur et l m 15 de hauteur. Ils diminuent de dimensionen s’élevant et les blocs des assises supérieuresn’ont plus que l m 50 de longueur sur m 50 de hauteur.Toutes ces pierres sont munies d’un encadrementdestiné à parer les joints et ces encadrements existentmême sur les faces intérieures ou joues des pilastres.Les blocs sont posés sans ciment et en retrait les unssur les autres. Leur matière est un calcaire mêlé depétrifications de coquillages, d’insectes, de végétaux, depierre ponce et de paillettes métalliques, très compactet très dur et paraissant avoir subi une influence volcanique; aussi, tandis que dans la plupart des édificesdu pays, même de date assez récente, un grand nombrede pierres se creusent et s’émiettent, dans la murailled’Hébron aucune, peut-on dire, ne paraît avoir éprouvéles injures du temps. La pierre de cette nature ne setrouve pas dans le district d’Hébron et Pierotti prétendavoir retrouvé dans le voisinage de la mer Morte, à40 kilomètres de distance, la carrière d’où ont été extraitsles blocs du haram d’Hébron. Macpélâ, in-8°, Lausanne, 1869, p. 87-89. — Cette muraille frappe spécialementpar l’aspect de haute antiquité que lui donnela couleur noire dont sont revêtus ces grands blocs, semblable à la patine d’un vieux bronze. Dans sa formegénérale comme dans les détails du travail, elle diffèrecomplètement des constructions gréco-romaines donton retrouve des restes remarquables à Djérasch, à’Amman, à Bosra et dans une multitude d’autres villes dela Transjordane, où s’établirent les colonies grecquesd’Alexandre ou celles des conquérants romains; sescaractères sont essentiellement égypto-phéniciens. Elleoffre une autre particularité significative. De tous lesmonuments remarquables ou publics de la périodegréco-romaine venus jusqu’à nos jours à peu près intègres, aucun n’était sans la marque de ses fondateurs, c’est-à-dire sans une inscription indiquant la date et lesorigines du monument; rien de pareil ne se voit auharam d’Hébron et personne n’y a jamais signalé d’inscriptionde cette nature. De ces divers caractères etindices les archéologues concluent généralement à l’originejudaïque de la muraille. C’est aussi l’attestation dela tradition locale, et l’histoire, nous le constateronsbientôt, justifie pleinement cette affirmation et ces déductions.— La muraille antique a été rehaussée, pardessusla corniche, d’un mur à créneaux d’appareil grossieret vulgaire qui paraît d’origine arabe; elle est encoreflanquée de deux minarets, œuvre des musulmans; l’unest à l’angle oriental et l’autre à l’angle occidental.

2° La mosquée et les diverses constructions qui s’yrattachent. — On pénètre dans l’enceinte par une portepratiquée dans le côté de la muraille faisant face aunord-est et à laquelle on accède par de larges escaliersdisposés sur trois des côtés extérieurs. Bien qu’anciens, ces escaliers sont beaucoup plus récents que le mur.L’entrée de l’enceinte est interdite aux juifs et aux chrétienset quelques privilégiés seuls ont pu y pénétrer; c’est à eux que nous devons les détails qui nous renseignentsur l’état intérieur du haram et Khalil. La cour forméepar la muraille est occupée par plusieurs bâtimentsdont le principal est la mosquée proprement dite. Sonfronton, le mur du fond bâti sur la vieille muraille etle toit en dos d’âne recouvert de lames de plomb s’élèventau-dessus du mur crénelé et se voient du dehors. L’édificeoccupe toute la largeur de la cour, qui est d’environ28 mètres et a 20 mètres de profondeur; il est ainsi pluslarge que long. L’intérieur est divisé en trois nefs d’à peuprès égale longueur et de même hauteur. Les voûtes

en ogive reposent sur quatre forts piliers en faisceauxcouronnés de chapitaux corinthiens. Les architectes quiont pu visiter la mosquée croient la construction l’œuvredes Croisés, à l’exception de quelques parties demeuréesde l’époque bysantine. L’ameublement et l’ornementationsont ceux des autres sanctuaires musulmans. Devantles deux piliers du fond s’élèvent deux cénotaphes, ayantla forme de petit* temples carrés se terminant en pyramideet recouvert de tapis de damas vert brochés d’oret d’argent: le cénotaphe de droite est celui d’Isaac etcelui de gauche est dédié à Rébecca. La mosquée estprécédée d’un vestibule à portique dans lequel se trouventdeux petit* sanctuaires à coupole renfermant, celui àdroite de la porte, le cénotaphe d’Abraham, et celui degauche, le cénotaphe de Sara, l’un et l’autre disposéscomme les monuments de la grande mosquée. Les cénotaphesde Jacob et de Lia, semblables aux précédents etétablis, le premier en face du cénotaphe d’Abraham, celui de Lia en face du cénotaphe d’Isaac, se trouvent àl’extrémité de l’esplanade qui précède la mosquée, dansun bâtiment spécial. On s’y rend en traversant une courlarge de 10 mètres, dans le sens de l’axe de l’enceinte, et longue de 20 mètres. Au fond de cette cour, au côtéopposé à la porte de l’enceinte, est la mosquée desfemmes de laquelle, par une autre ouverture pratiquéedans la grande muraille, on passe dans «la mosquée deJoseph». Ce petit édifice surmonté d’un dôme renfermeun septième cénotaphe appelé «le tombeau de Joseph» parce que là, prétendent à tort les gardiens de la mosquée, a été enseveli ce patriarche, fils de Jacob. Ce monument, comme tous les autres cénotaphes, paraît dater de l’époquemusulmane. Il est à l’extérieur de l’enceinte, contre lamuraille faisant face au sud-ouest et sous le minaretétabli à l’angle occidental du haram.

3° La caverne inférieure. — Cette partie la plus vénérablede Macpêlah et pour laquelle a été construite lagrande enceinte, ne paraît pas avoir été visitée d’aucunchrétien depuis la chute du royaume latin de Jérusalem.Ni l’or ni le prestige des personnages royaux qui, envertu de firmans spéciaux délivrés par les sultans deStamboul, ont pu pénétrer dans l’enceinte sacrée, n’ontpu leur obtenir des farouches gardiens du garant defaire ouvrir devant eux la grille de fer qui tient ferméel’entrée de la caverne. Les musulmans eux-mêmes, retenuspar un respect superstitieux, semblent craindre deplonger leurs regards dans la grotte mystérieuse. Lepremier voyageur européen qui, après cinq siècles, apu, en 1807, franchir le seuil du liaram, l’Espagnol Baria, plus connu sous son nom de renégat Aly bey, n’est point descendu dans la grotte. Les maigres détailsque nous avons sur l’état actuel de la partie inférieurede Macpêlah nous sont fournis par un ingénieur, ancienarchitecte de la municipalité de Jérusalem, le PiémontaisPierotti. D’après lui, l’entrée primitive de la cavernese trouverait du côté du nord, dans la mosquée voisineA’ehDjaûly, dissimulée sous un faux sarcophage qui lacouvre. L’entrée actuelle est pratiquée dans le roc formantla voûte de la caverne, en face de la porte principalede la grande mosquée, dans le vestibule, entre lesdeux sanctuaires d’Abraham et de Sara. La grille de ferqui la recouvre est munie d’une puissante serrure. Ony descend par un escalier taillé dans le roc, de m 70 delargeur. Six autres ouvertures, larges d’environ m 30, ont été pratiquées de même dans le roc de la voûte, prèsde chacun des cénotaphes, pour y descendre près destombes inférieures, des lampes entretenues par lesdons des fidèles de l’islam; par elles on constate que lacaverne s’étend dans toute la longueur de l’enceinte; lalargeur de la grotte serait moindre, d’après les renseignementsrecueillis par Pierotti. Le 7 janvier 1859, cetingénieur ayant trouvé l’occasion de’pénétrer dans leharam, constata, au moyen d’une corde graduée descenduepar les ouvertures, deux niveaux différents dans le

sol inférieur de la caverne. Le 25 août de la même année, ayant réussi, malgré l’opposition du gardien, à descendrecinq marches de l’escalier, Pierotti put, en se courbant, promener son regard dans l’intérieur de la grotte. Ilremarqua, dans la direction du nord, au-dessous de laplace que doivent occuper les cénotaphes de Jacob et deLia, des sarcophages de pierre blanche et du côté méridional, à proximité de l’escalier, la paroi rocheuse, etdans cette paroi une ouverture et des marches bassestaillées dans le roc, mettant en communication les deuxparties de la caverne. Cette cloison rocheuse semblecorrespondre au mur antérieur de la mosquée qu’elledoit supporter. Voir Macpéla ou tombeau des patriarchesà Hébron, in-8°, Lausanne, 1869^ p. 92-96. — Undocument du xii 8 siècle, publié en 1883, par le comteRiant, et racontant l’invention des tombeaux des patriarchesà Hébron, fournit quelques détails sur l’état dela caverne à cette époque. Les chambres sépulcrales oùfurent trouvés les ossem*nts des patriarches étaient aunombre de deux. Elles étaient précédées d’un vestibule, d’un couloir large d’une aune ou coudée, long de dix-septet haut de onze, et d’une salle circulaire appelée, dans la narration, basilique ou. sanctuaire, où pouvaientse réunir trente personnes. Cette pièce était fermée pardes pierres parfaitement jointes. Devant l’entrée de cettesalle fut trouvée, également fermée par une pierre tailléeen forme de coin, l’ouverture par laquelle on pénètredans la première chambre sépulcrale. Le sol était deterre et renfermait des ossem*nts. L’entrée de la secondegrotte sépulcrale était au fond de la première, de mêmesoigneusem*nt fermée. On trouva dans cette salle desossem*nts et un corps scellé. À gauche de la dernièreentrée et en face d’une inscription, on découvrit encoreune cavité dans laquelle étaient environ quinze vases d’argilepleins d’ossem*nts. Voir Riant, Invention de la sépulturedes patriarches Abraham, Isaac et Jacob à Hébron, le 5 juin 1119, dans les Archives de l’Orient latin, in-4°, Gènes, 1883, t. ii, p. 411-421. La description du juifBenjamin de Tudèle mentionne, en 11 73, trois chambres: deux où l’on ne voit rien et la troisième où se trouventles six sépulcres avec des inscriptions. Le pèlerin vil aussi(Itinéraire, édit. L’Empereur, Leyde, 1733, p. 48-49) desvases (riva) renfermant des ossem*nts d’Israélites. Cesont à peu près tous les renseignements que l’on peutobtenir des descriptions tant anciennes que modernes, sur la nature et l’état de la caverne de Macpêlah.

IV. Histoire. — 1° Les sépulcres de Macpêlah d’aprèsla Genèse et la tradition juive. — 1. La caverne deMacpêlah était la propriété d’Éphron le Héthéen et setrouvait à l’extrémité de son champ. Sara étant morte àHébron, Abraham monta de Bersabée en cette ville, poury ensevelir son épouse. Il proposa à Éphron d’acheterla caverne. Après les longs et cérémonieux pourparlersde coutume en Orient dans ces circonstances, la caverneavec le champ et ses arbres fut cédée en propriétéperpétuelle à Abraham, pour quatre cents sicles d’argent, poids équivalant à environ 1200 francs de notre argent, mais de valeur bien supérieure. Le patriarche ensevelitensuite Sara dans la caverne. Gen., xxm. Quand Abrahammourut, ses deux fils, Isaac et Ismaël, l’ensevelirentprés de son épouse. Gen., xxv, 9-10. Isaac à son tourfut déposé, après sa mort, dans la grotte de Macpêlah, par ses deux fils, Jacob et Ésaû. Rébecca y avait précédéson époux et Lia, décédée avant le départ de lafamille de Jacob pour l’Egypte, était venue déjà y attendrele retour des restes mortels de son mari. Gen., xxxv, 29; xlix, 30-31. Jacob, voyant approcher son dernierjour, appela son fils Joseph et lui fit jurer de ne pasl’ensevelir en Egypte, mais de transporter son corpsdans le sépulcre qu’il s’était creusé pour lui-même dansla terre de Chanaan. Gen., , XLvn, 29-31; l, 5. Avantd’expirer, il avait renouvelé devant tous ses enfantsréunis, l’ordre de l’ensevelir avec ses pères dans la grotte.

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MACPÊLAH

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du champ de Macpêlah, achetée d’Éphron le Héthéen.Gen., xlix, 29-30. Après avoir fait embaumer le corpsà la manière égyptienne et avoir obtenu l’assentimentdu pharaon, Joseph, accompagné de ses frères et d’unemultitude d’Égyptiens, transporta le cercueil de son pèreà Hébron et le déposa dans la caverne de Macpêlah.Gen., l, 14.

2. Après avoir raconté la déposition de Jacob, l’Écriturene prononce plus le nom de Macpêlah; son souvenirest cependant une fois encore évoqué, par la mentionde la sépulture de ce même patriarche et celle deses fils, mais pour contredire, semble-t-il, le récit de laGenèse: c’est dans le Nouveau Testament, au livre desActes, vii, 15-16. Dans ce passage, saint Etienne, parlantdevant le grand conseil, s’exprime ainsi sur la sépulturede ces patriarches: «Jacob, dit-il, descendit enEgypte et [y] mourut ainsi que nos pères [les douze patriarches] et on les transporta à Sichem et on les déposadans le monument qu’Abraham avait acheté à prixd’argent des fils d’Hémor à Sichem.» Les suppositionsfaites par les commentateurs et les modifications proposéespar eux ne résolvent pas la difficulté. Même enadmettant qu’Abraham, à son passage à Sichem, aitacheté le champ situé près de cette ville, racheté parJacob et où Joseph fut enterré plus tard, il reste toujoursque Jacob a été déposé non à Sichem, mais àHébron, à Macpêlah, et son nom au livre des Actes nepeut être changé pour un autre. La phrase demeureratoujours anormale pour nous; pour être régulière etcomplète, selon notre mode de nous exprimer, elledevrait être formulée de cette manière: «Jacob et nospères étant morts en Egypte, on les transporta à Hébron, où on les déposa dans le sépulcre qu’Abraham avaitacheté à prix d’argent d’Éphron, fils de Heth, à Macpêlah; quant à Joseph il fut déposé à Sichem dans la partiede la campagne achetée par Jacob des fils d’Hémor, âSichem,» ou bien: «Jacob et nos pères étant mortsfurent déposés, le premier à Hébron… et les autres àSichem…» Cf. Jos., xxiv, 32. La manière dont s’estexprimé saint Etienne est donc inexacte dans sa concision.— Quoi qu’il en soit de la forme logique de laphrase de saint Etienne, elle mentionne une traditionjuive qu’on retrouve aussi dans Josèphe: la translationdans la terre de Chanaan des restes des onze frères deJoseph. Act., vii, 15-16. La concision du langage desaint Etienne ne laisse pas deviner s’il entend parlerde Sichem ou d’Hébron; mais c’est ce dernier endroitque désigne un de ses contemporains ou du moinsde l’auteur du livre des Actes, l’historien Josèphe: «Les trères de Joseph, dit cet écrivain, moururentaprès avoir vécu heureux en Egypte et leurs corps furenttransportés quelque temps après par leurs descendantset leurs fils à Hébron, où ils furent ensevelis.» Anl. jud., II, viii, 2. Cet historien avait déjà produitla même assertion dans son histoire de la Guerre deJudée, IV, ix, 7. Parlant d’Hébron il ajoute: «Leshabitants d’Hébron racontent qu’Abraham, l’ancêtre desJuits, habita cette ville après avoir émigré de la Mésopotamieet que ses entants descendirent de là en Egypte; on montre jusqu’aujourd’hui leurs monuments dansla même ville, construits d’un très beau marbre et d’untravail magnifique.» Un texte reproduit par PierreDiacre, bibliothécaire du Mont-Cassin, et considéré parle professeur italien Gamurrini comme un fragmentextrait de la relation du pèlerinage de sainte Sylvied’Aquitaine, mentionne formellement à YAbramirid’Hébron «les corps des onze fils de Jacob». De lotissanctis, t. clxxiii, col. 1115; édit. Gamurrini, Rome, 1887, p. 124-125. Saint Jérôme contredit cette tradition.Décrivant le pèlerinage de sainte Paule Romaine, aprèsavoir conduit la sainte pèlerine an puits de Jacob prèsde l’ancien Sichem, il ajoute:» Et partant de là ellevit les tombeaux des douze patriarches.» Epist., cviii,

ad Eustochium, t. xxii, col. 889. Le saint docteur faitcertainement allusion au tombeau de Joseph voisin dupuits de Jacob. Les traditions locales juive, samaritaineet chrétienne indiquent le tombeau de Joseph près deSichem, sans nommer les autres patriarches. Les rabbinsont toujours été d’accord pour assurer que lesIsraélites en quittant l’Egypte ont emporté avec eux lesossem*nts des pères des tribus, mais ils diffèrent souventpour désigner l’endroit où ces ossem*nts ont étédéposés. Cf. Carmoly, Itinéraires de la Terre-Sainte, Bruxelles, 1847, p. 151-152.

2° Monument élevé sur le tombeau des patriarches.

— 1. Un monument fut élevé à une époque ancienneau-dessus de la caverne de Macpêlah, qui renfermaitles restes des patriarches. Josèphe atteste son antiquitéquand, parlant des traditions du peuple d’Hébron parrapport à Abraham, il ajoute: «On montre jusqu’à maintenantleurs monuments dans cette ville, leurs monuments, t «|*vrififjieïoi, construits avec un très beau marbreet d’un travail magnifique.» Bell, jud., IV, IX, 7. «Évidemment, dit Victor Guérin, citant ces paroles, il nes’agit pas ici de la grotte funéraire qu’Abraham achetad’Éphron, grotte taillée dans le roc vif et que ne décoraitcertainement aucun marbre, mais, comme plusieurs critiquesle supposent, entre autres F, de Saulcy, Josèphedésigne dans ce passage l’admirable enceinte du Haramd’Hébron, dont les blocs gigantesques sont d’une pierrequi imite la beauté du marbre; entreautres par la régularitéde ces assises et l’élégance de ses pilastres engagés, elle atteste un travail des plus remarquables.» Judée, t. iii, p. 223. Josèphe, en disant que ce monumentexiste «jusqu’à maintenant», (Jiéxp’toO vOv, témoignepar là même de son antiquité. Parla Hérodel’Ancien à qui on aurait pu être tenté d’en faire honneurest écarté; Josèphe ne le lui attribue point dans l’énumérationdes diverses œuvres exécutées par ce prince. Ilne l’attribue pas davantage aux Asmonéens. On ne peutcependant croire l’historien juif quand il fait remonterà Abraham lui-même l’origine du monument. Ant. jud., 1, xiv. — Outre les deux points, l’antiquité du monumentet son origine judaïque, Josèphe, dans ce passage, en affirme un troisième: la permanence du monumentaprès toutes les destructions de la guerre de Judée.C’est, en effet, dans son histoire de cette guerre écrite àRome plusieurs années après sa cessation, que l’auteuratteste: «on voit ce monument jusqu’aujourd’hui,» {lé^pt toO vOv… SetxviiToci.

2. De la subsistance après la guerre de Judée dumonument dont parle Josèphe, sans doute il ne résultepas que le monument actuel est le même; toutefoisdeux cents ans après cet historien, vers le commencementdu IVe siècle, on constate qu’un monumentsépulcral, également remarquable, s’élevait encore surle tombeau des patriarches à Hébron. Eusèbe de Césarée(265-c. 340) l’affirme positivement dans son Onomasticon. «Arbô: c’est Chébron… On y contemple le mausolée, xb (ivrifna, d’Abraham.» Au mot’Ap6&>, p. 54, cemausolée (memoria), ajoute le pèlerin de Bordeaux en333, est disposé en carré et fait de pierre d’une grandebeauté. It inerarium, t. viii, col. 792. Cf. S. Jérôme, Onomastic, p. 55; De loc. et nominibus locorum hebraic., au mot Arboc, t. xxiii, col. 852; Epist., xlvi, t. xxii, col. 491. (Les Hébreux prétendaient alors, d’après uneinterprétation de Jos., xiv, 15, généralement abandonnéeaujourd’hui, qu’Adam avait été enseveli à Macpêlah, quidevint ainsi après la sépulture de Jacob, le tombeau desQuatre [patriarches], d’où serait venu à Hébron le nomde Qarial-Arbé 1, «la ville des Quatre.» Ce sentimentsemble avoir été accepté par saint Jérôme et suivi parun grand nombre d’autres après lui. Epist., cvth, 23, col. 862; Quest. in Gen., ibid., col. 978; cf. Hébron, t. hi, col. 561.)

Lorsque, vers l’an 570, le pèlerin de Plaisance, Anlo

nin, vint «au lien où reposent Abraham, Isaac et Jacob, Sara et aussi les ossem*nts de Joseph, il y avait unebasilique en forme de portique rectangulaire (quadriporticus).Au milieu était une cour découverte, diviséepar une balustrade, en deux parties dont une était réservéeaux chrétiens, l’autre aux juifs, qui venaient ypratiquer de nombreux encensem*nts. Le jour d’après laNativité du Seigneur, on célébrait la [fête de] la dépositionde Jacob. La solennité, à laquelle on accourait enmasse de toute la Judée, était célébrée par tous avec unegrande dévotion». Itinerarium, t. lxxii, col. 909. Cepèlerin, ni aucun autre ne dit sous quel règne ni parqui fut exécutée la basilique intérieure; on l’a attribuéeplus tard à sainte Hélène, mais sans aucune raison. Antoninparaît être le premier à indiquer les ossem*nts deJoseph à Macpêlah. On ignore la cause de cette assertionsi souvent répétée depuis et consacrée depuis plusieurssiècles par un monument spécial. Divers auteurs ontprétendu, mais sans preuves, que les reliques du saintpatriarche auraient été transférées à Hébron, vers cetteépoque; quelques-uns y voient le sépulcre d’Abner; d’autres croient qu’un personnage, du nom de Joseph, différent du fils de Jacob, aura voulu avoir son tombeaudans le voisinage de Macpêlah et a été l’occasion de cetteconfusion. Cf. Mudjir ed-Dln, Histoire de Jérusalemet d’Hébron, édit. du Caire, p. 56. Cette dernière hypothèsesemble la plus vraisemblable. «Les ossem*nts deJoseph sont ensevelis à part, dans une église spéciale,» est-il dit au Liber locorum sanctorum de Pierre Diacre, t. clxxiii, col. 1115.

3. Soixante-dix ans environ après ce pèlerinage d’Antonin, le sanctuaire d’Hébron était passé aux mains desArabes musulmans devenus les maîtres de la Palestine(637). Ils avaient trouvé debout le monument deMacpêlah. Chosroès, il est vrai, quelques années auparavant(614), s’était jeté sur les églises des chrétienspour les détruire, mais il avait respecté les monumentsvénérés des Juifs qui se trouvaient en grand nombredans son armée. Les Arabes ne modifièrent pas l’étatgénéral du sanctuaire. Trente ans plus tard (vers 670), «saint Arculfe étant venu dans la vallée où est le champrenfermant la double caverne achetée par Abraham, ditl’abbé Adamnan au livre de sa vie, le saint visita le lieudes sépulcres d’Arbé, c’est-à-dire des quatre patriarches, Abraham, Isaac, Jacob et Adam, le premier homme…L’endroit de ces sépulcres est entouré d’un mur peuélevé. Adam est séparé des trois autres, mais non loin, au nord du mur de pierre quadrangulaire… enseveli enterre et recouvert de terre. Les autres patriarches ontleurs tombes surmontées d’un monument; Sara, Rébeccaet Lia sont ensevelies aussi en terre avec desmonuments plus humbles.» Adamnan, De locis sanctis, 1. II, c. ix, t. lxxxviii, col. 797-798. Ces monumentsétaient vraisemblablement l’œuvre des musulmans, etEl-Muqaddasi, géographe arabe du xe siècle, semble eneffet les leur attribuer, tout en leur refusant l’honneurde la muraille: «À Habra’(Hébron), le bourg d’Abrahaml’ami de Dieu, dit cet auteur, est une muraille trèsforte; elle est l’œuvre des djinns, on le sait. Elle estconstruite avec de grandes pierres taillées. Au milieude l’enceinte s’élève, bâti depuis le temps de l’islam, undôme en pierre qui recouvre le tombeau d’Abraham.La tombe d’Isaac est plus avant, celle de Jacob est àl’extrémité opposée de l’enceinte. Les [tombeaux des]femmes sont vis-à-vis [de ceux] des prophètes. L’enceintea été transformée en mosquée et on a construit autourdes habitations pour les pèlerins.» Géographie, édit.Gœje, Leyde, 1877, p. 172; cf. El-Istakhry (951), édit. dumême, 1870, p. 57; Ibn Hauqal (978), it., 1878, p. 113.De cette époque aussi est le petit mur crénelé dont aété rehaussée la grande enceinte. C’est du moins ce queparaît indiquer le musulman persan Nassir i-Khusrau(1047). «Le lieu saint, dit ce pèlerin, est environné

d’une enceinte rectangulaire de £0 coudées de longueuret 40 de largeur sur 20 de hauteur, dont la partiesupérieure a 20 coudées.» La disposition et l’ornementationde la mosquée d’Abraham décrite par ce voyageurétaient à peu près telles que les décrivent dans le fyaramactuel les visiteurs contemporains. Cf. Sefer Namehou Journal de voyage, trad. Schefer, Paris, 1881, p. 53-58. La plupart des écrivains musulmans de toutesles époques attribuent également la muraille aux génies(djânn), mais comme exécuteurs des ordres de Salomon; ies autres écrivains arabes l’attribuent simplement à ceprince. Cf. Ibn Batûtâh, Voyages, édit. Defrémery etSanguinetti, Paris, 1879, t. i, p. 114-115; Mudjir ed-Dîn, Histoire, p. 55; Yaqout, Dictionnaire géographique, édit. Wûstenfeld, Leipzig, 1856, t. ii, p. 194, etc.

4. Pendant les Croisades, en 1099, avec les Francsvainqueurs, le christianisme rentre en possession deMacpêlah. De mosquée, le sanctuaire redevient une églisequi sera célèbre sous le nom de Saint-Abraham. Unchapitre de chanoines y fut installé avec un prieur pourla garde du sanctuaire et le service divin. Cf. de Roziére, Cartulaire du Saint-Sépulcre, p. 120, 142, 171, etc.Plus tard (1167), l’église érigée en cathédrale est misesous la direction d’un évêque du titre de Saint-Abrahamou d’Hébron. Guillaume de Tyr, Hist. transm., 1. XX, c. iii, t. CCI, col. 781. — Dès le principe, les pèlerinsavaient afflué: l’Anglo-Saxon Sœvulf (1102). Peregrinatio, dans le Recueil de voyages et mémoires, t. IV, Paris, 1849, p. 844; l’higoumène russe Daniel (1106), Vie et pèlerinage, édit. Khitrowo, Genève, 1889, p. 46.Cf. Benjamin de Tudéle (1133), Itinéraire, édit. deLeyde, 1733, p. 48; Petachia de Ratisbonne (vers 1174).Voyages, édit. de Jérusalem, 5632 (1872), p. Il; l’auteuranonyme du Tractalus de invenlione sanctorum patriarcharumAbraham, Isaac et Jacob (1119), voir Riant, Inventionde la sépulture des patriarches Abraham, Isaacet Jacob à Hébron, le 25 juin 1119, dans les Archivesle l’Orient latin, in-4°, Gênes, 1883, t. H, p. 411-421; Journal officiel, 30 janvier 1883, p. 528; Bolland., Actasanctorum, S. Abraham, 9 oct., édit. Palmé, octobrist. IV, p. 683-691; Inventio ss. patriarchorum, d’après lecodex de Douai, quicomplète la relation publiée par Riant, n. 851, fol. 93î r -103 v; cf. Analecta boîlandiana, Bruxelles, 1901, t. xx, p. 464. Une multitude d’écrivains musulmansconfirment ces récits pour le fait de l’invention, la dateet le replacement des reliques dans la caverne, bienqu’ils diffèrent un peu pour les détails. Cf. Ibn el-Atir(1153), Chroniques, année 513; Ali de Hérat (1173), LesLieux de pèlerinages, dans Riant, Archives; el-Nodjoum, Extraits, dans le Recueil des Historiens des Croisades, Historiens orientaux, t. iii, p. 499; Yaqout,! oc. cit., p. 458; Mudjir ed-Din, loc. cit., p. 45; Benjamin de Tudèle, Itinéraire, p. 48-49; Riant, Èxuvise sacrse Constantinopolitanse; Archives, p. 213.

5. Après les Croisades, Saladin, vainqueur des Francsà la bataille de Hattin (15 juillet 1187) et en possessiond’Ascalon (5 sep.), avant même de monter contre Jérusalem, n’eut rien de plus empressé que de faireoccuper le sanctuaire d’Abraham en même temps queles localités principales du sud de la Palestine. Ibnel-Atir, Kamel et-Tevarikh, dans le Recueil des Historiensdes Croisades, Historiens orientaux, t. i, p. 697.Il se contenta de prendre possession de l’église, enl’affectant au culte musulman. «À Ébron, il y a unetrès belle église, écrivait, après son voyage de 1217, trente ans après l’occupation du lieu par Saladin, le pèlerinThietmar confirmant cette assertion; elle esttenue en grande vénération par les Sarrasins, surtoutà cause d’Abraham.» Peregrinatio, édit. Laurent, Hambourg, 1857, p. 29. — Pendant quelques années, lesjuifs et les chrétiens purent visiter Macpêlah sans êtremolestés. En 1210, le prince de la Captivité étant venuà Hébron muni de lettres de recommandation du kha

life de Bagdad, fut introduit à l’intérieur même de la caverne.Ses compagnons, parmi lesquels était Bar Simsonà qui nous devons ces détails, n’osèrent cependant pasle suivre. Ce dernier se rendit aux sépulcres pendant lanuit, guidé par un des gardiens gagné par des présents.Itinéraire de Palestine, dans Carmoly, Bruxelles, 1847, p. 129. Le dominicain Buchard (1283), après avoir étéintroduit dans l’enceinte, semble y avoir passé encorela nuit. Descriptio Terrée Sanctee, 2e édit. Laurent, Leipzig, 1873, p. 91. Vers la même époque, le rabbinEstorinha-Parchi visita Hébron et attribue le grand murquadrilatéral à Salomon. Tebuoth ha-Arez, p. 300. Troissiècles plus tard, un autre Juif, Uri de Biel (1564), attribuel’édifice au roi David. Jichus ha-Aboth, dans Carmoly, p. 434-435. Après Boniface Stefani de Raguse, custode deTerre-Sainte en 1551 et en 1563, le franciscain Quaresmius, au commencement du xvir 3 siècle, voit dans l’églisel’œuvre de sainte Hélène, et constate l’interdiction faiteaux chétiens d’y pénétrer; «les Maures eux-mêmes, ajoute-t-il, n’entrent pas dans la caverne sépulcrale.» Elucidatio Terres Sanclee, Anvers, 1639, t. ii, p. 773.Aux patriarches ensevelis à Macpêlah, les pèlerins decette période ajoutent Eve, la mère du genre humain, hypothèse de convenance pour la réunir à Adam. —Quant aux écrivains arabes, ils se complaisent à décrireminutieusem*nt tous les embellissem*nts apportés à lamosquée d’Abraham, exécutés par leurs princes deSyrie ou d’Egypte depuis le départ des Francs, et à énumérertoutes les réparations. Une d’elles est de natureà arrêter l’attention par le problème qu’elle soulève: c’est la restauration accomplie par Bibars. Vers la fin del’an 1267, ce sultan, au dire des historiens Makrizi etMudjir ed-Dîn, «remit à neuf le tombeau d’Abraham» et l’année suivante releva la ville d’Hébron. La ville avaitété prise et ruinée en l’an 1244 par les Kharesmiensunis aux Égyptiens pour combattre el-Malek SâléhIsmaïl, souverain de Damas et maître de la Palestine, et les chrétiens ses alliés. Cette horde sauvage et indisciplinéeavait porté à travers tout le pays la désolationet la ruine; la mosquée d’Hébron et les tombeaux paraissentdonc avoir été détruits alors. En même tempsque les sépulcres furent violés, les reliques ne furent-ellespas profanées et dispersées? Voir Riant, À rchives del’Orient latin, t. ii, Gênes, 1883, p. 420-421. C’est là, Croyons-nous, une crainte exagérée. Les Kharesmiens, parmi tous les ennemis des sanctuaires chrétiens de laTerre-Sainte, se sont montrés, il est vrai, les plus acharnéset les plus intraitables; mais, il ne faut pas l’oublier, ces peuples féroces étaient venus alors comme auxiliairesdes Égyptiens qui les avaient appelés.- Les Égyptiensétaient musulmans convaincus; princes et sujets n’avaientcessé de venir visiter le sanctuaire d’Hébron et d’yapporter leurs présents. À la tête de l’armée dévastatricekharesmo-égyptienne était ce même Bibars, mais alorssimple mamelouk d’el-Malek Sâléh Aïoub, souverain del’Egypte, qui, plus tard son successeur, restaurera lamosquée. Aboul-Féda, Annales, année de l’hégire 642.Cette circonstance explique sans doute la conduite desKharesmiens. Bibars fut toujours le plus farouche ennemidu nom chrétien; mais cette haine était l’effet de sesconvictions musulmanes, de son fanatisme. Il pouvaitenvelopper dans la même haine les alliés des chrétiens «t exercer sa fureur sur leurs biens privés, leurs habitationsel leurs villes; mais le sanctuaire d’Abrahamn’était pas une propriété du prince de Damas ou deschrétiens, c’était un fief de l’islam, son troisième sanctuaire, plus vénéré même, au dire de quelques historiens, que le hâram de la Mecque. Il n’est pas admissible queBibars, avec ses Égyptiens, ait pu se porter contre cesanctuaire à un acte de profanation.

6. Dès le commencement du xiv «siècle, le fanatismejaloux des musulmans ne permit plus à aucun étranger àleur religion de pénétrer dans l’enceinte sacrée; il ne

leur permettait pas même, semble-t-il, d’en approcher.Ishaq Helo (1334), Les chemins de Jérusalem, dansCarmoly, Itinéraires, p. 243. Au XIXe siècle seulement cezèle outré a commencé à se relâcher un peu. LeD’Frânkel, en 1843, put pénétrer à prix d’argent dansla caverne. Il y vit des sarcophages sur lesquels sontgravés en lettres d’or, en hébreu et en arabe, les nomsdes patriarches; des tapis de damas vert les recouvrent.Frânkel, Nach Jérusalem, 1858, t. H, p. 478-479. — LePiémontais Pierotti pénétra trois fois dans le hâram, habillé en Arabe, le 8 novembre 1856, le 9 et le25 août 1855, sans résultat important pour la connaissancede la caverne de Macpêlah. Le 20 novembre 1863, MM. Mauss et Salzmann, architectes du gouvernementfrançais, s’étaient crus autorisés à franchir le seuil dela porte de l’enceinte, ils durent hientôt s’enfuir devantles menaces de la population ameutée. Les princes ontsollicité des autorisations de la Porte. Muni d’un firmandu sultan, le prince de Galles, aujourd’hui roi d’Angleterre, visita, en 1862, l’intérieur de l’enceinte accompagnéde Stanley, doyen de Westminster, et du D r Rosen, consulde Prusse, mais il ne put pénétrer dans la caverne. Lemarquis de Bute, anglican converti, malgré le firmandont il était porteur, ne fut pas plus heureux en 1866.En 1869, le prince héritier de Prusse, devenu, en 1888, empereur d’Allemagne, sous le nom de Frédéric III, neput aussi visiter que l’intérieur de l’enceinte, de mêmeque les princes de la famille royale d’Angleterre, avecle capitaine Conder, en 1882. Espérons cependant quele jour n’est plus très éloigné où il sera possible devérifier l’état de la grotte et d’obtenir, des renseignementsprécis sur les sépultures et les restes des patriarches.

V. Bibliographie. — Ali bey el-Abassi (DomingoBadia y Leblich), Travels, 1803-1809, in-8°, Londres, 1876, p. 232-233; G. H. von Schubert, Heise in dasMorgenland in den Jahren 1836 und 1831, in-8°, Erlangen, 1838-1839, p. 473; E. Robinson, BiblicalResearches in Palestine, in-8°, Boston, 1841, t. ii, p. 443-440; Frânkel, Nach Jérusalem, 1858, t. H, p. 478479; Pierotti, Macpéla ou tombeaux des patriarches, in-8°, Lausanne, 1869; J.-J.-L. Barges, Hébron et letombeau des patriarches, dans le Bulletin de l’œuvredes pèlerinages d’Orient, Paris, 1862-1863, p. 150-190; M. de Vogué, Les Églises de la Terre-Sainte, in-4°, Paris, 1860, p. 344-345; D. Rosen, Die Patriarkengruftzu Hébron deren Besuch durch den Prinzen von Walesund ihre Bedeutung fur die biblische Archàologie, in-8°, Berlin, 1863; Id., dans la Zeitschrift fur allgemeineErdkunde, Berlin, 1864, p. 160-162; A. P. Stanley, TheCave of Macpêlah, appendix II, dans Jewish Church, Londres, 1864, t. i, p. 448-510; Fel. de Saulcy, Voyageen Terre-Sainte, le Haram d’Hébron, Paris, 1865, t. i, p. 155-159; Mauss et Salzmann, Excursion à Hébron, dans l’ouvrage précédent, appendice VI, t. ii, p. 328-332; Renan, Mission de Phénicie, in-f», Paris, 1864, p. 799807 (cf. Pierotti, Makpéla, p. 112-115); Laurent de Saint-Aignan, Description du sépulcre d’Abraham, dansAnnales de la philosophie chrétienne, 1870, p. 379-396; W. M. Thomson, The Land and the Book, I. South Palestine, in-8% Londres, 1881, p. 268-282; Cl. Regn. Conder, Survéy <>f Western Palestine, Memoirs, Londres, 18811883, t. iii, p. 333-346; Id., Report on the visit of theprinces Albert, Victor and Georges of Wales to theHébron Haram an 5 apr. 1882, dans Palestine Explor.Fund Quarterly Statement, 1882, p. 197-213; Wilson, Notes on the Hébron Haram, ibid., 1882, p. 213-214; Perrot et Chipiez, Histoire de l’Art, Paris, 1881-1884, t. iv, p. 274, 277, 340; Fr. Liévin de Hamme, O. M., Mosquéed’Abraham, dans le Guide indicateur de la Terre-Sainte, 3e édit., Jérusalem, 1887, t. ii, p. 379-396; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 512-533; A. M. Luncz, La caverne

de Makpêlah, appendice, dans J. Schwarz, Tebuoth ha-Arez, Jérusalem, 1900, p. 486-489. L. Heidet.

    1. MACRI Dominique##

MACRI Dominique, commentateur italien, né àMalte en 1604, entré à l’Oratoire, puis chanoine de Viterbeoù il mourut en 1672. Son premier ouvrage, Hierolexicon, in-f°, Rome, 1677; Vienne, 1712; 6*édit., 2 in-4°, Bologne, 1765-1767, sorte de dictionnaire biblique, futcomposé avec la collaboration de son frère. Mais il estsurtout connu par son Trattato délie contradizioniapparenti délia S. Serittura, in-12, Venise, 1645, 1653, traduit en latin par Lefebvre, Paris, 1685, et plusieursfois réédité. Voir Journal des Savants, l. i, 1665, p. 112-113. A. Ingold.

    1. MACTHESCH##

MACTHESCH (hébreu: ham-MakfëS, «le mortier;» Septante: t| xaTaxexosijjivï); Vulgate: Pila). Nous lisonsdans Sophonie, I, 11: «Gémissez, habitants de Maktês, parce que tout le peuple de Chanaan (les marchands, lesPhéniciens) est détruit, et que tous ceux qui portaientde l’argent sont exterminés.» Il résulte de ce passageque MaktêS était un lieu habité par des trafiquants.D’après les uns, on appelait ainsi une localité des environsde Jérusalem, une vailée, ayant la forme d’unmortier, Gesenius, Thésaurus, p. 725; la vallée de Siloé, dit saint Jérôme, In Sophon., i, 11, t. xxv, col. 1349, rapportant sans doute une tradition juive sur ce point; la vallée du Cédron, d’après le Targum (Walton, Polyglott., Soph., i, 11, t. iii, p. 96). D’après d’autres, c’étaitun quartier même de Jérusalem, le quartier commerçant, la quartier phénicien, où tous les trafiquants du payshabitaient ensemble, selon la coutume orientale. Keil, Die kleinen Propheten, 1866, p. 460, suppose, avec plusieursmodernes, que ce quartier était situé dans lavallée du Tyropœon, mais son hypothèse, non plusque plusieurs autres, ne s’appuie sur aucun argumentpositif.,

    1. MADABA##

MADABA, orthographe, dans la Vulgate, I Mach., x, 36, 37, du nom de la ville appelée ailleurs Médaba.Voir Médaba.

    1. MADAI##

MADAI (hébreu: Mâdai; Septante: Ma801, Gen., IX, 2; et I Par., i, 5, MaSoein; Alexandrinus; MaSai), troisième fils de Japheth. Gen., x, 2; 1 Par., i, 5. Sonnom est placé entre celui de Magog et celui de Javan.Gen., x, 2; I Par., i, 5. Madaï est l’ancêtre éponymede la nation des Mèdes. La forme assyrienne du nomest Madai. Dans les annales de Salmanasar III, le motest écrit Amadai, par l’adjonction de l’a prothétique, Journal of the Royal Asiatic Society, l re série, t. xv, p. 242. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, in-4°, Paris, 1899; F. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 6e édit.. t. i, p. 340. Voir Mèdes etMême. E. Becrlier.

    1. MADAN##

MADAN (hébreu: Meddn; Septante: MaSaX; MaSâji, dans I Par., i, 32, où il est interverti avec MaSîân), t r °i~sième fils d’Abraham et de Célura. Gen., xxv, 2; I Par., 1, 32. Le texte sacré ne fait pas connaître sa descendance.Elle dut habiter le nord-ouest de l’Arabie. Dans Gen., xxxvii, 36, le texte hébreu appelle d>jid, Medânîm ouMédanites les marchands qui vendirent Joseph enEgypte, mais au t. 28, elle les a appelés bwd, Midyanîm, Madianites, et les versions ont lu dans les deux passagesMaSiijvatot, Madianitse, et c’est probablement la vraieleçon. Nous ne savons donc rien de l’histoire de Madan.Quelques interprètes croient, mais sans aucune preuve, qoe Madan et Màdian sont un seul et même personnage.Le nom de Madan n’est pas d’ailleurs inconnu dans lagéographie arabe. On a rapproché ce nom d’une valléede Medân mentionnée par le géographe arabe Jakut etsituée dans Je voisinage des ruines de Daidan. Une

tribu arabe préislamite adorait aussi un dieu Madan.S. Margoliouth, dans J. Hastings, Dictionary of theBible, 1900, t. iii, p. 309. Voir aussi Arabie, t. i, col. 859.

    1. MADELEINE##

MADELEINE (grec: t[ MaySaX^vri; Vulgate: Magdalena, Magdalene), Matth., xxvii, 56, surnom donné àune des Maries mentionnées dans les Évangiles. VoirMarie-Madeleine.

    1. MADIA##

MADIA (hébreu: Ma’adydh; Septante: MaocSfaç), un des prêtres qui revinrent avec Zorobabel de la captivitéde Babylone en Palestine. II Esd., xii, 5. Au ꝟ. 17, il est appelé Moadia.

    1. MADIAN##

MADIAN (hébreu: Midyan; Septante; Ma8tà[t, MaSecxv), nom du père des Madianites, de ses descendantset du pays qu’ils habitèrent.

1. MADIAN, fils d’Abraham et de Cétura, secondefemme d’Abraham. Il eut lui-même pourflls Epha, Opherou Epher, Hénoch, Abida et Eldaa. Gen., xxv, 1, 4; I Par, , i, 32-33. On ne sait rien de plus de sa personne.Ses descendants sont désignés Sous le même nom deMadian ou sous celui de Madianites. Voir Madianites.

2. MADIAN, nom employé collectivement dans l’Écriturepour désigner les Madianites. Gen., xxxvj, Î35; Exod., iii, 1, etc.; Num., xxii, 4, 7; xxv, 18; Jùd., vi, 1, etc.; I Par., i, 46; Judith, ii, 16; Ps. lxxxii (hébreu, lxxxiii), 10; Is., ix, 4; x, 26; lx, 6; Hab., iii, 7. VoirMadianites.

3. MADIAN (TERRE DE). Le pays qu’habitaient lesMadianites est appelé dans l’Écriture «terre de Madian», Exod., ii, 15; Hab., iii, 7; Act., vii, 29; «. Madian,» III fieg., xi, 18. Le nom de Madian n’a été trouvéni en Egypte ni en Assyrie. Frd. Delitzsch, Wo lag dasParodies, in-12, 1881, p. 304, croit seulement qu’onpeut identifier les Haydpad des inscriptions cunéiformesavec les descendants d’Epha, fils de Madian. VoirÉPHA 1, t. ii, col. 1830. Les écrivains arabes connaissent unecontrée et une ville de Madian. La ville n’est jamaismentionnée dans la Bible.

Les renseignements que nous fournissent les LivresSaints sur la terre de Madian sont assez vagues. Commeles Madianites étaient un peuple nomade et comme ilest probable que certains rameaux étaient séparés dugros de la tribu, il est difficile de préciser la région oùils habitaient. L’ensemble des textes indique que le plusgrand nombre des Madianites habitait à l’est du golfeElanitique et qu’il remontait de là, à l’époque de lasortie d’Egypte, jusque dans les plaines du Moab. —1° L’Exode, ii, 15, raconte que Moïse, après le meurtre del’Égyptien, se réfugia «dans la terre de Madian». Onplace communément cette «terre de Madian», dans lapéninsule sinaïtique, mais on ne saurait affirmer qu’elleétait près du mont Sinaï. Moïse, selon la coutume desnomades pasteurs, pouvait mener les troupeaux de Jéthroaune certaine distance de l’habitation de son beau-père.Lorsque, après avoir traversé la mer Rouge, il retournaavec Israël au pied du mont Sinaï, Jéthro était assez, loin de là. Exod., xviii, 1, 5, 27; Num., x, 29-30. De cesdonnées, on peut donc conclure, seulement, que le «Madian» de Jéthro se trouvait à l’est de l’Egypte, nonloin du Sinaï. — 2° Le texte de I (III) Reg., xi, 18, indiquele pays de Madian comme intermédiaire entre Édom etPharan, sur la route de l’Egypte. Vu la positiond’Édom, Madian, d’après ce texte, pourrait être placéégalement et sur la rive orientale du golfe Elanitiqueet au nord-est du désert sinaïtique. — 3° Les récits desNombres et des Juges sont plus explicites. Il en résulteclairement que, avant et après la conquête de la terrede Chanaan, les Madianites se trouvaient à l’orient de>

la Palestine. Dans les Juges, vi, 3-33, Madian est associéavec Amalek et les (ils de l’Orient. Cf. Gen., xxv, 6.Il est vrai que les récits des Juges, vi-viii, 3, semblent serapporter plutôt à des peuples nomades, remarque quis’applique aux Madianites île l’histoire de Balaam; onne peut donc déduire de là rien de précis sur leur vraiepatrie. Mais, à en juger par la régularité de leurs incursions, Jud., vi, 1-3, il est peut-être légitime de les supposer habitant une région qui n'était pas trop éloignée, et d’où, en des saisons déterminées, selon la coutumed’autres nomades, ils partaient pour taire des razziassur les territoires étrangers. Ajoutons que, selon l’avisde presque tous les critiques, le récit des Juges, viii, 4-12, semble clairement supposer un peuple à demeureplus ou moins stable. H. Winckler, Geschichte lsræls, 1. 1, p. 48, croit que les Madianites ont habité la région deMoab avant les Moabites. Une partie d’entre eux eût étéassujettie par les Iduméens, et ceux-ci auraient régnélongtemps sur le futur domaine de Moab. Les Madianitesen auraient été chassés, ou bien se seraient dispersés oufondus avec d’autres tribus au commencement de ladomination israélite. Winckler s’appuie spécialementsur Gen., xxxvi, 35, où il est parlé d’une défaite desMadianites sur la terre de Moab. Mais ceci ne prouve pasque les Madianites aient séjourné d’une manière stableen ce pays; pour expliquer le fait allégué, il suffit qu’ilsaient campé près de ce pays, en venant d’une région plusou moins éloignée.

La tradition arabe est unanime pour placer la patrieoriginaire des Madianites sur la rive orientale du golfed'Élam, dans la 23e station du pèlerinage de La Mecque, appelée Maghâ'ir Schôcaib, au 28e degré de latitude, aunord de Ain Vnne. L’Itinéraire arabe cité par U. J. Seetzen (voir von Zach, Monatl. Correspondenz, 1809, t. xx, p. 310) dit: «Madajin était une cité sur le bord de lamer, où aujourd’hui encore on trouve les restes d’anciensédifices. Il y a là un grand puits mauvais, et tout prèsun étang, où Moïse abreuva les troupeaux de Scho’aib(nom donné par le Coran au prêtre madianite, beau-pèrede Moïse). Dans une grotte voisine, dite Mgar [Maghâ'ir) Scho’aiib, les pèlerins font leur prière et puis ilscontinuent leur chemin.» Cf. Aboulfeda, Géographie, Paris, 1840, p. 88; Edrisi, Géographie, trad. A. Jaubert, 2 in-40, Paris, 1836-1840, 1. 1, p. 5, 328-330, 333. Ptolémée, VI, 7, connaît aussi dans ces régions un lieuappelé MaStâtia, à 28° 15' de latitude, et une autreville de nom presque semblable: MaStàva ou Mo80ûu «, plus vers le sud, sur le bord de la mer, ville qui pourrait bien être la même que la précédente. Eusèbe etsaint Jérôme (Onomastica sacra, édit. Lagarde, p. 276, 136) parlent aussi d’une cité de MaSiâjj., Madian, au sudde la province romaine d’Arabie, à l’orient de la merRouge, vers le désert des Sarrasins. Cf. S. Jérôme, Inls-, lx, 6, et Ezech., xxv, t. xxiv, col. 590; t. xxv, col. 233.Il semble difficile de refuser tout fondement réel à cettetradition arabe. En tout cas, la position assignée àMadian par Ptolémée et les géographes arabes ne contredit pas les données bibliques de l’Exode et des Juges, mais les explique plutôt. On comprend, en effet, sansdifficulté que les Madianites, peuple semi-nomade, tout enayant une demeure relativement fixe sur les côtes orientales du golte d’Akabah, aient fait des apparitions dansla péninsule sinaïtique, placée en face, séparée à peinepar un petit bras de mer, comme aussi à l’est du Jourdain, et cela sans parler en outre de dans vraimentnomades qui de temps à autre ont pu quitter la patrieoriginaire pour chercher fortune dans d’autres régions.Le pays à l’est du golfe d’Akabah, riche en eau, seprêtait d’ailleurs fort bien à une demeure stable. Il a étévisité récemment à deux reprises par l’Anglais RichardF.. Burton, qui nous en a donné une description exacte.L’irrigation y est assez bonne; les collines et les montagnes alternent avec des vallées nombreuses et fertiles.

Les mines y abondent, il y a des traces nombreuses demines d’argent et de cuivre, et vers le sud aussi demines d’or. Selon M. Burton, les ruines de Maghâ'irScho’aib seraient les restes de l’ancien Ma61â[ia; ellesse trouvent de fait presque à la même latitude indiquéepar Ptolémée. Les cavernes ont une frappante ressemblance avec celles de Pétra. On peut donc conclure quele siège principal des Madianites était à l’est du golfeÉlanitique.

Voir Th. Noldeke, TJeber die Amalekiter und einigeandere Nachbarvôlker der Isràeliten, in-8°, Gcettingue, 1864; Rich. Burton, The gold Mines of Midian, in-8, .Londres, 1878; Id., The Land of Midian revisited, 2 in-8°, Londres, 1879; Eb. Schrader, Die Keilimchriftehund das alte Testament, 2e édit., in-8°, Giessen, 1883, p. 146, 273; Ed. Glaser, Skizze der Geschichte undGéographie Arabiens, in-8°, Berlin, 1890, t. ii, p. 445; H. Winckler, Geschichte lsræls, 2 in-8°, Leipzig, 18951900, t. i, p. 47, 172, 194, 210; Id., Die Keilinschriftenund das A. T., 1902, p. 143. J. Bonjuxorsi.

    1. MADIANITES##

MADIANITES (hébreu: Midyan; une fois: Mi~dyâni; Septante: MaSuxvet-cai, Num., x, 29; plus souvent Midyânïm, au pluriel, Gen., xxxvii, 28; Num., XXV, 17 [Septante: MaSivjvaîoi]; xxxi, 2 [Septante: MaSiavsïTai], et aussi Gen., xxxvii, 36 [Septante: AIa31-rjv «ïot], où Medanim est certainement une simple variante deMidyânim), descendants de Madian, fils d’Abraham etde Cétura.

1. Histoire. — 1° Les Madianites sont nommés pourla première fois dans la Genèse, xxxvi, 35; elle racontequ’ils furent battus, dans le pays de Moab à une époquequi n’est pas précisée, parle quatrième roid'Édom, Adade, fils de Badad. — 2° Ils apparaissent ensuite dans l’histoire deJoseph. Gen., xxxvii, 25^36. Ce sont des marchands quise rendent en Egypte pour vendre leurs marchandises.Plus tard, ils offrent l’hospitalité à Moïse fuyant l’Egypte.Jéthro, prêtre des Madianites, accueille Moïse, lui donnesa fille Séphora en mariage, et lui confie ses troupeaux.Exod., ii, 15-21. Quand Moïse, devenu le chef du peupled’Israël, se trouve campé près du mont Sinaï, Jéthro luiamène sa femme et ses deux fils, et plein d’admirationpour la merveilleuse délivrance d’Israël, offre un sacrifice à Dieu. Après être resté quelque temps auprès deMoïse, et lui avoir donné de sages conseils, il retournedans sa patrie. Exod., xviii, 12-27. Voir Jéthro, t. iii, col. 1521. Hobab, Madianite de la même famille, consentità accompagner les Israélites, et à leur servir de guide àtravers le désert. Num., x, 29-33. Voir Hobab, t. iii, col. 725. — 3° Quand les Israélites sont arrivés dans levoisinage de Moab, nous rencontrons de nouveau desMadianites, mais bien différents de ceux de Jéthro. Cesont des idolâtres alliés de Moab contre Israël. Num., xxii, 4, 7. Leurs filles, parmi lesquelles Cozbi, contribuèrent à séduire les Israélites à Settim et à les initierau culte de Béelphégor. Num., xxv, 6-15. À cause de cecrime, Dieu les voua à l’extermination. Num., xxv, 1618. Moise exécuta la vengeance divine. Par ses ordres, douze mille hommes, sous la conduite de Phinéas, quiavait mis à mort Cozbi et son complice, attaquèrent les.Madianites; ils tuèrent leurs cinq rois: Évi (ou Hévéen), Rècemy Sur, Hur et Rébé (voir ces noms), ainsi que tousles combattants, firent les femmes et les enfants prisonniers et s’emparèrent d’un grand butin. Moïse leurreprocha d’avoir épargné les femmes mariées et les.enfants mâles, il ordonna de leur ôterla vie comme auxhommes adultes et de ne réserver que les jeunes fillesvierges. Le butin fut en partie distribué aux vainqueurs, en partie offert à Dieu. Num., xxxi, 1-53. Balaam, qui s'était trouvé en ce moment avec les Madianites, périt avec leurs chefs. Num., xxxl, 8. Les cinq princesde Madian qui avaient été tués dans cette bataille sontnommés aussi dans le livre de Josué, xui, 21, comme

vassaux (nesikim, voir Keil, Josua, 1863, p. 103), deSéhon, roi des Amorrhéens, qui fut également battu parles Israélites. Voir Séhon. — 4° Au commencement del’histoire des Juges, quelques descendants de Hobab, appartenant à la tribu des Cinéens, habitent pacifiquementau milieu des Israélites ou dans leur voisinage.Jud., i, 16; iv, 11, 17. Voir Jétrho, t. iii, col. 1521; Cinéens, i, 3°, t. H, col. 768. — 5° Plus tard, nous trouvonsde nouveau les Madianites parmi les ennemis lesplus acharnés d’Israël. Dieu avait livré les Israélites à.Madian durant sept ans. Les Madianites, à qui se joignirentles Amalécites, firent de continuelles incursionssur le territoire des Hébreux. Ceux-ci, appauvris etvivant dans de perpétuelles anxiétés, s’adressèrent enfinAu Seigneur, qui leur suscita un libérateur dans Gédéon.La victoire remportée par ce juge fut complète et lebutin énorme. Les chefs ennemis, Oreb et Zeb, Zébée etSalmana, qui s’étaient enfuis, ne purent échapper à lamort. Jud., vi, 1-vm, 28. Le souvenir de ce grandtriomphe resta profondément gravé dans la mémoired’Israël. Is., is, 3; x, 26; Ps. lxxxiii, 9. — 6° AprèsGédéon, les Madianites disparurent, pour ainsi dire, del’histoire. On trouve seulement la mention du paysauquel ils avaient donné leur nom dans I (III) Reg., xi, 18. Voir Adad 3, 1. 1, col. 166. — Isaïe, lx, 6, annonceque les caravanes de Madian et d’Epha (t. iii, col. 1830)apporteront un jour leur tribut à Jérusalem. — Habacuc, ni, 7, parle de la terreur que cause la venue du Seigneuraux tentes de Madian, ce qui, d’après les uns, se rapporte aupassé, Num., xxxi, 2, et d’après les autres, en plusgrand nombre, se rapporte à l’avenir, et prédit auxMadianites le châtiment qui les menace. — Le livre deJudith, ii, 16, raconte que «les fils de Madian» furentpillés, tués ou faits prisonniers par Holoferne. — Le nomde Madian n’est mentionné qu’une fois dans le NouveauTestament, Act., vii, 29, dans le discours de saint Etienne, qui rappelle que Moïse s’était réfugié «dans la terre deMadian et y avait engendré deux fils». — Dans la suitedes temps, les Madianites se sont complètement fondusavec les Arabes. Ils nous apparaissent dans ce que noussavons de leur histoire, en partie nomades, en partiesédentaires, habitant sous la tente et ayant aussi desvilles et des places fortes. Num., xxxi, 10. Ils se livraientau commerce des caravanes, Gen., xxxvii, 21, et s’enrichissaientaussi par la guerre et par le pillage. Jud., vi, 3-5. Leurs troupeaux étaient considérables, ils avaient «ne multitude de brebis, de bœufs, d’ânes, Num., xxxi, 32-24, et aussi de chameaux. Jud., vi, 5; vii, 12; viii, 21-26. Les mœurs, d’une partie au moins d’entre eux, paraissent avoir été très dissolues, puisque Cozbi, lafille d’un de leurs chefs appelé Sur, se livrait, avecd’autres filles madianites, à la prostitution pour nourrirBéelphégor.

II. Ethnographie. — Les critiques modernes voientpour la plupart dans les Madianites une tribu arabe.Guthe, dans Herzog, Renlencyklopâdie, 3e édit, t. xiii, p. 60, en fait des Araméens nomades. H. Winckler, GeschichteIsræls, Leipzig, 1895-1900, t. i, p. 49, et Fr.Hommel, Aufsâtze und Abhandlungen, in-8°, Munich, 1892 sq., t. iii, p. 304, croient que Madian est le nomdu peuple qui habita la terre de Musri, mentionnéedans les inscriptions cunéiformes. Selon Glaser, Skizzeder Geschichte Arabiens, 1890, p. 449, quelques autres, les Madianites seraient de même race que les Ismaélites.Cette dernière opinion trouve un appui dans Gen., xxxvii, 25-28, où les marchands qui achetèrent Josephsont appelés tantôt Madianites, tantôt Ismaélites, et dansJud., iii, . 24, où le grand nombre des anneaux pris auxvaincus madianites se trouve expliqué par le fait que lesIsmaélites ont coutume de porter des anneaux. Maisquoique les deux noms s’emploient indifféremment dansces passages, voir Ismaélites, t. iii, col. 792, on ne sauraitconfondre rigoureusem*nt les uns avec les autres;

dans Jud., viii, 24, le nom d’Ismaélites peut être un termegénérique, synonyme des riches marchands des caravanes.Lagrange, Le livre des Juges, in-8°, Paris, 1903, p. 150.

La parenté de race entre Madian et Israël, affirmée par lagénéalogie dans la Genèse, xxv, 1, est hors de doute. Il est àcroire qu’il yeutdesunionsplusoumoins fréquentes entreles deux peuples. Ainsi les noms des trois fils de Madianse rencontrent souvent dans les généalogies israélites: Épha, I Par., H, 46-47; Épher, I Par., iv, 17; v, 24; Hénoch est le nom du fils aîné de Ruben. Gen., xlvi, 9; Exod., vi, 14; I Par., v, 3. Les noms de Jéthro et deRaguël sont aussi assez fréquents en Israël. Le mariagede Moïse avec une Madianite est raconté dans la Biblesans aucune marque de désapprobation. Exod., ii, 21.

J. Bonaccorsi.

    1. MADMEN##

MADMEN (hébreu: Madmên, «fumier» ), ville dupays de Moab, nommée avec Hésébon. Dans sa prophétiecontre ce pays, Jérémie, xlviii, 2, faisant un jeu de motssur le nom de cette ville, comme dans plusieurs autrespassages de cet oracle, dit: Madmên tidmi, «Madmen, tu seras détruite.» Les Septante et la Vulgate ont traduitMadmen comme un substantif commun: rcaîo-iv itaiioe--rae; silens conticesces; mais le contexte ne permet guèrede douter que ce ne soit un nom propre. Le site en estinconnu. Il est possible que le mem initial de Madmênprovienne d’une répétition fautive du niera qui terminele mot précédent gâm. Dans ce cas, on pourrait lire, Dimôn, c’est-à-dire Dibon, comme Isaïe, xv, 38 (Septante: Asi[iiu). Il s’agirait alors de la ville de Dhïbân, Voir Dibon 1, t. ii, col. 1410.

    1. MADMÉNA##

MADMÉNA (hébreu: Madmannâh; Septante: MaS(jlt)v<4), orthographe, dans 1 Par., ii, 49, du nom de laville du sud de la Palestine qui est appelée par la VulgateMedémena dans Jos., xv, 31. Voir Medémena.

    1. MADON##

MADON (hébreu: Mâdôn, «discussion;» Septante: Mapwv; Alexandrinus: Maêwv), ville chananéenne dunord de la Palestine. Elle avait, a l’époque de la conquêtede la Terre Promise par les Hébreux, un roi appelé Jobabqui s’unit à Jabin et aux autres rois du pays pourrésister à l’invasion. Jos., xi, 1. Il fut battu par Josuéavec tous les autres rois confédérés. Jos., xii, 19. —Dans II Reg., xxi, 20, il est question d’un géant que letexte hébreu appelle’ÎS mâdôn. Les Septante ont traduitces deux mots par àv-riP MaSiiv, «homme de Madon.» On traduit ordinairement, avec plus de vraisemblance, «un homme de haute stature,» en prenant mâdôn commesubstantif commun. Il est question dans ce passage d’uneguerre qui eut lieu à Geth. Le guerrier de la raced’Arapha (t. i, col. 878), qui brava les Israélites à cetteoccasion, était donc probablement de la Palestine dusud et non du nord.

Le site de Madon est très controversé. Un certain nombrede critiques admettent que les Septante ont conservé lavraie leçon sous la forme Maron, mais la question deson identification n’est pas résolue par là. Schwarz, Dasheilige Land, p. 138, a proposé de reconnaître Madon dansle Kefar Menda des Talmuds, le Kefr Menda actuel, mais Madon, observe Ad. Neubauer, La géographie duTalmudA868, p.270, «doit se placer.d’après les contextes, dans la Galilée supérieure.» D’après Conder, Tent Workin Palestine, 2 in-8°, Londres, 1878, t. ii, p. 338, Madonpourrait être le Khirbet Mâdin actuel, à un demi-kilomètreau sud de Hattin, près du lac de Tibériade. Ony voit des monceaux de ruines et de pierres taillées.Survey of Western Palestine, Memoirs, 1. 1, p. 365, 403.C’est là une simple hypothèse, mais si l’on maintientMâdôn, elle ne manque pas de probabilité. Si l’on préfèreMârôn, cette localité pourrait être placée au nordouestde Safed, à Meiron, qui est la Merôn des Talmuds.Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 228. —

Plusieurs égyptologues ont lu le nom de Mâdon dansune inscription de Thothmès III racontant ses campagnesen Asie (G. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient, ¥ édit., 1886, p. 202), mais la lectureétait inexacte. M. Maspero, dans la nouvelle édition deson Histoire, t. ii, 1897, p. 268, lit avec raison Mitâni, contrée de la Babylonie occidentale. Cf. E. A. W. Budge, History of Egypt., t. iv, Egypt and her Asiatic Empire, 1902, p. 38, 54, 87, 165. F. Vigouroux.

    1. MAÉLETH##

MAÉLETH (hébreu: Mahâlat; Septante: MasXIG), mot hébreu que les Septante et la Vulgate ont transcrit, sans le traduire, dans le titre du Ps. lu (un), 1, et duPs. lxxxvii (lxxxviii), 1. Dans ce dernier Psaume, laVulgate écrit Maheleth. — La signification de ce mot estincertaine. D’après les uns, il signifie maladie, sens dumot mal.tâléh, II Par., xxi, 15; Prov., xviii, 14, ou mahàldh, Exod., xv, 26; xxiii, 25; I (III) Reg., viii, 37; II Par., vi, 28, et s’applique à deux Psaumes composésà l’occasion d’une maladie. Mais si cette applicationconvient au Ps. lxxxvii, elle ne convient pas égalementau Ps. lu. D’après d’autres, il désigne un instrument àcordes. Gesenius, Thésaurus, p. 476; Id., Wôrterbuch, 12e édit. (Fr. Buhl, 1895, p. 412); d’après d’autres encore, un chant ou un air particulier. Frz. Delitzsch, Psalmen, 4e édit., 1883, p. 409, l’entend d’un air triste. Aquila arendu mahâlat par èm xopzta; Symmaque, par Sii-/opoO; Théodotion, par ûitèp zrç -/opsfa; ; saint Jérôme, dans sa traduction sur l’hébreu, par per chorwm. Citésdans Origène, Hexapl., in loc, t. xvi, part, i, col. 847850. Cette indication «pour la danse» n’est pas en rapportavec le contenu des Psaumes. En résumé, la significationde niahâlaf est douteuse, comme celle de plusieursautres mots qu’on lit dans le titre des Psaumes.Cf. Frd. Bæthgen, Die Psalmen, 1892, p. xviii.

    1. MAES André##

MAES André, en latin Màsius, commentateur catholique, né à Linnich, près de Bruxelles, le 30 novembre1514, mort à Levenaar le 7 avril 1573. Il voyagea beaucoupen Allemagne et en Italie et fut le secrétaire deJean de Weze, évêque de Constance, archevêque deLunden et abbé de Reichenau. Il eut à remplir diverseslégations à Rome et devint conseiller du duc de Clèves, Guillaume. Il a composé un important commentairesur le livre de Josué: Josue imperatoris historia illustrataatque explicata, in-f°, Anvers, 1574. À la fin setrouve: In Deuteronomii c. xri et seq. Annotationes.Cet ouvrage de A. Mæs a été inséré dans le t. il desCritici sacri et Migne l’a reproduit dans les t. vu et vmde son Cursus completus Scripturx Sacrse. On a ausside lui: De paradizo commentarius, in-12, Anvers, 1569, traduit du syriaque de l’évêque Moïse de Bar-Cépha, accompagné de plusieurs pièces; il a été réimprimédans la 2e édition des Critici sacri; Disputatio deComa Domini, Anvers, 1575. — Voir Valère André, BibliothecaBelgica, 1643, p. 51; Paquot, Mémoires pourservir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, 1766, t. ix, p. 197; Biographie nationale, Bruxelles, 1894-1895, t. xm.

col. 119-125.

B. Heurtebize.

    1. MAGALA##

MAGALA (hébreu: ham-ma’egâlâh; Septante: (rrpoYYÛXuoiç, «rondeur, rond» ). Le terme hébreu ne désignepas une localité de ce nom, comme l’a compris laVulgate, mais le camp de l’armée israélite que Saül avaitconduite contre les Philistins. David se rendit au camppour porter des provisions à ses frères qui étaient aunombre des soldats de Saûl. I Reg., xvii, 20. Un peuplus loin, xxvi, 57, la Vulgate a traduit le même motma’egâlâh par «tente», mais là aussi il signifie «camp» du roi Saûl. Cette expression, dérivée de’dgal, «rouler» comme une roue, ou de’âgâlàh, «char,» se disait d’un campement, sans doute parce qu’on lefortifiait en plaçant tout autour des chariots qui lui servaient de retranchement et de défense. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 989.

    1. MAGALHAENS Côme##

MAGALHAENS Côme, né à Braga en 1553, mort àCoïmbre le 9 octobre 1624. Admis dans la Compagniede Jésus en 1567, il enseigna sept ans les humanités etla rhétorique, huit ans la théologie morale et quatre ansl’Ecriture Sainte. Ses ouvrages d’exégèse sont nombreuxet importants. Ce sont: 1° Commentant in Canticuniprimum Mosis, Lyon, 1609; 2° De ecclesiastico principatulibri très,-in quibus Epistolx très B. Pauli Apostoliquse pontificisevocari soient, commentariis illustrantur rLyon, 1609; 3° In sacram Josue historiam commentariorumtomi duo, Tournon, 1612; 4° In Mosis canlicaet benedicliones patriarcharum commentariorun libriquatuor, Lyon, 1619; 5° In sacram Judicum historiamexplanationes et annotationes morales, Lyon, 1626. Ilnous reste encore de lui en manuscrit Eayplanatiopanegyricaincap. XII Apocalypsis «Signum magnum, apparuit in cœlo». P. Bliard,

    1. MAGDAL##

MAGDAL, MAGDALUM (hébreu: Migdôl; Septante: MocySwXov), nom d’une seule localité d’Egypte, selon les uns; de deux localités, selon les autres. LaVulgate a rendu le nom hébreu Migdôl par Magdalumdans Exod., xiv, 2; Num., xxxiii, 7, et Jer., xliv, 1; xlvi, 14; par turris, «tour,» dans Ezech., xxrx, 10; xxx, 6, où elle traduit; a turre Syenes usque ad terminosMthiopix, «depuis la tour de Syène [jusqu’auxfrontières de l’Ethiopie],» au lieu de: «Depuis Migdôljusqu’à Syène [et aux frontières de l’Ethiopie].» Le motest sémitique et signifie» tour». Il entre dans la compositionde plusieurs noms propres de lieux: Magdalel, Magdalgad, Mk/dol-’dder. On le trouve assez fréquemment

en Egypte, sous la forme, /^t ^^! | À LE, pe-mâlttal, dans les inscriptions de la XIX «et de la XXe dynasties, époque où les pharaons introduisirent dans leurlangue un certain* nombre de mots empruntés auxSémites. Plusieurs tours ou forteresses ainsi nomméesfurent construites sur la frontière orientale de l’Egypte.On les distinguait les unes des autres en ajoutant aumot maktel, le nom du roi qui les avait bâties, Séti I er, Ménephtah, Ramsès II. Une Magdal est nommée dans unedes lettres trouvées à Tell el-Amarna, et écrite au pharaond’Egypte par le roi d’Accho (plus tard Ptolémaïde).Voir W. Budge, History of Egypt, 1902, t. iv, p. 228.

1. MAGDAL, forteresse égyptienne située à la pointeseptentrionale du golfe de Suez, près de Phihahiroth.Exod., xiv, 2; Num., xxxiii, 7. Les Israélites campèrentdans son voisinage, immédiatement avant le passage dela mer Rouge. Il est impossible d’en déterminer la positiond’une manière plus précise. Elle faisait probablementpartie de la ligne de fortifications qui défendaitalors la frontière orientale de l’Egypte contre les invasionsdes tribus pillardes du désert. Une inscription deSéti I er nous apprend que ce pharaon, à son retour deSyrie, passa par un endroit ainsi nommé lorsqu’il entradans son royaume. H. Brugsch, Geographische Inschriften, Leipzig, 1857-1860, Tafel xlviii, n° 1266 b. Cf.Chahas, Mélanges égyptologiques, ne série, p. 128-129.

2. MAGDAL, localité d’Egypte mentionnée dans Jérémie, xliv, 1; xlvi, 14, et dans Ézéchiel, xxix, 10; xxx, 6. Jérémie nous apprend que, de son temps, des Juifsdemeuraient à Magdal et dans plusieurs autres villesd’Egypte; il leur reproche leur conduite et leur préditqu’ils n’échapperont pas à Nabuchodonosor, roi de Babylone, non plus que le pays où ils ont voulu chercherun refuge. Ézéchiel annonce que l’Egypte sera dévastéedepuis Magdal jusqu’à Syène. Syène marquant la frontièreméridionale, Magdal doit marquer la frontière

septentrionale. C’est une locution correspondant à laphrase égyptienne «depuis les étangs de papyrus iusqu’àAbu (Éléphantine)».W. Budge, Ristory of Égypt, 1902, t. vii, p. 9. La Magdal de Jérémie et celle d’Ézéchiel sont-ellesla même? C’est vraisemblable. Puisqu’ils étaientcontemporains, ils ont dû désigner la même ville par lemême nom. Cette Magdal est-elle la même que celle del’Exode ou une forteresse ainsi appelée et encore plusseptentrionale? Il n’est pas possible de trancher la questionavec certitude. Tout ce que l’on peut observer, c’estque l’Itinéraire d’Antonin (Recueil des itinéraires anciens, in-4°, Paris, 1845, p. 46) mentionne un Magdalasitué plus au nord que la Magdal proche de Phihahiroth, à dou/.e milles romains au sud de Pclusc, et que sa siluaplus particulièrement sur l’autorité du nombre des manuscrits, paraissent généralement favorables à Magedan.Les exégètes, les géographes surtout, frappés de l’existencesur la rive du lac de Génézareth d’une Magdalaattestée par les écrivains juifs et par la persistance dunom dans le village actuel d’el-Medjdel, inclinent plutôtpour la leçon Magdala: Quelques-uns, tout en acceptantMagedan pour la leçon authentique, pensentque saint Matthieu a cependant eu en vue la Magdala desTalmuds et de l’histoire, patrie de Madeleine et identiqueau Medjdel moderne. Cf. Robinson, BiblicalResearches in Palestine, Boston, 1841, p. 277-278; deSaulcy, Dictionnaire, lopographique abrégé de la Terre-Sainte, Paris, 1877, p. 215; V. Guérin, Galilée, t. i,

168. — Magdala. D’après une photographie dû M. L. Heîdet.

tion convient à ce que dit Ézéchiel. F. L. Griffîth, dansIlastings, Dictionary of the Bible, t. iii, p. 367.

F. Vigouroux.

    1. MAGDALA##

MAGDALA (grec: Ma^âXa, forme araméenne correspondantà l’hébreu migdal, oumigdol, «tour» ou «forteresse» ), ville de Galilée, sur la rive occidentaledu lac de Tibériade (fig. 168).

I. Magdala dans l’Évangile. — Le nom de Magdalase lit dans un grand nombre de manuscrits grecs desÉvangiles onciaux ou minuscules, dans la versionsyriaque sinaïtique, dans plusieurs des manuscrits desversions syriaque Peschito, arménienne, éthiopienne etcopte, à la place de Magedan, Magadan ou autres variantesqui se lisent dans les autres manuscrits. Matth., xv, 39. Magdala et Magdalan se trouvent encore au lieude Dalmanutha, Marc., viii, 10, dans la version gothiqueet une multitude de manuscrits de la version copte. Cf.Tischendorf, Novum Teslamenlum grssce, editio 8°critica major, Leipzig, 1872, t. i, p. 92, 295. Magdalaou ses variantes dans saint Marc est universellementconsidérée comme une correction. Pour saint Matthieules sentiments sont partagés. Les critiques, se fondant

p. 203-208; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, p. 365, 369; Buhl, Géographie desalten Patâstina, 1896, p. 226, etc. La difficulté provenantdu site de Dalmanutha n’existe pas pour ceux qui, avec Fùrrer, placent cette localité à la ruine appeléeMiniéh, ou pour ceux qui, comme V. Guérin, Galilée, t. i, p. 205, croient pouvoir la chercher dans quelques-unesdes ruines voisines d’el-Medjdel. Voir Dalmanutha, t. ii, col. 1209-1211.

II. Situation. — Quoi qu’il en soit, Magdala est unelocalité implicitement désignée par l’Évangile dans lenom de Marie-Madeleine, Maria Magdalene, qui équivautà «Marie de Magdala» ou de «Migdal». Les auteursqui acceptent la leçon Magdala s’accordent à reconnaîtrecomme identiques la Magdala près de laquelleaborda le Sauveur après la multiplication des sept painset des deux poissons, et la Magdala, patrie de Madeleine.

— Saint Matthieu, xxvii, 55-56, saint Marc, xv, 40-41, etsaint Luc, xxiii, 49, 55, indiquent la pajrie de Madeleineindirectement en Galilée, quand ils nomment Marie-Madeleineparmi les saintes femmes venues de Galilée quisuivaient le Sauveur. Les Évangélistes ne fournissent au

cun indice permettant de distinguer la patrie de la saintedes nombreux Migdal épars en Galilée. Les Talmudsconnaissent une Magdala dans le voisinage de Tibériade, à moins d’une mesure sabbatique, selon Talm. de Jérus., Eroubin, v, 1; ou Migdal Nounia, «le Migdal des poissons,» à un mille de la ville, Talm. de Babyl., Pesahim, 46 6. Le Midrasch Ekka, ii, 2, ajoutant que cette villefut détruite à cause de la profonde corruption de seshabitants, fait peut-être une allusion générale aux faitssignalés d’une manière particulière et mystérieuse parles évangiles quand ils parlent de Marie. Marc, xvi, 9; Luc, viii, 2. Cf. Ad. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 216-218; J. Schwarz, Tebuoth ha-Arez, édit. Luncz, Jérusalem, 1901, p. 228. La tradition topographiquedes saints lieux n’a point cessé, depuis leiv 8 siècle, de désigner aux pèlerins, comme patrie deMadeleine, Magdala, sur la rive du lac au nord deTibériade et à la limite sud-ouest du Ghoueir, l’antiqueplaine de Genèsar, Vel-Medjdel des Arabes.

III. Tradition historique. — Au rv’siècle, Pierrede Scbaste, frère de saint Basile le Grand, dans son «Livre de la Démonstration» dont le texte grec estperdu, mais dont Eutychius, patriarche melchite d’Alexandrie, nous a conservé des fragments traduits par luien arabe, en appelait à l’église de Medjdel en témoignagede la divinité de Jésus: «L’église d’el-Medjdel, voisine de Tibériade, disait-il, atteste que le Messie achassé les sept démons qui se trouvaient en Marie-Madeleine.» Eutychius patriarca Alexandrinus, auctoreAbramo Echellensi maronita à Libano, Rome, 1661, p. 234-236; dans El-machriq, V" année, 1902, p. 485.Vers 330, Theodosius indique «de Tibériade à Magdaiumd’où fut Marie Madeleine, deux milles (environ troiskilomètres); de Magdal jusqu’aux Sept-Fontaines, cinqmilles (sept kilomètres et demi)». De Terra Sancta, dans Tobler et Moliiiier, Genève, 18774880, t. i, p. 72.Saint Willibald, compagnon de saint Boniface, vers 780, ’après avoir visité Tibériade «suit le littoral, et arriveau village de Madeleine. De là il se rend au bourg deCapharnaum, puis il poursuit jusqu’à Bethsaïde». Hodœporicon, ibid., p. 260. Au ixe siècle l’église sembleavoir été ruinée, le Commenioralorium de Casis Dei, rédigé vers 808, ne la cite pas parmi les «Maisons deDieu» de la Galilée. Cf. ibid., p. 301-304. Le moineÉpiphane hagiopolite, au Xe siècle, constate de nouveau, que, «à deux milles environ d’Heptapegon (les Sept-Fontaines), il existe une église et la maison de la Madeleine, dans la région appelée Magdala, où le Seigneur la guérit; en quittant cet endroit on va à Tibériade.» DescriptioTerrœSanctæ, t.cxx, col. 270. L’higoumène russeDaniel, en 1106, fait également mention de la maisonde Marie-Madeleine que Jésus délivra de sept démons, non loin de l’église consacrée aux apôtres [à l’Heptapegon]; l’endroit se nomme Magdalia. Vie et Pèlerinage, dans Itinéraires russes en Orient, édit. Khitrowo, Gen., 1889, p. 64. Cf. aussi Fretellus, Liber locorumsanctæ terra* Jérusalem, t. clv, col. 1043-1044; Jean deWûrzbourg, ùescriptio T. S., ibid., col. 1071; Eguesippe, Tractatus de distantiis locorunt, Terræ Sanctæ, Pat. gt, t. cxxxiii, col. 995; anonyme, dans M. de Vogué, LesÉglises de la Terre-Sainte, Paris, 1860, p. 422-423; Theodoricus, Libellus de Locis sanctis, édit. Tobler, Saint-Gall et Paris, 1865, p. 102; Ricoldo, Liber peregrinationis, dans Peregrinationes medii mvi quatuor, 2e édit. Laurens, Leipzig, 1873, p. 106; cf. Burchard duMont-Sion, Descriptio Terræ Sanctæ, ibid., p. 40; Odoricde Pordonone, eriFrioul, i)e Terra Sancta, ibid., p. 147

IV. État actuel. — Le village à’el-Medjdel est situéà quatre kilomètres, au nord-ouest de Tibériade, à lamême distance au sud-ouest du Khirbet Miniéh, lui-mêmeà un kilomètre et demi vers l’ouest des fontainesA’Aïn-Tabagha, VHeptapegon ou «les Sept-Fontaines» des anciens, sur le bord du lac, à l’endroit où le rivage fléchit vers le nord-est, à l’extrémité du Ghoueirqui se développe devant lui comme un immense etplantureux jardin arrosé de nombreux ruisseaux, aupied de la montagne escarpée qui ferme au midi Vouâd’el-Hamdm, la célèbre vallée d’Arbèle. Voir Arbèle, t. i, col. 886. Une trentaine de maisons au plus composentle village. Carrées et petites, bâties grossièrementavec des pierres noires de basalte, et disposées sansordre, elles sont ordinairement surmontées de tentes defeuillages ou de roseaux sous lesquelles les habitantsviennent chercher un peu de fraîcheur surtout pendantles nuits d’été. Le petit monument à coupole bâtiau sud-ouest recouvre le tombeau d’un personnage musulmanvénéré de la population. À travers le plateauresserré entre la montagne et le lac sur lequel s’élèvele village, on remarque de nombreux mais informesdébris de vieux murs. On croit reconnaître sur le rivagedu lac, dans deux fragments de muraille trèsépais, les restes d’une ancienne tour. Au nord, uneruine assez grande et de forme rectangulaire sembleavoir appartenu à une autre forteresse. Rien de caractéristiquen’indique l’emplacement de l’antique église.Deux ou trois séders, un vieux figuier et un palmiersont les seuls arbres dont l’ombre s’étend sur Medjdel.La population est d’environ cent vingt personnes, composéed’éléments d’origines diverses, bédouins, fellahîn, égyptiens, perses et autres, et toute musulmane.

L. Heidet.

MAGDALEL. (hébreu: Migdal-’Êl, «la tour deDieu;» Septante: MeYaXa «pt|x, par suite de l’altérationdu nom de Magdalel et de la juxtaposition du nom suivantHorem; voir Horem, t. iii, col. 753), ville forte dela tribu de Nephthali. Jos., xix, 38. Elle est nomméeentre Jéron et Horem. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica, édit. Larsow et Partbey, 1862, p. 270, 271, l’appellent Magdiel et la placent entre Dor ( Tantourah)et Ptolémaïde, à neuf milles romains, dit Eusèbe, àcinq milles, dit saint Jérôme, de Dor, c’est-à-dire qu’ilsl’identifient avec V Athlit actuelle, ancienne place forteconnue du temps des Croisades sous le nom de CastellumPeregrinorum. Voir V. Guérin, Samarie, t. H, p. 285-292. Cette identification n’est pas admissible, parcequ’Athlit ne faisait pas partie du territoire de Nephthali:

— Conder croit que Magdalel est le Mudjeidel actuel.Tent Work in Palestine, t. ii, p. 338; Survey of WesternPalestine, Memoirs, 1. 1, p. 91, 137. C’est un villagebâti en pierre, où se trouvent plusieurs maisons ruinées.II se trouve sur une colline couverte de figuiers et d’oliviers.On y remarque d’anciens pressoirs taillés dans leroc et comprenant deux compartiments, des tombeauxégalement taillés dans le roc et des sarcophages. Le villagea une source, des citernes et des piscines. Cf. V.Guérin, Galilée, t. ii, p. 406-409. F. Vigouroux.

    1. MAGDALGAD##

MAGDALGAD (hébreu: Migdal-Gdd, «tour deGad ou de la Fortune;» Septante: Mafixhix>.yoiS), villede la tribu de Juda, dans la Scphéla. Jos., xv, 37. Elleest] nommée entre Hadassa, t. iii, col. 323, et Déléan, t. ii, col. 1340, dans le second groupe des villes dela plaine. Eusèbe et saint Jérôme la mentionnent sousle nom de Magdala. Onomastica sacra, édit. Larsow etParthey, p. 268, 269. On y avait rendu probablement unculte au dieu Gad, la Fortune. Voir Gad, ii, 2°, t. iii, col. 25. Son nom se retrouve encore aujourd’hui dansle village d’el-Medjdel, à demi-heure de marche environà l’est d’Ascalon. El-Medjdel, que nous avons visité en1899, est un des plus importants villages de l’antiqueplaine des Philistins. Il est situé au milieu de jardins quise distinguent par leur riche végétation, par leurs grandssycomores et par leurs beaux palmiers. Les rues sontplus larges qu’elles ne le sont communément ailleurs enOrient; les maisons sont en pierre et spacieuse». Onremarque autour de la mosquée et de plusieurs maisons

des colonnes antiques et des pierres sculptées. Ce village a un bazar assez bien approvisionné. V. Guérin, pour établir l’identification de Magdalgad et A'él-Mëdjdel, s’appuie, Judée, t. ii, p. 131, sur la ressemblance dunom moderne avec le nom ancien et aussi sur sa position. C’est cependant à cause de son site que plusieurssavants rejettent cette opinion; ils pensent que Magdalgad ne devait pas être si loin à l’ouest, en plein paysdes Philistins. Riehm, Handwôrterbuch des biblischenAlterlums, 2e édit., p. 1013. Quelques-uns croientretrouver Magdalgad dans les ruines d’el-Medjeléh, àhuit kilomètres au sud de Beitdjibrin (cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 362), ou dans celles de Khirbet Medjdil, à vingt-un kilomètres au sud de Beitdjibrin, deux nomsqui rappellent les tours ou niigdôl qui se sont élevéesautrefois en ces lieux. — Quelques commentateurscroient que Magdalgad est le Magdolos auprès duquelNéchao II gagna une bataille contre les Syriens, versl’an 610, d’après Hérodote, t. ii, 159.

F. Vigouroux.MAGDALUM. Voir Magdal.

MAGDiEL (hébreu: Magdî'êl; Septante: MayeSi-W, l’avant-dernier des chefs Çallûf) du pays d'Édom, parmiles descendants d'Ésaû, nommés dans la Genèse. Il succéda à Mabsar et eut lui-même pour successeur Hiram.Gen., xxxvi, 43; I Par., i, 54.

MAGE (grec [au pluriel]: u.âyoi; Vulgate: magi), nomdes personnages qui vinrent d’Orient à Bethléhem pouradorer l’enfant Jésus. Matth., ii, 1-12. Dans les versions, Lev., xix, 31; xx, 6; I Reg., xxviii, 3, 9; II Par., xxxiii, 6; Dan., i, 20; ii, 2, 10, 27; iv, 4; v, 7, 11, 15, et dansles Actes, viii, 9; xiii, 6, 8, ce nom revient plusieurs fois, mais pour désigner de simples magiciens. Voir Magie.

I. Les magks en Médie et en Perse. — 1° Leur origineet leur genre de vie. — Dans son récit de la prise deJérusalem, Jérémie, xxxix, 3, 13, nomme, parmi lesgrands officiers qui accompagnaient Nabuchodonosor, un certain Séréser, qualifié de rab-mâg, ce dont lesversions font un nom propre: 'Paënây, Rebmag.L’hébreu mâg correspond à l’assyrien mahthû, quidevient magu dans l’ancien perse et moghu dansl’ancien bactrien. Cf. Buhl, Gesenius' Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 418. Le rab^mâg est le chef des mages.— Les mages étaient, chez les Mèdes, les descendantsd’une des anciennes peuplades qui avaient servi àconstituer la nation. Hérodote, I, 101. Isolés peu à peudes autres, ils formaient une caste très distincte, quiavait dans ses attributions le service du culte. Tous lesmages ne devenaient pas ministres de ce culte, mais tousles ministres du culte appartenaient à la caste desmages. Cf. Porphyre, De abstïn., iv, 16. Les mages sedivisaient en plusieurs classes ayant leurs privilèges etleurs devoirs distincts. Il y avait parmi eux des interprètes des songes, de véritables magiciens, et, dans lesrangs élevés de la caste, des sages parmi lesquels onchoisissait le chef suprême. Ceux qu’on vouait au servicedu culte y étaient préparés dès l’enfance par une instruction appropriée et recevaient ensuite une initiation spéciale. Ils menaient une vie austère, étaient assujettis àun grand nombre de règles de pureté concernant leurpersanne et les objets du culte, gardaient un extérieurdigne et modeste, ne mangeaient pas de viande ou dumoins en restreignaient l’usage, etc. On leur reprochaitles mariages qu’ils contractaient malgré les liens lesplus étroits de la parenté; mais l’ensemble de la casteavait une tenue et même pratiquait des vertus qui luiconciliaient l’estime des grands et du peuple tout entier.Le roi seul, en sa qualité de représentant direct d’Ormuzd, pouvait se dispenser de leur ministère pour offrirdes sacrifices. Cf. Hérodote, i, 132; Xénophon, Cyropssd., VIII, iii, 9; Rapp, Die Religion und Sitte der Perser,

dans la Zeitschrift der deutschen morgenl. Gesellsch., 1866, t. xx, p. 68-94; Maspero, Histoire ancienne despeuples de l’Orient, t. iii, 1899, p. 592-595.

2° Leur histoire. — À l'époque de Nabuchodonosor, laChaldée n’avait plus en face d’elle, au nord et à l’est, quel’empire méde, comprenant la Perse, la Médie, l'Élamet l’Arménie. Mais précédemment, sous Assurbanipal, l’empire assyrien englobait dans son domaine l'Élam etune bonne partie de la Médie. La caste des mages avaitdonc pu étendre son action religieuse dans cet ancienempire et la continuer sous la domination chaldéenne; autrement il faudrait admettre que le nom de «mages» était passé à des prêtres assyriens ou chaldéens.Toujours est-il que, dans les inscriptions, le nom derab-màg est attribué comme qualificatif, sous la formeru-bu-u i-im-ga, au père de Nabonide, roi de Babylone.Cf. Schrader, Die Keilinschriften und das A. T., 1883, p. 417-421. Il n’est donc pas étonnant que cette appellation se lise dans Jérémie, xxxix, 3, 13. L’influencedes mages, prédominante chez les Mèdes, surtout sousle règne d’Astyage, fut moins tolérée par les Perses, sous Cyrus et sous son fils Cambyse. En 521, une révolution éclata contre ce dernier. Un mage nommé Gaumâta, doué d’une ressemblance étonnante avec Smerdis, frèrede Cambyse, depuis longtemps disparu, se fit passer pourSmerdis lui-même. Peu de mois après, l’imposture futdécouverte, Gaumâta mis à mort et Darius, fils d’Hystaspe, installé roi à sa place. Une fête, appelée jia-f0ç<5via, futalors instituée en Perse, en souvenir du massacre desmages qui avait eu lieu dans le palais. Hérodote, iii, 67-79; Ctésias, Persic, 10-15. Les mages n’en gardèrentpas moins une haute situation dans l’empire des Achéménides. Ce furent eux qui interprétèrent un songe deXerxès et le déterminèrent à son expédition contre laGrèce. Hérodote, vil, 19. Pendant l’expédition, ils tirentun sacrifice de chevaux blancs sur les bords du Strymonet y accomplirent des rites magiques. Hérodote, vii, 1! 3, 114. Cicéron, De leg., ii, 10, les accuse d’avoirpoussé à la destruction des temples de la Grèce.

3° Leur religion. — La religion des mages était cellequ’un sage, Zoroastre, sur l’existence et l’action duquelon n’a que des données problématiques, avait consignéedans l’Avesta. Cette religion reconnaissait un dieu su-*prême, Ahuramazda ou Ormuzd, ayant au-dessous delui six Amschaspands préposés aux règnes de la natureet, à un degré inférieur, des milliers de Yazàtas ou Izeds, veillant au bon fonctionnement des êtres. À la tête deces derniers se trouvait Mithra, le ciel lumineux, plustard identifié avec le soleil. À Ormuzd s’opposait legénie du mal, Angromainyus ou Ahriman, commandantaux Devas ou démons. Cf. Le Hir, Études bibliques, Paris, 1869, t. ii, p. 187-212. Sous sa forme élémentaire, , cette religion avait été commune aux Perses, aux Mèdes.et aux Bactriens. Les mages de Médie la réformèrent eten codifièrent les dogmes et les pratiques. Ces dernièresétaient multiples et compliquées. Les mages regardaientle feu comme le fils d’Ormuzd et la production divinepar excellence. Us l’entretenaient perpétuellement surdes autels; ils s’abstenaient, comme d’un sacrilège, dele souiller par le souffle de l’haleine humaine ou par lecontact d’un cadavre ou d’un objet impur; ils tenaientau contraire pour œuvre pie la peine qu’on prenait del’alimenter. Le prêtre était appelé atharvan, «hommedu feu.» Ce culte entraînait celui du soleil, «œild’Ormuzd.» On attribuait aussi une vertu bienfaisanteà la lune, aux astres et aux signes du zodiaque. Laconstellation du Chien jouissait d’une considérationparticulière, parce que l’Avesta respectait le chien àl'égal de l’homme. La même religion, caractérisée parle culte d’Ormuzd et l’absence d’idoless régnait chez lesPerses et chez les Mèdes, à quelques différences près.La principale consistait en ce que les mages de Médiele contentaient d’exposer à l’air les cadavres, pour ne;

souiller ni la terre, ni le feu, ni l’eau, tandis que lesPerses les enterraient. Cf. Dôllinger, Paganisme etJudaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, -1858, t. ii, p. 177^04; J. Darmesteter, Ormuzd et Ahriman, Paris, in-12, 1877; Id., Essais orientaux, in-8°, Paris, 1883; Id.>Études iraniennes, in-8°, Paris, 1883, t. n; Id., Éludessur l’Avesta, in-8°, Paris, 1883; Id., Le Zend-Avesta, traduction nouvelle avec commentaire, 3 in-4°, Paris, 1892-1893; C. de Harlez, Les origines du Zoroaslrisme, dans le Journal asiatique, Paris, août-septembre 1880; Religion mazdéenne ou avestique, dans le Dict. apologét, de Jaugey, Paris, 1889, p. 2759-2766; de Broglie, Coursde l’histoire des cultes non chrétiens, Paris, 1881, p. 20-42; Maspero, Histoire ancienne, t. iii, p. 571-595; Lagrange, La religion des Perses, dans la Revue biblique, janvier 1904, p. 27-55.

4° Leurs rapports avec les Juifs. — Bien que lareligion des mages ait eu à souffrir de l’invasion successivedes Grecs et des Parthes, le culte d’Ormuzdne disparut pas et les temples du feu continuèrent àsubsister dans les pays occupés par la race iranienne.La captivité et ensuite la dépendance de l’empire persesous laquelle ils vécurent pendant deux cents ans, avaient fourni aux Juifs l’occasion de se familiariseravec les doctrines et les pratiques des mages, qui, enbeaucoup de points, ressemblaient assez aux leurs.Cf. S. Jérôme, In Dan., x, 13, t. xxv, col. 555. Il y eutune certaine influence réciproque, et, chez les Israélites «tout indique, non une imitation, mais un développementoriginal des idées juives, qui a pu être, il estvrai, provoqué et accéléré par le voisinage d’idées analogues». De Broglie, Cours de l’hist. des cultes nonchret., p. 42. Cf. de Harlez, La Bible et l’Avesta, dansla Revue biblique, Paris, 1896, p. 167-172; E. Stave, Ueber den Einfluss des Parsismus auf dos Judentum, Leipzig, 1898. La vie ascétique des mages ne laissa pasde causer aux Juifs quelque admiration. Philon, Quodcmnis probus liber, 11, 12, édit. Mangey, t. ii, p. 456457, en parle avec éloges et luj compare celle desgymnosophistes et des esséniens. On a même cru queces derniers avaient subi l’influence du parsisme. Cf.Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im ZeitJ.-C, Leipzig, 1898, t. ii, p. 574. Néanmoins quelquespratiques singulières des mages, celles surtoutauxquellesse livraient les mages inférieurs, leur attirèrent mauvaisrenom; c’est ce qui fit que le nom de (m-pt, tnagi, servit à désigner la magie et les magiciens.

II. Les mages a Bethléhem. — i° Ce qu’ils étaient. —1. Saint Matthieu parle des mages sans donner aucuneexplication sur leur qualité. Il suppose donc que le nomseul suffit pour les désigner à ses contemporains. Lesmages étaient des personnages appartenant à cette castequi fournissait les ministres du culte aux Mèdes et auxPerses, et qui d’ailleurs étaient renommés dans lemonde connu alors. Hérodote, vii, 37, etc.; Xénophon, Cyrpped., viii, 1, 23; Lucien, Macrob., 4, etc.Quelques Pères ont pris ce nom de mages en mauvaisepart et ont vu en ceux que désigne l’évangéliste<Ie purs magiciens, plus ou moins adonnés aux sortilègeset en rapport avec les démons. Cf. S. Justin, Vont. Tryphon., 78, t. vi, col. 660; Origéne, Cont.Gels., 1, 60, t. xi, col. 769; S. Augustin, Serm. xx, deEpiph., ii, 3, 4, t. xxxviii, col. 1030; S. Jérôme, In h., xix, 1, t. xxiv, col. 250. Bien, dans le récit évangélique, n’autorise cette manière de voir. Les mages devaientêtre bien plus vraisemblablement des hommes sages etpieux, choisis parmi les meilleurs et les plus religieux<Ie leur caste, dignes représentants de cette religion quitut «l’une des plus semblables au judaïsme et au christianismequi aient jamais existé». De Broglie, Cours del’hist. des cultes non chrét., p. 36. Strabon, XI, IX, 3; XV, iii, I, dit que les mages composaient l’un des deux.grands conseils du roi des Parthes, et qu’ils s’adon

naient à une vie de piété. Peut-être qu’en les appelant, Dieu voulait récompenser leur nation de la délivranceet de la protection jadis accordées à son peuple, demême qu’en se rendant en Egypte, le Sauveur marquaitsa gratitude pour l’hospitalité autrefois offerte aux Hébreux.— 2. Les mages n’étaient pas des rois. L’opinionpopulaire qui leur prête ce titre s’appuie sur le textedu Psaume lxxii (lxxi), 10: «Les rois de Tharsis etdes îles lui paieront tribut, les rois de Séba et de Sabaoffriront dés présents, tous les rois se prosternerontdevant lui.» Ce texte revient d’ailleurs à plusieurs reprisesdans l’office de l’Epiphanie. Le Psaume d’où ilest tiré se rapporte littéralement au règne de Salomonet spirituellement au règne du Messie, auquel les roiset les grands de la terre rendront hommage dans lasuite des siècles. Mais les mages ne sont pas spécialementvisés, bien qu’ils aient été les prémices de tousces adorateurs venus de la gentilité. L’on ne peutdonc pas conclure de ce texte qu’ils étaient rois, pasplus du reste qu’on ne pourrait, en vertu du mêmeprincipe, les faire venir de Saba ou de Tharsis. L’idéede la royauté des mages est d’ailleurs étrangère à tousles anciens Pères; on ne la trouve exprimée que dansdes textes apocryphes. Tertullien, Adv. Jud., 9; Cont.Marcion., iii, 13, t. ii, col. 619, 339, dit seulement qu’enOrient les mages étaient presque des rois, fere reges, ce qui est conciliable avec la grande autorité dont jouissaientles plus élevés d’entre eux. De même en effet quesous Nabuchodonosor il y eut un rab-mâg, chef desmages, qui prenait rang parmi les premiers officiers duroyaume, Jer., xxxix, 3, ainsi y eut-il plus tard, sousles Sassanides, un gouverneur de province qui portaitaussi le nom de masmaghan, chef des mages. Cf. Curci, Lezioni sopra i quattro Evangeli, Florence, 1874, t. i, p. 322; Fouard, La vie de N.-S. J.-C, Paris, 1880, t. i, p. 88.

2° Leur pays d’origine. — Saint Matthieu, ii, 1, 2, 9, fait venir les mages de l’Orient. Il n’y avait de magesque dans les anciens pays de Perse, de Médie et peut-êtred’Assyrie et de Chaldée, qui alors faisaient partiede l’empire des Parthes. Or, ces pays sont exactementà l’est et un peu au nord-est de la Palestine, dont ilssont séparés par le désert de Syrie, entre Damas et lavallée de l’Euphrate. Bien que le mot «Orient» puissedésigner bien d’autres contrées situées à l’est de laPalestine, on ne peut évidemment pas songer à cellesoù il n’existait pas de mages. Clément d’Alexandrie, iStrom., i, 15, t. viii, col. 777; Diodore de Tarse, dansPhotius, t. ciii, col. 878; saint Cyrille d’Alexandrie, In Is., xlix, 12, t. lxx, col. 1061; Prudence, Cathemer., xii, 25, t. lix, col. 902, etc., font venir les mages de Perse.Saint Maxime de Turin, Homil., xvill-xxviii, in Epiph., t. lvii, col. 262; Théodote d’Ancyre, Hom. de Nativil., i, 10, t. lxxvii, col. 1364, etc., croient qu’ils sont de laChaldée ou Babylonie. Saint Justin, Cont. Tryph., 77, 78, t. vi, col. 657; Tertullien, Adv. Jud., 9; Adv. Marcion., iii, 13, t. H, col. 339, 619; saint Épiphane, Expos, fidei, 8, t. xlii, col. 785, et d’autres en font des Arabes.L’Arabie est au sud-est de la Palestine, mais il n’y avaitpas de mages en Arabie. On peut encore moins songerà l’Ethiopie, ni à d’autres pays indiqués par quelquesauteurs^

3° Leur nombre et leurs noms. — 1. Les Pères supposentordinairement que les mages ont été au nombrede trois. Cf. S. Maxime de Turin, Hom., xvir, deEpiph., 1, t. lvii, col. 259; S.Léon, Serm., xxxi, 36-38, de Epiph., t. liv, col. 235, 254, 257, 260; et plusieurssermons en appendice à ceux de saint Augustin, t. xxxix, col. 2008, 2014, 2018. Cette fixation du nombre des magesà trois a été naturellement inspirée par le nombre desprésents offerts. Mais, étant donné le silence de saintMatthieu sur ce point, on ne peut logiquement conclure dunombre des présents à celui des mages. La tradition

IV.

18

syrienne et la tradition arménienne portent le nombredes mages à douze. Cf. Assemani, Bibl. orient., Rome, 1719-1728, t. iii, 4, p. 309, 316; Journal asiatique, février-mars 1867, p. 159. Parmi les anciens monuments, il en est qui représentent trois mages (fig. 169). Cf. Mar169. — Mages au nombre de trois. Musée de Lalran.D’après une photographie.

tigny, Dict. des antiq. ehrél., Paris, 1877, p. 441, 442; Poraté, Archéol. chrét., Paris, 1892, p. 312; Marucchi, Éléments d’archéol. chrét., Paris, 1899, t. i, p. 197.Ailleurs on voit deux mages, comme dans la peinturedu cimetière des Saints-Pierre-et-Marcellin (fig. 170), ou

170. — Mages au nombre de deux.

Peinture du cimetière des Saints-Pierre-et-Marcellin.

D’après une photographie.

quatre, comme dans la peinture du cimetière de Domitille (fig. 171). Cf. Marucchi, Éléments, 1. 1, p. 318. Sur unvase du musée Kircher, on en compte jusqu'à huit. Ces

naiionale de Paris, les appelle Bithisarëa, Melchior etGathaspa. Un auteur italien, du commencement duix' siècle, les nomme Gaspar, Balthasar et Melchior.Cf. Muratori, Berum Italie, scriptores, Milan, 1723-1751, t. ii, p. 114, t. evi, col. 620. Dans des écrits attribués àBède, t. xciv, col. 541, ils sont encore appelés Melchior, Caspar et Balthasa. Les Syriens leur donnent des nomstout différents: Zarvandad, Hormisdas, Guschnasaph, Arschac, etc. Cf. Assemani, Bibl. orient., t. ni a, p. 316.Chez les Arméniens, ces noms deviennent Kaghba, Badadilma, Badadakharida. Cf. Journal asiatique, février 1867, p. 160. Zacharias de Chrysopolis, t. Clxxxvi, col. 83, et Pierre Comestor, t. cxcxviii, col. 1542, donnentles noms grecs Appelius, Amerius et Bamascus, et lesnoms hébreux Magalath, Galgalath et Sarakin. DansBezold, Die Schatzhôhle, Leipzig, 1883, on trouve lesnoms syriens Hormizd, Jazdegerd et Peroz. Ci. Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 74-81.Tous ces noms sont probablement fantaisistes et d’ailleurs importent peu. Cf. Acta sanclorum, maii t. i, 1780, p. vu-vin. — 3. On a aussi cherché à trouver dans lestrois mages des représentants des trois races qui descendent de Noé. Balthasar, nom chaldéen, désignerait lesdescendants de Sera, qui peuplèrent la Chaldée; Melchior, de malki-'ôr, «roi de la lumière,» représenteraitles hommes du midi, les Égyptiens et les Éthiopiens, fils de Cham; enfin Caspar, habitant des bords de laCaspienne, ou Gaspard, équivalant au nom indien deGudnapar, rappellerait la race de Japhet. On n’a aucuneraison de croire que les mages soient venus de pays sidifférents; tous, du reste, représentaient également legenre humain appelé à saluer son Sauveur.

4° La raison de leur voyage. — 1. Les mages viennentadorer le Sauveur parce qu’ils ont vu «son étoile» enOrient. Voir Étoile des mages, t. ii, col. 2037. Cette étoileétait un signe approprié aux idées religieuses des mages, qui pratiquaient le culte du feu et considéraient lesastres comme des images de la divinité. — 2. Par ellemême, l’apparition du météore ne pouvait que les étonner, il faut donc supposer une inspiration intérieure quidonna aux mages le sens de cette apparition. Cf. S. Léon, Serra., xxxiv, in Epiph., iv, 3, t. liv, col. 245. — S. Enfinl’ensemble du récit évangélique demande encore qu’onprête aux mages la connaissance de la venue future duMessie et le désir de le voir, de le connaître et <! el’adorer. Saint Irénée, Adv. hssr., iii, 9, 2, t. vii, col. 870; Origène, In Num., homil. xiii, 7; xv, 4, t. su, col. 675, 689, et beaucoup d’autres Pères croient que les magesattendaient le Messie sur la foi de la prophétie de Balaam.Num., xxiv, 17: «Une étoile sort de Jacob, un sceptre

171. — Mages au nombre de quatre. Peinture du cimetière de Domitille. D’après une photographie.

personnages ne sont pas habillés en rois, mais ils portent le bonnet phrygien et le costume des riches Persans. Cf. Marucchi, Éléments, t. i, p. 304. — 2. On n’estpas mieux renseigné sur le nom des mages. Un manuscrit de la lin du vne siècle, conservé à la Bibliothèque

s'élève d’Israël.» Mais cette prophétie n'était pas fortclaire par elle-même; d’ailleurs elle datait de trop loinpour qu'à l'époque de la naissance de Notre-Seigneuron pût encore en tenir compte en dehors de la Palestine. Il est beaucoup plus probable que le séjour des

Israélites en Perse durant la captivité avait servi à faireconnaître aux mages les grandes prophéties messianiqueset que cette connaissance avait été entretenue et développée par les nombreux Juifs restés dans ce pays aprèsla captivité. Voir t. ii, col. 239-240. Il n’est pas étonnantd’ailleurs que l’attente d’un Sauveur, alors générale dansle monde entier, cf. Tacite, Hist., v, 13; Suétone, Vespas., 4, eût saisi plus particulièrement l’esprit d’hommesaussi religieux, et aussi réfléchis que les mages.

5° Époque de leur arrivée. — 1. Les mages arrivèrentà Jérusalem «aux jours du roi Hérode» et à une époqueoù Hérode se trouvait dans sa capitale. Matth., ii, 1, 3, 7. Or Hérode mourut à Jéricho vers la fin de mars del’an 750 de Rome (4 avant J.-C). Il était resté quelquetemps dans cette ville et auparavant avait séjourné auxeaux de Callirrhoé. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVII, vi, 5-vm, 1; Bell, jud., i, xxxiii, 6^8. C’est donc tout auplus à la fin de 749 ou au commencement de 750 queles mages ont pu le trouver à Jérusalem. — 2. Il estimpossible de savoir exactement depuis combien detemps le Sauveur était né quand ils arrivèrent. La dateassignée à la fête de l’Epiphanie, treize jours aprèscelle de la Nativité, ne préjuge en rien la question; car

l’adoration des mages a suivi de deux ans la naissance.Cf. Eusèbe, Qusust. evang. ad Steph., t. xxii, col. 933; S. Épiphane, Hser., Ll, 9, t. xli, col. 904; Juvencus, Hist. evang., i, 259, t. xix, col. 95; S. Jérôme, Chron.Euseb., an. 3, t. xxvil, col. 562, etc. La conclusionn’est pas rigoureuse, parce que, pour ne point manquersa victime, Hérode a fort bien pu faire massacrer desenfants un peu plus âgés que celui qu’il voulait atteindre.De fait, à part une représentation de l’enfant Jésus encoredans sa crèche quand les mages l’adorent (fig. 172), cf. Pératé, Archéol. chrét., p. 312, les anciens monuments montrent toujours le divin Enfant sur les genouxde sa mère, souvent même déjà assez grandi. Cf. Garrucci, Storia delV arte christiana, Rome, 1872, t. i, p. 363; Lehner, Marienverehrung in den ersten Jahrhimderten, Leipzig, 1880, p. 334; Cornely, Introd. spécial, in singulos N. T. libres, Paris, 1886, p. 203-205. —4. Du côté des mages, les probabilités semblent aussifavoriser une arrivée assez tardive à Jérusalem. L’Evangile ne dit pas à quel moment l'étoile leur apparut. Oncroit généralement qu’elle commença à se montrer aumoment de la naissance; saint Justin, Cont. Tryph., 106, t. vi, col. 724, avance même son apparition à l'époque

172. — Adoration des mages. Sarcophage du musée de Latran. D’après une photographie.

on sait qu’au courant du iv» siècle les Églises d’Orientcélébraient à la fois, le 6 janvier, la naissance du Sauveur, son adoration par les mages et son baptême, tandisqu'à la même époque, en Occident, on fêtait la naissancele 25 décembre. Les deux usages furent ensuite combinés. Saint Jean Chrysostome, dans un sermon de 386, t. xlix, col. 351, atteste que la fête du 25 décembren'était célébrée à Antioche que depuis dix ans. Elle nefut adoptée que plus tard à Jérusalem et à Alexandrie, Cf. duch*esne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 247-249. L’usage liturgique ne peut donc nullementprouver que les mages soient arrivés à Jérusalem treizejours après la naissance du Sauveur, comme le croyaitsaint Augustin, Serm., cem, 1, 3, t. xxxviii, col. 1035, 1036; De consens. Evang., ii, 5, 17, t. xxxiv, col. 1082.— 3. Voici ce qui paraît se dégager de plus net desrécits évangéliques. Il est impossible d’admettre quel’adoration des mages ait eu lieu avant la présentationde l’enfant Jésus au Temple; car, l'éveil étant donné àla haine d’Hérode, cette présentation eût été impraticable. Cf. B. Triebel, De magis post Jesu in teniploreprissent, advenientibus, dans le Thésaurus de Haseet Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 111-118. De plus, saintLuc, it, 39, d’après certains commentateurs, suppose unvoyage de la sainte Famille à Nazareth après la présentation, sans doute en vue des mesures à prendrepour un établissem*nt définitif à Bethléhem, séjour quesaint Joseph croyait imposé par les circonstances àl’Enfant et à ses parents. Cf. Grimm, Leben lesu, Ratisbonne, 1876, t. i, p. 329. C’est seulement après ce retourà Bethléhem que les mages se seraient présentés. La précaution prise ensuite par Hérode de faire massacrer lesentants de Bethléhem jusqu'à l'âge de deux ans, «selonle temps dont il s'était informé auprès des mages,» Matth., ii, 16, a porté plusieurs Pères à penser que

de l’incarnation, par conséquent neuf mois auparavant.Il n’y a aucun motif pour l’avancer davantage. Or lesmages venaient de Perse; à les supposer partant dePersépolis, le voyage jusqu'à Jérusalem était d’environ2000 kilomètres par la vallée de l’Euphrate et celle duJourdain. Les mages durent employer un certain tempsà faire leurs préparatifs de départ. Leur caravane, vraisemblablement assez nombreuse, s'ébranla et voyageaavec la lenteur habituelle aux Orientaux. Le chameaupeut, il est vrai, fournir une course de 40 à 50 kilomètres par jour, voir Chameau, t. ii, col, 521, ce quieût déjà exigé au moins quarante jours de marche dePerse en Judée. Mais les mages n’allaient pas de ce train; rien d’ailleurs ne les pressait. Bien que l’on ne puisserien préciser, il ressort de toutes ces remarques que lesmages ne parurent à Jérusalem qu’un temps notable après

la naissance du Sauveur, temps qui peut aller de troismois à douze ou quinze. Cf. Greswell, Dissertations on aHarmony of the Gospel, Oxford, 1840, t. ii, diss. xviii.

; 6° Leur séjour en Judée. — 1. Les mages avaient vu

l'étoile dans leur pays et étaient partis après son apparition. Matth., Il, 2. Arrivés à Jérusalem, ils se heurtèrent à l’ignorance du peuple juif qui ne savait rien dela naissance de son Messie et à la malveillance cauteleuse d’Hérode. On les renseigna à l’aide d’une prophétie de Michée, v, 2, et ils partirent pour Bethléhem, quin’est qu'à une dizaine de kilomètres de la capitale. Aleur grande joie, l'étoile se montra de nouveau à leursyeux, et les précéda vers le terme de leur voyage. Lesmages reconnurent que, malgré l’ignorance surprenantedans laquelle ils avaient trouvé les Juifs, eux-mêmesn'étaient pas le jouet d’une illusion. À Bethléhem, etnon à Nazareth, comme quelques-uns l’ont imaginécontrairement à toute vraisemblance (cf. Tillemont, Mémoires pour servir à l’hist. ecclés., Paris, 1693, 1. 1,

! not. 4), ils virent l’Enfant non pins dans l’étable, ainsi que

quelques-uns l’ont pensé à la suite de saint Augustin, Serm. ce, in Epiph., i, 2, t. xxxviii, col. 1029, mais, comme dit formellement le texte, dans une maison, sicxrjv oîxt’ay. Toutes sortes de raisons autorisent, en effet, à supposer que le séjour du divin Enfant dans l’établene se prolongea pas. Les mages se prosternèrent en>.signe d’adoration, comme en présence de la divinité.Bien qu’employé parfois pour exprimer l’hommageoffert à un homme, Gen., xxvii, 29; xxxiii, 3, 6, 7; xxxvii, 7, etc., et la prostration des Perses devant leurroi, cf. Hérodote, vii, 136, le verbe upomuveïv est habituellementemployé par les Septante et les évangélistespour indiquer l’acte d’adoration envers Dieu. Exod., iv, 31; Lev., xxvi, 1; Num., xxv, 2; Matth., IV, 10; Luc, iv.8; Joa., iv, 21, etc. Cf. Adoration, t. i, col. 234. —2. Non contents d’adorer, les mages offrirent des présents, conformément à la coutume invariable des Orientauxquand ils veulent rendre hommage à un personnagemarquant. Rien ne permet d’affirmer que lesmages aient attaché un symbolisme spécial à leurs présents.Mais les Pères signalent ce symbolisme. D’aprèseux, l’encens figure la divinité de celui auquel on l’offre, cf. Encens, t. ii, col. 1772-1774, l’or sa royauté et lamyrrhe son humanité destinée à la mort et à la sépulture.Cf. S. Irénée, Adv. heer., iii, 9, 2, t. vii, col. 871; Origène, Cont. Cels., i, 60, t. xi, col. 772; S. Hilaire, ire Matth., i, 15, t. ix, col. 923; S. Ambroise, In Luc, ii, 44, t. xv, col. 1569; S. Jérôme, ira Matlh., i, 2, t. xxvi, col. 26; S. Grégoire, Hom. in Evang., x, 6, t. lxxvi, col. 1112; S. Pierre Chrysologue, Serm., clviii, clx, t. lii, col. 619, 622, etc. Saint Maxime de Turin, Hom., xxi, t. lvii, col. 270, voit aussi dans l’encens lesymbole du sacerdoce du Christ. D’autres admettent lamême signification ou en imaginent de différentes, avecdiverses applications morales. Cf. Patrizi, De evangeliis, diss. XXVII, p. 348; Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 94.

7° Leur retour. — Sans rien dire de la longueur deleur séjour à Bethléhem, saint Matthieu raconte seulementque les mages furent avertis en songe d’avoir às’en retourner par un autre chemin. Il leur fut aisé deregagner la mer Morte et le passage du Jourdain sansrepasser par Jérusalem. Voir la carte de Juda, t. iii, col. 1760. D’après un auteur dont l’écrit se trouve dansles œuvres de saint Jean Chrysostome sous le litre deOpus imperfeetwm in Matthxum, homil. ii, t. lvi, col. 644, les mages, de retour dans leur pays, furent ensuitebaptisés par saint Thomas et associés à sa prédication.Cet auteur, d’après Montfaucon, t. lvi, col. 607, était arien, et son écrit primitivement composé en latin, selon toute probabilité, n’est pas antérieur à la fin duvie siècle. Lui-même déclare qu’il s’inspire du livreapocryphe de Seth, et il y puise plusieurs traits légendairessur les douze mages qui, de père en fils, observaientles étoiles sur le mont Victorial pour reconnaîtrecelle du Messie, sur l’apparition de l’étoile en forme depetit enfant avec des rayons en forme de croix, sur levoyage qui dura deux ans, etc. Cf. Brunet, Les évangilesapocr-yphes, Paris, 1845, p. 212; Journal asiatique, mars 1867. Le martyrologe fait mémoire de saint Gaspardle 1 er janvier, de saint Melchior le 6, de saintBalthazar le 11. Cf. Act. sanctor. Bolland., t. i, p. 8, 323, 664. Voici ce qu’on raconte au sujet des reliquesdes mages actuellement conservées à la cathédrale deCologne dans un magnifique reliquaire. Retrouvées enPerse par les soins de sainte Hélène, dit-on, elles furenttransportées à Constantinople et de là à Milan, à la findu Ve siècle, par l’évêque de cette ville, Eustorgius, auquell’empereur Anastase I er les avait données. En1163, l’empereur Barberousse, après s’être emparé deMilan, accorda les reliques à Renauld de Dassèle, archevêquede Cologne, qui les emporta dans sa ville épiscopale, où elles sont restées depuis lors, sauf de 1794 à1804, où on les emporta au delà du Rhin, pour les soustraireaux armées révolutionnaires. Cf. Migne, Dict. despèlerinages religieux, Paris, 1851, t. i, col. 481-486.

III. Caractère historique du récit. — 1° Pour lesrationalistes, le récit de l’adoration des mages appartientaux «légendes de l’enfance», postérieures au corpsmême de l’Évangile et dignes d’être mises au mêmerang que les évangiles apocryphes. Le caractère légendairedu récit est encore accusé, prétendent-ils, par sonapparence de joli conte oriental et par le silence que lestrois autres évangélistes gardent à son sujet. — 2° Maisl’adoration des mages est un récit aussi fermementattesté que les autres récits de saint Matthieu; il n’y ad’hésitation à cet égard ni dans les versions, ni dansles anciens manuscrits, ni dans les citations des Pères.Ce récit se relie nécessairement à ceux du massacre desinnocents, de la fuite en Egypte et du retour à Nazareth.L’allégation de saint Luc, ii, 39, faisant retourner lasainte Famille à Nazareth aussitôt après la présentationau Temple, s’explique tout naturellement, en admettantque saint Joseph n’est allé en Galilée avec Marie etl’Enfant que pour revenir aussitôt après s’établir définitivementà Bethléhem. Mais, même en dehors de cettehypothèse, il n’y aurait pas à s’étonner que saint Lucpassât complètement sous silence un fait suffisammentraconté déjà par saint Matthieu, de même que celui-cine dit rien de l’annonciation, des conditions de la naissanceà Bethléhem, de la circoncision, de la présentationet d’autres événements qui ne se lisent que dansle troisième évangéliste. Le silence de saint Marc et celuide saint Jean ne prouvent pas davantage contrel’historicité du récit de saint Matthieu, puisque l’un etl’autre ne commencent leur narration qu’avec la vie publiquede Notre-Seigneur. Saint Jean connaissait certainementce récit, et saint Irénée, Adv. hœres., iii, 9, 2, t. vii, col. 870, représentant fidèle de la traditionjohannique, s’y réfère avec une pleine assurance. Leseul miracle que mentionne ici saint Matthieu, l’apparitiond’un météore lumineux, que la science du tempsne lui permettait pas d’appeler autrement qu’une «étoile», est un miracle analogue à ceux de la lumièreéclatante qui apparut aux bergers, Luc, ii, 9, de lanuée brillante de la transfiguration, Matth., xvii, 5, desténèbres de la Passion, Malth., xxvii, 45; Marc, xv, 33; Luc, xxiii, 44, de la lumière qui aveugla Paul sur lechemin de Damas, Act., ix, 3, etc. La démarche desmages n’a rien que de naturel, si l’on tient compte deleur condition sociale, de leurs préoccupations religieuseset aussi de. la grâce de Dieu qui agit en eux.L’ignorance des docteurs de Jérusalem et d’Hérode parrapport à la naissance du Sauveur rentre égalementdans l’ensemble des données historiques; quelle attentionauraient pu prêter les personnages importants dela capitale au récit d’une apparition angélique, arrivéedans les environs d’une petite bourgade, attestée seulementpar quelques pauvres bergers ignorants, et déjàancienne de quelques semaines ou peut-être de quelquesmois! Le massacre des Innocents, qui est la conséquencede la visite des mages, est aussi un fait en parfaiteharmonie avec ce que l’on sait du caractèred’Hérode. Voir Innocents (Saints), t. iii, col. 880. Il n’ya donc vraiment pas de raison plausible pour élever desdoutes sur l’historicité du récit évangélique.

H. Lesêtre.

    1. MAGEDAN##

MAGEDAN, nom de lieu écrit diversem*nt dans lesmanuscrits grecs, qui portent les uns MayaSâv, d’autresMayeSàv, d’autres encore MaySaXâv ou MaySalà, tandisque la Vulgate a Magedan, Matth., xv, 39. Voir C. Tischendorf, Novum Testamentum grsece, edit. octavaminor, 1892, p. 60. S. Marc, viii, 10, au lieu de Magedanou Ma-fSavi, porte Dalmanutha. Voir ce mot, t. ii, col. 120a .555

MAGEDDO

556

(1280), Descriptio Terras Sanctte, 2e édit. Laurent, Leipzig, 1873, p. 176; Marin Sanuto, Liber secretorumfidelium, 1. III, pars xiv, c. 3, p. 249, à la suite desGesla Dei per Francos, édit. de Bongars. Voir encorela carte de la Terre-Sainte du même dans le même ouvrage, ou celles publiées par Rôhricht, dans la Zeitschrtftdes deutchen Palâslina Vereins de Leipzig, t. xrv(1891), carte 1; t. xviii (1895), carte 5; t. xxi (1898), cartes 2, 6, 7. Voir enfin le Commentarius in CanticumDeborse, Jud., v, 19, Patr. lat., t. xxiii^ col. 1327, attribuéà tort à saint Jérôme, mais certainement ancien» Les égyptologues placent aussi Mageddo (Makta) à lasortie des défilés du Carmel, un peu au nord de Thanach, sur le chemin de cette ville au Thabor au pied duquelpassaient, près de Dabûriéh, les armées égyptiennesmarchant vers le nord de la Syrie. Le récit des annalesde Thothmès III, relatant sa campagne de Syrie surtout, paraît décisif. On y voit le monarque égyptien suivre, dans la direction du nord, la route de Mageddo. Il vientcamper en un lieu appelé Aruna (ou Aaluri). Au momentoù il se remet en marche, son avant-garde estvivement attaquée par un détachement ennemi, qui s’estavancé dans la montagne, tandis que le gros de l’arméesyrienne attend dans la plaine, où son aile gauche s’estdéployée jusqu’à Thanach au sud, afin de couvrirMageddo. Thothmès force le passage et une heure aprèsêtre sorti du défilé du Carmel, arrive sous les murs deMageddo, où le combat s’engage le jour suivant. VoirH. J. Breasted, dans les Proceedings of the Society ofBiblical Archœology, 1900, p. 96; cf. Revue biblique, t. x (1901), p. 155; G. Schumacher, Die âgyptischeHauptstrasse von den Ebene Saron bis lu Ebene Jesreel, dans Mitlheilungen und Nachrichten des deutschenPalâstina-Vereins, 1903, p. 4-10. — La démonstrationde Breasted paraît décisive en faveur d’el-Ledjûn etachève de ruiner l’identification de C. R. Conder avecMedjeddaS. Ce dernier nom désigne une ruine d’apparenceassez peu ancienne, située à quatre kilomètres àl’est de Djelbûn, au pied des anciens monts de Gelboé, à la limite occidentale du Ghôr et à six kilomètres ausud-ouest de Beisân, loin du Carmel et de Thanach, loin de la grande plaine, loin du chemin du Thabor.Séduit par l’hom*ophonie des noms qui, sous ce rapport, seraient absolument identiques, si la lettre’aïn ne terminaitcelui de la petite ruine du Ghôr, non loin delaquelle sont d’ailleurs des fontaines assez nombreuses, le savant paleslinologue anglais s’efforce de démontreridentité de Medjedda 1 avec l’antique Mageddo. Selonlui, la proximité de Mageddo du Jourdain et de Bethsanserait attestée par le récit de l’Egyptien, dans le Voyagepublié par Chabas. Après avoir nommé Beth-Sheal dontle nom semble identique à Bethsan et Kerialh-Aal, lemohar égyptien continue: «Les gués du Jourdain commentles traverse-t-on? Fais-moi connaître l’affaire dutrajet pour entrer à Mageddo qui est outre cela. «VoirF. Chabas, Voyage, p. 206-207, 314. Cf. C. R.. Conder, dans Survey of Western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 90-92; Id., Tent Work in Palestine, Londres, 1879, t. ii, p. 338; Palestine Explorât. Fund, Quarterly Statenxent, 1880, p. 220; 1882, p. 333. Cette opinion a peude partisans. Armstrong, Names and Places in the OldTestament, 1887, p. 122-123; Guy le Strange, Palestineunder theMoslems, Londres, 1890, p. 492; Birch, dansPal. Expl. Fund, Quarterly Statement, 1881, p. 201,

III. Description. — Ledjoûn est un petit village dedouze à quinze maisons de paysans pauvrement construites.Il occupe le sommet d’un petit mamelon s’élevantsur la rive gauche de Youdd’el-Ledjoûn. Trois moulinss’écnelonnent de distance en distance sur les bords dela petite rivière qui court au fond de l’ouadi. Un ancienpont réunit les deux rives. Au sud du village et à droitede la vallée, sur le bord de l’ancienne voie qui vient dela montagne, à l’ouest, et se dirige à travers la grande

plaine, par el-Fûléh, vers le Thabor à l’est, est unvieux khan ruiné où s’arrêtent quelques rares caravanesde passage. Aux alentours du village, sur unespace de près d’un kilomètre de diamètre dans tous lessens, onheurte à chaque pas des débris d’anciennesconstructions. Ce sont des matériaux dont les uns paraissentavoir été utilisés par les Arabes, d’autres préparéspar les Romains. Au nord-nord-est, à cent mètres àpeine du village, un tell d’assez grande étendue commandecet ensemble. Son plateau supérieur et ses pentes ontété occupés par des édifices dont les restes sont cachéssous terre ou perdus au milieu des ronces et des chardonsqui couvrent la colline. Parmi ces débris on remarqueune vingtaine de tronçons de colonnes enmarbre ou en granit et d’innombrables monceaux defragments de poterie. Un bâtiment, dont il reste quelques-unesdes assises inférieures, est orienté d’ouest àl’est, et passe pour avoir été une ancienne église chrétienne.A l’extrémité septentrionale, sur un petit tertrerocheux, était une autre construction ornée de colonnes.Dans les flancs du roc est creusée une grotte dont lavoûte est cintrée et d’où jaillit une source abondante.Les indigènes l’appellent’ain élrQubbêh, «la source dela coupole.» La coupole à laquelle ils font allusion estsans doute celle dont parlent les auteurs anciens. «ALedjoùn il y a un rocher grand et rond, raconte Ibn et-Faqih, géographe arabe du Xe siècle; il est hors la ville, et sur son sommet est un monument à coupole, appelé «la mosquée d’Abraham». De dessous le rocher sort unfort ruisseau. On raconte qu’Abraham frappa ce rocavec son bâton et il en sortit une eau assez abondantepour tous les besoins des habitants de la ville.» Géographie, édit. Goeje, Leyde, 1885, p. 117. Yaqout rapportela même tradition en termes presque identiques, loc. cit. À cent mètres de cette source, parmi d’autresdébris, on remarque des sarcophages gréco-romains.Ces ruines sont nommées Khirbet el-Khaznéh, «laruine du coffre;» celles de l’ensemble sont désignées dunom du Khirbet el-Ledjûn et le tell est connu souscelui de Tell el-Mutsallim, qui peut être interprété «la colline du gouverneur». V. Guérin s’esl demandési cette appellation ne serait pas un souvenir de la résidencede l’officier royal envoyé par Salomon. III Reg., iv, 12. Plusieurs palestinologues ont adopté cette conjectureet ont pensé que le tell est réellement l’assiettede la ville ancienne et primitive.

La Société allemande de Palestine, désireuse d’éclaircirla question de l’identité contestée A’el-Ledjûn avecMageddo, a chargé le D* Schumacher de Caïpha de fairedes fouilles en cet endroit. Le docte ingénieur veutbien me faire connaître, par une lettre en date duIl novembre dernier (1903), les résultats obtenus jusqu’àcette date: «À Ledjûn, j’ai commencé les fouilles àDaher ed-Dâr et à Tell el-Mutesellim, au mois d’avrildernier et nous avons recommencé le 20 septembre. ALedjoûn j’ai trouvé un grand nombre de briques romainesavec les lettres LEG VI P, ce qui prouve quec’est le siège de la VIe légion et que c’était Legio. Nousavons en outre trouvé des monnaies romaines et beaucoupde débris arabes. Je poursuivrai les travaux à la collinequi est au voisinage de Daher ed-Dâr (l’ancienne Ledjûn) et j’espère y trouver le camp romain. Ledjoûn estun nom collectif pour toute la région entre le fleuve etle Tell el-Mutesellim et jusqu’aux montagnes du sud…A Tell eVMutesellim j’ai trouvé: un ancien lieu de cultejudaïque, avec deux maizeboih, beaucoup de jarresjuives renfermant des restes humains d’enfants; unemultitude de murs anciens en pierres et en briques, denombreux débris égyptiens, des scarabées, quelquespetit* cylindres babyloniens et grecs; des restes céramiquesde Chypre de 800 av. J.-C-, — rien d’arabe oude chrétien sur le tell, rien de romain. Nous avonsrencontré des traces judaïques à m 50 déjà au-dessous

de la surface. La cité est double: une cité supérieure etune autre inférieure. Sur un point je suis descendujusqu’à vingt et un mètres dans l’intérieur du tell, traversant des constructions de cinq ou six périodes différentessans atteindre le fond, car à la profondeur devingt et un mètres, je trouvais encore des murs. Actuellementnous enlevons les débris et le sol au sommet età la surface du tell… Déjà les anciens murs paraissent, avec des pavés. Au printemps, j’espère découvrir untemple au sommet du tell, ou un lieu de culte chananéenou israélite. — Il nous faudra des années pour acheverces fouilles importantes, mais Mutesellim-Lcdjûn estun des lieux les plus importants de Palestine et des plusétendus. C’est sans doute Mageddo-Legio. Je n’ai cependantpas rencontré encore de preuve positive. Jevous montrerai bientôt des tablettes égyptiennes. Letell est environné de vastes nécropoles pratiquées dansle roc. *> Voir la suite des fouilles dans la Zeitschriftet dans les Mittheilungen und Nachrichten des deutschenPalâstina Vereins. Si les fouilles n’ont pas démontréencore l’identité du Tell Mutesellim avec Mageddo, l’importance des ruines et des débris égyptiens, les tablettessurtout, montrent en cet endroit l’existence d’unestation égyptienne, laissent pressentir qu’il était lecentre de leur administration en cette région et augmententconsidérablement la probabilité de l’identité.

IV. Histoire. — 1° Avant la conquête de Josué.— Lenom de Mageddo était célèbre longtemps avant l’arrivéede Josué et des Israélites dans la Terre Promise. Elleétait l’une des stations principales sur la route desPharaons égyptiens dans leurs campagnes en Syrie et, après la conquête, elle devint l’un des plus puissantsboulevards de leur domination en ce pays. Thothmès I eravait tracé la voie et les armées égyptiennes la suivirentdans toutes leurs guerres, sans jamais s’en écarter. «Au sortir d’Egypte, elles marchaient sur Raphia, laplus méridionale des villes syriennes, de là, sur Gaza, Ascalon, Ierza. À la station de Jouhem, la route se divisaiten deux branches. La première, de moitié pluscourte que l’autre, menait droit au nord, laissant unpeu sur la route le grand port de Joppé et ses jardinsdélicieux; près d’Aaloun, elle s’enfonçait dans les gorgesdu Carmel, puis reparaissait dans la plaine un peu aunord de Taànak, une des villes royales des Cananéens, et quelques milles plus loin aboutissait à Mageddo… Mageddo, bâtie au bord du torrent de Qina, barrait les voiesdu Liban et pouvait à volonté ouvrir ou fermer la routeaux armées qui marchaient vers l’Euphrate. Aussi jouat-elledans toutes les guerres des Égyptiens en Asie unrôle prédominant: elle fut le point de ralliement desforces chananéennes et le poste avancé du peuple du nordcontre les attaques venues du sud. Une bataille perduesous ses murs livrait la Palestine entière aux mains duvainqueur et lui permettait de continuer sa marchevers la Cœlésyrie. Au sortir de Mageddo, les Égyptiensfranchissaient le Thabor et débouchaient sur les bordsde la mer de Galilée, auprès de Kinnéret.» Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, in-18, Paris, 4875, p. 198-199. Cet itinéraire, les Égyptiens avaient dûle poursuivre plusieurs fois sous le règne de Thothmès I er, de sa fille Hatasou et de Thothmès II, quand une formidableinsurrection des princes de Routen (la Syrie supérieure) obligea Thothmès, monté sur le trône depuispeu de temps, à le reprendre. Arrivé près du bourgde Jouhem, il attendit a les rapports de ses éclaireurspour régler définitivement son plan de campagne. Le16, il apprit enfin que les confédérés, commandés parle prince de Kadesh, s’étaient retranchés un peu enavant de Mageddo, au débouché des gorges du Carmel, et couvraient avec des forces importantes la route duLiban. Quelques généraux égyptiens, redoutant les dangersque pouvait présenter une attaque de front, proposèrentde tourner la position par le chemin qui passait à Tsewta et tombait dans la plaine de Jezraëlentre Mageddo et le Thabor sur les derrières del’ennemi. Thothmès rejeta leur avis comme entaché delâcheté. Trois jours de marche rapide l’amenèrentau bourg d’Aaloun ou Arana que les Syriens avaientnégligé d’occuper. Parti d’Aaloun, le 20 de bon matin, il franchit le col sans rencontrer d’autre obstacleque la difficulté du terrain, s’arrêta un instant sur leversant septentrional de la montagne pour rallier sonarrière-garde attardée et déboucha en plaine vers laseptième heure. Comme il était trop tard pour rien entreprendrele jour même, il établit son camp au bord duQina, en face du camp ennemi. Le 20, dès l’aube, l’arméeégyptienne se rangea en bataille. La droite s’appuyaitau torrent de Qina, la gauche s’étendait en plainejusqu’au nord-ouest de Mageddo, sans doute afin dedéborder l’ennemi et de le rejeter sous les murs de laville: le roi était au centre. Les Syriens, surpris parune brusque attaque, furent saisis de panique. Ils abandonnèrentleurs chars et leurs chevaux et s’enfuirentdans la direction de Mageddo; comme ils se précipitaientpour pénétrer dans l’enceinte, la garnison craignantde voir entrer les Égyptiens après eux, leur ferma lesportes. C’est tout au plus si l’on consentit à hisser lesgénéraux sur le rempart au moyen de cordes. Le reste<le l’armée se dispersa et gagna la montagne avec tantde rapidité qu’elle n’eut pas le temps d’essuyer despertes considérables. Il n’y eut que quatre-vingt-troismorts et trois cent quarante prisonniers; mais lesÉgyptiens trouvèrent sur le champ de bataille deuxmille cent trente-deux chevaux, neuf cent quatre-vingt-quatorzechars et tout le butin que les Asiatiques avaientabandonné dans la déroute. Mageddo, qui à elle seulevalait «mille villes», tint à peine quelques jours: ellese rendit avec tous les princes qui s’y trouvaient renferméset sa chute décida du succès de la campagne».Maspero, ibid., p. 203-204; de Rougé, Annales deTouthmès III, p. 8-9, 26-28; ld., Sur quelques textesinédits du règne de Touthmès III, p. 35-40. Seti I ermit de nouveau Mageddo au nombre des conquêteségyptiennes avec Cadès, Hazor et Émath; il y plaça, ainsi qu’en d’autres villes, une garnison égyptiennechargée de maintenir la population sous le joug desPharaons. R. Lepsius, Denkmâler ans Aegypten, t. iii, Bl. 140. Cf. F. Claabas, Voyage d’un Égyptien, p_. 208; Maspero, Histoire, p. 215; Brugsch, Histoire de l’Egypteau temps des Pharaons, t. i, p. 135; Conder, The TellAmarna Tablets, p. 110-111.

2° Au temps des Israélites. — Le roi de Mageddo estcompté parmi les rois vaincus par Josué. Jos., xii, 21. Lorsdu partage de la Terre Promise, Mageddo fut du nombredes villes de la tribu d’Issachar qui échurent auxenfants de Manassé établis à l’occident de Jourdain.Jos., xvii, 11; I Par., vii, 29. Cependant, observe le textesacré, les fils de Manassé ne purent s’emparer de cesvilles et les Chananéens continuèrent à les habiter. LesManassites durent se contenter, quand ils se sentirentassezforts, de les soumettre au tribut. Jos., xvii, 11-13; Jud., i, 27-28. — Au temps de Débora, les Israélites s’étaientgroupés au Thabor, autour de la prophétesse et de Barac, résolus d£ secouer le joug de Chananéens du nord quiles opprimaient. Sisara, général de Jabin, roi de Hazor, les attendait près de Thanach et de Mageddo, comptantsans doute sur la force de ces forteresses et espérantprofiter des avantages du terrain; il devait en réalitérendre Mageddo témoin de sa défaite et du triomphedes Israélites. Le Dieu du ciel, qui dirige les éléments, combattit pour Israël; les chars de guerre rangés auxeaux de Mageddo furent culbutés et le Cison entraînales cadavres des Chananéens. Jud., v, 19-22. — Mageddo, avec Thanach et Bethsan, se trouvait dans la cinquièmedes douze circonscriptions établies par Salomon pourla levée de l’impôt, et elle fut l’une des villes à la res

tauration desquelles il consacra de grandes sommes.III Reg., iv, 12; ix, 15. — Le roi de Juda Ochozias, poursuiviet blessé par Jéhu à la montée de Gaver, prés deJéblaam, se réfugia à Mageddo où il mourut; mais soncorps fut transporté de cette ville à Jérusalem sur unchar. IV Reg., rx, 27-28. — Résolu de reprendre lescontrées de la haute Syrie soumises jadis par les roisd’Egypte, le pharaon Néchao avait suivi la route traditionnellepar où ses ancêtres s’étaient acheminés versl’Euphrate. Arrivé au débouché des gorges du Carmel, non loin de Mageddo, il se trouva en face d’une arméeennemie: c’était le roi Josias accouru de Jérusalempour barrer le passage à l’adversaire du roi d’Assyriealors suzerain du roi de Juda. Néchao envoya des messagersà Josias pour lui dire: «Qu’avez-vous à vousoccuper de moi, roi de Juda? Je ne viens pas combattrecontre vous aujourd’hui, mais je vais attaquer une autremaison contre laquelle Dieu m’a ordonné de marcheren hâte. Cessez de vous opposer au Dieu qui est avecmoi, de peur qu’il ne vous tue.» Josias ne se laissa pasconvaincre par ces paroles et s’avança pour combattre.La bataille se livra près de Mageddo. Josias fut blességrièvement et se retira du combat. Tandis que le roid’Egypte poursuivait sa route vers le nord, Josias se fitrapporter à Jérusalem et il mourut en route (608 avantJ.-C). Il Par., xxxv, 20-24; cf. IV Reg., xxiii, 29-30; Maspero, Histoire, p. 495. La bataille de Mageddo estracontée par Hérodote, H, 159, qui transcrit par erreur lenom de cette ville par MaySiXoç: «Nékos, dit l’historiengrec, livra aussi une bataille sur terre contre lesSyriens, près de Magdole; après avoir remporté la victoire, il prit Kadytis, ville considérable de Syrie.»

Après la mort du roi Josias, Mageddo disparait del’histoire biblique, et si son nom est encore prononcépar les auteurs sacrés, c’est seulement pour rappelerles lamentations qui s’élevèrent à la mort du pieux roide Juda, Zach., xii, 11, et dans l’Apocalypse, xvi, 16, pourdésigner par figure, suivant l’opinion la plus probable, le champ de bataille de l’avenir où s’assembleront lesrois de la terre pour faire la guerre au Très-Haut.

3° Depuis la ruine des Juifs. — Les écrivains quirappellent le nom de Mageddo le font pour constaterqu’il a été remplacé par celui de Legio. Cette appellationétait donnée, on le sait, aux résidences fortifiées, occupéespar les légions romaines. Plusieurs endroits de la Palestineont gardé ce nom jusqu’aujourd’hui. À quel momentl’occupation militaire de Mageddo occasionna-t-elle cechangement de nom? Si l’histoire ne le dit pas, on peutle conjecturer; ce fut sans doute de la fin du I er siècleau ni", quand les armées romaines prirent définitivementpossession du sol de la Palestine. La situationstratégique de Mageddo était trop importante pourêtre négligée par un peuple presque exclusivementmilitaire. Rien ne la signale à l’attention jusqu’à lapériode arabe. Devenus à leur tour les maîtres du pays, les Arabes ne dédaignèrent pas cette ville non plus, eten en prenant possession lui laissèrent le nom nouveauadopté par les Byzantins avant eux, en l’accommodantseulement à leur langage. Au Xe siècle, le géographeel-Muqaddassi cite el-Ledjdjûn avec Sûr, ’Akkd, Qadès, Kabûl et Beisan comme une des villes principales dela province du Jourdain, et avec Beit-Djibrîn, Jérusalemet Naplouse, comme une des villes les plus importantesde la Palestine. Elle était spacieuse, d’un séjour agréableet abondait en eaux courantes. Géographie, édit. Goeje, p. 152, 162. Au xm» siècle et au xiv «, elle conservaitencore son importance, car el-Dimisqi la met au rangdes villes principales du gouvernement de Safed.Cosmographie, édit. Mehren, Saint-Pétersbourg, 1866, p. 212. Il y a moins de vingt ans, Ledjoûn était une ruineabandonnée aux troupeaux et dont les Bédouins du Merdjavaient fait leur cimetière. Les moulins établis sur larivière de l’ouâd’el-Ledjoûn ont attiré quelques familles

qui se sont fixées sur le bord de la vallée et ont rétabli lepetit village d’el-Ledjoùn. Sa population, toute musulmane, n’atteint pas encore le nombre de cent habitants.

L. Heidet.

2. MAGEDDO (EAUX DE) (hébreu: mê-Megiddô; Septante, ûîwp MixyeSSw; Alexandrinus.-MeYe88<A; Vulgate: aquæ Mageddo), rivière ou torrent près duquel les Israélites, sous la conduite de Débora et de Barac, combattirentet vainquirent les Chananéens ligués contre eux et commandéspar Sisara, général de Jabin roi d’Asor. Jud., v, 19. — L’identification des «eaux de Mageddo» dépendd’abord de la localisation de la ville de Mageddo elle-mêmedont la rivière a pris le nom. Conder, pour quiMedjedda’est Mageddo, voit les «eaux de Mageddo» soitdans les ruisseaux voisins de Medjedda’, soit dans le naharDjalûd descendant de la fontaine de même nom versBeisân et le Jourdain. Voir les écrits de cet auteur citésà Mageddo 1, col. 555, et Handbook to the Bible dumême, Londres, p. 287. — Les autres écrivains quiplacent, avec raison, le site de Mageddo à Ledjûn; cherchentles eaux de Mageddo soit dans le voisinage immédiatde Ledjûn, soit dans la grande plaine voisine, appeléeelle aussi du nom de Mageddo. Dans ce dernier casles «eaux de Maggedo» ne seraient pas différentes dutorrent de Cison lui-même. C’est le sentiment de l’auteurdu commentaire dont nous avons parlé, Mageddo 1, col. 555. Plusieurs d’entre les modernes partagent lemême avis. L’appellation de nahar el-Muqafta’donnéeactuellement à l’ancien Cison, paraît à quelques-uns lenom même de Mageddo, un peu modifié par la prononciationarabe. Plusieurs cependant rapportent plutôt etplus spécialement l’expression aux cours d’eau qui traversentle territoire de Ledjoùn pour former, sous le nomde nahar el-Ledjûn, le plus important des affluents dunahar el-Muqafta’, l’ancien Cison (voir Cison, t. ii, col. 781), près duquel se décida sans doute le résultat dela bataille. Le nahar el-Ledjûn peut du reste être considéréà bon droit comme l’origine du nahr el-Muquaffa’et il ne serait pas étonnant que le cours du Cison toutentier ait pu être appelé quelquefois «la rivière de Mageddo». — Le nahar el-Ledjûn est formé par deuxramifications principales: l’une plus au sud, est appeléeYouad’es-Sitt, «la vallée de la Dame,» parce qu’elleest particulièrement alimentée par la source nommée’aïn es-Sitt. Ce courant met en mouvement les moulins, de Ledjoûn; il est assez fort, surtout en hiver, et l’eau n’yfait jamais défaut. Le petit ruisseau fourni par la sourefede la Coupole se réunit à lui à l’est du village. Le secondbras prend naissance au nord du premier et du Tell el~Mutasellim près du Khirbet el-Khaznéh. La source quile forme, le’ain Faûdr, «la source bouillonnante et intermittente,» sort en effet avec une grande impétuosité.Un grand nombre d’autres sources (on en compte prèsde vingt) forment sur le territoire de Ledjoûn diversruisseaux qui apportent l’appoint de leurs eaux aux deuxprincipaux courants. Ceux-ci se réunissent à moins de-deuxcents mètres au delà du Khirbet el-Khaznéh, pourrejoindre le nahar el-Maqa((a’, trois kilomètres plus loin.Parmi les sources du territoire de Ledjoûn, il en est un&désignée quelquefois encore du nom de’aïn er-Rôz, «lasource du Riz,» ce qui indique une des anciennes culturesde la région. Tous les alentours de Ledjoûn aamoment de grandes pluies deviennent un labyrinthe detorrents et une immense fondrière dont il est difficilede se tirer. — Quoique les «eaux de Mageddo» puissentdésigner plus spécialement le nahar el-Ledjûn, il pourraits’appliquer à tout l’ensemble des sources et ruisseaux.

L. Heidet.

3. MAGEDDO (PLAINE DE) (hébreu: biq’ap Megiddô, II Par., xxxv, 22, et biq’af Megiddôn, Zach., xii, 11; Septante: tb ireêiov MayeSôio; II Par., Mays66(ôv, dansB 1 et A’; Mageddo est traduit par èxxotctohévo; , «coupé,» dans Zach., xii; Vulgate: campus Mageddon, dans Zach., .

et Mageddo, dans II Par.), région près de Mageddo oùle roi Josias fut mortellement blessé d’une flèche, encherchant à s’opposer au passage de l’armée égyptienneconduite par le roi Néchao II. Le prophète Zacharie, faisantallusion à ce fait, s’exprime ainsi d’après l’hébreu etla Vulgate: «En ce jour-là il y aura un grand deuil àJérusalem, pareil au deuil d’Adadremmon, dans la plainede Megiddon;» les Septante dnt traduit la secondepartie: «pareil au deuil de l’olivier’coupé dans laplaine, s w; xototôc poôvo; èv neiftp Èxxojtrojj.évov, prenantles deux noms Remmon et Megiddon pour des nomscommuns. La plupart des interprètes, avec les massorèteset la Vulgate, ont vii, au contraire, dans ces motsles noms propres de deux localités et les prophètes uneallusion à la mort de Josias racontée par les Paralipomènes.Cf. Adadremmon, t. i, col. 167-170. Dans lerécit de cette mort reproduit par l’historien Joséphe, au lieu de & dans la plaine de Mageddo» on lit i prèsde la ville de Menden», xaT» Mév8>]v mSXtv. Ant. jud., X, v, 1. MlvSïiy est, selon toute apparence, une erreur decopiste pour MéySlv ou MsyS^v. L’expression «près de laville» n’apporte aucune modification au récit biblique; elle constate seulement que la plaine de Mageddo, commeil se déduit de son nom même, était toute voisine de laville de Mageddo dont elle porte le nom. Reland réfuteles raisons des exégètes qui pourraient tirer prétexte del’expression biblique: «Josias accourut à sa rencontre[de Néchao],» pour voir dans la Mageddo nommée en cepassage, une ville différente de la célèbre Mageddo del’histoire, située en Issachar dans le territoire d’Israël, et prétendre qu’il faut la chercher dans le royaume deJuda. Ces paroles, de leur nature, laissent toute latitudepour la recherche du site, et le royaume d’Israël ayant étédétruit, rien ne pouvait empêcher le roi Josias de venir àla grande plaine attendre l’arrivée de l’armée égyptienne.Adrien Reland, Palsestina, p. 893-894. — Les écrivainspour qui l’ancienne Mageddo est représentée par Medjedda’localisent en conséquence près de cette ruine, «la plaine» de Mageddo où fut blessé Josias. Elle est pour eux soit lapartie du Ghôr s’étendant entre le Khirbet Medjedda’etBeisan, soit la large vallée commençant sous Zefa’in etaboutissant également à Beisan, parcourue par le naharDjaloud et appelée de son nom ouatd’Djalûd, «laplaine de Djaloud.» Cf. Armstrong, Narnes and Placesin the Old Testament, Londres, 1887, p. 123. C. R. Conderaux passages cités, Mageddo 1 et 2. — Pour tous lesautres, la «plaine de Mageddo» c’est la grande plainese développant à l’est, au pied des collines où gisentles ruines appelées KhirbetLedjûn. Elle s’étend enlargeur de cette localité à l’ouest, jusqu’à Zera’in à l’estet en longueur de Somoniniéh et le groupe de collinesunissant les monts de Nazareth au Carmel au nord, jusqu’à Djénin au sud. C’est la plaine actuellement appeléele Merdj ibn’Amer, la plaine de Jezraël ou d’Esdrelonde la Bible et «la grande plaine», tô p.iytz raêtov, de Josèphe, d’Eusèbe et des Gréco-Romains. Les parolesmêmes de Zacharie fournissent des arguments qui peuventparaître décisifs. La conclusion des commentateursfaisant une localité d’Adadremmon, paraît de beaucoupla mieux fondée. Les palestinologues Van de Velde, V. Guérin et après eux plusieurs autres voient le nomde cette ville conservé avec une légère modification danscelui de Rummânéh, petit village arabe dont les citernesattestent l’antiquité. Rummonéh est situé à douze centsmètres, au nord-nord-ouest de Ta’nâk et à quatre kilomètresau sud de Ledjoùn, à l’issue des gorges du Carmelet sur la lisière du Merdj. Non loin de Rummânéhon voit les traces d’une ancienne voie aboutissant auterritoire de Ledjûn, après avoir suivi la vallée appeléeouadi’Ard ainsi nommée elle-même du nom d’uneruine ou Khirbet’Âra’: ce nom qui n’est pas nouveau, puisque Ibn et Khordâbéh (vers 860), le plus ancien desgéographes arabes connus, cite Y ouadivra", par laquelle

passe le chemin de Ledjûn à Ramléh. par Qalunsaûah, Géographie, édit. Gœje, Leyde, 1889, p. 144. Le nom decette vallée et de cette ruine pourrait bien rappeler celuid’Aruna ou Aalûna, où les documents égyptiens placentla dernière station de Touthmès avant d’atteindre Mageddo.Quoi qu’il en soit, cette ancienne voie, selon toutevraisemblance, parcourait le tracé suivi par les anciensÉgyptiens se dirigeant vers le nord. Josias ne pouvaitmieux se placer pour attendre le passage de Néchao queprès des collines situées au nord-ouest de l’actuelleRummânéh. Si cette localité, comme il y a tout lieu dele croire, représente réellement l’antique Hadad-Remmon, le Merdj Ibn’Amer est incontestablement «la plainede Mageddo», de Zacharie et des Paralipomènes, puisqu’iln’y en a pas d’autres en cette région; il peut au moinsrevendiquer pour lui toute la probabilité qui s’attacheau nom de Rummânéh et & sa situation. Il n’est pasnécessaire de le faire remarquer, l’argument a la mêmevaleur pour Ledjûn. Si la Bible place le champ de bataillesur lequel tomba Josias à Adadremmon; si Josèphe, à une époque où le nom de Mageddo n’avait pas périencore, peut le localiser près de cette dernière ville, n’est-ce pas à cause de la proximité immédiate des deuxlocalités? Si Rummeneh répond en réalité au site d’Adadremmon, aucune autre localité ne peut mieux représenterMageddo que Ledjûn. Voir Esdrelon, t. H, col. 1945-1949; Jezraél 3, t. iii, col. 1544.

L. Heidet.

IMAGEDDON. Mageddo est ainsi appelée dans la Vulgate.Zach., xii, 11. Voir Mageddo.

    1. MAGETH##

MAGETH (grec: MaxsS, Moexéë), ville forte de Galaadqui fut prise par Judas Machabée avec Casbon etBosor. I Mach., v, 26, 36. Judas fit cette campagne pourdélivrer des Juifs qui s’y étaient retranchés dans leurquartier afin d’échapper aux Ammonites. Cette ville n’apas été identifiée.

    1. MAGICIEN##

MAGICIEN (grec: nâ-p?; Vulgate: magus), celuiqui pratique la magie. Le mot magus se lit plusieursfois dans la Vulgate, dans l’Ancien et dans le NouveauTestament, mais aucun mot hébreu ne correspondexactement à notre terme «magicien» et le [lâyoç n’estnommé avec cette signification dans le texte grec originaldu Nouveau Testament que Act., xiii, 6, 8, où Barjésu, appelé aussi Élymas (voir 1. 1, col. 1461), est qualifiéde ce titre. Les mêmes Actes, viii, 9, disent que Siméonde Samarie était [loq-evwv, ce que la Vulgate traduit parfuerat magus. Dans l’Ancien Testament, le mot magus, & magicien,» de la Vulgate. rend les mots hébreux suivants: id’onim (Septante: ï^a.azfii.t^oi), Lev., xix, 31; ’ôb (Septante: l-Fi&rnQuxùQm), II Par., xxxiii, 6; hd’-'ôbôt(Septante: ÏYYoçffTpe|iu5ôoi), Lev., xx, 6; I Reg., xxviii, 3, 9; hd-’aUafîm (Septante: iiâyot), Dan, i, 20; il, 2, 10, 27; iv, 4; v, 7, 15. Au t. 11, de ce même chapitre, la Vulgate, par suite d’une interversion, a rendupar magi le chaldéen hartummîn, tandis qu’elle a traduitpar ineantatores le mot’âsfîn. Pour la significationde ces mots hébreux et chaldéens, voir Magie; Divination, t. ii, col. 1443-1446.

    1. MAGIE##

MAGIE (grec: u^y’**) «xviri, Vulgate: magica ars, Sap/, xvii, 7; yjiyûa, Vulgate: magia, Act., viii, 11), artprétendu d’obtenir, par certains procédés, des résultatsqui sont inaccessibles aux moyens naturels et étrangersà l’intervention divine. La magie n’a pas de nom génériqueen hébreu; elle n’est désignée dans cette langueque par les noms de ceux qui l’exercent. Parmi les résultatscherchés et en partie réalisés par la magie, onpeut signaler l’assujettissem*nt à la volonté humained’esprits, de génies ou de démons, leur évocation et leurconjuration, la production de phénomènes extranaturels, apparitions d’esprits, révélations de choses à venir, in

fluences irrésistibles sur les volontés ou les sentiments, et enfin le pouvoir exercé sur les éléments de ïa naturepour opérer des effets extraordinaires, transformationssubites, guérisons instantanées, etc. Parfois ces résultatsparaissent avantageux, parfois ils sont nuisibles, souventmême ils ne procurent le bien de l’un qu’au détrimentd autrui. Les procédés employés dans la magie ont cettemarque caractéristique qu’ils n’ont aucun rapport naturelavec l’effet attendu. Ces procédés consistent enparoles, en gestes, en actes, en emploi d’objets auxquelson attribue une vertu mystérieuse qui ne s’exerce d’ailleursque dans des conditions données et auxquellesdoit rigoureusem*nt se soumettre l’opérateur. Il n’y adonc là que superstition pure. Quant aux résultats, siquelques-uns doivent s’expliquer naturellement, si d’autresne sont qu’apparents et dus à l’imposture, la plupartne peuvent être attribués qu’à l’intervention d’esprits quel’ensemble des opérations de la magie oblige à regardercomme des esprits mauvais, c’est-à-dire des démons. Lamagie, comme toutes les superstitions, est née naturellementde la déformation de la croyance religieuse. Aussi larencontre-t-on chez tous les peuples de l’antiquité, sansqu’il soit nécessaire de lui chercher une origine unique.I. La magie chez les Égyptiens. — 1° Le Dieu Thot, dieu-lune d’Hermopolis, dans l’Egypte moyenne, étaitconsidéré comme l’inventeur ou le détenteur des formulesmagiques, auxquelles ne résistent ni les dieuxni les hommes. Il avait réglé et noté la voix juste, makhrôou, avec laquelle les incantations doivent être proféréespour obtenir leur efficacité souveraine. Onregardait les femmes comme particulièrement aptes àl’aire entendre cette voix juste, et à se mettre en communicationavec les êtres invisibles. Aussi la reine devait-elleaccompagner le pharaon et le protéger par despratiques magiques, pendant qu’il sacrifiait. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. i, , p. 271-272. Les magiciens formés à l’écolede Thot avaient à leur service toutes les divinités. Ilstiraient profit de leur pouvoir, en l’exerçant soit poursatisfaire leurs grossiers appétit*, soit pour assouvirles rancunes de ceux qui les payaient. Ils étaient habilesà envoyer des songes qui terrifiaient; la plupartdes livres magiques égyptiens renferment des formulespour «envoyer des songes». Ils effrayaient leur victimepar des apparitions et des voix mystérieuses, lalivraient à des spectres qui s’introduisaient en elle et lafaisaient périr de consomption; ils l’accablaient demaladies, excitaient la haine ou l’amour dans le cœurdes autres, etc. Ils composaient des charmes avecquelques parcelles de la personne visée ou de ses vêtements.Ils pratiquaient l’envoûtement. À une poupéede cire habillée comme la victime, ils infligeaienttoutes sortes de mauvais traitements que ressentaitaussitôt cette dernière. Ramsès III eut à souffrir d’unenvoûtement. On a trouvé les poupées de ciré et lesphiltres dont les magiciens avaient fait usage contrelui. On ne pouvait se défendre contre les pratiques magiquesque par d’autres pratiques du même genre. Cf.Chabas, Le papyrus magique Harris, dans les Mélangeségyptologiques, IIIe série, t. ii, 1873, p. 242-278; Birch, Hgyptian magical text from a papyrus in the Brit.Mus., dans les Records of the Past, vi, 1876, p. 113126; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, G’édit., t. H, p. 58-63, 114-116; Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient classique, t. i, p. 145, 212-214; E. A. W. Budge, Egyptian magie, in-16, Londres, 1899; A. Krman, Zaubersprûche fur Mutler undKind, aus dem Papyrus 3027 des Berliner Muséums, in-4°, Berlin, 1901. Cf. aussi C. Wessely, GriechischeZauberpapyrus von Paris und London, dans les Denkschriftender Akademie der Wissenschaft, phil. hist.Kl, Vienne. 1888, p. 27-208; F. G. Kenyon, Greek Pa--pyriin the British Muséum, in-4°, Londres, 1893,

p. v-vi, 126-139. — 2° Les devins, hartummîm, et lessages, hàkâmïm, sont mentionnés par la Sainte Ecritureà l’occasion des songes du pharaon contemporainde Joseph. Gen., xli, .8. On suppose que ceuxqui ont le pouvoir d’envoyer des songes ont aussi l’habileténécessaire pour les interpréter. Voir Divination, t. ii, col. 1443, 1444; Songe. À l’époque des plaiesd’Egypte, le pharaon appelle à son aide les hâkâmîm, «les sages,» ceux qui sont censés connaître les causes, et avec eux les mekassefîm, çaptiaxai, maleflci, «lesmagiciens» proprement dits, qui agissent au moyendes lehâtîm, çaptiaxiat, incantationes, des incantations, des pratiques magiques. Exod., vii, 11. Ces magicienssont appelés (lartummîm, êitaotooi, «enchanteurs,» dans le même verset. Ils réussirent, comme Moïse etAaron, à changer leurs verges en serpents et les eauxen sang et à faire pulluler les grenouilles. Exod., vii, 12, 22; viii, 3. Ils s’essayèrent en vain à produire des moustiques, Exod., viii, 18, ne tentèrent rien pour imiter lamultiplication des mouches, Exod., viii, 24, et furenteux-mêmes cruellement atteints par la plaie des ulcères.Exod., ix, 11. Leurs premiers prestiges avaient été efficaces; mais quand leur magie fut impuissante à produiredes moustiques, prestige qui en soi n’offrait pasplus de difficultés que les précé lents, ils furent obligésde reconnaître le doigt de Dieu. Exod., viii, 19. Il suitde là que le pouvoir magique ne s’exerce pas d’une manièreindépendante, mais que la volonté divine luiimpose les restrictions et les limites qu’il lui plaît. Lelivre de la Sagesse, xvii, 7, attribue les prestiges desenchanteurs égyptiens à la magie, tiayixT] tsx vï l> nia 91° aars. Saint Paul, II Tim., iii, 8, a conservé le nom dedeux des magiciens qui tinrent tête à Moïse, Jannès etMambrès. Voir Jannès, t. iii, col. 1120.

II. La magie chez les Babyloniens. — 1° Les Babyloniensavaient aussi leur magie très ancienne. Astrologues, de vins et magiciens, ils savaient non seulement lire dansl’avenir et interpréter la pensée des dieux, mais encoreforcer les démons à leur obéir, détourner le mal et procurerle bien par des purifications, des sacrifices et desenchantements, ûiodore de Sicile, II, 29. Cf. Fr. Lenormant, La magie chez les Chaldéens et les origines accadiennes, Paris, 1874 (traduit en anglais, avec des additionsde l’auteur, 1877, et en allemand, 1878); Ladivination et la science des présages chez les Chaldéens, Paris, 1875; A. Laurent, La magie et la divination chezles Chaldéovssyriens, Paris, 1894; Tallquist, Die assyrischeBeschwôrungsserie Maqlâ, Leipzig, 1895; L. W.King, Babylonian Magic and Sorcery, being «the prayersof the Lifting of the hand», the cuneiform Text andTranslations, Londres, 1896; Kiesewetter, DerOccultismusder Altertums, , Akkader-Hebrâer, Leipiig, 1896; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. iv, p. 290-293; Zimmern, Beitrâge zur Kenntnissder babylonischen Religion, I. Die ReschwbrungstafelnSurpu, il. Ritualtafeln (deux fascicules), dans YAssyriologischeBibliothek, Leipzig, t. xii, 1897, 1898, 1900; M. Jastrow, Religion of Babylonia and Assyria, Londres, 1898; R. C. Thomson, The Reports of the Magiciansand Astrologers of Nineveh and Babylon in theBritish Muséum, 2 in-8°, dans Luzac, Semitic Séries, t. VI et vii, in-12, Londres, 1900; C. Fossey, La magieassyrienne, in-8°, Paris, 1903.

2° Les deux premières lois du code de Hammourabi, qui régnait à Babylone environ 2000 avant J.-C, concernentles magiciens ou sorciers. Elles sont ainsi conçues: «1. Si quelqu’un a ensorcelé un homme en jetantl’anathème sur lui et sans l’avoir prouvé coupable, il estdigne de mort. — 2. Si quelqu’un a jeté un maléfice surun homme, sans l’avoir prouvé coupable, le maléficié serendra au fleuve et s’y plongera. Si le fleuve le garde, sa maison passe à celui qui a jeté-le maléfice; si lefleuve l’innocente et le laisse sain et sauf, son ennemi

est digne de mort, et c’est celui qui a subi l’épreuve del’eau qui s’empare de la maison de l’autre.» Scheil, Textes élamites-sémitiques, IIe sér., Paris, 1902, p. 22, 23, 133. On avait ainsi une garantie contre les maléficesdes magiciens. Elle n’était cependant pas très sûre, carl’ordalie par l’eau du fleuve pouvait bien n’être pas toujoursfavorable à l’innocent.

3° Balaam, originaire de Péthor, en Mésopotamie, auconfluent de l’Euphrate et du Sagur, pouvait être initiéaux pratiques de la magie chaldéenne. Voir Balaam, t. i, col. 1398; H. Zschokke, Historia sacra, Vienne, 1888, p. 150.

4° Les magiciens de Babylone sont mentionnés dansle livrp de Daniel, à propos des songes de Nabuchodonosor.Outre les hakkîmîn, les sages et les savants engénéral, les hartummîm et les gdzzertm, qui sont desmagiciens et des devins, voir Divination, t. ii, col. 1443, 1444, 1447, le prophète nomme les’asSdfim, (papjjuxxoî, magi, Dan., i, 20; ii, 2, 10; les kaidîm, yaslSatoi, Chaldsei, Dan., Il, 2, 4, 10; iv, 4, et les mekassefîm, ipapjiotïo(, malefici. Dan., Il, 2. Chacun de ces trois noms viseune spécialité dans l’art magique. Les’aSSdfîm, en assyrien, les aHputi, «les enchanteurs,» chassent par leursincantations, Siptu, le mal physique et le mal moral.Les kaidîm constituent une caste sacerdotale qui emprunteson nom aux conquérants du pays. Ce sont desastrologues, cf. t. ii, col. 508, 510, tendant à mêler àleur divination d’autres pratiques magiques. Cf. Hérodote, ], 181-183; Arrien, Anab., vii, 17; Diodore deSicile, H, 20, 24; Cicéron, De divinat., i, 1; II, 42, 88, etc.Les mekaSSefim sont des praticiens de la magie oudes sorciers. Cf. Fabre d’Envieu, Le livre du prophèteDaniel, Paris, 1890, t. ii, 1™> part., p. 111-114. Sur lesformules d’incantations habyloniennes, voir J. Halévy, Documents religieux de l’Assyrie et de la Babylonie, Paris, 1882; Loisy, Le rituel babylonien, dans le Congrèsscient, internat, des catholiques, 1888, t. i, p. 1-16; François Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1900; Id., Textes religieux, Paris, 1903, p. 220-298. — 4° Le prophète Isaïe, XL vii, 12-13, interpelleainsi Babylone au sujet de ses magiciens: «Reste doncavec tes enchantements, hâbdrîm, èrcaoïSaî, incantatores, et le grand nombre de tes sortilèges, keSdfîm<pap(; .axEia, maleficia, auxquels tu t’es appliquée depuista jeunesse… Qu’ils viennent et te sauvent ceux quiétudient le ciel, observent les astres et annoncent l’avenirpar les nouvelles lunes.» De fait, les magiciens deBabylone, déjà incapables d’expliquer les songes de Nabuchodonosor, Dan., ii, 10-13, et de Baltassar, Dan., "V, 8, 15, et châtiés en conséquence par le premier, nepurent ni prévoir ni empêcher la ruine de la capitale.J. Oppert a publié, dans Ledrain, Histoire d’Israël, Paris, 1882, t. ii, p. 475-493, la traduction d’incantationsassyriennes contre le mauvais sort, de litanies à lalune, de présages, etc.

III. La magie chez les Hébreux. — 1° Témoins enEgypte des pratiques les plus extravagantes de la magie, les Hébreux devaient les retrouver en pleine vigueurdans le pays de Chanaan. Deut., xviii, 12. Aussi Moïsevoulut-il les prémunir contre le danger par une loi desplus rigoureuses: «Tu ne laisseras point vivre la magicienne, mekasilefàh.» Exod., xxii, 18. Les versions, traduisent par le masculin pluriel: ipopiiaxo! , malefici.La magie était souvent exercée par des femmes et n’endevenait que plus à redouter. En portant la peine demort même contre la magicienne, le législateur donneà entendre que les magiciens sont à plus forte raisoncompris dans la sentence. C’est ainsi que l’ont entendules versions. La même peine est d’ailleurs portée dansle Lévitique, xx, 27, contre les nécromanciens qui ontun’ôb et contre les yîdd’onî, qui pratiquent la magie.Cf. Lev., xix, 31; xx, 6. La législation est plus explicite-encore dans le Deutsronome, xviii, 9-11. Sans rappeler

la peine de mort portée précédemment, le Seigneurdéfend aux Israélites de faire passer leurs fils ou leursfilles par le feu, voir Moloch; d’exercer l’art des qesâmîm, f/.avTEia, ariolus, du me’ônên, xXu]80viWn£Voc, observet somnia, du menahêS, oîaiviïôjievoç, auguria, du mekasSêꝟ. 9ap(iaxô; , maleficus, du hobêr hdbér, èwaê! 8(tfv £îiaot5r, v, incantator, du So’êl’ôb, tyyuaxpiirj80<; , qui pythones consulat, du yîdd’onî, T£poto<rx(Snoç, divinus, et du dorés’él-hammêfîm, IjiepoiTwvto’jc vExpoO; , quserat a mortuis veritatem. Toutes ceschoses sont en horreur au Seigneur, ce sont des fô’ébôt, $5ù.vfy.ixa, scelera, des abominations, des pratiquescriminelles à cause desquelles Dieu exterminera lesChananéens. Deut., xviii, 12. Les différentes espèces démagiciens sont nommés dans ce texte. Les qesâmîmsont ceux qui cherchent par différents procédés à connaîtrele parti à prendre. Voir Divination, t. ii, col. 1444.Le me’ônên fait des observations superstitieuses pourdécouvrir l’avenir ou les choses cachées. Voir t. ii, col. 1446. Le menahêS murmure des incantations pourarriver à savoir l’inconnu. Voir t. ii, col. 1445. Le mekassêfest le magicien déjà rencontré en Egypte et en Chaldée.Le hobêr hdbér, «fascinant la fascination, «exerceson influence magique par des charmes. Voir t. ii, col. 597. Le So’êl’ôb est celui qui interroge les espritsdes morts, le nécromancien. Voir t. ii, col. 1446; Évocationdes morts, t. ii, col. 2128. Le yîdd’onî est uneespèce de sorcier. Voir t. ii, col. 1446. Enfin le dorés"’él-hammêtîm, «celui qui interroge les morts,» Is., viii, 19; xix, 3, est une variété du nécromancien.

2° Les prescriptions de la loi mosaïque ne furent pastoujours observées. Le penchant qui entraînait les Israélitesà l’idolâtrie les poussa aussi à la divination, voirt. ii, col. 1448, et aux autres pratiques de la magie. Saûldut chasser les devins et les nécromanciens qui étaientrestés dans le pays. I Reg., xxviii, 3, 9. Dans le livre delob, iii, 8, il est parlé de «ceux qui maudissent lesjours», c’est-à-dire des magiciens qui, par leurs maléfices, prétendent rendre néfastes certains jours. Cf. Rosenmûller, Jobus, Leipzig, 1806, t. i, p. 85; Fr. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876. Cette pratiqueétaitfamilière aux Chaldéens. Cf. F. Wichmanshausen, Demaledictoribus diei, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. i, p. 783-787. Par la suite, le roiManassés’adonna à la magie, kissêf, IçapuixeijETO, maleficis artibusinserviebat, et la pratiqua dans toutes ses variétés.II Par., xxxiii, 6. Isaïe, par ses allusions, donne à penserque la magie était fort à la mode de son temps. Ilreproche à la maison de Jacob d’être pleine de l’Orient, c’est-à-dire des superstitions importées de l’Assyrie etde l’Arabie, et d’avoir des’onenim, «des enchanteurs» comme les Philistins. Is., ii, 6. Il signale la présencedu qosêm, «devin, s du hàkam hârâMm, «habile enprestiges, s et du nebôn laljiaS, «expert enchanteur,» au milieu de son peuple, et, pour donner une idée ducrédit dont ils jouissaient, il les met au même rang quele guerrier, le juge, le prophète, l’ancien, le magistratet le conseiller. Is., iii, 2, 3. Il appelle les Israélitesbenî’onendh, «fils de l’enchanteresse,» et les accused’immoler des enfants sous les arbres verts, sans doutepour honorer Moloch, peut-être aussi pour employerleur sang à des pratiques magiques. Is., lvii, 3, 5. Ézéchiel; xiii, 18, 20, maudit celles qui fabriquent des kesâtôtpour toutes les jointures des mains et des voilespour les têtes, «afin de tromper les âmes.» Il s’agit icide magiciennes. Cf. G. Trumph, De pulvillis et peplisEzech., xiii, 18, dans le Thésaurus de Hase et Iken, t. l, p. 972-979. Les anciennes versions traduisent lemot hébreu par itpo<rxeipâXotta, pulvilli, «coussins,» quel’on met sous les coudes pour faciliter le repos, ce quidésignerait métaphoriquement les aises que l’on prendvis-à-vis de la loi de Dieu et de la morale. À rencontredes versions, saint Éphrem dit que les kesd(ôt «sont

comme des amulettes dont elles entouraient leurs braset dont elles se servaient pour rendre leurs oracles àceux qui les interrogeaient». Cf. Rosenmûller, Ezech., Leipzig, 1808, 1. 1, p. 351. C’est, en effet, le sens qu’il fautattribuer au mot késèt, au pluriel kesàtôf, par comparaisonavec l’assyrien kasû, qui signifie «lier ensemble».Les kêsâtôt étaient donc des phylactères magiques. VoirAmulette, 1. 1, col. 531. Cf. Delitzsch, dans la Zeitschriftder deutsch., morgenland. Gesellschaft, t. xli, p. 607; Rob. Smith, dans le Journ. of Philol., t. xiii, p. 286.

3° La captivité, qui mit un terme à l’idolâtrie desIsraélites, ne fit pas disparaître chez eux le goût de lamagie. Malachie, iii, 15, menace encore du châtimentdivin les mekaSSefîm de son temps, et Zacharie, x, 2, parle de la vanité impuissante des (erdfîm, des qûsemîmet des songes auxquels on ajoutait foi. Plus tard, des livres de magie circulèrent parmi les Juifs sous lenom de Salomon, dont la sagesse, III Reg., v, 12, s’étaitétendue, prétendait-on, jusqu’à la connaissance complètedes recettes magiques. Voici ce qu’en dit Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 5: «Dieu lui accorda de savoir cequ’il faut faire contre les mauvais démons, pour l’utilitéet la santé des hommes. Il composa des formulesd’enchantements pour adoucir les maladies, et laissad’autres formules d’adjurations, pour lier et chasser lesdémons sans qu’ils puissent revenir.» L’historien juifajoute que, de son temps, un certain Éléazar, sous lesyeux de Vespasien, de ses fils et des officiers de l’armée, tirait le démon du corps des possédés au moyen d’unanneau renfermant les racines indiquées par Salomon, et, à l’aide des formules de Salomon, enjoignait au démonde ne plus rentrer dans le possédé et de donnerdes signes extérieurs de son départ. Origène, Séries inMatth., 110 (xxvi, 63), t. xiii, col. 1757, mentionne aussiles livres qui renferment les adjurations de Salomoncontre les démons. Le pouvoir magique de ce roi estparticulièrement affirmé dans l’apocryphe intitulé Testamentde’Salomon, traduit par Conybeare, dans laJewish quarterly Review, octobre 1898. De fait, le nomde Salomon revient fréquemment dans les recueils derecettes magiques. Cf. Schûrer, Geschichte desjûdischenVolkes im Zeitalter J. C, Leipzig, 1898, t. iii, p. 299-303.En 494, dans un décret sur les livres à recevoir ou à condamner, le pape Gélase mit au nombre de ces derniersl’écrit qui a pour titre: Contradictio Salomonis, ainsique tous les phylactères portant des noms de démons.

4° On a trouvé en 1930 à Tell-Sandahanna, en Palestine, près d’Éleuthéropolis, à mi-chemin entre Bethléhemet Gaza, des poupées de plomb qui ont servi à desenvoûtements (fig. 173), ce qui v tendrait à démontrerque cette pratique magique, usitée en Chaldée depuisl’époque la plus reculée (cf. Heuzey, Les statuette*magiques en cuivre du roi Our-Nina, dans les Comptesrendus de l’Académie des Inscriptions, 1893, t. xxi, p. 228), n’était pas inconnue des Israélites. Cf. Clermont-Ganneau, L’envoûtement dans l’antiquité et lesfigurines de plomb de Tell-Sandahanna, dans lePalestine Exploration Fund, Quarterly Statement, octobre 1900, p. 332.

5° La magie garda de nombreux adeptes parmi lesJuifs, après l’époque évangélique. Simon de Samarieétait un magicien, naYeûtov, magus, qui abusait le peuplepar ses pratiques magiques, (laYeîoct; , magiis; il considéraitprobablement le pouvoir de faire descendre le Saint-Espritcomme un pouvoir magique, qui pouvait s’acheterà prix d’argent. Act., viii, 9, 19. Voir SDlON LEMagicien. Barjésu, nommé aussi Élymas, que Paul etBarnabe rencontrèrent à Paphos, était un Juif, mage etfaux prophète. Act., xiii, 6-8. Voir Barjésu, 1. 1, col. 1461.Sous le pwcurateur Fadus, Theudas le magicien, y<5tjç, emmena à sa suite un grand nombre-de Juifs jusqu’auJourdain, qu’il voulait leur faire traverser aisément, aumoven de ses prestiges, et là fut mis à mort par les

Romains. Josèphe, Ant. jud., XX, v, 1. Le même sortmenaça, sous Félix, un Égyptien qui avait entraîné lafoule sur le mont des Oliviers, en promettant de fairetomber d’un seul mot les murs de Jérusalem. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 6. — La magie juive eut une grandeinfluence sur la magie des autres peuples. Les magiciensde tous les pays se servaient fréquemment denoms hébraïques pour appeler les démons et de formuleshébraïques pour faire leurs conjurations. Cf.Philosophumena, IV, iv, 1, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 94; Origène, Cont. Cels., iv, 32, t. xi, col. 1345. Dansles textes magiques il est souvent question du Dieud’Abraham, d’Isaac, de Jacob, du Dieu Sabaoth, etc.: tffwô <ra€ati)6, aôuvcu sXwcu tz6paa[A, ’Iàw’Aêpiacto’Apëa6tâ(i> Saëocùi’ASuvoct, x. t. X. Cf. Kenyon, Greek Papyriin the Brit. Mus., p. 80; Delattre, Bulletin de corresp.hellén., 1888, xii, p. 294-302, etc. On inscrivait les nomshébreux de Dieu sur les amulettes magiques. Voir t. iii, figures 216-248, col. 1225-1226. Dans une formule copted’exécration, conservée à la bibliothèque Bodléienne,

173. — Poupées magiques en plomb, trouvées à Tell-Sandahanna.

D’après le Palestine exploration fund, Quarterly Statement,

1900, p. 332.

on lit les noms plusieurs fois répètes: Adonai, Eloe, Eloï, Jao, Sabaoth, Emanuel, El. Cf. W. E. Crum, dansla Zeitschrift fur âgyptische Spraxhe, t. xxxiv, 1897, p. 85-89. La kabbale juive eut en grande faveur les recetteset les pratiques magiques. En prononçant certainsnoms ou certains mots tirés de la Sainte Écriture, ouen les écrivant sur des amulettes, on pouvait s’assujettirles démons, guérir les malades, éteindre les incendies, etc. Cf. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 520; Karppe, Étude sur les origines et la nature du Zohar, Paris, 1901, p. 76-79, 273-278, 506-526; H. Leclercq, Adjuration, dans D. Cabrol, Dictionnaire d’archéologiechrétienne et de liturgie, Paris, 1903, t. i, col. 529532. — Il existe une abondante littérature sur la magiejuive; voir principalement Brecher, Dos Transcendentale, Magie und magische Heilarten in Talmud, Vienne, 1850; Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 306-316; Paul Scholz, Gôtzendienst undZauberwesen bel den alten Hebrâern und den benachbartenVôlkern, Ratisbonne, 1877; D. Joël, Der Aberglaubeund die Stellung des Judenthums zu demselben, dans les Jahresber. des jùdisch.-lheol. Seminars zu Breslau, 1881, 1883; Rob. Smith, On the forms of divinationand magie enumerated Dent., xviii, 10, 11, dans le Journalof Philology, 1885, t. xiii, p. 273-287; t. xiv, p. 113128; Schwab, Les coupes magiques et l’hydromanciedans l’antiquité orientale, dans les Proceedings of theSociety of Bibl. Archxol., 1890, t. xii, p. 292-342; 1891, t. xiii, p. 583-595; R. Slûbe, Jkdisch-babylonische Zaubertexte, Halle, 1895; W. Davies, Magic, Divination andDemonology among the Hebrews, in-16; Londres (1898); L. Blau, Dos altjûdische Zauberwesen, Strasbourg,

E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes3e édit, , t. iii, 1898, p. 294-304.

IV. Là MAGIE CHEZ LES GRECS ET LES ROMAINS. —

1° Des pays d’Orient, la magie passa de bonne heuredans les contrées occidentales. L’usage des amulettes, àinscriptions magiques pour détourner toutes sortes depérils, se rencontre partout. Voir Amulette, t. i, col. 527-531. Les lettres éphésiennes et les lettres milésiennesétaient célèbres sous ce rapport. Cf. Clémentd’Alexandrie, Stromat., v, 8, t. IX, col. 72; Wessely, Ephesia grammata aus Papyrus-Rollen, Inschriften, Gemmen, etc. gesammelt, Vienne, 1886; GriechischerZauberpapyrus, novae papyri magicæ, Vienne, 1893.Voir t. i, fig. 129, col. 528. On a trouvé à Carthage, dansune tombe romaine du 1 er ou du IIe siècle, une lame deplomb avec une inscription par laquelle on invoque undémon pour qu’il empêche un certain nombre de chevaux, dont les noms sont transcrits, de gagner auxcourses. Voir t. H, col. 1366, fig. 491. Les objets de cegenre abondent. La magie faisait partie intégrante desCultes officiels de la Grèce et de Rome. Les philtres, lesobjets magiques, la nécromancie, les immolations d’enfantsdont on offrait les entrailles aux dieux infernaux, la communication avec les démons, toutes les variétésde la magie, en un mot, étaient d’usage courant.Cf. Dôllinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. iii, p. 289-299. Tacite, Annal., ii, 69, parle des procédés magiques employés pour procurer lamort de Germanicus; on retrouva sur le sol et sur lesmurs des restes de corps humains, des incantations etdes formules pour le vouer aux dieux infernaux, le nomde Germanicus écrit sur des lamelles de plomb, desmélanges de cendre et de sang corrompu, et d’autresmaléfices pour livrer les vies aux divinités de l’enfer.Dans toutes les formules magiques, il était souverainementimportant d’appeler les dieux ou les démons parles noms qui leur plaisaient et de ne s’écarter en riendes textes consacrés, si inintelligibles qu’ils fussent.Cf. Philosophumena, édit. Cruice, IV, iv, p. 93-113; A. Maury, La magie et l’astrologie dans l’antiquité etau moyen âge, Paris, 1860; Horst, Von der alten undneuen Magie Vrsprung, Idée, Umfang und Geschichte, Mayence, 1820; Ennemosei 1, Geschichte der Magie, 2e édit., Leipzig, 1844; Eliphas Levi, Dogme et rituelde la haute Magie, 2 in-8°, Paris, 1856; Schûrer, Geschichtedes jûdisch. Volk. im Zeit. J. C, t. iii, p. 294304. — 2° Il n’est guère fait, dans le Nouveau Testament, qu’une seule allusion à la magie grecque. À Éphèse, àla suite des tentatives malheureuses des fils du JuifScéva pour chasser les démons par le nom de Jésus, ungrand nombre d’habitants renoncèrent aux pratiquesmagiques. Ils étaient ta roptepya itpalâvrec, «pratiquantles choses magiques,» cf. Dion Cassius, lxix, 11, idéequi est affaiblie dans la Vulgale: curiosa sectati, «poursuivant les choses curieuses.» Ils apportèrentleurs formulaires magiques et en brûlèrent une quantitéqui fut estimée à cinquante mille deniers. Act., xrx, 19; cf. C. Ortlob, De Ephesiorum libris curios.combust., dans le Thésaurus de Hase et Iken, t. ii, p. 705-714. — Sur la jeune fille de Pbilippes qui avaitun esprit de divination, Act., xvi, 16, voir Python.

H. Lesêtre.

    1. MAGISTRIS##

MAGISTRIS (Siméon de), commentateur italien, né à Serra en 1728, mort à Rome en 1802. Entré àl’Oratoire de Rome, il s’y adonna spécialement à l’étudedes langues orientales. Pie VI le nomma évêque deCyrène in partibus et le chargea de la correction deslivres liturgiques des Églises orientales. On lui doit laplus belle édition de Daniel qui ait été faite: Danielsecundum Septuaginta ex tetraplis Origenis, nunc primumeditus, ex singulari Chisiano Codice annorumsupra 1300, grœce et latine, in-f», Rome, 1774. Le P. deMagistris y a ajouté plusieurs dissertations, le commentaire de Daniel attribué à saint Hippolyte martyr; desfragments du livre d’Esther en chaldéen, du canon desÉcritures de Papias, etc. A. Ingold.

    1. MAGOG##

MAGOG (hébreu: Mâgôg; Septante: Ma-{ivy), filsde Japhet. Il est nommé entre Gomer, qu’on regardegénéralement comme désignant les Gimériens, et Madai, c’est-à-dire les Mèdes. Gen., x, 2; I Par., i, 5. — 1° DansÉzéchiel, xxxviii, 2, Gog est roi de Magog. Voir Gog, t. iii, col. 265. Dieu doit envoyer le feu au pays de Magog, Ezech., xxxix, 6. Josèphe, Ant.jud., i, vi, 1, et saintJérôme, In Ezech., 1. XI, t. xxv, col. 356, traduisentMagog par Scythes. Mais ce mot dans le langage desanciens est à peu près aussi vague que Magog, si ce n’estqu’il désigne les peuples situés au nord et à l’est duPont-Euxin. Magog serait donc un peuple du nord. SiGog est le personnage qui, d’après Fr. Lenormant, estappelé dans le récit des guerres d’Assurbanipal Gâgubel er Sa’hi, «Gôg, roi des Scythes,» l’étymologie donnéepar Josèphe serait confirmée. Fr. Lenormant, Les originesde l’Histoire, Paris", 1882, t. ii, p. 461. Mais d’autrepart nous savons que les Scythes avaient fait, à la fin duvif siècle avant J.-C, une formidable invasion en AsieMineure. Descendus des montagnes du Caucase, ilss’étaient emparés de Sardes, puis de la Médie, avaientbattu Cyaxare, roi des Mèdes, et s’étaient dirigés versl’Egypte. Psanmétique I er était parvenu à les éloigner àforce de présents. Revenant sur leurs pas, ils avaientpillé le temple d’Ascalon, puis avaient été battus et détruits, laissant après eux le souvenir de leurs dévastations.F. Vigouroux, Manuel biblique, 11e édit., t. ii, p. 748; G. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, 1899, p. 350-354, 471-474, 480. Magog peut donc désigner lesScythes établis en Asie, comme Gomer les établissem*ntsdes Gimmériens dans cette même région. Voir Gomer, t. ii, col. 270. — 2° Magog, est cité avec Gog dansl’Apocalypse, xx, 7. À la fin du monde, Satan sortira dela prison où il aura été renfermé pendant mille ans, pour séduire les nations qui sont aux quatre coins dela terre Gog et Magog, afin de les rassembler pour laguerre. Ces deux noms n’ont pas ici une significationethnique, ils représentent en général les ennemis del’Église.. E. Beurlier.

    1. MAGRON##

MAGRON (hébreu: Migrôn; Septante: MaySâv, I Reg., xiv, 2; MaY£36ci>, Is., x, 28). Ce nom se lit deuxfois dans l’Écriture. Il est raconté, I Reg., xiv, 2, quelors d’une guerre contre les Philistins, dans les premierstemps de son règne, «Saùl se tenait à l’extrémitéde Gabaa (Gib’dh), sous le grenadier de Magron.» —Environ trois siècles plus tard, Isaïe, prophétisant l’invasionde Sennachérib en Palestine, décrit ainsi lamarche du roi d’Assyrie: «Il vient à Aïath, il traverseMagron, il laisse ses bagages à Machmas, [ses soldats]franchissent le défilé, ils couchent à Gaba (Ge’ba’); Rama(hà-Râmâh) tremble; Gabaa (Gib’âh) de Saùl prend lafuite.» Is., x, 28-29 (d’après l’hébreu). — Une premièrequestion qui se pose au sujet de ces deux passages, c’est de savoir s’il s’agit d’un seul Magron. Onadmet assez communément aujourd’hui que le Magronde Saùl n’est pas le même que celui d’Isaïe, parce quele prophète place Magron plus au nord que ne le faitl’historien de Saùl, non pas à côté de Gabaa, mais plushaut entre Aïath (Haï, t. iii, col. 399) et Machmas (col. 507).La situation du Magron de Saùl ne peut être précisée.V. Guérin, Samarie, t. i, p. 185-187, la cherche à Khirbetel-Mighram, à un quart d’heure de marche à l’ouestde Schafat. Les ruines d’El-Mighram «couvrent un plateauen partie livré à la culture. Des amas de matériauxprovenant de constructions renversées jonchent le sol.Une enceinte rectangulaire, longue de quarante pas environet bâtie avec des blocs assez grossièrement taillés, est encore en partie debout… Çà et là, plusieurs citernes 571

MAGRON — MAHANAÏM’572

pratiquées dans le roc». V. Guérin, Samarie, t. 1, p. 185.On identifie le Magron d’Isaïe avec les ruines de Makrûn, situées au nord de Machmas, sur la route de Haï.Voir K. Bædeker, Palestine et Syrie, Leipzig, 1893, p. 121. Cependant ce nom manque dans la grande carteanglaise de la Palestine. F. Vigouroux.

    1. MAHALATH##

MAHALATH (hébreu: Mahâldf), nom de deuxfemmes dans le texte hébreu. La Vulgate écrit le nomde l’une d’entre elles Mahalath et l’autre Maheleth, Cemême mot se lit dans le titre de deux Psaumes. VoirMaëleth.

1. MAHALATH, femme d’Ésaû. Voir MahÉLETH 1.

2. MAHALATH (Septante: MooXaft), fille de Jérimothet la première des dix-huit femmes de Roboam, roi deJuda, qui était son cousin. II Par., xi, 18. Son père étaitun des fils de David et par conséquent frère de Salomon, le père de Roboam. Voir Jérimoth 7, t. iii, col. 1299.D’après un certain nombre de commentateurs, Mahaiathaurait eu pour mère ou grand’mère «Abihaïl, filled’Éliab, fils d’Isaï», et elle aurait eu trois fils, Jéhus, Somoria et Zoom. Ils suppléent la conjonction i, «et,» devant Abihaïl et traduisent: «Roboam épousa Mahalath, fille de Jérimoth, fils de David et d’Abihaïl, filled’Éliab, fils d’Isaï.» Les Septante et la Vulgate, au contraire, font d’Abihaïl la seconde femme de Roboam et lamère de Jéhus, de Somoria et de Zoom. Leur traductionparaît plus naturelle et mieux fondée. II Par., xi, 18-19.

    1. MAHALON##

MAHALON (hébreu: Mahlôn, «malade [?];» Septante: Macàwv), fils aîné d’Élimélech et de Noémi, dela tribu de Juda et de la ville de Bethléhem. Une famineayant obligé ses parents à se réfugier dans le pays deMoab, ils l’y emmenèrent avec son frère Chélion, et il yépousa, après la mort de son père, une femme moabiteappelée Ruth, tandis que son frère Chélion en épousaitune autre appelée Orpha. Ils moururent jeunes l’un etl’autre dans ce pays, au bout de dix ans. Ruth, i, 1-5; îv, 10. Booz devint l’héritier d’Élimélech et de ses deuxfils en épousant Ruth, veuve de Mahalon. Ruth, iv, 9-10.

    1. MAHANAÏM##

MAHANAÏM (hébreu: Mahânaïm; avec hé local: Mahânâimah, «les deux camps» ou «les deux troupes»; Septante: Maavai’v, III Reg., iv, 14; Mavai[i, II. Reg., xvii, 24, 27; Mowaéii, II Reg., ii, 8, 12; Maâv, Jos., xiii, 26, 30; Kajuv, Jos., xxi, 37 (hébreu, 38); ilstraduisent par napE^oXa! , «les camps,» Gen., xxxii, l; TC «pE[160Xri, «le camp,» II Reg., ii, 29; III Reg., ii, 8; la Vulgate écrit le nom Mahanaim, Gen., xxxii, 1; Manaim, Jos., xiii, 26, 30; xxi, 37; III Reg., iv, li, ellele traduit par castra, «les camps,» II Reg., ii, 8, 12, 29; xvii, 21, 27; III Reg., ii, 8), ville lévitique de la tribu deGad. La version syriaque l’appelle Mahanim. DansJosèphe, Ant. jud., VII, i, 3, ce nom est transcrit Màva-Xtvou MâvaXtç, «selon les Grecs,» ajoute-t-il, IIape[iëoXai, nom qu’il emploie ordinairement ensuite.

I. Origine et situation. — Jacob, à son retour de laMésopotamie, s’étant séparé de Laban, à l’entrée desmonts de Galaad, t< s’en alla par le chemin qu’il avaitpris et les Anges du Seigneur vinrent à sa rencontre.Quand il les eut vus, il dit: C’est le camp (mahânéh)de Dieu et il appela ce lieu du nom de Mahânaïm, c’est-à-direcamp,» ajoute la Vulgate. Gen., xxxii, 1-3. Josèphe, en son récit parallèle, Ant. jud., i, XX, néglige le nomhébreu; il se contente de<lire: Il (Jacob) appela ce lieu «l’armée de Dieu», QsoC <xTpa-Ô7csêov. — De l’ensembledu récit, il apparaît que Mahânaïm se trouvait au sudouestdu Hauran, dans les anciens monts de Galaad, aujourd’hui le Djebelvdjlûn, et au nord du Jaboc queJacob franchira pour se diriger sur Sichem après avoircampé à Mahânaïm. Gen., xxxii, 22. Cette localité était

sur la frontière de Gad et de Manassé oriental. Jos., xiii, 26, 30. — L’histoire du combat dans lequel périt Absalom, fils de David, l’indique à l’est ou au nord-est de laforêt d’Éphraïm. II Reg., xvii, 24; xvtn. — Aucun ancienécrivain ne donne de renseignements plus précis surla situation de cette ville. Un midrasch postérieur àla clôture du Talmud remplace Mahânaïm par le nomRimas, Ritmàs ou Dimàs, endroit tout à fait inconnu, Midrasch Yalkout, II Sam., xvii, 24. Cf. Ad. Neubauer, Géographie du Talmud. Paris, 1868, p. 250. Estôriha-Parchi, au xiiie siècle, est le premier auteur connujusqu’ici qui ait donné une identification de cette localité.Dans Caftor va-Phérach, édit. Luncz, Jérusalem, 1897, p. 311, il s’exprime ainsi: «Mahânaïm, [c’est]Mahnéh. Mahânaïm esta l’est de Bethsan, en ligne droite, à une demi-journée. À une heure, vers le sud, est laville appelée El-Estêb, que l’on dit être la patrie duThesbite. Au nord de cet el-Estêb, se trouve une rivièredont les eaux coulent été et hiver et sur les rives delaquelle se trouvent des jardins et des vergers: onl’appelle ouadi’l-Yabâ’s.» Mafrnéh auquel fait allusionl’écrivain juif n’a pas changé de nom depuis; il se trouveen effet à trois kilomètres et demi environ vers le sud-Ouestde la ruine appelée par les Arabes Lestib ouLesteb que l’on voit au pied du sommet nommé Mar-Elids(voir t. iii, fig. 6, col. 53) et considérée par tous leshabitants du Djébel-Adjlûn comme la patrie du prophèteÉlie. Lesteb se trouve lui-même à une distanceà peu près égale de l’ouadi’l-Ydbis, tenu pour l’ancienCarith. Mahnéh est en effet à l’orient (au sud-est) deBeisân, la Bethsan biblique. Le village de Fârâh, dont lenom peut rappeler celui d’Éphraïm qui a dû donnerson nom à la forêt où périt l’infortuné fils de David, setrouve à six kilomètres environ de Lesteb, vers l’ouest.La situation d’el-Mahnéh, non moins que son nom, correspond certainement aux indications de la Bible. Sacondition seule pourrait laisser quelque doute sur sonidentité avec la ville de Mahânaïm qui semble s’êtreélevée plus tard à l’endroit où campa Jacob après s’êtreséparé de Laban son beau-père.

IL Description. — Le nom de Khirbet Mahnéh ousimplement Mahnéh (fig. 174) est donné à une petitecolline couverte de ruines, resserrée entre deux montsqui la dominent au nord-est et au sud, et s’avançant sur lavallée appelée elle-même ouadi Mahnéh. La vallée courtdu sud-est au nord-ouest pour aller se ramifier à l’ouadiYâbis dans le voisinage de Ba’oûn. La colline et tous lesalentours étaient, en 1890, recouverts d’une épaisse forêtde chênes et de térébinthes pour la plupart plusieursfois séculaires, à l’exception d’une étroite clairière oùle ga ?on épais et frais qui tapissait la terre, annonçaitle voisinage d’une source. Les grands arbres ont disparuet sont remplacés, là où le sol n’a pas été complètementdénudé, par des buissons assez clairsemés. La ruineressemble à la plupart de celles de la région: c’est unamas confus de pierres à peine équarries et de quelquespans de murs grossiers. L’étendue du khirbet est à peined’un hectare en superficie. Au-dessus de la colline, àl’est, et dans le flanc de la montagne dont elle est laprolongation s’ouvrent plusieurs tombeaux d’apparenceantique, creusés dans le roc. Non loin un cercle depierres est désigné sous le nom d’eS-Seih el-Mahnaûyet considéré comme le tombeau de ce personnage. —La source, ’Ain Mahnéh, est à deux cents pas au nordouestdu khirbet et dans la vallée; elle jaillit assezabondante au milieu d’un bassin circulaire autour duquelsont disposées plusieurs auges de pierre rongées parle temps, dans lesquelles les bergers viennent abreuverleurs troupeaux (fig. 175). Cette source est la premièreque l’on rencontre dans la montagne en venant del’orient et l’on comprend qu’elle ait pu inviter Jacob àplanter sa tente en cet endroit.

III. Histoire. — Jacob paraît avoir séjourné un temps

assez long â Mahanaïm. C’est de là qu’il semble avoirenvoyé ses messagers à son frère Ésau résidant en Séir, pour l’avertir de son retour de Mésopotamie, et là aussivraisemblablement qu’il attendit leur retour. Gen., xxxiii, 1-6. — Mahanaïm faisait partie à l’arrivée des Israélites, du royaume de Basan, gouverné alors par le roi Og; aussitôt après la conquête, elle fut attribuée par Moïse àla tribu de Gad, désignée pour résidence aux lévites dela famille de Mérari et une des quatre villes de refugede la Transjcrdane. Jos., un, 26-30; xxi, 37-38. Il semblede là, que dès lors il y avait en cet endroit une ville quiprit le nom donné à cette localité par Jacob. — Saùl etson fils aîné Jonathas étant tombés sur le champ de bataille, aux monts de Gelboé, Abner cousin du roi et

même à la porte de Mahanaïm la nouvelle de l’issue dela bataille. On sait comment, en apprenant bi mortd’Absalom, il se laissa aller à la plus amère douleur etcomment, repris durement par Joab, il sécha ses larmesetrevint à la porte recevoir les hommages de ses fidèlessujets. Il attendit à Mahanaïm que les principaux deJuda vinssent le rappeler et le ramener à Jérusalem.II Sam. (II Reg.), xvii, 24; xix, 15. — Lorsque Salomondivisa le pays d’Israël en douze préfectures, la Transjordaneen eut trois: une au sud du Jaboc et deux aunord. Mahanaïm fut le chef-lieu de la prélecture occidentaledu nord qui devait comprendre à peu prèstout le district d’Adjloûn. Elle fut confiée à Ahinadab, fils d’Addo. III Reg., iv, 14. Il n’es’t plus parlé da

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174. — Khirbet Mafynéh. D’après une photographie de M. L. Heidet.

chef de son armée, redoutant sans doute les Philistinset peut-être aussi David aussitôt acclamé roi, à Hébron, par la tribu de Juda, persuada à Isboseth, fils de Saûl, de s’établir à Mahanaïm. Isboseth y fut reconnu pourroi par tout Galaad, c’est-à-dire par tout le peuple de laTransjordane et par les autres tribus occidentales.II Sam. (II Reg.), ii, 8-10. Mahanaïm devint ainsi la capitaledu premier royaume d’Israël. C’est de Mahanaïmdeux ans après que partit Abner pour porter la guerreà l’occident, contre le compétiteur du fils de Saûl. Battuà Gabaon par Joab, il regagna Mahanaïm avec les débrisde sa troupe. II Reg., ii, 17, 29. Isboseth régna septans à Mahanaïm et y fut assassiné par les deux bérothainsBaana et Réchab. II Reg., iv, 6. — Quelques annéesplus tard, David, fuyant devant son fils révolté Absalom, vint à son tour chercher un refuge à Mahanaïm. Il y futassisté par Sobi, fils de Nalias, roi des Ammonites, et parplusieurs Galaadiles, parmi lesquels se distingua Berzellaïde Rogelim. Le roi organisa la troupe des fidèlesqui 4’avaient accompagné ou rejoint, mais après enavoir confié le commandement à Joab, il attendit luiMahanaïm dans la suite. Mafrnéh n’a point d’histoire.IV. Difficultés pour l’identification. — Au souvenirde ces faits, en présence de Mahnëh, on se demande: comment une localité d’apparence si commune a-t-ellepu être choisie pour résidence royale et capitale d’Israël, par Abner et par. Isboseth? comment dans des conditionssi peu aptes à en faire une ville de défense Davidet les siens menacés par les troupes d’Absalom ont-ilspula prendre pour le lieu de leur refuge? commentd’ailleurs cette localité si restreinte aurait-elle pu accueillirles uns et les autres avec leur suite? Dans l’état de*choses où nous vivons aujourd’hui et avec nos conceptions, l’identité stricte de Mafjinéh avec Mahanaïm doitnous paraître en effet inadmissible; tout ce que l’onpourrait concéder, ce serait, ce semble, l’identité desnoms, que Mafynéh procède traditionnellement de l’autre.Malynéh, établi dans la région de Mahanaïm, peut avoirpris d’elle son nom; ou bien, après la destruction deleur ville ses habitants ont pu, comme le fait s’est reproduiten maints endroits, transporter son nom à lanouvelle localité rebâtie un peu plus loin pour remplacer

l’ancienne. L’identité stricte est toutefois moins difficileà accepter, si l’on se met dans les conditions dans lesquellesse trouvaient les anciens, au xie siècle avant l’èrechrétienne. Les villes fortes d’Israël étaient en réalitédes villages, souvent fort petit*, protégés seulement parun mur assez rustique, avec une porte, comme on envoit encore plusieurs aujourd’hui en Palestine. Gabaa, le village d’origine de Saûl, en tout semblable aux autres, n’avait point cessé jusqu’à sa mort d’être la capitale d’Israël.Les détails sur les circonstances de la mort de sonfils et successeur, Isboseth, nous montrent sa demeure, àMahanaïm, dans les conditions d’une simple maison devillageois. II Reg., iv, 5-6. Si l’on excepte Jérusalemoù David s’était fait construire par les Phéniciens,

tentes pour s’abriter en dehors des villes, quand ils nepréféraient pas rester en plein air. Dans ces conditionsil n’y a pas à exiger de Mahnéh ce que l’on pourraitdemander à des villes de garnison ou aux capitales denotre époque.

Les palestinologues du reste, depuis que Seetzen, en1806, leur a signalé la survivance du nom de iS.alj.neh, conviennent que ce nom doit être, celui de Mahanaïmlégèrement altéré dans sa finale et que son site pourraitêtre (bien que la plupart nous l’affirment catégoriquement, ils ne connaissent l’endroit que par ouï. dire)celui même de Mahanaïm. Voir Seetzen, Reisen durchPai&stina, in-8°, Berlin, 1854, 1. 1, p. 385; S. Merill, Eastof the Jordan, 2e édit., in-8°, New-York. 1883, p. 355,

175. — La fontaine de Hafynéh. D’après une jhotographie de M. L. Hcidet.

II Reg., v, 11, une habitation plus luxueuse et où ilavait commencé à s’entourer d’un personnel plus nombreux, l’aspect des autres villes du royaume n’avait pointchangé: les détails de l’histoire et les constatationsfaites sur l’emplacement des cités bibliques les pluscélèbres et les plus importantes nous en assurent pleinement.Mahnéh d’ailleurs est situé à l’arrière, à l’orientdes ravins rocheux, profonds et escarpés qui déchirentles premiers plans des montagnes de l’Adjloûn, du côtédu Ghôr; ces monts étaient jadis comme naguère encored’immenses et inextricables forêts de chênes où en abattantquelques arbres on pouvait fermer tous les passagesmieux que par les fossés les plus larges et les toursles plus élevées; Isboseth et David pouvaient chercherlà une retraite plus sûre que dans la forteresse la pluspuissante et munie de défenseurs nombreux. Ni l’un nil’autre n’avaient à installer alors une milice régulièreet permanente; leurs armées étaient composéesde masses de paysans accourus pour la circonstance, apportant avec eux, ainsi que le pratiquent encoreaujourd’hui les Arabes Bédouins, leurs provisions et leurs

433; Rich. von Riess, Biblische Géographie, in-f°, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 60; Id., Bibelvtlas, m-i", ibid., p. 19; de Saulcy, Dictionnaire topographiqueabrégé de la Terre-Sainte, in-12, Paris, 1877, p. 217; Van Kasteren, Bemerkungen àber einige alte Ortschaftenin Ont Jordanland, dans la Zeitschrift der deutschenPalàstina-Vereins, t. xiii, 1890, p. 205; Schurer, ibid, , t. xx, p. 2; Armstrong, Names and Places in theOld Testament, in-8°, Londres, 1887, p. 187; Conder, Heth and Moab, in-8°, Londres, 1889, p. 177-180; Guthe, Géographie des Alten Palâstina, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 257. L. Heidft.

    1. MÀHANÉH-DAN##

MÀHANÉH-DAN (hébreu: Mahanêh-Ddn; Septante: IIap£[ioo)ài Adcv; Vulgate: Castra Dan, «camp deDan» ), nom donné à une localité située près età l’ouestde Cariathiarim, t. ii, col. 273. Elle fut ainsi appeléeparce que les Danites y campèrent, lorsqu’ils se rendirentdu sud de la Palestine dans le’nord pour s’emparerde la ville de Laïs. Jud., xviii, 12. Mahanéh-Danétait situé entre Saraa et Esthaol, Jud., xiii, 25, et faitait

primitivement partie, par conséquent, de la tribu deJuda, Jos., xv, 33, mais cette portion du territoire avaitété cédée à la tribu de Dan. Jos., xix, 41. On ne sauraitfixer avec plus de précision le site de Mahanéh-Dan.Conder, Palestine, Londres, 1889, p. 258, le marquedans l’ouadi el-Mutluk. C’est à Mahanéh-Dan que l’espritde Dieu commença à agir dans Samson. Jud., xiii, 25.Quelques commentateurs ont voulu faire sans raison duMahanéh-Dan de Samson et de celui dont il est parlédans l’histoire de la campagne des Danites contre Laïsdeux localités différentes. Voir Esthaol, t. ii, col. 1971.

    1. MAHARAÏ##

MAHARAÏ (hébreu: Mahârai, <a prompt;» Septante: Noepé, II Reg., xxiii, 28; Mapaî; I Par., xi, 30; Alexandrinus: Moopot’i; Sinaiticus: Nepeé), un desvaillants soldats (gibbôrîm) de David. Il était de Nétophat, ville de la tribu de Juda, II Reg., xxiii, 28; I Par., xi, 30, à laquelle il appartenait comme descendant deZaraï (hébreu laz-zarlyï) ou Zara. David fit de lui un desdouze chefs de son armée; il commandait à vingt-quatremille hommes, chargés du service pendant le dixièmemois de l’année. I Par., xxvii, 13. Dans ce dernier passage, le nom de Maharaï est écrit dans la Vulgate Maraiet dans les Septante, Merjpâ; Alexandrinus: Moopat

    1. MAHATH##

MAHATH (hébreu: Mahaf; Septante: MaâG), nomdes deux Lévites et d’un ancêtre de Notre-Seigneur.

1. MAHATH, Lévite de la branche de Caath, fils d’Amasaïet père d’Elcana, un des ancêtres d’Héman, chefde chœur du temps de David. I Par., vi, 35 (hébreu, 20).Il n’est probablement pas différent, d’après plusieursinterprètes, de l’Achimoth du ꝟ. 25 (hébreu, 11), maisles versets 25-26 paraissent altérés et il est très difficilede rétablir la leçon originale primitive.

2. MAHATH, Lévite, fils d’Amasaï, de la branche deCaath. Il vivait du temps d’Ézéchias et fut l’un de ceuxqui purifièrent le Temple sous le règne de ce roi. II Par.xxxix, 12. Ézéchias le nomma plus tard, avec quelquesautres, sous-intendant des revenus du Temple. II Par., xxxi, 13.

3. MAHATH, fils de Mathathias et père de Naggé, dela tribu de Juda, un des ancêtres de Notre-Seigneur.Luc, iii, 26.

    1. MAHAZIOTH##

MAHAZIOTH (hébreu: Mahâzïôt; Septante: Me «ijiif); Alexandrinus: Maaïiu>6), Lévite, le plus jeune desquatorze fils d’Héman, de la famille de Caath. Il vivaitdu temps de David et fut le chef de la vingt-troisièmedivision des musiciens du sanctuaire. I Par., xxv, 4, 30.

1. MAHÉLETH (hébreu: Mahâlat; Septante: M «e>16), fille d’ismaël et troisième femme d’Ésaù, dont elleétait la cousine. Le frère de Jacob l’épousa dans l’intentionde faire plaisir à son père Isaac, qui lui avait vu demauvais œil prendre ses deux premières femmes parmiles filles de Chanaan. Gen., xxviii, 6-9. Dans la Genèse, xxxvi, 3, Mahéleth est appelée Basemath. Voir Basemath% 1. 1, col. 1492. Le Pentateuque samaritain porte Mahâlatdans les deux passages.

2. MAHÉLETH, mot hébreu conservé dans le titre duPs. lxxxvii, 1, par la Vulgate. Voir Maëleth.

    1. MAHER-SCHALAL-KHASCH-BAZ##

MAHER-SCHALAL-KHASCH-BAZ (hébreu: Mahêr sâtâl hâS baz), nom symbolique et prophétiquedonné à un fils d’Isaïe. Les Septante le traduisent de lamanière suivante: ToO o^iiùç 7rpovofiT|V 7roirixat (TxtjXwv, Is., viii, 1; Ta^soiç (rx-JÏeuaov, &! U10( irpov&fjieuaov, Is., VIII, 3; et la Vulgate: Velociter spolia detrahe, cito preedare, Is., viii, 1; Accéléra spolia detrahere, festina prsedari,


s., viii, 3, «Hâte-toi d’enlever les dépouilles, prendvite le butin.» Dieu commanda au prophète d’écriresur une tablette, avec un burin d’homme, c’est-à-dire enécriture intelligible: Mahêr idlàl hâs baz. Et un (ilsétant né à Isaïe, Dieu lui dit: «Donne-lui pour nomMahêr sdlâl hds baz, car avant que l’enfant sache dire: mon père, ma mère, on portera les richesses de Damaset les dépouilles (iâlal) de Samarie devant le roi d’Assyrie, il Is., viii, 1-4. Le Seigneur annonçait ainsi à Achazet à son peuple, épouvantés par la coalition qu’avaientformée contre eux Rasin, roi de Damas, et Phacée, roid’Israël, qu’ils ne devaient point s’effrayer, puisque cesdeux princes allaient être battus et dépouillés par le roid’Assyrie. En effet, peu après, Rasin fut défait et tuépar Théglathphalasar, IV Reg., xvi, 9, et le royaume dePhacée fut ravagé par le même prince, qui emmenacaptifs une partie des habitants de la Palestine du Nord.IV Reg., xv, 29. — Les noms propres hébreux, étanttoujours significatifs, se prêtent aisément aux allusionsprophétiques, comme dans cet oracle d’Isaïe. Nous entrouvons d’autres exemples dans Is., vii, 3 (Se’âr Ydsûb), et dans Osée, son contemporain. Voir Lo-Ammi, Lo-Ruchamah, col. 317, 363.

    1. MAHIDA##

MAHIDA (hébreu: Mefridâ’; Septante: Maa8â, I Esd., ii, 52; MiSâ, II Esd., vii, 54; Alexandrinus etSinaiticus: MeeiSâ), chef d’une famille de Nathinéens, dont les descendants revinrent de la captivité de Babyloneen Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 52; II Esd, , vu, 54.

    1. MAHIR##

MAHIR (hébreu: Mehir, «prix de vente;» Septante: Majc’p), fils de Caleb (hébreu: Kelûb), le frèrede Sua, de la tribu de Juda. Il eut pour fils Esthon.I Par., iv, 11. Voir Caleb 3, t. ii, col. 59.

    1. MAHOL##

MAHOL (hébreu: Màhol; Septante: Ma),; Alexandrinus: ’A(*a8), père des trois sages Héman, Chalcol etDorda, auxquels Salomon était supérieur en sagesse.III Reg., IV, 31 (hébreu, v, 11). Le mot mâhôl, en hébreu, signifie «danse». Ps. xxx, 12; cxlix, 3; cl, 4(texte hébreu). De là vient que divers interprètes prennentmâfyôl pour un nom commun et non pour un nompropre, et traduisent, en conséquence: «Héman, Chalcolet Dorda, pères de la danse,» c’est-à-dire, d’aprèseux, par hébraïsme, habiles à conduire des chœurs dedanse, musiciens célèbres. Cf. Frd. Keil, Die Bûcherder Kônige, 2e édit., 1876, p. 45. On allègue en faveurde cette explication que Chalcol et Dorda sont appelésfils de Zara et non fils de Mahol, dans I Par., ii, 6cependant, comme dans le passage de III Reg., iv, 31rien n’indique que le roi Salomon soit présenté commemusicien et chorège et qu’au contraire la comparaisonporte sur la sagesse de ce prince, la plupart des commentateursregardent Mahol comme un nom d’homme.Voir Chalcol, Dorda, t. ii, col. 505, 1492; Héman 2, t. iii, col. 587.

    1. MAHUMITE##

MAHUMITE (hébreu: ham-Mafiâvîm; Septante: 6 Maou; Alexandrinus: ô Maweîv), surnom d’Êliel, undes vaillants soldats de David. I Par., xi, 46. Mahâvîmparaît être un nom ethnique, désignant la patrie d’Éliel, mais la forme plurielle de ce mot est irrégulière etsemble altérée. On croit communément que Mafrâvimsignifie «originaire de Mahanaïm» ou Manaïm. Jos., xiii, 26. Il faudrait donc lire: ham-Ma/fanîmî. Voir Éliel 5, t. ii, col. 1677.

    1. MAHUS Jean##

MAHUS Jean, d’Oudenarde, commentateur néerlandais, frère mineur, enseigna les saintes Lettres dans lecouvent de son ordre à Louvain. Sa réputation de vertuet de science le fit nommer premier évêque de Daventry; mais son grand âge le contraignit à refuser cette

IV. - 19

dignité, et il passa les derniers jours de sa vie dans laretraite. Les Gueux, ayant envahi Daventry, s’emparèrentde lui, et, après mille outrages et supplices, le laissèrentmort sur une des places de la ville, en l’an 1572. Il avaitdonné au public: 1. Epitome annotationum in NovumTestamentum, ex quinta et ultima editione ErasmiRoterodami, in-8°, Anvers, 1538; 2. Compendium commentariorumFrancisa Titelmani, minoritx, in Psalmos, Anvers; 3. In Epistolas D. Pauli Epitome, dontles bibliographes ne décrivent pas l’édition; 4. DiviJoannis Chrysostomi in Evangelia secundum Matthxumcommentaria, ab Arianorum fœce purgata. Cetouvrage xonsiste en 54 homélies, et fut imprimé à Anversen 1537. Une autre édition sortit des mêmes pressesen 1645; une 3e fut donnée à Paris; 5. Il revit et collationnal’Exposition de saint Bonaventure sur saint Luc, dans les mss. des couvents de frères mineurs de Louvain, Bruxelles, Gand et Utrecht. Elle fut imprimée àAnvers en 1539, en un volume in-8°, que les bibliographesfranciscains signalent d’après le catalogue de laBibliothèque royale de Paris. Elle fut réimprimée àVenise en 1574, en un volume in-8°, qui renfermait aussiles Commentaires du même docteur sur les Lamentationsde Jérémie. Cette édition fut surveillée et annotéepar le Frère Mineur Jean Balain ou Balagni.

P. Apollinaire.

    1. MAIER Adalbert##

MAIER Adalbert, exégète catholique allemand, né àVillingen, en Bade, le 26 avril 1811, mort à Fribourgen-Brisgaule 29 juillet 1889. Après avoir fait ses étudesdans ces deux villes, il fut ordonné prêtre le 27 août 1836et reçu docteur le 8 novembre de la même année. Ilavait été élève de Léonard Hug. Il commença dans l’étéde 1837 à faire un cours d’exégèse à l’université de Fribourgsur l’Ancien ot le Nouveau Testament et il célébraen 1886 le jubilé de son long enseignement. Voicila liste de ses* œuvres: Exegetisch-dogmatische Entwickelurigder neutestamentlichen Begriffe von Zo>rç, ’Avdirraoïç und Kpimç, in-8°, Fribourg, 1840; Commentarûber dos Evangelium des Johannes, 2 in-8°, Fribourg, 1843-1845; Commenta? ûber den Brief Pauli andie Rômer, in-8 Fribourg, 1817; Einleitung in dieSchriften des Neuen Testaments, in-8°, Fribourg; 1852; Commentai- ûber den ersten Brief Pauli an dieKorinther, in-8°, Fribourg, 1857; Commentar ûber denBrief an die Hebràer, in-8°, Fribourg, 1861; Commentarûber den zweiten Bref Pauli an die Korinther, ïn-8, Fribourg, 1865. — Voir Frdk. von Weech, Badische_Bio<7rapÂi «vn-8°, Karlsruhe, t. iv, 1891, p. 254-258.

MAILLE. Voir Cotte de mailles, t. ii, col. 1056.

    1. MAJMAN##

MAJMAN (hébreu: Miyâmin; Septante: Meïajiîv), prêtre de la famille d’Éléazar. Il vivait du temps deDavid et fut le chef de la sixième classe sacerdotale, lorsque le roi divisa les enfants d’Aaron en vingt-quatregroupes. I Par., xxiv, 9.

    1. MAIMOUNI##

MAIMOUNI, vulgairement: MAIMONIDE Moïse, ou Mose ben Maimon, théologien et exégète juif, néà Cordoue le 30 mars 1135, mort le 13 décembre 1204.On le désigne souvent sous le nom de Rambam, composédes initiales des mots: Rabbi Moïse Ben Maïmon.Après avoir erré en divers pays avec sa famille, ilse rendit en 1165 en Palestine et plus tard en Egypte.Il s’y établit à Fostat (vieux Caire), où il fit des courspublics et devint médecin du sultan. Les Juifs leregardent comme le plus grand de leurs rabbins etl’appellent «la Lumière de l’Orient et de l’Occident».Il s’attacha surtout à commenter le Tahnud. Ses principauxouvrages sont: le Yod hazakah ( «main forte» )ou Mischnah Thorah ( «seconde loi» ), 2 in-f», sanslieu ni date, exposition systématique des doctrinesreligieuses du judaïsme (rééditions à Soncino, 1490;

Constantinople, 1509, etc.); le Dalalat al-Haïrin (Guidedes égarés), écrit en arabe et plus connu sous le nomde Moréh Nebouchim, titre qui lui fut donné par Tobben Joseph, qui le traduisit en hébreu. Cette versionparut d’abord sans lieu, ni date, puis in-f°, à Venise, 1551; in-4°, Berlin, 1791; in-f», Paris, 1520; in-4°, Bâle, 1629 (par Buxtorf) avec traduction latine. S. Munk en adonné l’édition suivante: Le guide des égarés, traitéde théologie et de philosophie, publié pour la premièrefois dans l’original arabe et accompagné d’une traductionfrançaise et de notes critiques, littéraires et explicatives, 3 in-8°, Paris, 1856-1866. Maimonide écrivit cetouvrage pour un de ses disciples, afin de lui apprendrecomment il faut, entendre les locutions de l’EcritureSainte qui s’éloignent de l’usage ordinaire et ne doiventpas s’expliquer dans le sens littéral. — Voir Béer, Lebenund Wirken des Maimonides, Prague, 1844; Stein, Moses Maimonides, in-8°, La Haye, 1846; S. Munk, Mélanges de philosophie juive et arabe, in-8°, Paris, 1859, p. 461; Abr. Geiger, [Moses ben Maimon, in-8°, Rosenberg, 1850; J. Mûnz, Die Religionsphilosophiedes Maimonides, in-8°, Berlin, 1887; L. Bardowicz, Dierationale Schriftauslegung des Maimonides, in-8°, Rerlin, 1893; W. Bâcher, Die Bibelexegese Moses Maimûni’s, in-4°, Strasbourg, 1897; Ad. Jellinek, Bibliographiede Maimonide (eu hébreu), in-8°, Vienne, 1893.

1. MAIN (hébreu: yâd, kaf, <t le creux de la main,» hofnaîm, «les deux mains formant le creux,» qoméset so’al, «la pleine main,» la poignée, téfah, «lapaume de la main,» mesure, voir Palme; chaldéen: pas; Septante: vsip; Vulgate: manus, palma; la maindroite: yâmîn, Ssixtâ, dextera; la main gauche: èem’ol, àptÇxspâ, sinislra), organe s’articulant à l’extrémité dubras de l’homme, composé de la paume et de cinqdoigts, et servant au toucher, à la préhension, etc. VoirBras, t. i, col. 1909; Doigt, t. ii, col. 1461.

I. Au sens propre. — 1° La main est très souvent nomméedans la Sainte Écriture, à propos de toutes sortesd’actes. Gen., xxvii, 22; Exod., iv, 4; Jos., viii, 18; IReg., ii, 13; Is., xiii, 8; Dan., x, 10; Matth., viii, 3; Act., iii, 7. — 2° La loi ordonnait de couper la main àla femme qui avait commis un acte honteux désignépar le texte sacré. Deut., xxv, 12. — Au temps de JudasMachabée, la tête et la main coupées de Nicanor furentapportées à Jérusalem. II Mach., xv, 30, 32. Chez lesanciens, tant Égyptiens que Chaldéens, on coupait lamain des prisonniers ou des morts et l’on en faisait ledénombrement après la bataille. Cf. Champollion, Monumentsde l’Egypte et de la Nubie, pi. xix, ccxxii; Rosellini, Monumenti storici, p. xciv, cxxxii, cxxxv

176. — Dénombrement des mains coupées après la bataille.

Thèbea. Du temps de Ramsès II.

D’après Champollion, Monuments d’Egypte, pi. ccxxii.

(Gg. 176). — Baltassar vit apparaître une main mystérieusequi traçait des signes sur la muraille de, son

palais. Dan., v, 5, 24. — Antiochus fit couper les mainsaux frères Machabëes. II Mach., vii, 4, 7, 10. — Judasmettait la main au plat, quand Notre-Seigneur le dénonça.Matth., xxvi, 23; Marc., xiv, 20; Luc, xxii, 21.

— Saint Paul, après avoir été renversé et aveuglé surle chemin de Damas dut être conduit par la main, Act., îx, 8, et c’est à sa main qu’une vipère s’attacha dansl’Ile de Malte. Act., xxviii, 3. — On se servait de lamain pour souffleter. Matth., xxvi, 67. Voir Soufflet.

— _Sur les ablutions des mains chez les Juifs, voir Laver(Se) les ma.ins, col. 136. — 3° La main formant le creux, kaf, ou les deux mains réunies de manière à formercavité, ftofnaîm, devenaient des récipients en certainesoccasions. On pouvait ainsi porter de la cendre, Exod., ix, 8, de la poussière, III Reg., xx, 10, de l’orge, Ezech., xiii, 19, des charbons ardents, Ezech., x, 2, 7, de la farine, III Reg., xvii, 12, des parfums, Lev., xvi, 12, de l’huile, Lev., xiv, 15, etc. — Les trois centshommes que Gédéon prit avec lui s’étaient contentés deboire l’eau du torrent dans le creux de leur main.Jud., vii, 6. — Le creux delà main ne serait propre nià mesurer les eaux, Is., XL, 12, ni à recueillir le vent.Prov., xxx, 4. — La main pleine ou poignée, qomés, Lev., ii, 2; v, 12; vi, 8, quelquefois les deux mainspleines, hofnaim, Eccle., iv, 6, supposent l’abondance.Pendant sept années, au temps de Joseph, la terred’Egypte rapporta liqemâsîm, «à poignées,» c’est-à-direabondamment, SpâYiuxxa, manipulas. Gen., xli, 47. Une récolte maigre, au contraire, est celle quin’emplit pas une poignée. Ps. cxxix (cxxviii), 7. —4° Quand Jéroboam voulut faire saisir le prophète quimaudissait l’autel idolâtrique de Bethel, sa main se desséchaet fut paralysée; mais, à la prière du prophète, ellefut bientôt guérie. III Reg., xiii, 4-6. — Un jour, dansune synagogue, se trouva en présence de Notre-Seigneur, un homme qui avait une main desséchée, liftâ, arida.Matth., xii, 10-13; Marc, iii, 1-5; Luc, vi, 6-10. SaintJérôme, In Matth., II, xii, t. xxvi, col. 78, rapporte que, d’après l’Évangile des Nazaréens et des Ébîonites, cethomme était tailleur de pierres. Il aurait ainsi formulésa prière: «J’étais tailleur de pierres, gagnant ma vieavec mes mains. Je le prie, Jésus, de me rendre lasanté, pour que je n’aie pas la honte de mendier manourriture.» Sa main était desséchée et atrophiée parsuite d’une paralysie locale qui empêchait la nutritionet le mouvement dans ce membre. Cependant, surl’ordre du Sauveur, cet homme eut assez de foi pourmouvoir et étendre la main, et il fut guéri. — 5° Paranalogie, le nom de «mains», yadôt, àfnwvfcrxot, incastraturx, est donné à des crochets ou tenons quidoivent, comme des mains, soutenir les ais du tabernacle, Exod., xxvi, 17, 19; xxxvi, 22, 24, et aux essieux, -/etpeç, axes, des roues des bassins d’airain, qui retenaientles rayons, comme des mains. III Reg., vii, 32, 33.

II. Au sens figuré. — 1° Comme la main est undes principaux instruments de l’action chez l’homme, elle figure le pouvoir d’agir, Eccli., xxxviii, 35, la puissance, Jos., viii, 20; Jud., vi, 13; I Par., xviii, 3; Ps. lxxvi (lxxv), 6; Is., xxviii, 2; Jer., xii, 7; I Reg., iv, 3; II Reg., xiv, 16, etc.; la force qui soumet et châtie, I Reg., xxiii, 17; Ps. xxi (xx), 9; Lam., 1, 7, etc. —2° De là, un certain nombre d’expressions qui se rencontrentsouvent. La «main avec» quelqu’un figurel’accord, le concours, etc. Exod., xxiii, 1; I Reg., xxii, 17; Il Reg., iii, 12; IV Reg., xv, 19, etc. La «maincontre» quelqu’un marque au contraire l’hostilité et lemal fait à un autre. Gen., xxxvil, 27; Deut., xiii, 9; Jos., h, 19; IReg., xviii, 17, 21; xxiv, 13, 14; II Reg., iii, 12; IV Reg., xv, 19, etc. — Être «dans la main», c’est êtreavec quelqu’un, Gen., xxxii, 14; xxxv, 4; Num., xxxi, 49; Deut., xxxiii, 3; Jer., xxxviii, 10, etc., ou en sonpouvoir, Gen., ix, 2; xiv, 20; xxxii, 17; xlii, 37; Exod., IV, 21; II Reg., xviii, 2; III Reg., Xiv, 27; IV Reg., x,

24; II Par., xxv, 20; Job, viii, 4; Sap., iii, 1; Matth., xxvi, 45, etc., sous sa direction. I Par., xxv, 2, 3, 6; II Par., xxiii, 18; xxvi, 11, 13, etc. Ce qui se fait «sansla main» d’un autre se fait sans son aide ou son concours.Job, xxxiv, 20; Dan., ii, 34; viii, 25; Lam., iv, 6. «Par la main» signifie par l’intermédiaire ou le ministèrede quelqu’un. Num., xv, 23; 1Il Reg., xii, 15; II Par., xxix, 25; Esth., i, 12; Is., xx, 2; xxxvii, 24; Jer., xxxvii, 2; Act., v, 12; vii, 25; xi, 30; xix, 11, etc.C’est «de la main» de quelqu’un qu’on reçoit, «de lamain» d’un ennemi qu’on est délivré. Gen., ix, 5; xxxm, 19; Exod., xviii, 9; I Reg., xvii, 37; Ps. xxii (xxi), 21; Job, v, 20; Is., xlvii, 14, etc. — 3° «Mettre lamain» sur quelqu’un, c’est s’emparer de lui. Luc, xx, 19; xxi, 12; Joa., vii, 30, 44; Act., iv, 3; xii, 1, etc. «Mettre en main,» c’est donner le pouvoir de disposerd’une chose. Joa., iii, 35; xiii, 3. Être «sous la main», c’est être à la disposition de quelqu’un, I Reg., xxi, 4, être tout préparé. Job, xv, 23. «Selon la main» signifieselon la manière. III Reg., x, 13; Esth., i, 7; ii, 18. Ilsuit de ce qui précède que la «main courte» marquela faiblesse ou l’impuissance. Num., xi, 23; Is., l, 2; ux, 1, etc. — 4° Comme les mains. sont aux deux côtésdu corps, «à la main» veut encore dire à côté, ou près, à portée de quelque chose. Exod., ii, 5; Deut., Il, 37; I Reg, , xix, 3; Jer., xlvi, 6, etc. «Des deux mains» oudes deux côtés signifie en long et en large. Gen., xxxiv, 21; Ps. civ (cm), 25. Les mains d’un meuble sont sespanneaux latéraux, III Reg., vii, 35, et celles d’un siègesont ses côtés. I Reg., x, 19; II Par., ix, 18. Les mainsdésignent’encore le rang, Num., ii, 17, l’emplacement, Deut., xxiii, 12(13); Is., lvii, 8, les parties ou divisions.Gen., xlvii, 24; IV Reg., xi, 7; II Esd., xi, 1; Dan., i, 20. — 5° Les mains servant à l’accomplissem*nt de laplupart des actions, on appelle «œuvres des mains» letravail, Gen., v, 29; xxxi, 42; Tob., Il, 19; Job, I, 10; Ps. xc (lxxxix), 17; cxxviii (cxxvii), 2, et les biensmatériels qu’il rapporte. Prov., xxxi, 16, 31. On donnele même nom aux actes d’ordre moral, Prov., xii, 14, bons, Judith, xiii, 7, ou mauvais. III Reg., xvi, 7; Ps.ix, 17; Jer., xliv, 8; Apoc, ix, 20. C’est pourquoi leSeigneur conseille de couper la main, si elle est uneoccasion de tentation ou de chute, Matth., v, 30, ce quisignifie qu’il faut sacrifier ce à quoi on tient le plus, quand l’intérêt du salut l’exige. La pureté des mainsconsiste à ne point commettre d’actions mauvaises. Gen., xx, 50; xxxvii, 27; Ps. xviii (xvii), 21. Dans le cas contraire, on a l’iniquité ou l’injustice dans les mains. Job, xvi, 17; xxxi, 7; Ps. xxvi (xxv), 10; Is., lix, 6; Jon., m, 8. — Les idoles sont appelées «œuvres de la maindes hommes», par opposition avec le Dieu incréé etcréateur. Deut., xxvii, 15; Ps. cxiv (cxiii), 4; Rar., vi, 50; Act, , vii, 41, etc. — 6° Dans saint Paul, I Cor., xii, 15, 21, la main, partie du corps, figure tel ou tel fidèle, partie du corps mystique de l’Église.

III. Au sens symbolique. — Certains gestes de lamain ont, naturellement ou par convention, un senssymbolique en harmonie avec les idées ou les sentimentsqu’ils expriment. — 1° La main sur la bouche, comme pour la fermer, signifie le silence qu’on entendgarder r oa imposer. Job, xxi, 5; xxxix, 34; Prov., xxx, 32; Sap., viii, 12; Eccli., v, 14. On fait aussi un gestede la main pour imposer le silence et l’attention à uneassemblée. Act., xii, 17: xxi, 40; xxvi, 1. Mettre sesmains sur sa tête, comme si l’on y recevait un coupgrave, est un signe de grande douleur. II Reg., xiii, 19; Jer., H, 37. On bat des mains soit par moquerie, Nah., ni, 19; Lam., ii, 15, soit pour marquer la joie et l’admiration.IV Reg., xi, 12; Judith, xiv, 13; Ps. xlvii (xlvi), 2; xcvm (xcvii), 8. Pour conclure un contrat, on frappedans la main de celui avec qui l’on traite. Prov., vi, 1; xi, 15; xvii, 18; xxii, 26. Donner la main marque parfoisqu’on s’engage, qu’on fait alliance ou qu’on se

soumet. IV Reg., x, 15; I Par., xxrx, 24; II Par., xxx, 8; I Esdr., x, 19; Lam., v, 6; Ezech., xvii, 18. Une viequ’on tient entre ses mains est une vie exposée, quel’ennemi peut ravir. Jud., xii, 3; I Reg., xxviii, 21; Job, xiii, 14; Ps. cxix (cxviii), 109. On lève la mainpour faire serment. Gen., xiv, 22; Deut., xxxii, 40; Dan., xii, 7. On l’étend pour s’emparer injustement dece qui est à d’autres. Exod., xxii, 8; I Mach., xiv, 31. Secroiser les mains, Prov., vi, 10; xxiv, 33; Eccle., iv, 5, les cacher dans le plat, ou dans son sein, comme traduisentles versions, Prov., xix, 24; xxvi, 15, c’est faireacte de paresse. Tendre la main, c’est appeler dusecours. Jer., l, 15. Regarder aux mains des autresindique qu’on attend d’eux une aumône, Eccli.. xxxiii, 22, ou des ordres. Ps. cxxm (cxxii), 2. Baiser la mainconstitue une marque de respect. Eccli., xxix, 5. Enfinl’expression ydd leyâd, «la main à la main,» Prov., xi, 21; xvi, 5, signifie simplement: certes, assurément.

— 2° D’autres expressions analogues s’emploient pourles choses religieuses. Telles sont «mettre la mainsous la cuisse,» voir Jambe, t. iii, col. 1114; «imposerles mains,» voir Imposition des mains, t. iii, col. 847.Remplir les mains de quelqu’un, c’est le consacrer par

xv, 6; Ps. xviii (xix), 36; cxviii (cxvii), 16; cxxxvii(cxxxvi), 5; Is., xlviii, 13; lxii, 8; Act., ii, 33; Apoc, il, 1, etc. À droite se tient celui qui prête secours. Ps.xvi (xv), 8; cix (cvin), 31; ex (cix), 5; cxxi (cxx), 5.C’est avec la main droite qu’on fait alliance. I Mach..xi, 50; xiii, 45; II Mach., iv, 34; xii, 11; Gal., ii, 9, etc.

— Par contre, c’est aussi la place de l’accusateur. Ps.cix (cviii), 6; Zach., iii, 1, et parfois de l’ennemi. Job, xxx, 12; Ps. xci (xc), 7. — 4° La gauche est le côté dece qui est inférieur ou mauvais. Au dernier jugement, les boucs, qui figurent les méchants, sont placés àgauche. Matth., xxv, 33. Tandis que l’esprit du sage estporté vers sa droite, limînô, c’est-à-dire vers le bien, l’esprit du sot est porté vers sa gauche, li&m’olô, c’est-à-direvers le mal. Eccle., x, 2. Le premier sait ce qu’ilfait et le fait bien, le second agit gauchement et mal.Les enfants ne savent pas distinguer leur droite deleur gauche, c’est-à-dire le bien du mal. Jon., iv, 11.On a donné différents sens au mot’abrêk, que lescoureurs égyptiens criaient devant Joseph. Gen., xiii, 43.Voir Abrek, t. i, col. 90. D’après J. Lieblein, dans lesProceedings of the Society of Biblical Archseology, 1898, p. 2Û2-120, le mot hébreu ne ferait que repro177. — Assyriens priant les mains étendues. Cylindre antique.D’après F. Menant, Empreintes de Cylindres assyriens, pi. ii, fig. 8.

le sacerdoce. Exod., xxviii, 41; xxix, 9; Lev., xxi, 10.Emplir ses mains pour le Seigneur signifie lui offrirdes dons. Exod., xxxii, 29; I Par., xxix, 5; II Par., xiii, 9; xxix, 31. On élève les mains pour bénir, Luc, xxiv, 50, et surtout pour prier (fig. 177), ce geste semblantapprocher du Dieu qui est au ciel la main du suppliant.Exod., xvii, 11; Deut., xxxii, 40; III Reg., viii, 22; Ps. lxiii (lxii), 5; cxxxiv (cxxxm), 2; Il Mach., xiv, 34; I Tim., ii, 8, etc. On étend également les mains, soitpour bénir, Gen., xlviii, 14, soit pour prier. Ps. lxxxviii(lxxxvii), 10; Is., 1, 15; Jer., xv, 6; Soph., i, 4; I Mach., xii, 39.

IV. La droite et la gauche. — 1° La droite marquesouvent un côté, Exod., xxix, 22: Ps. lxxiii (lxxii), 23;

III Reg., vii, 39; Jer., xxii, 24; Ezech., x, 3, etc., et lagauche l’autre côté. III Reg., vii, 49; Gen., xiii, 9; xiv, 15; xxiv, 49; Jud., iii, 21; Ezech., xxxix, 3, etc. —2° À droite et à gauche signifie partout, Is., lit, 3; Zach., xii, 6; I Mach., v, ~46, et ni à droite, ni à gaucheveut dire nulle part. IÎ Reg., xiv, 1, 9. On peut s’écarterà droite ou à gauche. I Reg., vi, 12. Le faire, ait sensmoral, ce n’est pas suivre la ligne droite du. devoir.Num., xx, 17; Deut., ii, 27; v, 22; xvii, 20; Jos., i, 7;

IV Reg., xxii, 2; Prov., iv, 27; Is., xxx, 21, etc. —3° Ladroite est la place de la puissance, de l’autorité, dubien, etc. La reine est à la droite du roi. III Reg., ii, 19; Ps. xlv (xliv), 10. C’est la place que le Père éternelassigne à son Fils incarné. Ps. cx(cix), 1; Matth., xxvi, 64; Marc, xiv, 62; Act., vii, 55, Col., iii, 1, etc. Le filspréféré de Jacob est appelé Benjamin, «le fils de ladroite,» Gen., xxxv, 18, «l’homme de la droite.» Ps.lxxx(lxxix), 18. C’est à la droite du Souverain Juge queseront placés les bons, figurés par les brebis. Matth., xxv, 33. La main droite est oridinairement celle qui faitacte de puissance, de bonté, etc. Gen., xlviii, 18; Exod.,

duire le mot égyptien j’J, *-» * =>, ab-reh, s à gauche,

toi!» invitant les allants et venants à prendre leurgauche sur leur chemin pour laisser le milieu libre.C’est ainsi qu’au Caire, aujourd’hui encore, on criedevant les grands personnages simalak! «à ta gauche!» Cf. Lane, Marinera and Customs of the modem Egyptiaiis, t. i, p. 209; Levesque, dans la Revue biblique, Paris, 1899, p. 418. W. Spiegelberg, dans Orient. LitterarischeZeilung, 1903, p. 318, croit que’abrêk veutsimplement dire: «Attention! Prenez garde!» Il sefonde sur deux passages dans lesquels le mot égyptien’br-k paraît avoir ce sens. — 5° David avait à son servicedes guerriers ambidextres, qui se servaient égalementbien des deux mains pour lancer des pierres et tirer del’arc I Par., xii, 2. Les Scythes faisaient de même, etPlaton, Leges, vii, trad. Grou, Paris, 1845, p. 299, 300, aurait voulu qu’on apprit aux enfants à devenir adroitsdes deux mains dans tous les exercices physiques.Aod, Jud., iii, 15, et sept cents frondeurs de la tribu deBenjamin étaient gauchers, Jud., xx, 16, bien que lesversions présentent ces derniers comme ambidextres.

— 6° Comme les Hébreux se tournaient habituellementvers le soleil levant, le sud était pour eux à droite ets’appelait yâmîn, I Reg.., xxiii, 19; II Reg., xxiv, 5; Ps. lxxxix (lxxxviii), 13; Job, xxiii, 9, le nord àgauche et s’appelait sem’nl. Gen., xiv, 15; Job, xxiii, 9.V. La main de Dieu. — 1° La main de Dieu n’estautre chose que l’exercice de sa puissance souverainesur les hommes et sur le monde. Exod., xiv, 31; Job, xxvil, 11. Cette main est lourde, I Reg., v, 6, 11, quandelle châtie ou éprouve. Exod., vii, 4; Deut., ii, 15; Jud-, n, 15; Ruth, i, 13; II Reg., xxiv, 14; Is., x, 10; Ezech., xm, 9; Am., i, 8; Act., xiii, 11; Heb., x, 31, etc. Cettemain puissante, Deut., ix, 26; xxvi, 8; Jos., iv, 25;

I Pet., v, 6, répand ses bienfaits sur l’homme et luiassure son aide quand elle est avec lui, Luc, i, 66, ouquand elle se repose sur lui. II Par., xxx, 12; I Esd., vu, 6, 9, 28; viii, 18, 22, 31; II Esd., ii, 8, 18; Is., i, 25; Zach., xiii, 7, etc. Elle se repose encore sur certainshommes pour leur communiquer l’esprit prophétique.III Reg., xviii, 46; IV Reg., iii, 15; Is., viii, 11; Ezech., i, 3; iii, 14, 22; viii, 1; xxxvii, 1, etc. — 2° Les mainsdu Fils de Dieu fait homme devaient être percées. Ps.xxii (xxi), 17. Cf. Zach., xiii, 6, et Lion, t. iii, col. 278.

II les montra en cet état après sa résurrection. Luc, xxiv, 39, 40; Joa., xx, 20-27. — Sur la «main» dans lesens de stèle ou de monument commémoratil, voirMain d’Absalom. H. Leséthe.

2. MAIN D’ABSALOM (hébreu: yâd’dbsâlôm; Septante: jçelp’Aêeacayû)i.; Vulgate: manus Absalom), nomdu monument ou massébéf qu’Absalom s’était érigé deson vivant dans la Vallée du Roi. II Reg., xviii, 18. Lemassébéf était une stèle, gt^Xïi, titulus, une pierredressée sur laquelle on pouvait graver une inscription.D’après Josèphe, Ant. jud., VII, x, 3, «Absalom s’étaitérigé dans la Vallée royale une colonne de marbre, (TC^Xriv Xt’60u [iapp-ocpivou, placée à deux stades de Jérusalem, qu’il appela sa main, î8(av xe’P «i disant que, sises fils périssaient, son nom du moins resterait sur cettecolonne.» Il y avait donc vraisemblablement une inscriptionsur cette stèle. Cf. C. Erdmann, De monumentoAbsalomi, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. i, p. 685-692. Le monument appelé aujourd’huiTombeau d’Absalom, bien que lui aussi à deux stadesde Jérusalem, ne saurait être confondu avec la stèle primitive, tant à raison de son importance que de son architecturetrès postérieure. Voir Absalom, t. i, col. 98, et de Saulcy, Voyage autour de la Mer Morte, Paris, 1853, t. H, p. 291-295; V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 199-200. Il se peut que lastèle ait été élevée àcet endroit et remplacée plus tard par un monumentplus considérable, de style qui accuse soit l’enfance, soit la décadence de l’art. — Mais pourquoi ce nom de «main» attribué par Absalom à sa stèle? Déjà Saûls’était érigé sur le Carmel une yâd, yùç>, que la Vulgateappelle fornix triumphalis, «arc de triomphe.» I Reg., xv, 12. Dans Isaïe, lvi, 5, le Seigneur prometde donner dans sa maison, à ceux qui lui seront fidèles, yâd vâiêm, tôtioç 6vo[j.a<rr6ç, locus et nomen. Le motyâd peut en effet avoir aussi le sens d’emplacement, Deut., xxiii, 12 (13); Is., lvii, 8. bien que dans ce dernierpassage le sens de stèle ne soit pas absolumentimprobable. Il n’est pas à croire que dans l’expression «main d’Absalom», le mot yâd ait le sens d’ouvrage, par substitution de la cause à l’effet. Cette explicationne conviendrait pas aux autres passages. On a retrouvébon nombre d’anciennes stèles puniques ausommet desquelles était gravée une main. Voir t. i, fig. 238, 239, 240, col. 909, 910; t. ii, fig. 599, col. 1903; fig. 675, col. 2295; t. iii, fig. 75, col. 342. Cette main ouverteest dressée vers le ciel, généralement à la pointedu cippe ou de la pyramide (fig. 178). Les Arabes la peignentencore en noir sur la chaux blanche qui enduitleur maison; elle éloigne le mauvais œil. Cf. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, Paris, 1888, p. 282.Cette représentation a dû être traditionnelle chez lesPhéniciens, et, comme ces derniers étaient les entrepreneursdes travaux d’art chez les Hébreux, on en peutconclure que les stèles de Saül et d’Absalom appartenaientà la facture phénicienne, ou que tout au moinselles l’imitaient. Il semble assez naturel dès lors que lenom de yâd ait été attribué aux cippes, aux colonnesou aux pyramides qui portaient une main sculptée. Onne signale pas en Palestine de cippes sur lesquels soitgravée ou sculptée une main. Mais l’intention d’Absalom, en faisant dresser son monument, était manifeste, «De son vivant, Absalom s’était fait ériger un monumentdans la Vallée du roi; car il disait: Je n’ai pointde fils par qui le souvenir de mon nom puisse être conservé.» II Reg., xviii, 18. Le mort, enfoui en terre, àl’abri de toute profanation, voulait encore faire figure

178. — Stèle votive de Carthage

D’après Corpus inscriptionum semiticarum,

pars. I, t. iii, pi. xlv.

parmi les vivants. La stèle funéraire perpétuait son souvenir.Les inscriptions phéniciennes présentent des formulestrès conformes à l’idée attribuée à Absalom: cippeélevé «de mon vivant», «cippe parmi les vivants,» «cippe mémoire parmi les vivants,» «au-dessus dela couche de mon repos éternel.» Cf. Corpus inscript, phœnic., 46, 58, 59, 116; Lagrange, Études sur les religionssémitiques, dans la Revue biblique, 1901, p. 235.

H. Lesêtre.

M AIR, MAIRE, MAJOR John, théologien écossais, .né à Gleghorn en 1469, mort à Saint-Andrew vers 1550.Il vint à Paris pour terminer ses études et y obtint letitre de docteur en théologie. De retour en Ecosse, ilfut nommé à une chaire de l’université de Saint-Andrew.Il revint bientôt à Paris, où il enseigna au collège deMontaigu. Vers 1530 il était de nouveau à Saint-Andrewet en 1549 il se déclarait ouvertement pour l’établissem*ntd’une Église nationale écossaise. Parmi ses écritson remarque: Literalis in Malthmum expositio, in-4°, Paris, 1518; Luculentse in IV Evangelia expositiones, in-*, Paris, 1529. — Voir G. W. Sprott, dans Dictionary

of National Biography, Londres, t. xxxv, 1893, p. 386.’

B. Heurtebize.

1. MAISON (hébreu: bâît, bêt, à l’état construit, analogueà l’assyrien bîtu; Septante: otxîa, oi’xoç; Vulgate: dortius), construction destinée à servir d’habitation. Surl’habitation des nomades, ’ohél, voir Tente.

I. Au sens propre. — 1° La maison désigne d’abordl’habitation de l’homme. Il en est très fréquemmentquestion dans la Bible. Gen., xix, 2; Num., xxx, 11; Deut., xxii, 20, etc. Quelquefois une. maison, par suitede sa situation, peut être envahie par une moisissuremalsaine, appelée «lèpre des maisons». Lev., xiv, 35

55. Voir Lèpre, col. 186. — 2° Elle est parfois le palaisou l’habitation des rois ou des grands personnages.Gen., su, 15; Jer., xxxrx, 8; Matth., xi, 8; etc. VoirPalais. — 3° La maison de Dieu est le Tabernacle, Jud., xviii, 31; xix, 18, etc., ou le Temple, III Reg., vi, 5, 37; vii, 12; Joa., ii, 16; Matth., xxi, 13, etc. Voir Tabernacle, Temple. — 4° Par extension, on donne en hébreule nom de «maison» à des endroits qui ont des destinationsassez variées: celui où l’on boit et où l’onmange, Esth., vii, 8; Dan., v, 10; celui dans lequel onenferme les prisonniers, Is., xlii, 22; Jer., xxxvii, 15; le harem. Esth., ii, 3, etc. L’Egypte est appelée trèssouvent la «maison de servitude», parce qu’elle a étéle séjour dans lequel la nation a fini par subir le jougde l’esclavage. Deut., v, 6, 13, etc. La «maison dudeuil» est celle dans laquelle le malheur a fait entrerle deuil. Eccle., vii, 3; Jer., xvi, 5, etc. Le se’ôl, letombeau, le séjour des morts, est la maison où doiventse rendre tous les vivants, Job, xvii, 13; xxx, 23, la «maison d’éternité», Eccle., xii, 5, le téito; aïuvtoç, «le lieu éternel.» Tob., iii, 6. Cf. Ps. xlix (xlviii), 12.

— 5° Par analogie, le corps de l’homme est appelé la «maison d’argile» de l’âme, Job, iv, 19, sa «maisonterrestre». II Cor., v, 1. — 6° On appelle aussi «maison» la demeure des animaux, celle de l’araignée, Job, vin, 14, de la teigne, Job, xxvii, 18, de l’onagre, Job, xxxix, 6, du passereau, Ps. lxxxiv (lxxxiii), 4, de la cigogne.Ps. civ (cm), 17. — 7° Par métonymie, la maisondésigne encore l’ensemble des objets qu’elle renferme.Gen., xv, 2; Exod., i, 21; Esth., viii, 1; Matth., xii, 29, etc. Les scribes dévoraient les maisons des veuves, sous prétexte d’y prier. Marc, xii, 40; Luc, xx, 47; cf.II Tim., iii, 6. — 8° Le mot «maison» sert parfois ànommer des choses qui n’ont qu’un lointain rapportavec une habitation. Ainsi Néhémie appelle Jérusalem «la maison des tombeaux de mes pères». II Esd., ii, 3.On attribue ce^iom à un large fossé, III Reg., xviii, 32, à un espace libre entre deux murailles, Ezech., xli, 9, à un croisem*nt de plusieurs chemins, Prov., viii, 2, aux boîtes renfermant des parfums. Is., iii, 20, etc. —9° Le mot bèt entre dans la composition d’un grand’nombre de noms de lieux, Bethabara, etc. Voir, t. H, eol. 1647-1764. II a aussi donné son nom à la secondelettre de l’alphabet hébreu. Voir Beth 1, t. ii, col. 1616.IL Au sens figuré. — 1° On donne le nom de «maison» à ceux qui l’habitent, Luc, xix, 9; Rom., xvi, 11; I Cor., i, 16; Phil., iv, 22; II Tim., i, 16, et à^ensemble des générations qui sont sorties des premiershabitants pour constituer une famille, un peuple, ou une race. Gen., vir, 1; xir, 17; Èxod., ii, 1; Is., vii, 2, etc. La «maison d’Israël» se compose de tout lepeuple hébreu. Exod., xvi, 31; Lev., x, 6, etc. La m maisonde David» comprend toute la descendance de ceroi, à laquelle appartient le Messie. III Reg., xii, 16, 19, 20, 26; Luc, i, 27; ii, 4. Après le schisme, «la maisonde Juda» et la «maison d’Israël» désignent les deuxroyaumes divisés. Jer., xi, 10; xxxi, 27; Hel>., viii, 8, etc.A cause de ses infidélités, le peuple hébreu constitueune «maison révoltée». Ezech., ii, 5, 6, 8; su, 2, etc.Le peuple chrétien, au contraire, forme une «maisonspirituelle». I Pet., H, 5. — 2° On applique à la famille’et à la descendance ce qu’on dit d’une maison. C’estainsi qu’une maison se bâtit, c’est-à-dire qu’une famillese fonde et se développe. Ruth, iv, 11; I Reg., n. 35; Pïov., xiv, 1. Quelquefois elle penche vers la mort, Prov., ii, 18, et Dieu démolit la maison des orgueilleux.Prov., v, 25.

III. Les maisons des anciens. — 1° Chez les Égyptiens.— Les maisons des Egyptiens de la classe populaireétaient faites à l’aide de simples clayonnages enduits deterre battue et de briques cuites au soleil. Elles se composaientd’une chambre unique, n’ayant d’autre ouvertureque la porte. Le signe hiéroglyphique qui désigne

la maison, ii, donne une juste idée de cette simplicité.Chez les plus aisés, l’unique chambre était plus vasteet l’on y dressait un ou plusieurs troncs d’arbres pour

étayer le plafond. Un autre signe hiéroglyphique, |||montre une construction étayée par un tronc d’arbrefourchu. Dans les villes, les maisons bourgeoises, assezpetites d’ailleurs, étaient construites en briques. Elles secomposaient de plusieurs chambres, voûtées ou recouvertesd’un toit plat, et communiquant par des portesordinairement cintrées. Quelques-unes atteignaient deuxou trois étages (fig. 179). Toutes étaient munies d’une

179. — Maisons égyptiennes.

D’après Boussac, Le tombeau A’Anna, dans les Mémoires de la

mission française du Caire, 1896, t. xviii, fasc. 1, pi. xi.

terrasse, sur laquelle on se tenait une bonne partie dutemps, spécialement les nuits d’été pour y dormir enplein air. Le logis abritait à la fois la famille, les animaux, les provisions, et tous les objets qui constituaientl’avoir des propriétaires de la maison. On cachait avecsoin ce qu’on possédait de plus précieux. Les collecteursd’impôts, et les voleurs, quand ils le pouvaient, ne seprivaient pas de sonder les murs, d’éventrer les plafondset de défoncer le sol de l’habitation pour y trouver letrésor. À l’intérieur des chambres, le crépi de bouegardait habituellement sa teinte grise. D’autres fois oncouvrait les murs d’une couche de chaux, de rouge oude jaune, et même on les ornait de représentations plusou moins artistiques. Cf. Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient, t. i, 1895, p., 53, 316-319. C’estdans des maisons de ce genre, appropriées au climatdu pays, mais de la construction la plus simple, que lesHébreux habitèrent durant leur long séjour dans laterre de Gessen.

2° Chez les Chaldéens. — À l’époque de la captivité, les Israélites durent retourner dans le pays dont ilsétaient originaires. Jérémie, xxix, 4, leur dit: «Bâtissezdes maisons et habitez-les.» Ils s’établirent donc enBabylonie et dans les contrées environnantes; beaucoupmême y restèrent fixés après l’époque du retour. Lesmaisons qu’ils occupèrent ou qu’ils bâtirent étaient

180. — Maison chaldéenne à Ur des Chaldéens.

D’après Taylor, Notes on the ruina of Mugayer,

dans le Journal of the royal Asiatic Society, t. xv, p. 266.,

basses, construites en briques crues, souvent surmontéesd’une espèce de dôme conique, suivant la coutumedu pays. Les maisons chaldéennes qu’on a découvertesen divers endroits sont en bonnes briques, séparées parune mince couche de bitume (fig. 180). Elles n’ont qu’uneporte surbaissée et cintrée, avec quelques lucarnes per

cées irrégulièrement vers le haut des murs. Lès chambresintérieures sont tantôt voûtées, et tantôt couvertesd’un plafond soutenu par des troncs de palmier. Dansles murs très épais sont pratiquées des niches étroites.Comme en Egypte, on vivait beaucoup sur le toit desmaisons. Dans les maisons plus riches, on ménageaitune salle basse où l’on cherchait à entretenir la fraîcheur.C. Perrot, Hist. de l’art dans l’antiquité, t. ii, 163, 448, 449; Maspero, Hist. ancienne, 1. 1, p. 745, 746. L’histoirede Susanne montre qu’à Babylone même certains Israélitesavaient su se ménager des demeures spacieuses, capables de recevoir un bon nombre de personnes etpourvues d’un assez grand jardin. Dan., xiii, 4, 6.

3° Chez les Hébreux. — 1. En arrivant dans le paysde Chanaan, les Hébreux furent mis en possession degrandes et bonnes villes et de maisons qu’ils n’avaientpas bâties. Deut., VI, 10. Pour construire les autresmaisons dont ils avaient besoin, ils employèrent lesmatériaux qu’ils avaient à leur portée, soit les pierresdans la partie montagneuse du pays, soit, dans lesplaines, l’argile dont ils faisaient des briques cuites ouplus ordinairement séchées au soleil; quelquefois lesmurailles n’étaient que d’argile mêlée de paille. Aussiles voleurs avaient-ils toute facilité pour les percer sansbruit et s’introduire à l’intérieur pendant la nuit, quandles habitants n’étaient pas sur leurs gardes. Matth., xxiv, 43; Luc, xil, 39. Pour les maisons plus importantes, surtout dans les villes, on employait la pierretaillée et le bois. Is., rx, 9; Hab., .. ii, 11. Les maisonsordinaires avaient l’apparence d’un gros cube régulieret blanchi à la chaux. L’intérieur ne formait qu’uneseule pièce, sans autre ouverture que la porte, par laquelleentraient l’air et la lumière, celle-ci assez peuabondante pour qu’on fût obligé d’allumer une lampesi l’on voulait chercher une menue monnaie perdue.Luc, xv, 8. Quelques niches étaient ménagées dans lamuraille pour y poser la lampe ou divers objets. Cf. LeCamus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. ii, p. 98. Sur le mobilier qui se trouvait ordinairementà l’intérieur, voir Meubles. — 2. Les maisons n’avaientpresque toujours qu’un étage. Le toit se composait d’uneplate-forme ou terrasse, construite avec des dalles oude larges tuiles posées sur des solives. On y accédaitpar un escalier extérieur, s’élevant en maçonneriepleine le long d’un des murs de la maison. Ces sortesde terrasses, analogues à celles des maisons égyptiennes(fig. 181) et chaldéennes, existaient déjà du temps desChananéens. Jos., ii, 6-8, 15. La loi ordonnait auxHébreux d’entourer d’une balustrade les terrasses qu’ilsconstruiraient afin d’empêcher les chutes. Deut., xiii, 8. Un pareil genre de toiture n’avait pas d’inconvénientpendant l’été. Il en était autrement à la saison despluies. Le toit laissait souvent goutter l’eau de la manièrela plus désagréable. Prov., xix, 13; xxvii, 15. Cettedisposition de la maison hébraïque explique l’histoirede la guérison du paralytique de Capharnaûm. À causede la chaleur du jour, Notre-Seigneur enseignait à l’intérieurd’une de ces maisons qui avaient des salles plusvastes, comme celles dans lesquelles on faisait des festins.Matth., ix, 10; Marc, ii, 15; Luc, v, 29. Les porteursdu paralytique, ne pouvant entrer dans la maisonencombrée par la foule, montèrent le malade parl’escalier extérieur, enlevèrent des tuiles et des solivesde manière à pratiquer une ouverture suffisante et, parlà, descendirent le paralytique avec son lit. Marc, ii, 4; Luc, v, 18, 19. La terrasse servait à des usages multiples.On s’y retirait pour prier, Act., x, 9, converser, prendre l’air, II Reg., xi, 2, dormir la nuit, se mettre àl’abri des importuns dans la tristesse et le deuil. Prov., xxi, 9; xxv, 24; Tob., iii, 10. De là-haut, il était facile des’adresser aux passants, II Reg., xvi, 23; Matth., x, 27; Luc, xii, 3. et de voir ce qui arrivait dans les rues.Is., xxii, 1. Il fallait quelques précautions et un certain

temps pour descendre l’escalier. Matth., xxiv, 17; Marc, xm, 15; Luc, xvii, 31. On pouvait se sauver de la terrasseau moyen de cordes. Jos., ii, 15. Pendant la saisonchaude, on dressait souvent une tente sur ce toit; àla fête des Tabernacles, on y élevait des cabanes defeuillages dans lesquelles on vivait pendant huit jours.II Esd., viii, 16. La maison était assez fréquemmentprécédée ou entourée d’une cour, à laquelle un murservait de clôture. On se faisait parfois enterrer dansces dépendances de la maison. I Reg., xxv, 1; III Reg., u, 34; IV Reg., xxi, 18. — 3. Dans les villes, les maisonsavaient plus d’importance. Elles étaient assez souventbâties en pierre et comportaient plusieurs étages.A Jérusalem, le défaut de place obligeait à appuyer lesmaisons les unes contre les autres au-dessus des rues(fig. 182), ce qui faisait l’admiration des pèlerins juifs. Ilsdisaient, dans l’un des Psaumes graduels: «Jérusalem,

181. — Modèle d’une petite maison égyptienne, faisant voir la couret la chambre haute. British Muséum. D’après Wilkinson, TheManners and Customs of the ancient Egyptians, 2e édit., t. i, p. 35t.

bâtie comme une ville dont les parties se tiennentensemble.» Ps. cxxii (cxxi), 3. Cf. Is., v, 8. L’étagesitué au-dessous de la terrasse formait une chambrehaute. Quelquefois cette chambre haute était constituéepar la terrasse même (fig. 183) entourée d’un treillage etrecouverte d’une tente. Cette chambre s’appelle’âlîydh, àvayaiov, ûitEpwov, cœnaculum, solarium. Jud., iii, 20, 23, 25; III Reg., xvii, 19-23; IV Reg., i, 2; xxiii, 12; Jer., xxil, 13. C’est dans une chambre hauts que Notre-Seigneurfit la dernière Cène, Marc, xvi, 15; Luc, xxii, 12; que le Saint-Esprit descendit sur les Apôtres, Act., i, 13; que saint Pierre ressuscita Tabitha, à Joppé, Act., ix, 39, que saint Paul prêcha à Troade. Act., xx, 8, etc. Dans les maisons plus importantes, une servanteétait chargée d’ouvrir la porte. Act., xii, 13-15.Les personnages riches avaient maison d’été et maisond’hiyer. Jer., xxxvi, 22; Am., iii, 15. Ces maisonsétaient parfois des palais luxueusem*nt ornés. VoirPalais. Une maison d’ivoire était une maison décoréeintérieurement de placages et de sculptures en ivoire.Ps. xliv (xlv), 9; III Reg., xxii, 39. Voir Ivoibe, t. iii, col. 1044. Sur les lambrissages intérieurs en bois dedifférentes sortes, voir Lambris, col. 40. — 4. Lespropriétaires d’une maison pouvaient la louer à d’autrespour un temps. Il était permis de vendre une maison; mais elle revenait au propriétaire primitif l’année dujubilé. Quant à celles qui se trouvaient dans des villespourvues de murailles au temps de Josué, la vente enétait définitive si le premier propriétaire ne l’avait pas 591

MAISON

rachetée dans l’année. Lév., xxv, 29-30. On ne permettaitpas de démolir une maison pour faire un iardin sur son

182. — Hue couverte à Jérusalem. D’après une photographie.

emplacement, afin de ne pas diminuer le nombre deshabitants. Cf. Iken, Antiquitates sacras, Brème, 1741, p. 537-540. — 5. Sur les différentes parties composantes

t. ii, col. 2202; Grenier, t. iii, col. 346; Jardin, t. iii, col. 1134; Latrines, t. iv, col. 125; Porte; Salle amanger; Toit. Cf. Jahn, Archseologia biblica, dans leCursus complet. Script. Sacr., de Migne, Paris, 1852, t. ii, col. 847^54. Les cavernes, naturelles ou artificielles, ont aussi servi de tout temps d’habitation en Palestine.Voir Caverne, t. ii, col. 354.

4° Chez les Grecs et les Romains. — 1. La maisongrecque occupait l’emplacement d’un rectangle allongé.Au milieu d’un des petit* côtés s’ouvrait la porte, donnant accès dans un vestibule ou passage d’entréeavec des pièces de service à droite et à gauche. Venaitensuite une cour, entourée d’un péristyle, avec deschambres tout autour. C’était la partie de la maisondestinée aux hommes. Un passage central donnait accèsde cette première cour dans une autre, qui avait aussison péristyle et son entourage de chambres et de dépendances.Cette seconde partie de la maison était réservéeaux femmes. Au fond enfin était le jardin. Cette dispositiongénérale variait dans le détail, selon la richessede la famille. Les maisons grecques avaient presquetoujours un premier étage, que la famille occupait etauquel elle accédait par un escalier intérieur. D’autresfois on louait cet étage à des étrangers, et, en pareilcas, des escaliers y menaient directement de la rue. Cesmaisons étaient décorées plus ou moins magnifiquement.Les pauvres gens habitaient de misérables logements, composés d’une ou de deux petites pièces et quelquefoisd’une troisième à l’étage supérieur, avec escalier intérieur.Lès chambres du premier se louaient aussi séparément, mais alors étaient desservies par un escaliervenant du dehors. Cf. Monceaux, dans le Dict. des antiq.grecques et romaines de Deremberg et Saglio, t. H, p. 343-346. Saint Paul eut à habiter des maisons grecques, dans des conditions assez différentes, à Phihppes, chez, Lydie, Act., xvi, 15, à Thessalonique, chez Jason, Act., xvii, 5-7, à Athènes, Act., xvii, 16, à Corinthe. chez Aquila.et Priscille. Act., xviii, 2, 3. etc. — 2. La maison romainese composait primitivement d’une enceinte forméed’un mur carrée ou rectangulaire, dans laquelle onpénétrait par une porte donnant directement sur la rue.L’intérieur était appelé atrium. Un toit régnait le long

183. — Maison antique du Hauran avec chambre haute.D’après de Vogué, Syrie centrale, t. ii, p. 52, xii, n. 2.

d’une habitation hébraïque, voir Bain, t. i, col. 1387; Cellier, t. ii, col. 396; Cénacle, t. ii, col. 399; Chambrea coucher, t. ii, col. 516; Cheminée, t. ii, col. 650; Ciierne, t. ii, col. 787; Cuisine, t. ii, col. 1146; Fenêtre,

des quatre murs et inclinait vers le centre; une largeouverturerectangulaire, le compluvium, déversait les.eaux dans un bassin central ou impluvium. C’est danscetintérieur que toute la famille vivait en commun.

593

MAISON — MAISON DU BOIS-LIBAN

"M

Avec le temps, la maison romaine se développa. Voicien quel état apparaît, à Pompéi, la maison de Pansa(fig. 184): Il y a d’abord l’entrée, ostium, suivie d’unvestibule, donnant accès dans Yairium; celui-ci estentouré de chambres destinées à divers usages, avec

vmm^^myg&m

184. — Maison de Pansa à Pompéi.

D’après Mazois, Les ruines de Pompéi, t. H, pi. xli-xlh.

Vimpluvium au milieu. Aulond, se trouve Je tablinum, pièce fermée par un rideau, avec deux autres pièces deréception de chaque côté. C’est dans ces pièces que lemaître de la maison disposait ce qu’il avait de plushonorable et de plus digne d’être montré à ses hôtes.Un passage ménagé entre le tablinum et une ou deuxdes chambres latérales menait à une cour ou peristylium, entourée de chambres, munie d’un toit commecelui de l’atrium, et ayant au milieu un bassin rectangulaire, piscina, de dimensions plus grandes que celles

de l’impluvium. Une des chambres latérales, plus spacieuse, servait de salle à manger ou triclinium. Lebassin était parfois entouré d’un viridarium ou jardindont les ombrages s’étendaient sous les galeries. Aufond du péristyle, une grande pièce appelée cecus (oî» oç, maison) formait un grand salon surélevé de quelquesmarches, ayant vue par de larges baies sur un grandjardin qui occupait tout le fond de la maison. Dans cejardin s’abritaient la cuisine et le cellier. Autour de lamaison et n’ayant ouverture que sur la rue sont desboutiques et des chambres qui se louaient. Il y avaitassez souvent un étage supérieur occupé par les gensde la maison ou mis en location, et aussi une ferrasse, solarium, sur laquelle on prenait le frais. Les pauvreslogeaient dans des maisons collectives, dans lesquellesils prenaient à loyer une ou deux chambres étroites, quelquefois garnies des meubles indispensables. Cf. Rich, Dict. des antiq. romaines et grecques, trad. Chéruel, Paris, 1873, p. 235-238; Garnier et Ammann, L’habitationhumaine, Paris, 1890, p. 517-564. À Rome, lespremiers chrétiens connurent ces différentes espèces demaisons. Saint Paul y loua même un logement danslequel il resta pendant deux ans. Act., xxviii, 30.

II. Lesêtre.

2. MAISON DE POUSSIÈRE (hébreu Bêt le’afrâh; Septante: oraoç xaTa Y^wta ô|i<ôv; Vulgate: DomusPulveris), localité de Palestine nommée dans Michée, i, 10, et dont la version latine a traduit le nom. Voir Aphrahet Beth-Leaphrah, t. i, col. 735, 1688.

3. MAISON DES FORTS (hébreu: Bê( hag-gibbôrîm; Septante: B(19aYY «P’|J-» Vulgate: Domus forlium), maisonde Jérusalem mentionnée dans le livre de Néhémie. Lechef de la moitié du quartier de Bethsur, Néhémie, filsd’Azboc, lors de la reconstruction des murs de la capitalede la Judée, rebâtit une partie des murailles du sudde la ville jusqu’à la maison des Forts. II Esd., iii, 16.Ces «forts» sont la traduction du mot hébreu gibbôrîm.Dans l’histoire de David, ce nom de gibbôrîm désigneles guerriers qui, s’étant attachés à sa fortune, se distinguèrentpar leur vaillance et leur intrépidité. VoirArmée, ii, 3°, t. i, col. 973. Quelque souvenir de cesgibbôrîm se rattachait-il à la maison mentionnée dansII Esd., iii, 16? On ne peut ni l’affirmer ni le nier.

4. MAISON DU BOIS-LIBAN (hébreu: bêf ya’arhal-lebdnon; Septante: oi’-xoç épurai toC Aiêâvou; Vulgate: domus saltus Libani), l’un des palais bâtis àJérusalem par le roi Salomon. Il est certain que le roiavait élevé des constructions en différents lieux de sonroyaume et particulièrement dans le Liban. 1Il Reg., îx, 19; Cant., vii, 5. Mais la maison du Bois-Liban, àraison de la place qu’occupe sa description, III Reg., vu, 1-7, ne peut être que l’une des constructions royalesbâties dans la capitale et à proximité du Temple. Cf.Ezech., xi.ui, 8; II Esd., iii, 25.

I. Son emplacement. — Cette maison occupait, ainsique les autres palais de Salomon, la colline d’Ophel, ausud-est du Temple. Voir Jérusalem, t. iii, col’. 13541357. Elle faisait partie d’un ensemble de constructionsqu’énumère le livre sacré et qui étaient probablementespacées sur un terrain entouré d’une muraille. Lespalais égyptiens se composaient d’une suite de pavillonsdisséminés dans des jardins protégés par des mursélevés. Cf. Lenormant, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient, Paris, 1887, t. iii, p. 393. Il est assez à croireque Salomon, pour plaire à la fille du roi d’Egypte devenueson épouse, chercha à reproduire sur la plateformede la colline d’Ophel quelque chose de ce qui sefaisait sur les bords du Nil. Cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, v, 2. Trois constructions principales sont donc mentionnées: la maison du Bois-Liban, Ja maison d’habitationde Salomon dans une cour différente et enfin la maison

destinée à la reine. III fieg., vil, 2, 8. Trois groupes debâtiments analogues se trouvaient dans les palais égyptiens: on y voyait le grand bâtiment dans lequel setenaient les réunions officielles, les appartements privésdu roi et enfin le harem ou habitation de la reine etdes femmes secondaires. Cl. Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient, Paris, t. i, 1895, p.. 276.

II. Description. — 1° D’après le texte hébreu, lamaison du Bois-Liban était «longue de cent coudées{52 m 50, en supposant qu’il est ici question de la coudéedu Temple, voir Coudée, t. ii, col. 1064), large decinquante coudées (26 m 25) et haute de trente coudées(15 I "75).^Elle était sur quatre rangs de colonnes decèdre et il y avait des poutres de cèdre sur les colonnes.On revêtit de cèdre les chambres soutenues par lescolonnes et qui étaient au nombre de quarante-cinq, quinze par étage. Il y avait trois étages avec des fenêtresvis-à-vis les unes des autres. Toutes les portes et tousles poteaux étaient carrés, les charpentes en face l’une

(4 m 20 ou 5 ra 25) formaient les fondations, II E Reg., vii, 10, et probablement aussi un sol surélevé de quelquesmarches qui servait de base à la contruction. Le rez-dechausséese composait d’une seule salle hypostyle, avecquatre rangs parallèles de colonnes. Les deux rangsextrêmes étaient-ils engagés dans la muraille, demanière à former trois nefs de 8 m 75 de largeur, oubien en étaient-ils éloignés, de manière à former cinqnefs de 5 m 25 de largeur? Le texte n’en dit rien; il nepermet même pas de savoir si les mesures indiquéessont prises au dehors ou à l’intérieur. En toute hypothèse, il était facile d’obtenir des poutres de cèdre ayant9 mètres de portée. Cette salle du rez-de-chaussée, plafonnée de cèdre, supportait trois étages de chambres.Ces chambres étaient au nombre de quarante-cinq, quinze par étage. Cette indication se conçoit mieuxque celle des Septante, qui parlent de quarante-cinqcolonnes. Comment les quinze chambres de chaqueétage se trouvaient-elles disposées? Il y en avait

185. — Salle à colonnes dans une maison de la XII* dynastie égyptienne à Ghorab.D’après Flinders Pétrie, Illahum, Kahun and Garob, pi. xvi, 3.

de l’autre». — 2° D’après les Septante, «sa longueurétait de cent coudées, sa largeur de cinquante et sahauteur de trente. Il y avait trois rangs de colonnes de «èdre et des traverses de cèdre aux colonnes. Il lambrissala maison par en haut sur les côtés des colonnes.Le nombre des colonnes était ^le quarante-cinq; larangée et les trois plafonds (ou étages) et l’emplacementen face de l’emplacement (se répétaient) trois fois.Toutes les portes et tous les emplacements étaient enpoutres carrées, et trois fois (il y avait) porte en face de’porte.» La Vulgate mentionne quatre rangs de colonnes, comme le texte hébreu, tandis que les Septante en comptentseulement trois. —3° Josèphe, Anl. jud., VIII, v, 2, donne d’autres détails connus sans doute par tradition, la maison du Bois-Liban n’existant certainement plusde son temps. Il indique les mêmes dimensions, ajouteque les colonnes étaient carrées et toutes en cèdre, maisque le toit avait la forme corinthienne, avec des montantségaux et des panneaux à triglyphes assurant à lafois la solidité et l’élégance de l’édifice. — 4° À l’aidede ces données, voici comment on peut concevoir l’agencementde la maison du Bois-Liban. Elle avait la formerectangulaire, suivant les dimensions indiquées par lestextes. L’édifice n’était pas tout entier construit en bois.Toutes les constructions des palais de Salomon étaienten pierres de choix, taillées à l’avance sur mesure etsoigneusem*nt polies sur les deux faces qui devaientrester apparentes, soit au dehors soit à l’intérieur.III fieg., vii, 9. Des pierres de huit ou dix coudées

probablement sept de chaque côté, dans le sens de lalongueur, et une autre au fond de la nef centrale et àl’opposé de la principale porte d’entrée. Le parallélismedes portes et des fenêtres, sur lequel insiste le texte, s’explique aisément si les chambres ont une ouverturedans le mur extérieur et une autre sur la nef intérieure, faisant office de cour. Il faut supposer de plus desescaliers pour accéder aux étages et, selon toute vraisemblance, une galerie courant à l’intérieur le long dechaque étage pour desservir les chambres. La hauteurtotale de l’édifice étant de 15 m 75, les trois étagesdevaient être assez bas. En supposant à chacun d’euxune hauteur totale de 3 mètres, i] resterait encore unehauteur de 6 M 75 pour la salle hypostyle, au moinspour ses nefs latérales, la nef centrale restant apparemmentsans couverture. L’idée de la maison du Bois-Libanfut sans doute inspirée à Salomon par le désird’imiter ce qui se faisait en Egypte. Les grands s’yfaisaient élever des salles d’apparat éclairées au centrepar une baie carrée et soutenues par des rangées decolonnes en bois. À Ghorab, on en a retrouvé une quiremonte à la XIIe dynastie (fig. 185). Les pharaons avaientaussi dans leurs palais de grandes salles supportéespar des rangées de colonnes en bois précieux et peintesen couleurs vives. Ces salles servaient à rendre lajustice et à recevoir des assemblées nombreuses rénniespourles affaires ou les plaisirs. Ramsès III en avaitune de ce genre dans son palais d’Amon. Cf. PapyrusUan-is, n» 4, pi. iv, lig. 11, 12; Maspero, Histoire

ancienne, t. i, p. 276, 317. On ne peut cependant faireque des conjectures sur l’agencement de l’édifice deSalomon. Toujours est-il qu’il y eut là une œuvre decharpente assez compliquée et qu’il ne fallut rien moinsque l’habileté professionnelle des ouvriers phénicienspour la mener à bien.

III. La destination. — 1° La salle du rez-de-chausséea dû servir de lieu de réunion pour des assembléesassez considérables, comme celle qui est mentionnée1Il Reg., viii, 1, 2. Le texte sacré indique, commecontigus à la maison du Bois-Liban, un portique decolonnes, long de cinquante coudées (26 m 25) et largede trente (15™75), puis un autre portique en avant, avec des colonnes et des degrés, et ensuite le portiquedu trône et celui de la justice, ces deux derniers n’enfaisant probablement qu’un. III Reg., vii, 6, 7. Josèphe, Ant. jud., VIII, v, 2, place la salle du trône, qu’ilidentifie avec celle du tribunal 1, entre la maison du Bois-Libanet le Temple. Il est possible qu’en certains cas lasalle hypostyle soit devenue comme un vaste vestibuledans lequel on s’arrêtait avant de passer dans la salledu trône. — 2° Quant aux chambres des trois étagessupérieurs, elles n’ont pas été faites pour être habitées.C’étaient plutôt des sortes de magasins destinés à renfermerdes objets de prix, le trésor royal, des armes, etc. C’est là que furent conservés les cinq cents grandsboucliers d’or que Salomon se fit fabriqvier. III Reg., x, 16. À l’époque d’Isaïe, les armures étaient encoredéposées dans la «maison du Bois», bêt hay-yâ’ar, Is., XXII, 8; c’est aussi là très vraisemblablement quele roi Ezéchias introduisit si complaisamment les envoyésde Mérodach Baladan, pour leur faire admirer son arsenalet son trésor. Is., xxxix, 2. Suivant la parole duprophète, le contenu de ce bâtiment royal devint laproie des envahisseurs, Is., xxxix, 6, et la maison<lu Bois-Liban fut brûlée par les Chaldéens avec tousles autres palais royaux. Jer., xxxix, 8. — Cf. Wilson, The Recovery of Jérusalem, Londres, 1871, p. 319326; V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 231, 232; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. iv, p. 401408; Meignan, Salomon, Paris, 1890, p. 146, 147.

H. Lesêtre.

1. MAITRE, MAITRESSE (hébreu: ’âdôn, ba’al; Septante: xOpioç; Vulgate: dominus; au féminin: ba’aldh, xvpiot, domina), celui ou celle qui possède desesclaves, des serviteurs ou des servantes. — 1° Diiférentspersonnages portent le titre de «maître» par rapportaux serviteurs ou aux esclaves qui sont à leurs ordres.Tels sont Abraham, Gen., xxiv, 9-65; Putiphar, parrapport à Joseph, Gen., xxxix, 2-19; Joseph lui-même, Gen., xliv, 5; Aod, Jud., iii, 25; Saûl, I Reg., xvi, 16; Jonathas, I Reg., xx, 38; David, II Reg., xi, 9-13; 1Il Reg., i, 47; Elisée, IV Reg., v, 22, 25, etc. Plusieursfemmes sont appelées «maîtresses» au même titre: Agar, Gen., xvi, 4-9; l’épouse de Putiphar, Gen., xxxix, 7; celle de Naaman, IV Reg., v, 3; Esther, Esth., xv, 7, etc. — 2° Les devoirs des maîtres vis-à-vis dé leursesclaves sontréglés par la loi mosaïque. Exod., xxr, 4-8; Deut., xxiii, 15. Voir Esclavage, t. ii, col. 1919, 1920, Parfois cependant beaucoup d’esclaves trouvaient tropdur le joug de leur maître et s’enfuyaient. I Reg., xxv, 10. Chez les étrangers, le maître abandonnait facilementson esclave devenu malade. I Reg., xxx, 13, 15. Lesesclaves fidèles honoraient leurs maîtres, Mal., i, 6; serviteurs ou servantes avaient les yeux sur les mainsde leur maître ou de leur maîtresse pour obéir aumoindre signe. Ps. cxxm (cxxii), 2. Cf. Is., xxiv, 2.L’esclave qui héritait de sa maltresse devenait souventintraitable. Prov., xxx, 23.-3° Dans l’Évangile, lemaître est plusieurs fois mis en scène par Notre-Seigneur.. Le maître fait vendre le serviteur infidèle, Matth., xviii, 25-34; il trouve ses esclaves fidèles veillantpour l’attendre la nuit, Matth., xxiv, 45-50;

Marc, xiii, 25; Luc, xii, 36-47; il leur remet des talentsà faire valoir, Matth., xxv, 11-24; Luc, xix, 16-25, lesenvoie chercher ses invités, Luc, xiv, 21-23, mais cependantne leur confie pas tous ses secrets. Joa., xv, 15. L’esclaven’est pas au-dessus du maître, mais il doit tendreà lui ressembler. Matth., x, 24, 25; Joa., xiii, 16; xv, 20.On ne peut pas servir deux maîtres à la fois, surtoutquand ils sont de caractère absolument opposé.Matth., vi, 24; Luc, xvi, 3-13. — 4° Saint Paul recommandeaux maîtres chrétiens d’être bons et justes.Eph., vi, 9; Col., iv, 1. Les esclaves et les serviteursleur doivent honneur, I Tim., vi, 1, 2, et obéissance.Eph., vi, 5; Col., iii, 22; Tit, ii, 9. Beaucoup d’esclaveschrétiens étaient au pouvoir de maîtres païens; saintPierre leur prescrit d’être soumis non seulement auxmaîtres bons et doux, mais même à ceux qui itaientd’humeur difficile. I Pet., Il, 18. — 5° À Philippes, saint Paul fut poursuivi par une esclave qui avait unesprit de divination et que ses maîtres exploitaient.

L’Apôtre la guérit. Act., xvi, 16-19.

H. Lesêtre.

2. maître D’HOTEL. Voir Architriclinus, t. i, col. 935.

MAL. — I. Mal moral (hébreu: ra’, râ’dh, Hâve’; Septante: tô Ttorijp’h, to xaxôv; Vulgate: malum), actecontraire à la volonté de Dieu, accompli par un êtreintelligent et libre. Sous sa forme concrète et ordinaire, le mal moral prend le nom de péché. Voir Péché.

I. son origine. — 1° Le mal moral fait sa premièreapparition au paradis terrestre. Il y avait là un arbre queDieu appelle lui-même «l’arbre de la science du bienet du mal». Gen., ii, 9, 17. Il est à peine besoin deremarquer que l’auteur du récit sacré n’est pas tombédans le fétichisme grossier qui consisterait à attribuerà cet arbre la production du bien et du mal. Il n’estd’ailleurs pas question d’arbre du bien et du mal, maisd’arbre «de la science du bien et du mal». Cette sciencen’est pas communiquée à l’homme directement parl’arbre, comme par une sorte de sacrement. L’hommene l’acquiert qu’à l’occasion de l’arbre, par suite d’unchoix volontaire dont il est si bien responsable, queDieu lui dit: «Le jour où tu en mangeras, tu mourras.» Gen., ii, 17. La science du bien et du mal est pourl’homme, d’après l’ensemble du récit, non pas la connaissancethéorique du bien et du mal ainsi que deleur distinction, mais la connaissance expérimentaledu mal opposé au bien, que l’homme devait acquériren touchant au fruit de l’arbre. Voir Arbres de la vie

ET DE LA SCIENCE DU BIEN ET DU MAL, t. i, Col. 896. — 2° La

Sainte Écriture ne dit pas si, laissé à lui-même sousl’empire de la grâce de Dieu, l’homme eût enfreint ladéfense qui lui était faite. Il est théoriquement possibleque l’infraction se fût produite, puisque l’homme étaità la fois imparfait par sa nature et doué de liberté, parconséquent peccable. En fait, le mal moral n’a atteintl’âme de l’homme qu’à l’instigation d’un autre être quiconnaissait déjà ce mal et qui avait quelque raison pourle communiquer à l’homme. Le serpent qui s’adressa àla femme n’était pas un simple animal. Dans l’être sansraison se, cachait un être intelligent et perfide, que letexte de là’Genèse laisse à dessein dans l’ombre, sansdoute pour ne pas suggérer aux anciens Hébreux l’idéed’une puissance adverse capable de contrarier d’unemanière si mystérieuse et si efficace les desseins deDieu. On sait que les fondateurs de la religion deZoroastre étaient tombés dans cette grossière erreurd’admettre en face du dieu bon et suprême, Ormnzd, un dieu du mal presque aussi puissant, Ahrimàn, voirMages, col. 544, et que dans toutes les autres religionsidolâtriques le mal était représenté par des divinitéssouvent plus invoquées qne les divinités du bien.L’être caché dans le serpent est qualifié dans des textes

subséquents: c’est le démon, Satan. «C’est par l’enviedu diable que la mort est entrée dans le monde,» Sap., ii, 24, par conséquent aussi le mal moral dont lamort n’est que le salaire. Rom., VI, 23. Notre-Seigneurdit que le diable «a été homicide dès le commencement», Joa., viii, 44, et saint Jean le nomme «le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan». Apoc, xii, 9. Ce fut donc l’ange déchu qui fut l’instigateur du malmoral dans l’homme. — 3° Avant l’homme, Satan et lesanges déchus étaient tombés eux-mêmes dans le malmoral. La Sainte Écriture suppose le fait, mais sans enindiquer la cause. Voir Anges, t. i, col. 583. Créatureslibres, intelligentes, mais nécessairement imparfaites etbornées, bien que supérieures à l’homme, les angesavaient donc été peccables eux aussi, et un certainnombre d’entre eux avaient passé de la possibilité dumal moral à son exécution. La possibilité du mal moralest en effet inhérente à l’état même de la créature intelligenteet libre, tant que Dieu ne l’a pas fixée dans lebien. Cf. S. Thomas, Summa cont. gentil., Il, 48; iii, 10.

— 4° Pour entraîner la créature humaine dans le malmoral, Satan procéda avec cette ruse que le texte sacréattribue au serpent. Gen., iii, 1. Il s’adressa à la femme, plus faible que l’homme, commença par lui poser unesimple question, puis la trompa en lui affirmant formellementle contraire de ce que Dieu avait dit. Lafemme réfléchit à l’assurance qui venait de lui êtredonnée; elle contempla le fruit, qui lui parut séduisant, se persuada qu’il était capable de lui faire distinguer lebien et le mal, puis enfin en mangea. Elle en donnaensuite à l’homme, qui partagea probablement sa persuasionet en mangea à son tour. Gen., iii, 1-6. Le malmoral entrait ainsi dans l’âme de l’homme sous la tripleforme de l’orgueil, de la désobéissance et de la sensualité.Voir Péché originel.

il la concupiscence. — 1° À partir du moment oùelle succomba à la première tentation, l’âme de l’hommecontracta un penchant funeste pour le mal moral. Delà le trouble immédiat des premiers parents, initiés parleur faute à la connaissance expérimentale de ce mal.Gen., iii, 7, 10, 11. Caïn à son tour ressentit ce troublelorsque, à cause de l’insuffisance des sentiments intérieursqui accompagnaient ses offrandes, il comprit que Dieun’agréait par ses dons et s’emporta violemment. Dieului dit alors: «Pourquoi cette irritation? Pourquoi cetabattement de ton visage? Si tu fais bien, tu porterasle front haut; mais si tu fais mal, c’est le péché qui secouche à ta porte; ses désirs se portent vers toi, maistoi, domine sur lui.» Gen., iv, 6, 7. Dans ce texte, lemal est personnifié comme "un être malfaisant qu’unpremier consentement rapproche de l’âme humaineavec laquelle il tend à s’unir. Mais l’homme a la puissancede lui résister et de le dominer. Dieu ne dit pasà Caïn que cette domination n’est ordinairement possibleet assurée qu’à l’aide d’un secours surnaturel; mais ilaffirme la possibilité et l’obligation de cette domination, etc’est là l’essentiel. L’homme n’est donc pas en butte àune concupiscence invincible. — 2° Saint Jacques rappellela même doctrine sous une image analogue quand ilécrit: «Vis-à-vis des choses mauvaises, Dieu est horsd’atteinte (âicsépa<rro; ), et lui-même ne tente personne.Mais chacun est tenté lorsqu’il est attiré et alléché parsa propre convoitise. Puis la convoitise, ’après avoirconçu, enfante le péché, et le péché, une fois consommé, engendre la mort.» Jacob., i, 13-15. Il suit de làque Dieu n’est absolument pour rien dans la genèse dumal moral, que l’homme porte en lui sa propre convoitise, comme une tendance permanente au mal, mais quecette tendance n’aboutit au péché que par la coopérationvolontaire de l’homme. — 3° L’existence de cette concupiscenceest souvent constatée par les écrivains sacrés.Gen., VI, 5; toi, 21; Exod., xxxii, 22; Sap., iv, 12; Eccli., xxiii, 6; Dan., xiii, 8; Gal., v, 17. C’est ce qui

fuit dire à David: «J’ai été conçu dans l’iniquité et mamère m’a engendré dans le péché.» Ps. u (l), 7. Mêmeles plus saints en ressentent les effets. Rom., vii, 15-21.A plus forte raison, les impies et ceux qui vivent selonles principes purement naturels snccombent-ils à sesassauts. Job, xx, 12; Eccli., xxxvi, 24; Joa., viii, 44; Rom., i, 24, 27; vi, 12; xiii, 14; Gal., v, 24; Eph., ii, 3; Col., iii, 5; I Thés., iv, 5; I Tim., vi, 9; II Tim., ii, 22; iii, 6; Jacob., iv, 1-3; I Pet., i, 14; ii, 11; iv, 2, 3; II Pet., ii, 18; Jud., 18, etc. Saint Jean répète que toutce qui est dans le monde, convoitise de la chair, convoitisedes yeux, orgueil de la vie, ne vient pas du Père, mais du monde lui-même, I Joa., ii, 16, et saint Paulenseigne que la loi ancienne, au lieu de triompher decette concupiscence, n’a fait que l’exciter davantage enmultipliant devant elle les obstacles. Rom.; vii, 7, 8.

— 4° Aussi est-il recommandé fréquemment de combattreou de fuir tout ce qui peut favoriser la concupiscenceet les mauvais désirs et porter l’homme àcommettre le mal. Eccli., xviii, 30, 31; I Cor., x, 6; Gal., v, 16; II Pet., i, 4, etc. — 5° Il est à remarquercependant que le siège du mal est surtout dans l’âmequi, par ses volontés et ses intentions mauvaises, communiquela malice aux actes extérieurs. Matth., xv, 1820; Marc, vii, 20-23; Th., i, 15.

III. CONDUITE À L’ÉGARD DU MAL MORAL. — 1° Le mal

moral, quelle que soit sa forme, offense toujours Dieudirectement, Ps. li (l), 6, non seulement quand il seprésente à l’état d’acte extérieur, Deut, xiii, 5; xvii, 7, 12; xix, 19; xxi, 21, etc., mais alors même qu’il n’estencore qu’à l’état de pensée. ou de désir consentis.Matth., v, 28; xii, 35; Marc, vii, 23; Luc, VI, 45, etc.Il est par là même radicalement opposé à la charité, Rom., xiii, 10; xvi, 19; I Cor., xiii, 5; III Joa., 11, etc., et funeste* à l’homme. Jer., ii, 19. — 2° De là pourl’homme un premier devoir, celui de demander à Dieude le protéger contre le mal et ses conséquences.Matth., vi, 13; Joa., xvii, 15; II] Thés., iii, 3. —3° L’homme doit ensuite savoir distinguer le bien d’avecle mal, Heb., v, 14, ce dont sont incapables les petit*enfants, Deut., i, 39; Is., vii, 15, 16; choisir entre lebien et le mal, Deut., xxx, 15; se détourner du mal, Job, i, 1, 8; ii, 3; xxviii, 28; Ps. xxxiv (xxxm), 15; Prov., iii, 7; xiv, 16; xvi, 6; Eccli., iv, 23; I Cor., v, 13; I Pet., iii, 11, etc.; ne pas faire le mal, même pour procurerle bien, Rom., iii, 8; ne pas rendre le mal pourle bien, Gen., xuv, 4; I Reg., xxv, 21; Ps. xxxviii(xxxvïi), 21; Prov., xvii, 13; xxxi, 12; Jer., xviii, 20; I Mach., xvi, 17; etc., ni même le mal pour le mal, Ps. vii, 5; Prov., xx, 22; Rom., xii, 17; I Thés., v, 15; I Pet., iii, 9, etc.; mais vaincre le mal par le bien, Matth., v, 44; Luc, vi, 27, 33-35; Rom., xii, 21; I Pet., ii, 15, à l’exemple du divin Sauveur. I Pet., ii, 23; iii, 18.

II. Mal physique (hébreu; râ’âh, ’àvén, yegtâ’, ke’ib, mak’ôb, ’âtndl, ’î$$âbôn; Septante: xô xax<Sv, o8ûvti; Vulgate: malum, miseria, calamitas, dolor), souffrance qui, sous différentes formes, atteint à la foisl’âme et le corps.

I. son origine. — 1° La Sainte Écriture rattache lemal physique au mal moral comme conséquence. Dieudéclare aux premiers parents que s’ils désobéissent, entouchant au fruit défendu, si par conséquent ils commettentle mal moral, ils mourront. Gen., ii, 17; iii, 3.Quand le péché est commis, Dieu annonce à la femmeque la douleur accompagnera sa grossesse et son enfantement, et à l’homme que la fatigue et la peine sejoindront à son travail, nécessaire à sa vie, et que lamort viendra pour lui ensuite. Gen., ïh, 16-19. Ainsidans le principe, «ce n’est pas Dieu qui a fait la mortet il ne prend pas plaisir à-la perte des êtres qui ont lavie. Il a fait tous les êtres pour qu’ils vivent et tout cequi est venu au monde, pour se conserver. Il n’y a dans

ces êtres aucun principe funeste d’anéantissem*nt, iln’y a pas sur la terre de domination de l’Adès. Car lajustice est immortelle (tandis que par l’injustice s’acquiertla mort). Ce sont les impies qui l’ont appelée du geste etde la voix.» Sap., i, 13-16. — «2° Quand on sème l’injustice, on en récolte les fruits,» Job, iv, 8; Prov., xxii, 8, et s le malheur poursuit les pécheurs». Prov., xiii, 21.Cette conséquence est constamment rappelée, surtoutdans l’Ancien Testament, sous forme tantôt de menace, tantôt d’axiome, tantôt d’explication des faits historiques.Deut., xxxi, 17, 29; xxxii, 23; Jud., III, 7, 8, 12; iv, 2; vi, 1; II Reg., xii, 9, 11; III Reg., ix, 9; xxi, 20, 21; II Par., vii, 22; xxxiv, 24, 25; II Esd., xiii, 18; Ps. vii, 15, 16; Sap., xiv, 27; Eccli., iii, 29; Is., iii, 11; Jer., ii, 3; xi, 11; Dan., ix, 13; I Mach., i, 12; Rom., ii, 9; I Tim., vi, 10, etc. — 3° De là vient que toute viehumaine est visitée par le mal physique, soit à causedes péchés de la race, soit à cause des fautes personnelles.Le vieux Jacob dit au pharaon d’Egypte: «Lesjours des années de ma vie ont été peu nombreux etmauvais.» Gen., xlvii, 9. Job dit aussi que le sortde l’homme sur la terre est celui du soldat et dumercenaire, Job, vii, 1, que sa vie est courte et rempliede misères. Job, xiv, 1, 2. Le Psaume xc (lxxxix), 7-10, exprime avec énergie la même idée. L’Ecclésiaste, II, 23, constate que, pour l’homme qui a travailléavec sagesse et succès, «tous ses jours ne sont quedouleur et son lot n’est que chagrin.» Jérémie, xx, 18, exhale la même plainte: «Pourquoi suis-je sortidu sein de ma mère afin de voir la souffrance et ladouleur?» — 4° Au temps de Notre-Seigneur, il circulaitparmi les Juifs une opinion d’après laquelle le malphysique qu’on apporte en naissant, la cécité, parexemple, pouvait être la conséquence soit de péchéscommis par les parents, soit de ceux que l’âme* elle-mêmeaurait commis dans une vie antérieure ou du moinsdans le sein de la mère. Joa., ix, 2. Saint Jérôme, Epist-, cxxx, ad Demetriad., 16, t. xxii, col. 1120, dénoncecomme une impiété originaire d’Egypte et d’Orient lathéorie qui prétend que «les âmes, jadis dans lesrégions célestes, ont été condamnées à cause d’anciennesfautes et comme ensevelies dans des corps humains, de sorte qu’en cette vallée de larmes nous ne faisons^ue subir la peine de péchés antérieurs». Les rabbinsdu Talmud et ceux du Sohar croyaient à cette préexistencedes âmes et ne le faisaient que d’après latradition de leurs devanciers. Cf. Franck, La Kabbale, Paris, 1843, p. 177. Notre-Seigneur déclare formellementque l’infirmité de l’aveugle-né n’a pour cause nises péchés, ni ceux de ses parents. Joa., ix, 3. II suitde là que si, en général, le mal physique est la conséquencedu mal moral, et que si, comme l’expériencele prouve, la cause de bien des infirmités doit êtreattribuée à l’atavisme, on n’a pas le droit de conclurede l’existence d’un mal physique à une culpabilité personnelleou à celle des parents. Cf. Frz. Deiitzsch, System der biblhchen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 299, 464.

il. ses raisons d’être. — 1° Bien que, pour l’humanitéen général, la raison d’être du mal physiques’explique par son caractère originel de châtiment, onne manqua pas d’observer, dans la répartition dessouffrances et des épreuves de toute nature, des inégalitéset des injustices apparentes qui constituaient unproblème difficile à résoudre pour la raison humaine, et dont cependant les âmes religieuses cherchaient àJustifier fa Providence. Pourquoi tant de maux frappentifsf’homme de bien? Le Seigneur n’avait-il pas promistrès formeilement à l’Israélite, en retour de sa fidélité, toutes les bénédictions temporelles pour lui, sa famille, ses troupeaux et son sol, Deut., xxviii, 2-14; xxx, 4-10, tandis que les cafaraités, ies mafadies, ies épreuves detoute sorte, fa mort violente, devaient être le salaire de

la méchanceté des actions? Deut., xxviii, 15-68; xxx, 17, 18. D’autre part, ne voit-on pas souvent les méchantsprospérer, échappant ainsi à l’épreuve et à la peine quidevraient être, semble-t-il, la conséquence naturelle deleur impiété? De là un scandale perpétuel, dont undescendant d’Asaph s’est fait l’écho en ces termes:

J’enviais le bonheur des méchants

En voyant la paix des impies.

Ils sont sans tourments jusqu’à la mort,

A leurs corps demeure la vigueur.

Exempts des souffrances humaines,

lis ne sont point trappes comme les autres…

Et l’on dit: Dieu y fait-il attention?

Le Très-Haut en a-t-il connaissance?

Voilà ce que sont les méchants:

Toujours heureux, croissant en richesses!

En vain donc mon cœur reste pur,

Et mes mains demeurent innocentes.

Chaque jour je suis frappé,

Dès le matin, c’est l’épreuve

Ps. Lxxm (lxxii), 3-14.

2° Le fivre de Job est consacré tout entier à débattrele probième et à en chercher la sofution. Job, accabléd’épreuves subites, formellement attribuées par le livresacré à la malice de Satan, qui agit avec la permissionde Dieu, se soumet humblement à la volonté divine: «Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté; comme il aplu au Seigneur, ainsi soit fait; le nom du Seigneursoit béni!» Job, i, 21, et il répond à sa femme, moinspatiente que lui: «Si nous avons reçu les biens de lamain de Dieu, pourquoi n’en recevrions-nous pas lesmaux?» Job, ii, 10. Ainsi le saint homme, bien queconscient de sa justice, ne songe point à incriminer laProvidence; il accepte le mal physique comme unechose qui vient de Dieu même, sans en chercher l’explication.Mais arrivent ses trois amis, qui soutiennentsuccessivement qu’il n’y a de malheureux que lesméchants, Job, iv, 8, 9; v, 3-5, que Job et ses fils ontdû être gravement coupables, Job, viii, 34, que lui-mêmeest encore traité avec plus d’indulgence qu’il nemérite, Job, xi, 6, que l’impie est nécessairementfrappé par Dieu, Job, xv, 20-35; xviii, 5-21; xx, 5-29, qu’enfin pour être ainsi traité, Job a dû commettre tousles crimes. Job, xxii, 5-10. Le saint homme se défenden disant que Dieu peut réprouver même sans sujet, puisqu’if est le souverain maître, Job, IX, 17, qu’ilfrappe l’innocent aussi bien que l’impie, Job, ix, 22, qu’il faut avoir confiance en lui, malgré ses rigueurs, Job, XIII, 15, que lui-même est assuré qu’au jour de larésurrection, il trouvera en Dieu le vengeur de soninnocence, Job, xix, 25-27, qu’enfin te bonheur indéniabfedes impjes ôte toute leur valeur aux assertionsde ses amis. Job, xxi, 7-15. Eliu intervient alors pourexpliquer que l’épreuve détourne l’homme du mal et lepréserve de l’orgueil, Job, xxxiii, 17, 27-30, que Job acertainement des fautes à expier, Job, xxxiv, 36, 37, etqu’il doit en appeler à la miséricorde de Dieu. Job, xxxvi, 7-16. Dans la théophanie qui termine la discussion, c’est surtout la majesté et la toute-puissance divinesqui sont mises en lumière. L’homme n’a qu’à se taireen face de son maître souverain. Dieu atteste cependantque Joli à" raison contre ses amis, Job, xiii, 7, et il luirend les biens dont il a été momentanément privé.Cf. Job, t. iii, col. 1571-1574; Lesêtre, Le livre de Job, Paris, 1886, p. 19-22. Il résulte de cette analyse que, pour l’auteur du livre, le mal physique atteint l’innocentlui-même, qu’il l’aide à expier ses propres fauteset le prémunit contre le mal moral, mais qu’en sommeDieu, dans sa souveraine sagesse, n’a pas révélé àl’homme la solution totale du mystère de la souffrance.

— 3° Dans les Psaumes, la question est surtout envisagéeau point de vue de la prospérité des impies, quis’effondre à un moment donné. Voir Impie, t. iii, C03

MAL — MALACHIE

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col. 846-S47. Il est cependant noté que Dieu n’est pasinsensible aux afflictions de ses serviteurs:

Jéhovah est près de ceux qui ont le cœur brisé, It secourt ceux qui ont l’esprit affligé.Les afflictions du juste sont nombreuses, Mais Jéhovah le délivre de toutes.

Ps. xxxiv (xxxiii), 19-20.

L’auteur du Psaume cxix (cxviii), 25, 28, 50, 67, 71, 75, 87, 107, 143, 153, est un juste qui accepte l’épreuveen expiation de ses fautes et avec confiance en la bontéde Dieu. — 4° Au livre de Tobie, iii, 21, il est’dit quela couronne vient après l’épreuve, la délivrance après latribulation et la miséricorde après la correction. L’angeRaphaël présente même l’épreuve comme une nécessitépour celui qui plaît à Dieu. Tob., xii, 13. L’Ecclésiastique, xxvii, 6, dit que la tribulation sert à éprouver lesjustes. D’autres passages promettent la protection deDieu contre le mal. Ps. xxm (xxii), 4; xci (xc), 10; cxxi (cxx), 7; Sap., xvi, 8; Eccli., xxxiii, 1. Mais toutesces remarques des auteurs sacrés ne dépassent pas leshorizons du temps. On ne cherche pas dans la penséede l’autre vie l’explication des épreuves de la vie présente.Il ne pouvait en être autrement pour un peuplechez qui la notion de la vie future n’a atteint que tardivementson complet développement. — 5° L’auteur de laSagesse, voisin des temps évangéliques, a sur la raisond’être du mal physique des idées qui tranchent totalementavec celles des écrivains précédents. Il représenteles justes en proie à l’épreuve et victimes de la persécutiondes impies. «Aux veux des hommes, ils ont endurédes tourments, mais leur espérance est pleined’immortalité. Pour quelques vexations, ils auront demultiples avantages; c’est Dieu qui les a éprouvés et lesa trouvés dignes de lui.» Sap., iii, 4, 5. Au jugementde Dieu, après la mort, «les justes se lèveront avec unefi ère attitude contre ceux qui les auront persécutés…Ils vivront éternellement, car le Seigneur leur réservela récompense et le Très-Haut garde leur souvenir; ilsauront en partage le glorieux royaume.» Sap., v, 1, 16,

17. C’est donc dans l’autre vie qu’il faut attendre lacompensation des maux qui frappent les justes en celleci.Dès lors le mal physique n’est plus seulement uneexpiation du péché, un préservatif contre le mal moral, une épreuve qu’il faut accepter comme venant d’unMaître avec lequel il n’y a pas à discuter; c’est encoreun moyen que Dieu ménage au juste pour lui faire gagnerle bonheur de l’autre vie.

m. d’après l’évangile. — 1° Notre-Seigneur, enface ds ceux qui souffrent, fait allusion aux diverses raisonsd’être du mal physique énoncées dans l’AncienTestament. Le mal moral est la première cause du malphysique; aussi le Sauveur remet les péchés au paralytiqueavant de le guérir, Matth., ix, 2, 6; Marc, ii, 5, 11; ’Luc, v, 20, 24, et il dit à l’infirme de Bethesda: «Sois guéri et ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrivepire.» Joa., v, 14. — 2° Dans le livre de Job, Satanapparaît comme l’instigateur du mal physique; l’Évangilemontre une foule de pauvres gens rendus maladesou infirmes par les démons, voir Démoniaques, t. ii, col. 1374-1377, «molestés par les démons,» Luc, vi,

18, et une pauvre femme liée par Satan durant dix-huitans. Luc, xiii, 16. — 3° La souffrance est une épreuvedestinée à manifester la valeur morale de l’homme; Notre-Seigneur parle de ceux qui ne se tirent pas àleur honneur de cette épreuve, et qui se détournentà l’approche de la persécution. Matth., xiii, 21; Marc, lv, 17. — 4° Le Seigneur se félicitait de la fidélité deJob au milieu des adversités qui l’accablaient, Job, ii, 3; de même c’est pour procurer la gloire de Dieu quel’aveugle-né et Lazare ont été frappés. Joa., îx, 3; xi, 4.

— 5° Les compensations promises au livre de la Sagessesont expressément confirmées par le Sauveur dans la

parabole de Lazare et du mauvais riche: «Tu as reçules biens dans ta vie et Lazare les maux: maintenant ilest consolé et toi dans les tourments.» Luc, xvi, 25. —6° Ce qui est propre à l’Évangile, c’est la béatitude ♦promiseà ceux qui pleurent et qui souffrent persécution, Matth., v, 10-12; Luc, vi, 22, 23; c’est l’annonce de lapersécution faite aux Apôtres comme celle d’une conditionnormale pour remplir leur ministère, Matth., x, 17; Joa., xv, 20; c’est l’obligation pour chacun de porter sacroix. Matth., xvi, 24; Marc, viii, 34; Luc, ix, 23. Dureste, le Sauveur lui-même montre par son exemplel’usage qu’il faut faire du mal physique. Il réalise à lalettre la prophétie d’Isaïe, lui, 3, 4, sur l’homme dedouleur qui porte nos souffrances et se charge de nosmaux, et après avoir passé par toutes les épreuves et parla mort volontaire, il déclare que le «Christ a dû souffrirainsi pour entrer dans sa gloire». Luc, xxiv, 26.De là, résulte pour le chrétien la nécessité de supporter, parfois de désirer et même de rechercher le mal physique, sous forme de pénitence volontaire, non seulementpour expier ses fautes, mais encore pour se rapprocherdu Sauveur en l’imitant et arriver au ciel à sasuite. Voir Mortification.

iv. d’après les apôtres. — 1° Les Apôtres comprirentl’enseignement du divin Maître, et, battus deverges, «ils furent joyeux d’avoir été jugés dignes desouffrir l’outrage pour le nom de Jésus.» Act., v, 40, 41.Paul et Barnabe enseignaient aux fidèles de Lystre, d’Icône et d’Antioche que «c’est par beaucoup de tribulationsqu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu».Act., xiv, 21. — 2° Saint Paul déclare que les mauxphysiques, de quelque nature qu’ils soient, ne pourrontjamais le séparer de l’amour de Jésus-Christ. Rom., viii, 35. Il surabonde de joie en les souffrant, II Cor., vii, 4, et dit que les souffrances du temps, courtes et légères, valent au chrétien une incomparable gloire dans le ciel.

II Cor., iv, 17. Cf. Apoc, vii, 14.

H. Lesêtre.

li MALACHIE (hébreu: Male’âkî, «messager, envoyé;» Septante: MaXaxi’a?; Vulgate: Malachias), undes douze petit* prophètes et le dernier de l’Ancien Testamentdans l’ordre des temps (fig. 186).

I. Le nom du prophète. — Malachie est-il le vrainom du prophète ou n’est-il qu’un nom symbolique?Ces deux opinions ont eu des partisans. 1° Quelquesunssoutiennent que Malachie n’est qu’un nom symbotique, 1. parce qu’il n’est mentionné nulle part ailleursdans l’Ancien Testament: ni dans le livre d’Esdras, qui parle pourtant, I Ksd., v, 1; vi, 14, d’Aggée et deZacharie, ni dans Néhémie, ni dans l’Ecclésiastique; ilest vrai que l’auteur de l’Ecclésiastique, xlix, 12, faitl’éloge «des douze (petit*) prophètes»; maison prétendqu’il compte dans leur nombre, à là place de Malachie, Esdras qui n’est pas nommé ailleurs. — 2^ Le nom, quisignifie: «mon messager,» «mon envoyé,» peut avoirété emprunté à Mal., iii, 1, où il s’agit de saint Jean-Baptiste.— 3. Les Septante, Mal., i, 1, ont pris Malachiepour un nom commun et traduit: «[Proposition dudiscours du Seigneur sur Israël] par son ange, êv x^’P 1iYYÉXou aOtoO» (maVâkû pour malëâkî). — 4. Une traditionjuive, consignée dans le Targum, identifie Malachieavec Esdras: «…par Malachie, nom par lequel ondésigne Esdras le scribe.» Cf. S. Jérôme, Prol. in Mal., et In Mal., iii, 7, t, xxv, col. 1541-1542, 1569. - 5. Plusieurscommentateurs, Rupert, Calmet, Ribera, Vitringa, Hengstenberg, Reuss, se sont aussi ralliés à cette opinion.Voir Trochon, Les petit* prophètes, in-8°, Paris, 1883, p. 496; Knabenbauer, In Proph. minores, 1886, t. ii, p. 410; Talmud, Baba Megillah, xv, 1. — Mais elleest rej’elée avec raison par le plus grand nombre descommentateurs anciens et’modemes. — 1. Si Esdrasétait l’auteur de cette prophétie, on ne voit pas pourquoiil aurait caché son nom. — 2. Tous les noms propres -créais: —186. — Malachie et les autres prophètes autour de la croix.D’après une fresque attribuée à Giolto. Malachie est le cinquième des prophètes, à gauche, avec cette prophétie: Ecce ego mitto angelu[m] mev[m[ et pr&parabit [viam ante faciem meam]. Mal., iii, 1.

607

MALACHIE — MALAGHIE (LE LIVRE DE)

G08

hébreux, Abdias, Osée, etc., ont une signification; parconséquent la signification du nom «Malachie» ne peutêtre une raison pour n’y voir qu’un symbole, pas plusque dans les noms d’Abdias et d’Osée. Cf. Trochon, Lespetit* prophètes, p. 497; Driver, Introduction, p. 356.

— 3. Si le nom de Malachie n’est mentionné nulle partailleurs dans la Bible, il ne faut pas en être surpris, car d’autres noms sont dans le même cas; et il est ledernier des prophètes. — 4. Toutes les autres prophétiesportant le nom réel de leur auteur, on doit admetlrequ’il en est de même pour le douzième des petit* prophètes.

2° L’étymologie du nom, «messager, envoyé,» aété expliquée de deux manières: les uns pensent quece nom est de ceux qui en hébreu sont formés avec lesuffixe ï comme radical, tels que: Garmi, I Par., iv, 19; Gaddi, Num., xiii, 12; Ezri, Jud., vi, 11, 24; viii, 32;

1 Par., xxvii, 26; Ozni, Num., xxvi, 16; dans ce cas lenom signifierait simplement «messager, envoyé».Cf. L. Reinke, Der Prophet Malachi, Giessen, 1856, p. 187; Olshausen, Lekrbuch dey hebr. Spræke, p. 413.D’autres croient que «Malachie» est une abréviationde Male’akîdh, «messager de Jéhovah;» la Bible nousfournit d’autres exemples de ces abréviations: Zabdi, Jos., vii, 1, 17, 18; I Par., vni, 19, est écrit Zabdias; I Par., xxvii, 27; Abi, IV, Reg., xviii, 2, est écrit Abia, II Par., xxix, 1; Abdi, I Par., vi, 44; II Par., xxix, 12, devientAbdias, L III Reg., xviii, 3, 5, 6, 7, 16, - etc.; Uri, Exod., xxxi, 2, etc., devient Urias, II Reg., xi, 3, 9, etc.; c’estainsi du reste que durent lire les Septante, puisqu’ilsont la forme pleine: MaXa^iac, au lieu de Malawi. — Latraduction des Septante, Mal., i, 1: èv x sl P’ «YY^ 0Va-ltoû, a porté certains Pères à désigner le prophèteMalachie par le nom «ange»; ainsi Tertullien, Adv.Jud., 5, t. ii, col. 608; S. Augustin, De civ. Dei, xx, 25, t. xli, col. 699; S. Jean Chrysostome, In Heb. Rom.xiv, t. lnxiji, col. 114, mais c’est une pure appellationhonorifique: «Il est appelé ange parce que c’est la significationde son nom, dit saint Cyrille d’Alexandrie, In Mal., Proœm., t. lxxii, col. 272, et comme il aannoncé à Israël des oracles célestes et inspirés de Dieu, il peut bien être appelé ange.»

II. Époque a laquelle a vécu Malachie. — 1° Malachieest contemporain d’Esdras et de Néhémie. —Presque tous les exégètes sont d’accord sur ce point; lacritique interne nous fournit des indices assez concluants:

1. La prophétie de Malachie a été écrite après la captivité, à l’époque où la Judée était une province persane; il est en effet question du «gouverneur ï>, péh’âh, Mal., i, 8; cf. II Esd., v, 14; Xn, 26; Aggée, i, 1. —

2. Le temple était reconstruit, Mal., i, 10; iii, 1. — 3. Lesabus, signalés par Malachie: alliances avec les femmesétrangères, négligence du peuple à payer les dîmes, sont aussi dénoncés par Esdras et Néhémie. I Esd., îx,

2; x, 3, 16-44; II Esd., x, 30, 32-39; xiii, 4-13, 15-17, 23-29.2° L’époque précise. — Sur ce point il règne beaucoup

d’opinions: certains auteurs pensent que Malachieécrivit avant l’arrivée d’Esdras en Judée, en 458 avantJ.-C.; Schegg soutient qu’il prophétisa après le premierséjour de Néhémie à Jérusalem et la 32e année du roiArtaxerxès Longue-Main; d’autres se prononcent pourl’intervalle entre le premier et le second séjour deNéhémie à Jérusalem; enfin d’autres croient qu’il prophétisaquelque temps après Néhémie. Cf. Knabenbauer, In Proph. minores, ii, p. 413. Nous ne pouvons qu’établirla date qui paraît la plus probable:-i. Comme nousl’avons déjà remarqué, Malachie prophétisa aune époqueoù le temple était construit, et le culte fonctionnaitrégulièrement. Mal., i, 7-10; ii, 12-13; iii, 1, 10. —2. Malachie semble avoir prophétisé en l’absence deNéhémie: en effet, on voit, Mal., ï", 8, qu’on offraitdes dîmes au gouverneur; or, Néhémie, pendant douzeans, ne mangea pas les dîmes dues au gouverneur;

II Esd., v, 14-15; bien plus lui-même fit beaucoup delargesses au peuple; ꝟ. 18; donc Mal., i, 8, ne vise pasNéhémie, mais un autre gouverneur établi par lesPerses; de plus, on s’explique qu’en l’absence deNéhémie, il ait pu s’introduire les abus signalés parMalachie; enfin après son second retour à Jérusalem, Néhémie, comme nous l’avons déjà vii, reprend les mêmesabus que Malachie. Ces inductions nous conduisent àconclure que Malachie prophétisa après la 32e annéed’Artaxerxès Longue-Main, alors que Néhémie se trouvaità la cour du roi des Perses: «L’auteur a vécu à uneépoque où il n’était plus nécessaire de prémunir les espritsfaibles contre les séductions du polythéisme. Il estencore question d’égarements moraux, mais la principalepréoccupation du prophète, ce sont les transgressionsrelatives à la partie plus ou moins matérielle de la loimosaïque, nous dirions volontiers les délits politiques*L’organisation de la hiérarchie, le paiement des redevances, l’observation régulière des rites, et la séparationplus stricte d’avec l’étranger, étaient devenus la base del’ordre des choses établi dès avant la fin du premiersiècle après la restauration du Temple. Car c’est bien àcette époque que nous devons rapporter la compositionde cet opuscule. Il n’y a pas de doute: le Temple dontAggée et Zacharie avaient poussé les travaux, existaitmaintenant, et son culte est censé fonctionner régulièrement.La loi était connue et promulguée, car il y estfait allusion en plusieurs endroits. Mais le peuple, pauvre et découragé, parce que les promesses dont onl’avait nourri ne s’étaient pas accomplies, se montraitexactà remplir ses devoirs religieux, qui… consistaient…à entretenir la caste sacerdotale, à laquelle, si nous nenou s trompons fort, notre anonyme appartenait lui-même.On est surtout frappé de l’identité des plaintes consignéesdans son écrit au sujet des dîmes et des mariagesmixtes, avec celles que formule, avec non moinsd’énergie, le gouverneur Néhémie dans ses mémoires…Ces différentes données nous portent à placer la rédactiondu livre après la promulgation de la loi par Esdras, et avant le dernier séjour de Néhémie à Jérusalem. Onpourrait même faire valoir en faveur de cette hypothèsela circonstance que l’auteur parle d’un gouverneur, demanière que ce que Néhémie ditde lui-même, sembleprouver qu’il s’agit de quelqu’un d’autre.» Reuss, Lesprophètes, t. ii, p. 382-383.

III. Malachie dans la légende. — L’Écriture ne nousapprend rien sur la vie de Malachie en dehors de saprophétie. La légende a essayé de suppléer à cettelacune. Le Pseudo-Épiphane, De vit. prophet., 22, t. xliii, col. 412-413, dit que Malachie était de la tribu deZabulon et qu’il naquit dans le territoire de cette tribu, après la captivité de. Babylone, à Sopha (Soçâ, d’aprèsd’autres manuscrits, Sto^S et Toçâ, col. 419). Il étaitd’une grande beauté et se fit aimer du peuple par ladouceur de ses manières. Il mourut jeune et fut enterrédans le tombeau-de ses ancêtres. Tous ces détails sontde pures inventions. Le martyrologe mentionne la fêtede saint Malachie au 14 janvier. V. Ermoni.

2. MALACHIE (LE LIVRE DE). — I. DIVISION ET ANA-LYSE.— On a proposé diverses divisions. Cf. Trochon, Les petit* prophètes, p. 499. On peut le partager entrois sections: 1° Première section, i, 2-n, 9. Cette sectionnous représente Dieu comme un Père plein d’amouret comme le gouverneur de son peuple; comme lesJuifs accusent Dieu de ne pas les aimer, Dieu leur répondet leur rappelle ce qu’il a fait pour eux en préférantJacob à Esaû, i, 2-5; il accuse les prêtres de négligerle culte divin, jt. 4-9, et annonce un sacrifice pluspur et universel, ꝟ. 10-11; nouvelles ^accusations contreles prêtres, i, 12-n, 2. Dieu parle de l’alliance faite avecLévi et en indique la nature et les caractères, ii, 3-7; leprophète montre comment les prêtres ont rompu cette

alliance, ꝟ. 8-9. — 2° Seconde section, II, 10-16. Cettesection représente Dieu comme le Dieu suprême etunique et comme le Père d’Israël: il blâme le peuple àcause de sa facilité à contracter des alliances avec desfemmes étrangères, J. 10-12, et à recourir au divorce, ꝟ. 13-16. — 3° Troisième section, ii, 17-iv. Cette sectionreprésente Dieu comme le juge équitable et définitif detous les hommes: les Juifs accusent Dieu d’injustice, H, 17; le prophète prédit l’avènement du Messie, iii, 1-4; il punira les Juifs et principalement les Lévites, t. 5-6; le prophète blâme ceux qui fraudent les dîmeset les offrandes sacrées, jr. 7-12; il reprend les Juifsqui se plaignent que Dieu ne punisse pas les méchants, t. 13-15, et annonce que la justice divine séparera lesbons des méchants, iii, 16-iv, 3; il les exhorte à observerla loi de Moïse, ꝟ. 4, et annonce la venue d’Élie etle jour terrible du Seigneur, ꝟ. 5-6.

II. Authenticité et canonicité. — 1° Il n’y a aucuneraison de refuser à Malachie la composition de la prophétiequi porte son nom; et l’authenticité n’en a jamaisété sérieusem*nt contestée. — 2° La canonicité en estprouvée: 1. Par la tradition juive: a) le livre de Malachiea été traduit par les Septante; b) l’Apocryphe IV Esd., I, 40, range Malachie au nombre des prophètes; c) celivre a toujours fait partie du canon juif. — 2. Par lescitations du Nouveau Testament; Matth., xi, 10; xvii; 10-11; Marc, i, 2; rx, 10; Luc, i, 17; vii, 27; Rom., ix, 13. — 3. Par la tradition chrétienne. Voir Canon, t. ii, col. 144-168.

III. Style et langue. — Le style de Malachie estclair, simple et concis, quoiqu’il n’ait point l’élévationet l’enthousiasme des grands prophètes, d’un Isaïe oud’un Jérémie, La langue est aussi assez pure et soignée, vu l’époque où écrit le prophète; on trouve cependantdans ce livre un certain nombre de mots et de formesparticulières; en voici la liste: i, 1, fanât, pour fanîm, «dragons;» i, 4, rusas, «appauvris;» i, 5, la combinaisonmê’al le, «de dessus le;» i, 10, 11, 13; ii, 13; m, 4, minhâh, signification toute spéciale; i, 12; gâ’aldans le sens de «souiller»; ibid., nib, «fruit,» «revenu;» i, 14, moshat, «corrompu;» H, 9, kefî’âSér, «comme qui;» ii, 11, bat’êl nêkdr, «fille d’un dieuétranger;» ii, 12, ’êrve-onéh, <i vigilant et répondant;» n, 14, ’êsét berif, «femme de l’alliance;» ir, 16, leparticipe irrégulier, sânê’, «haïssant;» iii, 1, male’akberît, «messager de l’alliance»; iii, 2, bârît, «potasse;» iii, 5, ’ôsqê iekar, «oppressions du salaire;» m, 8, qâba’, «ravir;» nr, 10, l’expression’ad-beli-dây, «jusqu’à l’abondance;» iii, 14, qedôrannîl, «obscurément;» iii, 19, sorés ve-ândf, «racine et branche;» m, 21, ’dsas, «piétiner.» Cf. Packard, The book ofMalachi expounded, in-8°, Edimbourg (sans date), p. 4; Driver, Introduction, 6e édit., p. 358.

IV. Forme littéraire. — La prophétie de Malachie aune forme littéraire tout à fait particulière et nouvelle; c’est une espèce de dialogue entre Dieu et les prêtresou le peuple. Ce dialogue se déroule d’une manièreuniforme; on dirait la méthode scolastique: en premierlieu le prophète établit sommairement, sous forme desentence, la vérité qu’il désire inculquer; en secondlieu il se pose des objections; enfin il énonce de nouveauet démontre la proposition originale; voici quelquesexemples de ce procédé: i, 2-3, 6-14; ii, 13-14, 17; m, 7, 8, 13-18. A. Kôhler, Die nachexilischen Propheten, iv, Maleachi, Leipzig, 1865, a bien caractérisé cetteméthode: «Au lieu d’un développement littéraire dusujet, usuel aux plus anciens prophètes, Malachie emploieune exposition dialectique, par demandes et réponses.Nous avous ici les premières traces de cetteméthode d’exposition, qui finit par prévaloir dans lesécojes qui surgirent à cette époque.»

V. Le texte. — Le texte original est l’hébreu, unhébreu assez pur, comme nous l’avons déjà vu. C’est

DIGT. DE LA BIBLE.

un des mieux conservés de l’Ancien Testament. Le peude variantes qu’on rencontre dans les divers manuscritsest sans importance. Les différences qu’on remarquedans les anciennes versions proviennent de la variétéde ponctuation des mêmes.mots hébreux. Le textehébreu n’a que trois chapitres; les Septante, la Peschitoet la Vulgate en ont quatre; ces versions commencentun nouveau chapitre avec iii, 19, de l’hébreu. Le livrede Malachie se trouve dans toutes les versions importantes.

VI. Prophéties messianiques. — Le livre de Malachiecontient deux prophéties messianiques: — 1° Prophétieeucharistique, i, 10-11: Voici la traduction dece passage:

Je ne prends en vous aucune complaisance,

Dit le Seigneur des armées;

Je ne recevrai point d’oblatioûs de votre main,

Mais du Levant jusqu’au Couchant

Mon nom est grand parmi les Gentils;

En tout lieu on me fait des sacrifices,

Et l’on offre à mon nom une oblation pure,

Parce que mon nom est grand parmi les Gentils,

Dit le Seigneur Dieu des armées.

Cette prophétie annonce deux choses: 1. l’abolitiondes sacrifices de la loi ancienne; 2. l’institution d’unsacrifice nouveau. Ce sacrifice nouveau ne peut être quel’Eucharistie: a) Le mot minhah, «oblation,» quidésigne dans l’ancienne loi les offrandes de grains, defarine, de pain et de viii, est le plus propre à designerle pain et le vin eucharistiques. — b) Cette oblation estpure; or dans l’Eucharistie la victime est Notre-SeigneurJésus-Christ qui est la sainteté même. — c) Cette oblationsera universelle: le sacrifice eucharistique estoffert partout où existe l’Église; il est donc catholiquecomme l’Église elle-même. — 2° Prophétie de la venuedu Messie, iii, 1-4; iv, 1-5. — Ces deux passages visentle même événement; ils annoncent la venue du Messieet de son précurseur, Jean-Baptiste.

VII. Bibliographie. — Outre les ouvrages cités, cf. S. Éphrem, Opéra, t. v, p. 312; S. Cyrille d’Alexandrie, In Malach., t. lxxii, col. 276-364; Théodoret deCyr, In Malach., t. lxxxi, col. 1986-1988; sur la prophétiede Malachie en particulier, S. Augustin, De civ.Dei, xviii, xxxvt, 3, t. xli, col. 594; S. Jean Damascène, De Fide orthod., iv, 13, t. xciv, col. 1149-1152; Reinlse, Commentar, in-8°, Giessen, 1856; * T. T. Perowne, dansla Cambridge Bible for schools, 1890.

V. Ermoni.

MALADE(hëbreu: davvây; Septante et Nouveau Testament: o^woroç, âffOsvTJç, à<r8evûv; Vulgate: mger, segrotus, infirmus), celui qui est atteint de maladie. —La Sainte Ecriture fait mention spéciale des maladessuivants: Jacob, malade de vieillesse, Gen., xlix, 1; un jeune Égyptien, malade de faim, I Reg., xxx, 13; Amnon, malade seulement par simulation, II Reg., xin, 6; Abia, le jeune fils de Jéroboam, dont le prophèteAhias perdit la mort, III Reg., xiv, 1, 12; Asa, roid’Israël, atteint de podagre, II Par., xvi, 12; le fils dela veuve de Sarepta, atteint de langueur et d’anémie,

III Reg., xvii, 17; Joram, Toi de Juda, atteint d’unehorrible, dysenterie dont il meurt, II Par., xxi, 19; Ochôzias, roi d’Israël, malade à la suite d’une chute,

IV fteg., i, 2; Naaman, atteint de la lèpre, dont ensuitehérite Giézi, IV Reg., v, 1, 27; Bénadad, roi de Syrie, dont Elisée annonce la guérison, IV Reg., viii, 7; Joram, roi d’Israël, malade à Jezraël, IV Reg., viii, 29; ix, 16; Elisée, atteint de la maladie dont il doit mourir, IV Reg., xiii, 14; Ézéchias, roi de Juda, dont Isaïe prédit la gué-rison, IV Reg., xx, 1; II Par., xxxii, 24; Is., xxxviii, 1; Daniel, malade durant plusieurs jours, Dan., viii, 27; Antiochus, terriblement malade de l’helminthiase’àlaquelle il succombe, II Mach., ix, 7-21; dans le NouveauTestament, le fila de l’officier de Capharnaûm,

IV. - 20

611

MALADE

MALADIE

612

Joa., iv, 46; la femme courbée depuis dix-huit ans, Luc., XIII, 11; le paralytique de Béthesda, Joa., v, 2; Lazare, qui meurt de sa maladie et que le Sauveur ressuscite, Joa., xi, 2, 4; le boiteux de la porte du Temple, quesaint Pierre guérit, Act., iii, 2, 7; Tabitha, qui meurtde maladie à Joppé et à laquelle le même apôtre rendla vie, Act., ix, 37, 40; le boiteux de Lystres, guéri parsaint Paul, Act., xiv, 7, 9; saint Paul lui-même maladeau cours de ses prédications, I Cor., ii, 3; Gal., iv, 13; son disciple Timothée, souvent malade, I Tim., v, 23, etc.Voir Guérison, t. iii, col. 360, Maladie, et les articles

sur les différentes maladies.

H. Lesêtre.

    1. MALADIE##

MALADIE (hébreu: devây, hoir, tnadvéh, mahaléh, mahâluyyvm, tahàlu’im; Septante: àppoxmoc, nâXaxca, vô<roç, èôûvYi; Vulgate: œgrotatio, infimiitas (jamaismorbus); maladie mortelle: mâvét, davato; , cf. Apoc, vi, 8; xviii, 8, mors; tomber malade ou être malade: hdlâ’, hâlâh, mâras, ’<mas; à£p<>><rué<>>, hay}.E6111a, (iaXaju’Çm; aegrotare, inftrmari. Les écrivains du NouveauTestament affectent l’emploi presque exclusif des motsiddévsta, infimiitas, àaŒvéùi, infirmari, ùai>tv&v, inftrmus), altération de la santé, soit par des désordrestransitoires dans l’organisme, soit par des infirmitéspermanentes.

I. La maladie chez les Hébreux. — 1° Le climat dela Palestine est généralement très salubre; aussi lesmaladies étaient-elles assez rares et de courte durée chezles anciens habitants. Tacite, Hist., v, 5, témoigne de labonne santé dont jouissaient les Juifs. Les maladiesavaient pour eux le caractère de châtiment providentiel; car le Seigneur avait déclaré qu’il punirait leur infidélitépar la consomption ou phtisie, Sahéféf, la fièvre, qaddahaf, Lev., xxvi, 16, l’inflammation, dalléqép, lachaleur brûlante, harhur, e dessèchement, horéb, Deut., xxviii, 22, l’ulcère de l’Egypte, Sehîn misraïm, sorte demaladie ^éjcuptive, les hémorroïdes, ôfalim, une espècede lèpre, gârâb, la gale, hârés, Deut., xxviii, 27, l’ulcère, sehïn, aux genoux et aux jambes, Deut., xxviii, 35, enfinles maladies d’Egypte, tnadvéh misraïm, et toutes sortesde maux qui ne sont pas énumérés en détail. Deut., xxviii, 60, 61; cf. vii, 15; Exod., xxiii, 25. Ces maladiesd’Egypte sont celles dont Dieu a frappé les Égyptiens aumoment du départ des Hébreux, Exod., xv, 26, et engénéral toutes celles qui étaient endémiques sur lesbords du Nil. Les Égyptiens, il est vrai, avaient un paystrès sain et se vantaient même d’être «les mieux portantsde tous les mortels». Ils souffraient néanmoinsd’un bon nombre de maladies qui travaillent encore leursdescendants, «les ophtalmies, les incommodités de l’estomac, du ventre et de la vessie, les vers intestinaux, les varices, les ulcères aux jambes, le bouton du Nil(maladie cutanée parasitaire), et enfin la «maladie divine «mortelle», le divinus morbus des Latins, l’épilepsie.L’anémie, qui ronge un quart au moins de la populationactuelle, n’était pas moins répandue qu’aujourd’hui, s’ilfaut en juger par le nombre des remèdes que les médecinsemployaient contre l’hématurie qui en est la causeprincipale.» Maspero, Histoire ancienne des peuples del’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 215, 217. - 2° Enévoquant ainsi lès maladies comme châtiments de l’infidélitéde son peuple, Moïse ne faisait qu’imiter l’exempledonné, longtemps avant lui, par le roi babylonienHammourabi. À la fin de son code de lois, celui-ci appelletoutes sortes de malédictions sur celui de ses successeursqui ne tiendrait pas compte de ses ordonnances.Il le menace, entre autres calamités, d’ «une maladiegrave, une peste mauvaise, une plaie dangereuse qu’onne puisse guérir, dont le médecin ignore la nature, qu’onne puisse calmer par un bandage, d’une morsure demort, qui ne puisse être arrachée de ses membres».Un roi kàssite du xii" siècle avant J.-C. menace de mêmesorte celui qui démolira sa stèle: «Que Gula… lui fasse

gagner une maladie incurable! Qu’il répande le sang etla lymphe comme l’eau!» Cf. Scheil, Textes élamitessémitiques, IIe sér., Paris, 1902, p. 130, 164. — 3° Lesmenaces proférées contre ies Israélites infidèles eurentsouvent lieu d’être exécutées. Aussi est-il assez fréquemmentquestion de maladies dans la Sainte Écriture. Lecaractère de châtiment qui leur était attribué dans beaucoupde cas est confirmé par Notre-Seigneur lui-même, quand il dit au paralytique de Béthesda: «Ne pècheplus, de peur qu’il ne t’arrive pire.» Joa., v, 14. SaintPaul assigne comme cause à certaines maladies deschrétiens de son temps la mauvaise réception de lasainte eucharistie. I Cor., xi, 30. D’autre part, Dieuavait promis de punir l’iniquité des pères sur les enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération. Deut., v, 9. C’est ce qui fait que les disciples, en voyant l’aveuglené, demandent à Notre-Seigneur si sa cécité a pour causeles péchés de ses parents ou les siens. Joa., ix, 2. Ellepourrait avoir pour cause les péchés des parents; quantaux péchés de l’aveugle avant sa naissance, les Juifs enfondaient la possibilité sur la lutte d’Esaû et de Jacob ausein de leur mère, Gen., xxv, 22; Ose., xii, 3, lutte quine pouvait impliquer aucune responsabilité morale.Notre-Seigneur enseigne à ses apôtres que la maladieou l’infirmité peuvent visiter quelqu’un pour une toutautre cause que ses péchés ou ceux de ses parents. Joa., ix, 3; xi, 4.

II. Maladies ou infirmités mentionnées dans la Bible.

— Bégayement, infirmité du bègue, hébreu: ’illêg; Septante: ifisMiïujv; Vulgate: balbus. Is., xxxii, 4, Voirt. i, col. 1550.

Cécité, infirmité de l’aveugle, hébreu: ’ivvêr; Septante: TUfWç: Vulgate: cxcus. Exod., iv, 11; Gen., XIX, 11, etc. Voir t. i, col. 1289.

_ Choléra, dans le sens de colique, Septante: ^oXépa; Vulgate: choiera. Eccli., xxxi, 23; xxxvii, 33. Voir t. ii, col. 715.

Claudication, infirmité du boiteux, pissêah, xuXôç, claudus. Voir Boiteux, t. i, col. 1842.

Coups et blessures, voir Mutilation. Lev., xxi, 19, etc. Voir t. i, col. 1842.

Dessèchement d’un membre, Matth., xii, 10; Marc, m, . 1; Luc, vi, 6. Voir Main et Paralysie.

Dysenterie, Luc.: 8u<revcepîov; Vulgate: dysenteria.II Par., xxi, 14-19; Act., xxviii, 8. Voir t. ii, col. 1517.

Èléphantiasis, Job, ii, 7; Deut., xxviii, 27. Voir t. ii, col. 1662.

Épilepsie, mal des lunatiques, atÀYivcaso^vot, lunatici.Matth., iv, 24; xvii, 14. Voir Lunatique, col. 417.

Fièvre, hébreu: qaddahap, dalléqép, harhur; Septante: 7tup£T(i; , pfyoç, èp£8[<r|jid; ; Vulgate: ardor, febris.Deut., xxviii, 22, etc. Voir t. ii, col. 2234.

Flux, hébreu: zâb; Septante: pûatç; Vulgate: flu&usseminis, nom générique de désordres affectant les organesde la génération, gonorrhée, spermatorrhée, blennorrhée, etc. Lev., xv, 3. Voir Impureté légale, t. iii, col. 857.

Folie, hébreu: Siggd’ôn; Septante: K<tp<x.iù.r%[*, 7capa(ppdvTiircç; Vulgate: amentia. Deut., xxviii, 28; Zach., xii, 4. Voir t. ii, col. 2301.

Gale, hébreu: gârdb, hérês, Septante: ij/tSpa ct^pitt, xvrjçirç; Vulgate: scabies, prurigo. Lev-, XXI, 20; Deut., ’xxviii, 27. Voir t. iii, col. 82.

Gangrène, grec: YaYy-paiva; Vulgate: cancer. II Tim., n, 17. Voir t. iii, col. 105.

Helminthiase, maladie vermiculairë. Voir t. ut, col.583.

Hémorroïdes, hébreu: ’ofalim, tehorîm. Deut, xxviii, 27; I Reg., v, 6. Voir t. iii, col. 587, etOFAUM.

Hernie, infirmité du merôah’é&ék± (iôvopx l î> hernwsus.Lev., xxi, 20. Voir t. iii, ~eol. 637.

Hydropisie, maladie de I’û6pa>mx6ç, hydropicus. Luc, xiv, 2. Voir t. iii, col. 790.

613

MALADIE

MALASAR

614

Impétigo, hébreu: nétéq, yalléfét; Septante: 8paû<T(i.a, iEty.Tiv; Vulgate: impétigo. Lev., xiii, 30; xxi, 20; xxii, 22. Voir t. iii, col. 844.

Insolation. IV Reg., iv, 18-20; Judith, viii, 3; Jon., IV, 8. Voir t. iii, col. 885.

Jaunisse, hébreu: yêrdqôn: Septante: îVrepo; : Vulgate: aurugo. Jèr., xxx, 6. Voir t. iii, col. 1145.

Lèpre, hébreu: gârâb, né(éq, sara’af, sehin; Septante: Xé-rcpa: Vulgate: lepra. Leï., xiii, 2; Num., XII, 10, etc.Voir col. 175.

Lunatiques (Maladie des), épilepsie. Voir col. 417.

Lycanthropie, espèce particulière de folie. Voir t. ii, col. 2301, 3°.

lUutilation, voir Eunuque, t. ii, col. 2044; Incision, t. iii, col. 868; Mutilation.

Mutisme, infirmité du muet, ’illêni, [ioyiXâXo; , Sûcrxmçoc, xwçd; : Vulgate: mutus. Is., xxxv, 6; Matth., ix, 32. Voir Muet.

Paralysie, mal du paralytique,-napoiXuTcx6ç, paralyticus.Matth., iv, 24; viii, 6, etc. Voir Paralysie.

Peste, hébreu: débér, mâvét, qotéb, réêéf; Septante: ftàvaxo; ; Vulgate: pestis, pest-ilentia. Exod., v, 3; ix, 3; Beut., xxviii, 21, etc. Voir Peste.

Plaie ou blessure, hébreu: dakkê’, tnahas, makkâh, pesa 1; Septante: Tpaûjia, tcXtjy^, (rjvTpi|i|i.a; Vulgate: plaga, vulnus. Is., i, 6, etc. Voir Plaie.

Podagre, maladie qui a son siège dans les pieds. IIIReg., xv, 23. Voir Podagre.

Possession, comportant des maladies causées ou aggravéespar la présence du démon. Voir Démoniaques, t. ii, col. 1374.

Surdité, infirmité du sourd, hêrês, xwçd; , surdus.Exod., iv, 11, etc. Voir Sourd.

Teigne, hébreu: nétéq, saffahaf; Septante: 9pa0c7[ia; Vulgate: pustula, macula. Lev., xiii, 2, 30, 37, etc.Voir Teigne.

Ulcère, hébreu: sehîn; Septante: s).xo; ; Vulgate: ulcus, Exod., ix, 9, 11; Lev., xiii, 18-20, etc. Voir Ulcère.

III. Devoirs imposés a l’occasion de la maladie. —Il est recommandé de recourir à Dieu par la prière dansla maladie. Eccl., xxxviii, 9. Dieu vient particulièrementen aide au malade qui a eu le souci des pauvres.Ps. xli (xl), 4. C’est un devoir de visiter les malades, Eccli., vii, 39, et Notre-Seigneur, au jour du jugement, regardera ces visites comme faites à lui-même en personne.Matth., xxv, 36-44. Quand un chrétien est malade, il faut appeler les prêtres de l’Église pour qu’ils l’oignentd’huile et prient sur lui. Jacob., v, 14. Voir Extrême-Onction, t. ii, col. 2140. — Voir Th. Bartolini, Demorfcis biblicis, miscellanea biblica, in-12, Francfort, 1672, 1705, et dans Ugolini, t. xxx, p. 1521; R. Mead, Medica sacra sive de morbis insignioribus gui in Bibliismemorantur, in-12, Amsterdam, 1749; Chr. Reinhard, Bïbelhranhheiten welche im alten Testamentevorkommen, Leipzig, 1767; Chr. Ackermann, Erlâuterungderjenigen Krankheiten deren im N. T. Erwâhnunggeschicht, Géra, 1784; Jahn, Archssolog. biblic, dans le Cursus complet, de Migne, Paris, 1852, col. 936946; Th. Shapter, Medica sacra, in-12, Londres, 1834; J. P. Trusen, Darstellung der biblischen Krankheiten, in-8°, 1843; R. J.Wunderbar, Biblisch-talmudîsche Medicin, in-8°, Riga, 1850-1860; Frz. Delitzsch, System derbiblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 286-306; R. Bennett, The Diseases of the Bible, in-16, . Londres, 1887; J. Berendes, Die Pharmacie bei den alten Culturvôlker, 2 in-8°, Halle, 1891, t. i, p. 82-124; W. Ebstein, Die Medizinim Alten Testament, Stuttgart, 1901, p. 71-161

{Bibliographie, p. 181-184).

H. Lesêtre.

    1. MALALAI##

MALALAI (hébreu: Milâlai; omis dans les Septante), un des prêtres qui jouèrent de la trompette lorsde la dédicace des murs de Jérusalem, du temps deJJéhémie. II Esd., xii, 35 (hébreu 36).

    1. MALALÉEL##

MALALÉEL (hébreu: Makâlale’êl; Septante: MotXeXeT|X), nom d’un patriarche antédiluvien et d’unIsraélite.

A. MALALÉEL, patriarche antédiluvien, descendantde Seth, fils de Caïnan et père de Jared. Caïnanl’engendra à l’âge de 70 ans et il engendra lui-mêmeJared à l’âge de 65 ans. Il vécut huit cent quatre-vingt-quinzeans. Gen., v, 12-17; I Par., i, 2. Saint Luc, iii, 3, le nomme dans la généalogie de Notre-Seigneur.

2. MALALÉEL, père de Saphatia, de la tribu de Juda.Il était l’ancêtre d’Athaïas, fils d’Aziam, qui s’établit àJérusalem après la captivité de Babylone. Athaïas étaitde la famille de Phares, quoique la ponctuation de laVulgate latine semble dire le contraire. II Esd., xi, 4.Cf. le texte hébreu et ꝟ. 6.

    1. MALASAR##

MALASAR (hébreu: hammélsar; Septante: ’A(jt.eX<ràê). Il est raconté au livre de Daniel, 1, 8-20, qu’un personnageauquel le chef des eunuques de Nabuchodonosoravait confié Daniel et ses trois compagnons, permitaux jeunes Hébreux de ne manger que des légumes et dene boire que de l’eau. Le texte hébreu désigne ce personnagesous le titre de "isban, Dan., i, 11, 16. La Vulgate

a vu dans ce mot un nom propre, Malasar; de mêmeles Septante, éd. de Sixte-Quint: ’AjieXffàS. Avant lesdécouvertes cunéiformes, on essayait d’expliquer cemot par le néo-persan ~**Jl «, vini princeps, cellarius.Gesenius, Thésaurus, p. 797. Aujourd’hui on le tientgénéralement pour un mot babylonien qui désignait unfonctionnaire de la cour. Frd. Delitzsch, dans S. Bær, Daniel, Leipzig, 1882, Prsef., p. xi, propose de voir dansl’hébreu ham-mélsar. l’assyrien massaru, «le gardien, le préfet,» que l’auteur de Daniel a fait précéder del’article. Dans la tablette K. 8669, ana masarti nazàzusemble s’entendre, en effet, du service de la table royale.Cf. Mittheilungen der Vorderas. GeseiUchaft, 1898, p. 252, lig. 17; p. 254, lig. Il et 20. La présence de lalettre l dans l’hébreu s’expliquerait comme celle du Xdans le grec pâXaoi[iov, de la racine sémitique o’uo.J. Halévy (communication verbale) croit que le texte massorétiquecontient la transcription exacte des consonnesdu mot assyrien et que la lettre n n’est pas ici l’articlehébreu, mais qu’elle répond à l’aspirée douce, >, babylonienne.Ham-mélsar serait donc amêta sîru, «l’hommeélevé en dignité.» Cette opinion a pour elle le grec’AjjieXffdiê, très probablement pour’A[ieXc7<xp, car le "i, r, apu très facilement se changer en t, d, sous la plume ducopiste du texte hébreu correspondant. Mais si les expressionsde daianu sîru, «le grand juge,» de sukkallusîru, «le grand envoyé,» etc., se rencontrent fréquemmentdans les textes babyloniens ou assyriens, il n’enest pas de même encore, à ma connaissance, pouratnêlu sîru, comme désignation d’une fonction spéciale.Il faudrait donc traduire Dan., i, 11: «Daniel dit augrand à qui le chef des eunuques avait confié, etc.,» eti, 16: «Le grand emportait les mets et le viii, etc.» Enfin Marti, Dos Buch Daniel, Tùbingue, 1901, p. 5, remarque à la suite de Cheyne que dans certains manuscritsdes Septante, on lit un texte tout différent.Dan., i, 11: ’AëieaSpf tû àva8£ix6évTi àpxi£Uvo13x<j> Êiltôv AavtTJX, etc. Voir Swete, The Old Testament in Greekaccording to the Septuagint, Cambridge, 1894. Cetteleçon supposerait un original dans lequel au lieu desmots’jnoïï-'jt D>DnDn ito ma-iitfN nsSan, on aurait lu

… T -. T - - t v-: -: vun nom propre (Abiesdri ou plutôt, d’après Cheyne, Bêlsazzar, dans son Encyclopàdia biblica, t. iii, 1902, col. 3019), suivi de btMï- 1:? nra iwn n’DnBn "vs, «Abies— t - t’.. v-: "tdri (ou Bêlsazzar), le chef des eunuques qui avait étépréposé sur Daniel, etc. s Cette correction est complètementarbitraire. F. Martin.

    1. MALCHUS##

MALCHUS (grec: MstXx°s)> serviteur (SoOXoi; ) du grandprêtreCaïphe qui se rendit au jardin des Olives avecceux qui allaient arrêter Notre-Seigneur. Comme il sedistinguait sans doute parmi les plus ardents contrele Sauveur, saint Pierre voulut le frapper de son épée, mais il lui coupa seulement l’oreille droite. Jésus guéritaussitôt sa blessure. Les quatre évangélistes ont racontécet épisode, Matth., xxvi, 51; Marc, xiv, 47; Luc, xxii, 50-51, mais saint Jean, xviii, 10, est le seul qui nous aitconservé le nom de Malchus et qui nous apprenne quel’apôtre qui l’avait blessé était Pierre. Saint Matthieu, saint Marc et saint Jean ne mentionnent pas la guérisonde la blessure, mais saint Luc, qui note avec soin lesdétails qui l’intéressaient comme médecin, marque queJésus guérit le serviteur du grand-prêtre en lui touchantl’oreille (à^itievoç toO ùm’ou), d’où l’on peut conclurequ’elle n’avait pas été coupée complètement. Malchusavait un de ses parents qui était comme lui au servicedu grand-prêtre et ce fut ce parent qui demanda à Pierre, dans la cour de Caïphe: «Ne t’ai-je pas vu dans lejardin (des Olives) avec lui (Jésus)?» et l’apôtre reniaalors son Maître. Joa., xviii, 26-27. — Le nom de Malchus, dérivé de mélék, «roi,» est sans doute le même nomque Mallùk (Vulgate: Maloch et Melluch), que nouslisons I Par., vi, 29 (Vulgate, 44); I Esd., x, 32; II Esd., x, 4, 27; xii, 2. Il devint assez commun parmi les Grecs, mais il était donné spécialement à des personnes d’origineorientale. Voir W. Pape, WSrterbuch der griechischenEigennamen, 8e édit., 1863-1870, t. ii, p. 850.

    1. MALDER Jean##

MALDER Jean, théologien catholique, né à Lewes-Saint-Pierre, près de Bruxelles, le 14 août 1563, mort àAnvers, le 21 octobre 1633. Il fit ses études à Douai età Louvain, et en 1586 obtint dans cette dernière villeune chaire de philosophie. En 1594, il se fit recevoirdocteur en théologie, obtenait ensuite la chaire dethéologie seholasti que et devenait chanoine de Saint-Pierre.Il fut choisi pour être supérieur du séminaireen 1598, et en 16Il il était élu évêque d’Anvers. On ade lui Commentarius in Cantica Canticorum, in-8°, Anvers, 1628. — Voir Valère André, Bibliotheca Belgica(1643), p. 531; Paquot, Mémoires pour servirà l’histoire littéraire des Pays-Bas (1766), t. vii, p. 18; Dupin, Table des auteurs du xvip siècle (1719),

col. 1758.

B. Heurtebize.

    1. MALDONADO ou MALDONAT Jean##

MALDONADO ou MALDONAT Jean, né en 1534à Casas de la Reina (Estramadure), mort à Rome le5 janvier 1583. Il enseignait depuis quelque temps àSalamanque, lorsque Dieu l’appela à la vie religieuse.Reçu au noviciat de la Compagnie de Jésus à Rome, le10 août 1562, il fut envoyé l’aimée suivante à Paris, oùil professa avec grand éclat la philosophie et la théologie.En quittant la France il se rendit en Lorraine pour yvisiter les maisons de son ordre. Rappelé à Rome parGrégoire XIII, afin de travailler à l’édition de la Biblegrecque des Septante, il mourut dans cette ville peuaprès son retour. Il nous reste de Maldonat surl’Écriture Sainte trois ouvrages considérables, dont denombreuses éditions en France, en Allemagne et enItalie attestent le succès: 1° Joannis Maldonati Soc. Jes.theologi Commentarii in quatuor Evangelistas, Pont-à-Mousson, 1596; Venise, 1597, 1606; Lyon, 1598 et 1615; Brescia, , 1598; Mayence, 1602, 1622, 1874; Paris, 1617, 1621, etc.; 2° Commentarii in prophetas IV, Jerenxiam, Ezechielem, Baruch et Danielem, Lyon, 1609; Paris, 1610; Tournon, 1611; Mayence, 1611; Bruxelles, 1636. — Le commentaire sur Ezéchiel a été inséré dansle Cursus Script. Sac. de Migne, t. xrx, col. 645-1016; 3° Commentarii in preecipuos Sacres Scripturee librosVeteris Testamenti, in-f», Paris, 1643°. La bibliothèquede l’école Sainte-Geneviève, à Paris, possède une courtedissertation inédite De Scriplurse authoritate, due à la

plume du savant religieux. — Voir P. Prat, Maldonat etl’Université de Paris, in-8°, Paris, 1866.

P. Bliard.

MALE (hébreu: zdkâr, zàkûr; Septante: a.pa-iv, àpævtxôç; Vulgate: mas, masculus, masculinus; quelquefois:

gébér, àvqp, vir), individu appartenant au sexe masculin.

Le mot est employé à propos des hommes et des animaux.

I. Les hommes. — 1° Quand Dieu créa l’homme «il lescréa mâle et femelle». Gen., i, 27; v, 2. Le passage dusingulier collectif’otô, «lui,» l’homme, au pluriel’otâm, «eux,» les deux premiers êtres humains, montre trèsnettement que les deux sexes ne sont pas réunis dansle même individu, mais appartiennent chacun à un individudifférent. Cf. Matth., xix, 4; Marc, x, 6. Du récit dela création d’Adam et d’Eve, comme de celui de leur désobéissanceà Dieu, résulte l’idée, très accentuée chez lesHébreux, de la supériorité de l’homme sur la femme. —2° Le mâle n’enfante pas, Jer., xxx, 6, mais la femmerecherche l’homme. Jer., xxxi, 22; Eccli., xxxvi, 23.Job, iii, 3, et Jérémie, xx, 15, en parlant de leur proprenaissance, maudissent le jour où il a été dit: Un mâleest né. La femme de l’Apocalypse, xii, 5, 13, enfante unmâle; c’est la figure de l’Église qui enfante soit le chrétien, soit un peuple à la foi. — Après la naissance d’unenfant mâle la mère reste impure pendant quarante jours; après la naissance d’une fille, l’impureté dure le doublede temps. Lev., xii, 2-5. — La sodomie, ou commerce criminelentre mâles, est sévèrement prohibée. Lev., xviii, 22; xx, 13; Rom., i, 27; I Cor., vl, 10; I Tim., i, 10.Il est également défendu aux hommes de prendre deshabits de femme et réciproquement. Deut., xxii, 5. —3° C’est à tous les mâles sans exception qu’est imposéela circoncision. Gen., xvii, 4, 10, 12, 23; xxxiv, 15, 22, 24; Exod., xii, 48. — 4° Dans les dénombrements, cesont surtout les mâles dont il est tenu compte. Num., i, 2, 20, 22; iii, 15, 22, 28, 34, 39, 40, 43; xxvi, 62; I Esd., vin, 3-14, etc. — 5° Les mâles sont les victimes principalesdes exterminations. Le pharaon ordonne de fairepérir les enfants mâles des Hébreux. Exod., i, 16, 22.Tous les Israélites mâles, sortis d’Egypte, à l’exceptionde deux, trouvent la mort au désert. Jos., v, 4. Tous lesmâles de la ville habitée par Sichem, fils d’Hémor, Gen., xxxiv, 25, tous ceux des Madianites, Num., xxxi, 7, 17, .de jabès en Galaad, Jud., xxi, 11, de l’Idunaée, III Reg., xi, 15, de Bosor, de Maspha, d’Éphron, I Mach., v, 28, 35, 51, sont passés au fil de l’épée. Les Israélites avaientordre de tuer tous les mâles du pays de Chanaan. Deut. rxx, 13. — 6° Au point de vue religieux, les mâles ont aussiune situation particulière, par rapport aux droits et auxdevoirs. Les mâles premiers-nés appartiennent au Seigneuret doivent être rachetés. Exod., xiii, 12, 15; xxxiv, 19; Deut., xv, 19; Luc, ii, 23. Voir Premier-né. Tousles mâles d’Israël ont à se présenter trois fois l’an ausanctuaire, à l’époque des grandes fêtes. Exod., xxiii, 17; xxxiv, 23; Deut., xvi, 16. Les mâles de race sacerdotalepeuvent seuls manger les victimes des sacrificesd’expiation. Lev., vi, 18, 29; vu; 6; Num., xviii, 10; II Par., xxxi, 19. Enfin, pour se racheter d’un vœu, toutmâle doit payer, d’un mois à cinq ans: cinq sicles d’argent; de cinq ans à vingt: vingt sicles; de vingt ansà soixante: cinquante sicles; au delà de soixante: quinze sicles. Les femmes se rachètent pour une sommequi n’atteint que la moitié ou les trois cinquièmes desprécédentes. Lev., xxvii, 3-7.

II. Les animaux. — 1° Lepremier-né des animauxappartient au Seigneur et doit lui être immolé. Exod., xiii, 12, 15; xxxiv, 19. — 2° L’animal offert pour le sacrificed’action de grâces peut être indifféremment mâle oufemelle. Lev., iii, 1, 6. Pour l’holocauste, les animauxmâles sont seuls admis. Lev., i, 3, 10; xxii, 19. Malachie, I, 14, reproche aux Israélites de son temps la transgressionde cette loi. — 3° La victime pascale ne pouvaitêtre qu’un mâle. Exod., xji, 5. H, LesÈIRE.

617

    1. MALÉDICTION##

MALÉDICTION, MAUDIRE

618

    1. MALÉDICTION##

MALÉDICTION, MAUDIRE, le contraire de Bénédiction, Bénir, voir 1. 1, col. 1580-1583, par conséquentacte par lequel on appelle le malheur sur quelqu’un, oumême, par extension, sur des êtres inanimés. Voir aussiImprécation, t. iii, col. 853-854,

I. Les termes employés. — La malédiction est ordinairementappelée qelâlâh, xftrapa, maledictio, maledictum, une fois mig^érét, âvâXaxriç, increpatio, Deut., xxviii, 20, et une fois, fa’âlâh, iiôxôoç, labor, «peine.» Lam., iii, 65. Les verbes suivants signifient «maudire»: ârar, analogue à l’assyrien arâru, zâ’am, nâqab, qâbab, qillêl; dans les Septante: àpâ<r9ai, -*aTapS<r6ai, êntica-TapâaSai, xaxoXoysïv; dans la Vulgate: maledicere; d’oùxaiâpaio; , èiHxaTapaxot, maledictus, «maudit.» Leverbe bârak, qui signifie «bénir», a aussi quelquefoispar antiphrase le sens de «maudire». Job, i, 5; ii, 5; III Reg., xxi, 10, 13; Ps.x, 3. Ce double sens se retrouvedans l’éthiopien bdrâk et dans le maltais byrek ou bârek.Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 127.

II. Les malédictions divines. — La malédictiondivine est particulièrement redoutable, parce que, si leshommes peuvent appeler le malheur, la justice de Dieuva plus loin et l’inflige à qui le mérite. Heureusem*nt, les malédictions divines ne sont souvent qu’à l’état demenaces, destinées à éloigner du péché ceux qui seraienttentés de le commettre. — l°Dans l’Ancien Testament, Dieu maudit le serpent qui a servi d’instrument àSatan, Gen., iii, 14, la terre souillée par le péché del’homme, Gen., iii, 17; v, 29; viii, 21, et Caïn meurtrierde son frère. Gen., iv, 11. Il maudit ceux qui maudissentAbraham, Gen., xii, 3, et celui que ses crimesont fait attacher au poteau après sa lapidation. Deut., xxi, 23. On lit ici dans le texte hébreu: «Malédiction deDieu est le suspendu,» ce que les Septante traduisent: «Maudit de Dieu, tout homme suspendu au bois.» Saint Paul, Gal., iii, 13, reproduit la sentence sous cetteforme: «Maudit tout homme qui est suspendu aubois.» Il accepte l’addition uSç, «tout homme,» desSeptante, et il supprime le mot’Ëlohîm, ûub ©eoû, «de Dieu,» qui se lit dans les anciens textes. Maisil les sous-entend nécessairement, puisqu’il vient dedire que n. le Christ nous a rachetés de la malédictionde la loi, en se faisant maudit à notre place». Or il estcertain que la malédiction formulée par la loi émanait-de Dieu. Saint Jérôme reproduit le texte tel qu’il estdans l’hébreu et les Septante. Aussi est-ce sans raison<ræ In epist. ad Galat., iii, 14, t. xxvi, col. 363, ilaccuse les Juifs d’avoir ajouté les mots’ëlohîm et ûitb©eoû aux anciens textes, pour déshonorer les chrétiensen donnant à croire que le Christ avait été maudit deDieu. Il n’y a rien ici à reprocher aux Juifs, car leChrist a été vraiment maudit de Dieu, en tant que chargédes péchés du monde. De longues malédictions sontportées au nom de Dieu, contre les Israélites transgresseursde la loi. Lev., xxvi, 14-45; Deut., xi, 26-29; xxvii, 13-26; xxviii, 16-45; xxix, 20, 27; xxxi, 1, 17-19; Jos., viii, 34. Des malédictions analogues, quant à lalongueur et quant aux idées, avaient été proférées, longtemps avant Moïse, par le roi de Babylone, Hammourabi, contre ceux de ses successeurs qui contreviendraientaux lois qu’il avait promulguées. Cf. Scheil, Textes élamites-sémitiques, IIe sér., Paris, 1902, p. 123131. Les malédictions divines furent souvent répétéespar les prophètes contre les Hébreux infidèles aux loismosaïques. Jer., xxiv, 9; xxv, 18; xxvi, 6; xxix, 18, 22; xlii, 18; xliv, 8, 12; Zach., v, 3; viii, 13; Bar., i, 20, etc.Sous Josias, on lut solennellement au peuple les malédictionsdu Deutéronome. IV Reg., xxii, 19; II Par., xxxiv, 24. Daniel, IX, 11, constate que ces malédictionss’étaient réalisées. Elles frappaient également le pays, àcause de ses habitants. Is., xxiv, 6; Jer., xxiii, 10; snv, 22. C’est encore la malédiction divine que les

écrivains sacrés prononcent contre les méchants, Job, xxiv, 18; Ps. cxix (exviii), 21; JEecli., xxxiii, 12; Sap..ni, 13; xii, 11; contre la mauvaise langue, Eccli., xxviii, 15; contre ceux qui manquent de fidélité àDieu, Jer., xi, 3, qui mettent leur confiance dansles hommes, Jer., xvii, 5, qui accomplissent mal l’œuvrede Dieu, Jer., xlviii, 10, qui déshonorent le Seigneurpar un culte indigne de lui, Mal., i, 14; ii, 2; m, 9, ou qui fabriquent des idoles. Sap., xiv, 8. Cesmalédictions causent la ruine de quiconque les encourt.Ps. xxxvii (xxxvi), 22. — 2° Dans le NouveauTestament, Notre-Seigneur maudit le figuier stérile, Marc, xi, 21; mais il ne maudissait pas lui-mêmeceux qui le maudissaient. I Pet., ii, 23. Cependant c’estsous cette forme de malédictions qu’il adresse de sévèresreproches aux villes coupables d’incrédulité, Matth., xi, 21, aux riches et à ceux qui cherchentleur bonheur définitif en ce monde, Luc, vi, 24-26, aux scribes et aux pharisiens, adversaires de sa missionrédemptrice. Matth., xxiii, 13-39. La malédictiondivine pèse encore sur ceux qui veulent rester soumisà la Loi ancienne, Gal., iii, 10, 13, sur les âmes quine profitent pas de la grâce et sont comme uneterre stérile, Heb., vi, 8, et sur les faux docteurs, «filsde malédiction,» qui entravent la prédication évangélique.II Pet., H, 14. Enfin les maudits par excellencesont ceux que Dieu enverra au supplice éternel. Matth., xxv, 41.

III. Les malédictions et la. Loi. — 1° Il y avait peinede mort contre celui qui maudissait le nom de Dieu.Lev, , xxiv, 11, 15. Cf. III Reg., xxi, 10, 13. La mêmepeine était infligée à quiconque maudissait son père ousa mère. Exod., xxi, 17; Lev., xx, 9. Cette pénalité estplusieurs fois rappelée. Prov., xx, 20; xxx, 11; Eccli., m, 18; Matth., xv, 4; Marc, vii, 10. Il est défendu demaudire les’ëlohîm, et le chef du peuple. Exod., xxii,

28. Le mot’ëlohîm, que les versions traduisent par lepluriel, 9eoi, dii, «les dieux,» ne désigne ici ni Dieului-même, qui ne saurait être mis en parallèle avec lechef du peuple, ni les dieux des nations, comme l’ontimaginé Josèphe, Anl. jud., IV, viii, 10; Cont. Apion., n, 33, etThilon, De monârch., 1, 7; De vit. Mosis, iii, 26, édit. Mangey, t. ii, p. 219, 166, pour être agréablesà leurs lecteurs païens, mais les magistrats, déjà appelésdu même nom. Exod., xxi, 6. Il est encore défendu demaudire le sourd, qui ne peut entendre ce qu’on dit nise défendre. Lev., xix, 14. Par contre, des malédictionsspéciales sont prescrites contre la femme soupçonnéed’infidélité, malédictions qui devaient avoir leur effet sila femme était coupable. Num., v, 19-22. Voir Eau dejalousie, t. ii, col. 1522, 1523. — 2° L’esprit de la Loise retrouve dans le conseil de ne maudire en secretni le roi, ni le riche. Eccle., x, 20. Il est recommandéde ne pas s’attirer, par sa dureté, la malédiction dupauvre, car Dieu l’entendrait, Eccli., iv, 5, 6, bien qu’iln’exauce pas toujours celui qui maudit. Eccli., xxxiv,

29. — 3° Notre-Seigneur ordonne à ses disciples debénir ceux qui les maudissent. Luc, vi, 28. Les Apôtresrappellent cet ordre, Rom., xii, 14; I Pet., iii, 9, et s’y conforment eux-mêmes. I Cor., iv, 12; I Tim., iv^IO.

IV: Malédictions contre les hommes. — 1° Noémaudit Chanaan, à cause de l’irrévérence de son pèreCham. Gen., ix, 25. Jacob redoute la malédiction de sonpère Isaac, Gen., xxvii, 12, mais celui-ci maudit ceuxqui maudiront Jacob et bénit ceux qui le béniront.Gen., xxvii, 29. Balac, roi de Moab, envoie chercherBalaam, afin qu’il maudisse le peuple d’Israël. Celui-ci, sur l’ordre de Dieu, se refuse à maudire et ne profèreque des bénédictions. Num., xxii, 5-xxiv, 9. La formulepar laquelle il termine: «Béni soit qui te bénira etmaudit qui te maudira,» se retrouve déjà. Gen., xii, 3; xxvii, 29. La substitution des bénédictions aux malé619

    1. MALÉDICTION##

MALÉDICTION, MAUDIRE — MALLOTES

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dictions demandées à Balaam laissa un profond souvenirchez les Hébreux. Deut, xxiii, 4, 5; Jos., xxiv, 9; II Esd., xiii, 2. Voir Balaam, t. i, col. 1390-1398. Josuéprofère des malédictions contre ceux qui rebâtirontJéricho, Jos., vi, 26, et contre les Gabaonites qui l’onttrompé. Jos., IX, 23. Au temps des Juges, Abimélech estmaudit par les Sichimites, Jud., ix, 27, 57, et les Israélitesmaudissent ceux qui marieront leurs filles avec deshommes de la tribu de Benjamin. Jud., xxi, 18. Desmalédictions sont ensuite prononcées par Saül contrequiconque mangera avant la victoire remportée sur lesPhilistins, I Reg., xiv, 24, 28, voir Jonathas, t. iii, col. 1617, - par Goliath contre David, I Reg., xvii, 43; par David contre ceux qui lui aliéneraient l’esprit deSaûl, I Reg., xxvi, 19; par Sémél contre David, II Reg., xvi, 5-13; xix, 21, crime qui doit entraîner la mort ducoupable, III Reg., ii, 8; par Elisée contre les enfantsde Béthel qui l’insultent, IV Reg., ii, 24; par Jéhu contreJézabel, IV Reg., IX, 34; par Néhémie contre les Juifsqui épousent des étrangères, II Esd., xiii, 25; parTobie contre ceux qui mépriseront Jérusalem, Tob., xm, 16; par les Juifs contre Jérémie, Jer., xv, 10; parles défenseurs de Gazara contre les Juifs qui les assiègent, II Mach., x, 34; par les’juifs contre l’aveugle-né. Joa., lx, 28. — 2° D’autres malédictions ont un caractèreplus général. Les méchants ont la bouche pleine demalédictions. Ps. x, 7; xiv (xm), 3; Rom., iii, 14. Leshypocrites bénissent des lèvres et maudissent du cœur.Ps. lxii (lxi), 5. Les bénédictions multipliées et importunesdeviennent de vraies malédictions. Prov., xxvii, 14. L’impie qui maudit le diable se maudit lui-même.Eccli., xxi, 30. La malédiction sans motif n’a pointd’effet. Prov., xxvi, 2. Si elle vient du méchant, Dieu lachange en bénédiction, Ps. Cix (cvm), 28, et ce sontles méchants eux-mêmes qui sont maudits, Ps. cix(cvih), 18, avec leur race. Eccli., xli, 12, 13. Le même sort estréservé aux orgueilleux. Eccli., x, 15. La malédictiond’une mèi*e-eause la ruine delà maison. Eccli., iii, 11.Le peuple maudit l’accapareur du blé, Prov., xi, 26, etcelui qui dit au méchant: «Tu es juste.» Prov., xxiv, 24. Le serviteur maudit celui qui le traite injustement.Prov., xxx, 10; Eccle., vii, 22, 23. NabtiliUiiiwil accuséfaussem*nt d’avoir maudit Dieu et le roi. III Reg., xxi, 10, 13. Isaïe, viii, 21, dit que le peuple d’Israël, devenurebelle, maudira son roi et son Dieu; il ajoute dansson langage figuré qu’à l’âge d’or, au temps messianique, la vie sera si longue que mourir à cent ans seraconsidéré comme une malédiction réservée au méchant.Is., lxv, 20. Notre-Seigneur proclame bienheureux ceuxque le monde maudit. Matth., v, 11. Les pharisiens maudissaientla foule et l’appelaient ignorante, parce qu’elles’attachait au Sauveur. Joa., vii, 49. — Sur les malédictionsqu’on trouve dans les Psaumes contre les ennemisdu poète sacré ou du peuple de Dieu, voir Imprécation, 5°, t. iii, col. 854.

V. Malédictions contre les choses. — Jacob mauditla colère de Siméon et de Lévi. Gen., xlix, 7. La malédictionest portée contre la terre de Méroz, Jud., v, 23, contre Bozra, Jer., xlix, 13, contre la demeure del’insensé, Job, v, 3, et contre la mémoire de la femmeadultère. Eccli., xxiii, 36. Job. iii, 1, et Jérémie, xx, 14, 15, maudissent le jour qui les a vus naître, c’est-à-direveulent qu’il soit compté comme un jour malheureux.Cf. Eccli., xxiii, 19. Les magiciens maudissent lejour, Job, iii, 8, c’est-à-dire ont le prétendu pouvoir derendre néfastes certains jours. — La langue bénit etmaudit, Jacob., iii, 9, 10, mais les idoles ne peuvent

faire ni l’un ni l’autre. Bar., vi, 65.

H. Lesêtre.

    1. MALIN##

MALIN (LE) (grec: & riov^poç; Vulgate: malus, malignus), nom donné par antonomase, à Satan ou audémon, parce qu’il est méchant. Dans ce sens, itovripô; est toujours précédé en grec de l’article. La Vulgate l’a

toujours traduit par malignus, dans I Joa., ii, 13, 14; m, 12; v, 18, 19. Ailleurs, elle l’a rendu par malus, Matth., xiii, 19; IIThess., iii, 3; par nequissimus. Eph., vi, 16. — Les commentateurs ne sont pas d’accord entreeux pour savoir s’il faut entendre du Malin ou du malles passages suivants: 1° Matth., vi, 13, et Luc, xi, 4: pOaat rjjiâéç àitô toû itovripoû, libéra nos a malo, «délivre-nousdu mal (ou du Malin).» On l’entend communémentdu mal; Matth., v, 37: ce qui est en plus (de oui ou denon) est du Malin (ou du mal, mauvais). — 2° Matth., xiii, 38: *rà 5s ÇtÇàvta, eî<xlv q utot tov rcov^poû, zizania autem, filii sunt nequam, «la zizanie est (la figure) des filsdu diable (ou des fils du mal, des méchants).» Comme ilest dit au ꝟ. 39 que le diable, êistëoXoç, est figuré par «l’homme ennemi», il ne paraît pas naturel que lazizanie figure aussi le même personnage et, dès lors «filsdu mal» doit être un hébraïsme qui signifie simplement «méchants >. — 3° Dans sa prière à son père en faveurde ses Apôtres, Joa., xvii, 15, Jésus dit: «Je ne demandepas que tu les enlèves de ce monde, mais que tu les gardesdu mal (ou du Malin)», êx toû novujpoû, a malo. Quelquescommentateurs entendent aussi ce terme dans le sensde «mal» et non de «Malin». II Thess., iii, 3; I Joa., v, 19. — L’équivoque dans tous ces passages provientde ce que le texte grec ne permet pas de distinguer sile mot original est à itovujpôç, au masculin, «le Malin,» ou tô m>v>)p<Sv, au neutre, «le mal,» parce que le masculinet le neutre ont la même forme aux cas obliques.

— Les démons sont aussi appelés 7tveûp.a itovripov, Matth., xii, 45 (Vulgate: spiritus nequiores); Luc, vii, 21 (spiritus malus); viii, 2 (spiritus maligni); xi, 26(spiritus nequiores); Act., xix, 12 (spiritus nequam), 13(spiritus malus), 15 (spiritus nequam), 16 (dsemoniumpessimum).

    1. MALLOTES##

MALLOTES (grec: MaUcuTcu; Vulgate: Mallotœ), habitantsde Mallos, ville de Cilicie (fig. 187). Ils sont nom187. — Monnaie de Mallos.

Tête de Tibrie. — S>. [m]aa.|aq[t]|qn. La ville de Mallos assise, .

tenant une palme; deux fleuves nageant à ses pieds.

mes avec ceux de Tarse à l’occasion d’une révolte de cesdeux villes qui trouvaient mauvais que le roi AntiochusIV Épiphane les eût données en présent à sa concubineAntiochide. II Mach., iv, 30. Le roi vint lui-mêmepour les calmer et leur donna pour gouverneur Andronique, haut personnage de sa cour, y. 31. Strabon, XIV, v, 16, dit que Mallos était située sur une hauteur prèsde l’embouchure du Pyrame. Cf. Arrien, Anab., ii, 3.La ville est mentionnée dans Appien, Mithridat., 96, dans Ptolémée, V, viii, 4; VIII, xvii, 44, et dans Pline, H. N., v, 27 (22). Scylax, Periplus, 102, Geogr. minor., édit. Didot, t. i, p. 77, dit qu’il fallait remonter un peula rivière pour arriver à Mallos. Le port de Mallos étaitMégarsa. On ne sait à peu près rien de l’histoire deMallos. On a trouvé dans les environs un grand nombrede monnaies de cette ville. Mionnet, Description demédailles antiques, t. iii, p. 251; suppl., t. vil, p. 225; Imhoof-Blumer, Annuaire de la Société française denumismatique, 1863, t. vil, p. 89; 1886, t. xx, p. 110; B. Head, Historia Numorum, in-4°, Oxford, 1887, p. 605606; E. Babelon, Les Perses Achéménides, in-8°, Paris, 1893, p. 20, n. 153-155; p. 22, n. 164-165; Id., Catalogue

sommaire de la Collection Waddington, in-8°, Paris, 1898, p. 242-244, n. 4354-4371. E. Becrlier.

    1. MALOCH##

MALOCH (hébreu -.Mallûk, dérivé de mélék, «roi» ), nom de cinq Israélites dans le texte hébreu. La Vulgateécrit le nom de deux d’entre eux Maloch et celui destrois autres Melluch, Voir aussi Malchus.

men très remarqué. Il revint dans sa patrie en 1835 etTannés suivante fut nommé professeur de théologie dog.matique à l’Université de Louvain. Il y enseigna 12 ans.En 1848, il fut nommé évêque de Bruges et occupa cesiège jusqu’à sa mort. On a de lui un savant ouvrage; La lecture de la Sainte Bible en langue vulgaire jugéed’après l’Écriture, ta tradition et la saine raison, 2 in.

_^J>eict" T yver>e &k.

188. — Carte de l’fle de Malte.

1. MALOCH (Septante: MaW>-/)> Lévite, de la famillede Mérari, fils d’Hasabias et père d’Abdi, un des ancêtresd’Éthan qui fut un des trois maîtres de chœur du tempsde David. I Par., VI, 44 (hébreu 29).

2. MALOCH (Septante: MaXoûjc), descendant de Hérem, qui avait épousé une femme étrangère et qui consentità la renvoyer du temps d’Esdras. I Esd., x, 32.

    1. MALOU Jean-Baptiste##

MALOU Jean-Baptiste, théologien catholique belge, né à Ypres, le 30 juin 1809, mort le 23 mars 1864. Aprèsavoir fait ses études à l’université de Louvain il se rendità Rome (1831.), où il conquit le doctorat par un exa8°, Louvain, 1846. Il fut traduit en allemand par L. ClaruSjltt^S», Ratisbonne, 1848, et par Stoeteken à Schaffouse, 2 ln-8°, 1849. Après sa mort Pie IX dans une lettre àl’évêque de Liège, en date du 8 juin 1864, fit de lui le plusbel éloge. Voir Der Katholik, 1866, t. i, p. 116, et ii, p. 74-90, 129-156; Université catholique de Louvain, Bibliographie académique, p. 38-42; Hurter Nomenclatorliterarius, t. iii, 1895, col. 976-979.]

    1. MALTE##

MALTE (grec: MeXîtt); Vulgate: Melita), île de laMéditerranée située entre la Sicile et l’Afrique (fig. 188).

1° Saint Paul à Malte. — Au cours de son voyage àRome, saint Paul fit naufrage, en vue de Malte. Les

matelots ne reconnurent d’abord pas l’Ile, mais ils yabordèrent à la nage, après que leur vaisseau eut échouésur une langue de terre. Ils surent alors qu’ils étaientà Malte. Act., xxvil, 39, xxviii, 1. Les habitants del’Ile, que saint Luc qualifie de barbares, témoignèrentaux naufragés une bienveillance peu commune. Il faisaitfroid et la pluie tombait; ils allumèrent du feu. Paulayant ramassé des broussailles pour les jeter dans lebrasier, une vipère en sortit par l’effet de la chaleur ets’attacha à sa main. Tout d’abord les Maltais crurentvoir là une punition de la justice et considérèrent saintPaul comme un meurtrier. Puis voyant qu’il n’avaitaucun mal, ils le prirent pour un dieu. Act., xxviii, 26. Un des principaux personnages de l’Ile, nomméPublius, hébergea les naufragés pendant trois jours.Saint Paul guérit le père de Publius en lui imposantles mains. Cette guérison lui attira de grands honneurset, à leur départ de l’île qui eut lieu trois mois après, lesnaufragés reçurent des habitants tout ce qui leur étaitnécessaire pour la route. Act., xxviii, 7-11.

Malte se convertit peu à peu et depuis lors le christianismey a toujours été florissant. «Jamais, dans la fertileMalte, graine confiée à la terre n’a germé comme lasem*nce jetée par ce naufragé; de tous les conquérantssuccessifs qui ont passé sur l’île, celui-là est le seuldont le règne ait été durable et que les Maltais n’aientpoint oublié.» R. Pinon, Deux forteresses de la plusgrande Bretagne, dans la Revue des Deux Mondes, 15 juin 1903, p. 855. L’église cathédrale rappelle auxhabitants de l’île le souvenir de saint Paul. «La cathédralede San Paolo est bâtie sur l’emplacement mêmede la petite grotte où la tradition veut que saint Paul aithabité et qui subsiste, très vénérée, dans la crypte del’église.» lbid., p. 857.

Quelques commentateurs des Actes ont prétendu quel’île à laquelle avait abordé saint Paul n’était pas Malte, mais une4jg de l’Adriatique, Mélita, aujourd’hui Méléda, sur les côtes de Dalmatie. Les sondages indiqués parsaint Luc, vingt brasses, puis bientôt après quinzebrasses, Act., xxvii, 28, se rapportent à Malte et non àMéléda. Voir la carte du service hydrographique de lamarine autrichienne, Kùslen Karte, Blatt 22, Méléda, édit. de 1879. À Méléda la pente est si rapide qu’onn’aurait pas eu le temps de retrouver une profondeurde quinze brasses après avoir trouvé celle de vingt.A. Breusing, Die Nautik der Alten, in-8°, Brème, 1886, p, 190. La baie de Malte où les naufragés abordèrentporte aujourd’hui le nom de San Paolo. Elle est situéeau nord-est de l’île. L’emplacement répond exactementà la description de saint Luc. À l’extrémité sud-ouest dela baie est la place où abordèrent les naufragés, qui devaientêtre nécessairement portés là par le courant telqu’il est orienté. Au milieu de la passe se trouve lebanc sur lequel échoua le navire. J. Vars, L’art nautiquedans l’antiquité, in-12, Paris, 1887, p. 258-259; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertesarchéologiques modernes, 2e édit., in-12, Paris, 1896, p. 341-346.

2° Description et histoire de Malte. — L’île de Malteest située par 35°54’de latitude nord et 13°40’de longitudeest. C’est l’île principale d’un groupe auquel elledonne son nom et qui se compose, en outre, des îlesGozzo, anciennement Gaulos, Comino et Cominotto.L’île de Malte a 255 kilomètres carrés soit 28 kilomètresde long sur 16 de large. C’est un vaste rocher calcaire.Elle a aujourd’hui plus de 165000 habitants, dont 60000pour le chef-lieu, la Cité-Valette. La végétation y esttrès riche. Elle produit du coton, des oranges, et desroses. Malgré son peu d’étendue, Malte, à cause desa situation et de l’excellence de ses ports, a une importancecommerciale très grande. Aussi les Phéniciensl’occupèrent-ils dés une époque très reculée. Diodorede Sicile, v, 12. Elle devint plus tard une colonie de

Carthage. Scylax, Perip., 111, dans les Geogràph. minor., édit. Didot, 1. 1, p. 89. La prospérité de l’île devinttrès grande ainsi que son industrie, Diodore, loc. cit., mais nous savons peu de chose de son histoire. En 218avant J.-C, Hamilcar rendit Malte aux Romains. TiteLive, xxi, 51. Elle fut annexée à la province de Sicile. Autemps de Cicéron les Maltais étaient encore fameux parleurs manufactures d’étoffes de coton, très recherchéesà Rome où on les appelait veslis Melitensis. Cicéron, In Verrem, ii, 72; iv, 46; cf. Diodore, v, 12. Le cotonest toujours une des principales productions de l’île. Ony trouvait aussi déjà du temps de Strabon, VI, II, 11, une race de petit* chiens qui y existe encore. Les habitantsde Malte parlaient un dialecte punique, ce quiexplique pourquoi saint Luc les appelle «barbares».On y trouve des inscriptions en cette langue. Comptesinscr. grssc, n. 5753; Corpus inscr. semitic, pars I, n. 124. Leurs mœurs étaient douces et leur caractèregénéreux. Il n’y a plus aujourd’hui de serpents venimeuxdans l’île, les habitants attribuent ce bienfait àl’intervention de saint Paul. Breusing, Die Nautik, p. 191, remarque que l’île, étant autrefois très boisée, devait avoir des serpents qui ont disparu avec le déboisem*nt.Il y avait à Malte une ville importante situéeoù est aujourd’hui Citta Vecchia, qui était en relationsd’amitié avec les Syracusains et dont les magistrats sontnommés dans une inscription grecque: îepo6ÛTi); etap^ovireç. Kaibel, Inscriptiones grsecse ltalise et Sicilix, in-f°, Berlin, 1890, n.953. On possède aussi des monnaiesde cette ville avec l’inscription MEAITAIÛN (lig. 189).

189. — Monnaie de l’ile de Malte.

MEMTAIQN. Tête de femme à gauche, coiffée à l’égyptienne etsurmontée d’un lotus. — ^. Figure virile, accroupie et mitréeavec quatre ailes, tenant dans sa main droite la harpa et dansla gauche un fouet.

Mionnet, Description de médailles antiques, 1. 1, p. 342, n. 17-27. Le titre de Ttpàiiot, princeps, que les Actesdonnent à Publius, se retrouve dans une inscriptiongrecque dédiée à un certain L. Prudens, chevalierromain. Kaibel, Inscript, greec. Italise et Siciliee, n. 601. Voir Publius. — Après avoir été soumise auxGoths, aux empereurs grecs, aux Arabes, aux Normandset au royaume des Deux-Siciles, elle fut cédée aux chevaliersde Rhodes par Charles-Quint en 1530. C’est alorsque ceux-ci prirent le nom de chevaliers de Malte. En1798 Bonaparte s’en empara, mais en 1800 elle tombaau pouvoir des Anglais, en la possession de qui elle estencore aujourd’hui.

Bibliographie. — J. Smith, The voyage and shipwrechof St. Paul, in-8°, Londres, 1848; J. S. Bayot, Mer Méditerranée, côte de Tunis, îles Maltaises, in-8°, Paris, 1876; W. M. Ramsay, St. Paul, the traveller and the citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 342. E. Beurlier.

    1. MALVENDA Thomas##

MALVENDA Thomas, exégète dominicain espagnol, né à Xativa en 1566, mort à Valence (Espagne) en 1628.Il entra dans l’ordre des Frères Prêcheurs en 1582. Ilse livra avec ardeur à l’étude du grec, de l’hébreu, de laSainte Écriture, de la théologie et de l’histoire ecclésiastique.Appelé à Rome, à cause de sa science, il y passaune dizaine d’années et retourna en Espagne en 1610.Parmi ses écrits, on doit signaler son Commetitariusde paradiso voluptalis, in-4°, Rome, 1605, et surtout le

plus important de tous ses ouvrages: Commentaria inSacram, Scripturam una cum novadeverbo ad verbumex Hebrseo translations variisque lectionibus, 5 in-f°, Lyon, 1650. Malvenda mourut avant d’avoir terminé sonœuvre qui s’arrête au ch. xvi d’Ézéchiel. Le général desDominicains le fit publier dans l’état où l’avait laissél’auteur. La traduction est si littérale qu’elle est parfoisinintelligible. Les notes sont en majeure partie grammaticales, et, si elles ont été dépassées depuis, elles ont étéutiles en leur temps.

là que le nom est passé du personnage qui le portait àla région, parce qu’il l’habitait ou parce qu’il en était lepropriétaire. L’Écriture indique elle-même cette originequand elle dit: «Abraham habitait la vallée de Mambrél’Amorrhéen, frère d’Escol.» Gen., xiv, 13. Saint Jérômesoutient ce sentiment, Quest. in Gen., xxxv, t. xxiii, col. 992. — Cet endroit est, six fois, appelé simplementMambré, Gen., xxiii, 17, 19; xxv, 9; xxxv, 27; xlix, 30, et L, 13, et, trois fois, désigné par l’expression’êlônê Mamrë 1. Gen., xiii, 18; xiv, 13; xviii, 1. Cette der


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190. — Site de Mambré.

    1. MAMBRÉ##

MAMBRÉ (hébreu: Mamrê’), nom d’un personnage, d’un lieu et, d’après la Vulgate, d’un torrent.

1. MAMBRÉ (hébreu: Mamrê’; Septante: Majigptiî), chef amorrhéen, contemporain d’Abraham. Il avait faitalliance avec Abraham, ainsi que ses frères Escol etAner et tous les trois l’aidèrent à battre les troupes deChodorlahomar, roi d’Élam, et à délivrer son neveu Lotqui avait été fait captif. Gen., xiv, 13, 24. Voir Abraham, t. i, col. 77. C’est de ce chef amorrhéen que la valléede Mambré tira son nom. Voir Mambré 2.

2. MAMBRÉ (Septante: M<x116pfi), territoire situé prèsd’Hébron (fig. 190).

I. Nom. — Ce nom semble dériver de la racine mârâ’ou mârê’, «être gras, replet,» également usitée en arabe

dans le verbe -* ou.ç-o, m<zra a, «profiter a quelqu’un(aliment).» Gesenius, Thésaurus, p. 817. Il paraît de

nière locution, pour la plupart des interprètes modernes, signifie «les chênes ou la chênaie de Mambré»; lesSeptante la traduisent par-ri SpOç ï) Map.6prj, «le chêne deMambré;» la Vulgate, par convallis Mambré. Les traductionsfaites sur cette dernière version disent simplement «la vallée de Mambré», mais on sait que le motconvallis signifie plutôt une s plaine» ou «un plateaufermé par des collines ou des montagnes». Le Targumd’Onkélos a l’équivalent mêsrê Mamrê’, «les plaines deMamré.» Si les interprètes modernes traduisent pluscommunément l’expression hébraïque par «les chênesde Mambré», les traducteurs j uifs préfèrent y voir une «plaine» ou «des plaines». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 50-51 et 817; Drach, Harmonie entre l’Église et laSynagogue, Paris, 1844, p. 447, 565; Vogue, Le Pentateuque, Paris, 1860, t. i, Genèse, p. 91, 93, 113, etc.— L’histoire et la tradition locale en désignant commesite de Mambré un plateau environné de collines où setrouvait une chênaie, ou au moins un chêneremarquable

et célèbre, ne repoussent aucune des deux traductionsou interprétations. — Dans les écrits extra-bibliques, lenom de «chêne» est fréquemment remplacé par celuide «térébinthe s ou même employé simultanément.Voir Chêne, t. ii, col. 657. Cette confusion, ou plutôtcette double appellation, nous devons le faire remarquerdès maintenant, n’a rien de bien surprenant. Letérébinthe, dans les forêts et les bosquets de la Palestine, s’est toujours trouvé mêlé au chêne. Les voyageursadmirent, sur le chemin de Jérusalem à ei-Qoubeibéh, près de Beit-lksa, une magnifique touffe d’arbresoù les deux espèces entremêlent leurs troncs etleurs branchages: or, j’ai vu un grand nombre de personnesles prendre, en en approchant, pour un seul

moitié de celle indiquée par tous les écrivains postérieurs.Peut-on supposer qu’au temps de l’historien juifHébron était plus rapprochée de Mambré? Suivant plusieursauteurs, Josèphe a dû écrire «seize stades» (âirî> oraSi’wv t; ’), la lettre i chiffre (dix) a pu disparaîtrepar l’inadvertance des copistes. Seize stades équivalentà deux milles, distance généralement indiquée, dans lasuite, entre Hébron et Mambré. — Après avoir nomméBethléhem et «r la fontaine de Bethsur où Philippe baptisal’eunuque», l’Itinéraire de Bordeaux à Jérusalemindique «le Térébinthe». «Là, ajoute"t-il, habita Abraham et il creusa un puits sous le térébinthe; c’est là qu’il conversa avec les anges et mangeaavec eux. Il y a une basilique d’une grande beauté consk4° b<4t.H*.

Mil» ’£: m

191. — Lo Haram Remet el-Khalil, près d’Hébron. Angle sud-ouest extérieur. À gauche, l’entrée.D’après une photographie de M. L. Heidet.

arbre ou pour une seule essence, et tandis que les unsy voyaient un superbe chêne vert, les autres les prenaientpour un immense térébinthe. — Le nom «leTérébinthe» a souvent été employé comme nom. propre

  • synonyme de Mambré.

II. Situation. — L’endroit appelé Mambré faisait partiedu territoire d’Hébron. «Abraham, dit l’écrivainsacré, vint aux chênes de Mambré qui [sont] à (prèsd’JHébron.» Gen., xxiii, 19; xxxv, 27. La caverne de Macpélah, par rapport à Mambré, était «en deçà» ou «audelà» suivant la position de l’écrivain, lipnê Mamrê’, Gen., xxiii, 17, 20, ou’al-penê Mamrê’. Gen., xxv, 9, xlix, 30; L, 13. — Parlant de Mambré en paraphrasantle récit de l’Écriture, Josèphe ajoute: «Abrahamhabitait près. du chêne (Spûç) appelé Ogygès. C’est unerégion (xp(ov) dans la terre de Chanaan, non loin dela ville d’Hébron. j> Ant. jud., i, x, 4. Cet arbre, qu’ilappelle, Bell, jud., IV, ix, 7, «un très grand térébinthe» (TepéêivOos |ieY Icrr l)i se trouvait à six "stades (environ1100 mètres) de la ville. Cette distance est moindre de

truite par ordre de Constantin. Du Térébinthe à Hébron[il y a] deux milles» près de 3 kilomètres. Patr. lat., t. viii, col. 792. D’après cet Itinéraire, Mambré étaitainsi au nord d’Hébron. Eusèbe confirme ces deux pointsen indiquant «le village appelé Béthanim, à deux millesdu Térébinthe (c’est-à-dire de la tente d’Abraham, ajoutesaint Jérôme dans sa traduction), et à quatre milles d’Hébron». Onomasticon, aux mots, ’Api et Ain, édit. Larsowet Parthey, Berlin, 1862, p. 58, 59; t. xxiii, col. 870.Le village actuel de Beit’Ainên, situé au nord-nord-estd’Hébron, à 6 kilomètres environ (quatre milles romains), répond incontestablement au Béthanim d’Eusèbeet de saint Jérôme. Le Térébinthe ou Mambré était doncaussi, d’après eux, à deux milles au nord d’Hébron. Sozomène, racontant ce que fit Constantin à propos du «Chênede Mambré», ajoute: «Le lieu appelé maintenant le Térébintheest situé dans le voisinage d’Hébron, à quinzestades (2800 mètres) au midi… L’endroit est à ciel ouvertet labouré; il n’y a d’autres maisons (ou constructions)que celles qu’y lit autrefois Abraham, autour du chêne

et le puits qu’il y ménagea.» H. E., ii, 4, t. lxvii, col. 941-946. Dans la description de Theodosius (vers 530), «le Térébinthe qui est [encore] appelé le Chêne vert(ilex) de Mambré» est indiqué à deux milles de «lafontaine où Philippe baptisa l’eunuque», c’est-à-dire àdeux milles au sud de Bethsur, et à quatre milles de laCaverne double où sont ensevelis les patriarches, situéeelle-même, d’après l’estimation exagérée du pèlerin, àdeux milles d’Hébron. De Terra Sancta, dans les Itineralatina édités par Tobler et Molinier, Genève, 1877-1880, t. i, p. 70. «La colline de Mambré, d’après le récitd’ArcuIfe, est distante de mille pas, au nord des monumentsdécrits plus haut (les sépulcres des Patriarches); elle est couverte d’herbe et de fleurs, en face d’Hébron «l’ami intime t (de Dieu), est le nom, on le sait, parlequel les Arabes se plaisent à désigner ordinairementle patriarche Abraham. Tous ces noms sontautant d’attestations s’unissant aux témoignages desanciens pour nous montrer en cet endroit l’antiqueMambré, Les Juifs d’Hébron sont d’accord avec les musulmanspour l’y reconnaître et les palestinologues modernessont presque unanimes à placer Mambré en cetendroit.

III. Description. — En venant de Jérusalem à Hébron, à 31 kilomètres de la ville sainte et à 3 kilomètres de’aïn-Dîruéh, la fontaine qui coule au pied du bordj-Sûr, l’antique Bethsûr; avant d’atteindre Hébron, à3 kilomètres au nord, on arrive à un petit platp.au pn

192. — Le Haram iîêmet el-Khalil, près d’Hébron. À l’angle à gauche, Bir el-Khalil (puits d’Abraham).D’après une photographie de M. L. Heidet.

situé au midi. À la partie supérieure du monticule appeléMambré se développe une campagne unie (planifiescampestris), du côté septentrional de laquelle a été bâtieune grande église de pierre. Du côté droit, entre deuxmurs de cette grande basilique, on voit, chose étonnants! le chêne (quercus) de Mambré dont la souche est encoreen terre… s Adamnan, De loris sanctis, 1. II, c. viii-ix, t. Lxxxviii, col. 797-798. — Malgré quelques variantesinsignifiantes résultant soit de la différence d’appréciation, soit du point de départ et quelquefois de l’inexactitudedes copistes, ces indications, auxquelles onpourrait en ajouter plusieurs autres semblables, nousconduisent toutes sans hésitation à l’endroit appeléaujourd’hui Remet el-Khalîl, «la hauteur ou le hautlieu d’el-Khalîl;» ou fyarâm Remet el-Khalîl, «le sanctuairedu haut lieu à.’el-Khalil, ou encore beit el-Khalîl, a. la maison dî el-Khalîl.» Au même endroit ontrouve le puits appelé bir el-Kfialîl. La région voisine deRemet el-Khalil est nommée liallet él-Bofméh, «lequartier ou l’emplacement du Térébinthe.» El-Khalîl,

contre-haut des deux localités dont nous venons de parler.Ce plateau, qui n’a pas 1 kilomètre dans sa plusgrande largeur, est entouré de plusieurs hauteurs. —Toute la surface du plateau, complètement dépouillée, ily a une quinzaine d’années, s’est couverte depuis de bellesvignes parmi lesquelles s’élèvent quelques figuiers. Aucentre, à 300 mètres à la gauche de la route carrossable, on aperçoit une construction, ressemblant de loin à unmur ruiné: c’est elle qui est connue sous le nom dehavâm Remet el-Khâlil (fig. 191). Le monument devaitêtre une enceinte rectangulaire dont deux faces seulementsont encore visibles, celle du nord et celle de l’ouest; lesdeux autres murs ont disparu, recouverts de terre et dedécombres ou détruits. Le mur méridional a 65 mètresde longueur et le mur occidental 50 mètres. Ils sontformés de deux ou de trois assises de grands blocs, parfaitementaplanis, sans bossage ni refend, placés dechamp et sans ciment. Les blocs ont de 3 à 5 mètres delongueur, le plus grand mesure 5 m’25; leur largeurest de m 75. L’épaisseur du mur est partout de l m 80;

les interstices sont remplis avec des pierres ordinaires.La hauteur est de 2 à 3 mètres. Les parois extérieuressont plus soignées que les parois intérieures. L’ouverturedonnant accès dans l’enceinte se trouve dans le muroccidental. À l’angle intérieur sud-ouest, se trouve lepuits appelé bîr el-Khalîl (fig. 192). Il est formé de bellespierres très régulièrement taillées, mais ne mesurantpas plus de 0°>70 sur m 40 de largeur; le travail de cetappareil ne paraît pas remonter au delà de la périodebyzantine. La profondeur actuelle du puits est de 7 mètreset son diamètre de 3. Un arc en plein cintre est àcheval sur l’orifice, qui paraît avoir été autrefois protégépar une voûte. L’eau n’y fait défaut ni été, ni hiver.Des auges en pierre sont disposées à côté du puits pourl’abreuvage des animaux. L’aire du harâm paraît avoirété disposée en trois terrasses s’élevant en gradins l’uneau-dessus de l’autre. L’espace est en grande partie recouvertde terre et de décombres. — À l’orient de l’enceinte, à 60 mètres environ, on remarque la ruine d’un édificede 20 mètres environ de longueur et de 15 de largeur.Son appareil, d’un beau travail, ressemble à celui dupuits. Les décombres qui recouvrent en grande partiela ruine ne permettent pas de déterminer sa destination.Non loin sont des pressoirs antiques taillés dans le rocet aux alentours des restes de constructions. L’ensemblede ces ruines est désigné sous le nom de khirbetRemet el-Khalîl. Au delà, la plaine commence à s’affaisseret se creuse peu à peu en un vallon qui se dirige versl’est-sud-est; c’est à lui qu’est donnée l’appellation dehallet el^Botméh. À 250 mètres de l’enceinte, au sudouest, au fond d’une petite caverne, jaillit une sourcequi m’a été désignée sous le nom de’aïn Sdrah, «lafontaine de Sara,» différente d’une autre identique denom située plus près d’Hébron. Le sommet voisin aumidi, où se voient quelques ruines, est appelé encoreer-Ràméh. — La colline se prolonge vers Hébron et unsecond sommet, où se voient aussi des vestiges d’ancienneshabitations, reçoit, en cet endroit, le nom de Namré’etla ruine celui de khirbet Nanire". Ce nom différantseulement de Mambré par sa première radicale N qui, dans la langue arabe, remplace fréquemment la lettre Mdes mots hébreux qui lui sont communs, est considérépar les indigènes comme positivement identique au

nom biblique. «El-Khalîl habitait à Namré, ( «jjf, sous

la tente. Ce lieu est voisin de la localité de N. S. el-Khalîl(sur lui soient le salut et la bénédiction), du côté dunord; c’est une région où il y a une source d’eau et desvignes,» dit Mudjir ed-Oîn, qâdi de Jérusalem vers lafin du xv «siècle, dans son Histoire de Jérusalem etd’Hébron, édit. du Caire, 1283 (1866), p. 424. Aprèsavoir désigné toute la région, le nom de Namré estdemeuré attaché à la partie la plus méridionale seulement.

Une autre hauteur, à l’ouest du harâm et à droite dela route, est nommée Râmet el-’Amléh. Sous cette hauteurau midi, commence l’ouâd’etTuffâh, «la valléedes Pommiers.» Elle se dirige du nord au sud pouraller rejoindre, un kilomètre et demi plus loin, YouâdiSebtd’. Sur le côté occidental de Youâd’et-Tuffdh, àplus d’un kilomètre du harâm, on trouve une ruineassez étendue, près laquelle est une source et où l’onvoit des voûtes en ogive. Elle est connue sous le nomde khirbet en-Nasâra’, «le village ruiné des chrétiens.» Les relations des pèlerins de la fin du xvii» siècleconstatent encore en cet endroit la présence d’uneéglise à trois nefs, avec trois portes. Une peinture reproduisaitla fuite en Egypte et l’on disait que la SainteFamille, fuyant vers l’Egypte, avait passé la nuit en cetendroit.

IV. Histoire. — 1<> Les patriarches à Mambré. —i. Abraham, après s’être séparé, à Béthel, de Lot, sonneveu, vint dresser sa tente près d’Hébron, à Mambré.

Son premier soin fut d’y élever un autel au Seigneur.Gen., xiii, 18. Il y demeurait depuis quelque tempsdéjà, quand un fugitif vint lui apporter la nouvelle déla victoire de Chodorlohom*or sur les rois de la Pentapoleet de la captivité de son neveu. Ibid., xiv, 13. —2. Mambré fut le lieu de trois des principales manifestationsde Dieu à son serviteur. La première fut celle oùle Seigneur lui dit: «Ne crains pas, Abraham, je suiston protecteur et ta récompense très grande. ^ Gen., xv,

1. Il lui promettait en même temps un fils qui seraitson héritier; il lui annonçait le retour de ses descendantsd’Egypte et leur prise de possession de la terrede Chanaan. C’est dans cette apparition qu’il est questionpour la première fois de l’alliance conclue avecAbraham. Gen., xv, 18. — Dans la seconde, le Seigneurse présenta à lui comme le Dieu tout-puissant et lui dit: «Marche devant moi et sois parfait.» Gen., xvii, 1. I! prescrivit la circoncision comme marque de l’alliance avecAbraham et ses descendants; le nom d’Abram fut changéen celui d’Abraham; le fils promis devait être de Saraet appelé Isaac. Gen., xvii. —La troisième manifestation, et la plus célèbre fut celle des trois personnages mystérieuxqui vinrent visiter Abraham, lui annoncer la naissanceprochaine de son fils Isaac et la ruine de Sodome.Abraham les accueillit et les traita avec tous les égardsde l’hospitalité la plus délicate, puis les accompagna àquelque distance de Mambré, pour les supplier en faveurdes villes coupables. Gen., xvhi. — Quelque temps après, Abraham quittait Mambré, emportant l’espérance certainede la naissance de l’héritier de la promesse.Gen., xviii, 10 et 14. Abraham était dans sa centièmeannée quand il quitta Mambré. Ismaël, qui lui était néen cet endroit de sa servante Agar, était dans sa quatorzièmeannée. Abraham avait séjourné en ce lieu toutce temps et pendant les années qui précédèrent la naissanced’Ismaël, mais il est impossible d’en préciser lenombre. Cf. Gen., xvii, 1, 25; xxi, 5, et xiii, 18; xvi, 16. —

2. Isaac, sur les dernières années de sa vie, avait laisséBersabée et était venu demeurer «à Mambré, ville d’Arbéqui est Hébron». C’est là qu’il acheva sa carrière à l’âgede cent quatre-vingts ans. Gen., xxxv, 27-29. — 3. Jacob, y était venu rejoindre son père, à son retour de Mésopotamieet ne semble plus avoir quitté Mambré jusqu’aujour de son départ pour l’Egypte où il allait retrouverson fils Joseph. Gen., xxxv, 27; cf. xlvi, 1. C’est deMambré, appelé en cet endroit la «vallée d’Hébron», ’êméq Hébron, mais dont l’identité ne paraît pas douteuse, que Jacob avait envoyé son fils Joseph, alors âgéde 16 ans, à Sichem, pour prendre des nouvelles de sesfrères. Gen., xxxvii, 14. C’est donc là aussi qu’il fautlocaliser les autres faits racontés en ce même chapitrexxxvii, 1-Il et 31-36, c’est-à-dire l’histoire des songesde Joseph et de son enfance, celle de l’arrivée de sarobe ensanglantée et du deuil de Jacob; de même lespourparlers pour le départ des fils du patriarche pourl’Egypte, au temps de la famine, xlii, 1-5, 29-35; XLIH, 1-15; puis l’arrivée des chariots envoyés par Joseph etle départ de la terre de Chanaan, xlv, 25-28; xlvi, 1. — Mambré n’est plus nommé dans la suite de l’histoirebiblique, mais les Hébreux n’en perdaient pas lesouvenir.

2° Le sanctuaire de Mambré. — Les divers lieux de laTerre Promise où les Patriarches séjournèrent ont étéles premiers sanctuaires consacrés au culte du vraiDieu et, pour cette raison, les Israélites les ont eu envénération et y sont venus pratiquer eux-mêmes diversactes de religion. Si la Bible ne désigne pas catégoriquementMambré, elle l’insinue du moins assez clairementIII Reg., xv, 7-10. Absalom, préparant sa révolte, vient trouver son père David: «Permettez-moi, lui dit-il, d’accomplir le vœu que j’ai fait.au Seigneur [d’aller] enHébron. Votre serviteur a fait ce vœu quand il était àGessur de Syrie: «Si le Seigneur me ramène à Jérusa «lem, j’irai lui offrir un sacrifice.» Et David lui dit: Vaen paix. Et il se leva et alla en Hébron.» L’acte de religiondont Absalom entretient son père ne doit pas luiêtre exclusif, mais suppose une coutume plus ou moinsgénérale. Si, d’autre part, les Israélites recherchaientpour ces pratiques les endroits mêmes où s’étaientarrêtés leurs ancêtres, comme on le voit plus spécialementpour Moréh, près de Sichem, peut-on douter qu’ennommant Hébron, Absalom ne fasse allusion à l’endroitmême où ont séjourné les ancêtres et où Abraham aélevé un autel, c’est-à-dire à Mambré? Quand Josèphe, dix siècles plus tard, parle, Ant. jud., i, x, 4, du lieuprès d’Hébron où a habité Abraham et dont le souvenirs’est perpétué, il témoigne par là même de la vénérationou du culte des peuples pour ce lieu sacré. — Ceculte antique, continué jusqu’au IVe siècle, est du resteattesté formellement par l’histoire ecclésiastique. Faisantmention de Mambré, où Abraham accueillit ses hôtescélestes, Eusèbe ajoute: «Jusqu’à ce jour, ce lieu estvénéré comme divin (Œïoç), par les peuples voisins, enl’honneur de ceux qui apparurent à Abraham, et l’on yvoit jusqu’à maintenant le Térébinthe.» Demonstr.evang., v, 9, t. xxii, col. 583. L’affluence à une époquedéterminée de l’année, peut-être au temps présumé de lavisite des anges, était innombrable, et l’on y voit établie, une foire annuelle, célèbre au loin et à laquelle onaccourait non seulement de toute la Palestine, maisencore de la Phénicie et de l’Arabie. Sozomène, H. E., il, 4, t. Lxii, col. 496. Cette foire, s’il faut en croireia Chronique pascale, an. 119, t. xcii, col. 614, auraitété, ainsi qu’une foire du même genre tenue à Gaza, appelée foire «hadrienne», du nom d’Hadrien, quil’aurait instituée, après la prise de Béther et la chutede Barchochébas (135), pour y exposer en vente les Juifspris dans la guerre. Cf. Michel Glycas, Annales, p. iii, t. clviii, col. 454; S. Jérôme. Conirn. in Hiereni., c. xxxi, t. xxiv, col. 877; Id., In Zachar., c. xi, t. xxv.col. 1500-1501. Les Juifs, les chrétiens et les païensavaient également Mambré et son chêne en vénération.Cf. Jules Africain, Chron. fragm., xi, t. x, col. 72. Lespaïens y exerçaient aussi leurs pratiques superstitieuses.Sur l’autel dressé près du chêne, ils répandaient leurslibations de viii, brûlaient de l’encens ou immolaientdes bœufs, des boucs et des coqs, et jetaient dans lepuits des pièces de monnaie et divers autres objetsprécieux. L’empereur Constantin fit cesser ces abus.L’autel et les statues furent détruits, le chêne lui-mêmefut abattu et l’on ne laissa que son tronc en terre. Leculte chrétien devait prendre la place du culte païen etun sanctuaire votif (oîxoç eùr/ipfoî) fut élevé, remarquablepar sa richesse et sa beauté, atteste le pèlerinde Bordeaux, t. viii, col. 792, quelques années plustard. Sozomène, H. E., H, 4-5, t. LXVII, col. 491-496; Socrate, H. E., { i, 18, col. 123; Eusèbe, Vita Constantini, m, 51-53, t. xxii, col. 1111-1114; Id., Onomasticon, au mot Arboc, édit. 1862, p. 54-57; S. Jérôme, De situet nomin. loc. hebr., t. xxiii, col. 862; Nicéphore Caliste, H. E., viii, 30, t. cxlvi, col. 115-117. — Les murs àgros blocs du l.iarâm Remet el-Khalîl, dont nous avonsparlé, seraient, d’après quelques écrivains, les restesde la basilique élevée par ordre de l’empereur Constantin; mais, suivant d’autres, cette conjecture ne peutse soutenir et est formellement démentie par l’histoire.C’est à l’enceinte du fyarâm que fait allusion, on ne peut pas en douter, Sozomène décrivant «lelieu à ciel ouvert et cultivé où il n’y a d’autre constructionque celle élevée par Abraham autour duchêne et le puits creusé par lui». On peut ne pas accepterle sentiment de l’historien sur l’origine de cemonument, bien que Josèphe. Ant. jud., i, xiv et xx.li, lui aussi, attribue à Abraham et aux anciens patriarchesla" construction de l’enceinte de Macpêlah et quoiquel’on ne puisse nier que leurs contemporains fussent

en état d’élever des monuments de cette nature; maisil faut avouer que son témoignage suffirait à empêcherde confondre l’enceinte de Mambré avec les murs de labasilique constantinienne. Les caractères archéologiquesseuls du monument, sa forme, la grandeur de l’appareil, l’absence de tout ciment, ne déclarent-ils pas suffisammentqu’il est sans relation avec une église chrétiennedu ive siècle et n’attestent-ils pas, comme le fait justementobserver Victor Guérin, une époque bien antérieureà Constantin? «C’est, continue le même explorateur, un véritable téménos ou enceinte sacrée qui renfermaitpeut-être l’autel sur lequel Abraham avait offert dessacrifices au Seigneur. La même enceinte contenaitaussi l’arbre près duquel ce patriarche avait planté satente et le puits qu’il avait creusé.» Judée, t. iii, p. 52.M. Guérin semble plutôt incliner à l’attribuer auxIduméens quand ils étaient en possession de ce pays.Les ruines de l’église seraient probablement, selon lui, les débris de l’édifice situé à l’orient du harâm. Quoiqu’il en soit, c’est Constantin, qui a dû débarrasser lepuits d’Abraham des objets de superstition qui l’encombraient, qu’il faut aussi faire remonter, semble-t-il, larestauration du puits. Le zèle de l’empereur pour purifieret embellir Mambré ne pouvait qu’exciter la dévotion despèlerins. Saint Jérôme, vers 383, y amenait les noblesdescendantes des Scipion, sainte Paule Romaine et safille Eustochium, pour leur faire contempler «lademeure de Sara, le berceau d’Isaac, et les vestiges duchêne d’Abraham, sous lequel il vit les jours du Christet se réjouit». Epist. cviii, ad Eustock., t. xxii, col. 886; cf. Epist. XLVi, Paulse et Eustochii ad Mareellam, ibid-, col. 490. La relation de l’archidiacre Théodosius (vers 530)et celle d’Antonin le Martyr, de Plaisance (vers 570), montrentqu’aucun pèlerin ne se dispensait de la pieusevisite de Mambré. Cf. Théodosius, De Terra Sancta, Genève, 1877-1880, p. 70; Antonin de Plaisance, Itinerarium, 16, t. lxiii. col. 905. Les pèlerins chrétiens ne seront pasarrêtés par l’occupation mahométane du pays. Trente-cinqans environ après la conquête d’Omar (637), l’évêquegaulois Arculfe visitait encore «la vallée de Mambré».Il y voyait un tronc de chêne planté en terre, considérécomme le noble reste de l’antique chêne d’Abraham, etmesurant deux tailles d’homme; on prenait de son écorcecomme relique. Le pèlerin semble confondre lui aussil’antique enceinte entre les deux grands murs de laquelleil voit le débris du vieux chêne, avec les murs de la basiliquebyzantine qui paraît déjà renversée. Adamnan, De locis sanclis, t. lxxxviii, col. 797-798. Si le bibliothécairedu Mont-Cassin, Pierre Diacre, signale encore, au XIIe siècle, «l’autel dressé en cet endroit et l’églisequi est devant,» c’est d’après des descriptions antérieures, reproduites par lui, en même temps que celled’Arculfe. De locis sanctis, t. clxxiii, col, 1123.

3° Le chêne de l’ouàdi Sebtâ ou le faux chêne deM&mbré. — À l’époque des Croisades, l’attention desvisiteurs européens semble avoir été détournée des ruinesdont nous venons de parler, pour se diriger vers VouâdiSebtâ. Là, à un kilomètre et demi de distance, au sudsud-ouestdu khirbet en-Nasâra, et à 2 kilomètres versl’ouest d’Hébron, sur le flanc de la colline couverte devignes, vers le sommet de laquelle la Société russe dePale>Uije a élevé un bel hospice pour les pèlerins, sevoyait, il y a vingt ans, un superbe chêne vert de 30 mètresde hauteur. Voir t. ii, fig. 242, col. 655. Depuisquelques années l’arbre a dépéri et, à l’exception d’unedes branches à l’extrémité de laquelle un faible filet desève entretient encore un maigre bouquet de feuilles quine tardera pas à disparaître, l’arbre géant est complètementdesséché. Cet arbre était tenu par le peuplepour le chêne d’Abraham dont parlent les anciens. Cetteerreur paraît remonter au commencement du xii «siècle.La description de l’higoumène russe Daniel (1106), enindiquant le chêne de Mambré, à la droite du chemin €35

MAMBRÉ

MAMMON

636

venant de Jérusalem, au sommet d’une haute montagneet à deux verstes ou environ 3 kilomètres, semble biennous conduire au chêne de Vouadi Sebtâ. Vie et pèlerinage, dans Itinéraires russes en Orient, traductionKMtrowo, Genève, 1889, p. 44. Dès lors nous voyonstous les pèlerins de l’Occident se diriger du même côté, bien qu’ils trouvent le chêne plutôt au pied de la montagne.Cf. Fretellus (v. 1120), Liber locorum sanctorum, t. clv, col. 1039-1040; Jean de Wûrzbourg (1130), DescriptioTerrm Sanctse, ibid., col. 1067; Anonyme (v. 1130), dans de Vogué, Les églises de la Terre-Sainte, Paris, 1860, p, 414; Theodoricus, Libellus de locis sanctis<vers 1172), édit. Tobler, Saint-Gall et Paris, 1865, p. 81; Eugésippe (vers 1200), De distantiis locorum sanctorum, Patr. Gr., t. cxxxiii, col. 995; Thielmar (1217), Peregrinatio, édit. Laurent, Hambourg, 1857, p. 29; Burchard, Descriptio Terres Sanclæ, ’! ' édit.Laurent, Leipzig, 1873, p. 81; Odoric de Pordonone en Frioul, De Terra Sancta, ibid., p. 154, et la plupart des pèlerins des siècles suivants; Quaresmius, Elucidatio Terrx Sancta}, Anvers, 1639, t. ii, p. 767. Les visiteurs juifs semblent marcher<lans le même chemin. Cf. Benjamin de Tudèle (1173), Itinéraire, édit. L’Empereur, Leyde, 1633, p. 49; Samuel ben Simson (1210), Itinéraire de Palestine, dans Carmoly, Itinéraires de la Terre-Sainte, Bruxelles, 1847, p. 128; Uri de Biel (1564), Tombeaux des Patriarches, ibid., p. 434-435.

Quant aux Arabes, tous, ainsi que Mudjir ed-Dln (1496), ont constamment maintenu à l’endroit appelé er-Râméh, Je lieu de l’habitation d’Abraham ou Mambré. Cf. Yaqout(1225), Dictionnaire géographique, édit. Vûstenfeld, Leipzig, 1886, t. ii, p. 736; Aly de Hérat (1173), Lieuxde pèlerinages, dans Guy le étrange, Palestine underthe Moslems, d’après un manuscrit d’Oxford, 1890, p. 518; Anonyme (1300), Mardsid el-Iltild, édit. Juynboll, Leyde, 1859, 1. 1, p. 456. — Les palestinologues modernes, à deux^ou trois exceptions près, s’accordent tous àconsidérer la tradition de Vouadi Sebtâ comme uneerreur difficilement explicable et à reconnaître dansle Ijaràm Remet él-Khalîl l’emplacement du vrai chêned’Abraham connu des anciens et son site pour celuide Mambré. Voir E. Robinson, Biblical Researches inPalestine, Boston, 1841, t. i> p. 318; F. de Saulcy, Voyage en Terre-Sainte, Paris, 1865, t. i, p. 150; t. ii, p. 351; V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, Paris, 1869, t. iii, p. 267-284; Rich. von Riess, Biblische Géographe, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 61; Conder et Kitchner, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1877-1880, t. iii, p. 322, 377; Fr.Liévin de Hamme, O. M., Guide indicateur des sanctuaireset lieux historiques de la Terre-Sainte, Jérusalem, 1887, 1. ii, p. 100-109; Buhl, Géographie desAlten Palàstina, Fribourg et Leipzig, 1896, p. 160.

L, Heidet.

3. MAMBRÉ (Septante: ’Agpwvï), torrent. Judith, ii, 14 (grec, 24). Le nom de Mambré dans la Vulgate est"vraisemblablement une forme corrompue du nom de larivière Chaboras (un peu moins défiguré dans le grec’Agpwvà). Le Chaboras étant inconnu des traducteurs oudes copistes, ils ont mis à sa place un antre nom. C’estainsi que la Peschito porte Jaboc. Voir Jaboc, t. iii, col. 1056. Le sens le plus probable du texte est qu’Holofernefit une razzia depuis le Chaboras jusqu’au golfePersique. Le Chaboras est appelé Habor dans les Rois.IV Reg., xvii, 6; xviii, 11; I Par., v, 26. Voir Habor, t. iii, col. 382. Cf. Vigouroux, Manuel biblique, 11e édit., t. ii, n. 542, p. 194-196; Id., La Bible et les découvertesmodernes, 6e édit., t. iv, p. 115-116.

    1. MAMBRÈS##

MAMBRÈS (grec: ’Iapiêp^; la Vulgate sembleavoir lu Mau.ëpïj «), un des magiciens d’Egypte qui résistèrentà Moïse. II Tim., iii, 8. Ct. Exod., vii, 11. LeTalmud de Babylone, Menach., 9, dans la Ghemara,

l’appelle kidd, Mamrâ (Mambrès), comme la Vulgate.’Voir J. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, édit. B. Fischer, 1869, au mot» uni», p. 481. Cf. Numenius, IlEp! ciyaSa-j, dans Eusèbe, Prsep. evang., ix, 8, t. xxi, col. 696; Pline, H. N., xxx, 2, note dans l’édit. Lemaire, t. viii, p. 288.Saint Paul nomme Mambrès avec Jannès. Voir Jannès, t. iii, col. 1119.

    1. MAMMON##

MAMMON (u.aquovâ, ou plutôt [ia[iwvâ; Vulgate: mammona; en araméen: Wro, état emphatique de

; ioD). L’étymologie de ce mot est incertaine. E.Kautzsch, 

Grammatik des Biblisch-Aramâischen, in-8°, Leipzig, 1884, p. Il. Cf. G. Dalman, Grammatik des jud.-palàst.Aramâisch, in-8°, Leipzig, 1894, p. 135; Levy, Neu-Hebrâischesund Chaldàisches Wôrterbuch, 4 in-4°, Leipzig, t. iii, 1883, p. 138-139. Le double m qu’on trouvodans de nombreuses éditions grecques est fautif. Eb.Nestlé, dans Cheyne, Encyclopsedia biblica, t. iii, 1902, col. 2913. — Ce mot se lit quatre fois dans le Nouveau Testament.Matth., vi, 24; Luc, xvi, 9, 11, 13. On ne le rencontrepas dans l’hébreu biblique, mais il est dans le Targum(Onkelos, mn, Exod., xxii, 30 [Walton, Polyglott.,

t. i, p. 319], pour traduire l’hébreu kôfér, Vulgate, pretium), et dans la Mischna, Pirke Aboth, ii, 12, etc. VoirJ. Buxtorf, Lexicon talmudicum, édit. B. Fischer, 1869, p. 619.— Les Septante semblent avoir lu Mammon, aulieu de’émûndh, «vérité, fidélité,» dans le Ps. xxxvi (hébreu, xxxvji), 3, car ils ont traduit iùoùtoç (Vulgate: divitim).Saint Augustin, qui connaissait la langue punique, la même que le phénicien, traduit mammona par divitise, «richesses,» Qumst. Evang., ii, 34, t. xxxiv, col. 1340; Enarrat. in Ps. lui, 2, t. xxxvi, col. 620, et par lucrum, «gain,» De serm. Dom. in mont., n, 47; Serm. cxiii, 2, t. xxxviii, col. 648. Dans cesdeux endroits, il dit que mammona signifie «richesses» en hébreu et «gain d en punique. Le sens de «richesses» dans l’Évangile ne peut être contesté; c’est aussi la signification de ce mot en araméen. VoirPayne Smith, Thésaurus syriacus, t. H, Oxford, 1901, col. 2149-2150. Quelques-uns ont prétendu à tort quemammon veut dire «trésor». «NJiDD ne signifie pas

  • T T

trésor, chose cachée, dit M. Rubens Duval, dans la Revuedes études juives, t. ix, 1884, p. 143, mais simplementbiens, fortune; les Juifs de Salamâs l’emploientaujourd’hui dans le sens de marchandise.» — Lescommentateurs ont souvent supposé que Mammon étaitune divinité adorée par les Chananéens et qui personnifiaitles richesses, comme le Plutus des Grecs et desRomains: Mammona, Syra lingua, divitise, dit la Glossaordinaria, In Matth., vi, 24, Patr. Lat., t. exiv, col. 10, et elle ajoute: Dicitur hoc nomen esse dxmonis guiprseest divitiis. Cette hypothèse n’est établie par aucundocument. Notre-Seigneur, en personnifiant Mammon, ne le considère pas pour cela comme un faux dieu ou unevéritable idole; il emploie une figure de langage, commeles Didascalia (dans Edm. Hanler, Eine latinische Palimpsestûbersetzungder Didascalia Apostolorum, in-8°, Vienne, 1896, p. 46): De solo mammona cogitant, quorum Deus est sacculus, ou comme Tertullien, quandil écrit, en parlant de mammona, Adv. Marc, iv, 33, t. ii, col. 439; Injustifiée auctorem et dominatoremtotius sseculi nummuni scimus omnes. Le Sauveur, enajoutant à mammona le mot ttj; àStxca; , iniquitatis, Luc, xvt, 9, indique qu’il veut parler des richessesinjustement acquises et qu’il prend le mot mammoncomme un nom commun. La locution «mammond’iniquité on d’injustice» semble d’ailleurs avoir étécourante et comme proverbiale, car on la trouve souventdans les Targums et le Talmud. Eb. Nestlé, dansCheyne, Encyclopsedia biblica, t. iii, col. 2914

F. VlGOUROt’X.

    1. MAMUCHAN##

MAMUCHAN (hébreu: Menvûkàn; Septante: MoufaÀoi)-, nom de celui des sept princes de la cour d’Assuérus(Xerxès), qui prit la parole pour engager le roi àdéposer la reine Vasthi. Esther, i, 14, 16, 21. Il est écritplDO, dans le texte hébreu aux ꝟ. 14 et 21 et pDiff

au jꝟ. 16, avec un qeri qui donne la première leçon. LaVulgate l’a rendu par Mamuchan. Les manuscrits grecsen ont donné des transcriptions assez différentes: MOYXAIOC (Vaticamts, Sinaïticus, Alexandrinus), MAMOYXAIOC (corrections du Sinaïticus, du vn «siècle) et au h 21 eYNOYXOC, MOYXeOC, MAMOY-X£OC (mêmes corrections). On lit même BOYPAIOCdans l’édition de Lag&rde, Librorum Veteris Testamenticanonicorum, pars prior, Gœttingue, 1883. Ce Bovfa’oî es’peut-être la traduction grecque du mot’iian, «l’Agat-: it

gite,» Esther, iii, 1, 10; viii, 3, 5; IX, 24, appliqué àAman. Le premier Targum d’Esther identifiait, en effet, Memûkân avec Aman; le second l’identifiait au sageDaniel. Cf. Swete, The Old Testament in Greek accordingto the Septuagint, Cambridge, 1894; Cheyne, Encyclopsedia biblica, Londres, t. iii, 1902, col. 3019; Marquart, Fundamente lsrælitischer und jùdischerGeschichte, 1896, p. 68. F. Martin,

    1. MAMZER##

MAMZER, mot hébreu (wamzêr), qui se ne rencontreque deux fois dans le texte sacré, et que la Vulgatetranscrit et explique, dans Deut., xxiii, 3. — 1° Dans cepassage du Deutéronome, le législateur indique ceuxqui ne devront pas être admis dans la société israélite.Ce sont: 1° ceux qui ont subi une mutilation qui les rendimpropres au mariage; 2° le mamzêr, jusqu’à la dixièmegénération, d’après la Vulgate, et, d’après l’hébreu, mêmeà la dixième génération, c’est-à-dire à perpétuité; 3° l’Ammoniteet le Moabite, également à perpétuité; 4° enfinl’Édomite et l’Égyptien, qui pourront être reçus à latroisième génération. Deut., xxiii, 1-8. Les Septante traduisentmamzêr par lu. Ttopvï)?, «issu de la femme demauvaise vie,» et le Syriaque par «fils de l’adultère».On lit dans la Vulgate: mamzêr, id est, de scorto natus, «fils de la prostituée.» Aquila et Symmaque ont destraductions analogues. Le mot pourrait venir d’un radicalmàzar, «être impur.» Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 781; Barth, Die Nominalbildung in den semitischenSprachen, Leipzig, 1889, p. 164. Le mamzêr ne sauraitêtre le fruit de l’union illégitime entre un homme, mariéou non, et une jeune fille. Il était loisible à l’hommemarié d’avoir une concubine, ou épouse du second rang, et les enfants nés de cette union étaient légitimes, bienque n’ayant qu’un droit restreint à l’héritage du père.Voir Concubine, t. ii, col. 906-907. Quant à l’homme, marié ou non, qui séduisait une jeune fille, il était obligéde l’épouser ou, sur le refus du père, de lui payer unedot. Exod., xxii, 16. Mais la condition sociale des enfantsn’avait pas à en souffrir. Il ne reste donc qu’à admettreî’explication des talmudistes, qui font du mamzêr lefruit de l’inceste ou de l’adultère avec une femme mariée.Yebamoth, iv, 13. L’adultère ainsi entendu et l’incesteétaientdeux crimes punis de mort. Lev., xx, 10-14; Deut., xxii, 22. Il n’est donc pas étonnant que Dieu ait’voulu exclure à jamais de son peuple lés enfants issusde telles unions, pour inculquer aux Hébreux le respectdu mariage, déjà si menacé par la tolérance de la polygamieet du divorce. Il est bien vrai que la descendanceincestueuse de Thamar compta parmi les ancêtres du.Messie. Voir Inceste, t. ii, col. 865. Mais cet exempleétait antérieur à la législation mosaïque, qui avait précisémentpour but d’en prévenir le retour. Sur l’extensiondu titre de mamzêr à d’autres enfants illégitimeset sur les conséquences sociales et légales de cette situation, voir Bâtard, t. i, col. 1503-1505.

2° Le prophète Zacharie, ix, 6, dans son oracle contreles Philistins, dit qu’Ascalon sera dans la crainte et Gaza

dans le tremblement, que Gaza n’aura plus de roi etAscalon plus d’habitants, que le mamzêr habitera dans.Azot et que l’orgueil des Philistins sera abattu. Le mam-.zêr désigne encore ici le rebut d’Israël, l’être honteuxqu’il chasse de son sein, l’impur étranger qui remplacedans Azot ce qui faisait l’orgueil des Philistins. Les Septantetraduisent ici par âXXoyeveïc, <£ étrangers,» etla Vulgate par separator, «celui qui sépare,» enrattachant mamzêr au verbe nâzar, «séparer.» Lesens du mot peut être ici plus large que dans le textedu Deutéronome; il n’en désigne pas moins unepopulace impure aux yeux d’Israël et étrangère auxyeux des Philistins, dont elle prend la place dansAzot.

On a cru pouvoir attribuer un autre sens à mamzêr.Ce mot serait un nom assigné par mépris aux habitantsd’Azot et aux Philistins en général, que les Septanteappellent presque toujours àXXiçuXot, alienigense, endehors du Pentateuque, ou même le nom primitif deshabitants d’Azot, étendu ensuite à tous les Philistinsaprès leur arrivée dans le pays de Chanaan. Il est à remarquerque, si le Deutéronome, xxiii, 2, 3, exclut àtout jamais le mamzêr, l’Ammonite et le Moabite dela société israélite, la loi ayant été transgressée surce point au retour de la captivité, II Esd., xiii, 1-3, Néhémie reprocha à ses compatriotes d’avoir épousé desfemmes d’Azot, d’Ammon et de Moab. II Esd., Xin, 23.Azot correspondrait donc au mamzêr du Deutéronome.Sans doute, les Hébreux ne furent en contact avec lesgens d’Azot et les Philistins qu’au temps des Juges. Maison pourrait admettre que l’article concernant le mamzêrn’a été inséré dans la loi qu’à cette époque, et cetarticle ne devenait pas moins nécessaire alors que celuiqui visait les Ammonites et les Moabites. Cf. F. de Hummelauer, Comment, in Deuteron., Paris, 1901, p. 403, 404. — D’assez graves raisons s’opposent à cette identification.Tout d’abord, si le mot mamzêr désignait unerace si connue, pourquoi ne le voit-on apparaître quesi rarement, deux fois seulement, dans toute la Biblehébraïque? De plus, que signifie-t-il dans la prophétiede Zacharie? Si le mamzêr n’est autre que l’habitantd’Azot, comment peut-on dire qu’Ascalon et Gaza étantprivés de leur roi et de leurs habitants, l’orgueil des Philistinssera abattu quand le mamzêr, c’est-à-dire le Philistin, habitera dans Azot? Il est vrai que de Jlummelauertraduit: silens sedebit in Azoto, «il se tiendra coi dansAzot;» mais il y a dans le texte: yâSab mamzêr be’asdôd, «. le mamzêr habitera dans Azot.» L’hypothèse n’est

donc pas suffisamment justifiée,

H. Lesêtre.

MAN (hébreu: mân; Septante: (iâv), nom hébreude la manne. Il a été conservé sous cette forme par saintJérôme dans Exod., xvi, 31, 33, 35; Num., xi, 6, 7, 9, tandis que dans le Deutéronome et dans les autres livresde l’Ancien et du Nouveau Testament, il l’appelle manna.Voir Manne.

    1. MANAHATH##

MANAHATH (hébreu: Mânahaf; Septante: Mava-X<18), nom d’un descendant de Séir l’Horréen et d’unelocalité.

1. MANAHATH, MANAHAT, descendant de Séirl’Horréen, nommé le second parmi les cinq fils de Sobal.La Vulgate écrit son nom Manahat, dans Gen., xxxvi, 23, et Manahath, dans I Par., i, 40. Dans ce dernierpassage, l’édition sixtine des Septante écrit Maxavin, ’Alexandrinus: MavoxâO. Voir Sobal.

2. MANAHATH, localité mentionnée I Par., vni, 6.Ce passage est obscur et la traduction douteuse. Il y estdit que des Benjamites, fils d’Ahod (voir Ahod 2, t. i, col. 206), furent transportés de Gabaa (Géba% Djéba), où ils étaient chefs de famille, à Manahath. Les auteurs 639

MANAHATH — MANAHEN

G40

de cette déportation paraissent avoir été Naaman, Achia, et surtout Géra. I Par., viii, 7. Voir Géra 2, t. iii, col. 197.A la suite de quelles querelles et à quelle époque eutlieu cet événement, nous l’ignorons. Manahath est égalementinconnu. Le contexte ne permet même pas dedécider si ce nom désigne une ville ou une région. LeTargum dit que les fils d’Ahod furent transportés «dansla terre de la maison d’Ésaù»; plusieurs commentateursmodernes supposent, au contraire, que Manahath est uneville de la tribu de Juda, la Mocvox» que la version desSeptante, Jos., xv, 59, ajoute à la liste du texte hébreu, à la suite de Béther. Conder a émis l’hypothèse queManahath peut être la Mdhla actuelle (n et l sont souventconfondus), à cinq kilomètres environ au sud-ouest deJérusalem et près de Bittir (Béther). Survey of westernPalestine, Memoirs, t. iii, p. 21, 136-137. Le voisinageimmédiat de Mâhlah est stérile, mais il y a des vignesà l’est et des oliviers au sud. Les habitants s’approvisionnentd’eau à Ain Yalo, source très appréciée dansle pays.

    1. MANAHATHITE##

MANAHATHITE (hébreu: ham-Mânal}tî; Septante: MaÀûc6£), habitant de la ville appelée ham-Menu^ôf dansle texte hébreu. La Vulgate a traduit M enul}ô{ par requietio, «repos.» I Par., ii, 54. Voir Menuhoth.

    1. MANAHEM##

MANAHEM (hébreu; Menahêm; Septante: Mavaïifji), roi d’Israël (773-762 ou 762-753 avant J.-C).L’histoire de son régna est racontée IV Reg., xv, 14-22.Il était fils de Gadi. Quand Sellum eut tué le roi Zachariepour régner à sa place, Manahem, dont Josèphe, Ant. jud., IX, xi, 1, fait un chef d’armée, partit deThersa, à 10 kilomètres à l’est de Samarie, se portasur cette dernière ville et, à son tour, mit à mortSellum, dont le règne ne fut que d’un mois. Devenuroi, il marcha aussitôt de Thersa, où se trouvaient sansdoute ses quartiers militaires, contre la ville de Thapsa, qui x ae reconnaissait pas sa royauté, et dont il entrepritle siège. Ayant pris la ville, il en frappa tous les habitants, pour les punir de lui avoir fermé leurs portes.Les exécutions s’étendirent même aux environs de lacité. Poussant la barbarie aux dernières limites, Manahemfit tuer et mettre en pièces toutes les femmes enceintes, afin d’exterminer jusqu’aux enfants qu’elles portaient.Josèphe n’ose reproduire ce détail; il se contente dedire que Manahem exerça contre ses propres concitoyensdes cruautés qui seraient impardonnables mêmecontre des étrangers vaincus à la guerre. Plusieursauteurs ont pensé que la ville de Thapsa n’est autre queTipsakh, la Thapsaque des Grecs, située sur la rivedroite de l’Euphrate. Le royaume de Salomon s’étenditen effet jusque-là, 1Il Reg., iv, 24, et Jéroboam II avaitréussi à reporter la frontière septentrionale d’Israëljusqu’à l’entrée d’Émath. IV Reg., xiv, 25. Mais cetteentrée d’Émath était probablement assez distante deThapsa vers le sud. Voir Émath (Entrée d’), t. ii, col. 1719. D’autre part, Tipsakh est à 500 kilomètresau nord de Samarie, et il est fort invraisemblable qu’unroi relativement faible, comme était Manahem, aitpu, avec toute une armée, traverser la Syrie et lesdéserts qui, s’étendent au nord de ce dernier pays, etensuite assiéger une ville qui faisait partie du domaineassyrien. Aussi est-il beaucoup plus probable queThapsa doit être cherchée dans les environs de Samarie.Elle ne peut guère être identifiée avec Taphua, mentionnéecomme se trouvant sur la frontière d’Éphraïmet de Manassé, Jos., xvi, 8; xvii, 7, 8, ni avec Thersaelle-même, comme l’ont cru les Septante. Thapsa estvraisemblablement représentée aujourd’hui par la localitéde Tafsah, à 9 kilomètres au sud de Samarie, parconséquent dans la voisinage de Thersa, comme semblele supposer le texte. IV Reg., xv, 16. Voir la carted’Éphraïm, t. ii, col. 1876, et Thapsa.

A la cruauté, Manahem joignait l’impiété. Sous cerapport, il ne fut que trop fidèle à suivre les exemplesdu premier roi d’Israël. Le prophète Osée, vii, 1-xin, 16, décrit les désordres qui se multipliaient alors en Israëlet annonce les invasions assyriennes qui en seront lechâtiment.

Manahem dut se rendre tributaire du roi d’AssyriePhul, le même que Théglathphalasar III. Voir Phul.En 743, ce prince fit la conquête de la Syrie septentrionale.Les chefs araméens ne se soumirent pas volontiersà la nouvelle domination; en 742 et en 739, le roi assyrienfut obligé de repasser l’Euphrate pour mettre à laraison ses nouveaux sujets. Les ravages qu’il exerça aucours de cette dernière campagne jusque dans la valléede l’Oronte et les déportations auxquelles il soumit lapopulation de plusieurs villes intimidèrent les roisvoisins, au point que Rasin, de Syrie, et Manahem, d’Israël, se hâtèrent de porter leurs hommages et leurstributs à Théglathphalasar. Dans une de ses inscriptions, ce dernier nomme, parmi ses tributaires, Mi-ni-hi-immiSa-mi-ri-na-ai, «Manahem de Samarie.» Cf. Eb.Schrader, Die Keilinschriften und das alte Testament, Giessen, 1872, p. 122-134; Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, Paris, 6e édit., t. iii, p. 514-519; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899, p. 150-153.

Manahem paya tribut au roi d’Assyrie pour qu’il luiassurât sa protection et le confirmât dans son pouvoir.La Bible ne dit pas si ce tribut fut volontaire ou forcé.L’inscription de Théglathphalasar déclare que ce dernier «reçut» le tribut de Manahem et de beaucoup d’autresprinces. Il est à croire que, si ceux-ci prirent les devantspour s’engager à payer, c’est qu’ils prévoyaient une contrainteà laquelle ils étaient incapables de se soustraire.La contribution fournie par Manahem fut d’ailleurs tropconsidérable pour avoir été pleinement spontanée. Ilversa mille talents d’argent. Le talent d’argent valantalors 8500 francs, la somme totale s’élevait à huit millionset demi, ce qui constituait une lourde chargepour un petit pays comme le royaume d’Israël. Le roiimposa les riches à raison de cinquante sicles d’argent, soit 141 fr. 50 par tête. Le nombre des imposés futdonc environ de 60000, cequi indique que, sous lenom de riches, on comprit tous ceux qui jouissaientde quelque aisance. Satisfait de ce résultat, le roi d’Assyriene resta pas plus longtemps dans le voisinaged’Israël et s’en retourna dans son pays. Les Israélitesse rendirent compte, sans doute, que le sacrifice qu’onleur imposait leur évitait de plus grandes calamités. Iln’est question d’aucun mécontentement violent contreManahem, qui mourut paisiblement après dix ans dorègne et laissa le trône à son filsPhacéia.

H. Lesêtre.

    1. MANAHEN##

MANAHEN (grec: Mavaiiv), chrétien de l’Églised’Antioche, nommé parmi les prophètes et les docteursà qui le Saint-Esprit ordonna de conférer à Saul (Paul)et Barnabe leur mission apostolique. Act., xiii, 1-2. Mavavjvdoit être l’hébreu nn; o, Menafyêm, «consolateur.» Le texte sacré dit que Manahen était quvrpotpoç d’Hérodele tétrarque. Cet Hérode est Hérode Antipas, qui fit décapitersaint Jean-Baptiste et était exilé à Lyon pendantque Manahen était à Antioche, car il est le seul de*Hérodes à qui l’indication des Actes puisse s’appliquer.Voir Hérode 3, t. iii, col. 647. — Mais que signifie exactement(TiivTpoooç et qu’était Manahen par rapport à Antipas?Les sentiments sont divisés à cesujet. D’après laVulgate, qui traduit <njvrpoçoç par collactaneus, il étaitson «frère de lait», et c’est là, en effet, un des sens del’expression grecque. Voir Xénophoû, Memorab., ii, 3, 4, édit. Didot, p. 553. Mais elle signifie aussi «élevé avecquelqu’un», compagnon d’enfance, les princes et lesgrands de l’antiquité ayant coutume de faire élever avecleurs fils des jeunes gens du même âge. Plutarque, D&

educat. pueror., 6, édit. Didot, Script, moral., t. i, p. 4.C’est ainsi qu’avait fait Salomon pour son fils Roboam.III Reg., xii, 10. D’après d’autres, Manahen, au lieud’être fils de la nourrice d’Hérode Antipas et son frèrede lait, était donc simplement son ami d’enfance. Entreces deux opinions, il est impossible de se prononceravec certitude. — Quoi qu’il en soit, la Providence, en faisant élever Manahen avec un des fils d’Hérode leGrand, l’avait ainsi préparé à devenir un des docteursde son Église. Il devait avoir une cinquantaine d’annéeslorsque se passa l’événement raconté dans les Actes, xiii, 1-2, en l’an 44 de notre ère. Manahen dut être connuparticulièrement par saint Luc, qui était d’Antioche, etl’on a supposé que c’était de sa bouche que l’évangélisteavait appris les détails, qu’il est le seul à donner, sursaint Jean-Baptiste, mis à mort par Hérode Antipas.Luc, i, 57-80; iii, 7-14. Antipas avait été élevé a Rome.Josèphe, Ant. jud., XVII, i, 3, et il y retourna aussitôtaprès la mort de son père, Hérode le Grand, pour tâcherde recueillir sa succession (4 avant notre ère). Josèphe, Ant. jud., XVII, ix, 5; Bell, jud., II, II, 3. Manahenl’avait-il accompagné dans la capitale de l’empire? Onl’ignore. — Josèphe, Ant. jud., XV, x, 5, mentionneun Manahen qui jouissait parmi les Esséniens d’unegrande réputation de sagesse et de sainteté et qui prédità Hérode le Grand dans sa jeunesse, qu’il deviendraitroi. C’est par anachronisme que quelques commentateursl’ont confondu avec le Manahen des Actes, qui était debeaucoup plus jeune. Il est aussi question d’un Manahendans le Talmud. On célèbre la fête de saint Manahen le24 mai. Voir Acta sanctorum, maii t. v, 1685, p. 273.

F. Vigouroux.

    1. MANAIM##

MANAIM, orthographe, dans la Vulgate, Jos., xiii, 26, 30; xxi, 37; III Reg., iv, 14; I Par., vi, 80, du nomdu lieu qu’elle a écrit plus correctement M ahanaim dansGen., xxxii, 2, et traduit par castra, «camps,» II Reg., il, 8, etc. Voir Mahanaïm, col. 571.

    1. MANASSÉ##

MANASSÉ (hébreu: Menassêh, «qui fait oublier[?]» ), nom de plusieurs personnages bibliques etd’une tribu d’Israël.

1. MANASSÉ (hébreu: MenasSéh; Septante: Mavacrtrfi), fils aîné du patriarche Joseph et de l’Égyptienne Aseneth.Gen., xli, 50, 51; xlvi, 20. La joie causée par sa naissancelui fit donner le nom de Manassé (de la racinenâsâh, «oublier,» au participe actif de la forme piêl, «faisant oublier» ); son père, en effet, s’écria: «Dieum’a fait oublier (nassani) toutes mes peines.» Il vint aumonde avant le commencement de la famine. Gen., xli, 50. Jacob, en l’adoptant et le bénissant, fit passer sonfrère Éphraïm avant lui, malgré les efforts de Josephpour lui maintenir son droit d’aînesse. Gen., xlviii, 1-19. Cf. Éphraïm 1, t. H, col. 1873. Le vieux patriarcheprédit cependant que Manassé serait aussi chef de peuples, et que sa race se multiplierait; mais, ajouta-t-il, «son frère, qui est plus jeune, sera plus grand que lui, et sa postérité se multipliera dans les nations.» Gen., xlviii, 19. L’histoire des deux tribus nous montre, eneffet, la prééminence de l’une sur l’autre. Voir Manassé 7: Éphraïm 2, t. H, col. 1874. L’Écriture nous dit queJoseph put voir encore les fils de Machir, fils de Manassé.Gen., L, 22. Ces détails sont les seuls qu’elle nous ait/’conservés sur la personne de ce dernier; les autrespassages où se lit son nom se rapportent à la tribu

dont il fut le chef.

A. Legendre.

2. MANASSÉ, ancêtre de Jonathan, fils de Gersam, qui devint prêtre de Michas et des Danites de Laïs, Jud., xviii, 30, d’après le chethib du texte massorétiqueet d’après les Septante (Mocva<r<rij), mais le nom est altéréet il faut lire «Moïse», comme le portent le keri et laVulgate. Voir Jonathan 1, t. iii, col. 1614.


3. MANASSÉ, le treizième des rois de Juda (697-642.)Son règne de cinquante-cinqans fut le plus long detous ceux qu’on vit en Palestine. Manassé était fils dupieux roi Ézéchias. Il n’avait que douze ans quand ilmonta sur le trône. Sa mère, d’origine inconnue, s’appelaitHaphsiba. L’influence qu’elle exerça sur son filsfut nulle ou perverse, car Manassé s’appliqua à mettretoute sa conduite en opposition avec celle de son père.Isaïe, qui vivait encore, ne réussit pas à maîtriser lesmauvais instincts du jeune roi.

La Sainte Écriture énumère toutes les abominationsdont Manassé se rendit coupable: il rebâtit les hautslieuxdétruits par Ézéchias, rétablit le culte de Baal, d’Astarthé et de l’armée des cieux, éleva des autels auxfausses divinités dans le Temple même du Seigneur, osa y dresser l’idole d’Astarthé, fit passer son fils par lefeu en l’honneur de Moloch, s’adonna à tous les genresde magie et favorisa ceux qui les pratiquaient. Lesexemples donnés par le prince entraînèrent naturellementle peuple. La dépravation devint telle, qu’elledépassa celle des anciens Chananéens que Dieu a /aitfait exterminer à l’arrivée des Israélites. IV Reg., xxi, 1-9; II Par., xxxiii, 1-10.

Le Seigneur fit prédire le châtiment par ses prophètes.Juda et Jérusalem auront le sort de Samarie.La capitale sera mise en tel état qu’elle ressemblera àun plat qu’on nettoie, dans lequel il n’y a plus rien etqu’on renverse sens dessus dessous. Les habitants dupays deviendront la proie des envahisseurs. IV Reg., xxi, 10-15. Jérémie, xv, 4, annonça plus tard les mêmescalamités, en leur assignant pour cause les crimes deManassé. Celui-ci ne fit aucune attention à ces menaces.A l’impiété, il joignit la cruauté. Il répandit à profusionle sang innocent, de sorte que la ville de Jérusalem enétait inondée. IV Reg., xxi, 16. Une tradition, qui dureste n’est pas certaine, lui attribue même la mort violentedu prophète Isaïe. Voir Isaïe, t. iii, col. 944. Le grandchâtiment ne tomba sur la nation que plus de cinquanteans après la mort de Manassé; le prince n’en eut pasmoins à subir personnellement les conséquenses de sescrimes.

Quand Asarhaddon vint faire campagne contre l’Egypte, en 673, et s’empara de ce pays, il soumit au passage tousles rois qu’il rencontra. Une de ses inscriptions enénumère vingt-deux, parmi lesquels Mi-na-si-i soi*Ya-u-di, «Manassé, roi de Juda.» Cf. Schrader, DieKeilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1872, p. 228. Voir Asarhaddon, t. i, col. 1059. Assurbanipal, fils et successeur d’Asarhaddon, fit deux campagnescontre l’Egypte. Il obligea aussi les vingt-deux rois à lui «baiser les pieds», c’est-à-dire à reconnaître sa suzeraineté.Voir Assurbanipal, t. i, col. 1145. Une de ses inscriptionsmet au second rang, parmi ces vassaux, Mi-nasi-isar Ya-u-di, «Manassé, roi de Juda.» Ce dernierétait réservé à un châtiment plus terrible que la simplevassalité et que le tribut qui en était naturellement laconséquence. Une armée assyrienne vint le saisir et lemettre aux fers. Chargé de chaînes, il fut mené àBabylone. Mais là, il se repentit et s’humilia devantDieu; il fut alors ramené dans son royaume. II Par., xxxm, 11-13. On a contesté la valeur historique de ce"récit, en faisant valoir que le livre des Rois n’en ditrien, qu’Assurbanipal aurait fait conduire Manassé àNinive, sa capitale, et non à Babylone, et qu’il ne l’auraitpas renvoyé ensuite dans son royaume. Les inscriptionsd’Assurbanipal confirment, autant qu’il est souhaitable, le récit des Paralipomênes.

Persuadé que Ninive et Babylone ne pourraient longtempsse maintenir d’accord sous le même joug, Asarhaddonavait, de son vivant même, divisé son empire endeux, donnant à son aîné, Assurbanipal, l’Assyrie avecNinive pour capitale, et réservant la Chaldée et Babyloneà un autre de ses fils, Samassoumoukin ou SarnmuIV. - 21

643

    1. MANASSÉ##

MANASSÉ (LE ROI) — MANASSÉ’(TRIBU DE)

644

gfeès, né d’ailleurs d’une Babylonienne. Ce dernierdevait rester vassal de son frère. Les deux princes s’entendirentd’abord très bien. Mais par la suite, Assurbanipal, encouragé par ses succès militaires contre l’Egypte, tendit à faire peser de plus en plus sa suprématie sur laChaldée. Pour garantir son indépendance, Samassoumoukinsnscifa une vaste coalition de tous les princes vassauxde FAssyrie, pour lui venir en aide contre Assurbanipal.Ce dernier dit, dans une de ses inscriptions: «Monfrère infidèle, qui ne garda pas mon obéissance, leshommes d’Accad, de Chaldée, d’Aram et de la côte dela mer, … il les fit révolter contre ma main. i> Il ditdans une autre inscription: «Les hommes d’Accad, d’une partie de la Chaldée, d’Aram et du pays de lamer, que Samassoumoukin avait appelés, s’entendirentpour marcher en avant et se révoltèrent contre moi.» Cf. Schrader, Keilinschriften, p. 240-241. Les hommesdu pays de la mer sont les riverains de la Méditerranée, les Phéniciens et les habitants de la Palestine, par conséquentManassé et ses sujets. Assurbanipal prit l’offensiveen652. Samassoumoukin, abandonné d’abord par lesÉlàmites, puis par les Araméens, se renferma dans Babylone, y subit un terrible siège, et, pour ne pas tombervivant aux mains de son frère, se brûla dans son palais, avec ses femmes, ses enfants, ses esclaves et ses trésors.C’était en 649. Assurbanipal entra à Babylone, y résidaquelque temps, en confia l’administration à l’un de sesofficiers et retourna à Ninive. Cf. Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899, p. 377, 378, 415-424.

Il était tout naturel que le roi assyrien cherchât à sévircontre ceux qui avaient pris parti pour son frère. Manasséétait de ce nombre. Des troupes assyriennes vinrent leprendre et l’emmenèrent chargé de chaînes et les fersaux pieds, non pas à Ninive, la capitale assyrienne, maisà Babylone, où résidait encore Assurbanipal, probablementsatisfait de pouvoir faire constater aux alliés deSamassumukin l’état auquel il avait réduit sa capitale.Les chaînes et les fers aux pieds des prisonniers sonttout à fait conformes aux coutumes assyriennes. VoirChaîne, t. ii, col. 480; Entraves, t. ii, col 1818. On litdans une autre inscription d’Assurbanipal: «Sarludariet Néchào ilsprirent, ils les lièrent avec des liens defer et des chaînes de fer aux mains et aux pieds.» Schrader, Keilinschriften, p. 243. Rien d’étonnant parconséquent à ce que Manassé ait été traité de même.Dans sa captivité, le roi de Juda implora enfin le Seigneur; il s’humilia profondément devant lui et lui adressaune prière, qu’on chercha bien plus tard à reconstituer.Voir Manassé (Prière de). Assurbanipal ne tarda pas àle renvoyer à Jérusalem, peut-être avant de retourner lui-mêmeà Ninive. Cette manière de procéder ne doit passurprendre non plus de la part d’Assurbanipal. Il racontedans une inscription comment il traita Néchao, qui avaitsoulevé l’Egypte contre lui et avait été emmené prisonnierà Ninive: «Faveur je lui accordai, alliance aveclui je fis… Mes officiers comme gouverneurs en Egypteavec lui j’envoyai, … je le rétablis, … un royaume je luiponstituai.» Cf. Schrader, Keilinschriften, p. 243. Onvoit que si, à raison de son peu d’importance relative, Manassé n’est pas nommé dans ces inscriptions, le traitementqu’il eut à subir et la grâce dont il bénéfician’ont pas été sans exemple sous Assurbanipal. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 87-98.

De retour à Jérusalem, Manassé commença par fortifierl’enceinte de la ville du côté où elle était vulnérable.Voir Jérusalem, t. iii, col. 1363. Puis il mit desofficiers dans toutes les villes fortes du royaume. Il segarantissait ainsi contre un coup de main, comme celuiqui avait suffi sans doute à la’petite armée assyriennequi s’était emparée de lui. Pour réparer son impiétéprécédente, il fit enlever du Temple et jeter hors des

murs de la ville les idoles et les autels qu’il y avait élevés.Il rétablit l’autel du Seigneur et y fit offrir des sacrificesde différente nature. Enfin il ordonna à son peuplede servir le Dieu d’Israël, Jéhovah. Les Israélitesn’obéirent qu’à moitié, car c’est sur les hauts-lieux qu’ilscontinuèrent à immoler, zobhim, mais seulement à JéhovahleurDieu, la-Yehovâh’ëlohêhém, II Par., xxxiii, 1417. Il fut donc impossible de faire renoncer le peuple àses habitudes invétérées, quant aux lieux du culte; il secontenta de répudier le culte des idoles. Voir Hautslieux, t. iii, col. 456.

La captivité de Manassé et sa pénitence ne peuventêtre datées que des dernières années de son règne.Pendant cinquante ans, le roi avait donné l’exempled’une impiété et d’une dépravation effrénées. Comments’étonner que, si sincère qu’ait pu être sa pénitence, iln’ait pas réussi à effacer le souvenir de ce qui avaitprécédé? Son fils Amon, en effet, s’empressa de rétablirles idoles proscrites par son père. Heureusem*nt il nerégna que deux ans, et, assassiné par ses serviteurs, illaissa le trône à son fils le pieux roi Josias. II Par., xxxm, 22-25. Mais c’est toujours à Manassé que les auteurssacrés reviennent, quand ils veulent signaler lacause principale du grand châtiment qui allait fondresur le pays. IV Reg., xxiii, 26; xxiv, 3; Jer., xv, 4.Aussi l’on ne crut pas devoir accorder à Manassé la sépultureroyale. Il fut inhumé dans le jardin d’Oza, quiétait le jardin du palais, comme fut inhumé deux ansplus tard son fils Amon. Celui-ci, âgé de vingt-deux ansà la mort de son père, n’osa ou ne put rien faire pourlui éviter ce déshonneur. IV Reg., XXI, 18; II Par., xxxiii, 20. Ezéchiel, xliii, 7, 9, semble faire allusion à cette sépulture, quand il reproche aux cadavres des rois de souiller

le voisinage du Temple.

H. Lesêtre.

4. MANASSÉ (Septante: Mava<r<rîi), de la tribu deJuda et de la famille de Phahath Moab; il avait épouséune femme étrangère et fut obligé de la répudier dutemps d’Esdras, I Esd., x, 30.

5. MANASSÉ (Septante: Mava<r<rr|), descendant deHasom (voir Hasum 1, t. iii, col. 448); il vivait et atemps d’Esdras et renvoya, la femme étrangère qu’ilavait épousée. I Esd., x, 33.

6. MANASSÉ (Septante: Mavacrcrriç), de la tribu deSiméon, d’après les Septante, Judith, viii, 2, mari deJudith. Il habitait Béthulie et possédait de grandes richessesqu’il laissa en mourant à sa veuve. Judith, viii, 7. Il mourut d’une insolation au temps de la moissondes orges, viii, 2-3, et il fut enseveli «dans une caverne», âv Toi <nrcXa£w, d’après les Septante, xvi, 23. Le textegrec, xvi, 24, dit que Judith, à sa mort, laissa tousses biens aux parents de son mari. Voir Judith 1, t. iii, col. 1822.

7. MANASSÉ, une des douze tribus d’Israël, diviséeen deux groupes: le groupe occidental et le groupeoriental,

I. Géographie. — i. manassé occidental. — Lademi-tribu située à l’ouest du Jourdain avait son territoireentre Éphraïm au sud, Issachar au nord, la Méditerranéeà l’ouest et le Jourdain à l’est. Nous ne possédonspas, comme pour les autres, la nomenclature deses principales villes; aussi son exacte délimitation ëst-elleextrêmement difficile, surtout si l’on ajoute à cettelacune les obscurités du texte. Voir la carte (fig. 193).

1° Limites. — Les frontières de Manassé occidentalsont décrites Jos., xvii, 7-11, mais le texte actuel esttellement incomplet que, pour les rétablir, nous sommesréduits aux conjectures. «La frontière de Manassé futdepuis Aser Machméthath, qui est à l’est de Sichem{Naplousé), puis elle allait à droite (c’est-à-dire au sud), si*n*lf„; °., P< ru £" i &,

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[Ainsi] au sud Éphraïm, au nord Manassé, dont la mer formait la limite; ettouchaient à Aser du côté du nord, et à Issachar du; é de l’est.» La version des Septante ne peut malheuîsem*ntnous servir à expliquer ce texte confus, oùlacunes se font sentir, où les parenthèses embarrasîtla marche des idées; elle ne représente elle-même, moins dans plusieurs cas, qu’une lecture fautive, ici donc les renseignements qu’il est permis de tirerce passage. La frontière part d’Aser pour aller àchméthath, en face ou à l’orient de Sichem. Aser nesigne pas ici la tribu de ce nom, mais une localité! ntionnéeparEusèbeetsaintJérôme, Onomas£icas<icra, ïttingue, 1870, p. 93, 222, à quinze milles (22 kiloitres) de Néapolis ou Naplouse en allant vers Scytholisou Béïsân, et existant encore aujourd’hui sous lem de Teyàsîr. Voir Aser 4, t. i, col. 1089. Machméith, hébreu ham-Mikmefâf, devrait être précédé deou de’ad, «vers, jusque,» ou être affecté du héal. Malgré cela, ce nom indique le point opposé àiv. Déjà cité Jos., xvi, 6, il sert de jalon dans la fronreseptentrionale d’Éphraïm. À quoi correspond-il?. ne sait (voir col. 511). La présence de l’article faitDposer à quelques-uns qu’il représente un nomnmun, peut-être une corruption de Makhnah, laline située à l’est de Naplouse. Pour d’autres, c’este ville; mais elle est inconnue; tout ce que la Bibleus apprend, c’est qu’elle était à l’est de Sichem. Lesptante portent ici: xa èfevr|91r] opia uiûv M «va<r<rr|Xavâô, r ècriev xotTÔe Tipôaumov uïûv’AvâO, «et lesntières des fils de Manassé furent Délanath, qui est ene des fils d’Anath.» Fr. de Hummelauer, Comment.Josue, Paris, 1903, p. 387, a cherché à tirer parti dete variante; on peut se demander si son hypothèse; st pas trop ingénieuse. De Machméthath, la ligne demarcation s’en va du côté du sud vers’Ên-Tappûah, «la fontaine de Tappûah.» Ce dernier point est; onnu, les conjectures faites jusqu’ici n’ayant rien deide. Voir Taphua. Il marquait la limite extrême etScise de la tribu, puisque le texte ajoute que le terrirede Taphua appartenait à Manassé, tandis que lale était à Éphraïm. De là, la frontière «descendait» : a vallée des Roseaux. On a cru retrouver le nahalnâh dans un ouadi de même nom, Youadi Qanah, qui; nd naissance près d’Aqrabéh, au sud-est de Naplouse, is devient affluent du Nahr el-Audjéh, dont les eauxjettent dans la Méditerranée, au nord de Jaffa. Cettelimitation, si elle est juste, augmente considérablementterritoire de Manassé, mais au détriment d’Ephraïm.ssi peut-on chercher la vallée en question plus haut, as le Nahr el-Faléq, qu’un historien arabe, Bohæddin, pelle Nahr et Kassab, «rivière des Roseaux,» et quion embouchure dans la Méditerranée au nord A’Arsùf.ir Cana 1, t. ii, col. 105. Le milieu du >. 9 est obscuras le texte original et dans les versions; il devaifis doute primitivement renfermer le nom des villesi appartenaient à Éphraïm. En tout cas, il nous apprende ces villes étaient au midi de la vallée, que celles denasse étaient au milieu, et que la limite de la tribuirait le long du bord septentrional: c’est au moinsisi qu’il est permis de lire pour éviter une contradicn, qui consisterait à mettre la frontière au midi et aurd de la vallée. Dans ces conditions, nous aurionsne une ligne partant de Teydsîr, descendant à l’est de; hem, puis, après un crochet vers le sud, se dirigeantà l’oæst jusqu’à la Méditerranée. Mais la ligne d’Aser àMachméthath fermait-elle la tribu du côté de l’est?L’incertitude du texte ne permet aucune conclusion; iln’est même pas sûr qu’Aser soit un nom propre; voir lechangement proposé par F. de Hummelauer, Josue, p. 388, de’âsêr en Se’dr, «le reste.» Retenons seulementla direction de la frontière sud-ouest à partir de Sichem.Quant à celle du sud-est, elle pourrait être déterminéepar les contours de la tribu d’Ephraïm de ce côté, Jos., xvi, 6-8: Machméthath, Thanathsélo (aujourd’hui Ta’na), Janoé (Yanûn), Ataroth, Naaratha (Khirbet Samiyéh ouKhirbet el-Audjéh et-Tahtâni), enfin Jéricho et le Jourdain, ce qui laisserait à Manassé une bonne partie de lavallée qui longe le fleuve. Mais nous rappelons que noussommes ici dans les conjectures. — La frontière septentrionaleest simplement marquée par quelques villesimportantes. Il est dit, Jos., xvii, 10, 11, que Manassétouchait à Aser au nord et à Issachar à l’est, et que plusieurscités lui furent accordées dans ces deux tribus.Mais le nombre de ces localités varie suivant les textes: l’hébreu et la Vulgate en comptent six: Bethsan (hébreu: Bêt-Se’dn), aujourd’hui Béïsan, à l’est du djebel Foqû’a; Jéblaam (hébreu: Yble’dm) = Khirbet BeVnméh, ausud de Djénîn; Dor (hébreu: Dô’r) = Tanlurah, surles bords de la Méditerranée, au nord de Césarée; Endor (hébreu: ’Ên-Dôr) = Endor, au nord du djebelDahy; Thénac (hébreu: Ta’ândk) = Ta’annûh, aunord-ouest de Djénîn; Mageddo (hébreu: Megiddô) =El-Ledjdjûn, au nord de Ta*annûk. Les Septante, dansla recension de Lucien, omettent Endor, qui semble, en effet, une addition fautive, et, dans le texte reçu, nementionnent que trois noms, Bethsan, Dor et Mageddo.Ce dernier chiffre répond mieux à l’expression selôSéfhan-nâféf, «les trois districts,» qui termine l’énumération(la Vulgate a inexactement traduit: «la troisièmepartie de la ville de Nopheth» ). Il est donc probableque Bethsan, Dor et Mageddo, avec leurs dépendances, furent seules prises sur le territoire des tribus voisines, et que Jéblaam et Thénac appartenaient dès l’origine àManassé. On peut supposer que ces deux dernières ontété ajoutées d’après Jud., i, 27. La ligne septentrionalepartait ainsi de la pointe sud du Carmel et suivait labordure montagneuse qui domine la plaine d’Esdrelon, dans la direction du sud-est. La ligne méridionale, d’après le tracé que nous venons de donner, aurait renfermédans les limites de la tribu la ville de Sichem, qui cependant, d’autre part, Jos., xxi, 20; I Par., vi, 6667 (hébreu 51-52), est attribuée, comme cité lévitique, àÉphraïm. Pour résoudre cette difficulté, il faut alorsranger Sichem parmi les villes qui furent détachées deManassé pour être cédées à Éphraïm. Jos., xvi, 9.2° Description. — La tribu de Manassé occupaitainsi un territoire largement ouvert sur la Méditerranée, plus ou moins largement selon qu’on le borne au Nahrel-Faleq ou à Vouadi Qanuh. Il comprend donc unegrande partie de la plaine de Saron et la région septentrionaledes monts de Samarie. Il forme au nord unepointe triangulaire resserrée entre la mer et la plained’Esdrelon, et qui va en s’élargissant vers le sud. Il suitdu côté d’Issachar la direction de la montagne et la lignede partage des eaux, renfermant le versant orientaljusqu’à la naissance de la vallée. Les ouadis qui découpentle terrain descendent vers l’ouest et s’allongenlpeu à peu suivant que le faîte montagneux s’éloignevers l’est. Leurs ramifications se réunissent pour formerplusieurs fleuves, qui sont, du nord au sud, le nahrez-Zerqa, le nahr el-Akdar, le nahr Ukanderunéh, lenahr el-Faleq, dont les eaux serpentent entre des riveshérissées de broussailles et de roseaux. De la plainecôtiére, les hauteurs s’élèvent par degrés et atteignentde six à sept cents mètres vers l’est, sans compter quelquespics plus considérables comme l’Hébal et le Garizim; mais, en d’autres endroits, elles ne sont guère que de trois à quatre cents mètres. Cet ensemble est parseméde vallées et de plaines fertiles. Les collines sont parfoiscouvertes de bois de chênes ou de hautes broussailles, et sur leurs pentes, de beaux jardins, bien arrosés, sontremplis de figuiers, de citronniers, de grenadiers, d’oliviers.Le pays a, en somme, les mêmes caractères queCelui d’Éphraïm, et on peut lui appliquer les paroles del’Écriture, Gen., xlix, 22; Deut., xxxiii, 13-16, concernanttes bénédictions promises aux enfants de Joseph.Voir ËPHRA.ÏM 2, t. ii, col. 1874; Saron (Plaine de).II. manassé oriental. — 1° Limites. — Le secondgroupe de la tribu de Manassé occupait la partie septentrionalede la région transjordane, dont Gad etRuben possédaient le centre et le midi. Num.| xxxiv, 14, 15; Deut., xxix, 8; Jos., xii, 6; xiv, 3; xviii, 7. Voirla carte (fig. 193). Son territoire comprenait la terre deGalaad, Num., xxxii, 39, 40; Deut., iii, 15: Jos., xvii, î, ou plus exactement «la moitié de Galaad i>, Jos., xiii, 31, puisque Gad avait l’autre moitié, Deut., iii, 12, puisles contrées de Basan et d’Argob, Deut., iii, 13; Jos., xii, 4; xiii, 11, 30; xvii, 5. Sa limite méridionale, d’aprèsDeut., iii, 16, aurait été le torrent de Jaboc, c’est-à-direle Nahr ez-Zerqa, frontière nord de Gad, mais ailleurs, Jos., xiii, 26, 30, la ligne de démarcation entre les deuxtribus est fixée à Manaïm (hébreu: Mahânaim). L’emplacementde cette localité n’est malheureusem*nt pasconnu d’une manière précise, mais le nom de Mahnéh, au nord du Nahr ez-Zerqa, la rappelle suffisamment.Voir Mahanaïm, col. 571. Cependant Manassé n’allaitpas de ce côté jusqu’au Jourdain, l’Arabah appartenantà la tribu voisine. Voir Gad 4, t. iii, col. 27. Au nord, il s’étendait jusqu’à l’Hermon. Jos., xii, 4; I Par., v, 23.Au nord-ouest, il était borné par les petit* royaumesaraméens de Gessur et de Maacha. Deut., iii, 14; Jos., XII, 4, 5; xiii, 11. Enfin, deux points extrêmes sontmarqués du côté de l’est: Chanath, aujourd’hui El-Qatuiûdt, sur le Djebel Haurân, et Salécha, Salkhad, au sud de la même montagne. Num., xxxii, 42; Jos., xii, 4; xiii, 11. Les principales villes, en dehors de cesdeux dernières, étaient: Astaroth (Tell’Astarâ ou Tellel-As’ari), Édraï (Der’ât), Golan ou Gaulon (Sahem el-Djauldn), Bosra (Bosra). Deut., iv, 43; Jos., xii, 4; xiii, 12, 31; xxi, 27. Il faut y joindre les villes de Jaïr ouHavoth Jaïr. Num., xxxii, 41; Deut., iii, 14; Jos., xiii, 30. Voir Havoth Jaïr, t. iii, col. 457.2° Description. — Le territoire de Manassé oriental, correspondant à celui d’Og, roi de Basan, comprenaitainsi, avec la pointe supérieure des montagnes de Galaadet une bonne partie du Djolân, la grande plaine En-Ntiqratel-Haurân, le Ledjàh et les pentes occidentalesdu Diïébel Haurân, l’ancien pays d’Argob. Chacune deces contrées a son aspect particulier, assez longuementdécrit ailleurs. Voir Argob 2, t. i, col. 950; Auran, t. i, col. 1253; Basan, 1. 1, col. 1486; Galaad 6, t. iii, col. 47; Gaulanitide, c’est-à-dire Gaulon, t. iii, col. 116. Dansson ensemble, cette région, arrosée par les. nombreuxaffluents du Yarmouk ou Schériat el-Menâdiréh, étaitautrefois et est encore en beaucoup d’endroits d’unegrande fertilité. La plaine, formée d’une terre volcaniquerougeâtre, produit en abondance le blé et l’orge.Dans les contrées où le sol pierreux est moins propreà la culture, on trouve d’excellents pâturages. Si lesforêts de chênes, renommées dans les temps anciens, ont presque entièrement disparu, les pentes des montagnesprésentent encore certains massifs d’arbres. LeLedjah, qui n’est qu’une immeDse coulée de lave, offrel’aspect le plus singulier avec ses roches basaltiquesnoires, ses innombrables crevasses qui se coupent danstoutes les directions et forment un vrai labyrinthe deravins et de précipices. Enfin les ruines que l’on rencontreen plusieurs localités montrent l’étendue et l’importancedes antiques cités, les richesses architecturalesqu’elles renfermèrent à certaines époques. Le pays contient, au point de vue archéologique, des curiosités quel’on est étonné de trouver dans un pareil désert. VoirBosra 2, 1. 1, col. 1860; Canath, t. ii, col. 121; Édraï 1, t. ii, col. 1589.IL Histoire. — 1° De la sortie d’Egypte à la conquêtede Chanaan. — Au sortir de l’Egypte, la tribude Manassé était numériquement la plus petite de toutes.Au premier recensem*nt, fait an désert du Sinaï, ellene comptait que 32 200 hommes en état de porter lesarmes, alors qu’Éphraïm en avait 40500, et Benjamin, 35400. Num., 1, 32-37. Elle marchait avec ces dernières, comme elle issues de Rachef, et toutes trois formaientun corps d’armée de 108100 guerriers, qui campaientà l’ouest du tabernacle. Num., H, 18, 20, 24. Elle avaitpour chef Gamaliel, fils de Phadassur, Num., i, 10; ii, 20, qui, au nom de ses frères, fit au sanctuaire lesmêmes offrandes que les autres princes. Num., vil, 5459. Son représentant parmi les explorateurs de la TerrePromise fut Gaddi, fils de Susi. Num., xiii, 12. Au seconddénombrement, le chiffre de ses guerriers montaitde 32200 à 52700, avec une augmentation de 20 500, alors qu’Éphraïm subissait une perte de 8000 hommes.Num., xxvi, 28-37. Un de ses chefs, Hanniel, filsd’Ephod, était parmi les commissaires chargés du partagede la terre de Chanaan. Num., xxxiv, 23.2° Familles. — Les différentes familles qui composaientla tribu de Manassé sont énumérées en plusieursendroits de l’Écriture. Num., xxvi, 29-34; Jos., "xvii, 1-3; I Par., ii, 21-23; vil, 14-19. Ces généalogies présententcertaines [divergences, que le tableau ci-contre, col. 649-650, fera mieux saisir.La différence entre Num., xxvi, 29-34, et Jos., xvii, 1-3, n’est qu’apparente. Dans ce dernier passage, Machirest représenté comme le frère aîné d’Abiézer et desautres, qui, dans le premier, sont ses petit*-fils. En réalité, et d’après le contexte, ꝟ. 1, 3, il est, ici aussi bienque là, désigné comme fils de Manassé et père de Galaad; la contusion porte sur l’expression «au reste desenfants de Manassé», qui doit s’entendre, ainsi qu’enbeaucoup d’endroits de l’Écriture, des petit*-enfants oudescendants et non pas des fils immédiats. Au ꝟ. 3, d’ailleurs, Hépher est dit «fils de Galaad, fils de Machir». À remarquer aussi queJézer, Num., xxvi, 30, est une corruption de Abiézer, Jos., xvii, 2. Le premierlivre des Paralipomènes, ii, 21-23, nous apprend queMachir eut une fille, qui épousa Hesron, de la famillede Juda. De cette union naquit Ségub, père de Jaïr» Nous avons ainsi la généalogie complète du valeureuxguerrier qui donna son nom à un groupe de cités conquisesdans la terre de Galaad. Voir Havoth Jaïr, t. iii, col 457. Le passage le plus difficile à expliquer est celuide I Par., vii, 14-19. Le document, de l’aveu de tous lescritiques, est très ancien, mais le texte a des mutilationset des lacunes qui ne permettent qu’une restitutionconjecturale: ꝟ. 14. «Fils de Manassé: Esriel, quelui enfanta…; sa concubine araméenne enfanta Machir, père de Galaad. ꝟ. 15. Or, Machir prit pour épouse [lasœur] de Hapham et de Sépham, et le nom de leursœur était Maacha; fsa concubine (?) enfanta Galaad, etGalaad eut des fils: le nom du premier était Sémida, et] le nom du second [était Hépher; et le fils d’Hépherétait] Salphaad, qui eut des filles. — ꝟ. 16. Et Maacha, épouse de Machir, enfanta un fils qu’elle appela Phares; celui-ci eut aussi un frère nommé Sarés, dont les filsfurent Ulam et Recen. — ꝟ. 17. Ulam fut père de Badan.Tels sont les fils de Galaad, fils de Machir, fils de Manassé.— ꝟ. 18. Et la sœur de Maacha, Méléketh (Vulgate: Regina), enfanta’IShôd (Vulgate: Virum décorum, «Belhomme» ) et Abiézer et Mohola. — t. 19.Or, les fils de Sémida furent Ahin, Séchem, Léci(Hélec?) et Aniam.» Esriel, d’après ꝟ. 14, ne serait pasné de la même mère que Machir; mais il n’est mêmepas sur qu’on doive lire ici ce nom, qui ne serait qu’une 649

    1. MANASSÉ##

MANASSÉ (TRIBU DE)TABLEAU GÉNÉALOGIQUE DE LA TRIBU DE MANASSÉ650Num., xxvi, 29-34Jé(JézéJos., xvii, 1-3: I Par., ii, 21-23: I Par., vii, 14-19: Manassé1Machir(Machirites)jGalaad(Galaadites)11 1 1zer Hélec Asrielrites) (Hélécites) (Asriélites)1 1 iSéchem Sémida Hépher(Séchémites) (Sémidaïtes) (Héphérites)Salphaad1 1 -’1 ""]Maala Noa Hégla Melcha ThersaManassé! ! ! 1Machir Abiézer Hélec1GalaadManasséMachir11 1 1 1Esriel Séchem Hépher Sémida11 1 i 1! Maala Noa Hégla Melcha ThersaJuda11 1 1! fHer Onan Sela Phares Zara, 1III 1, Galaad fille qui épousa Hesron HamulSégubJaïr( «qui posséda 23 cités dans la terre de Galaad» )Manassé11 1d’une épouse inconnue d’une concubine araméenne1 11EsrielMachir1de Maacha11 "’1de Méléketh de?’- 11 1[Phares Sarès11’iUlam Reren1Badan! 1 1 1shôd Abiézer Mohola Galaad1Sémida11HépherSalphaad5 fillesi i i iAhin Séchem Léci Aniam(Hélec î)anticipation fautive des mots suivants (’airî’êl’âsér yâldâh).Voir Machir 1, col. 507. Dans le dernier tableau, nous retrouvons exactement tous les descendants de Manassécompris dans les deux premiers (noms en italiques).Mais les degrés de filiation ne sont plus les mêmes: Abiézer ou Jézer, au lieu d’être ftls de Galaad, est sonfrère, d’une autre mère; Séchem et Hélec sont les petit*-filsde Galaad. Esriel, en supposant que l’on doivegarder son nom, serait le frère aine de Machir, et cependantcelui-ci est appelé «le premier-né de Manassé».Jos., xvii, 1. Il est permis de croire que la généalogiede I Par., vii, 14-19, reproduit la descendance naturelledes enfants de Manassé, tandis que celles de Num., xxvi, 29-34; Jos., xvii, 1-3, représentent les affinités de familleset les dépendances politiques, dans lesquelles lesdistinctions sont moins nettement marquées. On peutsupposer ainsi qu’à un certain moment de l’histoire, ledroit de primogéniture fut transporté d’Esriel à Machir.Il faut aussi tenir compte de la différence des sourcesauxquelles sont empruntées ces généalogies. — Quellesfamilles s’établirent a l’ouest du Jourdain, et quellesfurent celles qui restèrent à l’est? Il serait difficile de ledire d’une manière positive.3° De la conquête de Chanaan à Veoivl. — Une foisinstallé à l’occident du Jourdain, Manassé ne détruisitpoint les Chananéens de Bethsan, de Thanac, de Dor, 651

    1. MANASSÉ##

MANASSÉ (TRIBU DE) — MANASSÉ (PRIÈRE DE)G52de Jéblaam et de Mageddo, qui devinrent seulementtributaires. Jud., i, 27, 28. — Gédéon, qui était de la tribu, l’appela aux armes contre les Madianites et les Amalécites.Jud., vi, 15, 35. — Les lévites obtinrent des villesdans les deux territoires: â l’ouest Thanac et Balaamou Jéblaam, Jos., xxi, 25; I Par., vi, 70 (hébreu, 55), (Gethremmon, Jos., xxi, 25, et Aner, I Par., vi, 70, sontprobablement des fautes de copistes); à l’est, Gaulon etBosra, Jos., xxi, 27, ou Gaulon et Astaroth selon I Par., vi, 71. — Après avoir aidé leurs frères à prendre possessionde la terre de Chanaan, les Mânasséens orientauxrevinrent, avec Gad et Ruben, dans le territoire qu’ilsavaient conquis. Jos., xxii, 1-9. Quant à l’autel élevésur les bords du Jourdain, Jos., xxii, 10-34, voir Gad 4, Histoire, t. iii, col. 30. Ils fournirent des troupes àJephté contre les Ammonites. Jud., XI, 29. — La tribu toutentière prêta aussi un bon appui à David, I Par., xii, 19-21, et parmi les guerriers qui prirent part à sonélection poyale, on en comptait 18000 du groupe occidental.I Par., xii, 31. On ne dit pas quel fut le contingentdu groupe oriental dans les 120000 hommes quivinrent d’au delà du Jourdain. I Par., xii, 87. Pourl’administration civile et religieuse, David leur préposades lévites et des officiers. I Par., xxvi, 32; xxvii, 2021. — Salomon, de son côté, établit Bengaber commepréfet ou intendant sur le pays d’Argob et de Basan.III fieg., iv, 13. — Manassé occidental, comme les autrestribus séparées de Juda, tomba dans l’idolâtrie. Cependantun certain nombre de ses membres se montrèrentfidèles au vrai Dieu à l’époque d’Asa, d’Ézéchias et deJosias. II Par., xv, 9; xxx, 1, 10, 11, 18; xxxi, 1; xxxiv, 6, 9. — La demi-tribu orientale abandonna également leDieu de ses pères; aussi, après avoir, vers la fin durègne de Jéhu, succombé sous une invasion victorieused’Hazaël, roi de Syrie, IV Reg., x, 33, elle fut emmenéeen captivité par les Assyriens. I Par., v, 26. — Dans lenouveau partage de la Terre-Sainte, d’après Ézéchiel, xlviii, 4-5, Manassé est placé au nord, entre Nephthaliet Éphraïm. — Enfin saint Jean, Apoc, vii, 6, le citeentre Nephthali et Siméon.III. Caractère et importance. — Manassé, commeon le voit, n’eut pas l’importance politique d’Éphraïm, et en cela se trouvent réalisées la bénédiction et laprédiction de Jacob. Gen., xlviii, 14, 19, 20. La valeurguerrière de cette tribu ressort cependant del’histoire de la conquête, où nous la voyons s’emparerde contrées difficiles à aborder, bien défendues par lanature et l’art humain. C’est pour cela sans doutequ’elle fut placée, d’un côté aux avant-postes de larégion transjordane, pour défendre l’accès du pays, de l’autre à l’entrée des monts de Samarie, pour garderles voies qui, du nord, de la plaine d’Esdrelon, conduisentau cœur de la Palestine, à Sichem ou à Jérusalem.Aussi possédait-elle, de ce dernier côté, des villesd’une importance capitale, comme le montre l’histoire: Dor, sur la route maritime, Mageddo, Thanac et Jéblaam, premiers forts avancés sur la ligne des montagnes, Bethsan, sur la route du Jourdain. Sa valeur guerrièreest en quelque sorte incarnée dans Machir, Jaïr et Gédéon.Elle contraste singulièrement avec l’indifférenceet la jouissance égoïste de la tribu voisine, Issachar. VoirIssachar, iii, Caractère, t. iii, col. 1010. Si Manasséoccupa une position stratégique remarquable il ne futpas moins favorisé pour l’étendue et la richesse du territoirequi lui fut concédé et le mettait, avec Juda, aupremier rang des tribus d’Israël. Aussi Dieu, dans uneparole de triomphe, l’associe-t-il à Éphraïm, qui est «la force de sa tête» et à Juda, son «sceptre». Ps.lix (hébreu, lx), 9; cvn (cviii), 9.

A. Legendre.

8. MANASSÉ (PRIÈRE DE), écrit apocryphe. — Onlit au second livre des Paralipoménes, xxxiii, 13, queManassé, converti par la tribulation, s pria Dieu et fut

exaucé.» Plus loin le texte ajoute, ꝟ. 18-19: <t Le restedes actions de Manassé et sa prière à Dieu et les parolesque les voyants lui adressèrent au nom de Jéhovah, Dieu d’Israël, tout cela se trouve dans les Annales desrois d’Israël. Et sa prière, et la miséricorde qui lui futfaite, et son péché, et son apostasie, et les endroits où ilbâtit des hauts-lieux, dressa des aschéras et érigea desstatues, tout cela est écrit dans les Paroles d’Hozaï» ( «des voyants», tûv ap(àvT(uv, d’après les Septante, VoirHozaï, t. iii, col. 167). Au moment où écrivait l’auteurdes Paralipoménes, la prière de Manassé existait doncdans les Annales des rois d’Israël et dans les Parolesd’Hozaï. Or, un certain nombre de manuscrits grecs etlatins contiennent une prière de Manassé et l’on se demandenaturellement si c’est la traduction de celle dontparle l’hagiographe. Malgré Fùrst, Ewald et Bail, cettehypothèse ne peut être admise. Rien, dans la prière, ne trahit un original hébreu ni la main d’un traducteur.Le style est coulant et libre, et la phrase paraît troplongue et trop cadencée pour être une traduction. Sil’on y remarque quelques hébraïsmes de pensée plutôtque d’expression, c’est le cas pour toutes les productionslittéraires des Juifs hellénistes. Il faut en conclureavec Fritzsche, Berthold, Bissell, Zôckler, Ryssel etSchùrer, que cette petite composition a été primitivementrédigée en grec et n’a donc rien de commun avecla prière des Annales des rois d’Israël ou des Parolesd’Hozaï à laquelle se réfère l’auteur des Paralipoménes.

1° Analyse et doctrine. — La prière débute par uneinvocation au Dieu des patriarches, au Dieu tout-puissant, au Dieu plein de miséricorde, 1-7: «Vous donc, Seigneur, Dieu des justes, vous n’avez pas établi la pénitencepour les justes, pour Abraham, Isaac et Jacob, qui n’ont pas péché contre vous, mais vous l’avez établiepour moi, pour le pécheur.» 8. Suit une humble confessiondes crimes passés et une instante demande de pardon, 9-13: «Puisque vous êtes, Seigneur, le Dieu deceux qui se repentent, donnez en ma personne unexemple de votre bonté.» La fin est une protestationd’éternelle reconnaissance, 14-15. Cette pièce n’est pasun pastiche, ni une mosaïque de phrases empruntées, comme tant d’autres compositions de ce genre; un véritablesouffle de piété l’anime. L’idée principale, savoirque Dieu est le Dieu des pécheurs aussi bien que desjustes et qu’il se laisse fléchir par le repentir sincère, idée suggérée d’ailleurs dans le récit des Paralipoménes, est exprimée avec une force inusitée. Il y a un courantd’idées semblables au Livre de la Sagesse, xii, 2, 10, 19, etc. On peut supposer que les deux compositionsappartiennent à la même époque et au même milieu. Laconversion de Manassé embarrassait le judaïsme plusrécent. On disait que la grande Synagogue avait damnéManassé malgré son repentir. Cf. Weber, Jùdische Théologie, Leipzig, 2e édit., 1897, p. 141, 326.

2° La prière deManassé et la tradition. — Les Constitutionsapostoliques, II, 22, t. i, col. 641-649, racontentassez longuement la pénitence de Manassé et rapportentin extenso sa prière apocryphe. Quelques détails decette histoire ont été sûrement empruntés aux légendesjuives. Dans sa prison, Manassé, lié et chargé de fers(wctt<naiàTpa>iivoi), n’avait pour nourriture que dupain de son et pour boisson que de l’eau mêlée de vinaigre, en très petite quantité. C’est alors que son cœur futtouché et qu’il adressa à Dieu sa prière. Dès qu’il eutachevé, une flamme ardente l’entoura et fondit seschaînes de fer. S’il est impossible d’admettre, avec Fabriciuset Nestlé, que la prière soit l’œuvre de l’auteurdes Constitutions apostoliques ou de son devancier, l’auteurde la Didascalia, et qu’elle soit passée de là dansles manuscrits grecs, on doit convenir que toute oupresque toute la tradition postérieure se fonde sur lerécit des Constitutions et dépend absolument d’elles.On s’en aperçoit aux expressions identiques et aux G53

    1. MANASSÊ##

MANASSÊ (PRIÈRE DE) — MANDRAGORE

654

mêmes détails controuvés. La circonstance des liensfondus ou brisés à la suite de la prière remonte à Julesl’Africain (d’après saint Jean Damascène, Sacra Parallela, t. xcv, col. 4436). Voir dans Migne, Patr. Gr., 1. 1, col. 646-648, les notes de Gotelier sur les écrivainsecclésiastiques, qui citent la prière de Manassé ou fontallusion aux circonstances qui l’accompagnèrent. Unelégende judaïque voulait que Manassé eût été enfermédans un cheval ou un mulet d’airain, sous lequel onaurait mis le feu. C’est là que le roi pénitent auraitprononcé sa prière à la suite de laquelle la statue seserait fondue, le laissant en liberté. L’Apocalypsegrecque de Baruch raconte cette légende, qui ne mériteraitpas d’être rapportée si quelques Pères ou écrivainsecclésiastiques ne l’avaient connue. Apoc, deBaruch, 64, dans Kautzsch, Apokryphen und Pseudepigr., 1900, t.-n, p. 436-437.

3° Manuscrit* et éditions. — Le texte grec de la prièrede Manassé se trouve dans un certain nombre de manuscritsdes Septante, parmi les cantiques qui assez fréquemmentaccompagnent le Psautier. Elle occupe leneuvième rang, après les deux cantiques de Moïse, Exod., xv, Deut., xxxii, la prière d’Anne, mère de Samuel, I Reg., ii, le cantique d’Isaïe, v, 1-9, sa prière, xxvi, 9-20, celles de Jonas, ii, 3-10, d’Habacuc, iii, 2-19, d’Ézéchias, Is., xxxyin, 10-20, et avant la prière d’Azarias, Dan., iii, 26-45, celle des trois jeunes gens dans la fournaise, Dan., iii, 52-88, le Magnificat, le Nunc diniitlis, le Benedictus et le Gloria. Swete l’a éditée d’après leCodex Alexandrinus avec les variantes du Psautier deZurich, The Old Test, in Greek, 2e édit., Cambridge,

1899, p. 12-14. — La version latine, non revue par saintJérôme, se trouve également dans plusieurs manuscritsde la Vulgate. Robert Estienne l’avait insérée dans sonédition de 1540. Elle est imprimée encore dans nosBibles actuelles à la fin et en dehors des livres canoniques, avec le IIIe et le IVe livre d’Esdras, ne prarsusinierirent. Sabatier l’avait publiée d’après trois manuscritsdans ses Biblior. sacror. Latin, vers, antiq., t. iii, p. 1038-1039, La traduction éthiopienne des Constitutionsapostoliques parue à Londres en 1834, la traductionarabe inédite du même ouvrage et la DidascaliaApostolorum syriaque publiée à Londres, en 1903, traduitepar M m «Gibson, ibid., et par Achelis et Fleming, Leipzig, 1904, dans Texte und Untersuchtingen, nouv.série, t. x, 2, la contiennent aussi. Enfin il existe unetraduction en hébreu faite sur le grec.

4° Commentaires. — Fritzsche, Exeget. Handbuch luden Apocryphen, Leipzig, 1851; Bail, Apocrypha, dansle Speaker’s Commentary, Londres, 1888; Kautzsch, DieApokryphen undPseudepigraphen des A. T^Tubingue,

1900, 1. 1, p. 165-171 (introduction, traduction allemanded’après le texte de Swete et notes critiques développées, par Ryssel). F. Prat.

    1. MANDRAGORE##

MANDRAGORE (hébreu: dûda’îm; Septante: [j.avSp «Y<Spaç, ii, îjXa ii, av8paY<Spou > Vulgate: mandragora), plante et fruit communs en Palestine.

I. Description. — La mandragore était rangée parLinné dans le même genre que la Belladone, sous lenom de Atropa Mandragora. Mais, comme l’avait déjàreconnu Tournefort, elle mérite de former une divisiongénérique à part, dans la famille des solanées, caractériséepar son énorme souche souterraine, qui se termineen racine pivotante simple ou plus souvent fourchue.Le collet ne s’allonge pas en tige aérienne, maisil produit directement une rosette de grandes feuillesétalées, à limbe oblong-lancéolé, atténué en pétiole épais.Plus tard, du centre de la rosette sortent de longs pédonculesterminés chacun par une fleur. Le calicedevient accrescent après l’anthèse, et sert à protéger lefruit devenu une baie volumineuse et polysperme. Lacorolle marcescente est régulière, campanulée-plissée, à

5 lobes profonds, les ctamines à filets barbus à la base.Dans la véritable mandragore, Mandragora officmarum, (fig. 194), la fleur blanc verdâtre s’épanouit au printemps

19-ï. — Mandragore. Plante, fleur et fruit.

et produit une baie jaune dépassant beaucoup J’enveloppedu calice. C’est la forme qu’on trouve dans lesjardins, et qui se maintient dans les cultures abandonnées.Mais le vrai type sauvage semble être la Mandrargora autumnalis de Sprengel, dont la souche est moinsgrosse, les feuilles plus réduites, les pédoncules fioranxplus allongés, la baie roussâtre dépassant à peine lecalice, la corolle violacée et la floraison automnale.

F. Hy.

II. Exégèse. — On a souvent discuté sur le sens àdonner à ces dûda’îm qui sont mentionnés en deuxendroits de la Bible, Gen., xxx, 14-16, et Gant., vil, 14.Dans le premier passage on raconte que Rnben, alorsâgé d’environ cinq ans, étant sorti dans les champs autemps de la moisson des blés, trouva des dûda’îm, qu’il rapporta à Lia sa mère. Rachel les ayant vos, voolutles avoir; Lia y consentit à condition que Jacebdemeurerait avec elle la nuit suivante. Dans le secondpassage, l’épouse du Cantique, vil, 14, fait cette invitation:

Sortons dans les champs

Nous verrons si la vigne bourgeonne,

Si les bourgeons se sont ouverts,

Si les grenadiers sont en fleur;

Les mandragores font sentir leur odeur,

Et nous avons à nos portes les meilleurs fraits.

Quelques auteurs ont traduit dûda’im par violettes, d’autres par lis, jasmin, ou citron ou même bouquet defleurs agréables, mais en général on rend ce mot parmandragore. C’est la traduction des anciennes versions: des Septante, (iavSpaY<Jpa?, et ii, ï|Xa (jiovSpaYÔpau; de laVulgate, mandragora; du Targum d’Onkelos et du sy-’riaque qui, traduisant par le mot jmna>, ydbrufyin, ]L*» 0*_^_t, yabrulfo’, entendent la mandragore (cf.Payne Smith, Thésaurus syriacus, in-f», Oxford, 1879, t. i, col. 1542-1543). Du reste en arabe le mot yabruh, _ «_*}, est certainement la mandragore: Ibn-El-Beïthar, Traité des simples, dans Notices et extraits desmanuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxvi, part. i, Paris, 1883, p. 419. On peut donc dire que l’unanimitédes anciennes versions donne aux dûda’îm le sens demandragore. C’est également la pensée de Josèphe, Ant. jud., i, xix, 8, de saint Jérôme, Liber hebraicarumquxst. in Gen., t. xxiii, col. 983, et de nombreux exégètesmodernes. Cependant Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 7, critique eette kfenti

flcation, et la repousse parce que, prétend-il, les dûda’îmde Cant., vii, 14, répandent un parfum suave, agréable, tandis que la mandragore n’a pas une bonneodeur. Mais le Cantique ne parle pas d’une suave odeur, il dit seulement que la mandragore répand son odeur.C’est le temps de l’année, remarque-t-il, «où la vignebourgeonne, où les grenadiers sont en fleur, et où lamandragore répand son odeur,» faisant allusion sansdoute à son odeur forte. Pline, H. N., xxv, 74, signale, en effet, l’odeur forte du suc de la mandragore, ajoutant que celle de la racine et du fruit est encoreplus forte. «Sa violence étourdit ceux qui n’y sont pashabitués.» D’ailleurs cette odeur désagréable, pour desEuropéens, plaît aux Orientaux. C’est bien au temps dela moisson des blés, en mai, que le fruit de la mandragorerépand son odeur. Celsius fait aussi observer queles propriétés prolifiques qu’on prête à la mandragoren’ont aucune réalité. Assurément; mais il ne s’agit pasde savoir si de fait la mandragore ne les possède pas, mais si dans les croyances populaires on les lui attribuait: or c’est ce qu’on ne peut nier. La racine de ce motest iii, d&d, «aimer;» et les fruits sont appelés pommesd’amour. Les anciens et encore aujourd’hui les Arabesregardent cette plante, dont on vend les racines sur lesmarchés d’Orient, après leur avoir donné une grossièreforme humaine, comme un moyen propre à procurer lafécondité: et c’était là l’objet des vœux de Rachel. Maisle texte fait entendre que Lia, qui a cédé à Rachel lesmandragores, a par la protection divine deux fils et unefille, tandis que durant ce temps Rachel reste stérile.Ce n’est que plus tard qu’elle est, elle aussi, exaucée etobtint de Dieu un fils qui fut Joseph. D’où vient cettecroyance populaire? Il est difficile de le dire. Serait-ellenée de ce que la racine prend souvent des formes singulières, rappelant plus ou moins le corps de l’homme?C’est ce qui faisait appeler cette plante par Pythagoreôv8pa^r(iji.opçov et par Columelle, x, 19, seniihonio. Entout cas cette opinion était très répandue dans l’antiquité.Dioscoride, iv, 76; Théophraste, Hist. plant., ix, 9. Rien ne s’oppose donc à ce que Rachel, qui croyait àla vertu des theraphim, ait cru aussi à cette propriété, quoique le fait ne soit pas établi. Voir J. D. Michælis, Supplementa ad lexica hebrmca, in-8°, Gœtlingue, 1792, p. 410-414; R. Lowth, De sacra poesi Hebrceorum prœlectiones, notas adjecit 1. D. Michælis, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xxxi, col. 518; H. B. Tristram, The natural history of the Bible, 8e édit., in-12, Londres, 1889, p. 466-468; Vigouroux, Les LivresSaints et la critique rationaliste, 5e édit., t. IV, p. 336-349.

E. Levesque.

MANÉ, THÉCEL, PHARES, mots prophétiquesécrits sur la muraille de la salle de festin de Baltassar.Dan., v, 25-28. Voir Baltassar 2, t, i, col. 1421-1422.

    1. MANÉH##

MANÉH, poids. Voir Mine.

    1. MANGOUSTE##

MANGOUSTE, carnassier de la famille des viverridés.A ce genre appartiennent l’ichneumon, voir Ichneu195. — Mangouste.

mon, t. iii, col. 803, et le paradoxure, dont la queue peutse rouler en spirale. La civette d’Afrique, viverra civetta

ou chat musqué, et la civette de l’Inde, viverra zibetha, animaux analogues aux précédents, n’ont pu être connusqu’exceptionnellement des Hébreux. Par contre, lagenette, viverra genetta, de la taille du chat, avec uncorps plus allongé et des jambes plus courtes, existeencore en Palestine (fig. 195). Cf. Tristram, The naturalhistory of the Bible, Londres, 1889, p. 151. Les animauxde cette famille étaient vraisemblablement compris sousle nom de hôléd et ne pouvaient servir de nourriture.

Lev., xi, 29.

H. Lesêtre.

    1. MANHU##

MANHU, mots hébreux, Nin ]o, mân hû’, «quoicela, qu’est cela?» conservés dans la Vulgate, parcequ’ils furent prononcés par les Hébreux la première foisqu’ils virent la terre couverte de manne dans le désertdu Sinaï et que c’est de là que vint son nom. Exod., xvi, 15. La forme ordinaire du pronom «quoi» en hébreuest no, mdh, non mân, mais la forme mân s’est conservéeen chaldéen et en éthiopien et est aussi par conséquentsémitique. L’explication: Quod significat: Quidest hoc? «ce qui signifie: Qu’est-ce que cela?» est uneaddition de la Vulgate (Septante: Tï lazi toOto; ). Cetteinterprétation est la seule naturelle et la seule admissible, quoique plusieurs modernes, à la suite de Kimchi, traduisent mân par «portion, don». Gesenius, Thésaurus, p. 799.

    1. MANILIUS##

MANILIUS (grec: Màvm; ou Mâvî.io; ), légat romainqui écrivit aux Juifs avec Q. Memmius une lettre datéede l’an 165-164 avant J.-C., pour leur confirmer lesprivilèges accordés par Lysias. II Mach., XI, 34-38. LesSeptante et la Vulgate lui donnent le prénom de Titus.Ce personnage et son collègue sont inconnus des écrivainsprofanes. On a identifié le légat dont il est iciquestion avec Manius Sergius qui fut envoyé en SyrieavecC. Sulpicius en 163 avant J.-C, vers Antiochus IVÉpiphane, . Polybe, XXXI, ix, 6. Dans ce cas, il faudraitadopter la leçon Mâvio; de l’Aleccandrinus, da Venetuset de la version syriaque. Mais c’est une conjecture peuvraisemblable. Les dates ne coïncident pas. Un des consulsde l’an 165 s’appelait T. Manlius Torquatus, maisil ne pouvait être alors en Syrie. Il vaut donc mieuxdire qu’on ne sait rien sur le Manilius de la Bible, cequi n’a rien d’étonnant étant donné le nombre de légatsque Rome envoyait dans toutes les régions et dont onignore même le nom. E. Beurlier.

    1. MANNE##

MANNE (hébreu: mân; Septante: n<xv, [uxvva; Vulgate: nian manna), nourriture miraculeuse que le Seigneurdonna aux Israélites dans le désert.

I. Promesse de la manne. — Les Israélites venaientd’arriver dans le désert de Sin, six semaines seulementaprès leur sortie d’Egypte, quand ils se plaignirent don’avoir plus la viande et le pain à satiété, comme dansce dernier pays. Le Seigneur promit alors de «faire pleuvoir» le pain du ciel, mais un pain, le’hém, c’est-à-direune nourriture qu’il faudrait chercher hors du camp, qu’on ramasserait au jour le jour et dont on prendraitdouble portion la veille du sabbat. Moïse et Aaron transmirentla nouvelle à tout le peuple en la précisant: lesoir même, la viande désirée serait accordée, et le lendemainmatin, on aurait le pain à satiété. Exod., xvi, 212. En accordant ce que con peuple demandait, le Seigneurdéclara qu’il voulait tenter son peuple, c’est-à-direvoir s’il obéirait ponctuellement à sa prescriptionsur la manière de recueillir la manne, Deut., viii, 16, et ensuite qu’il entendait faire éclater sa gloire, par conséquentaccomplir un acte en dehors du cours ordinairedes choses et imputable à sa seule puissance.

II. Apparition de la manne. — 1° Le soir même, lescailles tombèrent en abondance dans le camp. Mais cen’était là qu’un don transitoire, que Dieu accordaitpour témoigner de sa bonté et de sa puissance, mais dont

les Hébreux allaient être mis en mesure de pouvoir sepasser. Exod., xvi, 13. Aussi lorsque, quelques mois après, ils en réclamèrent de nouveau, le Seigneur en accordaencore, mais punit sévèrement l’indiscrète exigence deson peuple. Num., xi, 31, 32. Voir Caille, t. ii, col. 33.Un autre aliment devait en effet constituer la nourriturehabituelle de l’immense caravane. — 2° Le lendemainmatin, la rosée couvrait le sol tout autour du camp, et, quand elle se fut évaporée, on vit à terre une coucheécailleuse ayant l’aspect de la gelée blanche. Les Israélitess’écrièrent: mân hxC, zl è<rri toOto, quid est hoc, «qu’est ceci?» Moïse leur dit: «C’est le pain que Jéhovahvous donne pour nourriture.» Exod., xvi, 14-16.Le mot mân est employé ici comme interrogatif au lieude mâh, qui est le terme ordinairement usité en hébreu.En araméen,» iâ» _veut dire «qui?» I Esd., v, 3, 9; Dan., m, 15, et même «quoi?» I Esd., v, 4. De ce qu’elle n’apparaîtqu’une fois en hébreu, il ne suit nullement que cetteforme d’interrogation soit étrangère à cette dernière lan.gue. Ce mot mân, qui avait exprimé leur étonnement, devint pour les Hébreux le nom de la chose nouvelle pourlaquelle ils n’avaient pas encore de terme. Exod., xvi, 31.Si le nom de mann es-sama, «don du ciel,» que lesArabes donnent à l’exsudation du tamaris, avait été déjàen usage alors dans la péninsule Sinaïtique, il aurait puêtre aussi emprunté par les Hébreux pour désigner unesubstance analogue, bien que très différente à beaucoupd’égards. Rien pourtant ne prouve que cette expressionremonte à une si haute époque, et elle doit vraisemblablementson origine à l’histoire de l’exode. Quant aumot mennu, par lequel les anciens Égyptiens désignaientcette même manne naturelle, cf. Ebers, Durch Gosenzum Sinai, Leipzig, 1881, p. 226, il a pu être connudes Hébreux; mais il n’est guère probable qu’ils aientsongé alors à s’en servir pour nommer une substancequ’ils voyaient pour la première fois.

III. Nature de la. manne. — 1° À première vue, la mannesemblait être quelque chose de niehuspds, pareil à depetites écailles, et ayant la forme de gelée blanche. Exod., xvi, 14. À l’usage, la manne parut semblable à la grainede coriandre. Cette graine a environ cinq millimètresde diamètre et est d’un brun clair. La coriandre abondedans le pays où étaient les Hébreux. Voir Coriandre, t. ii, col. 973. La comparaison ne porte que sur la grosseurdes grains de la manne. La forme écailleuse seretrouve dans les côtes saillantes que présente le fruitde la coriandre. La manne était blanche, justifiant ainsisa ressemblance avec la gelée. Exod., xvi, 31. Elle avaitaussi l’apparence, ’en, elSoç, du bdellium. Num., xi, 7. Lebdellium est une gomme aromatique, de couleur rougeou plus claire, mais transparente et assei semblable àde la cire. Voir Bdellium, 1. 1, col. 1527. La comparaisonporte ici sur la transparence et la consistance. — 2° Lamanne avait le goût de gâteau, sapîhip, â-fxpi’ç, simila, au miel. Exod., xvi, 31. Elle avait aussi celui de gâteauxà l’huile. Num., xi, 8. Le livre de la Sagesse, xvi, 20-27, appelle la manne «nourriture des anges» et «pain venudu ciel», ce qui marque bien son origine. Il ajoutequ’elle avait en elle tous les goûts agréables, qu’elles’accommodait au désir de chacun et, qu"ayant l’apparencede la glace, elle fondait au soleil tandis que le feu, la cuisait et en faisait un aliment pour l’homme. Il n’estpas nécessaire de prendre à la lettre tous les traits decette description. Cette accommodation aux goûts dechacun peut signifier simplement que la manne constituaitun aliment assez agréable et assez complet pourtenir lieu de tout autre. «Ceux qui en mangeaientn’avaient pas besoin d’autre nourriture.» Josèphe, Ant.jud., III, i, 6. Pendant quarante ans, la manne constituala nourriture sinon exclusive, du moins principale desHébreux au désert. La chair de leurs troupeaux entraitpour quelque chose dans leur alimentation. Il en estquestion à propos des sacrifices, Lev., vi, 9; vii, 15-20,

à propos des animaux purs, Lev., xi, 2-4, des endroitsoù devaient se faire les immolations. Lev., xvii, 3-16, etc.Mais cette nourriture animale était si rare pour le commundes Israélites, qu’ils se plaignirent par deux fois den’avoir pas de viande à manger, Exod., xvi, 3; Num., xi, 4, et prétendirent ne voir partout que de la manne. Num., xi, 6. Ils avaient pourtant de la farine, Lev., viii, 2, 26, 31; ix, 4; xxiv, 5; Num., vii, 13, 25, 31; Jos., i, 11, le laitde leurs troupeaux, des aliments achetés aux peupladesdu désert, Deut., Ii, 6, 18; etc. Les produits naturels dusol devaient aussi être plus nombreux à une époque oùla rosée tombait tous les jours, Exod., xvi, 13, Num., xi, 9, et où la culture n’était pas systématiquement délaissée, comme elle l’est depuis la conquête musulmane. En fait, la manne fut la principale nourriture des Hébreux pendantquarante ans, jusqu’à ce qu’après le passage duJourdain ils trouvassent en Chanaan l’équivalent de l’alimentdu désert, le blé et les autres produits du pays.Jos., v, 12. — 3° La manne pouvait probablement semanger à l’état naturel. Josèphe, Ant. jud., III, i, 6, lesuppose, et le récit de l’Exode, xvi, 11-23, tout en mentionnantla cuisson de la manne, ne présente pas cetteopération comme nécessaire pour rendre la mannecomestible. Néanmoins on pouvait lui faire subir différentespréparations qui servaient au moins à la rendreplus agréable. On la broyait avec des meules, commedu blé, on la pilait dans des mortiers, on la faisait cuiredans des vases et on en fabriquait des gâteaux. Num., xi, 8. On pouvait donc prendre cet aliment sous desformes variées et ajouter à sa saveur naturelle celle quirésultait d’une industrieuse préparation. Aussi, après lesdeux mécontentements de la première année, on ne voitpas que les Hébreux se soient plaints de la manne. Lesouvenir reconnaissant en resta au contraire jusque dansdes générations très éloignées. Ps. lxxviii (lxxvii), 24, 25; II Esd., ix, 21; Joa., vi, 31.

IV. Caractères surnaturels de la manne. — Dansce que la Sainte Écriture raconte de la manne, on remarqueles traits suivants qui la caractérisent comme undon extraordinaire et miraculeux. 1° Moïse annonce àl’avance, de la part du Seigneur, l’apparition de la manne.Exod., xvi, 4-8. — 2° La manne apparaît inopinément, Exod., xvi, 14, et disparaît de même et pour toujours, surl’ordre du Seigneur. Exod., xvi, 35; Jos., v, 12. — 3° Elledescend uniquement dans les régions qu’occupent successivementles Hébreux, des environs du Sinaï à laplaine de Jéricho. — 4° Elle pleut du ciel, comme unerosée, pendant la nuit. Exod., xvi, 4, 13-14; Num., xi, 9. —5° Elle couvre le sol régulièrement tous les matins, saufle matin du sabbat. Exod., xvi, 23-29. — 6° Les Hébreuxont beau en ramasser les uns plus, les autres moins; chacun n’en trouve finalement en sa possession qu’ungomor, soit 3 litres 88. Exod., xvi, 18. Voir GûMojt, t. iii, col. 273. — 7° Tout ce qu’on veut garder de la mannepour le lendemain se corrompt, engendre des vers etdevient infect; néanmoins, la veille du sabbat, on en ramassepour deux jours et la provision du lendemaindemeure intacte. Exod., xvi, 19-21. — 8° La chaleur dusoleil fait fondre la manne, celle du feu permet de lafaire bouillir et de lui donner la consistance de gâteauxordinaires. Exod., xvi, 23; Num., xi, 8. — 9° La mannequi se corrompt si facilement au bout de quelques heurespeut être conservée dans l’arche d’alliance jusqu’àl’époque de la captivité. Exod., xvi, 33, 34; Heb., ix, 4.

— 10° Enfin, pendant quarante ans, la manne tombechaque jour en quantité suffisante pour nourrir, à raisonde quatre litres environ pour chacun, tout un peuple quise compose de plusieurs centaines de mille personnes.Num., Il, 45, 46. — On comprend dès lors que les Psalmistesappellent la manne «froment du ciel», «paindu ciel» et «pain des anges», Ps. lxxviii (lxvii), 24, 25; cv (civ), 40, et que les Juifs du temps de Notre-Seigneursoient fiers de reproduire ces appellations. Joa., vi, 31.

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MANNE

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V. Explication naturaliste de la manne. — 1°, Tosèphe, Ant. jud., VIII, i, 6, après avoir qualifié la manned’aliment ôeîov xai itapâSoijov, «divin et inimaginable,» ajouté: «Elle pleut encore sur toute cette région, demême qu’alors, à la prière de Moïse, Dieu la faisait tomberpour servir de nourriture.» L’écrivain juif croyaitdonc à l’identiié substantielle de la manne mosaïque aveccelle qu’on recueille dans la presqu’île du Sinaï; il neles distinguait que par leur origine. — 2° D’après beau-Coupd’auteurs modernes, la manne serait l’exsudationnaturelle d’un arbrisseau, le Tamaris gallica. Cet arbrisseau, qui peut atteindre de cinq à six mètres de haut, est garni de petites feuilles alternes, disposées commedes écailles et porte des fleurs blanches ou lilas, quel196. — Tamaris mannifera.

qoefois un peu purpurines, affectant la forme de grappeshorizontales ou pendantes. Cette plante vient dans lesterrains sablonneux, le long de la mer ou des rivières, dans toute la région méditerranéenne, dans l’Inde et lesîles Canaries. Une variété de tamaris, nommée tarfah parles Arabes, croit dans la presqu’île du Sinaï, spécialementdans l’ouadi Tarfah, qui forme la partie méridionale del’ouadi Schech. Ce tamaris a été appelé Tamaris mannifera(fig. 196). Sous l’influence de la piqûre d’un insecte, le cocctts manniparùs, les tiges de l’arbrisseau exsudentune gomme épaisse et mielleuse, qui pend comme desgouttes de rosée, se liquéfie à la chaleur des rayons dusoleil, en juin et en juillet, et tombe à terre où elle semêle aux feuilles sèches et à la poussière. Les Arabes, qui lui donnent le nom de man, la recueillent, la tamisentet la conservent longtemps. Ils la mangent enl’étendant sur leur pain, comme du miel, dont elle ad’ailleurs le goût et l’arôme. La manne se garde très bienpendant des mois et des années. Les moines du montSinaï en recueillent et en distribuent aux voyageurs; ceux-ci peuvent en ramasser eux-mêmes et la conserver.Cf.Ehrenberg, Symboles physicæ, I s zoologica, ’u, ’insecta, 40, coccus manniparùs, Berlin, 1826; Burckhardt, Travelsin Syria, Londres, 1822, p. 600-601; Tischendorf, Aus dem keiligen Lande, 1862, p. 54-56; Berthelot, Sur

la manne du Sinaï et sur la manne de Syrie, dans lesComptes rendus de l’Académie des sciences, sept. 1861, p. 584-586; C. Ritter, Die Erdkunde von Asien, VIII, Abth. ii, Abschn. 1, Berlin, 1848, p. 665. — 3° D’autresont conjecturé que la manne pouvait provenir d’un arbrisseauappelé sainfoin épineux, Hedysarum alliagi ouAlhagi Maurorum (voir t. i, fig. 101, col. 367), arbusterabougri, presque sans feuilles, à rameaux suffrutescentset très divergents, sur lesquels les pédoncules des fleursavortées forment de longs piquants. Il se couvre en étéde jolies Heurs rouges. À la même époque, ses rameauxexsudent, sous forme de petit* grains jaunâtres, unesubstance gommeuse et sucrée, la manne de Perse, lamanne alhagi, le térendjabin des Arabes. Cette planteabonde dans les terres incultes des régions tropicales.Dans la péninsule Sinaïtique, elle est bien plus rare qu’enEgypte et en Perse, et personne ne songe à en recueillirla manne. En Perse, au contraire, on l’emploie, en guisede sucre, pour les pâtisseries et d’autres mets de fantaisie.Cf. Jullien, Sinaï et Syrie, Lille, 1893, p. 68. C’estcette manne dont les Hébreux se seraient nourris dans ledésert, d’après Rosenmùller, In Gènes, et Exod., Leipzig, 1795, p. 505-507.-r- 4° On a aussi identifié la mannehébraïque avec un lichen qui se rencontre assez abondammentdans les régions montagneuses de l’Afriqueseptentrionale et de l’Asie, du Taurus à la Tartarie. Celichen est appelé Lecanora esculenta, ou par d’autresnaturalistes, Sphferothallia esculenta. Cf. de Hummelauer, Comment, in Exod. et Levit-, Paris, 1897, p. 173.Il pousse sur des rochers arides, calcaires ou gypseux, ety forme des couches parfois assez épaisses. Comme il netient au sol que par une attache de faible section, unvent un peu fort l’en arrache aisément, et, surtout dansles chaleurs de l’été, le fait retomber en pluie de petit*grains dans les vallées inférieures, parfois même dansdes régions relativement éloignées. Dans certains pays, ces grains de lichen couvrent toutes les plantes dans lesmois de juillet et d’août; mais la chute en est très inégale, suivant les années et les circonstances atmosphériques, Pour recueillir cette sorte de manne, en particulierdans le Kurdistan, on coupe les branches des chênes àgalles et on les laisse sécher deux ou trois jours. Ilsuffit alors de les secouer pour que le lichen tombe sousforme de poussière. Les Tartares appellent ce produit «pain terrestre», et les Kurdes le mangent en le mêlantà la farine ou même à la viande. À l’analyse, on le trouvecomposé de 60 pour cent d’oxalate de calcium, ce qui nel’empêche pas d’être mangeable, mais ne permet pourtantde lui attribuer qu’une valeur nutritive des plusminimes. On comprend dès lors que les Kurdes jugentà propos de le mélanger à des substances capables d’alimenter.Bien qu’à la merci des grands vents, le Lecanoraesculenta a la propriété de végéter même aprèsavoir été arraché de sa place primitive, comme lemontrent les cicatrices tantôt récentes et tantôt plus anciennesqu’il présente sur l’une ou l’autre de ses faces.Cf. Virey, dans le Journal de Pharmacie, 1818, 2e sem., iv, p. 125; J. Leunis, Synopsis der Pflanzenkunde, Hanovre, 1883, paragr. 939, 146, 1; L. Errera, Sur le «pain du ciel» provenant de Diarbékir, Bruxelles, 1893.

— 5° On rencontre aussi dans le nord de l’Afrique, surtoutdans la région saharienne, en Arabie, en Asie Mineure, etc., une sorte de truffe que les Arabes appellentterfas, à laquelle on a donné le nom de Tuber niveum.ou de Terfezia leonis. Ce cryptogame est recouvert d’unepellicule brune, mais se compose d’une substance hom*ogèned’un blanc pur. Il pousse sur les terrains rocailleux; il est comestible et sert à alimenter lés caravanes arabesdurant de longs mois. C’est une espèce de champignonqui paraît répondre à plusieurs des conditions signaléesdans le texte sacré: il se développe à la surface du sol, sans racines, et ne puise les principes solubles nécessairesà sa nutrition que par simple contact avec le sol 661

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humide; il apparaît après la pluie, est mou et grenu, peutêtre broyé à la meule et au pilon, se putréfie aisément, étant donnée sa composition chimique, et a un goût douceâtrequi se rapproche de celui du froment. Cf. Arthaud, Étude sur un cryptogame du genre Tuber, dans lesActes de l’Acad. de Bordeaux, 1851; E., Niel, Recherchessur la nature de la manne des Hébreux, Rouen, 1892; Renaud et Lacour, De la manne du désert, Alger, 1881; Socin, Zur Géographie des Tûr’Aledîn, dans la Zeitschriftder deutschen morgenlândischen Gesellschaft, 1881, t. xxxv, p. 254.

VI. Inadmissibilité de l’explication naturaliste. —1° En supposant une origine naturelle à la manne qui anourri les Hébreux au désert, on ne s’explique plus leurétonnement en la voyant pour la première fois. «Si elleeût découlé naturellement des arbres, ils n’auraient pasconsidéré ce fait comme un plus grand miracle que lavue des dattes qui pendent des palmiers, des grenadesqui ornent les grenadiers, des oranges qui dorent lesorangers.» L. de Laborde, Comment, géograph. surl’Exode et sur les Nombres, Paris, 1841, p. 96. — 2° Lestamaris, il est vrai, ne manquent pas dans la presqu’île; à la partie méridionale de l’ouadi Schech, au nord duSinaï, ils forment un petit bois qu’on met une heure àtraverser. Mais la quantité de manne qu’ils peuvent fournir, quand toutefois la pluie le permet, est hors de proportionavec ce qu’il eût fallu aux Hébreux. Burchardt, Traveh in Syria, p. 601, estimait à cinq ou six centslivres le total de cette production. Stanley, Sinai andPalestine, 1868, p. 26, assure que toute la manne de lapresqu’île n’eût pas suffi à nourrir un homme pendantsix mois. La manne de Perse y est encore plus rare que laprécédente. Quant au lichen et au champignon, leurproduction est accidentelle et notoirement insuffisante.

— 3° Même en admettant le miracle pour multiplier enabondance ces différentes mannes, suivant l’idée suggéréepar Josèphe et adoptée par différents auteurs, commeHengstenherg, Keil, etc., on n’arriverait pas encore àexpliquer ce fait, que la manne ait alimenté plusieurscentaines de mille personnes durant quarante ans. Berthelota analysé la manne du tamaris et celle du Kurdistan.Sur 100 parties, la première renferme 55 de sucrede canne, 25 de sucre interverti (lévulose et glucose) et20 de dextrine ou produits analogues, la seconde 61, 1 desucre de canne, 16, 5 de sucre interverti et 22, 4 de dextrineet matières analogues. Ces deux sortes de mannesconstituent donc un véritable miel; mais, conclut le chimiste, «on voit en même temps que la manne du Sinaïne saurait suffire comme aliment, puisqu’elle ne contientpoint de principe azoté.» Comptes rendus del’Acad.des sciences, 1861, p. 586. Berthelot explique ensuiteque les cailles fournissaient aux Hébreux les principesazotés indispensables à leur alimentation. Mais les caillesne sont apparues en masses considérables que deux foisen quarante ans et les autres viandes ont été d’un usageexceptionnel. Il fallait donc que la manne fût de natureà constituer à elle seule un aliment complet. On ne résoutpas la difficulté en restreignant arbitrairement aux proportionsd’un petit clan nomade l’immense caravane desIsraélites. Cette restriction est contraire aux données historiques.Num., ii, 45, 46. — 4° Les autres caractèresattribués à la manne par le texte sacré ne se vérifientque très incomplètement, ou même ne se vérifient nullement, quand il s’agit de mannes végétales ou du champignonterfas. Ces derniers ne tombent pas du ciel; mêmela manne de lichen ne peut être considérée comme telle.Les Hébreux devaient bien s’apercevoir que la mannenaturelle était le produit d’arbrisseaux qu’ils avaient sousles yeux. La chute de la manne six jours de la semaine, à l’exclusion du sabbat, l’impossibilité de la conserverintacte d’un jqur à l’autre, sauf le sixième jour, l’égalequantité qui s’imposait à tous ceux qui la recueillaient, la manière dont elle se comportait dans les mortiers et

ensuite au feu, sont autant de traits qui ne peuvent convenirà la manne naturelle et qui ne s’expliquent quepar l’intervention d’une volonté supérieure agissant endehors des lois ordinaires. Cf. Vigouroux, La Bible etles découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 459-472.

— 5° Il suit de là d’abord que, même si l’on admettaitque Dieu ait utilisé une manne naturelle pour nourrirles Hébreux, comme il a utilisé des cailles naturellespour leur procurer de la viande, on ne peut se dispenserde constater son intervention surnaturelle et prolongéepour produire la manne dans les conditions indiquéespar le livre sacré. Pour réaliser ces conditions, Dieu devaitapporter de telles modifications à la constitutionsubstantielle de la manne naturelle et aux circonstancesde sa production, qu’il paraît beaucoup plus simple decroire à une création de toutes pièces. D’autre part, lesbotanistes et les chimistes, usant de leur droit pour affirmerce qui concerne l’histoire naturelle et la compositionde la manne végétale, excéderaient ce droit en voulantmodifier les données de l’histoire pour réduire les faitsà la mesure de ce que leur science propre leur révèle.De même, l’historien excéderait le sien en prêtant à lamanne végétale une intensité de production et des qualitésnutritives que les savants ne peuvent lui reconnaître.Il ne reste donc qu’à voir, dans la manne, un donmiraculeux.

VU. Symbolisme de la manne. — 1° Le don de la mannedoit rappeler aux Hébreux que l’homme ne vit pas seulementde pain mais «de tout ce qui sort de la bouche deJéhovah», ’al-kol-môsâ’pi-Yehovâh. Deut., viii, 3. Cequi sort de la bouche de Dieu est bien la parole, p^a, verbum, comme traduisent les versions, mais la parolequi ordonne et qui exécute ce qu’elle énonce. Les Hébreuxvivaient jadis de pain; au désert, ils vécurent de la substanceproduite, avec toutes ses qualités nutritives, par laparole de Dieu. C’est donc en Dieu qu’il faut avoir confiance, c’est à lui qu’il faut obéir, puisqu’il a assigné àl’homme, pour sa nourriture, d’abord le pain, puis toutce à quoi sa Providence donne le pouvoir de nourrir.Notre-Seigneur rappelle cette parole, au moment de satentation au désert. Matth., iv, 4; Luc, IV, 4. L’hommepeut vivre non seulement avec le pain, mais par toutautre moyen qu’il plaît à la Providence d’assigner. À cesens littéral, on ajoute un sens spirituel se rapportant àla vie de l’âme que nourrit la parole de Dieu. Cf. Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 147.

— 2° Le livre de la Sagesse, xvi, 21-28, voit dans le donde la manne la preuve de la bonté de Dieu envers sesenfants, afin que ceux-ci sachent bien que ce ne sontpas seulement les produits de la nature qui nourrissentl’homme, mais que la parole de Dieu conserve et faitvivre ceux qui ont confiance en lui. De la nécessité oùles Hébreux étaient de ramasser la manne avant les premiersrayons du soleil, l’auteur sacré conclut qu’il fautdevancer le soleil pour bénir Dieu et qu’on doit l’adorerdès l’aube du jour. — 3° La manne est par-dessus toutle symbole de l’Eucharistie. Après la première multiplicationdes pains, les Juifs évoquent eux-mêmes le souvenirde la manne. Ils rappellent que leurs pères ontreçu la manne au désert, grâce à l’interventioa de Moïse, et ils demandent à Notre-Seigneur ce qu’il leur donnerapour prouver qu’il est l’envoyé de Dieu. Joa., VI, 30, 31.Il leur fallait quelque chose de plus significatif que lepain multiplié sous leurs yeux. Le Sauveur leur prometun pain céleste qui sera supérieur à la manne; car celle-cin’a pas empêché les Hébreux de mourir, tandis que lepain qu’il veut donner empêchera la mort spirituelle etcommuniquera la vie éternelle. Joa., vi, 49, 59. Sur lamanne, figure de l’Eucharistie, cf. S. Augustin, In Joa., xxvi, 12, t. xxxv. col. 1612; Serni. CCCLII, 3, t. xxxix, col. 1551. — Les artistes chrétiens représentèrent lamanne comme symbole de l’Eucharistie dans les catacombes, (fig. 197). — 4° Saint Paul dit, en parlant des

anciens Hébreux: «Tous ont mangé la même nourriturespirituelle.» I Cor., x, 3. Il appelle la manne nourriture «spirituelle» à raison de son caractère miraculeuxet aussi à cause du pain eucharistique dont elle était lesymbole. Cf. Cornely, In I Epist. ad Cor., Paris, 1880,

197. — La manne tombant du ciel dans le désert

et recueillie par les Israélites. Catacombe de Saint-Cyriaque.

D’après Wilpert, Die Malereien der Katacomben Roms, 1903,

pl._242.

p. 273. — 5° Enfin la manne est encore le symbole de larécompense que Dieu veut donner à ses serviteurs dansl’autre vie. Les fidèles de Pergame ont refusé de prendrepart aux repas et aux débauches des idolâtres; au vainqueur, Dieu donnera une «manne cachée», un bonheurdont on ne peut avoir l’idée ici-bas. Apoc, ii, 17. Cettemanne cachée pourrait aussi être, sur cette terre même, la sainte Eucharistie. Cf. Gallois, L’Apocalypse de S.Jean, dans la Revue biblique, Paris, 1893, p. 397.

H. Lesêtre.

    1. MANTEAU##

MANTEAU, vêtement ample et sans manches quel’on porte par-dessus les autres pour se garantir dumauvais temps ou du froid. Voir Arabe, t. i, fig. 204, col. 831. Ce vêtement s’appelle en hébreu de différentsnoms, dont chacun représente vraisemblablement unevariété tenant à la nature de l’étoffe employée, à laforme du manteau, etc., détails dont il est le plus souventimpossible de nous rendre compte aujourd’hui.

1°’Édér, Sapa, palliurn, le manteau que portent, pardessusles vêtements, ceux qui reviennent de la guerre.Mich., ii, 8.

2° Addérét, de’addîr; «ample. *> Quand Esaû vientau monde, il est roux comme «un manteau de poils», addéréf sê’âr, Sopdé, «une peau,» in morem pellis, «àla façon d’une peau.» Gen., xxv, 25. H s’agit ici dumanteau fait en cilice, c’est-à-dire en poils de chameauou de chèvre. Voir Cilice, t. ii, col. 760. Au temps deZacharie, xiii, 4, ceux qui se prétendaient prophètes sedistinguaient en portant des manteaux de cette espèce, que les versions appellent Sippi; Tpfytvï], palliurn saccinum, «manteau de poils, s Le manteau dérobé parAchan [dans le butin de Jéricho, Jos., vii, 21, 24, étaitune’addéréf Sine’dr, un «manteau de Sennaar», c’est-à-direde Babylonie; Septante: i|n).Y| noixft>i, «un tissuras de diverses couleurs,» Vulgate: palliurn coccineum, «un manteau cramoisi,» Aquila et le Chaldéen, «un vêtement de Babylone.» Josèphe, Ant. jud., V, i, 10, amplifie la description: «un manteau royal touttissu d’or.» Les tissus de Babylone étaient célèbres dansl’antiquité par la variété de leuïs couleurs. Cf. Pline, M. N., viii, 48; Josèphe, Bell, iud., VII, v, 5, etc. Voir

les vêlements de diverses couleurs des émigrants asiatiques, t. ii, fig. 384, col. 1068. Jéricho était bien placé, sur le passage des caravanes marchandes, pour avoir desemblables étoffes. Jonas, iii, 6, parle d’une’addéréf, <rzof h vestimentum, de même nature portée par le roide Ninive. Le même nom est donné au manteau dontÉlie se couvre la tête, III Reg., xix, 13, et qu’il laisseensuite à son disciple Elisée, IV Reg., H, 8, 13, 14. Les

! Septante l’appellent; it|XttJ, «peau de mouton,» et la

Vulgate simplement palliurn.

3° Gelôm, de gâlam, «plier, rouler,» nom des man-Iteaux de couleur bleue ou hyacinthe que les trafiquantsi apportaient sur les marchés de Tyr. Ezech., xxvii, 24.Septante: èjjTOopia ûixtvôoç, «marchandise d’hyacinthe,» Vulgate: involucre hyacinthi, «linge d’hyacinthe.»

4° Sàlmdh, îjjkitiov, traduit dans la Vulgate une foispar palliurn, III Reg., xi, 29, 30, et les autres fois parvestimentum. C’est le manteau dans lequel on s’enveloppeet qui sert de couverture pour la nuit. En Orient, les nuits sont d’une fraîcheur extrême et le manteau estabsolument indispensable à celui qui veut dormir sousla tente et surtout dehors. Aussi la Loi exigeait-elle quele créancier qui avait reçu en gage un manteau le rendîtà son propriétaire avant le coucher du soleil, souspeine d’encourir le châtiment du Dieu miséricordieux.Exod., xxii, 26; Deut., xxiv, 13. Le même nom estattribué au manteau neuf que le prophète Ahias déchiraen douze morceaux pour en donner dix à Jéroboam.III Reg., xi, 29, 30. Dieu s’environne de lumière commed’un salmdh. Ps. civ (cm), 2.

5° Samlàh, même mot que le précédent, avec transpositionde lettres. C’est le manteau, î^dcTiov, palliurn, avec lequel Sem et Japheth couvrent la nudité de Noé, Gen., ix, 23; dans lequel les Hébreux emportentd’Egypte la pâte non fermentée, Exod., xii, 34; cf. Prov., xxx, 4; sur lequel les soldats de Gédéon rassemblentles anneaux qu’ils ont pris sur les ennemis, Jud., viii, 25; dans lequel est enveloppée l’épée de Goliath. I Reg., xxi, 9. On produit devant les anciens le samlàh, Ipâtiov, vestimentum, dans lequel a dormi la jeune épouse que

198. — Le palliurn. D’après Tischbein,

Collection of engravings frorn aneient vases,

Naples, «91-1795, t. i, pi. 14.

son mari accuse au sujet de sa virginité. Deut., xxii, 17. Cf. De Hummelauer, Comment, in Deuteron., Paris, 1901, p. 398. Le même nom est appliqué au manteautaché de sang du guerrier. Is., ix, 5.

665

MANTEAU — MANUSCRITS BIBLIQUES

666

6° Takrîk, <rto).^, vestis, le manteau royal bleu et blancavec lequel Mardochée est porté en triomphe.Esth., viii, 15.

7° Karbelâfehôn, nom chaldéen des manteaux queportent les trois jeunes hommes jetés dans la fournaisepar ordre de Nabuchodonosor. Dan., iii, 21. Au mêmeverset, il est aussi question de sarbâlèhôn, «caleçons,» que plusieurs ont pris pour des manteaux sur la foi duTalmud.

8° Dans beaucoup d’autres passages, les versionsparlent de manteaux là où le texte hébreu mentionneseulement des voiles, Gen., xxiv, 65; Cant., v, 7; desvêtements de dessus comme le ma’tâfâh, Is., iii, 22, leme’il, Gen., xlix, 11; I Reg., xv, 27; xxiv, 5; xxviii, 14; I Esd., ix, 3, 5; Is., lix, 17; des vêtements en général, Gen., xxxix, 12-18; Exod., xii, 34; Num., xv, 38; Deut., xxii, 12; IV Reg., iv, 39; îx, 13; Prov., xxv, 20; Is., lxi, 3; Jer., xliii, 12; Ezech., v, 3; des couverturesde tentes, Exod., xxxvi, 18; Num., iv, 6-12, ou de lits, comme la semîljâh, ImëdXaiov, pallium. Jud., IV, 18; Ruth, iii, 4-15; Is., xxviii, 20.

9° Dans le Nouveau Testament, saint Matthieu, v, 40, rapporte la parole du Sauveur conseillant d’abandonneraussi le manteau, îpumoM, pallium (fig. 198), à celui quiveut prendre la tunique. Au prétoire de Pilate, on mitsur les épaules de Notre-Seigneur une chlamyde.Matth., xxvii, 28, 31. Voir Chlamyde, t. ii, col. 707.Enfin saint Paul demande à Timothée de lui rapporterde Troade, où il l’a laissé, un vêtement appelé psenula, çeXôvïjç, pour çaiv(SXy]ç. II Tim., iv, 13. [La pœnula étaitun manteau rond et sans manches, percé d’un, trou aumilieu pour passer la tête, muni d’un capuchon et descendantau-dessous des genoux (fig. 199). Elle était en

199. — La psenula. D’après Bich, Dict. des antiq., 1859, p. 445étoffe à poils longs et épais ou même en cuir. Martial, xiv, 130, 145. On la prenait en voyage et dans les^temps froidset humides. Cicéron, Pro Milon., 20; HoraceEpist., i, xi, 18; Pline, H. N., viii, 48, 73; Tacite, De «rat., 39, etc. Les femmes mêmes pouvaient la porteren voyage. Lampride, Alex. Sev., 27. Ce manteau étaitquelquefois fendu sur le devant, de manière qu’on pûten rejeter les deux pans sur les épaules. Voir Vêtements.

H. Lesêtre.

    1. MANUÉ##

MANUÉ (hébreu: Manoal}; Septante, Mavwé), de la

tribu de Dan, père de Samson. Il habitait Saraa. Sa

femme était stérile et elle devint mère à la suite d’une

vision angélique, après avoir offert des prières et des

sacrifices et promis de consacrer l’enfant à Dieu commenazaréen. Jud., xiii. Lorsque Samson eut grandi, il voulutépouser une Philistine de Thamnatha. Son père etsa mère essayèrent d’abord de le détourner de prendrepour femme une fille dès incirconcis, mais sur ses instances, ils consentirent à aller la demander pour lui enmariage. Jud., xiv, 1-10. Le texte sacré ne nous apprendplus rien sur Manué, si ce n’est que son fils Samson futenseveli dans son tombeau. Jud., xvi, 31.

MANUSCRITS BIBLIQUES. Nous ne parleronsici que des manuscrits hébreux, grecs et latins de laBible. — Les manuscrits dont le nom est précédé d’unastérisque dans les listes qui suivent ont une noticespéciale dans ce Dictionnaire. Ceux qui sont en outreprécédés d’une croix ont un fac-similé en phototypie. —Notre travail était rédigé avant l’incendie de la Bibliothèquenationale de Turin (25 janvier 1904). On calculequ’un tiers des manuscrits seulement ont échappé àla destruction. Nous ne savons pas encore exactementquelle est la perte en manuscrits bibliques, mais] les codexprovenant de Bobbio sont indemnes pour la plupart.

I. Notions générales. — 1° Les plus anciens manuscritsbibliques. — Avant les progrès de la critique et dela paléographie, on attribuait à certains manuscrits uneantiquité fabuleuse. Le Pentateuque samaritain de Naplouseaurait été antérieur à l’ère chrétienne. Un manuscritlatin de Venise a passé autrefois pour l’originalde saint Marc. Montfaucon vit à Bologne un Pentateuquehébreu qu’on donnait pour l’autographe d’Esdras. Beaucoupplus modestes sont les prétentions justifiées. IIn’existe aucun manuscrit hébreu de la Bible qui soitcertainement antérieur au xe siècle de notre ère; et, saufquelques fragments de peu d’étendue, nul manuscritbiblique grec ou latin ne remonte au delà du IVe siècle.Ce fait pourra surprendre si l’on songe que nous avonsdes manuscrits égyptiens vieux de 3 500 ans et mêmedavantage et qu’à partir du me siècle avant l’ère chrétienne, la série des manuscrits profanes se continuesans interruption. Il faut se rappeler que la plupart deces anciens manuscrits ont été trouvés en Egypte où lasécheresse du climat et le calme absolu des tombeauxétaient si favorables à leur conservation. Les rouleauxensevelis à Herculanum, en 79, ont été protégés contrela destruction par une cause analogue. — Au contraireles manuscrits bibliques, en raison même de leur usagefréquent et presque quotidien, étaient promptementdétériorés. Or, ce fut chez les Juifs, de temps immémorial, une pratique constante, d’enterrer auprès des saintspersonnages ou de déposer dans une cachette appeléeghenizah les livres sacrés que leur état de vétusté ouleur incorrection rendaient impropres à l’usage. Le textehébreu de l’Ecclésiastique a été découvert dans unecachette de ce genre et nous pouvons espérer pour l’avenirdes trouvailles semblables. — Chez les Grecs et lesRomains d’autres causes de destruction étaient en jeu.D’abord, dans les trois premiers siècles de notre ère, on écrivait sur papyrus, matière qui s’effrite et se désagrègeassez vite. Pline regarde comme très ancien unpapyrus datant de deux cents ans. Le parchemin est susceptibled’une durée presque indéfinie; mais, sans parlerdes autres accidents de toute nature, la pénurie de cettesubstance obligeait à sacrifier les codex détériorés pouren faire de nouveaux livres plus élégants et plus lisibles.

2° Palimpsestes. — Il n’était guère possible d’utiliserle papyrus gratté; tout au plus pouvait-on le laver àl’éponge quand l’encre était fraîche encore ou peu caustique.Aussi les papyrus palimpsestes sont-ils rares etde peu d’importance. C’était la facilité d’effacer et derécrire qui faisait préférer le parchemin au papyruspour les brouillons. Quand un vieux codex était horsd’usage on grattait les feuillets les mieux conservés poury transcrire un autre ouvrage. Les parchemins grattés

et récrits s’appellent palimpsestes (îtàXtv, «de nouveau,» et tpih), «gratter» ). Cet art fut très commun au moyenâge. D’après Grégoire de Tours, Hist. Franc., v, 45, t. lxxi, col. 362, le roi de Neustrie Chilpéric auraitordonné d’apprendre aux enfants à récrire les vieuxparchemins frottés à la pierre ponce; et l’historienadjure le lecteur de ne pas traiter ainsi son propre livre.Par contre, un concile de 691 défendit de récrire lesmanuscrits de l’Écriture ou des Pères, à moins qu’ilsne fussent tout à fait hors d’usage. Cf. Wattenbach, DasSchriftwesen des Mittelalters, 3= édit., 1896, p. 299-317.

— Quelquefois l’écriture ancienne apparaît faiblementsous la nouvelle, mais presque toujours, pour arriver àla déchiffrer, il faut recourir à des réactifs chimiquesayant le grave inconvénient d’endommager les manuscrits.Le sulfhydrate d’ammoniaque qui ne laisse pas detraces sur le parchemin ne fait revivre l’écriture quepour un temps. L’acide gallique, tiré de la noix de galle, usité surtout en Italie, corrode le manuscrit qui devientbrun foncé, presque noir. La teinture de Gioberti, préféréeen France, est moins corrosive, mais elle coloreen bleu le parchemin. On a prétendu que les acidesavaient détruit plus d’œuvres antiques qu’ils n’en ontrendu à la science. C’est une évidente exagération, caron n’a essayé les réactifs qu’après avoir pris copie dutexte plus récent, quand il en valait la peine. — Lespalimpsestes jouent un rôle considérable dans la critiquebiblique. Le plus fameux est le Codex Ephrœmi rescriptusC, mais il convient de mentionner aussi pour lesSeptante: le Dublinensis rescriptus (fragmentsd’isaïe), les Tischendorftana fragmenta Z (Isaïe également), le Cryptoferratensis rescriptus V (fragments desprophètes); pour le Nouveau Testament grec: le NitriensisR, les deux Guiilpherbytani P et Q, le Zacynthius S, le Porphyrianus P des Actes, un autre Dublinensisrescriptus, Z des Évangiles. Taylor, Hebrew-Greek CairoGenizah Palimpsests, Cambridge, 1900, publie deuxpages à trois colonnes des Hexaples d’Origène (Ps. xxii[xxi], 15-18, 20-28, ixe siècle), six pages de la versiond’Aquila (fragments des Psaumes, y-vi» siècles) et diversfragments du Nouveau Testament d’après des palimpsestestrouvés au Caire. — Les palimpsestes nous ontlivré un assez grand nombre de textes des anciennesversions latines. Quand celles-ci furent supplantées parla Vulgate, les codex qui les contenaient, jugés peuutiles, furent sacrifiés et leur parchemin fut employé àd’autres usages. Citons, parmi les plus connus, le Wirceburgensispalimps. (fragments des livres historiqueset prophétiques), le Bobiensis palimps. (s des Actes), leGuelpherbytanus (gue de Paul), le Palimpseste deFleury (h des Actes), le Monacemis (Munich, lat. 6225), Vulgate du ix» siècle dont 39 feuillets palimpsestes contiennentde longs passages du Pentateuque, d’après uneancienne version. Il faut mentionner encore le Legionensisrescriptus (Archives de la cathédrale de Léon)contenant sous une écriture visigothique du Xe siècle untexte de la Lex romana Visigothorum écrit au vie sièclepuis 40 feuillets de textes bibliques; où l’on reconnaît, au moins par endroits, une version préhiéronymienne.Cf. E. Châtelain, Les Palimpsestes latins, dans l’Annuairede. l’École prat. des Hautes-Études, 1904, p. 542 (liste de 110 palimpsestes latins dont 25 palimpsestesbibliques). Voir aussi Mone, De Ubris Palimpsestis tamlatinis quant grsecis, Carlsruhe, 1855; Jacob, De nonnulliscodic. palimps. in biblioth. majori Paris., dansMélanges Renier, 1887, p. 347-358, Notes sur les mss.grecs palimps. de la Biblioth. nation., dans MélangesHavet, 1895, p. 759-770; J. Cozza, Sacror. Biblior. vetustissimafragm. Grœca et Latina ex palimpsestis BibliothecxCryptoferrat., Rome, 1867. L’abbaye de Grottaferrata, comme celle’de Saint-Gall, paraît particulièrementriche en palimpsestes.

II. Manuscrits hébreux, — 1° Nomenclature critique.

— Kennicott avait collation né par lui-même on fait collationnerpar d’autres des centaines de manuscrits qu’ildésignait par des numéros d’ordre. Dans sa Dissertatiogeneralis in Vet. Test, hebraicum, Oxford, 1780, il distribuaitles manuscrits utilisés par lui en six classes; 1. Manuscrits d’Oxford n M 1-88; 2. autres pays de langueanglaise, n° a 89-144; 3. autres pays de l’Europe n» s 145254; 4. éditions imprimées et manuscrits divers n°! 525300; 5. manuscrits examinés et collationnés par Brunsius, n° s 301-649; 6. nouvelle liste d’imprimés et de manuscritsn M 650-694. De ces 694 numéros, parmi lesquelsétaient comptés une quarantaine d’éditions impriméeset 16 manuscrits samaritains, 98 se trouvaient à Oxford, 90 à Paris, 101 à Rome. Kennicott indiquait ensuite, op.cit., p. 121-123, un grand nombre de bibliothèques, publiquesou privées où se conservaient d’autres manuscritsqu’il n’avait pas pu faire examiner, faute de tempset de ressources. — De Rossi publiait bientôt après sesVariæ lecliones Vet. Testamenti, 4 in-4°, Parme, 17841788. Il retenait la numérotation de son prédécesseurpour les manuscrits catalogués par ce dernier. Il y ajoutaitune nouvelle liste de 479 manuscrits devenus sapropriété personnelle. Cette liste comprend 17 manuscritsdéjà signalés par Kennicott: ainsi le n» 409 de Kennicottest le n° 3 de De Rossi. Il terminait par une troisièmeliste de 110 mauuscrits conservés en divers lieux.Mais chacun de ss trois derniers volumes contenait unenouvelle liste supplémentaire de 52, de 37 et de 76 numérosrespectivement. Cela donne le total énorme d’environ1300 manuscrits. Depuis, on n’a pas fait de travailcritique qu’on puisse comparer à ce gigantesque effort, mais on a collationné avec plus de soin et décrit avecplus de détails un certain nombre de manuscrits particulièrementremarquables. Il faut mentionner surtoutl’édition critique de S. Bær, avec préfaces de Frz. Delitzsch, publiée à Leipzig par livres séparés. Ginsburg, lntrod. to the massoretico-critical edit. of the Hebrew’Bible, Londres, 1897, donne une description minutieusede 60 manuscrits, conservés presque tous en Angleterreet promet pour le dernier volume de son ouvrage untraitement pareil en faveur des manuscrits étrangers.On désigne encore généralement les codex hébreux parles numéros de Kennicott, et de De Rossi; il est seulementfâcheux que la numérotation ne se suive pas, lasérie des numéros recommençant trois fois (Kennicott, De Rossi, autres manuscrits).

2° Age et valeur critique des manuscrits hébreux. —Nous avons expliqué pourquoi les manuscrits hébreuxsont de date relativement récente. Sauf le codex Oriental4445 du Musée britannique, qui peut être du IXe siècle, aucun autre n’est antérieur au xe. Il ne faut pas sefier aux dates que portent certains manuscrits. Très souventce sont des faux intentionnels; quelquefois aussic’est la transcription pure et simple de l’exemplaire quiservait de modèle. On n’en peut rien conclure pourl’ancienneté de la copie qu’on a sous les yeux. A. Neubauer, Earliest Manuscripts of the Old Test., dans StudiaBiblica, t. iii, Oxford, 1891, p. 22-36, étudie troismanuscrits datés de 895, de 489 et de 856. Le premier(Prophètes de la synagogue caraïte du Caire) est, selonlui, du xi* ou du XIIe siècle; dans le second (rouleau duPentateuque de Saint-Pétersbourg) la date est un fauxmanifeste; enfin le troisième (Université de Cambridgen° 12) faussem*nt daté de 856 est tout au plus duxiiie siècle, d’après Neubaner (fig. 200). Au dire de DeRossi, quand il s’agit de codex hébreux, ceux du XHl" sièclepassent pour anciens, ceux du xiie pour très ancienset ceux qui remontent plus haut sont des raretés inestimables.De Rossi en cite avec réserve huit ou dix decette espèce. Varia? lectiones, etc., t. i, p. xtt-xvh. Maisil ne fait pas difficulté d’avouer que les critères paléographiquessont très incertains. On pourrait dire encorela même chose de nos jours. Pour avoir une idée

des différences d’opinion entre critiques il suffit de remarquerque le codex 126 de Kennicott (Musée Brit.Addit. 4708) est rapporté au vie siècle par M. Margoliouth, au xv" par Kennicott, au vn «par Heidenheim, auxiie ou au xm c par Ginsburg. — Indépendamment de leurdate relativement récente, les manuscrits hébreux ontun caractère commun qui ôte beaucoup à leur valeurcritique. Ils se ressemblent tous étrangement. Les rouleauxemployés au service des synagogues sont tellementpareils qu’il n’y a aucun profit à les collationner. Lesmanuscrits à l’usage privé offrent des variantes, maiscelles-ci n’ont pas, tant s’en faut, l’amplitude qu’ellesont dans les textes grecs et latins. Jusqu’en 1840, date dela découverte par Firkowitsch du codex des Prophètesde Saint-Pétersbourg, on ne s’était occupé que des manuscritsoccidentaux: espagnols, allemands, français etitaliens. On ne connaissait pas les copies écrites enOrient (Crimée, Egypte, Mésopotamie, Arabie). À la mortde Firkowitsch, en 1874; Strack et Harkavy reçurent miscodex de Saint-Pétersbourg (Prophètes de 916) reste lamanuscrit daté le plus ancien qui soit connu. VoirBABYlonicusCodex. — Merx, Die Schlussmassora aus dernCairiner Codex vom Jahre 1028, dans la Zeitschrift furAssyriol., 1898, p. 293-296, range après lui, par ordrede dates, le Pentateuque de 939, les. Prophètes de 989, la Bible de 1010, le manuscrit de la synagogue du Cairede 1028. Parmi les manuscrits non datés, Ginsburg, Introduction, p. 469, fixe au ix» siècle, entre 820 et 850, lecodex Oriental 4445 du Musée Britannique qui serait doncantérieur au Babylonicus lui-même. Mais, pour se prononceravec certitude, il faudrait que la paléographiehébraïque fût mieux fixée. — On trouve des fac-similésdans les catalogues des Mss. hébreux de Vienne, de Munich, de Berlin, de Leyde. Les deux collectisns les plusutiles pour la paléographie hébraïque sont Neubauer, Facsimiles of Hebrew Mss. in the Bodleian Library, Oxford, 1886 (40 planches donnant des spécimens, accompagnésde leur transcription, des écritures rabbiniques

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200. — Fac-similé du ms. n. 12 de Cambridge. Gen., xxi, 19-21, 32-34.

sion d’examiner la nombreuse collection réunie par luià Tschufut-Kale, «Rocher-des-Juifs,» en Crimée. Strack, chargé des manuscrits bibliques, ne trouva pas moinsde 2000 numéros, la plupart, il est vrai, fragmentaires.Dix d’entre eux portaient la date du x «siècle; mais onsait que Firkowitsch, pour augmenter le prix de sesmanuscrits — il était pourvoyeur de la Bibliothèqueimpériale de Saint-Pétersbourg — ne craignait pas deretoucher les dates anciennes et au besoin de les ajouterde sa main. Sur cette collection, voir Strack, Die biblischenund die massoret. Handschriften zu Tschufut-Kale, dans la Zeitschrift fur luther. Theol. und Kirche, 1875, p. 585-624. La plupart de ces manuscrits doiventavoir pris le chemin de Saint-Pétersbourg. On a récemmentdécouvert en Egypte quatre fragments de papyrusqui se raccordent et contiennent, sur 24 lignes d’écriture, le décalogue et le schéma’en hébreu (fig. 201, d’après le dessin de Burkitt, plus lisible que l’original).Le texte paraît antérieur à la recension des massorèteset les caractères paléographiques semblent dater le papyrusdu u» siècle après J.-C. Ce serait donc sans comparaisonle plus ancien manuscrit connu d’un passagequelconque de la Bible hébraïque. Voir S. A. Cook, APre-Massoretic Bibl. Papyrus, dans les Proc. of theSoc. of Bibl. Arch., t. xxv (1903), fasc. î; Burkitt, TheHebrew Papyrus, etc., dans la Quart. Review, xv, n» 59, p. 392-408; Von Gall, Ein neuer hebràischer Text dertehn Gebote und des Schéma’, dans la Zeitschrift furdie alttest. Wissenschaft, Giessen, 1903, p. 347-351; Lagrange, dans la Revue biblique, 1904, p. 242-259. Cettedécouverte et celle du texte hébreu de l’Ecclésiastiquefont espérer de nouvelles trouvailles. En attendant, le

des diverses époques et des divers pays); Ginsburg, Aséries of xrm facsimiles of Mss. of the Hebrew Bible, with descriptions, Londres, 1898 (spécimens exclusivementbibliques empruntés à toutes les écoles dans unlaps de temps d’environ huit siècles),

3° Grandes collections de manuscrits hébreux. — Ilne serait ni utile ni possible de cataloguer les principauxmanuscrits hébreux: leur ancienneté, leur provenance, leur valeur respective sont encore trop discutées et tropincertaines. Mieux vaut indiquer les bibliothèques publiquesoù sont réunies les collections les plus importantes.Presque toutes ont de bons catalogues imprimés: il faut excepter cependant l’Ambrosienne de Milan quis’en tient avec scrupule aux volontés de son fondateur.Notre énumération va de la Russie à l’Italie en passantpar l’Autriche, l’Allemagne, le Danemark, la Hollande, l’Angleterre et la France. Saint-Pétersbourg, Gatalogder hebr. Bibelhandschriftender kaiserl. Bibliothek, parHarkavy et Strack, Leipzig, 1875 (mais cette bibliothèques’est notablement enrichie depuis); Odessa, Prospectusder der Odessær Gesellschaft fur Geschichte und Alterthùmergehôrenden âltesten hebrâischen und rabbinischenManuscripte, par Pinner, Odessa, 1845; Vienne, Die handschriftl. hebrâischen Werke der K. K. Hof bibliothek, parKrafft et Deutsch, Vienne, 1845; Ibid., Dieneuertvorbenen handschriftl. hebr. Werke, par J. Goldenthal, Vienne, 1851; Berlin, Verzeichnùs der hebr.Handschriften, par M. Steinschneider, Berlin, 1878; 2 S partie, 1897; Karlsruhe, Die Handschriften der grossherzogl.badischen… Bibliothek, 1892, t. n: OrientalischeHandschriften /Munich, Die hebr. Handschriftender K, Hofund Staatsbibl., par M. Steinschneider,

Munich, 1875; 2e édit., 1895; Leyde, Catal. codic.ùebrseor. biblioth. Lugduno-batavse, par M. Steinschneider, Leyde, 1858; Oxford, Catal. of the HebrewMan. in the Èodleian Library and in the Collège Librariesof Oxford, par Neubauer, Oxford, 1886 (la Bodléiennene comprend pas moins de quatorze fondshébreux distincts, parmi lesquels se trouve la bibliothèquede Kennicott qui y fut transportée en 1879); Cambridge, Catal. of the Hebrew Man. preserved in the UniversityLibrary, par Schiller-Szinessy, 1. 1 (contenant les Bibleset commentaires bibliques), Cambridge, 1876; Londres,

"V.-., 7 1^"*"

201. — Papyrus Nash (hébreu pré-massorétique). 1Exod., xx, 2-17; Deut., V, 6-19; VI, 4-5.

Musée britannique, Descriptive lisfof Hebrew and SamaritanManuscripts, par G. Margoliouth, Londres, 1893; Paris, Biblioth. nationale, Manuscrits du fondshébreu, par Zotenberg, Paris, 1866; Parme, Bibliothèquede la ville, Manusc. Codic. hebraici Biblioth. J. B. DeRossi, Parme, 1883, 3 vol. comprenant 1377 numéros, qui sont devenus la propriété de la ville; Ibid., Catalogodei codici ebraici délia Bibliot. di Parma non descrittidal De-Rossi, par Perreau, Florence, 1880; Turin, Codiceshebraici Regise Biblioth., par Peyron, Turin, 1880; Florence, Catalog. Biblioth. Mediceo-Laurentianse, parBiscioni, t. i, Florence, 1752; catalogue plus récent parPizzi (non encore imprimé); Cesène, Catal. codic. man.Malatestianse Biblioth., par Mucciolo, Césène, 1780-1784; Rome, Bibliothecæ apost. Vaticanse codices Orientales, t. î (hébreux et samaritains), par J. S. Âssemani, Rome,

1756, complété par A. Mai, Appendix, 1. II, Rome, 1831; Ibid., Casanatense, Catalogo dei Codici ebraici, parG. Sacerdote, Florence, 1897.

Voir M. Steinschneider, Vorlesungen ûber die Kundehebrâischer Handschriften, deren Sammlungen undVerzeichnisse, Leipzig, 1897, dans Beihefte ium Centralblattfur Biblioth., t. xix. Détails intéressants et renseignementsprécieux, mais noyés dans une érudition indigeste.

III. Manuscrits grecs. — I. Nouons préliminaires.

— 1° Paléographie. — Les caractères paléographiques, quand ils ne suffisent pas à faire connaître la patrieprimitive d’un manuscrit grec, permettent du moins engénéral d’en déterminer l’âge avec assez de précision.L’écriture grecque des manuscrits se divise en oncialeet en minuscule; la capitale, l’écriture des inscriptions, n’est guère employée même pour les titres des livres.

A) Onciale. — Elle diffère de la capitale par la formearrondie de certaines lettres (s, <?, <a) et par des traits(p, <p, i|/, quelquefois u) dépassant la ligne en haut ou enbas (fig. 202). Elle régna sans rivale, pour la transcriptiondes œuvres littéraires, jusqu’au IXe siècle inclusivement; elle fut encore employée au delà de cette époque, concurremment avec la minuscule, pour les copies de laBible et surtout pour les livres liturgiques. — Les plus ancienscodex bibliques, le Vaticanus et le Sinaiticus, duIv» siècle, présentent une forme d’onciale qui était restéela même depuis plusieurs siècles, mais qui, grâce à lasurface unie et résistante du parchemin, acquiert untracé plus ferme, des contours plus nets et un aspectmoins grêle que l’écriture sur papyrus. Les lettres, éléganteset uniformes^ pourraient être presque toutes enferméesdans un carré. Pas de séparation des mots, pasd’accents ni d’esprits, pas d’autre ponctuation qu’unpetit espacement à peine visible entre les paragraphes, pas de liaison ni de ligatures, p as d’autre abré v iationque c elle des mots usuels: 1C, KO, XÂT, ICA, LUSA, AAA, ANOG, IÏÏÏP", MF, TÏÏ, CTÏP, OriNOC(lY]o-ouç, K’jptoç, XpKrroç, IcparjX, Ttveujia, AauiS, avSproirroç, 71aT» )p, uy)tïjp, uioç, <r<>>TT|p, oupavoç) et quelques autres plusrares; encore le Vaticanus n’a-t-il guère que les cinqpremières. — Au V siècle, l’écriture reste belle et d’aspectagréable. Une grande lettre placée en vedette marquesouvent le commencement des paragraphes. La formedes lettres subit quelques modifications: E et £ allongentles extrémités de leur segment de cercle et se te-minentpar des traits renforcés; la barre horizontale du II etdu À dépasse de beaucoup les montants, etc. VoirAlexandrinus (Codex), t. i, vis-à-vis de la col. 363, etEphr^emi rescriptus (Codex), t. ii, vis-à-vis de lacol. 1872. — Au vi a siècle la décadence continue. Les lettresdeviennent en général plus grandes, plus espacées, plus lourdes, quoique non dénuées d’élégance. Les traitshorizontaux du II, du A, du T s’exagèrent. Ces caractères, bien entendu, sont plus ou moins accusés selonles pays et les écoles de scribes. Voir, pour des spécimensde cette époque, Bez^b (Codex) t. î, vis-à-vis de lacol. 1770, et Laudianus, vis-à-vis de la col. 127. — Ladécadence se précipite au vne siècle. Les cercles deslettres E, ©, O, 2, se changent en ovales; d’autres lettressont comprimées et allongées; les accents et les espritsdeviennent d’un usage fréquent; l’écriture commence àpencher vers la droite. — Dans les siècles suivants, cescaractères s’accentuent de plus en plus; l’aspect généralrappelle l’écriture russe (fig. 203). C’est au IXe siècle, aumoment où l’onciale va disparaître, que nous rencontronsle premier manuscrit oncial daté, le Psautierd’Uspensky écrit en 862.

B) Minuscule. — L’écriture cursive, caractérisée parla liaison des lettres entre elles et par la simplificationde certains traits (fig. 204), a été employée à toutes lesépoques pour les manuscrits moins soignés. On peut envoir un exemple au mot Livre (fig. 106, col. 307). Lepremier cursif daté fut achevé le 7 mai 853 (Evang. 481),

D’autres cnrsifs sont datés de 798 (Evang. 429), de 984(Act. 148), de 994 (codex A, moitié oncial, moitié cursif).L’écriture cursive, dès son apparition dans les manuscritsbibliques, se présente à nous pleinement développée; ce qui prouve qu’elle était depuis longtemps enusage pour la transcription des écrits ordinaires. Au x» et au XIe siècle, elle est en général très lisible et fortbelle. On en trouvera un spécimen remarquable au motChisianus (Codex), t. ii, col. 706. Elle se maintient encoreen beaucoup d’endroits pendant le xip et le mi’siècle.Au xive siècle et surtout au xv% époque de l’invasiondes calligraphes grecs chassés de Constantinople, elle se

le Marchalianus, Rome, 1890, Y Alexandrinus, Londres, 1879-1883, le Sarravianus, Leyde, 1897, le Codex Bezse, Cambridge, 1899, le Rossanensis, Leipzig, 1880 (chromolithographie).

Un grand nombre de publications contiennent desfac-similés de manuscrits bibliques. Nous ne signalonsque les collections les plus importantes et les plus modernes: Bond et Thompson, Facsimiles of ManuscripUand Inscriptions, l re série, Londres, 1875-1883, 2e série, Londres, 1884 et suiv.; Kenyon, Facsimiles of BiblicalMss. in IheBritisk Mus., Londres, 1900 (25 planches); "Vitelli et Paoli, Collezione Fiorenlina di facsimili greci

S^Ti^ue!

202. — Papyrus grec des Septante du vu’(?) siècle trouvé en Egypte in 1 «r fJ /.ih, xii, 6-8.D’après les Transactions of the ninth international Congress of Orientalists, Londres, 1893, t. ii, pi. IV.

surcharge de fioritures et de contractions arbitraires, quien rendent la lecture très pénible et dont les premierslivres imprimés donnent quelque idée. Du reste, à partirdu Xe siècle, la série des nombreux manuscrits datés estininterrompue et sert de point de comparaison. On a deplus pour se guider la qualité de la matière (parcheminou papier) et le genre d’ornementation. Omont, Facsimilésde Mss. grecs datés, etc., Paris, 1890, indique, 326 Mss. datés (quelques-uns seulement par approxima-/tion) dont il existe des fac-similés (fig. 204 et 205).

C) Reproduction des manuscrits bibliques grecs. —Les procédés dont on dispose de nos jours permettentde reproduire à la perfection les anciens manuscrits. Laphotographie rend les traits les plus délicats et les pluseffacés de l’original, à ce point qu’un manuscrit estquelquefois plus lisible dans la reproduction que dansle modèle lui-même. Seule, la couleur de l’encre n’estpas rendue. Ont été reproduits en entier par la phototypieou l’héliogravure le Vaticanus, Rome, 1889-1890,


e latini, Florence, 1884-1888; Omont, Fac-similés desMss. grecs datés de la Biblioth. nation, du ixe auxiv siècle, Paris, 1890; Fac-simiJe’s des plus anciensMss. grecs en onciale et en minuscule de la Biblioth.nation, du IV 1 au XïP siècle, Paris, 1892; Graux, Facsimilésdes Mss. grecs d’Espagne, Paris, 1890; Amphilochi, Descriptionpaléogr. de Mss. grecs des ix’-xvw sièclesà dates certaines, Moscou, 1879-1880; MaundeThompson, Bandbook of Greek and Latin Palœography, nouv. édit., Londres, 1903 (excellent manuel avecnombreux fac-similés et alphabets de toutes les époques).Pour les papyrus, Kenyon, The Palxogr. of Greek Papyri, Oxford, 1899 (alphabets et fac-similés). — Wessely, Papyrorum scripiurse grsecx specimina, Leipzig, 1900et Studien zur Palseogr. und Papyruskunde, 3 fasc, Leipzig, 1901-1904, est moins pratique pour l’étude desmanuscrits de la Bible.

II. DISTRIBUTION GÉOGRAPBIQUEDBS HANUSCRITSGRECS.

— Les collections importantes de manuscrits grecs posIY. - 22

675

MANUSCRITS BIBLIQUES

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sèdent presque toutes des catalogues imprimés bien feitset très utile» à coasolter. Nous les émlmérons rapidement.

1° Italie. — Grâce à des circonstances heureuses, l’Italie fut toujours très riche eu manuscrite grecs. Aucunecollection du monde n’est sans doute supérieure àcelle du Vatican. Ont paru les catalogues: du fonds Palatinpar H. Stevenson en 1885 (432 numéros, mais 30manquent), des fonds Pie II et Christine de Suède parH. Stevenson en 1888 (190 et 55 numéros), du fondsOttoboni par Feron et Battaglini en 1893 (472 numéros), du fonds Duc d’TJrbin par Stornajolo en 1894 (165 numéros).Le catalogue du fonds Vatican proprement dit(environ 3000 numéros) est en préparation. Resteront à

cien fonds grec (Codice* Regii), 3117 numéros dont lecatalogue date de 1740; 2. Fonds Coislin, 393 numéros, catalogué par Montfaucon, Biblioth. Coisliniana, Paris, 1715; 3. Supplément grec, environ 1 300 numéros, eaprogrés. Cf. Omont, Inventaire sommaire des manuscritsdu fonds grec, Paris, 1886-1898; des autres bibliothèquesde Paris, 1883 (et dans les Mélanges Graux, 1884); des départements, Paris, 1886, Table alphabétiquegénérale, 1898. Voir surtout Martin, Descriptiontechnique des manuscrits grecs relatifs au AT. T. conservésdansles bibliothèques de Paris, Paris, 1884. Il n’y aen dehors de Paris aucun manuscrit biblique important.3° Allemagne et Autriche. — Hardt, Catalogus codic.manuscr. Biblioth. régi» Bavaricæ, Munich, 1806-1812

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203. — Manuscrit grec du x> siècle (K des Évangiles). Fin de l’Évangile de saint Luc, xxiv, 50-53. Biblioth. nation., grec 63, f 204 v*D’après Omont, Fac-similés des plus anciens manuscrits grecs en onciale et en minuscule de la Bibliothèque nationale du îvau kiv siècle, Paris, 1892, pi. xvii.

publier les catalogues des nouvelles acquisitions: Barberini(590 numéros) et Musée Borgia. — Pour les autresgrands dépôts italiens: Ambrosienne de Milan (environ2500 manuscrits en 1100 volumes), catal. par Martiniet Bassi, commencé à imprimer en 1901; Laurentiennede Florence, catal. de Bandini, en & volumes, Florence, 1764-1770 (1122 numéros); Marcienne de Venise, catal.par Zanetti et Bongiovanni en 1740, mis au courant parCastellani en 1895 (1 697 numéros); Abbaye de Grottaferrata, catal. par Rocchi en 1883 (666 numéros); Biblioth.nation, de Naples, catal. par Cyrillo en 1826-1832. Pourles dépôts moins importants, voir Martini, Catalogo diManoscritti Greci esistenti nelle Biblioteche italiane, Milan, deux tomes en trois fasc, 1893-1902 (le tome IIcontient le catalogue de la Vallicelliana, 127 numérosplus les 94 manuscrits d’AUatius); Omont, Les Mss.grecs… de Vérone, Leipzig, 1891.

2° France. — Il y avait en novembre 1898 dans lesbibliothèques publiques de France environ 5000 manuscritsgrecs, dont 4 798 à la Biblioth. nation, de Paris.Cette dernière comprend trois fonds distincts: 1. An(5 vol., 572 numéros); pour Berlin t. XI du catal. général: Verzeichniss der griechischen Handschriften, Berlin, 1890-1897 (417 numéros). — Collections secondaires: Gardthausen, Katalog der griechischen Handschriftender Univ.-Biblioth. zu Leipzig, 1898 (66 numéros); Omont, Catal. des Mss. grecs des villes Hanséatiques, Leipzig, 1890 (71 numéros, dont 60 pourHambourg); Von Ileinemann, Die Handschriften der…Bibliothek zu Wolfenbûttel, 1884.

En Autriche à part la collection des Papyrus Rainer, assez intéressante au point de vue biblique, on n’a guèreà signaler que la Biblioth, impér. de Vienne, cataloguepar Nessel, Vienne, 1690, par Lambecius, Comment, deBiblioth. Csesarea Vindob., lib. III, IV et V, 2e édit.par Kollar, Vienne, 1776-1778.

4° Angleterre et Irlande. — À Cambridge les manuscritsgrecs sont confondus avec les autres (catal. en1856-1867); il en est de même à Londres où ils sont enoutre dispersés dans les divers’fonds, mais il y a un Catal.of ancient Mss. in the British Mus. (part 1 Gréek), Londres, 1881. Pour Oxford, voir Goxe, Catal. codicum

Mss. Mbhoth, Jiùdleianæ, i. i, Oxford, 1853; Id., Catal.codic. Mss. qui in Gollegiis Aulisque Oxoniensibus koâieasservtmtw, 2 vol. avec index, Oxford, 1852. Pour ChristChurcb. il y a un catal. spécial par Kitchin, 1867, 86 numéros.

5° Espagne et Portugal. — Graux et Martin, Noticessommaires des Mss. grecs d’Espagne et de Portugal(saofl’Escurial et la Biblioth. nation, de Madrid), Paris, 1892, 227 numéros, dont 20 en Portugal. Pour l’Éscurial, Catalogue de Miller, Paris, 1848, 586 numéros; pourla Biblioth. nation, de Madrid, catalogue de Iriarte, 1769, complété par Miller, Paris, 1886, 236 numéros.

doublé le nombre des manuscrits bibliques connus.Pour le Sinaï, voir Gardthausen, Calai, codic Græcor.Sirtaitic, Oxford, 1886 (1 223 numéros dont 300 mss. bibliques); pour les vingt-quatre monastères du Mont-Athos, Lambros, KstixXoyoc tûv Iv t «ïç j31éXio6>)Xxtc toû’Aftou "Opiu; IXXrivixôv xioSfxwv, Cambridge, 1895 et1900 (6618 mss, grecs); pour les manuscrits grecs dePalestine réunis an patriarcat orthodoxe de Jérusalemet ceux qui sont conservés au Mexô^iov toû HavayiouTetqjou à Constantinople, Papadopoulos Kerameus, ’IepotfoXuîiiTiXï) BigXio67Jxv), Saint-Pétersbourg, 1801-1891, 4 vol. accompagnés de 5 vol. d’Analecta avec nombreux

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204. — Manuscrit grec daté de 11Ç7, en écriture minuscule. Biblioth. nat., grec 83, ꝟ. 134. Prologue de l’Évangile de saint Luc, i, 1-2.Omont, Fac-similés des manuscrits grecs datés de la Biblioth. nation., in-4°, Paris, 1891, pi. XL VIII.

6° Russie. — Murait, Catal. des Mss. grecs de la Biblioth.impériale, Saint-Pétersbourg, 1864; Vladimir, Description systématique des Mss. de la Biblioth. synodalede Moscou, première partie, 1894 (en russe); autrevieux catalogue en latin de la Bibliothèque du Saint-Synodepar Matthæi, Leipzig, 1805.

7° Autres pays. — Graux, Notices sommaires des Mss, grecs de la Biblioth. royale de Copenhague, Paris, 1879, 80 numéros; Graux et Martin, Notices sommairesdes Mss. grecs de Suéde, Paris, 1889, 79 numéros, dont66 à Upsal; Omont, Catal. des Mss. grecs des biblioth.des Pays-Bas (Leyde excepté), Leipzig, 1887, 63 numérosdont 30 à Utrecht (pour Leyde, catal. spécial en 1741avec supplément très considérable en 1852, en tout377 numéros); Id., Calai, des Mss. grecs de… Bruxelleset… de Belgique, Gand-Paris, 1885, 127 numéros dont121 à Bruxelles; Id., Catal. des Mss. grecs… de Suisse, Leipzig, 1886, 176 numéros dont 90 à Bàle.

8° Grèce et Orient. — Les bibliothèques de ces pays, explorées surtout depuis un demi-siècle, ont à peu près

fac-similés, avec un supplément par Kakylidès (Karâ-Xom «), Jérusalem, 1899; pour Athènes, Sakkeliôn, Ka-T-âXo^o; t(5v yeipofpâçiùv tïjç èOvixîjî BiêXtoÔTixTiç tt|(; ’EXXiSo; , Athènes, 1892, environ 210 mss. bibliques. PapadopoulosKerameus a aussi publié le catalogue des mss.grecs de Smyræ 1877; de Lesbos, 1884-1888, de Thraceet de Macédoine, surtout de Brama (monastère de Kosinitza), 1886, de Trébizonde, 1898; il a publié en outre laMavpofopSâtEioî BtëXio8rjxr! , Constantinople, 1884. Ilexiste un catal. des mss. d’Andros par Lambros, Athènes, 1898 et 1899, une description des mss. d’Amorgos par Mi)-Xtapôxriç, Athènes, 1884 Voir encore: Batiffol, Les Mss.grecs de Bérat d’Albanie, dans Archives des ^Missionsscientif., 3° série, t. xiii, Paris, 1887; Serruys, Catal. desMss. conservés au gymnase grec de Satonig «e) Paris, 1903(mss. échappés à l’incendie de 1890); Sakkeliôn, II «t|iixtiBiSXioOrixri, Athènes, 1890. Un ancien catalogue de Patmosfait en 1355 par Jean Paléologue se trouve dansMigne, t. cxlix, col. 1047-1052. — Les dépôts orientaux desmss. grecs, non mentionnés ici, ont peu d’importance 67U

MANUSCRITS BIBLIQUES

680

m. manuscrits grecs des septante. — 1° Nomenclaturecritique. — Le système de notation généralementadopté est celui de Holmes et Parsons, Vêtus Testant.Grxcum cum variis leclionibus, Oxford, 17981827. A. la fin du cinquième et dernier volume, Parsonsénumérait 3Il manuscrits, dont 13 onciaux, désignés parles chiffres romains de I à XIII, et 298 cursifs, désignésparles chiffres arabes de 14 à 311. — Swete, An Introd.to the Old Testant, in Greek, Cambridge, 1900, 2e édit., p. 148-168, a cru devoir retenir pour les cursifs la nuqu’ils sont désignés seulement par la mention vague: codex Dorothei, cod. Demetrii, cod. Eugenii, etc., il y aaussi des lectionnaires (37, 61, 132), des commentaires, etsurtout des chaînes qu’il faudrait énumérer séparémentet étudier par familles. Enfin la liste est encombrée dePsautiers qui n’ont souvent aucune valeur critique et ony rencontre des manuscrits copiés les uns sur les autres, ou sur un archétype commun, ou même sur des éditionsimprimées. En défalquant les doubles et les non-valeurs, la liste de Parsons serait réduite de plus de moitié.

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205. — Manuscrit grec daté de 1262. Bibliothèque nationale, gn.c 11°, f 1*’Miif. xi, 25-30.Omont, Fac-simiiés des.montiscnte grecs datés de la Bibliothèque nationale, pi. lvi.

mérotation de Holmes-Parsons, mais, à l’exemple deLagarde, il désigne les onciaux par des lettres majuscules, latines ou grecques. Il ajoute une liste d’unecinquantaine de cursifs sans numéros d’ordre et uneliste de fragments onciaux encore dépourvus de symbole.— La notation de Holmes-Parsons est extrêmementdéfectueuse et il est à regretter que les nouveaux éditeursde Cambridge ne l’aient point changée. 10 codex, rangés parmi les cursifs, n°* 23, 27, 39, 43, 156, 188, 190, 258, 262, 994, sont onciaux en tout ou en partie.9 manuscrits ( lx — 294; 73 = 237; 89 = 239; 94 = 131; 109 = 302; 130 = 144; 186 = 220; 221 = 276; 234 — 311)sont comptés deux fois, sous des numéros différents. Ily a dans la liste un certain nombre de manuscrits quipnt disparu ou qu’il est impossible d’identifier parce

2° Distribution géographique. — Les 3Il numéros deHolmes-Parsons se décomposaient ainsi: Italie 129, Angleterre 54, France 36, Autriche 26, Russie 23, Allemagne13, Espagne 7, Hollande 6, Suisse 6, Danemark4. Ces résultats n’ont pas changé sensiblementdepuis, car les monastères orientaux, si riches en manuscritsdu Nouveau Testament, se sont trouvés incroyablementpauvres en manuscrits des Septante. À part lesmss. suivants: Jérusalem, Saint-Sépulcre 2 (Heptateuque, Prophètes du ix c siècle); Athos, Pantocrator 24 (Heptateuquedu Xe siècle); Athos, Vatopédi 5Il et 513 (Heptateuqueet autres livres historiques du xe-xi l! siècle, etde 1021 respectivement); Athos, Lavra y 112 (Heptateuquede 1013); Sinaî 1 (Heptateuque du x^-xv siècle), l’Orient a donné peu de chose. Au contraire Paris a

fourni douze manuscrits nouveaux qui sont tous, il estvrai, des chaînes ou des commentaires.

3° Onciaux. — Nous donnons ci-contre la liste desonciaux. Parmi eux quatre seulement contenaient laBible entière. Ce sont le Sinaiticus, YAlexandrinus, leVaticanus (moins l’Apocalypse) et le Codex rescriptusEphrmmi (très mutilé). On a un manuscrit complet desSeptante en réunissant le Basilianus N et le Venetus V, qui ne formaient originairement qu’un seul et mêmecodex. Les autres ne contiennent qu’un livre, qu’ungroupe de livres ou que des fragments de l’Ancien Testament.— Les 18 fragments onciaux restés sans symbole, Swete, Introduction, 4e édit., p. 140-142, ont unevaleur assez secondaire. Un d’eux, le n° 14 (Zacharie, ivxiv, Mal., i-iv), serait très important si, comme le prétendaitHechler, Ninth Congress of Orientalists, Londres, 1893, t. ii, p. 331, il datait du m» siècle; mais il est plusprobablement du vu* (fig. 202).

d’annexer au Psautier. Le groupement des cursifs parfamilles n’est pas encore fait dans des conditions satisfaisantes; on nous le promet pour la grande édition critiquedes Septante en préparation à Cambridge. Déjànous possédons le classem*nt des chaînes qui constituentune portion considérable des cursifs. Cf. Die Propheten-Catenennach rômischen Handschriften, Fribourg-en-Brisgau, 1899 (Biblische Studien, t. iv, fasc. 2et 3); Karo et Lietzmann, Catenarum Græcarum Catalogus(extrait des Nachrichten der k. Gesellschaft derWissenschaftenzu Gôttingen, 1902, fasc. 1, 3, 5, p. 1-66, 299-350, 559-620).

Ce sont les cursiꝟ. 108 (Vatican, grec 330, livres historiques) et 248 (Vatican, grec 346, Prophètes) qui, prêtésau cardinal Ximénez, ont servi à la première édition del’Ancien Testament grec dans la Polyglotte d’Alcala. Lescursiꝟ. 29, 121, 68 (Venise, Saint-Marc, 2, 3, 5) furentemployés par Asolanus pour l’édition de Venise de 1519.

MANUSCRITS ONCIAUX DES SEPTANTE

NOM USUEL.

f * À lexandrinus..

f’Vaticanus…f * Ephrœmi rescript’Cottonianus…

Bodleianus…

Ambrosianus..

  • Sarravianus..

Petropolitanus.Bodleianus…Lipsiensis…

  • Vindobonensis..
  • Coislinianus…’Basilianus…

Dublinensis…

  • Marchalianus..’Veronensis…

{-"Sinaiticus…’Turicensis…

Londinensis…’Venetus

Parisiensis…

Vaticanus…

Taurinensis…

Tischendorf…

Cryptoferrat…

Bodleianus…

Basileensis…Dorothei II…Sangallensis…Sangermanensis.Sangermanensis.Monacensis.., Lotharingus…Cantabrigensis.

A

B

G

D

E

F

G

H

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K

L

M

N

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IX’»

IX"

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LIEU ACTUEL ET COTE.

15639

188190

27294

Londres, Musée britan. Royal Mss. I. D. v-vm.

Rome, Vatican, grec 1209

Paris, Biblioth. nation., grec 9

Londres, Musée britann., Cotton, Otho B. VI, 5-6

Oxford, Bodléienne Auct. T. infr. II, 1

Milan, Ambrosienne A. 147 inf.

Leyde, Paris et Saint-Pétersbourg

Saint-Pétersbourg, Biblioth. impériale

Oxford, Bodléienne, Auct. D. 4.1

Leipzig, Université, cod. Tischendorf II

Vienne, Biblioth. impériale

Paris, Biblioth. nat. Coislin, grec 1.

Rome, Vatican, grec 2106

Dublin, Trinity Collège K. 3. 4

Rome, Vatican, grec 2125

Vérone, Chapitre de la cathédrale

Saint-Pétersbourg et Leipzig

Zurich, Biblioth. municipale

Londres, Musée britan., Papyr. xxxvii

Venise, Marcienne, grec 1

Paris, Biblioth. nation., grec 20

Rome, Vatican, grec 749. ………..

Turin, Bibliotb. nation., cod. 9

Divers fragments publiés par Tischendorf…

Grottaferrata, Abbaye E. p. vu

Oxford, Bodléienne, Mss. Gr. Bibl. S. 2 …..

Autres psautiers onciaux.

IX*IX"

Bâle, Biblioth. de l’Université, A. vii, 3..

(Disparu)

Saint-Gall, Abbaye 17

Paris, Biblioth. nation-, Coislin, grec 186.

Id., Id., Coislin, grec 187

Munich, Bibliotb. royale, grec 251…Gotha (était autrefois en Lorraine)…Cambridge, Emmanuel Collège

    1. CONTENU##

CONTENU,

Bible.

Id.

Bible (lacunes).

Gen. (fragm.).

Heptat. (fragm.).

Heptat. (fragm.).

Heptat. (lacunes).

Nombres (fragm.).

Psautier.

Heptat. (fragm.).

Gen. (fragm.).

Heptat. Rois.

Complète V.

Isaïe (fragm.).

Prophètes.

Psaut. gr.-lat.

Bible.

Psautier.

Psaut. (fragm.).

Complète N.

Psaut. (fragm.).

Job.

Petit* Propb,

Rois (fragm.).

Proph. (fragm.).

Daniel (fragm.).

Ps. grec-lat.

DPs. CI-CL.

Ps. xviii-LXXH.

Ps. XVII-C1, .

Psautier.

Ps. I-LXX.

Psaut. (fragm.).

Dans ce tableau, les lettres qui suivent le nom des codêxsont celles qu’emploie P. de Lagarde pour désigner les onciauxdans Genesis grsece, etc., Leipzig, 1868, . et pour les Psautiers onciaux dans Novse Psalterii grseci editionis spécimen, Gœttingue, 1887, et dans Psalterium juxta Hebrseos Hieronymi, Leipzig, 1874.

Lagarde appelle Wp* le Bambergensis, Bibliothèque de Bamberg 44 (jadis A. I. 14), qui est un psautier quadruple dux" siècle (gallicaD, romain, d’après l’hébreu, grec en lettres latines), n appelle Zp s le Cotoniensis, Cathédrale de Cologne 8, quiressemble en tout au précédent, mais est moins ancien. Les chiffres sont ceux dont Holmes et Parsons ont introduit l’usage.

4° Cursifs. — Peu de cursifs contiennent tout l’AncienTestament. On cite comme exceptions les n° s 64, 68, 106, 122, 131. La plupart ne contiennent qu’un livre ou qu’ungroupe de livres et plus de la moitié n’ont que lesPsaumes avec ou sans les cantiques qu’on avait coutume

IV. MANUSCRITS GRECS DO NOUVEAU TESTAMENT. —

1° Nomenclature critique. — Les premiers éditeurs duNouveau Testament désignèrent par des symboles arbitrairesles codex dont ils se servaient. On trouve dansScrivener et dans Gregory la liste des sigles employés

par leurs devanciers: Estienne, Wallon, FeiL, MiU, Bengel, Matîhæi, Birch. Von Sodés, Die Schriften desN. T., 1902, t. i, p. 81-85, répète ces listes en y ajoutantcelles de Scrivener et 4e Gregory eux-mêmes. — Wettsteinest l’auteur de U notation généralement suivie denos jours. Il désigne les onciaux par des majusculeslatines, — exceptionnellement par des majuscules grecques, — les cursifs par-des numéros. Les livres duNouveau Testament sont divisés en quatre séries: 1. Évangiles, 2. Actes et Épltres catholiques, 3. Paul, 4, Apocalypse. Les mêmes lettres et les mêmes numérospeuvent se répéter dans chaque série, et pour ôter touteéquivoque il est souvent nécessaire de compléter lesigle par un indice. Ainsi la lettre B désigne le célèbrecodex du Vatican, mais comme il y manque l’Apocalypse, on appelle B^i** le texte de l’Apocalypse d’un autremanuscrit du vni «siècle conservé aussi au Vatican sousle numéro 2066, D «o est le Codex de Bète, Dp"» 1 estle Claromontanus; E es est le Basileensis, E mt est leLaudianus, etc. Chacun des manuscrits onciaux n’estindiqué que par une lettre; mais les cursifs le sont pardeux, trois et même quatre numéros différents, lorsqu’ilsrenferment deux, trois ou quatre divisions du NouveauTestament. Par exemple 18 des Évangiles, 113 des Actes, 132 de Paul, 51 ds l’Apocalypse ne sont qu’un seul etmême manuscrit. Paris, Biblioth. nat., grec 47. C’est làun premier défaut de cette nomenclature; en voici unplus grand. Pour les cursifs des Évangiles, la liste deWettstein comprenait 112 numéros, Birch la porta à 217, Scholz à 460. À partir de là, Scrivener et Gregory l’augmentèrentsimultanément et indépendamment l’un del’autre, de sorte que les numéros assignés par eux auxnouveaux manuscrits ne correspondent plus. Il en estde même pour les trois autres séries. — Von Soden avoulu remédier à ce manque d’accord et aux autresinconvénients de la nomenclature usuelle en introduisantune nouvelle notation destinée à rendre service, sielle était universellement adoptée; mais qui mettra laconfusion à son comble, si elle ne l’est que partiellement, comme sa complication le fait craindre. Il part, de ceprincipe juste qu’une bonne notation doit indiquer lescaractères du codex les plus intéressants au point devue critique, c’est-à-dire son âge et son contenu, sonlieu d’origine ne pouvant pas le plus souvent être déterminéet son séjour actuel étant chose indifférente.Il n’emploie que des chiffres arabes précédés d’une destrois lettres grecques 8=Sia()7pu], quand le codex contientplus que les Évangiles, E=eùafyéXiov, quand ilrenferme seulement les Évangiles en tout ou en partie’, a = àicôffToXoc, quand il ne contient pas les Évangiles.La présence ou l’absence de l’Apocalypse est généralementindiquée par le numéro lui-même. Danschacune de ces trois séries, les 49 premiers numérossont réservés aux manuscrits antérieurs au Xe siècle etles numéros 50-99 aux manuscrits du Xe siècle, qu’ilsrenferment ou non l’Apocalypse. Les numéros 100 à 199indiquent les codex du xr= siècle, 200 à 299 ceux du xii» et ainsi de suite. Il est entendu que dans chaque centaineles 50 premiers numéros sont affectés aux codexayant l’Apocalypse. Ainsi le siglé «235 indiquera uncodex du xii» siècle ne renfermant pas les Évangiles, mais ayant l’Apocalypse, 6375 un codex du xw sièelecontenant le Nouveau Testament, mais non l’Apocalypse, etc. M. von Soden ne tient aucun compte de ladistinction entre cursifs et onciaux qui lui semble purementextérieure et matérielle. Plusieurs manuscrits sontmoitié cursifs, moitié onciaux; quelques cursifs datéssont plus anciens que des onciaux également datés; enfinla forme de l’écriture ne change rien à la valeur intrinsèquedes manuscrits. Ces raisons sont bonnes, mais ilest probable que l’on continuera longtemps à désignerles grands onciaux par les lettres usuelles. On y est habituéet c’est plus court et plus commode. Le Laudianus, E des Actes, devient dans la notation de M. vonSoden a 1001, le Basileemis, E des Évangiles, e55. Cesystème de notation algébrique, outre qu’il déroute lelecteur, est un peu long et compliqué.

2° Statistique. — Gregory, Prtdegomena, etc., Leipzig, 1884-1894, p. 337, donnait une liste de 88 onciaux dont66 contenaient en tout ou en partie les Évangiles, 15 lesActes, 7 les Épltres catholiques, 30 Paul, 5 l’Apocalypse.Mais il était presque aussitôt obligé d’y joindre un supplément, p. 441-450, où il énumérait les codex ou lesfragments oncia u s découverts depuis. Sa liste des cursifscomprenait 1273 numéros pour les Évangiles, 416 pourles Actes et les Épltres catholiques, 480 pour Paul, 183 pour l’Apocalypse. Il y joignait 936 évangéliaires et265 épistolaires. Dans les lectionnaires on ne distinguepas entre onciaux et cursifs. — Scrivener-Miller, Introduction, etc., 4e édit., Londres, 1894, t. i, p. 377, enregistrait124 onciaux (Évangiles 71, Actes et Cath. 19, Paul 27, Apoc. 7) et 3667 minuscules (Évangiles 1021, Actes etCathol. 420, Paul 491, Apoc. 184, évangéliaires 963, épistolaires 288), ce qui donne un total général de 3791textes. Mais il faut se rappeler que ces textes ne formentpas autant de volumes ou de fragments distincts, chaquevolume pouvant compter pour plusieurs numéros.Miller, op. cit., t. i, p. 410, porte le nombre des manuscritsdifférents à 2 972 parmi lesquels 724 se trouventdans les monastères orientaux de l’empire ottoman, 644 en Italie, 438 dans l’empire britannique, 324 enFrance, 260en Palestine, 197 en Grèce, 140 en Allemagne, 104 en Russie, etc. — Gregory, Textkritik des N. T., t. i, Leipzig, 1900, p. 18-123 (onciaux), p. 124-326 (cursifs), p. 387-478 (lectionnaires), augmente considérablementles listes précédentes. — Mais le catalogue le pluscomplet et le plus exact est celui de von Soden, DieSchriften des N. T., in ihrer âltesten erreiclibarenTextgestalt, Berlin, 1902, t. i. Comme il ne distinguepas entre onciaux et cursifs, qu’il compte à part lestextes pourvus d’un commentaire et qu’il ne s’est pasencore occupé des lectionnaires, la comparaison avecses devanciers est difficile. Son principal mérite estd’avoir revisé soigneusem*nt les listes antérieures, d’enavoir exclu les manuscrits signalés par erreur, disparus, impossibles à identifier ou comptés plusieurs fois, etc.Les résultats sont les suivants: pour les Évangiles1 716 textes dont 277 commentaires, pour les Actes et lesÉpltres catholiques 531 textes dont 53 commentaires, pour saint Paul 628 textes dont 153 commentaires, pourl’Apocalypse 219 textes dont 66 commentaires. Ces textessont compris dans 2 328 manuscrits distincts. Les lectionnaires, nous l’avons dit, ne sont pas comptés. Dans unappendice daté du 30 octobre 1902, il ajoute une trentainede numéros. 342 codex sont catalogués par lui pourla première fois.

3e Onciaux du Nouveau Testament. — Les 45 manuscritscompris dans le tableau synoptique ci-contre nereprésentent pas la totalité des onciaux. La lettre T munied’un indice (T b, T c, F’, etc.) sert à désigner, outrele Borgianus, vingt-six autres fragments dont plusieursse composent seulement de quelques versets ou mêmed’un seul verset (T s = Matth., 1, 1). La lettre W, aussi àl’aide d’indices, s’applique à quatorze fragments pareilset ainsi de suite. — Ces codex contenaient très rarementle Nouveau Testament entier. Faisaient exception le’Sinaiticus, VAlexandrinus, le Codex Ephrxmi resc.(très mutilé aujourd’hui), le Vaticanus, un manuscritde l’Athos (Lavra 172) récemment découvert et désignépar la lettre W. Dans les deux derniers l’Apocalypsemanque. C’est du reste l’Apocalypse qu’on rencontre leplus rarement dans les onciaux. Elle n’existe que dansn, A. C. (avec des lacunes équivalant à 171 [versets sur405). B"! "* et P. (le PorphyriamtSj avec quelques lacunes).Les Épltres catholiques sont rares aussi. On neles trouve en entier que dans s. A. B. K. Le S. et en 685

MANUSCRITS BIBLIQUES 686

MANUSCRITS GRECS ONCÏAUX DU NOUVEAU TESTAMENT

NOM USUEL.

f * Smameus…j- * Aleocanérinus..j-’Vaticanug…-j- " Epta-œrmi rescr..

f’Bezse cod’Basileensis.

Boreeli cod…

WolfiiA

WolfliB. ….f Cyprius

  • Regius

Campianus…

  • Purpureus…

Guelferbyt. A..Guelferbyt. B..’Nitriensie…

Vaticanus…’Borgianius…

  • Marcianus…’Mosquensis…
  • Monacensis…

Barberinus…Dublinensis…Tischendorf. IV.’Sangallemis…Tischendorf. III.Zacyntbius…

  • Petropolitan…
  • Rossanensis…
  • Beratinus…

Sinopensis…

f’Laudianus..’Mutinensis.’Mosquensis."Angelicus..

  • PorvhyHanus

Athous cod."Patirensis..

f’Glaromontanus.’Semgermanensis.’Augiemis…’Boernerianus..Goislinianus…" Hamburgensis..

LIEU ACTUEL ET COTE.

COMTES fi. «

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VI*

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i.. Manuscrits contenant tes Évangiles.

Saint-Pétersbourg, SBUfetsb. jropériaje

Londres, Musée bri tannique

Rome, Vatican, grec 1209.,

Paris, Biblioth. nation., grec S

Cambridge, BQflioth. de l’Université, Nn. II. 41 ….

Baie, Biblioth. de l’Université, A. N. III. 12

Utrecht, Biblioth. de l’Université.

Loodres et Cambridge

Hambourg et Cambridge

Paris, Biblioth. nation., grec 63

H. Id. grec 62

ld. Id. grec 48

St-Pétersbourg, Paris, Rome, Patmos, Londres et Vienne.Wolfenbattel, Bibli.th. ducale, Weissenburg 64 ….

Id. Id. Id

Londres, Musée britannique, addit. 17211

Rome, Vatican, grec 354

Vatican, Museo Borgiano

Venise, Marciana I, 8

Moscou, Saint-Synode 399

Munich, Université Ms. fol. 30

Rome, Vatican, Barberini grec 521 (jadis V. 17)…

Dublin, Trinity Collège K. 3. 4

Oxford et Saint-Pétersbourg

Saint-Gall, Abbaye 48

Oxford et Saint-Pétersbourg

Londres, Société biblique 24

Saint-Pétersbourg, Biblioth. impér. 38.

Rossano (Calabre), Archevêché

Bérat d’Albanie, Église Saint-Georges

Paris, Biblioth. nation., suppl. grec 1286

2. Manuscrits des Actes et des Épitres-catholiques.Voir S. A. B. C. D. des Évangiles.

.Oxford, Bodléïenne, Laud, 35…

Modène, Bibliothèque ducale

Moscou, Saint-Synode 98.. …….

Rome, Augelica 39 (jadis A. 2. 15)…Saint-Pétersbourg, Biblioth. impér. 225.

Athos, ’Laure 88

flome, Vatican, grec 2061

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Bible.

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là.Biltle (lacune).

Évang. Actes.

Kvang.

Id.

H.

Id.

Id.

Id.

Id.

Évang. (fi’ogm.).

Id.

Id,

ld.

Évang.

Évang. (fragra.).

Évang.

Id.

Évang. (comment.).

Jean (fragm.).

Évang. (fragm.).

Evang.

Id.

Id.

Évang. (fragm.).

Evang.

Id.

H.

Matth. (fragm.).

Actes.Id.Act.Cath. Paul.Id.Id.Id.-Id.

3. Manuscrits des Épitres de S. Paul.Voir N. A. B. C. des Évang. K. L. P. S. "i des Actes.

D «1026

VI*

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a 1027

IX*

F

K 1029

IX*

G

a 1023

IX*

H «1022

vr

M «1031

IX*

Paris, ’Biblioth. nation., grec 107

Saint-Pétersbourg, Biblioth. impér. 20

Cambridge, Trinity Collège B. X.VTI, 1…

Dresde, Biblioth. royale A. 145’Paris, Kiew, Saint-Pétersbourg, Moscou, TurinHambourg et Londres

Paul.Id.M.id.Id.Id.

4. Manuscrits de VApocafyjpse.Voir «.A. C, des ÉvangBeSj P des Actes.

  • Vaticanus. «1070 I vm’-JX* 1 Rome, "Vatican, grec 2066

.1.Appc.

majeure partie dans C. P. Les Actes sont un peu mieuxreprésentés: k. A. B. E. P. les contiennent en entier ouçcesque en.entier; C. D. H. L. en majeure partie. LesÉpitres de saint Paul «ont presque en entier dans &. D. L. «t en majeure partie dans A. B.C. K. F..fi. jL’P.jimaisf! devrait être.banni de la liste des autorités, ..car m «’estqu’une copie fautive de D. Les Évangiles sont sans «ûBftpaïaJsoo la partie du Nouwea* Testament Ja «weuitraitée.

¥ Curaifs du Ncwmu Testament. — ©km tpi’engénéral postérieurs aux oneiaux, les eursifs peu, vent.asoir pius de valeur au point de vue.critique, quand ilssont copiés sur un meilleur archétype. Mais l’espèce desuperstition qui s’attache aux premiers leur a souvent 687.

MANUSCRITS BIBLIQUES

nui et on ne leur a prêté jusqu’ici qu’une médiocreattention. Beaucoup d’entre eux n’ont pas encore étécollationnés ou ne l’ont été que négligemment; plusieursne sont connus que pour figurer dans les listes des manuscrits.— La première chose à faire serait de lesranger par familles et d’en établir soigneusem*nt lagénéalogie et la parenté. Ce travail est déjà commencé.Ferrar avait reconnu que les codex désignés dans lasérie des Évangiles par les n M 13, 69, 124, 364, formaientgroupe à part et dérivaient d’un même archétype. Cf.Abbott, À collation of four important Mss., Dublin, 1877; Martin, Introduct. à la critique textuelle du N. T., t. iii, Paris, 1885, p. 188-206; Rendel Harris, Furtherresearches into the history of the Ferrar-group, Londres, 1900. Un trait commun à ce groupe, c’est que lepassage de l’adultère, Joa., viii, vient après Luc, xxi, 38.On a depuis adjoint à ce groupe quelques autres codex, comme Evang. 556 et 561 (d’après la notation de Gregory543 et 713). — On a fait un travail analogue pour unautre groupe Évang. 1, 118, 131, 209. Cf. Kirsopp Lake,

talogués. Plus de cent évangéliaires "sont onciaux, ainsique six ou sept êpistolaires. Mais il est à noter quel’onciale se conserva dans l’usage liturgique beaucoupplus tard que pour les ouvrages ordinaires. Les livresliturgiques onciaux du xi° siècle ne sont pas rares et onen trouve jusqu’au XIVe siècle qui s’efforcent d’imiterl’écriture archaïque. — Très peu de lectionnaires ontété sérieusem*nt collationnés. Scrivener, Introduction, 4e édit., 1894, t. i, p. 327-376, les signale dans sa liste.Nous ne croyons pas utile de les mentionner.

IV. Manuscrits latins. — I. paléographie. — Lescaractères paléographiques, plus tranchés en latin qu’engrec, permettent le plus souvent de déterminer avecassez de précision l’âge et la patrie primitive des manuscritslatins. On distingue cinq espèces d’écriturelatine: la capitale, l’onciale, la semi-onciale, la minusculeet la cursive.

1° La capitale, l’écriture des inscriptions, qu’on subdiviseen capitale carrée et en capitale rustique, futassez usitée pour la transcription des ouvrages classiques.

r iifrfbtiiît^|tta" ceinte

t

oc wt^^tn^nçi^o^xi^

206. — Écriture lombarde du x" siècle. Joa., i, 1-2. Codex cxxvii du Mont-Cassin.Bibliotheca Casinensis seu Codicum manuscriptorum qui in tabulario Casinensi asservantur séries, t. iii, en face de la p. 166.

. Codex 1 of the Gospels and its Allies, Cambridge, 1902(dans Texts and Studies, t. vii, fasc. 3). La conclusionest que ces quatre manuscrits dérivent d’un ancêtrecommun. — Le ms. grec 97 de la Biblioth. nationale(xme siècle), signalé comme important par Martin, vientd’être étudié par Schmidtke, Die Evangelien eines altenUnzialcodex, Leipzig, 1903, et comparé au groupe B. n.C. L. A. T. 33, 892, qui représenterait la recension d’Hésychius.— Gregory, Prolegomena, p. 476 et 478, signaleune autre famille de textes dans les n° s 47, 54, 56, 58, 61, 109, 171, des Évangiles. Les n° s 4 et 273 des Évangilesparaissent frères jumeaux. C’est par des travaux decomparaison de cette espèce qu’on fera avancer la critiquetextuelle du Nouveau Testament.

5° Lectionnaires. — Ils sont désignés, nous l’avons dit, par des chiffres arabes sans distinction de cursifs etd’onciaux. À part de rares exceptions, ils ont été trèspeu étudiés jusqu’ici. C’est à tort, croyons-nous. Beaucoupsont anciens et les petites modifications exigéespar l’usage liturgique (telles que la formule: En cetemps-là) n’ont pas sur le texte une influence sérieuse.Gregory, Textkritik, etc., 1900-1902, p. 387-478, donneune liste d’évangéliaires comprenant 1 077 numéros (unedizaine de numéros sont libres, parce qu’un manuscritleur avait été assigné par erreur; mais en revanche unevingtaine de numéros sont assignés à deux ou plusieursmanuscrits). Il y a pour les êpistolaires 287 numéros plus46 manuscrits portant le même numéro que Pévangéliairecorrespondant: ce qui fait en tout 303 êpistolaires caOn cite surtout le Virgile romain et le Virgile palatin duVatican, le Virgile de Médicis, celui de Saint-Gall, lePrudence de Paris, le Térence de Bembo, etc. La plusgrande diversité d’opinion règne parmi les critiques ausujet de l’âge de ces manuscrits. Très peu de codexbibliques sont en capitales et ils appartiennent à uneépoque où la capitale avait cessé d’être d’un usage commun, même pour les manuscrits de luxe. Le célèbrePsautier d’Utrecht à trois colonnes, en capitale rustiquemêlée d’onciale, et le début du Psautier de saint Augustin(Musée britan. Vespas. A. I) ne remontent pas audelà du ixe siècle et ne sont qu’une imitation assez maladroite.En général la capitale ne sert que pour lestitres.

2° Dans Yonciale, à la différence de la capitale, certaineslettres (A, D, E, H, M, V) prennent une formearrondie. Le Vercellensis, du iv 8 siècle, le plus ancienmanuscrit latin de la Bible, présente l’un des plus beauxspécimens de ce type. Voir aussi les fac-similés du CodexBezse, 1. 1, col. 1770, et du Claromonlanus (au mot Canon, t. M, col. 147) pour le VIe siècle, du Laudianus, col. 127, pour le VIIe, de VAmiatinus, t. i, col. 481, pour le commencementdu vme. L’onciale dura jusqu’au vm 8 siècle, époque où elle fut supplantée par la minuscule Caroline; elle subsista quelque temps encore pour les manuscritsliturgiques et fut employée même beaucoup plus tardpour les titres des livres ou des chapitres. L’onciale subitune détérioration graduelle, mais l’évolution fut lente etl’aspect général n’est pas très différent. Pour distinguer

l’âge, il faut tenir compte de la qualité du parchemin, des abréviations plus ou moins nombreuses et fixer sonattention sur quelques lettres typiques telles que F, H, L, M, . N, P, R, T. Les traits forcés, exagérés, superflusou ajoutés en guise d’ornement, sont tous signes d’uneancienneté moindre, mais la question est délicate et demandebeaucoup d’expérience. Cf. E. Châtelain, VncialUscripturæ codicum Latinor., l re partie, Paris, 1901(nombreuses planches, parmi lesquelles se trouvent unequinzaine de reproductions de manuscrits bibliques, avec notices explicatives).

3° La semi-onciale fut employée concurremment avecl’onciale du ve au IXe siècle. Elle s’en distingue moinspar l’aspect général que par la forme minuscule de certaineslettres b, d, e, iii, et surtout r et s. Ce furent lesIrlandais qui l’employèrent le plus pour la transcriptiondu Nouveau Testament et qui l’importèrent avec euxdans leurs migrations sur le continent à Luxeuil, à

qu’au xme. Le fameux Cavensis est espagnol par son texteet lombard par son style. On trouve de nombreux spécimensde cette écriture magnifiquement reproduits dansla Bibliotheca Casinensis, t. i, Mont-Cassin, 1883; t. v, en cours de publication. — L’écriture visigothiquerégna en Espagne du vme à la fin du XIe siècle. Seschefs-d’œuvre: le Complutensis i, le Legionensis i etil, XMmilianeus, la Bible de Rosas, sont du IXe et dux» siècle; le Toletanus appartient peut-être au vin». VoirEwald et Lœwe, Eccempla scriptural visigothicse, Heidelberg, 1883 (40 planches photographiques). — À côté dela demi-onciale dont il a été question ci-dessus, lesIrlandais firent usage d’une minuscule pointue, angu"leuse, qu’on rencontre par exemple dans le Book ofDimma (vni «s.), dans le Book of Armagh (ixe s.) etdans les Évangiles de Lambeth ou de Macdurnan(ixe-xe s.). — Nous n’avons rien dit de l’écriture anglosaxonne, parce qu’elle manque d’originalité. Elle subit

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207. — Ecriture de Hartmot, abbé da Saint-Gall (872-883), d’après un manuscrit du British Muséum, addit. U95?.]Commencement de l’Epitre apocryphe aux Laodiciens. ICenyon, Fac-similés of Biblical Manuscripts, pi. xvi.

Wurzbourg, à Bobbio, à Saint-Gall (fig. 207), etc. LeBook of Kells est un modèle de demi-onciale; les Évangilesde Lichfield ou de Saint-Chad et les Évangiles deMacregol en offrent aussi des spécimens remarquables.Il semble que les Irlandais n’ont jamais pratiqué l’onciale, car les Évangiles de saint Kilian à Wurzbourg, en belle onciale du vu 8 siècle, ne témoignent en riend’une origine irlandaise. Voir E. Châtelain, Uncialisscript., 2 «partie, Paris, 1902.

4. La minuscule et la cursive sont souvent confonduesdans le langage. À proprement parler, la cursive, caractériséepar la liaison des lettres et la simplification decertains traits, a toujours existé à côté des autres genresd’écriture. Les inscriptions et les tablettes de Pompéinous offrent des exemples de majuscule cursive. Tandisque l’onciale et la demi-onciale conservent une ceivfaine uniformité malgré la différence des pays où on’Iesemploie, la minuscule se divise en écritures nationalestrès nettement tranchées. On distingue surtout les quatreespèces suivantes: mérovingienne, lombarde, visigothique, irlandaise. Nous ne parlerons pas de l’écriture’mérovingienne, contournée, allongée, difficile à lire, parce qu’elle fut usitée principalement pour les charteset diplômes et rarement pour la transcription de laBible. — L’écriture lombarde (fig. 208) fut cultivée surtoutdans les monastères de la Cava et du Mont-Cassin.Elle atteignit sa perfection du ix «au XIe siècle et dura jusdans le midi l’influence italienne et dans le nord l’influenceirlandaise. Voir Westwood, Fac-similés… ofAnglo-Saxon and Irish Manuscripts, Londres, 1868; Maunde Thompson, Palœography, dans EncyclopsediaBritannica, 9e édit., Edimbourg, 1885, t. xviii, p. 157160. — Dans les dernières années du vme siècle futinauguré en France et principalement à Saint-Martinde Tours, dont Alcuin était abbé, un nouveau genred’écriture dont l’élégance n’a d’égale que la simplicitéet la netteté (fig. 209). L’écriture Caroline, comme onl’appelle du nom de Charlemagne, supplanta graduellementles écritures nationales dans les divers pays de l’Europe.Elle ne cessa pas d’évoluer jusqu’à devenir, aprèsavoir subi une transformation complète, cette écrituregothique, serrée et compacte, remplie de liaisons etd’abréviations que nous présentent les manuscrits duxiii «siècle (fig. 208). À partir de cette époque les Bibleslatines, reproduisant purement et simplement le texteparisien, n’ont plus beaucoup d’intérêt au point de vuecritique. — Outre les ouvrages cités ci-dessus à proposdes divers genres d’écriture latine, et ceux qui ont été signalésà la fin du paragraphe précédent, voir: Steffens, Entwickelung der lateinischen Schrift bis Karl denGrossen, Fribourg (Suisse), 1903; Wessely, Schrifttafelnzur alteren lateinischen Paléographie, Leipzig, 1898; Tangl, Schrifttafeln zur Erlernung der latein. P<frlœogr., Berlin, 1897-1898.

MANUSCRITS BIBLIQUES

n. anciennes versions z£tines. — 1° Nomenclaturecritique. — Les textes de l’Ancien Testament d’après lestersions antérieures à saiat Jérôme n’ont pas de symbolegénéralement Teçu. Ceux du Nouveau sont désignesen critique paT des minuscules italiques avec ou sansindice. Mais, le nombre des manuscrits augmentant de

208. — Écriture du xiii’siècle. Gen., i, 1-3. D’après le manuscritRoyal 1. D. 1 du Musée britannique. Kenyon, Fac-similés ofBiblical Mamtseripts in the British Muséum, Londres, 1900, pi. XJX.

jour en jour, ce système de notation deviendra bientôttrès incommode. Il est vrai que la plupart ont un nomconventionnel qui se rapporte à leur histoire; mais il y-a eu tant de codes appelés Sangallensis ou Vitidobonensisque ces désignations vagues ne suffisent pas à les distinguerdes autres. Dans les manuscrits grecs-latins lamajuscule indique le texte grec; la minuscule italiquecorrespondante, le texte latin. Ainsie désigne le textelatin du Laudianus E act et aussi le latin du SangermanensisE™ 1, tandis que la même lettree est déjàaffectée au Palalinus des Évangiles. Encore un exemple

la Vulgate, parce qu’ils sont trop nombreux. 2° Plusieurscodex dont an a perdu la trace (fragments de Fleury, Job, XL, 3*9; VaUicelHanns B. vii, contenant Esther, i-il, d’après une ancienne-version; Pechianus contenant desfragments d’Esther). 8° Quelques antres fragments peuimportants ou encore peu connus (Gen., xxv, 20-xxviii, 8, publié par Oonybeare; Gen., su, 17-xm, 14, xv, 2-12, publié par Belsheim; 1 Sam, ii, 3-10, publié par Berger; I Sam., is, 1-S; xv, 10-18; II Sam., «, 29-m, 5; I fteg., v, 2-9, publié par Weissbrodt; II 6am., x, l’8-xi, 17, -ïiv, 17-30, publié par Haupt).

N’est pas non plus compris dans la liste le Spéculum, dit, à tort, de saint Augustin, qui est désigné en critiquepar la lettre m et qui se compose.d’extraite des livres dela Bible d’après une ancienne version. Il est représentépar une vingtaine de manuscrits, dont le principal est leSessorianns (Rome, Bibliothèque nationale, Tondo’Sessoriano58) du vin» ou du ix» siècle. — Mff r Batilïol areconnu le premier que les fragments de Coire ai ont faitautrefois partie du même manuscrit que les fragmentsde Saint-Gall n. Il serait donc logique de les désignerpar le même symbole, soit n (a parte potion), soit ai sil’on tient à indiquer la parenté avec le Vercellensis a.Mais il n’y a aucune raison pour donner, comme Gregory, Textkritik, etc., p. 600, le même symbole aa aux fragmentso et p qui n’ont d’autre rapport avec n que lefait d’être reliés dans le même recueil (Saint-Gall, Abbaye 1394). (Voir tableau ci-contre, col. 693.)

/II. manuscrits de la vuloate. — 1° Nomenclaturecritique. — On désigne les principaux manuscrits de la"Vulgate par un nom latin relatif à leur histoire ou parles premières lettres de ce nom: Amiatinus ou am, Fuidemisou fuld, fu, etc. C’est surtout Tischendorf qui arépandu l’usage de ces abréviations, adoptées aussi par

F"_ g - -"" = - - - # - - *? ~ - - — _—! _ - - -

  • k H**-s ni t&**%z f &i

209. — Écriture Caroline du Bf sièele. Bfble de Grandval. Is., t, 10-12. British Muséum, addit. 10546.Kenyon, Fac-similés of Biblical Mantwcripts, pi. xtv.

des complications, des anomalies et des équivoques dela notation actuellement en usage.

2° Kestes des anciennes versions. — On.sait que parmiles deutéroeanoniques, les livres de Judith et de Tobieont été seuls traduits par saint Jérôme sur un textechaldéen. Baruch, la Sagesse, l’Ecclésiastique, les deuxlivres des Machabées, les fragments deutéroeanoniquesd’Esther et de Daniel sont passés dans la Vulgate sansrévision. D’assez nombreux manuscrits nous ont conservéune ancienne traduction de Judith et de Tobie et, pour plusieurs des autres, nous possédons aujourd’huinne version complète ou partielle différente de celle quifut admise dans la Vulgate. Voir Latines (Versions), t. IV, col. 104-106. Dans la liste ci-jointe, rédigée dansnn but d’utilité pratique, nous énumérons les reliquespréhiéronymiennes de l’Ancien et du Nouveau Testament.Nous exceptons toutefois: 1° Les livres deutéroeanoniquesnon traduits par saint Jérôme ainsi que la_plupart des textes de Judith et de Tobie qui diffèrent de

Berger. Un certain nombre de codex ont an nom conventionnel: Book of Lindisfame, Pentateuque de Tours, Bibles de Charles le Chauve. Pour désigner les autresil faut indiquer la hibliothèque où ils se trouvent avecleur cote actuelle. Wordsworth désigne par des majusculeslatines, simples ou doubles, les 40 manuscritscoîlationnés par lui en vue de l’édition critique de laVulgate. — 2° Nombre. — Le nombre des manuscrits dela Vulgate, déposés dans les bibliothèques publiques oupossédés par des particuliers, est fort considérable. Ona pu’sans trop d’invraisemblance l’évaluer à S 000 exemplaires.Nous en avons compté plus d’un.millier dansles grandes.bibliothèques de Paris. Il n’existe pas deliste.complète, parce que le travail qu’elle exigerait seraitsans proportion avec le résultat obtenu: la grande majoritédes copies, postérieures au xir 3 siècle, n’ayantpresque aucune valeur critique et n’étant que des reproductionsplus ou moins fautives du texte parisien.Gregory, Textkritik des N. T., Leipzig, 1902, "t. ii, p. 634693

MANUSCRITS BIBLIQUES

MANUSCRITS DE L’ANCIENNE VERSION LATINE

NOM 138UEL.

  • Lugdunensis..’Monacensis I..

Wireeburgensis I

Ottobonianus..

Monacensis II..

Complutensis..

Corbeiensis 1..

Legionensis…

Vindobon.palimps.

Veronensis…SangermanensisSangallensis..Wireeburgensis IIMs. deWeingarten.’Vercellensis…

Curiensa frag..’Veronensis…’Colbertinus…’Bevs Codex…’Palatinus…,

Briœianus…

Corbeiensis II..

Corbeiensis III.

Sangermanensis

Sangermanensis

Claromont. Vatic

Vindobonensis..’Saretianus …’Bobiensis. …

Rehdigeranus..

Sangall. fragm. I

Sangall. fragm. II.

Sang ail. fragm. III.’Monacensis…’Dublinens18…

Ambros. fragm.

Bernens. fragm.

Vindob. fragm.

Aureus Holm..’Sangallensis…

"Laudianus..

Corbeiensis..’Gigas libror.

Mediolanensis.

Palimps.deFleury.’Monacensis..

Ms. de Perpignan

Palimps.dcBobbio’Claromontanus.’Sangermanensis’Augiensis…’Bœrnerianus..Guelferbytanus.’Monacensis…

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1.IEO ACTUEL ET COTE.

    1. CONTENU##

CONTENU,

I. Ancien Testament. — 1. Livres historiques.

VI’v-vr

vr-vir

vm°

IX’IX’X’V

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VI"

Lyon, Biblioth. publique, 54

Munich, Biblioth. royale, lat. 6225..Wurzbourg, Université 64 a..»,

Vatican, Ottoboni, lat. 66

Munich, Bihlioth. royale, lat. 6239..Madrid, Biblioth. de l’Université 31.Paris, Biblioth. nation., lat. 11549..

Léon, San-Isidro

Vienne, Biblioth. imper

Libres poétiques et prophétiques.

Vérone

Paris, Biblioth. nation., lat. 11947

Saint-Gall, Abbaye 912.

Wurzbourft, Biblioth. de l’Université 64 aFnlda, Darrnstadt et Stuttgart

II. Nouveau Testament. — 1. Évangiles.

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VI’IX’-X*

IX’IX’VI*

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Verceil, Cathédrale

Goire, "Musée rhétique

Vérone, Biblioth. du Chapitre

Paris, Biblioth. nation., lat. 254.

Cambridge, Biblioth. de l’Univers. Nn. 2. 41

Vienne, Biblioth. impér. H85

Brescia, Biblioth. du Chapitre

Saint Pétersbourg, Biblioth. impériale

Paris, Biblioth. nation., lat. 17225

— — lat. 11553

— — lat. 131A9

Rome, Vatican, lat. 7223

Vienne, Biblioth. impér. 1235

Abbaye du Mont-Cassin (provisoirement)

Turin, Biblioth. nation. 6. VII, 15 (endommagé par I’inBreslau [cendie)

Sa’int-Gall, Abbaye, 1394

Munich, Biblioth. royale, lat. 6224.Dublin, Trinity Coll. A. IV. 15…Milan, Ambrosienne, C. 73 inf…Berne, BiMioth. de l’Université 611.Vienne, Biblioth. impér. lat. 502..

Stockholm, Biblioth. royale

Version latine du codex grec-latin A.

2. Actes et Épitres catholiques.

Version latine du codex grec-latin "E

Sa’mt-PétiersboTirg, Bibttotb. impér. Qv. I. 39.

Stockholm, Biblioth. r-ayile

Milan, Ambrosienne

Paris, Biblioth. nation., lat. 6400 G

Munich, Bihlioth., lat. 6436

Paris, Biblioth. nation., lat. 321..

Vienne, Biblioth. impér., lat. të

De plus $ des Évangiles.

3. Epitres de saint Paul.

Version latine du codex grec-latin DVersion latine du codex grec-latin E.Version latine du codex grec-latin F.Version latine-dn codex grec-latin G.WoltenbâtteL Weiasenbitrg, 64…Munich, Biblioth. royale, lai. 6436..

Heptateuque.Pentat. (fragm.).

la.

Gen. Ex. (fragm.).

Tob. Judith. Esth.

Rufh, Judith.

Ësther, Judith.

Fragm. divers.

Rois (fragm.).

Psautier.

H.

Jérém. (fragm.).

Proph. (fragm.).

Proph. (fragm.).

Evang.

Luc (fragm.).

ÉvangId.

Évang. Act.

Évang.

Id.

Matthieu.

Évang.

Id.

Id.

Matthieu.

ÉvangJean (fragm.).

Matt. Marc (fcagm.).

ÉvifflSÉvang..(fraigm.).

Marc, xvjj 14-20.

Jean, xl, 16-44.

Évang. (muta.).

Évang.

Luc (fragm.).

Marc (fragm.).

Jean (fragm.).

Évang.

Id.

Actes.

Jacques.

Act. Apec.

Art. (fragm.).

Act. cath Apoc.

Cath. (fragm.).

Act. (parties).

Act. (fragm.).

Paul.Id.Id.Id.Paul (fragm.).Id.

4. Apocalypse. (Voir g et h des Actes.)

729, tout en ne s’occupant que du Nouveau Testamentet des codex conservés dans les bibliothèques publiques, énumère 2369 manuscrits. Il ne prétend nullementdonner une liste complète. — 3° Classification. — Laclassification généalogique est la plus scientifique. Grâceaux travaux de Berger, de Wordsworth et d’autres savants, elle est aujourd’hui possible pour les manuscrits importants.Elle concorde assez exactement, pour la Vulgate, avec la classification géographique. Nous avons essayédans le tableau ci-joint de combiner les deux systèmes.

Notre liste comprend: 1. tous les manuscrits collationnéspar Wordsworth en vue de son édition critiquede la Vulgate; 2. les principaux représentantsdes diverses écoles critiques et paléographiques; 3. uncertain nombre de manuscrits qui doivent à une circonstancehistorique leur intérêt ou leur célébrité, S’ils’est glissé dans le choix un peu d’arbitraire, il ne pouvaitguère en être autrement. Du reste nous n’entendonsrien préjuger ici sur le classem*nt des manuscrits selonles recensions et les écoles qui sera fait à l’article Vulgate.

PRINCIPAUX MANUSCRITS DE LA VULGATE

NOM USUEL.

  • Toletanus…
  • Cavensis

Complutensis I.Complutensis II.Complutensis III’Legionensis I..’Legionensis II..’Legionensis III.

JEmilianeus…

Bible de Rosas..

Bible de Huesca.’Fuldensts..’ForojuliensisPeru&inus..MediolanensisHarleyanus’' Amiatinus…

cccc

Év. de S. AugustinStonyhurstensis.Dunelmensis..’Lindisfarnensis.Fragm. d’Utrecht.

Book of ArmaghBook of Mulling.Book of Burrow.’Book of Kells..Book ofSt. Chad.B. ofMac DurnanBook ofMac RegolEgertonensis…

" Bigotianus…

Epternacensis..’Év. de Mayïngen.

Sangermanensis.

Harleyanus…

Év. de S. Gatien.

Év. de S. Martin.

  • Colbertinus…

Aniciensis…Bible de Mazarin.

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LIEU ACTUEL ET COTE.

CONTENU.

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I. TEXTES ESPAGNOLS

Madrid, Biblioth. nation

Abbaye de la Cava (Italie), 14 ….Madrid, Biblioth. de l’Université, 31..

Id. H. 32…

Id. Id. 33-34.’Léon, Archives de la Cathédrale. …

Léon, Archives de San-Isidro

Id.

Madrid, Académie d’histoire, F. 186..

Paris, Biblioth. nation., lat. 6

Madrid, Musée archéologique… *.

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VI’-VII"

TEXTES DE TYPE ITALIEN1. Textes copiés en Italie.

Abbaye de Fulda

Gividaie (Frioul) et Prague et Vienne.Pérouse, Biblioth. du Chapitre ….Milan, Ambrpsienne, C. 39 inf…Londres, Musée britann. Harley 1775.

2. Textes copiés en Angleterre.

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B

vir-vm’Florence, Laurentienne

Cambridge, Corpus Christi Coll. 286

Oxford, Bodléienne, Bodl. 857 et Auct. D.’II. 14.

Stonyhurst, Collège des Jésuites

Durham, Biblioth. du Chapitre A. 2. 16

Londres, Musée britan. Nero D. IV

Reliés avec le n Psautier d’Utrecht»

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IX’III. TEXTES IRLANDAIS ET ANGLO-SAXONS1. Manuscrits insulaires.’Dublin, Trinity Collège

Id. ….

Id. A. 4. 5…

Id. A. 1. 6…

Cathédrale de Lichfleld

Londres, Palais de Lambeth ….Oxford, Bodléienne, Bodl. 3964…Londres, Musée britan. Egerton 609.

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2. Manuscrits continentaux.

Paris, Biblioth. nation., lat. 281 et 298…

Paris, Biblioth. nation., lat. 9389

Prince d’Œttingen-Wallerstein

Paris, Biblioth. nation., lat. 11553

Londres, Musée britan. Harley 1772,

Paris, Biblioth. nation., Nouv. acq. lat. 1587Tours, Biblioth. publique 22.

IV. TEXTES DE TYPE FRANÇAIS1. Textes languedociens et méridionaux.

1XH" Paris, Biblioth. nation., lat. 254..ix’-x" Id. Id. lat. 4…

xi’ld. Id. lat. 1…

Bible.

Id.

Id.

Prov.-Apoc.

Bible.

Is.-Apoc.

Bible.

Id.

Id.

Id.

Id.

Nouv. Test.

Évang.

Luc (fragm.).

Évang. (fragm.).

Id.

Bible.

Evang.

Id.

Jean.

Évang.

Id.

Matt.-Jean (fragm.).

Nouv. Test.Évang.Id.Id.Id.Id.Id.Id.

Évang.

Id.

Id.

Prov.-Apoc.

Epître-Apoc.

Évang.

Id.

Nouv. Test.

Bible.

Id.

697

MANUSCRITS BIBLIQUES

PRINCIPAUX MANUSCRITS DE LA VULGATE (suite)

NOM USUEL.

"Bible de Mesmes."Bible du Puy…

Hubertianus…

Bible de Fleury.

Proph. de Fleury.

Sangermanensis 9,

Bible de Dreux.

  • Vallicellianus..

Bible de Tours..

Bible de Bamherg

Bible de Zurich.

Bible de Berne..fBible de Grandval

Bible de Cologne.

Bible de Glanfeuil

  • l r " de Charles le Gh

Bibles d’Angers

Bible de Monza.

Bible de Baie.

  • 2° de Charles le Ch.’Paulinus
  • Év. de S. Emmeran.’Ps.deCharlesleCh.

Évang. d’Oswego.Codex Adx…Évang. du Sacre.Psaut. d’Adrien 1°Év. d’Abbeville., Év. de S. Médard.Év. de l’Arsenal.

Selden Acts…Bodleyanus..Ms. de WinitharjMs. de HartmotMs. de la Wile.Bib. de Mordramne.Bible de Harding, Évang. d’Autan..F. de Vercellone.Farfensis ….Bible de Biasca.’Gigas libror..Demidovianus.

SIGLE.

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LIEU ACTUEL ET COTE.

    1. CONTENU##

CONTENU,

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2. Théodulfe et l’école de Fleury.

IX* Paris, Biblioth. nation., lot. 9380…

IXe Le Puy, Trésor de la Cathédrale…

IX" Londres, Musée britann., addit. 24142

X* Orléans, Biblioth. de la ville, Il et 13.

IXId. Id. 14…

ix"-x «Paris, Biblioth. nation., loi. 11937..

xr-xip Chartres, Biblioth. publique, 67…,

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3. Alcuin et l’école de Tours.

Rome, Vallicelliana, B. 6

Tours, Biblioth. de la ville, 10

Bamberg, Biblioth. royale, A. I. b…

Zurich, Biblioth. cantonale, Cl

Berne, Biblioth. de la ville, 3 et 4…Londres, Musée britann., addit. 10546.Cologne, Biblioth. du Chapitre, 1…

Paris, Biblioth. nation., lut. 3

Id. Id. lat. 1

Angers, Biblioth. de la ville, 1 et 2…Monza, Archives delà Collégiale, G. 1..Bâle, Biblioth. de l’Université, A. N. I. 3.» » »

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4. Textes franco-saxons.

Paris, Biblioth. nation., lat. 2…Rome, Saint-Paul-hors-les-Murs…Munich, Biblioth. royale, lat. 14000.Paris, Biblioth. nation., lat. 1152..

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V. ÉCOLE CHRYSOGRAPHIQUE

Oswego, propriété de Th. Irwin..Trêves, Biblioth. de la ville, 22..

Vienne, Trésor impérial

Vienne, Biblioth. impériale, 652..Abbeville, Biblioth. de la ville, 1.Paris, Biblioth. nation., lat. 8850.Paris, Biblioth. de l’Arsenal, 599.

VI, TEXTES DIVERS

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Bodléienne, Bodl. 3418

Bodléienne, Laud. lat. 108

Saint-Gall (Stiftsbibl.), 2

Londres, Musée britan., addit. 11€52..Londres, Musée britan., Reg. I. B. xii.Amiens, Biblioth. publique, 6, 7, 11, 12.

Dijon, Biblioth. publique, 9 bis

Autun, Grand Séminaire, 3

Rome, Barnabites

Rome, Vatican, lat. 5729

M^lan, Ambrosienne, E. 53 inf

Stockholm

Ms. disparu édité par Matthsei

Bible.

Id.

Id.

Ane. Test.

Prophètes.

Bible (lacunes).

Bible.

Bihle.Heptat.Bitle.

Id.

Id.

Id.

id.

Id.

Id.

Id.

Id.Mach.-Apoc.

Bible.

Id.Évang.Psautier.

Évang.

Id.

Id.Psautier.Évang.

Id.

Id.

Actes.

Paul.

Act. et Apoc.

N. T. sauf Évang.

Bible.

Bible (partie).

Bible.

Évang.

Bible.

Id.

Id.

Id.

Nouv. Test.

La plupart des abréviations en italiques ont été mises en usage par Tischendorf; quelques-unes par Scrivener et par Berger.— Les lettres sont celles dont Wordsworth se sert pour désigner les manuscrits collatlonnés par lui en vue de son éditioncritique du Nouveau Testament d’après la Vulgate. Nous avons fait entrer dans notre tableau tous les manuscrits de Wordsworth, excepté: EF vm’-ix", Évang. Londres, Musée britan., addit. 5463>1, ing. vu", Évang. très mutilés, Munich, Biblioth. de l’Universilé, Ms. fol. 29, venant d’Ingolstadt; Ls, Paul, vnr>, Paris^Biblioth. nation., lat. 335; Ma, Act. Cath. Apoc., ix’-x", Munich, lat. 6230; R», Paul, vir, Vatican, Regin. lat. 9, parce que l’origine et l’histoire de ces manuscrits sont trop peu connues.

Note. — Dans les tableaux joints à cet article on a essayéde donner partout la cote actuelle des manuscritsen indiquant entre parenthèses l’ancienne cote lorsqu’ellea été changée depuis peu d’années. — Pour lesmanuscrits conservés à la Vaticane, lorsque le fonds n’estpas spécifié, il s’agit du tonds Vatican proprement dit.— Les numéros des manuscrits grecs de la Biblioth.

nation.. de Paris, sans autre mention, se rapportent auxCodices regii. — Nous avons quelquefois négligé d’ajouterà la cote la mention grec ou latin pour certainesbibliothèques (la Bibl. imp. de Vienne, par exemple) oùles manuscrits grecs et latins ont une numérotation àpart. Les numéros indiqués par nous sont alors ceux ducatalogue spécial. F. Prat. «lAUUH — MAOIN

700

    1. MAOCH##

MAOCH (hébreu: Ma’ôk; Septante: Xp.pÂy), pèred’A-Chis, le roi de Geth auprès duquel David chorcha unrefuge pendant la persécution de Saûl. I Reg., xxvii, 2. Sur son identification avec Maacha de III Reg., ii, 39, voir Maacha. 3, col. 465.

MAON (hébreu: Mâ’ôn, «habitation» ou «lieu derefuge»; Septante: Mawp, Jos., xv, 55; partout ailleurs, Mowiv), nom d’un Israélite, d’une ville de Juda et dudésert qui est dans le voisinage de cette ville, et enfind’une autre ville dans le texte hébreu.

1. MAON, fils de Sammaï, de la tribu de Juda. Il fut «le père», c’est-à-dire le fondateur ou le restaurateurde Bethsur (t. i, col. 1747). I Par., ii, 45.

Zebahîm, 1 18, b. Elle ne devait, en effet, pas être sanscharme, quand le désert, à l’orient, n’avait pas encoreperdu la chevelure de broussailles dont il était revêtuet que toute la campagne des alentours était plantéede vignes luxuriantes dont l’existence ancienne est encoreattestée par de nombreux pressoirs que l’on trouvepresque à chaque pas. — La ruine recouvre le flancoccidental de la colline. Les arasem*nts des murs etles pierres des décombres témoignent que la petite villeétait régulièrement bâtie et devait être de quelque importance.Son approche paraît avoir été défendue par unpetit fort dont on voit quelques restes au nord-ouest, aupied de la colline, à quelques pas de la ruine. Il étaitconstruit avec des pierres taillées en [bossage d’assezforte dimension. Une tour rectangulaire, d’environ huit

210. — Vue de Tell-Ma’în. D’après une photographie de M. L. Heidet.

2. MAON, ville de la tribu de Juda. Elle est nommée, après Hébron, avec les villes méridionales de la tribu’.Carmel, Ziph et Iota. Jos., xv, 55. La colline surlaquelle sont épandus ses débris est connue sous le nomde Tell-Ma’in (fig. 210) et la ruine elle-même sous celuide Khirbet-Ma’în. Le tell-Ma’in est situé au sud, à unkilomètre de Kermel, six de tell ez-Zif, quatorze d’Hébronet à quatre et demi au sud-est de Yatta. Ces troisnoms, Kermel, Zif et Yatta, désignant des lieux voisinsde Main et rappelant les trois antiques cités nomméesavec Maon, ne permettent pas de douter de l’identitédes noms de Ma’în et Mâ’ôn, ni de l’identité de site.

1° Description. — Le tell-Ma’în est assis sur la lignede faîte des deux versants de la mer Morte et. de lamer Méditerranée, au bord d’un petit plateau onduleuxs’étendant à l’ouest, à la distance de quelques kilomètres, vers Sertwûa’et Yatta. Sa hauteur, au-dessus du niveaude la Méditerranée, est de 935 mètres. De son sommeton jouit, sur tout le sud de la’Palestine, d’une vue trèsétendue, déjà vantée dans les Talmuds. Ta). Bab.,

mètres de longueur et de sept de largeur, bâtie avec unappareil identique à celui de la construction inférieure, couronnait le sommet de la colline. Le tell est perforéde citernes nombreuses et de grottes qui ont dû servird’habitation, toutes creusées dans le calcaire tendre dela montagne; un grand nombre d’autres de mêmegenre se rencontrent dans le voisinage.

2° Histoire. — Maon semble avoir été occupée parles descendants de Caleb, car c’est sans doute elle-mêmeou sa population en général que désignent les généalogiesdes Paralipomènes et non un fils spécial de Caleb, quandils portent: «Maon fut fils de Sammaï et Maon fut pèrede Behtsur.» I Par., ii, 45. Selon toute vraisemblance, il faut entendre: la population de Maon vient de Sammaï(individu ou groupe venus de Sammaï, d’Hébron, deMarésa qui tirent leur origine de Caleb). On sait du resteque Nabal, qui occupait la campagne de Maon, «étaitcalébite.» I Reg., xxv, 3. — faut-il entendre de Maonde Juda et de ses habitants le passage de I Par., iv, 39-41, racontant l’expédition des Siméonites, au temps <m

MAON

du roi Ezéchias, peur se procurer des pâturages pourleurs troupeaux? Certains le pensent, mais cette opinionest communément repoussée comme contraire aucontexte indiquant clairement une région lointaine, àl’orient de l’Arâbah désignée par le nom de s la vallée».Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1002, et Gador, t. iii, col. 34.

— La Maon désignée en ce passage est une ville différente, située en effet à l’est de l’Arâbah et au sud-estdu territoire de la tribu de Siméon, à vingt-cinq kilomètresenviron au sud-est de Pétra, dans une régionabondante en sources et fertile en pâturages. Voir Maonites.Il est moins facile de déterminer de quelle Maonil est parlé dans un autre passage des Paralipomènes oùles Maonites sont nommés une seeonde fois. Il Par., xxvi, 7. «Dieu l’aida, dit le récit en parlant du roiOzias, fils d’Amasias, contre les Philistins et contre lesArabes qui habitaient dans Gurbaal et contre les Maonites.» Les Maonites, ham-Me’ônîm dans le texte hébreu, sont devenus de, nouveau «les Minéens», ol Mwsûoi, dans les Septante, et les «Ammonites» dans la Vulgate.Le passage manque dans les versions syriaque et arabe.Les critiques qui croient trouver Gurbaal au pays desPhilistins ou dans son voisinage, au tell el-Ghur ou àGhurra, cherchent les Maonites du même passage nonloin, à Maon de Juda. Suivant eux, le roi Ozias n’étaitpas en état de pousser une expédition militaire jusqu’audelà de l’Arâbah et de Pétra. Pour d’autres critiques lenom des Arabes seul suffit à reporter à l’orient l’expéditiond’Ozias, car il n’est pas possible de les chercherà Maon de Juda ni même à l’ouest de l’Arâbah, régionhabitée au temps d’Ozias, par les Israélites et les Iduméens.Les Septante, d’ailleurs, en employant le mêmetiom dans les deux passages que nous venons de citer, n’indiquent-ils pas que pour eux, dans les deux cas, Il s’agit du même pays? et en traduisant, dans le casprésent, le nom de Gurbaal par Pétra, ne témoignent-ilspas que les Arabes en question doivent se chercherl’orient de cette localité, et par conséquent aussi laMaon des Paralipomènes dont ils portent le nom?Ct. Gurbaal, t. iii, col. 368-360, et Gesenius, Thésaurus, loc. cit. — Au retour de la captivité, le nomde Maon se retrouve dans le nom d’une tribu de Nathinéensrevenus avec Zorobabel et appelés les benê-Mëônîm, «les fils des Maonites. s I Esd., ii, 50; II Esd., vii, 52. Il s’agit de Maon de Juda, d’après lesuns; de Maon d’Idumée plus probablement, d’après lesautres, — Au premier siècle de l’ère chrétienne, Maonavait une population juive et une synagogue; R. Yohananben Zakaï s’y rendait quelquefois. Mekhilta, sect.Yethro, 1, édit. Weiss, p. 69a; Talmud de Babylone, Sabbath, 139 a; cf. A. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 121. — Josèphe nomme MaonEmma, Ant. jud., VI, xiii, 6. Les Juifs des temps postérieursla confondent avec une Maon voisine de Tibériade, connue dans le Talmud seulement, et qui paraîtêtre l’Emmaûs ou «bains» de Tibériade de l’écrivainjuif. Ant. jud., XVIII, ii, 3; Bell, jud, , IV, i, 3. Cf. Neubauer, Géographie, p. 121, note 11. — Au ive siècle, Eusèbenomme «Maon (écrite par lui Maviiv) de la tribu deJuda», seulement pour indiquer un désert à l’orient dela Daroma, et en la citant n’ajoute rien de plus. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 276; De sitn etnomin. hebraic., t. xxiii, col. 909. — Les ruines de Ma’in, ainsi que celles de Kermel, sont considérées par lésgens de Tatta comme leur propriété; ils envoient paîtreleurs troupeaux aux alentours. — Voir Robinson, BiblicalResearches in Palestine, Boston, 1841, t. iii, p. 193196; V. Guérin, Judée, t. iii, p. 170-172; A^ P. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1871, p. 530; Survey ofthe western Palestine, Memoirs, 1881-1883, t. iii, p. 404.

L. Heidet.

3. MAON (DÉSERT DE) (hébreu: Midbar-Mâ l ôn; Septante: ^ êpiino; Màciv), région inculte et sans villes

à l’orient de la localité du même nom. — Ce désert estindiqué «dans l’Arâbah, à la droite de Jésimon».I Reg., xxiii, 24. Les Septante, au lien de bâ-ârâbâh, «dans le désert,» ont lu ma-ârâbàh, «à l’occident,» à tort, ce semble, car «à l’occident», sans complément, paraît un non-sens. La Vulgate a suivi les Massorèteset a traduit par in campestribus, «dans la campagne,» c’est-à-dire sans doute dans le territoire désert s’étendantà l’ouest de la mer Morte et connu en général sousle nom de «désert de Juda». Le Targum a rendu la locutionhébraïque «à droite» par un mot indiquant sa significationprécise, c’est-à-dire «au sud», de-mid-dâraûm.La version syriaque s’est contentée de dire «à côté».

I. Description. — 1° Situation. — Le désert de Maonest la partie du désert de Juda située vers le sud de larégion pierreuse, sauvage et abandonnée, située en faced’Hébron et de Ziph et particulièrement connue sous lenom de Jésimon. Voir 9 Juda (Désert de), t. iii, col. 17741775, et Jésimon, col. 1400-1401. —Le territoire de Carmelétait compris dans le désert de Maon. Cf. I Reg., xxv, 2. Le territoire de Maon lui est assigné par le nom lui-même.— S’il est inutile de songer à tracer des limitesprécises à un territoire qui, non plus que tous ceux demême nature, n’en a jamais eu, on peut cependant déterminerassez exactement ce que les écrivains bibliquesentendent par le désert de Maon. Voisin et au sud dudésert de Ziph, puisque David, fuyant devant Saül venantdu nord pour le poursuivre, arrive immédiatementau désert de Maon, I Reg., xxiii, 24-25, ce désert devaitcommencer à la vallée abrupte et profonde qui divisa naturellementles territoires de Ziph et de Maon et aujourd’huiappelée Vouddi-Moldqi. Si aucune donnée historiquene le restreint du côté du midi, il ne paraît pas possiblede l’étendre au delà de Youâdi-Seyâl et de lui attribuerdes territoires que d’autres villes, comme Arad ouAdada, devaient marquer de leur nom, en exerçant sureux leur influence. Fixé à l’occident par les petites villesde Maon et de Carmel, il devait se développer jusqu’à larégion désolée et déchiquetée, bordant sur une largeurd’environ 10 kilomètres le rivage de la mer Morte, quele désert d’Engaddi ou le Jésimon réclament pour eux.

2° Caractère*. — Les caractères du désert de Maonsont en général ceux du désert de Juda au sud-est deJérusalem et à l’est de Bethléhena. C’est un massif decollines d’un calcaire crétacé, recouvertes d’un sol peuprofond de sable formé de pierre écaillée, de silexbroyé et de gravier. Çà et là le rocher apparaît nu etgris. Par régions croissent des lentisques, des genêtsdupays ^à fleur blanche et quelques autres arbustesépineux. Pendant l’hiver, quand les pluies tombentabondantes, le sol se recouvre d’un tapis de gazon ténuet court, d’un vert tendre, parsemé de fleurs nombreusesaux plus vives couleurs; pendant l’été, ce gazon desséchéet jauni suffit encore, pour leur nourriture, auxtroupeauxde chèvres et de moutons qui paissent toute l’annéesur le flanc des collines. En quelques endroits, au fondd’une vallée ou sur un étroit plateau, de petit* espaces, oùs’est réunie un peu de terre végétale, sont semés d’orgeou de doura. Près de leur enclos, la famille du bédouina dressé ses tentes pour surveiller d’un œil jaloux sonpetit champ et sa moisson. Les silos et les citernes creusésdans le roc dès les temps les plus anciens sont à côté.Les silos garderont les produits de la récolte et la pailledont seront nourris les chameaux; les citernes, obstruéespar de grandes pierres, conserveront la provision d’eauoù pendant la saison sèche les femmes du campementtransporté plus loin viendront encore remplir leursoutres et où le pasteur amènera ses brebis au milieu dela journée pour les abreuver. Le désert de Maon n’estpas le désert horrible et inhabité, c’est le désert auxhorizons ouverts et vastes, brillant le matin et le soirdes miroitements cristallins de. la pourpre et de l’or, c’est la grande campagne à l’air pur, embaumé et viviw

MAON — MAONITES

704

fiant, à travers laquelle l’Arabe nomade, satisfait du produitde ses troupeaux, peut promener son indépendanceet vivre simple et calme.

II. Histoire. —Tel est aujourd’hui ce désert, tel il étaitquand David avec les hommes qui le suivaient vint ychercher un refuge. Averti par les Ziphéens que le filsd’Isaï se cachait dans le voisinage de leur ville, Saül yvint avec une troupe dans le dessein de se saisir de lui.David s’était hâté de passer au désert voisin de Maon, où il était descendu au séla c’est-à-dire dans une régionde rochers ou dans une vallée creusée dans lapierre. Saùl l’y poursuivit et tandis que celui-ci «marchaitd’un côté de la montagne, David et ses hommesallaient de l’autre coté. Or, David désespérait de pouvoiréchapper à Saûl, car celui-ci avait réussi avec seshommes à entourer David et les siens comme d’un cercleet il était près de se saisir de lui». En ce momentun messager apporta à Saül la nouvelle que lesPhilistins venaient d’envahir son territoire. Le roi dutabandonner sa poursuite pour se porter à la rencontredes Philistins. «C’est pourquoi, ajoute l’historien sacré, cet endroit fut appelé Séla’ham-Mahleqôt, «le rocherde la séparation,» pour indiquer soit la situation danslaquelle se trouvaient respectivement les troupes deSaûl et de David, soit plutôt pour rappeler le départforcé de Saül et des siens. I Reg., xxiii, 24-28. — Lesmodernes ont cru reconnaître le nom de malileqôt, dans celui de l’ouadi Maldqi’, situé, comme nous l’avonsdit, aux confins septentrionaux du désert de Maon.Voir Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1879, t. ii, p. 339; Surveyof Western Palestine, Mémoire, t. iii, 1883, p. 314; Armstrong, Names and Places in the OldTestament, Londres, 1887, p. 154. Si, dans Maldqi’privé de la lettre ii, on peut ne pas reconnaître unedérivation de mahléqôt, le caractère de cette vallée, grande crevasse rocheuse et abrupte si apte à servir derefuge et de cachette et répondant si exactement auugai hébraïque de séla’, sa situation à l’entrée du désertde Maon, où devait se trouver David poursuivi parSaùl, ne permettent guère de douter de l’identité dulieu. Le nom de ouâd’el-Khabrah, «la vallée de la."nouvelle, du message, r> donné à l’ouadi Maldqi’, là où ilcesse d’être un abîme ouvert au milieu du désert, neserait-il pas aussi une appellation traditionnelle faisantallusion au même fait raconté par la Bible? Quoi qu’ilen soit, David, après le départ de Saûl, craignant leretour de son persécuteur, se réfugia dans le désertplus inabordable d’Engaddi. Le roi d’Israël revint, eneffet, et il ne se désista de sa poursuite que vaincupar la magnanimité de David, quand celui-ci l’eut épargnédans la caverne où il se contenta de couper le bordde son manteau. I Reg., xxiv. Après que Saül se futéloigné, David et ses gens montèrent de nouveau audésert de Maon. IReg., xxv, 2. —Le texte hébreu actuel, la Vulgate, la version syriaque et la plupart des autres, lisent Pardn ou Pharan, au lieu de Maon. Cette dernièreleçon est celle des Septante (Codex Vaticanus): s’adaptant seule à la suite du récit, «lie est sans contreditla véritable et l’erreur des autres s’explique facilementpar la similitude graphique des noms pyD etpas. — Le jꝟ. 2 est un simple préambule pour indiquerle lieu où se passa l’épisode de Nabal et d’Abigaïl.Nabal ayant refusé de faire participer David et sesgens à la fête de la tonte des brebis, David voulut s’envenger, mais sa colère fut apaisée par Abigaïl, femmede Nabal, et celui-ci étant mort quelques jours après, elledevint l’épouse du jeune héros. I Reg., xxv. Voir Abigaïl1, t. i, col. 47; David, t.n, col. 1313. Ce récit le fait présumer, David habita assez lontemps le désert de Maon, sans qu’il soit possible néanmoins de fixer la durée de ceséjour. Il quitta ensuite ce désertpour retourner au désertde Ziph. I Reg., xxvi, 2. — La région qui fut le désert deMaon est aujourd’hui appelée du nom de la tribu des

Arabes nomades qui l’occupent, «le territoire desArabes Djâhalin.» La zone de leur parcours s’étend audelà de Î’ouâdi-Seyâl, jusque dans le voisinage i’ez-Zoueirdh.Leur nom (sing.’Djdhal) a la. même significationque celui de l’antique occupant du district, Nabal> «sot, ignorant, insensé.» Cf. I Reg., xxv, 23. La réputationde la tribu parmi les autres Arabes répond à sonnom et paraît justifiée. Étant descendu, en 1898, dansun de leurs campements pour y passer la nuit, nous rencontrâmesun homme qui se mit à vanter les exploits desa jeunesse, parmi lesquels il comptait une trentained’assassinats que rien ne justifiait. Le clan auquel nousavions demandé l’hospitalité était celui de feu AbouDa’ouk dont F. de Saulcy a eu l’occasion de tracer leportrait dans son Voyage autour de la mer Morte, 2 in-S», Paris, 1853, t. i, p. 179-183. L. Heidet.

4. MAON, nom, dans le texte hébreu, d’une ville et dela tribu qui l’habitait. Jud., x, 12. Les Septante ontrendu ce nom par MaSiân et la Vulgate par Chanaan.La leçon Chanaan de la Vulgate, Jud., X, 12, est sansdoute inexacte; mais celle des Septante, Madian, estpeut-être correcte dans ce passage; elle a, en tout cas, l’avantage de faire allusion à des faits connus et récents, à l’invasion des Madianites du temps de Gédéon, dontl’histoire est racontée, Jud., vi-viii, ix, 17, tandis qu’iln’est nulle part question dans l’Écriture d’une guerredes Hébreux avec les Maonites au temps des Juges. Ilest néanmoins possible que Maon désigne ici la villeprincipale de la tribu des Maonites dont il est parlé dansplusieurs passages de l’Écriture. Voir Maonites.

    1. MAONATHI##

MAONATHI (hébreu: Me’ônôtai; Septante: Mavoc-Oî), fils d’Othoniel, de la tribu de Juda, d’après la Vulgate.I [Par., iv, 13-14. Elle porte:» Les fils d’Othoniel, Hathathet Maonathi. Maonathi engendra Ophra.» L’hébreu et lesSeptante nenommentpointMaonathiparmi les filsd’Othonielet ils le font apparaître sans avoir parlé de sa filiation: «Fils d’Othoniel: Hathath. Et Maonathi engendraOphrah.» Il est difficile de ne pas reconnaître une lacunedans ces deux textes et il y a lieu de croire que les copistesont omis ce nom par mégarde dans le ꝟ. 13, tandisque la Vulgate l’a exactement conservé. En.hébreu, me’ônô[ai signifie «mes habitations», ce qui a fait penser àplusieurs qu’Othoniel aurait fondé ou restauré une villede ce nom. On ne trouve du reste nulle part ailleurs delocalité appelée Me’ônôtai; quelques-uns ont pensé qu’ilpouvait être question de la ville de Maon, qui était en effetdans la tribu de Juda. Jos., xv, 55. Voir Maon 2, col. G99.

    1. MAONITES##

MAONITES (hébreu: Me’unîm; Septante: Mivaîot), tribu probablement iduméenne. La Vulgate n’a conservéleur nom que dans Esdras et Néhémie, sous la formeMunim. I Esd., ii, 50; II Esd., vii, 52. Quoique le paysqu’ils habitaient ne soit pas connu d’une manière certaine, on croit assez communément aujourd’hui queles Me’unîm. avaient pour centre principal la ville deMa’an, dans les montagnes de l’Idumée.

I. Site. — 1° Le nom de la ville qui paraît avoir étéle centre de leur tribu s’est conservé jusqu’à nos jourssous la forme Ma’an. On distingue le grand Maan, aunord, et le petit Maan au sud. Les deux villages sont àune distance d’un quart d’heure l’un de l’autre, à cinqheures de voyage à l’est de Pétra, sur la route des pèlerinsmusulmans qui se rendent de Syrie à la Mecque etqui font une halte de deux jours en ce lieu à cause dessources qu’on y rencontre. L’endroit est très fertile etproduit des grenades, des abricots et des pêches enabondance et d’excellente qualité, mais il est placé aumilieu d’une contrée rocheuse, qui a fait donner sonnom à l’Arabie Pétrée t et les environs ne peuvent pasêtre cultivés, ce qui oblige les habitants à se pourvoir ailleursde blé et d’orge. Ils vivent surtout de brigandage

et de razzias et habitent dans des maisons bâties en pisé.J. L. Burckhardt, Travels in Syria, in-4°, Londres, 1822, p. 436-437; Fr. Buhl, Geschichte der Edomiter, p. 12, 42; Ch. M. Doughty, Travels in Arabia déserta, 2 in-8°, Cambridge, 1888, 1. 1, p. 32-35. Malgré les rochersqui font du pays un désert, il y pousse des herbes sauvagesqui sont très goûtées des chameaux, Burckhardt, ïbid., de sorte que les Maonites ont pu être autrefoisune tribu pastorale florissante, comme il est dit desMe’anîm, dans le récit de I Par., iv, 4t. — 2° F. Buhl, Geschichte der Edomiter, p. 41-42, relève ce qu’il y ad’incertain dans l’identification des Me’unîm avec leshabitants de Ma’an et propose de voir le nom desMe’unîm dans celui du puits appelé Madjen, sur lemont’Araï, ïbid., p. 17, mais cette opinion ne reposeque sur une pure ressemblance de nom. — Ed. Glaser, Skizze der Geschichte und Géographie Arabiens, t. ii, 1890, p. 450, assimile les Me’unîm aux Minéens, Strabon, XVI, iv, 2; Diodore de Sicile, III, xiii, 5, en s’appuyantsur l’épigraphie. On objecte contre son hypothèseque les Minéens habitaient un pays trop éloigné, au sud-ouest de l’Vémen, pour qu’on puisse les confondreavec les Maonites de la Bible. Voir Gesenius, Thésaurus, p. 1002. Il est vrai que les Septante ont rendu Me’unîmpar Minéens, Msivaîoc ou Mtvaïoç, I Par., iv, 41 (Lucien: Kivaiovc); II Par., xx, 1 (Lucien: Antiavcsin); xxvi, 8; Job, ii, 11; xi, 1; xx, 1; xlii, 17e (cf. Hatch et Redpath, Concordance to the Septuagint, Supplément, 1900, p. 111), mais cette traduction est en réalité encontradiction avec l’Écriture elle-même qui indiqueque les Me’unîm habitaient le pays d’Édom. On voitd’ailleurs par les variantes de la recension de Lucienque la leçon Mtvaîoi est douteuse en quelques endroits.Dans I Esd., H, 50, le nom est aussi transcrit Moovvl’hou MavMS|ne£v et dans II Esd., vii, 52, Ms’iviiv ou Msoeivtàu.— Sur les Minéens, voir W. Smith, Dictionary ofGreek and Roman Geography, t. ii, 1857, p. 357-359; J. II. Mordtmann, Beitrâge zur Minâischen Epigraphie, in-8°, Weimar, 1897 (dans les Semitische Studien deBezold, Heꝟ. 12); Fr. Hommel, Das graphische n imMinâischen und das Aller der minâischen Inschriften, dans les Mitteilungen der vorderasiatischen Gesellschaft, 1897, p. 258-272; H. Winckler, Musri, Meluhha, Ma’in, ibid., 1898, i, îv; Otto Weber, Das Alter der minâischenReichs, ifeicf., 1901, p. 1-60; Fr. Hommel, Sùd-ArabischeChrestomathie… Minàische Inschriften, in-4°, Munich, 1893.

II. IIistoire. — 1° D’après plusieurs commentateurs, il est déjà question des habitants de Maon d’Iduméedans Jud., x, 12, mais le fait est douteux. Voir Maon 3.

— 2° Les Maonites paraissent pour la première fois, d’une manière certaine, sous le règne de Josaphat, roide Juda. Dans la coalition qui se forma contre ce prince, les Moabites et les Ammonites eurent pour alliés lesMaonites. H Par., xx, 1; cꝟ. 10, 23 (la Vulgate a parerreur «Ammonites», au ꝟ. 1). Mais la mésintelligenceéclata entre eux et tourna les descendants de Lot contreles Maonites et ceux-ci furent exterminés. Voir Josaphat3, t. iii, col. 1649. — 3° Plus tard, un des successeursde Josaphat, Ozias, assujettit les Me’unîm, qui luipayèrent tribut. II Par., xxvi, 7-8. Dans cet endroit, comme dans le précédent, la Vulgate confond encore’les Maonites avec les Ammonites. Au ꝟ. 8, le texte hébrejàporte «Ammonites» comme le latin, mais la leçon desSeptante et le contexte lui-même montrent qu’il faut lireMe’unîm dans le texte original. — 4° Il est raconté, I Par., iv, 41-42, que sous le règne d’Ézéchias, arrière-petit-filsd’Ozias, des Siméonites battirent les Maonites(la Vulgate a omis leur nom) et s’établirent dans leurpays, abondant en pâturages. Voir le récit de leur expéditionau mot Gador, t. iii, col. 34. — 5° Les fils desMe’unim sont mentionnés dans I Esd., ii, 50, et II Esd., vu, 52, parmi les Nathinéens (voir Nathinéens), qui

WÇT. DE LA DIDI-E.

revinrent avec Zorobabel en Palestine de la captivité deBabylone. Ce sont les deux seuls passages de l’Écriture, où la Vulgate ait conservé leur nom, qu’elle écrit Munim.Ils sont énumérés immédiatement avant les Nephusim, tribu ismaélite qui devait résider à l’est de la Palestineet non loin de Ma’an. Comme ils figurent dans laliste des Nathinéens, qui étaient les serviteurs du Temple, on doit en conclure que ces Me’unîm revenusde captivité étaient les descendants de Maonites quiavaient été emmenés captifs à Jérusalem, à la suited’une des guerres faites contre eux par les rois deJuda. F. Vigouroux,

    1. MAOZIM##

MAOZIM (hébreu: Md’uzzîm; Septante: MatùÇeîp).Dans une des révélations que reçoit Daniel, XI, 37-39, ilest dit d’un roi: «Il n’aura égard ni aux dieux de sespères, ni à l’objet du désir des femmes; il n’aura égardà aucun dieu, car il se glorifiera au-dessus de tous; mais le dieu des md’uzzîm à la place (des autres dieux, et non «sur son piédestal» ), il honorera; et le dieuque ne connaissaient pas ses pères, il honorera avec del’or et de l’argent et des pierres précieuses et (tout) cequ’on peut désirer.» Ce prince est probablement AntiochusIV Épiphane, qui se fit honorer à Jérusalemsous le titre de 8sb; êmipav^; et & se glorifia ainsi au-dessusde tous» lesdieux. Quant au dieu des mâ’uzzîm, les versions en ont donné des leçons très variées. Aulieu de «Mais le dieu des mâ’uzzîm à la place (des autresdieux), il honorera», îes Septante (édit. Swete, t." iii, Cambridge, 1894), donnent: xa moiayratxai <xùtô ïOvy]layypâ, lia tôv tôhov a-ÔToO xivirjæi. Dans l’édition deSixte-Quint, nous trouvons la transcription matériellede notre texte hébreu: Osôv McthiÇeÉn. De même dans leCodex Alexandrinus: ^auiÇef. La Vulgate, suivant lemême procédé, lit deum Maozim. Enfin la Peschitoa traduit’alôho’aStno (Polyglotte de Walton), ce quisuppose un texte hébreu w rthn, «un dieu fort.» Un

assez grand nombre d’exégètes, depuis Gesenius, Thésaurus, p. 1011, jusqu’à Marti, Das Buch Daniel, Leipzig, 1901, p. 88, voient dans ce dieu Jupiter Capitolin dontAntiochus IV introduisit le culte en Syrie et auquel ilcommença à élever un temple dans Antioche; cf. Tite-Live, xli, 20; et ils traduisent l’hébreu par Deus munimentorum.G. Hoffmann, Ueber einige pho’n. Inschriften, p. 29 (dans les Abhandl. der Ges. der Wissench.zu Gott., 1890), a pensé à Zeûç IIoÀtsû; . Mais, ainsi que le remarque Marti, ce dieu était le dieu de lafamille des Séleucides. S’il s’agissait de lui, l’auleur sacréne pourrait pas reprocher à Antiochus IV d’avoir abandonnéles dieux de ses pères. Bevan, Journ. of Hell.Stud., 20, 26-30 (1900), propose de reconnaître dans ledieu des ma’uzzim Antiochus lui-même divinisé ou le JupiterOlympien avec lequel le roi se serait identifié; cf.II Mach., VI, 2, et Schrader, Die Keilinschriften und dasalte Testament, Berlin, 1903, p. 303. En réalité, le mothébreu mâ’uzzîm, dwd, paraît venir de iii, «chercher

un refuge,» plutôt que de ttît, «être fort,» et il signifie «forteresse» dans le sens de lieu de refuge. C’est aveccette signification qu’il est employé en d’autres passagesde la Bible, par exemple, dans ce même chapitre, Dan., xi, 7 10, et Is., xvii, 9, etc. — Voir Gesenius-Buh], HebrâischesundvramâischesHandwôrterbuch, Leipàg, 13e édit.; Cheyne, Encyclopsedia biblica, t. iii, 1902, col. 2988. Le dieu des mâ’uzzîm serait donc le «dieu desforteresses» ou le «dieu des refuges», c’est-à-dire probablementle Jupiter hospes (Vulgate: hospitalis), Zeû; {évioç (Septante) que le roi voulait faire vénérer par lesJuifs, d’après II Mach., vi, 2. Voir Jupiter, t. iii, col. 1867.

P. Martin.

    1. MAPSAM##

MAPSAM (hébreu: Mibsâm; Septante: Maêaaiy.), fils de Sellum, de la tribu de Siméon. I Par., IV, 25. Ileut pour fils Masma. Cf. Mabsam, col. 471.

IV. - 23

1. MARA (hébreu: Màrâ’; Septante: TTixpi). QuandNoémi revint du pays de Moab à Bethléhem sa patrie, elle dit aux femmes de la ville qui la reconnaissaient etl’appelaient par son nom: «Ne m’appelez pas Noémi (labelle ou l’agréable), appelez-moi Mara (l’amère), parceque le Tôut-Puissant m’a remplie d’amertume (hêniar).» Ruth, I, 20. Elle faisait par là allusion à la mort de sonmari Elimélech et de ses deux fils, Mahalon et Chélion, qu’elle avait perdus dans le pays de Moab, où ils étaienttous allés se réfugier pendant une famine. Voir Noémi.

2. MARA (hébreu: Marak, Exod., xv, 23; Num., xxxiii, 8; xxxiii, 9; avec hé local, Marafah, Exod., xv, 23; Septante: Méppa Ilixpia, Exod.. xv, 23; et Ilixptai, Num., xxxiir, 8; xxxiii, 9), première station des Israélites dansle désert, après le passage de la mer Rouge. Exod., xv, 23-26; Num., xxxiii, 8-9. Le nom de Marah, donné àcette localité, Exod., xv, 23, par anticipation, dérive dela racine mârâr, a être amer.» Les Israélites appelèrentcette première station après le passage de la mer RougeMarah, parce que les eaux qu’ils y trouvèrent étaientmaryim, «amères.» «Après que Moïse eut fait sortirles Israélites de la mer Rouge, ils entrèrent, dit l’Exode, xv, 22-23, au désert de Sur (voir Sur); et ayant marchétrois jours, dans la solitude, ils ne trouvaient point d’eau.Ils arrivèrent à Mara; et ils ne pouvaient boire des eauxde Mara parce qu’elles étaient amères. C’est pourquoion lui donna un nom qui lui était propre, en l’appelantMara, c’est-à-dire amertume.»

I. Identification. — Où était situé Marah? Les pèlerinsanciens ne se sont pas préoccupés de l’identifier.Cf. S. Jérôme, De situ et nominibus toc. hebraic, t. xxiii, col. 909. — Sainte Silvie, dans les fragments de

— Fontaines d’Ayoun-Mouça.

D’après une photographie.

son pèlerinage au Sinaï(vers l’an 385) publié par GamurrinijjSfattKe documenti di storiae diritto, an. ix, Rome, 1^88, n’en parle pas, non plus qu’Antonin de Plaisance(vers l’an 570), Itinéraire, dans les Acta sanct., maiiX. H (1680), p. xv, n. xli. Dans les siècles suivants, ona identifié Marah avec Ayoun-Mouça, «les fontaines deMoïse,» à douze milles environ de Suez, à l’est de la merRouge. C’est une petite oasis où l’on rencontre quelquessources d’eau limpide; ïnais’légèrement saumâtre, avecdes bouquets de palmiers; . CJ’.’àdrichomius, Descriptio

deserti Pharan, Cologne, 1660, n. 39 59; P. Belon, Observationsde plusieurs singularités, II, 57, Paris, 1588, p. 275; Fr. Quaresmius, Elucidatio Terrée Sanctie, Venise, 1881, t. ii, p. 732. On peut bien admettre, selon latradition locale, que les Israélites, en allant de la merRouge à Marah, se soient reposés à Ayoun-Mouça (fig. 211)selon la coutume des pèlerins qui vont de l’Egypte auSinaï, mais on ne peut identifier les fontaines de Moïseavec Marah, parce qu’elles ne sont pas à trois jours dedistance de la mer Rouge. Un voyageur du xv siècle, Surianus, Trattato di Terra Sanctae deW Oriente, édité par le P. G. Golubovich, des Frères Mineurs, Milan, 1900, p. 175, distingie avec raison «les fontainesde Moïse» de Marah. Un grand nombre d’explorateursmodernes depuis Burckhardt, Travels in Syria, 1822, p. 472, identifient Marah avec Aïn-Haouarah (fig. 212), presque à 20 kilomètres de Ayoun-Mouça, vers le sud, surla voie traditionnelle de Suez au Sinaï. Cf. Schubert, Reise in den Morgenland, 1839, t. ii, p. 274; Robinson, Biblical Researches, 1841, t. i, p. 97; Grant, Egypt andSinai, p. 197; Wellsted, Travels in Arabia, 1838, t. H, p. 39-40; Lottin de Laval, Voyage dans la péninsule arabiquedu Sinaï, in-4°, Paris, 1855-1859, p. 214; Tischendort, Reise in den Orient, in-8°, Leipzig, 1846, 1. 1, p. 188; Ebers, Durch Gosen zum Sinai, p. 116; Bartlett, FrontEgypt to Palestine, p. 198; Crelier, L’Eocode, Paris, 1895; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. ir, p. 451. — Voici leurs arguments: — 1° Quoique l’étymologie de Marah soit plusd’accord avec Ouadi-Mereira, «la vallée de l’eau amère, *à 46 kilomètres d’Ayoun-Mouça, cf. H. S. Palmer, Sinai, in-12, Londres, p. 190, cependant on peut bienappliquer aussi la signification de ce mot à Aïn-Haouarah, «la fontaine de la destruction ou de la ruine.» — 2° Enadmettant, selon l’opinion traditionnelle et assez communeencore aujourd’hui, que le passage miraculeux dela mer Rouge ait eu lieu dans les environs de Suez, la distance d’Aïn-Haouarah concorde exactement avecles trois jours de chemin indiqués par le texte biblique.

— 3° Les Israélites, dans ces trois jours, «marchèrentdans le désert et ils ne trouvèrent point d’eau.» Exod., xv, 22. «Cette notice laconique, observe H. S. Palmer, Sinai, p. 189-190, met parfaitement en relief le caractère principalde cette contrée à l’époque actuelle. Une plainemorte et stérile, couverte seulement de quelques herbeset de quelques arbustes misérables, des cailloux noirciset rayés par le sable, une monotonie désolante, l’absencetotale d’eau, à part celle que fournissent une demidouzainede crevasses remplies d’eau saumâtre, sur unesuperficie de 1 400 kilomètres carrés, tout cela ne produitque trop vivement dans l’esprit du voyageur l’impressiond’un désert sans eau.» — 4° En outre, laphysionomie de la contrée, la qualité des eaux et la positiond’Aïn-Haouarah favorisent cette opinion. «La fontaine, dit Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. ii, p. 452, est au centre d’une petite éminence, établie sur un dépôt calcaire: elle a environ l^SOde circonférence et 60 centimètres de profondeur. Laqualité de l’eau varie un peu, selon les saisons, mais elleest toujours mauvaise et amère. Au témoignage de Burckhardt, les hommes ne peuvent la boire et les chameauxeux-mêmes ne s’y désaltèrent que lorsqu’ils souffrentbeaucoup de la soif. Randall la compare à une solutionlégère de sel de Glauber, Bartlett ou sel d’Epsom.» Ona objecté, contre cette identification, la petite quantitéd’eau qu’on trouve à Aïn-Haouarah, et qui est insuffisantepour désaltérer une multitude comme celle des Israéliteset leurs troupeaux. Cette objection, dans l’état actueld’Aïn-Haouarah, pourrait peut-être créer quelque difficulté; mais en ce temps-là la fontaine d’Aïn-Haouarahpouvait être plus abondante’.

Quoique l’identification de Marah avec Aïn-Haouarahsoit aujourd’hui la plus commune, il y a cependant des 709

MA&A

710

voyageurs et des commentateurs qui se refusent à l’admettre.Les explorateurs anglais de VOrdnance Surveyof the Peninsula of Sinai, 1868, ne se prononcent passur la localisation de Marah. F. von Hummelauer, Comment, in Exod., Paris, 1897, p. 163, acceptant l’opinionde Hitzig, identifie Marah avec Aïn-Naba ou Aïn-el-Gharqad, où est une fontaine très abondante d’eausaumâtre, à trois heures de Suez vers le sud, et uneheure avant Ayoun-Mouça dans la même direction. Hummelauer, pour confirmer son opinion, dit que «les troisjours» de distance dont parle le texte sont indiquésnon pas pour déterminer le temps employé pour arriverde la mer Rouge à Marah, mais pour faire ressortirla grande soif qui tourmentait les Israélites. Il fautreconnaître que dans l’état actuel de nos connaissances, comme nous ignorons le point précis du passage de la

divisé dans le sens de la longueur, le jeta dans la fontaineet commanda aux Hébreux d’ôter l’eau de dessus, lesassurant que au-dessous ils y trouveraient une eau potable, ce qui arriva. On ne saurait dire si l’historienjuif a inventé ces détails ou s’il les a empruntés à quelquetradition populaire. Il ne détermine pas du restequel était le bois employé. Les Pères de l’Église, sansexaminer pour la plupart si la propriété de ce bois étaitnaturelle ou non, et sans rechercher sa nature, se bornentà signaler le type figuratif du bois de la Croix.Cf. Cornélius a Lapide, Comment, in Exod., Naplès, 1854, t. i, p. 371. Cependant S. Augustin, Quxst. inHeptat., t. xxxiv, col. 615, avec raison ne se prononcepas sur le caractère naturel ou surnaturel de la propriétécurative du bois. Le Pseudo-Augustin, De mirab. S.Script., Pair, lat., t. xxxv, col. 2167, nie que la propriété

212. — Le AinEaouarah.

mer Rouge, et la route exacte suivie par les Israélitespour se rendre au Sinaï, nous ne pouvons pas établiravec certitude le site de Marah; mais si l’on admet avecun grand nombre d’auteurs anciens et modernes quele passage de la mer Rouge est bien vers l’extrémiténord du golfe de Suez actuel, l’identification de Marah.avec Aïn-Haouarah est très vraisemblable. Cf. Vigouxoux, La Bible, t. ii, p. 452.

II. Les eaux amères ou saumatres. — Le texte sacré, Exod., xv, 25, dit que Moïse adoucit les eaux de Marah, jour que son peuple pût les boire, au moyen d’un boisque le Seigneur lui indiqua. Ce fait est menlionné encoredans Judith, v, 15, et Eccli., xxxviii, 5. L’effet del’adoucissem*nt des eaux de Marah fut-il dû à une propriétéspéciale de ce bois, ou à une action directe deDieu? Le bois en question avait-il naturellement cettepropriété, ou bien la reçut-il seulement dans ce cas?Le’êf de l’hébreu est-il un bois connu?

Voilà les questions que se sont posées beaucoup devoyageurs et d’exégètes anciens et modernes sans arriverà les résoudre d’une manière satisfaisante. — D’aprèsJosèphe, Ant. jud., III, i, 2, Moïse, ému par les plaintesdu peuple, pria Dieu, prit un bâton et après l’avoir

en question fût naturelle. Les exégètes modernes se divisent, quoique la majeure partie d’entre eux retient qu’ils’agit d’une propriété naturelle. — Elle est surnaturelled’après R. Salomon, Abulensis, Glassius, Léon de Laborde, Commentaire géographique de l’Exode, in-f°.Paris, 1841, p. 84, et autres. — Elle est naturelle, d’aprèsNicolas de Lyre, Ménochius, Tirinus, Valois, Cajetan, Estius, et les modernes généralement. L’Ecclésiastique, xxxviu, 4-5, semble confirmer cette opinion. Cf. Cornéliusa Lapide, Comment, in Pentateuch., Anvers, 1697, p. 457; J. de la Haye, Biblia Maxima, Paris, 1660, t. II, p. 125; dom Calmet, Comment, in S. Script., Lucques, 1730, t. i, p. 455.

La même variété d’opinions existe parmi ceux qui ontessayé de trouver la plante ou l’arbuste correspondantA Ves de l’Exode. Selon R. Salomon et Abulensis, c’estYadelpha, une plante très amère; pour Glassius, c’est unpoison. D’après Calmet, Dictionnaire de la Bible, édit.Migne, 1845-1846, t. iii, col. 332, les Orientaux l’appellentalnah. Parmi les explorateurs modernes, depuis Burckhardt, Travels in Syria, 1822, p. 473, on a parlé beaucoupd’une plante appelée gharkad ou ghûrkûd, le peganumretusum de Forskal, Flora Mgyptiaco-arabica, in-4°,

Copenhague, 1775, p. lxvi: c’est un petit arbuste épineuxqui est commun près des sources, et produit enété une baie rouge, douce au goût. Cf. aussi R. L. Deslontaines, Flora Atlantiea, 2 in-4°, Paris, 1778, t. i, p. 372. Mais H. S. Palmer, Sinai, p. 40, dit que la baieen question n’a aucune propriété pareille, et n’a jamaisété supposée la posséder par les Arabes. Burckhardtreconnaît lui-même que les Arabes ne possèdent aucunmoyen d’adoucir l’eau saumâtre. Travels in Syria, 1822, p. 473. Partagent la même opinion: Murray, Handbook for travellers in Egypt, 1880, II» part., p. 342; Ebers, Durch Gosen zum Sinai, p. 116-118. Cf.Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. ii, p. 453-455. Cependant Lottin de Laval, Voyage dans a péninsule arabique, p. 215, prétendque les Arabes connaissent un moyen de corriger Pâcretédes eaux; ils emploient l’arbuste nommé lassaf, qui aquelque ressemblance avec le houx commun; et aussides rameaux du câprier. Pour obtenir le même effet, Ferdinand de Lesseps dit que les Arabes se serventd’une espèce d’épine-vinette. Conférence de M. Ferdinandde Lesseps à Nantes sur le canal maritime deSuez, cercle des Beaux-Arts, 8 décembre Î866, in-12, Paris, 1867, p. 12. Il n’est pas improbable que ces deuxexplorateurs aient été mal informés par les Arabes, toujoursextrêmement complaisants avec les étrangers; maisquand même on serait sûr qu’ils possèdent vraiment unmoyen pareil, comment affirmer que c’est de celui-làque Moïse s’est servi? A. Molini.

    1. MAR ABA##

MAR ABA, patriarche nestorien de 536 à 552, né àIJalé, près du Tigre, dans le pays de Radan, mort à Séleucie-Ctésiphon.D’après sa biographie publiée par leP. Bedjan, le patriarche Mar Aba 1 er appartenait d’abordà la religion de Zoroastre. C’était un homme instruit etpuissant qui tourmentait les chrétiens. Converti à lasuite d’un prodige, il fut baptisé dans le village d’Akad, s’adonna à l’élude des Saintes Écritures dans l’école deNisibe, y apprit le psautier en quelques jours et futchargé enfin d’enseigner au pays d’Arzoun. Plus tard ilvoulut visiter les saints lieux; il s’arrêta à Édesse où ilapprit le grec, il alla ensuite à Alexandrie où il expliquaen grec les Saints Livres; il visita la Thébaïde, Athèneset Constantinople. De retour à Nisibe, il voulut se retirerau désert, pour y fuir la vue des discordes de l’Églisenestorienne, dotée alors de deux patriarches ennemis.Les évêques l’obligèrent à enseigner à Nisibe, puis lechoisirent pour patriarche, l’an 536, d’après Amr et Bar-HébræuSjou l’an 539, d’après Élie. Cf. Braun, p. 93. Ilpacifia l’Église nestorienne. Plus tard, revenu à Séleucie-Ctésiphon, il passait sa journée, jusqu’à la quatrièmeheure, à interpréter lés Saints Livres et ensuite à rendrela justice entre fidèles et fidèles ou entre fidèles et païens, puis, durant la nuit, il écrivait aux divers diocèses. LesMages, jaloux de ses succès, l’accusèrent auprès du roide Perse d’être l’ami des Romains, de convertir desMages à sa religion, d’empêcher les chrétiens de mangercertaines viandes et de plaider devant les Mages etde leur détendre d’épouser la femme de leur père, leurbru ou leur tante. Après de longues discussions, MarAba fut exilé en Adorbigan, dans un village nommé Seresde Magousé, où était l’école centrale des Mages. Ily resta sept ans (542-549), après quoi, menacé de mortpar les Mages qui avaient envoyé un émissaire pour letuer secrètement, il s’enfuit à Séleucie-Ctésiphon et demandaau roi de le juger et de le faire mourir au grandjour s’il le méritait. Le roi lui fut favorable, mais lesMages le persécutèrent toujours et il passa les trois dernièresannées de sa vie (549-552) tantôt libre et tantôtprisonnier et chargé de chaînes.

On voit par sa biographie que la Sainte Écriture futl’étude de prédilection de Mar Aba. Amr écrit aussi: «Mar Aba interpréta l’Ancien et le Nouveau Testament;»

de plus Ebedjésus, dans son catalogue, lui attribue uneversion de l’Ancien Testament faite du grec en syriaqueet des commentaires sur plusieurs livres de l’Ancien et duNouveau Testament. Nous ne savons pas s’il s’agit d’uneversion proprement dite du grec en syriaque ou seulementde la revision d’une version préexistante, car on nela trouve citée par aucun des docteurs de l’Église nestorienne; il est donc possible que l’œuvre de traductionde Mar Aba ait été orale et qu’Ébedjésus se soit trompéen la supposant écrite. Il n’en est pas de même pourles commentaires, qui furent certainement écrits. Sescanons sur les Psaumes sont encore conservés dans lesbibliothèques de Jérusalem, de Londres et de Munich.

— Mar Aba écrivit encore des lettres synodales, des canons, des lois ecclésiastiques et une traduction de laliturgie de Nestorius. — Voir sa biographie dans Bedjan, Histoire de Mar Jabalaha, de trois autres patriarches, d’un prêtre et de deux laïques, Paris, 1895, p. 206-274, texte syriaque résumé en allemand par Braun, Dos Buchder Synhados, Stuttgart, 1900, p. 93-97. Une biographiepluscourte nous est donnée dans Maris, Amri (Amr)et Slibse de patriarchis nestorianorum commentariaéd. et latine vertit Hénricus Gismondi, Rome, 1896 et1897, p. 39-41 du texte et p. 23-24 de la traduction. Cf.Bar Hébræus, Chron. eccl., édit. Abbeloos et Lamy, Louvain, 1872-1877, t. ii, col. 89-95; Rubens Duval, Lalittératuresyriaque, Paris, 1899, p. 67, 83, 218-219. Sesœuvres canoniques ont été traduites en allemand parBraun, loc. cit., puis publiées et traduites en français, par J.-B. Chabot, dans Notices et extraits des mss., t. xxxvii. Voir aussi dans le Canoniste contemporain, 1900, p. 20-27, la traduction par F. Nau de l’ordonnancerelative aux empêchements de mariage. F. Nau.

    1. MARAI##

MARAI (hébreu: Mahârai; Septante: Mei)pi), dela famille de Zaraï, de la tribu de Juda, originaire de-Nétupha, chef de la dixième division de l’armée de David, comprenant vingt-quatre mille hommes et chargéeduservice pendant le dixième mois de l’année. I Par., xxvll, 13. C’était un des vaillants soldats de David.II Reg., xxiii, 28; I Par., xi, 30. Dans ces deux derniers; passages, la Vulgate écrit plus correctement son nomMaharaï. Voir Maharaï, col. 577.

    1. MARAIA##

MARAIA (hébreu: Merdyâh; Septante: ’Ajiapfoc), chef de la famille sacerdotal de Saraïa, du temps dugrand-prêtre Joacim, contemporain de Néhémie. Voir-Joacim1, t. iii, col. 1550.

    1. MARAIOTH##

MARAIOTH (hébreu: Merayôf; Septante: Mocpsciô), nom de deux prêtres.

1. MARAIOTH, prêtre, descendant d’Éléazar, fils d’Aaron, un des ancêtres d’Esdras. I Esd., vii, 3. La Vulgateécritailleurs son nom Méraioth. Voir Méraioth 1.

2. MARAIOTH, chef d’une famille sacerdotale qui, dutemps du grand-prêtre Joacim, contemporain de Néhémie, était représentée par Helci. II Esd., xii, 15.

    1. MARANATHA##

MARANATHA ([Aocpàv à9â), mois araméens qu’ontlit dans saint Paul, I Cor., xvi, 22: s Si quelqu’un, n’aime pas le Seigneur qu’il soit anathème. Maranatha.»

1° Interprétation des modernes. — Les modernes, ont donné de ces mots des explications et des traductionsdiverses. Tout le monde y reconnaît deux mots araméens, mais on les divise d’une manière différente. La plupart

lisent nrw no, Maran’ôfàTi, et traduisent: «Le Seigneur

r~. - t

vient,» ou «viendra». Wilke v Clavis Novi Testamenti,

  • édit. Grimm, 1888, 4°. 271. G. Daïman, Grammatih

des jùdisch-palâstinischen Aramâisch, in-8°, Leipzig, .1894, p. 120, 297, coupe ainsi Maranatha: un Nna,

T I—»

tnâranà’ta’et le traduit: «Notre Seigneur, viens, aCf. Apoc, xxii, 20. Bickell. dans la Zeitschrift fur katholischeThéologie, t. viii, 1884, p. 403, l’avait précédédans cette voie. Th. Nôldeke a approuvé cette explication, dans le Gbttingische gelehrte Anzeigen, 31 décembre1884, p. 1023. Aug. Klostermannn, Problème inAposteltexte neu erôrtert, in-8°, Gotha, 1883, p. 220-246, a imaginé une explication nouvelle de Maranatha.D’après lui, c’est la formule dont se servaient les chrétiensen se donnant le baiser fraternel: atha veut dire «signe s et la formule: «Le Seigneur est le signe.» Kautzsch, Grammatik, p. 174, observe avec raison que, si tel était le sens, il serait bien étrange que toute l’anciennetradition ecclésiastique se fût trompée à ce sujet.Sur l’analyse de ce mot, voir aussi C. Siegfried, dans laZeitschrift fur uiissenschaftliche Théologie, 1885, p. 127; B. Duval, dans la Revue des études juives, t. ix, p. 143.

2° Interprétation des Pères. — Cette façon de traduireMaranatha n’est pas conforme à l’explication qu’enont donnée la plupart des Pères et en particulier lesPères grecs qui vivaient en Syrie où l’araméen étaitencore parlé de leur temps, et qui par conséquent connaissaientmieux encore que les savants de nos joursle véritable sens de cette locution. Ils expliquent Maranathapar «le Seigneur est venu», au passé, et nonpas au présent ou au futur. «Que signifie Maranatha?» demande saint Jean Chrysostome, H om. xliv in I Cor., 3, t. lxi, col. 377. Et il répond: «Notre Seigneur estTenu (rj)6e).» Théodoret de Cyr, expliquant ce mot, In1 Cor., xvi, 21, t. lxxxii, col. 373, s’exprime en ces termes: «Maranatha. Ce mot n’est pas hébreu, comme quelques-unsl’ont pensé, mais syriaque. Il s’interprète ainsi: «Le Seigneur est venu (^X8e).» Saint Jean Damascènedonne la même explication: «Le Seigneur est venu<t|>6ev). j In 1 Cor., XVI, 22, t. xcv, col. 705. Théophylacte; de même, In I Cor., xvi, 22, t. cxxiv, col. 793, ainsi queSuidas, Lexicon, édit. Bernhardy, 1853, t. II, col. 693. -Letémoignage des Pères latins a moins d’importance quecelui des Pères grecs orientaux, parce que leur opinionne peut être qu’un écho de celle des premiers, mais ilatteste néanmoins ce que croyaient les docteurs qui lesont renseignés. Or, les plus savants des Latins s’exprimentcomme les Pères grecs. «Maranatha, dit saintJérôme, In 1 Cor., xvi, t. xxx, col. 772, est plutôt syriaquequ’hébreu. Il signifie: «Notre-Seigneur est venu (Dominusnoster venit).» Cf. aussi Patr. lat., t. lxxxii, col. 745, dans S. Isidore de Séville, App. IX, ad l. ri, cap. i, 9, 2. L’Ambrosiasler, In I Cor., xvi, 22, t. xvii, col. 276, dit: «Anathema maranatha, ce qui s’interprète: Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus qui est venu, qu’il soit retranché. Maranatha signifie, en effet: LeSeigneur est venu. Cela (est écrit) à cause des Juifs quidisaient que Jésus n’était pas venu (non venisse); ilssont donc anathèmes par le Seigneur qui est venu.» Lemot venit est amphibologique en latin et on lui a souventdonné dans Dominus venit le sens du présent, tandisqu’il faut lui donner celui du passé; les explicationsde l’Ambrosiaster en sont la preuve.

La vraie signification de Maranatha fut cependantpeu à peu oubliée et l’on ne doit pas trop s’en étonner.Maranatha, étant une locution d’une langue étrangère, devait être mal comprise, surtout au moyen âge, fiàrdes gens qui ignoraient complètement l’araméen.Comme elle était jointe au mot anathema, on lui donna, de même qu’à ce dernier, un sens imprécatif. On litdans le troisième concile de Tolède (en 589): Cui hsecfides non placet aut non placuerit, sit anathema, Maran atha in adventu Domini Nostri Jesu Christi.Voir Concil. Tolet. 111, fidei confessio, xviii, Patr. lat., t. uxxxiv, col. 348. Dans les chartes et les testaments dumoyen âge, cette formule d’imprécation est assez commune.Voir du Cange, Glossarium médise et infimesLatinilatis, édit. Henschel, t. iv, Paris, 1845, p. 270.

L’explication d’Anathema maranatha par perditio inadventu Domini, qui se lit dans quelques chartes citéespar du Cange, se trouve déjà dans saint Eucher, deLyon († 450), Instruct., ii, 2, t. l, col. 815. Cf. aussi Potamius, Epist. ad Athanas., Patr. lat., t. viii, col. 1417, Proditio in adventum Domini, dans Append. IX ad. V.vi, 19. Etymolog. de S. Isidore de Séville, Patr. lat., t. lxxxii, col. 745.

3° Véritable signification de Maranatha. — L’interprétationdes Pères grecs et des anciens Pères latins estla plus exacte. Frd. Field, Otium Norvicense, 3 in-4°, Oxford, 1864-1881, t. iii, p. 110, dit avec raison que

NriN pD doit se traduire, non pas «Notre-Seigneur

t—: — t

vient», mais «Notre-Seigneur est venu». Le verbe’âtd’est employé dans la traduction syriaque pour ^X6e, Judæ14, ou pour fycei. Luc, xv, 27; I Joa., v, 20. Cette traductionest confirmée non seulement par la traduction deThéodoret et des autres Pères dont on a vu plus hautle témoignage, mais aussi par plusieurs scholiastes quiportent: ’O Kvpio; ^X9ev ou ^oipoiyéyovtv. Voir les passagesde ces scholiastes, dans Hesychius, Lexicon, édit. J. Alberti, in-f», 1766, t. ii, col. 539, note 1; C.Tischendorf, Novum Testamentum grsece, editio octayamajor, t. ii, 1872, p. 568. «Dans le fait, dit à ce sujetKautzsch, Grammatik, p. 174, on doit avouer que laraison principale pour laquelle on traduit [atha] par leprésent, dans le sens du futur, raison sur laquelle jem’étais appuyé moi-même [plus haut, dans le même ouvrage, p. 12], c’est que, d’après le contexte, il doit êtrequestion de la venue du Seigneur et de la parousie; orcette explication peut bien s’appuyer sur un préjugéexégétique. Il est donc possible que Chrysostome, Jérôme, Théodoret, Théophylacte, Érasme et d’autres eussentraison, quand, malgré l’entraînement du contexte, ils traduisaient par le passé.» L’interprétation patristiqueest non seulement soutenable, mais elle est la plusprobable. On peut remarquer qu’elle semble confirméepar la Doctrine des douze Apôtres, x, 6, édit. Harnack, Leipzig, 1884, p. 35-36, où on lit à la fin de la prièreaprès la communion: Ei’ti; Syiiîç iouv, ipx.é<r(lu>' t’î tiîoûx la-ci, [ieTavoEcxto’papav àOâ" àp, r, v. «Si quelqu’unest saint, qu’il vienne; si quelqu’un ne l’est pas, qu’ilfasse pénitence. Maranatha. Ainsi soit-il.» Ces mots, dans l’action de grâces après l’Eucharistie, s’expliquentnaturellement en les rendant par «Notre-àeigueur estvenu»; ils n’ont pas de sens en les traduisant: «Notre-Seigneurviendra;» cette formule de prière (Kautzsch, Grammatik, p. 174) est une sorte de remerciementadressé au Sauveur pour lui rendre grâces de sa venueau milieu des hommes. F. Vigouroux.

    1. MARBRE##

MARBRE (hébreu: SayiS et SH, analogue à l’assyriensassu, le marbre blanc; Septante: p, âp[j, apov; Vulgate: marmor), calcaire cristallisé sous la double influencede la pression et de la chaleur, et présentant après polissageune surface brillante et souvent veinée de différentescouleurs. Le marbre se rencontre aux endroitsoù des couches calcaires ont été comprimées latéralementpar l’effet des mouvements orogéniques du sol. Lemarbre blanc de l’île de Paros, dans l’Archipel, étaitcélèbre dans l’antiquité. Par deux fois, I Par., xxjx, 2; Esth., i, 6, les versions traduisent les noms hébreux dumarbre par itaplos, marmor Parium, et itapivoç Xt’80ç, parius lapis, bien qu’il s’agisse d’un marbre de toutautre provenance. Le marbre était employé dans lesconstructions de luxe. David en avait rassemblé pourservir à édifier certaines parties du Temple. I Par., xxix, 2. On en faisait des colonnes. Les jambes del’Épouse sont comparées à des colonnes de marbre.Cant., v, 15. Le marbre fournissait de magnifiques dallages, tels que celui du palais d’Assuérus. Esth., i, 6.Comme il est éminemment propre à la sculpture, on eu

fabriquait tontes sortes d’objets de prix et de statuettes.Apoc, xviii, 12. On ne signale en Palestine aucune exploitationde marbre, ni ancienne, ni moderne. Les dépôtscalcaires y avoisinent pourtant les soulèvementsvolcaniques. Il ne" serait pas impossible qu’on eût parfoistraité comme marbre certains calcaires à structurecristalline, tels que ceux qu’on rencontre au sud d’Hébron.Cf. Tristram, The natural Bistory of the Bible, Londres, 1889, p. 19. Par contre, des marbres se trouventdans le Liban. Voir col. 231. — La Vulgate traduitpar marmor des termes hébreux qui désignent despierres à graver, Exod., xxxi, 5, ou simplement despierres de construction en général ou d’ornementation.

II Par., ii, 14; iii, 6.

H. Lesêtre.

1. MARC (SAINT) (grec: Mip*oç, Màpxoç; Vulgate: Marcus), auteur du deuxième Évangile (fig. 213).

— 1° Son identification avec Jean Mare. — La biographie

213. — Saint Marc l’évangéliste.

D’après Cahier, Caractéristiques des saints, t. i, p.

395.

du second évangéliste dépend de l’opinion que l’on admetsur son identité ou sa non-identité avec le personnageque les Actes des Apôtres nomment tantôt simplementJean, xiii, 5, 13, tantôt Jean, surnommé Marc, xii, 12, 25; xv, 37, tantôt Marc tout court, xv, 39. Avec Baronius, Tillemont et Cotelier, des exégètes modernes ontdistingué l’évangéliste Marc, disciple de saint Pierre, de Jean Marc, disciple de saint Paul. Patrizi, De Evangeliis, 1. I, c. ii, q. i, Fribourg-en-Brisgau, 1853, p. 3336; Comment, in Marcum, Rome, 1862, p. 233-244; Danko, Historia revelationis divines N. T., Vienne, 1867, p. 274-275; T. Lamy, Jntroductio, 5e édit., Louvain, 1893, t. ii, p. 225; Drach, Èpîtres de saint Paul, 2e édit., Paris, 1896, p. 603. Mais la plupart des critiques avec toutel’antiquité, qui n’a coduu qu’un seul Marc, voir Victord’Antioche, dans Cramer, Catenss in Ev. S. Matthasi etS. Marci, Oxford, 1840, p. 263, admettent l’identité del’évangéliste avec Jean Marc, associé au ministère dePaul et de Barnabe. Nous adopterons ce dernier sentiment, non sans en reconnaître, les difficultés. Voir t. iii, col. 1166-1167. Jean était donc le nom hébreu, voir t. iii, col. 1153, du second évangéliste, et Marc, son surnom

romain, devenu plus tard dans les milieux grecs soncognomen: Le nom de Jean lui avait été donné par sesparentsà la circoncision et était employé à Jérusalem.Le surnom de Marc lui a été appliqué plus tard, soitpour le distinguer d’autres Jean, soit plutôt en raisonde l’usage répanda alors chez les Juifs d’ajouter à leurnom hébreu un nom grec ou latin. L’auteur des Actesmentionned’abord ses deux noms, xii, 15, 25, puis successivementl’un ou l’autre des deux suivant les habitudesdes lieux, pour bien marquer l’identité. Dans lesÉpitres, le surnom est employé seul.

2° Marc d’après les Actes des Apôtres. — Sa mère senommait Marie et possédait à Jérusalem une maison, dans laquelle les disciples étaient réunis de nuit, lorsquesaint Pierre, en 42 ou 44, sortit de prison. Act., xii, 12.L’apôtre s’y rendit directement comme au lieu ordinairedes assemblées. On en a conclu que cette maison étaitvaste, que la famille était opulente, et que le père deMarc, nommé Aristobule dans les apocryphes, était mort, puisque Marie est nommée comme maîtresse de la maison.On a parfois voulu faire de cette maison le Cénacle, et aujourd’hui cette opinion a des tenants, surtout enAllemagne. Voir t. H, col. 400. Paul et Barnabe qui, autemps de la famine survenue en 46, étaient revenus àJérusalem apporter aux fidèles les aumônes de leursfrères, emmenèrent avec eux Jean Marc, lorsqu’ils retournèrentà Antioche. Act., xii, 25, Comme Marc n’estpas nommé avec les prophètes et les docteurs de l’Églised’Antioche, Act., xiii, 1, on en a conclu qu’il n’était pasalors employé au ministère de la prédication. D’ailleurs, Paul et’Barnabé, dans leurs prédications en Séleucie eten Chypre, avaient Jean comme ûmipéTr]?, c’est-à-dire, si on ne considère que la simple signification du mot, comme serviteur, chargé spécialement du service matériel, mais si on rattache cette expression à la phraseprécédente, dans laquelle les apôtres sont dits prédicateursde la parole de Dieu, Jean aurait été leur collaborateurdans ce ministère et

zrpé-ns yov. Act., xiii,

5; cf. Luc, i, 2. Quand ils passèrent à Pergé en Pamphylie, Jean se sépara d’eux et retourna à Jérusalemchez sa mère. Act., xiii, 13. On ignore les motifs decette séparation. Était-ce pour ne pas suivre ses compagnonsdans des contrées inhospitalières? Était-ce pardissentiment réel au sujet de l’admission des gentilsdans l’Église? On ne sait au juste et on est réduit à desconjectures. Toutefois, quand plus tard, au début de laseconde mission apostolique de Paul et de Barnabe, celui-ci accueillit Jean Marc qui les avait rejoints àAntioche et qui était décidé à les suivre désormais partout, Paul refusa catégoriquement le concours de celuiqui les avait quittés dès la Pamphylie et qui n’était pointallé à l’œuvre avec eux. L’apôtre le tenait donc pourpusillanime. Cf. Fouard, Saint Paul, ses missions, Paris, 1892, p. 28-29, 100-102. Il y eut à ce sujet un violentdésaccord, nafoi>uii.6t, entre Paul et Barnabe, au pointqu’ils se séparèrent et allèrent chacun de leur côté.Barnabe prit Marc avec lui et partit pour Chypre. Act., xv, 37-39. Cf. t. i, col. 1463. Dès lors, les Actes se taisentsur le compte de Marc.

3° Marc d’après les Epitres. — Marc reparaît plustard auprès de saint Paul. Dans l’Épître aux Colossiens, écrite en 61 ou 62, au début de la captivité de l’apôtre àRome, voir t. ii, col. 869, Marc est nommé avec les autres, compagnons de saint Paul et ses coadjuteurs qui étaientde la circoncision. Col., iv, 10, 11. Paul, 1. 10, salue de sapart les Colossiens, ainsi que Philémon. Philem., 24.Marc était donc avec l’apôtre à Rome. Celui-ci oubliant.la séparation antérieure, lui avait fait bon accueil et ille recommandait chaudement aux Colossiens: & S’il vachez vous, recevez-le bien.» Dans ce passage, saintPaul indique incidemment l’origine juive de Marc etconfirme ainsi les renseignements des Actes sur JeanMarc. Il ajoute un détail nouveau et nous apprend que

Marc était ô àveijiiôç Bapvâëa, «le cousin germain ou leneveu de Barnabe.» Voir 1. 1, col. 1462, 1463. Marc serait-il, comme son parent, de la tribu de Lévi? Cette parenténous explique l’attachement que Barnabe avait témoignéà Jean Marc. Plus tard encore, à la fin de sa carrière, durant sa seconde captivité à Rome, saint Paul écrivaità Timothée, qui était à Éphèse, de venir le voir etd’amener Marc avec lui: «Il m’est très utile pourl’œuvre du ministère.» II Tim., iv, 11. Si le désir dePaul s’est réalisé, Marc a pu se trouvera Rome à l’époquede la mort de son compagnon d’apostolat.

D’autre part, saint Pierre, dans sa lettre aux chrétiensdu Pont, de la Galatie, de la Cappadoce. de l’Asieet de la Bithynie, écrite de Babylone, c’est-à-dire deRome selon l’interprétation la plus commune, voir 1. 1, col. 1357, 1358, salue ses correspondants au nom deMarc, qu’il appelle son fils. I Pet., v, 13. Cette dernièredésignation signifie vraisemblablement la filiation spirituellepar le baptême. Saint Pierre, qui fréquentaitla maison de Marie, aurait alors converti et baptisé JeanMarc. Cf. S. Jérôme, In Isa., lxv, 24, t. xxiv, col. 650.Il résulte aussi de ce passage que Marc fut le compagnonde Pierre dans la ville de Rome. Quant à la datede ce séjour commun à la ville éternelle, les critiquessont en désaccord. Quelques-uns pensent que Marcaccompagnait saint Pierre dans son premier voyage àRome sous le règne de Claude, en 42. Belser, Einleitungin das N. T., Friboiirg-en-Brisgau, 1901, p. 56-57.Quoi qu’il en soit d’ailleurs de la vérité de ce premiervoyage, il semble plus probable de rapporter le séjourde Pierre et de Marc à une date postérieure, puisqu’ilest mentionné dans la première Épitre. Or, celle-cin’est pas antérieure à l’an 60 et on la fait contemporainede la persécution de Néron. Ce serait donc plutôt à cetteépoque que Marc était à Rome avec Pierre. Schanz, Comtnentar ûber das Evangelium des heiligen Marcus, Tubingue, 1881, p. 7. De la salutation faite par saintPierre à ses lecteurs au nom de Marc, il est permis deconclure que Marc était connu d’eux. Quand était-il allédans ces contrées? Saint Denys d’Alexandrie, cité parEusèbe, B. E., 1. VII, c. xxv, t. xx, col. 701, ne voulaitpas attribuer l’Apocalypse à Jean Marc, parce que celui-cin’était pas allé en Asie avec Paul et Barnabe.

4° Marc d’après la tradition. — 1. Du reste, la traditionecclésiastique confirme les relations de Marc avecsaint Pierre et elle caractérise ces relations en disantque Marc a été èpn-i)veuT^; IIlîpov. C’est l’expression dePapias rapportée par Eusèbe, H. E., iii, 39, t. xx, col. 300.Elle a été interprétée de différentes manières. Les unslui ont donné le sens de truchement, comme si saintMarc traduisait en grec ou en latin les prédications quesaint Pierre ne pouvait faire qu’en araméen. Mais leprince des apôtres savait le grec suffisamment pours’exprimer et se faire comprendre en cette langue. Lesautres ont pris ce terme dans sa signification de secrétaire, de sorte que saint Marc aurait été chargé d’écrireles lettres de saint Pierre. Mais plus généralement onl’a entendu dans le sens que Marc a rédigé son Évangiled’après les prédications de saint Pierre. Voir Marc(Évangile de saint). Cf. G. Dalman, Die Worte Jesu, Leipzig, 1898, t. i, p. 48-49.

2. Si l’ancienne tradition a reconnu en saint Marc ledisciple successif des apôtres Pierre et Paul, elle a déclarépar la plume de Papias, consignant par écrit letémoignage du prêtre Jean, que Marc n’a pas vu le Seigneuret n’a pas entendu ses discours. Eusèbe, loc. cit.L’auteur du Dialogue d’Adamantvus, c. v (voir W. Hvan de Sande Bakhuysen, Der Dialog. des Adamantins, Leipzig, 1901, p. 8); Eusèbe lui-même, Demonst.evang., 1. III, 5, t. xxil, col. 197; saint Jérôme, In Matth., præf., t. xxvi, col. 18; saint Augustin, De consensuEvangelist., i, i, 2, t. xxxiv, col. 1043; Cont. Faust., Xvn, 3, t. xlii, col. 341, ont répété la même chose. Une

tradition postérieure et sans fondement historique a faitde saint Marc un des soixante-douze disciples. L’auteurdu Dialogue d’Adamantins, ibid., p. 10; S. Épiphane, Hser. xx, 4, t. xli, col. 280. L’évêque de Salamine, Hser. li, 6, col. 900, disait encore qu’après s’être attachéde bonne heure à Jésus, Marc fut un des disciplesqui l’abandonnèrent, après le discours sur la promessede l’eucharistie. Joa., vi, 66. Zahn, Einleitung in dasN. T., 2e édit., Leipzig, 1900, t. ii, p. 201, a interprétéles premiers mots du canon de Muratori: Quibustamen interfuit et ita posait, comme s’il y avait: Aliquibusinterfuit, dans le sens que Marc avait assistéà quelques-uns des événements de la vie de Jésus qu’ilracontait dans son Évangile, bien qu’il n’ait pas été undisciple du Sauveur. Toutefois il n’y a pas de raisonde penser que Marc était «cet autre disciple», quiintroduisit Pierre chez Caïphe. Joa., xviii, 15. D’antrepart, le moine Alexandre, dont le témoignage estcité, Acta sanctorum, junii t. ii, p. 440, a prétenduque Marc était l’homme, portant une cruche, qui menaPierre et Jean au cénacle, la maison de sa mère.Marc, xiv, 13. Avec plus de vraisemblance, beaucoupde critiques modernes pensent, en raison de la manièredont l’incident est rapporté par lui seul, que Marc étaitlui-même ce jeune homme qui, à Gethsémani, laissaaux mains des soldats le linceul dont il était couvert ets’enfuit nu. Marc., xlv, 51-52. Belser, Einleitung in dasN. T., p. 69, estime même que Marc dans cet accoutrementavait suivi Jésus depuis le Cénacle qui était lamaison de sa mère. Les partisans de ce sentiment leconcilient avec l’ancienne tradition en disant que Marcn’aurait vu Jésus que dans cette circonstance et occasionnellement.Cf. Zahn, Die Dormitio Sanctse Virginisund das Haus des Johannes Marcus, dans la Neuekirchl. Zeitschrift, 1899, t. x, fasc. 5.

3. Un autre détail traditionnel concernerait l’origineJévitique de Marc. L’auteur des Philosophumena, vii, 30, t. vi, col. 3334, désigne Marc par cette épithète singulière, «l’homme au doigt coupé,» xoXo608<i)cnj).oç.Cette expression est expliquée par divers documents depeu d’autorité. Un vieil argument, reproduit dans beaucoupde manuscrits de la Vulgate, rapporte que Marc, qui était de race lévitique, exerçait les fonctions deson ordre en Israël, mais que, après sa conversion à lafoi catholique, il se coupa, dit-on, le pouce afin de serendre incapable de remplir les actes du sacerdocehébraïque. Corssen, Monarchianische Prologue, dansTexte und Untersuch., Leipzig, 1896, t. xv, fasc. 1, p. 9-10; Tischendorf, Codex Amiatinus, Leipzig, 1854, p. 59; Wordsworth et White, Novum^ Testamentum D. N. J. C.latine, Oxford, 1891, t. i, fasc. 2, p. 171-173. Le mêmedétail est fourni par un manuscrit arabe, décrit parFleischer, dans Zeitschrift der deutschen morgenlandischenGesellschaft, Leipzig, 1854, t. viii, p. 566. Cependantune autre explication de cette épithète estdonnée dans une préface copiée dans le manuscrit Toletanusde la Vulgate: Marcus gui et colobodactilus estnominatus ideo quod a cetera corporis proceritalemdigitos minores habuisset. Wordsworth et White, loc. cit., p. 171. Cf. E. Nestlé, Marcus colobodactilus, dans la Zeitschrift fur neutestamentliche Wissenschaft, t. iv, p. 347.

4. Une dernière donnée fournie par la tradition ecclésiastiquesur saint Marc fait du second évangéliste lefondateur de l’église d’Alexandrie. Le fait est attestépar de nombreux témoignages de nature diverse etd’origine revativement récente. Eusèbe, H. E., ii, 16, t. xx, col. 173. Cf. Le Quien, Oriens christianus, Paris, 1740, t. H, p. 334; Acta sanctorum, junii t. H, p. l*-6 Mais il est malaisé de fixer la date de cet événement.Eusèbe, Chronic, t. xix, col. 539, rapporte lefait aux premières années de Claude (42 ou 43). Cf.S. Jérôme, Chronic., t. xxvii, col. 579. Il est bien diffi

cïle d’accepter cette date, puisque alors Jean Marc accompagnaitPaul et Barnabe. Eusèbe, H. E., ii, 24, t. xx, col. 206, dit qu’à la huitième année du règne deNéron, , en 62, Arien succéda à Marc sur le sièged’Alexandrie. S. Jérôme, De viris illust., 8, t. xxiii, col. 623, en a conclu, vraisemblablement à tort, quesaint Marc était mort cette année-là. Il faut remarquerqu’Eusèbe ne le dit pas, et beaucoup de critiques pensentque saint Marc aurait quitté alors la ville d’Alexandriepour aller ailleurs, à Borne, où il se joignit à saintPaul, et y revenir plus tard, selon quelques-uns. LesActes apocryphes de saint Barnabe, soi disant rédigéspar lui-même, font aller Marc à Alexandrie après lamort de son parent dans l’île de Chypre. Bonnet, ActaApostolorum apocrypha, Leipzig, 1903, t. ii, p. 301; Acta sanctorum, junii t. ii, p. 429. Les Actes apocryphesde saint Marc disent la même chose et ils ajoutent quel’évêque d’Alexandrie fut mis à mort par les païens etenseveli dans un village voisin. Dictionnaire des apocryphesde Migne, Paris, 1858, t. ii, col. 473-476; Lipsius, Die apocryphen Apostelgeschichten, t. ii, fasc. 2, p. 344-346. Cf. Siméon Métaphraste, Martyrium S. Marciapostoli, n. 1, 9, t. cxv, col. 164, 169; le moine Alexandre, Laudatio S. Barnabæ, dans Acta sanctorum, junii t. ii, p. 440. C’est de là que des marchands vénitiens rapportèrentses reliques en 828. Saint Marc fut dès lors lepatron de Venise. L’Église latine l’honore comme martyrle 25 avril. L’Église grecque fait sa fête le mêmejour, mais célèbre celle de Jean Marc le 27 septembre.Le lion est, dans la littérature et l’art chrétien, le symboledu second évangéliste (fig. 214). Des écrivains récents

214. — Le lion, symbole de saint Marc.

D’après A. Roberston, The Bible of St. Mark. St. Mark’s

Church, Venice, in-12, Londres, 1898, frontispice.

ont prétendu que saint Marc a été le fondateur de l’églised’Aquilée; mais il est vraisemblable que ce sentimentn’a été adopté que pour expliquer l’origine du patriarcatde cette ville. Voir Acta sanctorum, aprilis t. iii, p. 347361; junii t. vii, p. 6*-8*; septembris t. vii, p. 354-364; A. M. Molini, De vita et lipsaniis S. Marci évangélistelibri II, Borne, 1864. E. Mangenot.

2. MARC (ÉVANGILE DE SAINT). — I. AUTHENTICITÉ.

— L’authenticité du deuxième Évangile ne peut êtresérieusem*nt contestée, car elle repose sur les preuvesles plus anciennes et les plus solides.

1° Traces de l’existence et de la connaissance dusecond Evangile à la fin du i a siècle et au cours du il’.

— On ne trouve dans l’écrit lui-même aucun témoignageexplicite sur l’auteur qui n’y est pas nommé. Les titresgrecs et latins: Eùayrtitov xatà Mripxov, Evangeliumsecundum Marcum, qui sont en tête^des manuscrits etdes éditions, ne sont pas originaux et ne datent que duIIe siècle. Voir t. H, col. 2060.

On a remarqué dans l’Épitre aux Hébreux, à peu prèscontemporaine de l’Évangile de Marc, voirt. iii, col. 523, surtout dans son introduction, 1, 1-n, 4, «une série de détailsmatériels et formels qui trahissent d’une manièresurprenante l’influence des derniers versets de Marc, xvi.» B y a des pensées communes, notamment cellesqui forment le fond de toute Pépître: que Jésus est le Filsde Dieu fait homme et qu’il est maintenant assis à ladroite de son Père céleste. Heb., i, 1-4. Elles sont expriméesau début et à la fin du second Évangile. Marc, 1, 1; xvi, 19. Pour les deux écrivains, Heb., ii, 3; Marc, I, 1; xvi, 20, Jésus a commencé la prédication de l’Évangileet les apôtres l’ont continuée et complétée. Cette prédicationest confirmée de la part de Dieu par des miraclesnombreux et variés. Heb., ii, 4; Marc, xvi, 16-20. Ily a aussi des ressemblances de forme et de langage.En exprimant l’idée que Jésus est assis à la droite duPère, l’auteur de l’épître emploie trois fois, i, 3; viii, 1; x, 12, l’aoriste èxdt81<rev qu’on ne trouve nulle partailleurs dans le Nouveau Testament que dans Marc, xvi, 19. Il emploie encore le mot è6eëa «167], ii, 3, commeMarc, xvi, 20, et il appelle Jésus le Seigneur tout cour ten ce seul endroit, comme Marc le fait exclusivement, xvi, 19, 20. Enfin, la conclusion de l’Évangile, xvi, 20, et Heb., ii, 4, expriment une pensée identique par uneconstruction identique. Toutes ces coïncidences ne sontpas fortuites et elles ne s’expliquent complètement quepar un emprunt ou une imitation de l’auteur de l’épîtreà l’Évangile de Marc. Cf. P. Van Kasteren, L’épiloguecanonique du second Évangile, dans la Revue biblique, 1902, t. xi, p. 246-249.

Dans les œuvres des plus anciens écrivains ecclésiastiqueson trouve des citations implicites ou expressesdu second Évangile, qui était en usage même chez lespremiers hérétiques. Un indice, obscur il est vrai, serencontre dans saint Clément de Borne, I Cor., xv, 2, Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1901, t. i, p. 118, quirapporte des paroles d’Isaïe, xxix, 13, telles qu’ellessont citées Marc, vii, 6. L’Épitre de Barnabe, xii, 11, Funk, op. cit., p. 78, fait allusion à un mot de Marc, xii, 37. Au début de la AiSaxh, i, 2, Funk, ibid., p. 2, il y a peut-être aussi une allusion à Marc, xii, 30-31.Saint Polycarpe, Ad Phil., vii, 2, Funk, ibid., p. 304, cite textuellement une parole de Notre-Seigneur, qu’onlit, Marc, xiv, 38, aussi bien que Matth., xxvi, 41. LePasteur d’Hermas vise plus clairement en divers endroitsle texte du second évangéliste. Ainsi Vis., iii, 20, 3, Funk, p. 446, Marc, iv, 18; cf. Sim., ix, 20, 1, p. 614; Sim., ix, 12, 3, p. 598, Marc, ix, 47; x, 23; Vis., iii, 6, 3, p. 444, Marc, ix, 50; Mand., iv, 1, 6, p. 474, Marc, x, 11; Sim., IX, 20, 2, 3, p. 614, Marc, x, 23, 24; Fis., iv, 2, 6, p. 464, Marc, xiv, 21. La Il démentisad Corinthios contient, H, 4; iii, 5; vi, 2; vii, 6; ix, 11, des allusions plus voilées à Marc, ii, 17; vii, 6; vm, 36; ix, 44, 46; iii, 35. Funk, ibid., p. 186, 188, 190, 192, 194. Au témoignage de saint Irénée, Cont. hser., III, xi, 7, t. vii, col. 884, les docètes accordaient la préférenceà l’Évangile selon saint Marc. De fait, au rapportdes Philosophumena, viii, 8, t. xvi, col. 3350, ils parlaientdu figuier maudit par Notre-Seigneur, que Marcdésigne seul en ces termes, xi, 21. Les naassènes citaientdes paroles de Jésus qu’on lit textuellement, Marc, x, 38. Philosophumena, v, 8, ibid., col. 3142. Les valentiniensrapportaient des paroles évangéliques, notammentl’interrogation de Notre-Seigneur: Ti< u.ou ^((/aTO, qu’on ne retrouve qu’en saint Marc, v, 31. S. Irénée, Cont. hier., i, iii, 3, t. vii, col. 472; cf. S. Épiphane,

Rœr., xsxill, 9, t. xii, col. 572; Zahn, Geschichte desneutestamentichen Kanons, Erlangen, 1889, t. i, p. 742744. La xixe Homélie clémentine, 20, t. ii, col. 441, citeMarc, iv, 34. Le P. Cornely, Jntroductio specialis, Paris, 1886, t. iii, p. 88, avoue que ces citations du secondÉvangile par les Pères apostoliques et les hérétiquesdes deux premiers siècles ne suffisent pas à constituerun argument certain en faveur de l’existence du secondÉvangile. Il explique leur petit nombre par cette circonstanceque saint Marc a peu de récits propres. C’estpourquoi; les anciennes citations évangéliques visentplutôt les récits parallèles de saint Matthieu et de saintLuc. Mais la rareté des témoignages indirects relatifs ausecond Évangile est amplement compensée par les affirmationsles plus anciennes et les plus explicites touchantson auteur.

2° Témoignages directs en faveur de la compositiondu second Évangile par saint Marc. — Vers l’an 130, voir Funk, Patres apostolici, t. i, p. cviii, Papias, évêqued’Hiérapolis, rapportait une parole du prêtre Jean, quinous a été conservée par Eusèbe, H. E., iii, 36, t. xx, col. 300. Ce prêtre Jean ne peut être que l’apôtre saintJean lui-même. Voir t. iii, col. 1163-1164; Zahn, Einleitungin das N. T., 2e édit., Leipzig, 1900, t. ii, p. 205207; Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1901, t. i, p. 352-354. Or le prêtre Jean disait que Marc, l’interprètede Pierre, avait exactement consigné par écrittout ce que sa mémoire avait retenu, sans cependantavoir reproduit avec ordre les discours ou les actes duSeigneur. Marc, en effet (les critiques discutent si cesdernières paroles sont encore du prêtre Jean, ou si ellesne sont qu’une réflexion de Papias sur celles qui précédent), n’avait pas vu le Seigneur et ne l’avait passuivi en qualité de disciple; plus tard seulement, comme je l’ai dit (est-ce l’apôtre qui se réfère ici à sonaffirmation que Marc était l’interprète de Pierre? ouPapias qui fait allusion à ce qu’il avait dit dans son livreavant la citation du prêtre Jean? peu importe), il a suiviPierre qui ne prêchait que selon les besoins de ses auditeurset non pas comme s’il composait un recueil desdiscours du Seigneur. Marc toutefois n’a pas erré enretraçant des faits détachés comme il se les rappelait, caril s’appliqua uniquement à ne rien omettre de ce qu’ilavait entendu et à ne l’altérer en rien. Cet importanttémoignage a, été longuement discuté, surtout depuisque Schleiermacher a voulu le rapporter non pas àl’Évangile canonique de Marc, mais à un écrit perduqui exposait sans ordre les discours et les actes de Jésuset que des critiques plus récents ont appelé le Proto-Marc.Voir t. ii, col. 2097. Depuis que la fortune duProto-Marc est en baisse, voir ibid., col. 2098, il est plusaisé d’interpréter le texte de Papias. Il est clair d’abordque le jugement de l’évêque d’Hiérapolis n’est pas, comme on l’a longtemps prétendu en France et enAllemagne, défavorable à l’Évangile de Marc. Papias, qui loue l’exactitude du récit, ne dit pas que cet Évangileétait un recueil d’anecdotes sans ordre et sans suite, et il ne pouvait préférer la tradition orale à un écritqu’il déclarait composé d’après la prédication de saintPierre. F. Godet, Introduction au N. T., Paris, 1897, t. H, l re livraison, p. 62-69. D’ailleurs, s’il affirmeavec le prêtre Jean que Marc a reproduit sans ordre"les discours et les actes du Seigneur, cette absenced’ordre ne signifie pas que le deuxième Évangilemanque d’ordonnance, car les récits n’y sont pas jetés auhasard. Voir col. 735. Elle n’est pas non plus affirméecomparativement à un autre Évangile, comme le penseencore Godet, Introd., Neuchâtel, 1889, t. 11, 3e livraison, p. 421-522, pour Matthieu. Le contexte, en effet, montrebien que le prêtre Jean ou Papias entendait parler del’ordre qu’on pouvait attendre d’un historien, témoinoculaire et auriculaire des faits et des dits qu’il rapportait, de l’ordre que Jean lui-même mettait dans ses

récits ou que ses disciples étaient habitués à y trouver.Marc, lui, n’avait ni vu ni entendu le Seigneur; il avaitécrit d’après ce qu’il avait retenu des prédications dePierre, et Pierre citait les paroles de Jésus ou racontaitles faits de sa vie selon les occurrences et non pas suivantl’ordre chronologique. Zahn, Einleitung in dasN. T., t. H, p. 207-210; Belser, Einleitung in das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 57-58; Funk, Patresapostolici, t. i, p. 358. Pour ne pas faire de Marc unsimple truchement de Pierre, Zahn, loc. cit., prétendque d’après le prêtre Jean et Papias, le second évangélisten’a pas mis par écrit l’Évangile prêché par Pierre, mais seulement les récits sur Jésus qu’il avait entendusde sa bouche à Jérusalem au début du christianisme.Belser et Funk, quoique d’un avis différent sur la significationdes mots ipy.vvwf[; IléTpov, soutiennent avecplus de raison, nous semble-t-il, que Marc, auditeur, sinon truchement de Pierre, a rédigé son Évangiled’après les souvenirs qu’il avait gardés de la prédicationdu prince des apôtres. Quoi qu’il en soit de cesdétails, il est vrai que le prêtre Jean rend hommage àl’exactitude des récits de Marc. Celui-ci n’a rien ajoutéde son propre fonds pour rendre sa narration plus intéressante, il s’est contenté de reproduire les discours dePierre tels qu’il les avait retenus. Son témoignage, quoique incomplet peut-être, est exact et il a ainsi lavaleur d’un témoin oculaire, bien que Marc n’ait pasvu lui-même le Seigneur. De la parole du prêtre Jeanrapportée par Papias, il résulte donc que, dans le dernierquart du i 8r siècle, entre 75-100, l’Évangile de Marcexistait dans la province d’Asie et y était regardé commel’écho fidèle des prédications de Pierre, d’un discipleimmédiat du Seigneur. Le nom de l’auteur était connuet a été recueilli des lèvres mêmes de l’apôtre Jean.D’autre part, Papias, en consignant par écrit vers130 cette tradition johannine ne doutait pas que l’Évangile, auquel l’apôtre avait rendu témoignage, ne futcelui-là même qui de son temps était répandu en AsieMineure sous le nom de Marc. Le dire du prêtre Jeanconcerne donc le second Évangile canonique, et nonun autre récit évangélique qui serait perdu et qu’onpourrait appeler Proto-Marc. Voir t. ii, col. 2065-2066.Cf. Zahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, t. i, p. 870-889.

D’ailleurs la tradition ecclésiastique est dés lors unanimeà attribuer le second Évangile à Marc commeaussi à le rattacher aux prédications de Pierre. Ainsisaint Justin ne se borne pas à citer des passages ou destraits de l’Évangile exclusivement propres à saint Marc, comme la finale contestée (voir plus loin) et comme lenom de téxtwv, Marc, vi, 3, donné à Jésus, Dial. cumTryph., 88, t. vi, col. 688; il tire le surnom de Boanergès, appliqué aux fils de Zébédée, Marc, iii, 17, desMémoires de saint Pierre. En effet, venant de parler dePierre, un des apôtres, il ajoute: xaV Ysypàçôat êv toi; à ?ro|ivï)tJi.ov£ij(ia! nv aùtoû. Or tous les critiques rapportentmaintenant ce prénom mj-roO à Pierre qui précèdeimmédiatement, et non au Christ, dont il est parlé antérieurement.Sans nommer donc saint Marc, Justinconnaît et cite des Mémoires de Pierre qui ne peuventêtre que l’Évangile de Marc. Dial., 106, col. 724. Voirt. ii, col. 2068; Zahn, Geschichte des neutestamentlichenKanons, Erlangen, 1889, t. i, p. 509-516. L’Évangile deMarc était certainement entré dans la composition duàik TEiroâpwv de Tatien. Saint Irénée, Cont. hser., III, x, 6, t. vii, col. 878, dit du second Évangile: Quapropteret Marcus, interpres et sectator Pétri, initium evangelicteconscriptionis fecit sic: Initium Evangelii JesuCkristi, etc. Précédemment, III, i, 1, col. 845, il l’avaitcaractérisé en ces termes: Mïpxoc, 6 [ia67|0)c xa< ipt")veutVJ; flétpcj, -/.ai aOtôc Ta ûn<S IléTpou xr)pu<j<j<i|ievaÉTYPoçwç Ti(iïv icapoSiSioxî. Voir t. ii, col. 2071-2072.Clément d’Alexandrie répète trois fois des affirmations Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/379 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/380 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/381 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/382 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/383 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/384 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/385 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/386 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/387 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/388 MediaWiki:Proofreadpage pagenum template#lst:Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/389

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